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Sujet: Un rendez vous avec le destin
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un rendez vous avec le destin    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 3 Avr 2015 - 22:45
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#Rokh

Rokh esquissa un sourire en entendant la question de Gallen. Il était amusant de voir qu'en dépit de tout ce qui pouvait les séparer, les mêmes choses les ennuyaient. Existait-il donc un esprit de guerrier qui transcendait les pays, les races et les peuples ? Peut-être, après tout. Peut-être qu'ils partageaient, à travers la guerre, plus de choses qu'à travers la paix ou le commerce. Cette pensée étonna quelque peu le Rhûnadan, qui n'avait jamais réfléchi à la chose. Oh, certes, il s'était déjà demandé à quoi pouvait penser les hommes de l'Ouest, particulièrement parce qu'il ne comprenait pas leur philosophie du combat. Mais jamais il ne s'était dit qu'ils pouvaient, d'une manière ou d'une autre, se ressembler, avoir des points communs. Il les percevait trop différents, trop éloignés de ses propres conceptions, à tel point qu'il lui était parfois difficile de concevoir qu'ils appartenaient à la même race des Hommes. Gallen, toutefois, était différent. Il était si proche de lui, si proche de ce qu'il pouvait ressentir, qu'on aurait presque pu se demander, en les voyant tous les deux, pourquoi ils en arrivaient à se battre. Et à cette question, Rokh n'avait naturellement aucune réponse :

- Oui, je trouve ça… agaçant. Vivre, c'est combattre, dès le premier jour. Dès le premier cri que nous poussons, nous reconnaissons que ce monde est hostile et qu'il nous faut l'affronter pour y faire notre place. Je crois… je suis sûr que la guerre est la forme la plus raffinée et la plus sophistiquée que nous ayons de vivre. En allant au bord du précipice qu'est la mort, nous comprenons mieux que jamais qui nous sommes. Lâche ou brave, faible ou fort…

Son regard glissa lentement vers Gallen, qui l'écoutait avec une attention soutenue, comme s'il cherchait lui aussi à le comprendre, comme si lui aussi, en dépit de tout ce qui pouvait les éloigner, tendait sa main dans sa direction. Le plus jeune poursuivit :

- Mon ennemi, c'est la mort elle-même. C'est elle que j'affronte à chaque duel, tout en sachant qu'elle finira par l'emporter. Certains préfèrent la fuir… pas moi. Alors quand on me demande pourquoi je combats, je n'ai aucune justification : je suis déjà mort. Et toi, que réponds-tu ?

Les paroles du Vice-Roi laissèrent Rokh pensif. « Je suis né, je suis guerrier ». Il ne comprenait pas. Cette perception était à la fois très proche de ce qu'il définissait, il le sentait, mais il y avait un gouffre par-delà lequel il ne pouvait pas aller. Leurs deux conceptions de la guerre étaient parallèles, mais jamais elles ne se rejoindraient. Lui se battait parce qu'il était en vie, parce qu'il était né et qu'il y avait dédié son existence. Rokh se battait parce qu'il était mort, et qu'il ne pouvait décemment rien faire d'autre. Quelque part, ils étaient tous les deux comme maudits, condamnés à être prisonniers des champs de bataille qui les appelaient comme ces créatures marines qui ensorcelaient les navigateurs de leur voix suave. Ils étaient arrivés au terme de leur promenade, et déjà les tentes du Rhûn se dressaient devant eux, sang et or, magnifiques. Les gardes se levèrent, et scrutèrent Gallen d'un regard acéré, peu amène. Il paraissait s'en ficher éperdument.

Gallen et Rokh se firent face un instant. Ils étaient de nouveau dans leurs rôles. Le premier, Vice-Roi du Rohan, champion des Peuples Libres, héros d'Aldburg et vétéran de nombreuses batailles, défendrait son honneur et celui de tout l'Ouest à la pointe de son épée Kaya. Le second, lieutenant des Cataphractes du Rhûn, champion de Lyra pour l'occasion, défendrait l'honneur de Sa Majesté, de ses ancêtres et de tous les Orientaux. Ils se rendirent cruellement compte que leurs armures n'arboraient pas le même blason, que leur langue n'était pas la même, et que leurs valeurs étaient différentes. Ils obéissaient à des seigneurs opposés, à des peuples ennemis depuis des temps immémoriaux. Avaient-ils besoin d'une raison pour combattre demain ?

Existait-il seulement une raison ?

Rokh leva fièrement le menton, et répondit avec sécheresse, comme s'il voulait conforter son rôle d'ennemi, de Némésis :

- Qu'il en soit ainsi. Melkor choisira son champion demain.

Sur ces mots, il se retourna avec sa raideur caractéristique et prit la direction de la tente de sa Reine, qui souhaiterait probablement le voir avant le duel. Il n'avait pas reçu de convocation expresse, mais elle lui tiendrait rigueur de ne pas venir l'informer personnellement de la décision qui avait été prise. Après cela, il se rendrait dans sa tente privée, où il se retrouverait seul avec lui-même. Il s'occuperait de préparer et de consacrer armes et armure, selon les rituels de son île natale, afin de placer ce duel sous les meilleurs auspices. Et demain, sa lame trouverait enfin le chemin de la gorge du Vice-Roi, il s'en fit le serment.

Il s'immobilisa bientôt devant la tente la plus imposante du camp rhûnien, et s'annonça auprès du garde qui le connaissait, et qui le laissa naturellement entrer. Rokh pénétra à l'intérieur, où régnait une atmosphère feutrée. On sentait que des encens avaient brûlé, mais en si faible quantité que l'air était respirable. La fraîcheur à l'intérieur était bienvenue, et Rokh se laissa aller une seconde à apprécier le froid sur ses joues. Puis, sur une invitation d'un des courtisans de la Reine, il s'avança et se plaça à la périphérie d'un cercle virtuel dans lequel ne se tenaient que la garde très rapprochée de Sa Majesté Lyra. Celle-ci, vêtue d'une tunique simple mais d'une rare élégance, avait pris place sur son trône. Elle leva la tête vers le lieutenant, et ses yeux s'étrécirent, comme si elle le scrutait. Elle avait des yeux félins qui le transpercèrent, et il soutint son examen sans sciller, ce qui n'était pas un mince exploit pour les Rhûnedain qui vouaient presque un culte à leur suzeraine. D'un geste élégant, elle lui dit :


++ Approche, Rokh. ++

Il s'exécuta, et pénétra dans le cercle, posant un genou au sol en signe de soumission. Sa tête baissée ne regardait que le sol, et il savait que si elle l'avait voulu, elle aurait pu demander à ses gardes de le mettre à mort sur-le-champ. Telle était l'autorité de Lyra, qui avait droit de vie ou de mort sur tous ses sujets. Magnanime, elle n'en fit rien, et lui dit d'une voix douce :

++ Relève-toi, et raconte-moi. ++

Encore une fois, il obéit et se tint devant elle, droit comme un i. Il était probable que pendant qu'il allait reconnaître le terrain avec Gallen, elle avait entendu des rumeurs, voire même un rapport, au sujet de la proposition de duel qu'il avait acceptée. Il n'aurait de toute façon pas pu la décliner, car son honneur lui commandait de relever tous les défis qui lui étaient lancés. Toutefois, ce n'était pas un duel ordinaire. Il n'affrontait pas un de ses compatriotes un peu zélés qui lui aurait imposé un affrontement épique : il se battait contre un étranger, qui de surcroît était Vice-Roi. Cela rendait ce combat particulièrement délicat, et Rokh était conscient que son geste pouvait mériter réprimande et sanction. Il argumenterait son choix, naturellement, mais il comprendrait qu'elle le lui reprochât. Calmement, il commença :

++ Le Vice-Roi Mortensen m'a défié en duel, Votre Majesté. C'est l'homme que j'ai affronté lorsque je me trouvais au Rohan, et il désire prendre sa revanche. Sans votre consentement, j'ai accepté sa proposition, et nous nous battrons demain dans la matinée. ++

Lyra demeura immobile, écoutant avec attention. Elle paraissait voir à travers lui, mais il était incapable de dire si elle était satisfaite ou en colère, sur le point de l'applaudir ou de le frapper. Elle bougea légèrement sur son trône, le laissant finir son explication sans l'interrompre, avant de finir par répondre :

++ Tu l'as affronté par le passé… Tu l'as vaincu… Et pourtant, il est toujours en vie. ++

Elle n'avait pas formulé de question, mais elle s'interrompit, si bien que Rokh se sentit obligé de lui fournir une explication. Il essaya de ne pas se laisser gagner par ses émotions, mais il voulait lui dire qu'il n'était pas un lâche ou un couard, qu'il n'avait pas eu peur d'éliminer le Vice-Roi. Personne n'était là pour attester de son duel, mais il était évident que du point de vue des Rhûnedain, il paraissait avoir réussi à s'échapper des prisons du Rohan en affrontant un ennemi qui était toujours là. Aurait-il menti ? Aurait-il acheté sa liberté contre des secrets qu'il aurait révélés ? Tous les doutes étaient permis désormais, et Rokh savait quelles accusations à peine formulées Lyra soulevait en si peu de mots. Il réagit :

++ Votre Majesté, le Vice-Roi est également champion du Rohan. C'est un des hommes les plus forts qu'il m'ait été donné d'affronter et… (il sentit les regards des soldats plonger dans le sien, presque condescendants) et je n'ai pas épargné sa vie par bonté d'âme. Je voulais le vaincre dans un duel honorable, mais je l'ai affronté alors qu'il se remettait de ses blessures. Une victoire contre lui n'aurait rien signifié alors. ++

Elle parut accepter son propos, ou à tout le moins ne pas le rejeter en bloc, car elle se contenta de lui demander :

++ Et que signifiera-t-elle demain ? ++

Il inspira profondément :

++ Demain, je tuerai cet Occidental, et je démontrerai à tous les présents la supériorité du Rhûn sur les royaumes de l'Ouest. Je porterai les couleurs de Votre Majesté, et je combattrai en Votre nom, si bien que je ne connaîtrai pas la défaite face à lui. Mon cœur et ma lame seront éternellement à votre service, Melkor en soit témoin. ++

Lyra sourit légèrement et décroisa ses jambes, avant de se lever, royale. Elle leva sa main sur lui, et il posa instantanément le genou au sol, de nouveau parfaitement soumis à sa volonté. Elle demeura ainsi un instant, avant de prendre la parole d'une voix puissante :

++ Rokh Visuni, demain tu représenteras les couleurs de ta Reine, et tu seras son champion. Sois à la hauteur de l'honneur qui t'es fait. Ramène-moi la tête du Vice-Roi du Rohan, ou trouve la mort. Aucune autre alternative ne t'es offerte. ++

++ Bien, Votre Majesté ! ++

Elle sourit :

++ Va maintenant ! Que Melkor guide ta lame ! ++

Il se leva, s'inclina du buste, avant de quitter la tente royale. Le visage de Lyra exprimait toute la satisfaction qu'elle éprouvait à l'idée de voir le Vice-Roi Mortensen être décapité pour son plus grand plaisir. Elle connaissait Rokh, et avant cette entrevue elle avait demandé conseil à ses gardes, qui lui avaient dit qu'il était un jeune guerrier ambitieux et très talentueux. Elle aurait pu faire preuve de prudence et de mesure, mais elle ne jouait pas avec sa vie. Elle engageait celle d'un de ses soldats, qui pouvait lui rapporter gros. Si Rokh parvenait à éliminer le deuxième personnage du Rohan, en plein milieu des terres du Gondor, le tout sous couvert de légalité, son royaume en ressortirait auréolé d'un prestige immense. La nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre, et on raconterait partout comme les hommes du Rhûn avaient éliminé le chef d'une des délégations occidentales. En cas de défaite, elle perdrait certes un bon soldat, mais pas assez bon pour avoir su s'imposer. Finalement, toute cette affaire était parfaite. Absolument parfaite.


~ ~ ~ ~


L'aire de duel était splendide. Rokh avait averti ses compagnons d'armes, qui s'étaient levés de bonne heure pour venir préparer l'espace où aurait lieu le combat. Ils avaient cassé de simples morceaux de bois, les avaient plantés dans le sol, et les avaient reliés par des cordes pour délimiter une arène de fortune. Peu après, des Rohirrim étaient arrivés pour prendre possession des lieux eux aussi. Les deux groupes s'étaient dévisagés, non sans une certaine tension, mais il n'y avait pas eu le moindre problème. Chaque camp était si confiant dans son propre champion qu'il n'y avait pas de raison de distribuer des coups avant. Le duel viendrait consacrer un vainqueur que chacun voyait frappé de son propre blason. Céder à la colère aurait été une marque de faiblesse intolérable. Les Rohirrim arrivèrent les uns après les autres, montés pour la plupart sur de magnifiques destriers. Les nobles s'étaient parés de leurs plus beaux atours, pour voir leur Vice-Roi infliger une belle correction à un Oriental. Ceux qui venaient d'Aldburg n'affichaient pas une confiance excessive, conscients que le duel serait âpre, mais ils croyaient dur comme fer dans leur champion.

Les Rhûnedain arrivèrent peu après, en grande pompe. Lyra en personne avait fait le déplacement, montée sur un cheval caparaçonné de pourpre. Elle était escortée par sa garde personnelle, des soldats disciplinés en armure d'aparat qui dégageaient une grande prestance. Derrière elle venaient les courtisans et les nobles du royaume, qui l'avaient suivie. Les Orientaux étaient certes moins nombreux que les Rohirrim, mais aucun des groupes ne se sentait particulièrement à l'aise de voir les autres si proches. Les deux peuples s'étaient affrontés des siècles auparavant, et ils se vouaient une haine ancestrale qu'ils allaient devoir mettre temporairement de côté pour assister pacifiquement à ce combat d'une extrême violence. Personne n'avait envie de créer un incident diplomatique, mais la tension était réellement palpable. Les hommes aux cheveux blonds parlaient dans leur langue, ceux de l'Est communiquaient en rhûnien, et il n'y avait aucun mélange. Si l'objectif du mariage avait été de rapprocher les peuples, on pouvait dire qu'il n'arriverait pas à apporter une entente et une symbiose merveilleuse. Les faire tenir à moins de dix mètres les uns des autres était déjà un bel exploit.

Les nobles s'installèrent confortablement, au premier rang, tandis que les soldats prenaient place derrière et autour d'eux, afin de les protéger des étrangers d'en-face, qui étaient forcément des scélérats prompts à la trahison. Il n'y avait aucune confiance entre les deux groupes, mais chacun était prudent, de sorte à ne pas être celui qui donnerait le premier coup. Il y avait trop en jeu. Beaucoup trop. Lyra prit place sur un fauteuil confortable qui avait été apporté par deux esclaves, qui demeurèrent agenouillés à ses côtés, prêts à répondre à ses moindre désirs. La servitude des deux hommes lui attira des regards dégoûtés de la part de certains Rohirrim, qui commentèrent dans leur propre langue. Elle les défia d'un sourire tranquille, profitant de la douce chaleur qui régnait sur les plaines du Pelennor.

Les deux groupes étaient arrivés en avance, et ils attendaient à présent leurs champions. Ce fut le Vice-Roi qui arriva en premier. Juchée sur son cheval, sa silhouette se découpa à l'horizon. Il n'était pas seul, accompagné par certains de ses compagnons, peut-être des amis ou des écuyers, nul ne pouvait le dire de là où ils se trouvaient. Parmi la délégation du Rohan, une jeune femme se mit à courir dans sa direction, suivie de près par un chevalier qui paraissait lui servir de garde du corps. Lyra regarda ses hommes, mais aucun d'entre eux ne paraissait avoir une réponse à lui offrir. C'était peut-être une coutume du Rohan, ou bien elle avait quelque chose de très important à lui dire. Qui pouvait savoir. La Reine se tourna vers l'officier qui se tenait à ses côtés, et lui demanda :

++ Va-t-il arriver bientôt, Rokh ? J'ai hâte de voir ce duel démarrer… et finir. ++

++ Je l'ignore, Votre Majesté. Il est jeune, et désireux de vous impressionner. Je pense qu'il saura faire une entrée remarquée. ++

Elle sourit. Elle trouvait amusant de voir ses soldats redoubler d'ardeur pour lui plaire, pour essayer d'obtenir ses faveurs et son attention. Ils étaient comme des courtisans, à la différence qu'ils servaient ses intérêts à elle. Ils se battaient en son nom, pour sa gloire, pour son prestige. Ils étaient prêts à mourir, même. Comment aurait-elle pu ne pas être sensible à cela ?

++ Vous avez raison, je suppose. Peut-être essaie-t-il aussi de déstabiliser son adversaire en l'impatientant… ++

++ C'est une possibilité, Votre Majesté. Nous serons rapidement fixés, je suis sûr qu'il arrivera bientôt. ++

Lyra hocha la tête, et reporta son attention sur la silhouette du cavalier, rejointe finalement par la femme et son garde du corps. Ils étaient encore loin, mais elle pouvait voir qu'ils discutaient. Elle aurait tué pour savoir de quoi ils discutaient.
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Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un rendez vous avec le destin    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 22 Mar 2015 - 4:12
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#Rokh

Rokh et Gallen marchaient d'un pas tranquille, sans se presser. On aurait dit qu'aucun d'entre eux n'était réellement pressé d'atteindre l'endroit où ils allaient livrer leur dernier combat. Le destin les avait réunis si souvent par la force des choses que, pour une fois qu'ils avaient le temps de savourer une conversation en gardant les armes au fourreau, ils ne paraissaient pas désireux de l'abréger. L'Oriental afficha un léger sourire en entendant la réponse du Vice-Roi à sa première question. Ainsi donc, il s'était frotté à Erco Skaline ? Le Rhûnadan ne le connaissait pas personnellement, bien entendu, mais on discutait au sein de sa compagnie, et son nom avait déjà été mentionné. Certains, qui avaient voyagé à l'Ouest pour y livrer bataille, disaient qu'il était un vétéran de nombreuses guerres. C'était suffisant pour qu'il fût considéré par Rokh comme un adversaire digne de ce nom, car en effet les combattants médiocres ne survivaient pas aux grandes batailles de ce temps pour voir leurs noms murmurés avec un certain respect. Ils étaient en général moqués pour avoir fui ou oubliés parce qu'ils se cachaient pour échapper à la honte de leur désertion. Erco Skaline, de toute évidence, n'était pas de ces hommes.

- J'en ai entendu parler, oui. J'ai cru comprendre qu'on avait perçu des bruits d'épée s'entrechoquant non loin de vos appartements… J'espérais bien que tu t'entraînerais avant de venir ici.

C'était pique pour pique, mais les deux hommes conservaient le sourire. Ils se moquaient gentiment l'un de l'autre, comme s'ils étaient sur le point de faire une banale course à cheval. Quiconque serait passé par là et aurait capté des bribes de leur conversation aurait cru à une amitié franche et sincère, que rien ne pouvait défaire. Pourtant, dès le lendemain matin, ils s'affronteraient à mort avec une violence inouïe. Ils se jetteraient l'un sur l'autre comme deux créatures de cauchemar, et l'un d'entre eux demeurerait étendu dans la poussière, baignant dans son propre sang. Mortensen s'arrêta bientôt, et avisa un endroit qui lui paraissait approprié. D'un œil critique, Rokh l'observa retirer les pierres qui pourraient éventuellement gêner leur duel, sans trouver rien à redire sur ce choix. Ils étaient au milieu de nulle part, au milieu de tout. De là où ils se trouvaient, ils auraient pour témoin la glorieuse Minas Tirith qui se dressait comme un phare immaculé à l'horizon, et le ciel d'un bleu pur qui serait leur dernière vision au moment où ils quitteraient ce monde.

Le guerrier baissa la tête, revenant à son interlocuteur. Il ne s'attendait pas véritablement à avoir une réponse, mais il était heureux de voir que le Vice-Roi avait accepté de lui parler. C'était curieusement important, sans qu'il pût expliquer pourquoi. Les paroles de ce dernier étaient sincères, et montraient tout à la fois à quel point ils étaient proches et distants, à quel point ils se comprenaient et s'intriguaient l'un l'autre. Ils ne pourraient jamais se dire réellement amis, mais indéniablement ils étaient liés. Liés par une réalité qui dépassait tout ce que leurs allégeances et leurs serments respectifs les obligeaient à croire. Ils étaient liés par la guerre qu'ils ne fuyaient pas mais qu'ils avaient épousés. Ils étaient liés par la mort qu'ils bravaient plus que de raison. Ils étaient liés par le sang, non pas celui qui coulait dans leurs veines, mais celui qu'ils avaient fait couler au cours de leur vie. Jamais ils ne trouveraient le repos après avoir tué autant, mais ils mourraient avec la satisfaction d'avoir toujours fait face, de n'avoir jamais cédé un pouce de terrain face à l'adversité.

Rokh écoutait attentivement le Vice-Roi, comprenant peut-être mieux qu'il ne le pensait où il voulait en venir. La beauté du monde… Oui, il commençait à y goûter lui-aussi. Peut-être pas de la façon dont l'espérait ou dont le voyait le Rohirrim, mais c'était déjà un début. Son séjour à Aldburg l'avait changé en profondeur, sans remettre en cause qui il était. Il avait évolué vers un stade supérieur, que l'on ne pouvait pas qualifier de meilleur ou de pire. Il était différent, certes, plus fort assurément, mais de là à savoir s'il s'était rapproché de son idéal du bien ou l'inverse, c'était difficile à déterminer. Il ne savait même plus exactement ce qui était souhaitable ou non, et en dépit de toutes ses convictions sur la guerre, la vie et la mort, il n'en demeurait pas moins perdu sur toutes les autres choses de la vie, toutes ces choses qu'il avait découvertes dans les froides et hostiles terres du Rohan.

Alors, quand le Vice-Roi tendit sa main pour le remercier, Rokh n'hésita pas un seul instant. Il se tourna face à son vis-à-vis, son alter ego, et lui rendit sa poignée avec une sincérité indéniable. Ses traits toujours sérieux s'adoucirent pendant un bref instant, et il parut pour une fois faire ses vingt et quelques années. A ce moment-là, on se disait toujours que sa vie était un beau gâchis ou une belle réussite, question de point de vue. On pouvait saluer sa maîtrise incroyable, sa grande qualité de bretteur et ses réussites militaires, autant que l'on pouvait déplorer l'absence de chaleur humaine dans son existence, et le destin tragique auquel il était promis. Il n'y avait aucune chance qu'il fût un jour un véritable homme libre, libéré de ses obligations et de ses démons intérieurs qui le tiraient toujours vers le champ de bataille. Il serait toujours appelé vers les métiers de l'épée, jusqu'à ce qu'il pérît par elle. Peut-être dès le lendemain, sous les coups du Vice-Roi, peut-être dans une semaine, un mois ou un an… Chaque jour de sa vie était mis en balance, et il risquait en permanence d'être envoyé au front, de périr dans la gloire pour rejoindre ses ancêtres sans honte. Mais que valait une vie qui pouvait s'interrompre à chaque instant, et dont on ne profitait pas pour soi ? Rokh, sans lâcher la main du Rohirrim, le regarda droit dans les yeux et lança :

- C'est moi qui te remercie, Gallen.

Appeler le Vice-Roi du Rohan par son prénom était une première pour l'Oriental, mais cela lui était venu très naturellement. Il n'avait pas vraiment réfléchi, et avait parlé avec le cœur. Cela faisait longtemps. Il haussa les épaules soudainement, comme s'il rejetait le poids des chaînes du passé, pour se permettre le temps de quelques heures d'être parfaitement sincère avec quelqu'un. La vérité lui ferait peut-être du bien, le soulagerait peut-être de ses craintes :

- Ce n'est pas une faiblesse que d'aimer quelqu'un. Pas pour toi, en tout cas… Quand je suis rentré au Rhûn, je… eh bien… je suis retourné voir mes parents. Je voulais voir si moi aussi je pouvais trouver quelqu'un à aimer… Si cela pouvait me rendre plus fort…

On sentait une pointe d'amertume dans sa voix, mais son visage était parfaitement neutre, son expression contrôlée à merveille :

- Je ne me souvenais même pas du visage de ma mère… Je crois que j'ai été content de la revoir. Soulagé, même. Mais je n'ai pas cet amour que d'autres peuvent ressentir. Je tiens à elle, mais je n'ai pas senti cette force m'envahir… Depuis lors, j'attends de trouver quelqu'un que je pourrais aimer assez pour être capable de me surpasser.

Rokh détourna un instant le regard. C'était la première fois de son existence qu'il abordait cette question avec quelqu'un, et cela ne faisait que le rendre d'autant plus gêné. Sa jeunesse apparente prenait des proportions incroyables, à mesure que l'on se rendait compte à quel point, privée de la guerre, sa vie était vide de sens. Il était comme un nouveau-né, qui n'avait exploré qu'une seule des milliers de voies possibles pour un enfant. Jamais il n'avait pas pu jouer, s'amuser, rire, danser ou chanter. Il aurait peut-être fait un bon peintre, un bon musicien, ou un bon cuisiner. Il aurait pu devenir maréchal-ferrant, ou bien apothicaire, collectionner des bibelots ou prendre du plaisir à lire un livre. Nul ne saurait jamais ce qu'il adviendrait de ces possibles, avalés par l'épée qui pendait à son côté, et par tout ce qu'elle impliquait.

- Mais je crois… Je crois que ce jour n'arrivera jamais…

Il n'en dit pas davantage, et se ferma assez subitement. Sa main quitta celle du Vice-Roi, et le sortilège qui les avait poussés à se confier l'un à l'autre se dissipa rapidement, éclatant comme une bulle silencieuse autour d'eux, leur faisant prendre conscience du monde qui continuait d'avancer. Le bruit du vent sur la plaine, apaisant, permit à Rokh de conserver sa sérénité. Il changea habilement de sujet, et rebondit sur ce que disait Mortensen à propos du combat :

- Nous avons bien un mot, mais je ne suis pas sûr de le traduire correctement. On l'utilise… On l'utilise parfois quand une femme enceinte met son enfant au monde. Au moment précis où la douleur cesse, et où l'enfant lui est présenté. Je ne sais quel est le mot dans votre langue pour exprimer cela… C'est ce terme que nous employons. Car oui, tout est plus beau après un combat, comme après avoir accouché. Inspirer de l'air est comme boire de l'eau par une forte chaleur, chaque mouvement paraît fluide et plein de sens.

Rokh plongea un instant dans ses souvenirs. Il avait livré de nombreux duels dans sa vie, et l'impression qu'il décrivait n'avait jamais disparu, jamais perdu en intensité. Chaque duel était unique, intime et crucial. Même face au dernier des mécréants, il devait faire preuve d'une concentration de tous les instants, car un coup chanceux pouvait toujours arriver. L'histoire regorgeait d'exemples d'hommes trop sûrs d'eux, trop confiants en leurs capacités, qui avaient baissé leur garde et qui avaient finalement été vaincus par un adversaire moins bon, moins intelligent, tout simplement inférieur, mais qui avait eu l'intelligence de profiter d'une ouverture, peut-être la seule et la plus infime, pour remporter la victoire. Dans cet état de concentration extrême, il n'existait rien sinon l'adversaire, et l'environnement immédiat n'était qu'une donnée, qu'un paramètre à prendre en compte sans qu'il fût réellement possible d'en discerner les détails. Alors, en sortant de cet état d'esprit, on retrouvait naturellement la saveur des choses. On percevait comme jamais la caresse du soleil sur la peau, le souffle du vent dans les cheveux. On retrouvait l'apaisement de l'âme, et le plaisir de ces milliers de petite choses auxquelles nul ne prêterait attention en temps normal.

C'était cette sensation que les deux guerriers décrivaient, qui n'était pas si loin de celle qu'éprouve l'artisan fier mais rompu après avoir travaillé d'arrache-pied pour achever une œuvre superbe. Lui aussi souffrait, et parfois son corps gardait les traces de son dur labeur. Toutefois, la splendeur de ce qu'il créait lui redonnait le sourire, et le calme retrouvé, il pouvait contempler le fruit de son travail avec la satisfaction d'y avoir mis un terme. Il y avait dans la guerre une forme d'accomplissement personnel que Rokh se plaisait à trouver, une forme de paix de l'âme qui contrastait avec la furie destructrice qu'il pouvait déchaîner lorsqu'il déversait ses coups sur l'ennemi. La conversation qu'il partageait avec le Vice-Roi en était un parfait exemple. Il inspira profondément, et regarda autour de lui. La plaine s'étendait, vaste et plane, dans toutes les directions. Il aurait adoré pouvoir chevaucher vers l'Est, retrouver les terres verdoyantes de son île natale, s'allonger au pied d'un arbre pour regarder le soleil succéder à la lune, contempler les étoiles dans un ciel sans nuages, laisser le bruit des vagues apaiser son âme. Mais il avait encore quelque chose à faire avant…

- Rentrons, veux-tu ? J'ai peur qu'on commence à s'inquiéter de ne pas nous voir revenir. Notre Reine m'en voudrait de créer un incident diplomatique durant le mariage…

Il sourit brièvement, en emboîtant le pas au Vice-Roi, alors que chaque pas les rapprochait un peu plus du monde réel, de leurs devoirs et de leur destin. Plus ils se rapprochaient, plus il sentait le poids de son armure aux armes du Rhûn, et celui du regard de Melkor penché au-dessus de lui. Ils avaient franchi le point de non-retour désormais, et rien ne viendrait se dresser entre ces deux combattants qui s'ils marchaient côte à côte actuellement, se retrouveraient bien assez tôt face à face.
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Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un rendez vous avec le destin    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 16 Mar 2015 - 2:24
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#Rokh

++ … Naturellement, nous devrons assurer la sécurité de Sa Majesté jusqu'au retour au pays. Il semblerait que nous ayons réussi à déjouer toute tentative malveillante à son endroit, mais nous ne saurions être trop prudents d'ici la fin de ce mariage. Je pense que ces barbares pourraient tout à fait tenter quelque chose. Rokh, je compte sur toi pour continuer à organiser la protection du périmètre, en relation avec les gardes du Gondor. Décidément, heureusement que tu parles bien leur langue. ++

L'intéressé hocha la tête pesamment :

++ Je m'en chargerai, Melkor en soit témoin. ++

++ Parfait. Je te laisse choisir comment déployer les hommes, j'ai foi en ton jugement. Je pense que… Mais qui est cet homme ? ++

Rokh se retourna, et chercha des yeux ce qui avait attiré l'attention de son supérieur. En vérité, il n'eût pas à regarder bien longtemps, car un individu concentrait l'ensemble de l'attention des soldats présents, dont aucun n'avait encore désiré tirer l'épée pour le défier, mais dont tous avaient entendu parler. Le Vice-Roi Mortensen, représentant de la délégation Rohirrim. Il était facile de l'identifier, grâce à l'armure d’apparat qu'il portait, aux armes de son royaume, et surtout à la noblesse de son attitude. Parmi les compagnons de Rokh, pas un n'avait pu échapper à l'histoire de son glorieux duel avec le Maréchal devenu entre-temps deuxième personnage le plus puissant du Rohan, et accessoirement meilleur bretteur parmi eux. L'arrogance du jeune guerrier n'avait pas disparue, et il avait à de nombreuses reprises annoncé qu'il avait réussi à prendre sa revanche, mais qu'il avait épargné ledit combattant car il souhaitait pouvoir l'affronter dans de nobles conditions. Sans nul doute qu'il n'avait pas prévu, en dépit de l'endroit où il se trouvait, d'avoir l'occasion de parler au Vice-Roi, et encore moins de lui proposer un duel. Toutefois, en le voyant arriver ainsi, plein de détermination, Rokh comprit qu'il aurait sa belle, et qu'il pourrait enfin démontrer sa supériorité sur ce champion du Riddermark.

Cela lui tira un sourire de satisfaction. Il fit signe à son compagnon de le laisser passer, surpris de voir le Vice-Roi s'emparer ainsi d'un bouclier, pour le jeter à ses pieds. Toutefois, tout prit un sens nouveau quand il ouvrit la bouche, pour le provoquer en duel. Rokh n'avait pas oublié les paroles qu'il avait prononcées, et il était heureux de voir qu'elles étaient également restées gravées dans la mémoire de son adversaire, bien que six longs mois eussent passé. Aucun des deux n'était pleinement satisfait de la façon dont leur affrontement s'était terminé, et s'ils étaient tous deux heureux d'avoir eu la vie sauve, et ils ne pouvaient pas s'empêcher de désirer plus que de raison vérifier lequel des deux prendrait la vie de l'autre en premier.

Face à ce défi, à ce gant jeté en plein milieu du campement des Rhûniens, il était impossible que Rokh refusât. Ses officiers n'auraient pas compris, ses subalternes n'auraient pas accepté, et sa Reine n'aurait tout simplement pas pardonné qu'il se ridiculisât devant un Occidental. C'était l'honneur de tout son royaume qui était en jeu, et la provocation du Vice-Roi, qui pouvaient être offerte comme une affaire entre deux hommes, était en réalité une provocation entre deux Etats qui s'ils n'étaient pas en guerre, s'opposaient tout de même sur de nombreux points. Le contentieux historique entre les Rohirrim et les Rhûnedain était ancien, mais toujours vivace dans la mémoire des monarques. Lyra de Rhûn ne supporterait pas de voir un de ses valeureux guerriers refuser un duel face à un adversaire qu'elle considérait comme méprisable et indigne. Elle prendrait en revanche un plaisir incroyable à voir Rokh piétiner le visage de Mortensen, à le voir remporter une victoire éclatante qui démontrerait à tous que les Orientaux étaient naturellement supérieurs.

Ouvrant les bras en signe d'impuissance, Rokh répondit d'une voix calme, avec un commun impeccable bien que son accent parût un peu plus prononcé que six mois auparavant, après son long séjour à Aldburg :

- Pas au crépuscule, Gallen Mortensen. Demain à l'aube, tu trouveras la place d'honneur que tu mérites au côté de tes ancêtres.

Le guerrier afficha un sourire. Choisir le moment du duel n'était pas un véritable avantage, mais il lui donnait au moins l'impression de ne pas céder un pouce de terrain à son adversaire. Toutefois, beau joueur, il ajouta :

- Je te laisse le choix du lieu. Les plaines du Pelennor sont grandes et je suis persuadé que nous pourrons trouver un endroit convenable.

C'était vrai. Certes, il y avait foule autour de la Cité Blanche, mais en s'éloignant un peu ils pourraient trouver un endroit tout à fait approprié pour livrer bataille. Il était cependant évident que ce duel très politique attirerait des regards. Rokh était prêt à parier que sa Reine insisterait pour assister, ce qui impliquait que sa garde rapprochée et les hauts dignitaires du Rhûn viendraient également. Les compagnons du Lieutenant feraient également le déplacement, pour lui apporter leur soutien, et surtout pour le voir massacrer son impétueux adversaire. Du côté de Gallen, aucune autorité plus haute que lui n'était présente au Gondor, mais il était certain que sa compagne Aelyn, ses proches et amis viendraient pour assister au duel. Il n'y aurait sans doute pas davantage de personnes, car le lieu n'était pas propice à une foule importante, et le délai très court ne permettrait sans doute pas à quiconque de s'organiser. En outre, c'était un duel très privé entre deux hommes, et aucun des deux ne paraissait vouloir le rendre public.

Rokh jeta un œil à ses compagnons, qui le soutenaient largement. Très peu parlaient un commun parfait, et ils ne comprenaient pas tout de la conversation, mais ils devinaient ce qu'ils ne pouvaient entendre formellement. Leur frère était en train de tenir tête à ce Vice-Roi audacieux, et il représentait fièrement les couleurs de son royaume. Parfaitement à l'aise dans ce rôle, le jeune guerrier annonça :

- Marchons, je crois que nous avons des choses à nous dire.

Et en effet, ils avaient du temps à rattraper. Le Rhûnadan éprouvait l'impression bizarre d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui le comprenait. Gallen Mortensen était un peu son double, son reflet occidental, pétri de valeurs lâches et immorales, mais tout de même. Jamais il n'avait rencontré un homme de l'Ouest qui lui fût à ce point semblable, et qui lui eût à ce point fait douter de ses propres capacités martiales. Après son retour compliqué au Rhûn, et son séjour de quelques semaines dans l'avant-poste, il avait regagné le royaume où il avait retrouvé sa place avec les honneurs. Toutefois, il n'avait jamais vraiment cessé de penser à son adversaire qui, des centaines de lieues à l'Ouest, l'avait poussé aux portes de la mort. Alors qu'ils s'affrontaient avec un acharnement titanesque, il lui était apparu qu'il y avait comme un lien très fort entre eux, que seule Kaya ou Varvad pouvaient rompre.

Marchant l'un à côté de l'autre, curieux duo que cet homme en armure du Rohan et ce guerrier en armure du Rhûn, ils s'éloignèrent du campement oriental, et se mirent à déambuler entre les tentes, quittant d'un pas léger les environs de Minas Tirith, pour partir à la recherche d'un endroit propice à leur combat. Au départ, nul ne prit la parole. Non pas qu'ils n'eussent rien à dire, mais il était simplement difficile de mettre des mots sur ce qu'ils éprouvaient, sur le fort lien qui les unissait alors que tout dans leur passé les destinait à se haïr. Rokh finit par rompre ce silence gênant, essayant de cacher son manque d'assurance derrière un faciès froid et maîtrisé :

- Vous avez l'air en forme. Vos blessures se sont remises ?

La question pouvait paraître déplacée, pour ne pas dire stupide étant donné qu'il était à l'origine desdites blessures. Toutefois, de sa part, on ne pouvait pas vraiment y voir une provocation gratuite. Il s'inquiétait sincèrement de savoir quel était l'état physique d'un homme qu'il entendait tuer le lendemain, car il souhaitait affronter Gallen au maximum de ses capacités. Vaincre un adversaire diminué ne lui apporterait aucune satisfaction. Puis, enchaînant sur des choses plus anodines qui, curieusement, lui venaient assez naturellement, il lança :

- Qu'avez-vous fait ces six derniers mois, Maré… Vice-Roi ? Je suppose que vous avez passé du temps avec la guérisseuse, Aeryn… non, Aelyn. J'ai cru comprendre qu'elle était ici avec vous.

Il était étonnant d'entendre Rokh prendre des nouvelles de la vie de Gallen, comme un vieil ami l'aurait fait très naturellement. Pourtant, de quoi d'autre pouvaient-ils parler sinon de choses anodines ? Evoquer leur duel du lendemain n'aurait fait que précipiter les choses, et ils auraient bien assez de temps pour y réfléchir, pour s'y préparer mentalement. Mais avant cela, ils devaient exorciser certaines choses, comme si en apprenant à se connaître en quelques phrases, en quelques questions, ils ouvraient des portes restées closes trop longtemps. A chaque question, le Vice-Roi répondait, et incitait ainsi Rokh à poursuivre, ne souhaitant pas que leur conversation s'arrêtât si tôt. Il attendit que son interlocuteur terminât, avant de demander encore :

- Comment allez-vous, vous ? Depuis la mort de Farma, je veux dire. Je suppose que son décès vous attriste toujours.

Cette question était peut-être la plus délicate, mais peut-être aussi que Rokh était le seul à qui Gallen pouvait se confier librement, le seul qui ne le jugerait pas sur ce que contenait son cœur, qui ne se moquerait pas de sa faiblesse. Car pour l'Oriental, la seule chose qui comptait était la puissance de son bras, la violence de ses coups et la droiture de son âme. Du reste, il se fichait éperdument, et constituait donc une oreille des plus neutres. Conscient toutefois qu'il avait peut-être été trop loin, face aux hésitations du Vice-Roi, il préféra s'arrêter là, et lui laisser dont il avait besoin pour réfléchir, pour chercher les bons mots, pour formuler les bonnes phrases.

Rokh était là quand Farma avait sombré, il l'avait vue alors que Gallen était prisonnier dans les geôles de Vieille-Tombe. Il l'avait soutenue quand son époux était au loin, et qu'elle maudissait son absence. Il était là encore quand elle avait sauté de cette fenêtre, avalée par le vide, brisée sur les pavés. Il avait tout vu, il avait tout entendu, et dans un sens il était peut-être le mieux placé pour comprendre la souffrance du Vice-Roi. Sans avoir la prétention de jamais devenir son ami, sans même désirer qu'ils se rapprochassent ainsi, il avait envie d'en savoir davantage sur cet homme qui avait réussi à le faire vaciller, sur cet homme qui avait changé tant de choses dans sa façon de voir le monde, dans sa façon d'être. Dans un sens, il avait même envie de l'aider à aller mieux, si cela pouvait l'aider à combattre plus efficacement, et à se révéler un adversaire plus redoutable.

Car il n'oubliait pas que la finalité de leur conversation était leur duel, que l'aboutissement de leur relation était la mort de l'un des deux, et que l'objectif principal de leur marche était de trouver un lieu adéquat pour livrer bataille. Ils étaient sortis depuis quelques minutes de la forêt de tentes, et ils retrouvaient peu à peu le calme et la sérénité des plaines du Pelennor, vaste étendue parcourue de champs que rien ne venait troubler. Au milieu de ce nulle part, de ce rien, de ce vide, ils n'étaient plus des soldats en armure, ils n'étaient plus des ennemis mortels. Pour quelques minutes, quelques heures, ils étaient deux guerriers, vieux dans l'âme, qui échangeaient par-delà leurs différences par delà leurs obédiences. Et, pour l'un comme pour l'autre, cela les aidait à trouver la paix. Il n'y avait plus de « hier », et les souvenirs de leurs affrontements passés s'estompaient progressivement, emportés à l'instar de tous leurs souvenirs. Il n'y avait pas de « demain », et la perspective du duel à venir était lointaine, comme une ombre balayée par le soleil radieux qui brillait sur le Gondor. Il n'y aviat qu'un « maintenant », qu'un « ici », où ils pouvaient se confier librement, pour la première et sans doute la dernière fois de leur vie...
Sujet: Un retour douloureux (Passé)
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour douloureux (Passé)    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 15 Juin 2014 - 13:10
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#Rokh

Le retour du Maréchal Mortensen avait été, pour Rokh, une véritable bouffée d’oxygène. Pendant des semaines, il avait été complètement asphyxié, privé d’air, contraint de se plier au mode de vie rohirrim tout en étant ici un indésirable, un intrus, un ennemi. Il avait été maltraité verbalement, mais aussi physiquement, on l’avait insulté, humilié, traité comme un moins que rien, comme un Chien, surnom peu élogieux qui avait été le sien durant son séjour dans la cité d’Aldburg. Alors nécessairement, quand il avait vu la silhouette décharnée et brisée de Gallen Mortensen approcher d’un pas claudiquant au bout d’un couloir, son sang n’avait fait qu’un tour. Peu importait, au fond, que l’homme fût blessé et sur le point de trépasser : tant qu’il pouvait lui porter le coup fatal, il était heureux. Mais au fond de lui, son honneur de guerrier lui commandait d’attendre que le rohirrim fût remis, qu’il eût retrouvé la pleine possession de ses moyens pour le défier, pour l’écraser sous sa botte ferrée, et pour rentrer chez lui triomphant, satisfait d’avoir lavé son honneur blessé dans le sang de l’ennemi.

Aussi, lorsque le suzerain de ces terres prit la parole, il ne s’offusqua pas vraiment de ses propos. Après tout, il pouvait comprendre le Maréchal. Au vu de son état, il avait traversé de difficiles épreuves, et il avait probablement besoin d’un peu de temps avant de songer à livrer un duel où il risquerait sa vie. Même lui avait le droit de profiter un peu de retrouvailles bien méritées avec son épouse… même s’il n’était pas certain qu’il supporterait de la voir dans cet état. Le guerrier qui avait jadis fait preuve d’une immense bravoure sur le champ de bataille paraissait éreinté, vidé de son énergie vitale, et bien qu’il désirât parler d’une voix forte et claire, on sentait qu’au fond de lui il était éteint, comme si ce qui faisait sa force avait soudainement disparu. Il avait laissé derrière lui une partie de son âme, et malheureusement, il n’était pas sûr qu’il la retrouvât un jour.

Rokh hocha la tête, acceptant avec une forme de stoïcisme presque dérangeant la promesse renouvelée du Maréchal, qui osait lui annoncer sa mort prochaine. Avant la bataille d’Aldburg, il aurait souri largement, et aurait immédiatement provoqué en duel l’impudent qui osait insulter ainsi son honneur. Mais il savait qui se trouvait en face de lui, et surtout, il voulait prouver au Maréchal qu’il était bel et bien le meilleur, qu’il n’avait rien à lui envier, et qu’il pouvait le terrasser quand il le souhaitait, où il le souhaitait. Parler n’aurait servi à rien, seuls les actes pouvaient l’ériger en tant que véritable champion. S’il y avait une leçon qu’il devait retenir de toute cette histoire, c’était bien celle-ci. On le jugerait pour sa capacité à détruire toute adversité, et non pour sa capacité à relater ses exploits.

Impassible et silencieux, Rokh acceptait donc les conditions de son futur adversaire, qu’il devait pour l’instant protéger pour qu’il ne lui arrivât rien d’ici leur duel annoncé. Le rohirrim semblait soulagé de voir que le Rhûnien ne souhaitait pas en découdre immédiatement, et il le contourna en boitant, sans la dignité qui avait fait de lui un opposant si redoutable et un chef si charismatique sur le champ d’honneur. Décidé à ne pas le lâcher d’une semelle, et à faire tout son possible pour accélérer et faciliter la guérison du grand guerrier, l’oriental suivit Gallen sans mot dire, l’accompagnant dans la chambre de Farma, la dame du Rohan dont l’état avec décliné durant l’absence de son époux.

Les jours se succédèrent alors dans la forteresse, chacun ressemblant au précédent. Rokh se levait à l’aube, refusant de s’habituer au confort – certes limité, mais supérieur à ce qu’il avait connu dans l’armée – et désireux de conserver sa forme physique exceptionnelle. Il pratiquait quotidiennement des exercices d’assouplissement et de musculation pour retrouver sa condition avant sa blessure. On pouvait dire, certainement, qu’il avait atteint son objectif et même – et c’était plus inquiétant pour le Maréchal – qu’il avait progressé. Il travaillait avec acharnement, allant au bout de ses capacités, terminant souvent épuisé et en nage après des heures à combattre dans le vide, car il n’avait trouvé aucun adversaire à sa taille dans la forteresse.

A la suite de ces entraînements réguliers, il allait se poster face à la chambre du Maréchal, attendant patiemment qu’il sortît pour déjeuner. Il l’accompagnait alors sans un mot, surveillant qu’il prenait des forces, et qu’il retrouvait peu à peu la santé. En quelques jours, son état s’améliora rapidement, et il devait avoir été privé depuis des lustres, car on aurait dit que chaque bouchée lui redonnait davantage de couleurs et de poids, comme s’il s’agissait des premiers vrais repas qu’il avalait depuis des mois. Et du peu que le guerrier de l’Est avait pu en apprendre, ce devait être le cas. Toutefois, et chaque combattant le savait, il n’était pas possible de récupérer totalement si la tête n’y était pas. Le Maréchal avait beau manger, marcher régulièrement dans la forteresse pour retrouver ses jambes, l’état de sa femme était comme un boulet attaché à sa cheville, qui le tirait inexorablement vers les profondeurs d’une mer de désespoir.

Farma avait, d’après l’avis du Rhûnadan, complètement perdu la raison. Son état de santé s’améliorait d’autant que son esprit déclinait, et il était de plus en plus difficile pour le guerrier de supporter le caractère lunatique de la jeune femme, ses coups de colère suivis presque immédiatement de ses comptines à donner des frissons même à un tueur endurci. Ce dernier assistait d’ailleurs, impuissant, à des scènes qui lui auraient fendu le cœur s’il en avait eu un, mais qui se contentait de le laisser perplexe. L’épouse, quoique sauvée par son époux d’un empoisonnement qui aurait fini par lui coûter plus que ses jambes, continuait à en vouloir à ce dernier, au point de l’insulter, de lui hurler dessus dès qu’il lui en prenait l’envie, sans que lui ne répondît jamais, comme s’il acceptait le poids des accusations qu’elle lui lançait parfois très injustement au visage. Rokh, muré dans un silence presque religieux, s’efforçait de rester loin de la scène dans la mesure du possible, comme si se rapprocher trop près de la jeune femme présentait un quelconque risque de contamination. Il savait bien que non, mais après avoir entendu les histoires que l’on racontait à propos des prêtres de Melkor dans son pays, il ne préférait pas prendre de risque. On ne savait jamais.

Avec sa froideur naturelle, qui était devenue familière au Maréchal depuis qu’il était revenu, il se contenta de plisser les yeux en voyant Farma trouver l’énergie d’adresser une gifle cinglante à son époux, qui claqua dans l’air comme un coup de fouet. Elle avait retrouvé des forces, c’était certain, et il était paradoxalement cruel de la voir l’utiliser pour alimenter sa colère déraisonnable. Gallen vacilla sous le choc, mais davantage symbolique que physique. Il recula et quitta la pièce sans un mot, ébranlé au-delà du concevable. Rokh lui emboîta le pas sans un regard en arrière, incapable de poser à nouveau les yeux sur Farma ou sur ses guérisseurs. Pour lui, elle était déjà maudite, et tous ceux qui passeraient trop de temps en sa compagnie risquaient de subir le même sort.

Gallen était anéanti, bien plus qu’il ne le laissait paraître en public lorsqu’il gérait ses affaires. Mais Rokh le voyait quotidiennement, et il pouvait observer de minces détails qui ne laissaient pas de place au doute. Ses blessures guérissaient, mais il traînait toujours la jambe, ses épaules étaient basses, et il paraissait las et son regard avait perdu en vigueur. Cette fois cependant, il n’était pas nécessaire de fréquenter le Maréchal aussi souvent pour découvrir chez lui les failles terribles qui s’ouvraient dans son âme, pareilles aux sillons que creusait un laboureur impitoyable dans un sol qui n’avait pas vu d’eau depuis des lunes. Et d’eau, il n’en verrait pas non plus en cette soirée, car c’était bien de l’alcool que le champion du Rohan était allé chercher. Immodérément, il se noya dedans et son chagrin avec, comme si oublier signifiait guérir. Répondant avec philosophie, Rokh lui donna sa propre vision, héritée de ses ancêtres :

- En effet, c’est une force. Mais si je peux me permettre, mes prédécesseurs m’ont appris comment oublier la douleur, mais cela n’aide pas à guérir. Au contraire, cela ne fait que vous rapprocher de la mort. C’est pour cela que vous ne pourrez pas me tuer. Je ne suis déjà plus de ce monde.

Ces paroles n’étaient pas pleines d’amertume, comme on pouvait l’entendre parfois, et le Rhûnadan ne se plaignait pas de son sort, bien au contraire. Il semblait avoir accepté la situation avec beaucoup de sérénité, et dans ces conditions, en effet, comment pouvait-il être abattu ? Comment tuer ce qui était déjà mort ? Comment blesser ce qui ne saignait pas ? Peut-être Gallen pourrait-il y trouver des enseignements. Après tout, lui qui se disait défenseur du Rohan et de ses valeurs, souhaitait-il tant ressembler à Rokh, un ennemi ? Ce dernier n’en était pas convaincu, et il pensait que le Maréchal prendrait un autre chemin. On ne renonçait pas à la vie pour devenir un guerrier : on acceptait de ne jamais en avoir. Quand on avait goûté une fois à ce qu’était le bonheur, la relaxation, le plaisir, comment revenir à une vie dédiée entièrement à l’objectif d’un autre ? Comment surmonter la douleur, la peur, la faim et le froid sans en connaître les raisons ? Comment refuser les bras d’une femme aimante, la présence d’enfants chaleureux, pour risquer sa vie, patauger dans la boue et le sang ?

Rokh ne sut pas comment le Maréchal avait reçu ses paroles, mais il continua à vider chopes après chopes, simplement pour perdre la tête et perdre la mémoire, oublier et évacuer la pression, le stress la tristesse. Au bout d’une heure, ce solide gaillard, un des hommes les plus puissants du royaume, était devenu un ivrogne sans honneur, un homme brisé parce qu’il avait pris le risque d’aimer, et que le destin avait décidé de s’acharner contre lui et de lui brûler les ailes alors qu’il avait désespérément battu de celles-ci pour revenir jusque chez lui. Triste fin pour un homme triste. Misérable fin pour un homme qui n’avait rien de misérable. Ayant épuisé son stock de boisson, et ayant probablement  compris que davantage serait trop, le Maréchal se leva péniblement, bien aidé dans son entreprise par le mobiliser, les tables et les chaises proches qui pour certaines basculèrent en lieu et place de celui qu’elles étaient chargées de supporter. Rokh s’occupa de remettre de l’ordre, plus par habitude que par véritable envie de rendre service, ou d’autres considérations du même acabit. Quoi qu’il en fût, il laissa quelques mètres d’avance au Maréchal, qui quitta les cuisines avant lui. De ce qu’il se passa ensuite, il ne vit pas le début, mais arriva assez tôt pour capter une scène assez étrange. Il n’était peut-être pas d’ici, mais il sentait bien que la situation n’était pas particulièrement normale.

Après tout, il ne connaissait pas un seul pays où le fait pour un homme marié, noble de surcroît, d’embrasser la meilleure amie de son épouse, roturière, fût considéré comme normal. Les voir ainsi enlacés, comme si leur vie dépendait l’un de l’autre, était assez surprenant pour Rokh, qui les considéra d’un œil perplexe. Il l’embrassait comme si elle pouvait lui insuffler la vie qui lui manquait, comme si cette guérisseuse du corps pouvait réparer son âme blessée. Ses mains fébriles cherchaient à délacer le corsage qui résistait sous ses doigts engourdis par l’alcool, à la recherche d’un cœur qui battait encore, d’une femme qui pourrait lui pardonner son absence, comprendre sa souffrance, et le laisser guérir en son sein. Et que dire d’elle ? Elle paraissait s’accrocher au Maréchal comme si elle retrouvait un amant perdu depuis longtemps, comme si un baiser passionné suffisait à peine à exprimer tout ce qu’elle ne pouvait pas lui dire, tout ce qu’elle ne pouvait pas ressentir.

Rokh ne chercha pas particulièrement à se cacher, mais il fallut un moment aux tourtereaux pour se rendre compte de sa présence, et ils affichèrent une mine ici pleine de gêne, ici pleine de culpabilité. La froideur du guerrier, son manque de considération à l’égard de ce qu’il ne considérait que comme une faiblesse de plus des peuples de l’Ouest, semblait leur faire presque autant de mal que leurs embrassades sans conséquences. Car après tout, à qui irait-il le raconter ? Et quel avantage tirerait-il à colporter de tels ragots ? Aucun, assurément. Ici, il ne cherchait qu’une seule chose, et il attendrait patiemment que le Maréchal fût remis pour pouvoir s’en emparer sans pitié. Et lorsque la vie du champion du Rohan serait sienne, il quitterait enfin ces terres, et laisserait derrière lui cet univers trop différent du sien, plein d’émotions non gérées, de sentiments incontrôlés, qui ne faisaient que parasiter l’esprit pur et clair du guerrier. Quand, enfin, il aurait retrouvé la sérénité et la victoire, il deviendrait le combattant le plus parfait de la Terre du Milieu. Il en était persuadé.
Sujet: Un retour douloureux (Passé)
Gallen Mortensen

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour douloureux (Passé)    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 13 Juin 2014 - 17:35
Le plus douloureux fut la lumière du soleil en sortant de la vieille Tombe. Gallen découvrait tout. Sa stupeur fut au comble lorsqu'il se rendit compte qu'il se trouvait dans le lointain Rhun.
la remontée vers le Rohan fut physiquement pénible , Gallen était dans un état d'épuisement impressionnant. Thorseld, Amadeo et Léaramn qui l'accompagnaient  , n'étaient pas plus en forme. En plus d'être en territoire ennemi ils devaient se protéger du soleil qui tapait sans faillir sur leurs blessures, le plus mauvais des remèdes. Mais comme toujours l'espoir maintenait la maréchal debout. régulièrement il touchait des doigts l'objet de ses convoitises. L'antidote pour sa Farma.

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Le rohirrim perdit le sens du temps, il ne sut pas trop combien de temps il lui fallut pour retourner à Aldburg. Mais Les plaines du Riddermark s'ouvrirent devant eux et enfin ils étaient de retour au pays. Et, Gallen avait bien des choses à faire


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L'ancien Champion du Rohan voulut immédiatement voir son épouse . Et il tomba au détour d'un couloir par hasard mais l'était ce vraiment, sur Rokh . Le regard sombre de son "ennemi" renvoya son état de grande fatigue , mais Gallen se força à donner le change. Il se redressa sans faillir.

D'une voix qu'il voulut autoritaire il interpella le guerrier

"J'ai su que tu as rempli ta part de notre Accord, Guerrier. Je ferai de même. mais uapâravant je dois me rendre auprès de mon épouse et je dois me rendre à Edoras pour une affaire. Juste après nous aurons notre duel et tu perdras de nouveau"

Mortensen jouait au fanfaron mais il doutait de vaincre en étant diminué un tel monstre d'endurance et le plus doué combattant qu'il avait dû affronter  à l'exception peut être de l'elfe Lammath.

Etonnament Le soldat s'esquissa sans un mot et laissa passer le maréchal. mais Gallen sentit sa présence sur ses pas. Il se doutait que ce Rokh le suivrait partout pour avoir sa revanche en temps et en heure , mais il l'aurait. En revanche impossible pour Gallen de connaitre la raison de l'acceptation des faits par cet homme dur et fier.

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Lorsque Gallen revit Farma dans sa chambre, elle dormait. Maitre Rihils et Aelyn son amie étaient à son chevet. Le regard des deux en disait long sur son état calamiteux, il ressemblait plus à un cadavre ambulant qu'au puissant et glorieux maréchal qu'il aurait dû être. Rokh le suivait partout, inexorablement.


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Quelques jours plus tard Gllen commençait à reprendre consistance. Il régla les affaires courantes. Sur ses pas Rokh ,comme toujours. Le rohirrim devait reprendre des forces. Il ordonna à Léaramn de s'équiper et de partir dans une semaine après s'être remis de ses blessures à la recherche d'Orwen qui aux dernières nouvelles guerroyer dans les plaines du Riddermark . Ils devaient ensuite rejoindre Gallen à Edoras.

Le physique du maréchal revenait mais pas son moral. Farma avait bien perdu son enfant. L'antidote semblait avoir un effet positif sur l'état de Farma: ses jambes bougeaient à nouveau. Mais la blonde avait des absences de plus en plus longues, elle semblait ailleurs et surtout elle était d'une cruauté extrême envers son époux, le tançant publiquement . Mais Gallen encaissait il se sentait responsable de l'état de santé de son épouse.

Néanmoins un soir, Aelyn et Rihils étaient présents ainsi que le sempiternel Rokh , Farma franchit une nouvelle étape. Elle passa sa journée à chantonner une comptine comme souvent les yeux tournés vers le plafond. Cette situation mortifiait Gallen.

Mais son regard émeraude, implacable  se posa sur lui. Le maréchal se rapprocha d'elle. Elle lui cracha dessus.

"Je te hais Gallen, j'ai tout perdu à cause de toi. mon enfant mon père"

Et elle gifla son époux. Au delà de la gifle ce fut les mots qui transpercèrent Mortensen. Comme un automate il ne put, ne sut quoi répondre . Tremblant il sortit de la pièce sous le regard inquiet de Maitre Rihils. Il entendit au loin une voix féminine peut être celle d'Aelyn s'adresser durement à Farma mais peut importe.

Gallen sortit il resta un long moment contre le mur froid cherchant sa respiration et il partit dans les cuisines . Et là il plongea dans la bière naine celle laissée par les naugrims suite à la victoire d'Aldburg. Il buvait pour trouver l'ébriété et oublier , oui oublier. Rokh arriva naturellement, il remarqua les larmes du rohirrim.

Gallen hurla

"Cela ne peut pas t'arriver hein tu n'as pas de cœur, c'est cela ta force !!"

Rokh resta stoique.

Cet enterrement de première classe dura une bonne heure. Tanguant dangereusement Gallen se leva maladroitement , se dirigea vers ces appartements . puis arrivà à une vingtraine de mètres impossibble pour lui de voir Farma il décida de se rendre dans les écuries. A cet instant Aelyn sortit de la chambre de Farma. Epuisé, Gallen s'affala contre le mur. Aelyn s'arrêta .

Gallen d'une voix pâteuse et hargneuse en apparence demanda

"Comment va telle? Elle me hait toujours. Elle  a raison , d'une certaine manière, je suis un monstre je le sais. Tu ne sais pas ce que j'ai fait. Mes nuits sont remplies des cauchemars de mes actes"


Il n'entendit pas la réponse de la guérisseuse. Il tenta de se remettre d'applomb. mais il tangua de nouveau et se rattrapa grâce à Aelyn.

Il se redressa . Et là il craqua complétement sanglotant comme un enfant dans les bras d'Aelyn.

Cela dura un long moment, il se calma.

Il se redressa enfin, il balbutia des excuses. Son visage se trouva au niveau de celui d'Aelyn, il le trouva d'une beauté extrème et il l'embrassa sur les lèvres .Pourquoi ? Il ne sait pas ...

Mais ce qui le surprit c'est que ce baiser eut une réponse. Alors embrumé par l'alcool, Il plaqua Aelyn contre le mur leur baiser devint passionné. Et déjà la main gauche de Gallen avait délacé le corsage de la belle.

Puis il se reprit il se passa une main fiévreuse sur le visage il balbutia de nouveau des excuses et chancelant se dirigea le plus rapidement possible vers les écuries. Mais que faisait il? Il se frappa la tête avec ses poings. Naturellement, il tomba sur Rokh qui il était certain avait assisté à la triste scène.

D'un geste maladroit il poussa l'oriental et continua tant bien que mal son chemin.Rohk comme toujours silencieux était impassible.


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Gallen se reveilla dans les écuries , près de son étalon Lars, la tête embrumé. Mai aussi avec le goût de la bouche d'Aelyn et il aima cettes sensation. Non il ne devait pas !! Son épouse souffrait... Et surtout bientôt il devait partir pour Edoras demander des comptes à Eoseld.

Mais par les valars que le baiser d'Aelyn avait été bon.


#Gallen #Mortensen #Rokh #Farma #Learamn
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Ryad Assad

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 9 Juin 2014 - 21:13
Un soleil nu dans un ciel sans nuage annonça le lever du jour, en cette matinée bien étrange pour nous tous, et plus particulièrement pour moi. Après tout, comment aurais-je pu deviner que les événements qui s'étaient déroulés allaient me mener ici, à Minas Tirith, capitale du Gondor, pour assister parmi les personnalités les plus importantes du monde à un mariage royal ? Même mon contact n'avait certainement jamais pensé à pareille promotion pour moi, et je me félicitais d'avoir été capable de jouer mon rôle jusqu'au bout, et d'avoir su me positionner de si belle manière. Toujours allongé dans mon lit, il ne me fallut qu'une seconde pour replonger dans mes souvenirs, et laisser mes pensées remettre de l'ordre dans l'enchaînement d'événements qui avait présidé à ma nomination.

Après notre sabotage réussi à l'intérieur des murs de Dur'Zork, capitale de l'émirat du Harondor, et tandis que nous assistions impuissants aux combats qui faisaient rage au niveau de la porte, et qui tournaient désespérément à l'avantage des défenseurs, Agathe et moi-même avions eu le choix de notre destin : fuir avec le gros des troupes, ou rester dans la cité pour continuer notre travail, quitte à nous mettre encore un peu en danger. J'avais opté pour la retraite prudente, mais elle avait choisi de rester, et je m'étais donc plié à sa décision - pas par affection, mais parce que ses arguments m'apparaissaient plus que raisonnables. Elle considérait en effet que les troupes de Taorin n'avaient pas engagé toutes leurs forces, et qu'il faudrait certainement encore les appuyer lors de leur second assaut. Sa présence d'esprit nous avait permis de rester embusqués dans la cité, et d'assister aux premières loges à la mobilisation des troupes de l'émirat, à leur contre-offensive audacieuse, et à leur funeste destin.

Pendant ce temps, nous n'avions pas chômé, désireux de nous mettre au travail aussi vite que possible. Nous avions dès lors fondu sur quelques patrouilles pour les neutraliser rapidement, ce qui n'avait pas été très difficile - après tout, nous choisissions bien nos cibles, isolées et vulnérables, et nous frappions avec la rapidité et l'efficacité d'une vipère du désert. Puis, considérant que des objectifs plus importants devaient être remplis, nous avions mis le cap sur le palais pour essayer de décapiter la chaîne de commandement de la capitale, en l'absence de l'Emir. Il nous fut impossible de trouver les officiers supérieurs, mais nous éliminâmes tout de même deux capitaines et un lieutenant qui allaient porter des ordres et des consignes, contribuant par là-même à affaiblir la défense de la cité.

Ainsi donc, quand les pirates arrivèrent, nous n'eûmes qu'à leur montrer diligemment quels étaient les points stratégiques dont il fallait s'emparer pour prendre le contrôle de la cité, maintenant que l'armée harondorim était en déroute. Une tâche simple, mais dont le chef de l'expédition avait probablement eu vent, car il n'avait pas tardé à nous convoquer Agathe et moi-même, afin de nous faire part de la suite de ses plans. Je demeurai avec Taorin pendant les six mois qui suivirent, tout d'abord en tant que simple intendant car il appréciait mes services - sans se douter que j'accumulai sur lui une masse d'informations considérables -, avant qu'il ne me chargeât officieusement de gérer son réseau d'espions - une tâche qui m'allait comme un gant. Pour assurer ma couverture, il me confia de manière très officielle la tâche de secrétaire-conseiller, qui me permettait de rester à ses côtés pour prendre des notes et lui donner des informations cruciales, tout en étant suffisamment discret pour que personne ne me remarquât.

C'était d'ailleurs en cette qualité que j'assistais au mariage du Roi Aldarion et de sa Princesse venue d'un obscur royaume du Nord. Je me tenais juste derrière Taorin, parmi sa suite non armée, tandis que celui-ci était encadré par deux Chiens du Désert parmi les plus fidèles - à défaut d'être compétents. Je ne pouvais pas voir son visage en cet instant, mais il était évident qu'il se sentait très à l'aise dans son nouveau rôle, après les élections qui l'avaient propulsées à la tête du territoire conquis, et qui avaient fait de lui un véritable monarque. Recevoir une invitation de la part des Royaumes Réunifiés n'avait fait que conforter sa position, et cela n'était pas pour plaire à Radamanthe, assis non loin, et qui paraissait contenir à grand peine son envie de sauter à la gorge du Chien Borgne.

Pour ma part, je me concentrai davantage sur une autre délégation, qui m'intéressait davantage. Celle en livrée sang et or, dont les gardes en armure impeccable et au regard inquisiteur escortaient la sublime Reine du Rhûn, Sa Majesté Lyra, loué soit son nom. Il faudrait que je trouve un moyen de les approcher avant la fin de cette semaine de festivités.

#Ryad

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L'ennui se peignait sur les traits de la femme la plus puissante de Rhûn, mais le protocole la poussait à rester assise le temps qu'il faudrait pour enfin présenter son présent et pouvoir rejoindre sa tente pour enfin se délasser. Le voyage depuis Blankânimad avait été long et éprouvant, et elle n'avait répondu à l'invitation formulée par les Royaumes Réunifiés que pour tenir la dragée haute à ses conseillers qui voyaient cela comme une insulte. Elle-même trouvait amusant de venir parader officiellement au milieu de ces sauvages, d'étaler la puissance de son royaume aux yeux de tous, et surtout de venir narguer les esprits pacifistes tandis qu'en sous-main elle ourdissait de sombres machinations.

Elle avait donc trié sur le volet les hommes chargés de l'accompagner, et n'avait fait appel qu'à des membres de la cavalerie d'élite, les Cataphractes. Les guerriers aux armures rutilantes et aux montures impressionnantes avaient traversé des terres vides d'habitants sur lesquels la Reine avait posé un regard plein de mépris, avant de pénétrer, après une longue chevauchée, en Gondor. Les habitants aux frontières avaient été surpris, effrayés par le passage de ces hommes brandissant des armes étranges, exotiques et menaçantes. Ils avaient détalé sur leur chemin, et s'étaient terrés dans leurs maisons en priant qu'on ne vînt pas les en déloger. Lyra avait souri, appréciant l'effet produit par son passage. Finalement, des cavaliers du Gondor étaient venus à leur rencontre, et elle avait dépêché un jeune lieutenant pour servir d'interprète, et pour s'assurer que personne ne sortirait l'épée. Tout s'était bien déroulé, et elle avait été conduite sans difficultés jusqu'à Minas Tirith.

Et voilà que désormais, la Reine attendait au milieu d'autres souverains, aussi radieuse qu'il était possible de l'imaginer. Elle ne se faisait pas d'illusions, elle n'était pas la principale attraction du jour, même si quelques murmures s'étaient élevés quand elle était arrivée, impériale, et qu'on avait annoncé bien haut son nom et son titre. Il fallait dire que sa robe était particulièrement luxueuse, et elle portait sur elle les symboles de la royauté en Rhûn, dont la couronne qui ceignait son front, faite d'or et d'argent, incrustée de pierres précieuses, ainsi que l'épée qui pendait à sa taille, et qu'elle arborait avec autant d'aisance que si elle était un homme. Les femmes de l'Ouest avaient été étonnées de ce fait, habituées qu'elles étaient à vivre au dépens de leurs maris pour ce qui était de leur protection.

Elle avait souhaité marquer son indépendance en ne convoquant pas de siège pour son défunt mari, afin de bien signifier qu'elle gouvernait seule désormais, et qu'elle n'était plus la femme du Roi, mais bien la Reine du royaume. C'était un message fort, mais qui avait un certain inconvénient qu'elle n'avait pas encore mesuré : il attirait des prétendants. Déjà, elle avait été saluée personnellement par quelques nobles assez jeunes, qui s'étaient montrés d'une galanterie et d'une mièvrerie presque insultante, visiblement intéressés à l'idée de monter sur le trône d'un royaume, fût-il étranger, fût-il un ancien ennemi. Certains ne reculaient décidément devant rien, et considérait que les femmes étaient de vulgaires objets dont on pouvait revendiquer la propriété.

Pour mieux représenter son royaume, la Reine avait choisi deux gardes du corps particulièrement redoutables, tous deux officiers de haut rang dans la cavalerie, mais surtout bretteurs de talent. Ils servaient ensemble depuis plusieurs années maintenant, mais la principale particularité de ce duo était qu'ils étaient mari et femme. Elle avait en effet décidé d'incorporer quelques femmes à sa garde personnelle, et si celle qui la flanquait portait un casque et un turban, comme il était de coutume, elle aurait l'occasion de révéler son identité au cours de la semaine, et de susciter encore davantage d'interrogations auprès des peuples de l'Ouest, enclins à s'émouvoir pour pas grand chose.


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#Rokh


Le guerrier contemplait Minas Tirith, les mains sur les hanches, observant l'architecture assez impressionnante des lieux. Il ne trouvait pas la cité fantastique en soi, mais il trouvait que parée de mille oriflammes, grouillant de vie et d'animations, la capitale du Gondor était belle à voir. En cet instant, elle était la capitale de la Terre du Milieu, car à la connaissance du soldat, aucune délégation n'avait refusé de venir, ce qui était un signe fort de réconciliation, après les événements qui s'étaient déroulés. Six mois s'étaient écoulés depuis, mais les blessures étaient toujours vives, et les plaies demeuraient à panser.

++ Rokh, tu viens ? ++

++ J'arrive ++, répondit le soldat en retournant auprès de ses compagnons d'armes.

Le guerrier réajusta son armure réglementaire, et se dirigea vers les tentes carmin de sa délégation. Il n'avait pas été convié aux festivités, en dépit de ses grandes qualités martiales, mais il trouvait déjà formidable que la Reine l'eût personnellement sélectionné pour faire partie de la compagnie chargée de l'escorter jusqu'à Minas Tirith. Après tout, son retour n'avait pas été des plus simples, et quitter Aldburg - il avait appris à bien le prononcer - n'avait pas été une mince affaire. Il se souvenait avec précision du jour où le Maréchal était rentré, totalement brisé. Ce n'était plus que l'ombre de l'homme qu'il était sur le champ de bataille, et il ressemblait à une coquille vide. L'Ordre semblait s'être acharné sur lui, de sorte à anéantir tout ce qui restait de noble et d'honorable chez cet homme. Il n'avait pas totalement réussi, mais les dégâts étaient considérables.

Spontanément, Rokh avait décidé de repousser la date du duel, qui devait avoir lieu au retour du Maréchal. Mais qui pouvait défier un homme à peine capable de tenir debout, et en tirer une quelconque gloire ? Il s'était donc proposé pour assurer sa sécurité en plus de celle de sa femme, et avait fait preuve d'une certaine efficacité pour détourner les attentats contre le Maréchal - il avait éliminé trois individus qui avaient tenté de forcer le passage jusqu'à la chambre des deux seigneurs, et en avait dénoncé un quatrième à la garde qui avait fait son travail avec efficacité. Toutefois, il n'avait pas été en mesure de protéger la Dame contre elle-même, et cet échec lui restait profondément en travers de la gorge.

Pendant un temps, il avait accompagné le Maréchal presque partout, tandis que celui-ci réglait des affaires politiques propres au Rohan, et auxquelles le guerrier ne comprenait rien. Il y avait une histoire de trahison, de double jeu, et de fidélité à l'Ordre. Des lames avaient été tirées, du sang versé, bref, rien d'extraordinaire dans le quotidien du cavalier oriental. Et puis était venue l'heure du duel tant attendu. On avait aménagé un espace dans la cour d'Aldburg, pour que les deux combattants puissent se mesurer l'un à l'autre. Epée et bouclier étaient leurs armes, et sous les yeux d'une foule de spectateurs inquiets, ils avaient commencé à s'affronter sans la moindre retenue, comme si ces mois de coexistence pacifique n'avaient été qu'une parenthèse dans un duel qui ne s'était jamais vraiment terminé, comme si tout à coup ils se retrouvaient dans la boue et le sang devant Aldburg, au milieu d'un océan de morts, d'un concert de cris déchirants.

Sans surprise - aux yeux du guerrier oriental -, le duel avait tourné à son avantage. Il avait eu le temps de récupérer, de reprendre des forces, et surtout de bien s'entraîner. En face, le Maréchal avait peut-être précipité son retour, surestimé ses capacités... à moins qu'il eût volontairement décidé de s'opposer à l'oriental alors qu'il n'était pas encore totalement remis. Quoi qu'il en fût, la victoire de Rokh fut incontestable, et à l'issue d'un combat acharné, il parvint à désarmer le rohirrim, et à placer le fil de son épée sur sa gorge. Toutefois, pour des raisons qu'il ne s'expliqua pas immédiatement, il retint son bras, et laissa la vie sauve à son adversaire. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais il avait reconnu chez le Maréchal Mortensen - cela aussi, il avait appris à le dire - une certaine noblesse d'âme qui faisait écho à ce qu'on lui avait enseigné. Il n'avait pas pu lui prendre la vie ainsi, car il ne voyait pas l'intérêt de tuer un lion blessé. Non. Ce qu'il voulait en vérité, c'était obtenir sa liberté et retourner chez lui, quitter le Rohan et retrouver sa vie. Et qui sait, peut-être un jour, retrouver Gallen Mortensen et l'affronter à nouveau pour déterminer franchement qui serait le meilleur.

Il était rentré en Rhûn par la suite, sans se retourner, et avait retrouvé miraculeusement une place dans l'armée. Il fallait dire que sa famille avait fait pression pour qu'il soit réengagé parmi les Cataphractes, et que les révélations qu'il avait à faire concernant son passage par l'Ordre ne tenaient pas à être rendues publiques. Il fallait étouffer l'affaire en haut lieu, et puisque sa seule demande était de retrouver son grade et son affectation parmi la cavalerie d'élite du royaume, on considéra qu'il s'agissait d'un petit prix à payer. Ainsi se retrouva-t-il à Minas Tirith, perdu au milieu d'un océan de tentes, occupé à surveiller un campement luxueux pour le protéger des autres délégations, des voleurs, des assassins et de tous les rebuts de la société qui pouvaient se trouver dans les parages. Toutefois, il avait entendu dire que la délégation du Rohan se trouvait non loin, et il envisageait sérieusement d'aller y faire un tour pour rendre visite au Maréchal, en dépit des consignes strictes qui avaient été données aux soldats, ordonnant notamment de ne pas provoquer de bagarre inutile auprès des autres peuples.

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Evoluant au milieu de la cité blanche avec une grâce qu'un danseur lui aurait enviée, Sinove se rapprochait de son objectif tranquillement, tandis que la foule l'entourait comme l'eau entoure un nageur. Elle se déplaçait facilement, silencieusement, sans jamais avoir à pousser qui que ce fût. C'était comme si son corps ondulait pour épouser le moindre espace libre, et se plier aux contraintes de son environnement, plutôt que de le tordre à sa volonté. Elle allait à une allure naturelle, rapide sans être anormale, et elle ne laissait dans son sillage qu'un parfum épicé, légèrement poivré en vérité, pour éviter qu'un chien ne puisse suivre sa trace au flair. Il faisait chaud pour la saison, probablement par contraste avec le terrible hiver qui s'était abattu sur la Terre du Milieu, mais la jeune femme portait une tunique de cuir sobre boutonnée jusqu'à la base du cou, avec des manches longues. Elle avait un chapeau à larges bords sur la tête, autant pour se protéger du soleil que pour dissimuler ses traits sous une chape d'ombre à quiconque aurait jeté un regard dans sa direction. En fait, elle était habillée comme une servante, une domestique, et elle était venue à Minas Tirith en tant que cochère.

La couverture était idéale. Il y avait plusieurs milliers de personnes dans la Cité Blanche, dont un bon nombre venant d'ailleurs. Les attelages étaient arrivés en masse, et les cochers circulaient donc dans la capitale du Gondor pour profiter pleinement des festivités, avant de repartir sur les routes. Nul ne faisait attention à eux, car tout le monde était concentré sur les principaux invités, les riches et les puissants qui s'entouraient de gardes et de mercenaires pour assurer leur protection. Certes, les armes étaient interdites dans la cité, mais pour la plupart ces combattants savaient se débrouiller avec leurs poings, et ils prendraient volontiers un coup d'épée à la place de leur patron si d'aventure quelqu'un enfreignait la règle. Sinove, en tout cas, appréciait de pouvoir déambuler de la sorte sans risquer d'être agressée par un individu suspect, et elle allait et venait à Minas Tirith comme une habituée des lieux, ce qu'elle était sans aucun doute.

Depuis la mission catastrophique avec Mirallan, il s'était passé du temps, mais elle avait suffisamment arpenté ces rues, de jour comme de nuit, furtivement ou pas, pour connaître leur agencement pratiquement par cœur, et pour savoir quel trajet il valait mieux emprunter pour se rendre à destination. En l'occurrence, elle avait choisi le chemin le plus fréquenté, pour éviter d'être suspecte, et pour compliquer la tâche à quiconque voudrait la suivre. Une précaution qui n'était pas nécessaire au vu de ses capacités martiales, mais elle avait pour la première fois de sa vie laissé des individus potentiellement hostiles en vie à Minas Tirith, et elle ne se sentait pas aussi à l'aise que d'ordinaire, lorsqu'on l'affectait sur une mission. Surtout que ces adversaires étaient talentueux... en attestaient les nombreuses blessures que son corps avait récolté dans la bataille, et qui avaient mis du temps pour guérir.

Elle se faufila tranquillement jusqu'à l'assistance qui applaudissait le Roi, en tapant des mains machinalement pour se fondre dans la masse, mais en focalisant toute son attention sur les signes. Le billet reçu dans le temple d'entraînement était clair : venir seule et attendre la fin de la cérémonie. Pour le reste, il n'y avait aucune précision. Elle était habituée aux fantaisies d'employeurs tous plus scrupuleux sur la sécurité les uns que les autres, et cela ne la choquait pas outre mesure. En règle générale, elle attendait pendant un bon moment, jusqu'à ce qu'il n'y eût plus personne. Alors, un colosse bien armé venait la voir en lui demandant d'une voix grave si elle était là pour le contrat. Elle ne répondait pas, et se contentait de lui emboîter le pas, pour aller étudier le cas, et signer l'accord passé entre les deux parties.

Mais ici, les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu. La cérémonie venait de s'achever, et la remise des présents démarrait. Une partie de la foule s'était dirigée vers la tente officielle, afin d'y voir des personnalités importantes, tandis que plusieurs autres retournaient en ville pour célébrer à leur façon le mariage, profiter des tavernes et des bars, faire de bonnes affaires chez les marchands qui s'étaient installés là récemment, et qui venaient de toutes les régions de la Terre du Milieu. Plusieurs gardes se détachèrent du lot, et emboîtèrent le pas à la foule, pour maintenir l'ordre, canaliser les déplacements, et éviter les cohues. De toute évidence, les mesures de sécurité étaient une question cruciale pour les autorités. Sinove demeura un instant immobile, ignorant si elle devait se rapprocher des badauds, ou filer avec les ivrognes. Durant sa seconde de réflexion, elle balaya les environs, et son regard croisa celui d'un homme qu'elle n'avait pas particulièrement envie de rencontrer.

Il portait une belle armure du Gondor, et une belle épée au côté, mais elle ne se trompait jamais sur un visage, et même s'il avait troqué ses vêtements ensanglantés et ses blessures abominables contre une tenue d'apparat et une paire de gants, il n'en demeurait pas moins le même homme au fond, le même serpent insaisissable, toujours prêt à mordre. Elle savait qu'il y avait un risque pour que ses pas la menassent à lui, mais sur les douze envoyés à Minas Tirith, elle était la seule à être revenue, et elle était celle qui connaissait le mieux la ville, désormais. Elle n'avait pas eu le choix. Comprenant que sa présence n'était pas une coïncidence, elle tourna les talons en rabattant son chapeau, et s'éloigna en direction des étages inférieurs de la cité, suivant pour l'instant le gros de la foule, avant de bifurquer dans une ruelle proche, où elle attendit dissimulée dans l'ombre. Elle n'avait pas l'intention de l'attaquer, car il était armé et elle non, mais il y avait une chance pour qu'il voulût signer un contrat, et elle n'avait pas le droit de fuir pour des motifs personnels sans avoir pris le temps de vérifier la faisabilité d'une mission. Telle était la règle.
Sujet: Une sœur peut en cacher une autre
Taorin

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une sœur peut en cacher une autre    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 23 Oct 2013 - 11:04
Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! 674585katiedesousarandomportrait

Anna resta interdite quelques temps suite à la réponse du garde. Une telle grossièreté, de la part d’un homme dans une telle position ! La comtesse des Nimrais s’apprêtait à lui répondre de toute sa taille, se tenant droite, le visage fier, tout l’orgueil du monde la soutenant, lorsque la porte s’ouvrit et qu’un deuxième garde, un rohirrim cette fois, et non pas un barbare de l’Est, annonça que Dame Farma souhaitait lui parler. Il arrivait à point nommé !

Anna attendit royalement que l’Oriental lui cède le passage, s’étonnant toujours de la présence d’un tel individu en ces lieux. Lorsque la porte fut suffisamment ouverte, les deux hommes écartés et la jeune brune derrière le Rhûnadan, Anna s’avança et pénétra dans la chambre de la maitresse des lieux. La pauvre était en piteux état : elle semblait se perdre dans son lit, enfouie sous une pile de fourrures pour se protéger du froid insidieux. Elle avait néanmoins le regard fier, et Anna pût sentir la force morale se dégageant de cette femme.

La porte se referma, les laissant seules. Anna s’inclina, et, restant debout, prit la parole.

« Madame, je m’excuse de vous déranger dans votre… état. Je ne le savais pas si grave. Je voudrais néanmoins vous remercier pour votre hospitalité exquise, et je suis votre obligée. Je serais heureuse de pouvoir vous tenir compagnie. » Anna regarda autour d’elle, prenant conscience de la chambre de Dame Farma, du mobilier en bois massif, du feu dans l’âtre, du léger désordre. « Mais, sans vouloir être indiscrète, quel mal vous affecte ? Peut-être aurais-je dans mes bagages quelque remède pouvant vous soulager, même si je ne doute pas de l’efficacité de vos médecins. » Anna scruta le visage de la femme du maréchal Mortensen, et conclut : « Si je puis vous être d’aucune aide… »


#Anna #Farma #Aelyn #Rokh
Sujet: Au croisement on a toujours le choix [PV Eliah]
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Au croisement on a toujours le choix [PV Eliah]    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 11 Aoû 2013 - 1:09
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#Rokh

- Ecartez-vous !

La voix du Rhunadan tonna dans l'étroit couloir, faisant sursauter les deux gardes qui discutaient vivement et qui jusqu'alors n'avaient pas remarqué sa présence. Ils se retournèrent vivement, craignant qu'il s'agît d'un de leurs officiers venu pour les réprimander, et ils étaient déjà prêts à formuler leurs excuses toutes prêtes, mais à l'expression de terreur qui passa sur leurs traits, il apparut clairement qu'ils eussent préféré avoir le plus insupportable des capitaines sur le dos plutôt que de voir débouler l'oriental, le Chien de Farma comme certains l'appelaient. Sa réputation se répandait dans la forteresse, grossie et déformée par l'inventivité de certains esprits, mais il était certain qu'il allait inspirer la crainte à tous pendant un bon bout de temps. Ils s'écartèrent précipitamment, posant la main sur leur épée plus par réflexe que par réelle intention de le provoquer, et baissèrent les yeux vers la jeune femme qui l'accompagnait. Beaucoup plus petite et menue, elle semblait gênée du comportement du soldat, qui paraissait en effet particulièrement en colère. D'une main, ce dernier repoussa un des deux soldats qui ne s'était pas assez poussé à son goût, et il intima à la jeune femme de le suivre. Il repartit donc à grandes enjambées militaires, sans se soucier de savoir si elle suivait le rythme, seulement absorbé par ses pensées. Et celles-ci étaient pour l'instant concentrées sur Farma.

La femme du Maréchal l'avait encore une fois humilié, et il avait dû faire un effort de volonté pour ne pas s'emporter. Fort heureusement, elle lui avait confié une mission qui lui permettait de déchaîner sa fureur loin de la chambre qu'il était supposé garder. En effet, il avait des raisons d'être en colère. Il avait tenté de congédier les deux femmes qui s'étaient présentées pour rencontrer la femme de Montensten...Morgenstern...bref le Maréchal, et le manque de chance le plus total avait fait que le soldat présent dans les appartements avait ouvert la porte à ce moment. Tout avait alors basculé à ce moment. Farma, déjà particulièrement agacée par sa démonstration sur les deux officiers, s'était enquise de la situation avec un ton qui laissait présager qu'il allait passer un sale quart d'heure. Et ça n'avait pas loupé. Lorsque les deux femmes s'étaient présentées, et avaient annoncé la raison de leur venue, les yeux de la malade s'étaient faits durs à nouveau, et elle s'était exclamée d'une voix cassante :

- Ainsi donc vous êtes aussi piètre portier que soldat ! Peut-être saurez-vous faire un meilleur guide ? Eliah, vous devenez dès à présent ma nouvelle dame de compagnie. Vous pourrez vous installer dans la chambre à la droite de la mienne. Guide, aidez-la à s'installer, puis montrez-lui où se trouvent les cuisines et autres pièces importantes. Je suppose que vous y arriverez...

Il n'avait rien répondu, mais son visage crispé et ses yeux sombres avaient brillé d'une lueur féroce indiquant que sans la promesse faite au Maréchal, il lui aurait sauté à la gorge pour la punir d'une telle outrecuidance. Elle ne s'était même pas permis un sourire arrogant ou triomphant et, considérant que la conversation était close, avait invité Anna à pénétrer dans ses appartements pour discuter avec elle. Le soldat avait refermé le battant devant le nez de Rokh et d'Eliah, laissant un silence gênant s'installer entre eux deux. Alors, le soldat s'était empressé de mettre le cap sur la sortie de la forteresse, afin d'aller récupérer les affaires de la jeune femme, qui trottait désormais sur ses talons. Les deux gardes qu'ils venaient de dépasser reprirent leurs esprits, et se regardèrent avant que l'un des deux ne lâchât :

- J'ai entendu dire qu'il aurait massacré cinq gardes juste parce qu'ils avaient critiqué Dame Farma... Il les aurait poignardés dans l'œil et les aurait laissé morts !

- Pas poignardé, répondit l'autre. Il se battait sans armes, en utilisant une drôle de magie orientale. Certains disent que c'est un sorcier ennemi qui pourrait guérir Dame Farma. C'est pour cela que le Maréchal l'a laissé en vie...

Rokh et Eliah tournèrent à une intersection, et ne purent entendre la fin de la conversation. Ces paroles avaient tiré un sourire amusé au cavalier sombre, qui s'était amusé de voir à quel point la réalité pouvait être enjolivée lorsqu'il s'agissait de prouesses martiales. Ainsi disait-on de lui qu'il avait tué cinq hommes ? Dans dix jours, il en aurait eu tué vingt à lui seul. Le guerrier se tourna un instant vers Eliah, qui peinait à le suivre, et qui surtout avait dû capter la conversation entre les deux militaires. Il posa un regard indéchiffrable mais indéniablement effrayant sur elle, essayant de capter dans ses yeux l'étincelle de terreur qu'il aimait tant voir chez les autres. Convaincu d'être le meilleur bretteur de la Terre du Milieu, Rokh était surtout incroyablement arrogant, sûr de sa force et certain de sa supériorité. De fait, il aimait à inspirer la crainte, le respect, l'admiration chez les autres, surtout ceux qui ne combattaient pas. Il avait toute sa vie cherché la reconnaissance, et s'il n'avait pas celle des puissants, en particulier Farma, il se satisfaisait à impressionner tous ceux qui se trouvaient autour de lui. A commencer par cette dame de compagnie qu'il devait escorter.

- Par Melkor, mais pourquoi marchez-vous si lentement, vous autres occidentaux ? Lui lâcha-t-il alors qu'il venait à nouveau de ralentir pour l'attendre.

Il fronça les sourcils, comme si cela le contrariait vraiment, mais surtout pour essayer de l'effrayer. Il ignorait pourquoi il lui lançait ce genre de piques, mais il avait de toute évidence besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un, et il trouvait commode de se déchaîner sur la personne la plus proche de lui. Pas de chance pour elle, même si elle n'avait rien fait. Mais pendant qu'il l'attendait, il eut tout le loisir de l'observer, et d'essayer d'en faire un portrait mental, selon ses propres critères. Et cela commençait nécessairement par les aspects martiaux, qui n'étaient pas particulièrement développés chez Eliah. Elle n'était pas une guerrière, n'avait de toute évidence suivi aucune formation militaire, et elle paraissait aussi incapable de protéger sa vie qu'un nourrisson. C'était une chose que l'oriental trouvait bien curieuse, puisque dans son propre peuple, tous apprenaient le maniement des armes dès leur plus jeune âge, hommes ou femmes, même si tous ne suivaient pas une carrière dans l'armée. Cependant, en regardant Eliah, il ne pouvait pas s'empêcher de noter dans son attitude, dans sa démarche, une certaine combativité. Elle ne savait peut-être pas tenir l'épée, mais elle ne paraissait pas être du genre à se laisser faire. Pour la première fois, il trouva intéressant de lui parler, pour essayer de voir - non sans une certaine ironie - à quoi pouvait bien ressembler la combativité d'une non-combattante.

Une fois qu'elle fut revenue à sa hauteur, il reprit sa marche, mais plus doucement. En vérité, sa hanche le faisait encore souffrir, et il trouvait cela trop épuisant de changer de rythme constamment. Il préférait se caler à une vitesse, et enchaîner les pas toujours à la même cadence, de manière automatique. Un bref instant, il se demanda si Eliah allait noter qu'il s'était adapté à son pas, et si elle allait penser que cet acte était le fruit d'une gentillesse insoupçonnée cachée derrière le masque contrarié qu'il affichait. Puis il décida que ce n'était pas particulièrement important, et lui lança d'une voix un peu moins cassante :

- Dame Farma a déclaré que vous étiez sa dame de compagnie, mais c'est moi qui suis chargé de sa sécurité, et j'ai besoin de vous connaître un peu mieux, Eliah. Commencez par décliner votre identité, puis dites-moi ce qui vous a amené à Hellbourg... Âlgourg... hmm... Dites-moi ce qui vous a amené ici.

Rokh s'arrêta de marcher, en se rendant compte qu'ils étaient arrivés devant la sortie du château où résidait Farma. A partir de là, il ne savait plus où aller. D'une voix que l'on aurait presque pu qualifier de malicieuse, il ajouta :

- Et dites-moi où nous devons nous rendre pour récupérer vos affaires. Je connais sans doute la ville moins bien que vous...
Sujet: La vie a une fin, pas le chagrin
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La vie a une fin, pas le chagrin    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 26 Fév 2013 - 23:39

On aurait dit le bruit d'un millier de petits pas, un millier de petites personnes marchant en tous sens, sans s'arrêter. Et pourtant, cela n'avait rien de désagréable. C'était comme une mélodie apaisante, rassurante, rehaussée par un clapotis délicat, et par le bruit presque étouffé d'une multitude de rivières minuscules. Curieux paysage que celui-ci, songea Rokh qui émergeait de son sommeil, et dont l'ouïe s'était réveillée avant la vue. Il demeura un moment allongé sur le dos, à se délecter de ce son qu'il connaissait bien, et qui pourtant lui semblait étrangement lointain. Comme issu d'un souvenir perdu depuis longtemps. Il laissa les bribes affluer comme portées par un courant sinueux, puis les attrapa lorsqu'elles passèrent à la portée de son esprit. Il pleuvait dehors. Oui. Ce bruit incessant, c'était celui d'une pluie fine qui frappait contre une fenêtre comme si elle demandait la permission d'entrer, et puis qui, devant l'absence de réponse, se changeait en minces filets qui serpentaient le long de murs en pierre. Rokh avait entendu ce son tellement souvent dans sa jeunesse. Né sur une petite île de la mer de Rhûn, il avait passé de longues soirées à écouter la pluie tomber sur la petite maison qu'il habitait avec ses parents. Cela lui avait manqué plus qu'il ne l'aurait cru.

Il ouvrit tout doucement les yeux, et regarda dehors. Le ciel était gris, et le temps s'était réchauffé un peu. La neige était devenue pluie. Voilà qui nettoierait sans doute un peu le sang versé sur les plaines devant la cité du Maréchal. Le cavalier se souvint alors d'où il était. Il n'avait pas souvenir de s'être endormi. Peut-être qu'il s'était finalement évanoui, terrassé par ses blessures terribles, après avoir résisté plus longtemps que la raison l'autorisait. Oui...c'était la seule explication possible. Il avait alors été transporté ici, dans cette petite chambre qui donnait dehors, où il reposait dans un petit lit qui n'avait rien d'extraordinaire, mais qui le changeait des paillasses militaires sur lesquelles il avait l'habitude de se reposer. Le matelas lui semblait incroyablement moelleux, et les oreillers qui épousaient la forme de sa tête et de son cou étaient mille fois plus agréables que le barda qu'il glissait en général sous son oreille pour s'endormir. C'était ce genre de choses qui manquaient le plus à un soldat en campagne, ce qu'il était devenu depuis longtemps, maintenant. Mais malgré tout le confort dont il disposait, et dont il aurait aimé profiter, il ne pouvait pas faire abstraction du fait qu'il était encore chez ses ennemis. Même si on l'avait libéré de ses entraves, il ne pouvait pas se considérer comme en sécurité. Ici, il n'était rien de plus qu'un invité, qu'un prisonnier de luxe chargé de la sécurité de la femme du Maréchal.

Il rejeta précautionneusement les couvertures qui le recouvraient, pour découvrir qu'on avait bandé ses blessures. Son torse était enserré dans des bandages propres, et un pansement était fermement maintenu à l'arrière de sa tête, là où la lame du Maréchal avait pourfendu son heaume. Il était dans un piteux état, et l'idée même de s'approcher du miroir qui se trouvait de l'autre côté de la pièce ne l'inspirait guère. Il s'était vu resplendissant dans son armure sombre, impressionnant la piétaille rohirrim. Maintenant, il avait peur de passer pour un rustre mal élevé. Mais il se dit qu'il allait quand même rencontrer une dame, et qu'il ne pouvait pas se présenter à elle vêtu comme un gueux. Il se leva en grimaçant alors que ses blessures le tiraillaient. Il fut prit d'un violent vertige, et il se rassit contre son gré, le temps que le sentiment passât. Il avait perdu énormément de sang, et il lui faudrait du temps et du repos avant d'être totalement remis. Mais il était solide comme la montagne, et il en avait vu de dures dans sa vie. Beaucoup auraient succombé à de pareilles blessures, mais pas lui. Pas ici, et pas comme ça. Il se leva à nouveau, faisant abstraction de la pièce qui semblait danser autour de lui, et il s'appuya sur le mur, le temps de se stabiliser. Son cœur battait la chamade, et il sentait que ses doigts étaient agités de tremblements nerveux, conséquence du traitement infligé par ses geôliers. Il s'en remettrait aussi. Il fallait juste un peu de temps.

Sur une chaise posée à quelques pas se trouvaient des vêtements propres, à sa taille. Ce n'étaient pas des tissus précieux, mais ils étaient assez convenables pour lui permettre de se sentir habillé sans toutefois que ses hôtes aient eu à le gâter. Le cavalier enfila péniblement la tunique brune, remarquant au passage que son armure bosselée, son casque et ses armes étaient disposées juste derrière. Alors, Rokh se souvint des paroles du Maréchal.

"Une belle lame" avait-il dit en regardant Varvad d'un œil expert, avant d'ajouter "Tu trouveras mon épouse dans mes appartements, prends garde car j'ai de nombreux ennemis, Rokh".

Il lui avait effectivement rendu ses armes, et il avait été jusqu'à le laisser, lui un guerrier impitoyable et terrifiant, seul et armé dans son château, là où se trouvait sa femme. Rokh sourit pour lui-même. Ce Maréchal au nom imprononçable avait lu en lui comme dans un livre. Il avait compris ce qui motivait réellement le cavalier sombre, et c'était une chose assez rare pour être soulignée. Deux hommes a priori ennemis qui se comprenaient sur un champ de bataille ne finissaient jamais à deux pour en discuter. Il y en avait toujours un pour succomber sous les coups de l'autre. Cruelle tragédie. Le Rhûnien avait pour sa part éliminé un bon nombre d'hommes qu'il avait estimé valeureux. Aaron, le membre de l'Ordre, avait donné sa vie dans cet idéal. Ils étaient pourtant alliés, mais il avait fallu que le séide de l'OCF fût mortellement touché pour que Rokh comprît à quel point ils se ressemblaient. Mais Mortenneson...Mortonson...bref, le Maréchal. Ils n'avaient pas réussi à se tuer l'un l'autre quand ils le pouvaient. Etrangement. Les yeux perçants du Maréchal avaient-ils vu derrière le casque impassible du Rhûnien la fidélité au code d'honneur qui régissait sa vie ? Comment savoir ?

Tout en réfléchissant Rokh, avait ouvert la fenêtre, et tendu les mains pour recueillir un peu d'eau afin de se laver le visage. Elle était fraîche et pas désagréable, mais le vent qui s'engouffrait à l'intérieur l'incita à écourter sa toilette. Cependant il tenait à être propre, et à apparaître sous le meilleur jour possible, compte tenu de la situation. Suite à cela, il se dirigea vers le miroir, et entreprit de nouer ses cheveux d'un noir profond derrière sa tête, dans un style que l'on ne retrouvait pas en occident, mais qui était assez répandu au Rhûn. C'était une coiffure stricte que l'on pouvait employer aussi bien dans l'armée que dans les plus hautes fonctions de l'Etat. Rien de très extravagant là-dedans, donc. Le guerrier hésita longuement à prendre son épée avant de sortir. Il avait reçu du Maréchal la permission de la garder, ce qui impliquait très probablement la permission de la porter au côté quand bon lui semblerait. Mais il se doutait que sa première sortie en dehors de sa chambre risquait de soulever bien des questions. Il valait mieux éviter d'effrayer les gens qui se trouvaient là, d'autant qu'il n'avait pas réellement besoin d'armes pour s'en débarrasser.

Fort de cette conviction, il s'inspecta une dernière fois dans le miroir, ajusta une expression sévère et austère sur ses traits -sans avoir besoin de beaucoup forcer pour qu'elle apparaisse, cela dit - et sortit de la chambre qui lui était attribuée. Il se retrouva nez à nez avec un garde, un jeune factionnaire visiblement novice en la matière, qui bondit de surprise en portant la main à son épée. Rokh fut le plus rapide, et il bloqua le bras du soldat avant qu'il ait eu le temps de dégainer. Mais il n'y avait pas d'agressivité inutile chez le Rhûnien, qui se parla d'une voix autoritaire :

- La chambre de Dame Famra. Vite.

Le gamin, qui en fait avait probablement le même âge que Rokh, sinon plus, mais qui semblait en cet instant lui rendre au moins vingt ans, se mit à bafouiller :

- Elle...J'ai pour consigne de vous accompagner où que vous alliez ! Et elle s'appelle Farma. Dame Farma.

Le Rhûnien lâcha le bras de son interlocuteur avec un claquement de langue agacé. Ces noms occidentaux lui donnaient la migraine, avec leurs sonorités étranges :

- Farma, Farma... Soit. Conduis-moi, soldat.

Les deux hommes se mirent en route, relativement lentement compte tenu de l'état de fatigue de l'oriental. Il n'avait pas voulu apparaître aussi affaibli, mais il avait été obligé de s'arrêter à de nombreuses reprises pour reprendre son souffle. Pourtant, objectivement, la distance à parcourir n'était pas exceptionnelle. Il était si concentré sur l'idée de mettre un pied devant l'autre, qu'il ne parvint pas à noter quel chemin il avait pris pour aller et pour revenir. Il lui faudrait un peu de temps avant de s'y retrouver dans cet endroit. Il faisait frisquet dans les couloirs, et il avait hâte de gagner les appartements de la femme du Maréchal, Farma, sans quoi il risquait de prendre froid. Au bout d'un moment, et après avoir dépassé plusieurs portes, le garde s'arrêta devant deux autres vigiles, qui eux semblaient être moins novices. Ils lancèrent un regard peu amène à Rokh, qui le leur rendit avec la même intensité. Ils ne se permirent toutefois aucun commentaire. Peut-être avaient-ils entendu qu'il avait tenu tête au Maréchal ?

Le jeune guerrier toqua à la porte, et lança d'une voix claire :

- Le prisonnier est arrivé, Ma Dame.

L'intéressé fronça les sourcils. Ainsi, ils le considéraient toujours comme un prisonnier. Bah...C'était normal, après tout. Quelqu'un répondit à l'intérieur, et le soldat ouvrit la porte, invitant du geste le Rhûnien à rentrer le premier. Le guerrier oriental inspira profondément, bomba le torse, et s'avança d'un pas fier, comme s'il allait être passé en revue par la Reine Lyra en personne. Le factionnaire demeura derrière lui afin de mieux le surveiller, mais le guerrier de l'Est n'en tint pas compte. Regardant loin devant lui, comme l'exigeait le protocole militaire en son pays, il se mit au garde à vous, et annonça d'une voix forte, s'appliquant à ne pas buter sur le nom qu'il avait répété en chemin :

- Mes respects, Dame Farma. Je suis Rokh, à votre service.

Il garda les yeux rivés sur le mur, même s'il sentit que la femme du Maréchal bougeait en réponse à ses paroles. Il attendit qu'elle lui répondît pour enfin poser les yeux sur elle, comme l'exigeait le protocole militaire...le seul protocole qu'il avait jamais appris à suivre.
Sujet: Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier...
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dans les prisons dolentes, y avait un prisonnier...    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 24 Jan 2013 - 14:14

Des étoiles dansant. Une multitude de petits points lumineux cachant la vue, mais n'atténuant pas la douleur. Une douleur cuisante, et superficielle pour le moment. Une douleur pénétrant la cuirasse de la chair, des muscles et des os pour frapper les nerfs dans un premier temps, l'âme dans un second. Une douleur martelée, assenée, répétitive et destructrice, vouée à briser toute forme de résistance, à annihiler toute une existence pour ressortir des décombres une réponse, un indice, une seule information. La torture.

Rokh tomba à genoux. Ce simple geste aurait dû lui causer une grande honte, et le forcer à se redresser pour affronter vaillamment ses adversaires, mais ils le passaient à tabac depuis une bonne heure, et il n'avait plus la force de leur résister. Ses mains attachées ensemble dans son dos l'empêchaient de se protéger de quelque façon que ce fût. Il ne pouvait que rentrer la tête quand pleuvaient les coups de poing sur ses tempes, et serrer les dents pour endurer les chocs à sa poitrine et à son estomac. Encore conscient malgré le traitement terrible qu'on lui infligeait, le guerrier était secoué de tremblements nerveux qui lui agitaient le corps de manière involontaire. Il respirait bruyamment, cherchant avidement l'air que les crochets chassaient régulièrement de ses poumons. Tel un spectre, il regardait devant lui, sans voir les deux geôliers qui se défoulaient copieusement sur lui. Ses yeux étaient dans le lointain, et il était à deux doigts de l'inconscience, prêt à plonger dans ce sommeil réparateur qui le mettrait à l'abri de la douleur pour un temps.

Un seau d'eau froide lui arriva dessus, et il rugit de douleur, cherchant à se redresser. Un coup dans la mâchoire l'envoya à terre, où il resta étendu. L'eau qui gouttait sur lui était glaciale. Probablement de la neige fondue que les deux types avaient ramassé impitoyablement pour la jeter une fois liquide sur son corps blessé et meurtri. L'eau chassa un peu le sang qui s'écoulait de ses nombreuses blessures, reçues durant l'affrontement contre le Maréchal, ce qui révéla au grand jour les marques affreuses laissées par les poings de ses adversaires. On voyait distinctement la trace des phalanges, et en certains endroits, on peinait à distinguer combien de fois ils avaient frappé tant les traces étaient nombreuses. Rokh profita de ces quelques secondes étendues par terre pour rassembler ses forces. Il avait la tête sur le point d'exploser, et une douleur sourde dans son ventre lui donnait l'impression qu'il allait voir son estomac se déchirer. Mais rien qui pouvait le faire sombrer dans l'inconscience !

Les deux gardes le soulevèrent par les bras, et le remirent sur ses pieds. Chancelant, il s'effondra sitôt laissé debout, glanant quelques instants de répit, le temps d'inspirer à nouveau. Un des deux hommes le soutint, tandis que l'autre faisait jouer ses immenses épaules sous son armure abîmée. Il semblait prendre un plaisir sadique à infliger des souffrances, et si Rokh en avait eu l'énergie, il lui aurait craché quelques insultes bien senties. Mais pour l'heure, il devait focaliser toutes ses forces sur une seule pensée : tenir. Le rohirrim renifla, et lança :

- Alors, espèce d'assassin...je vais te le redemander...dis-nous ce que tu foutais sur nos terres, et pourquoi tu es venu d'aussi loin pour tuer nos frères. Dis-le où tu vas prendre une autre rouste !

Le rhûnien exténué trouva encore la force de lever la tête, et de dévisager le soldat qui lui parlait. Il ne le voyait pas en détail, mais il devinait sa présence. Il laissa un sourire fleurir sur ses lèvres : un sourire narquois et plein de suffisance qui allait très probablement lui attirer des ennuis. Mais il était un soldat, et il ne trahirait pas sa patrie, quelles qu'en fussent les conséquences. Le coup de poing le cueillit en plein abdomen, et il crut qu'il avait été coupé en deux. Ce bougre savait cogner, par Melkor ! Rokh tomba à la renverse, lâché par son soutien, et il essaya de retrouver son souffle. Les bras dans le dos, le corps meurtri, il avait l'impression qu'il n'allait jamais parvenir à respirer à nouveau. Il l'espérait, dans un sens. Mais malheureusement, il ne parvenait pas à dominer son corps, à lui ordonner de s'arrêter. Celui-ci semblait décidé à le maintenir en vie par tous les moyens. Quelle cruauté !

Les deux rohirrim s'approchèrent de lui à nouveau, prêts à le corriger sévèrement. Ils avaient arrêté de rire depuis un moment, c'était bon signe. Au début, ils étaient arrivés goguenards, en se disant qu'ils allaient pouvoir le faire parler rapidement, tout en lui donnant quelques beignes au passage. Mais s'ils avaient cogné tout leur saoul au point d'en avoir mal aux mains, il n'avait toujours pas desserré les mâchoires. Et lorsqu'un son indiqua qu'une porte venait de s'ouvrir, non loin derrière eux, ils semblèrent se décomposer littéralement. Ils avaient échoué à extirper des informations au prisonnier, et c'était désormais leur chef qui venait leur réclamer des comptes. Rokh sourit. Peut-être avait-il résisté mieux qu'il ne l'espérait. Peut-être allaient-ils enfin l'achever...

Mais ses espoirs devaient être déçus. Deux silhouettes firent leur apparition dans la pénombre, loin de la torche qui brûlait à l'entrée de la cellule, et qui éclairait la scène violente qui s'était déroulée. Des voix s'élevèrent doucement, mais Rokh était tellement abasourdi qu'il n'y prêta guère attention. Il se focalisait sur sa respiration lente et sifflante, sur son souffle irrégulier, et sur les tremblements de son corps meurtri. Inspirer vite, bloquer, expirer longuement. Voilà quel était son rythme pour ralentir son rythme cardiaque, et essayer de retrouver ses esprits. Cela fonctionnait dans une certaine mesure. Le temps n'avait plus guère d'emprise sur lui, et ses pensées étaient circonscrites à sa seule personne. Son environnement avait disparu dans les ténèbres. Il errait entre deux mondes, cherchant à s'échapper de ses contraintes physiques pour rejoindre enfin ses ancêtres qui, nul doute, lui reprocheraient de ne pas avoir accompli sa mission qui était de tuer le Maréchal Mortensen.

Le cavalier sombre regagna la réalité en entendant une voix lui parler. Il leva la tête péniblement, comme si celle-ci n'était plus solidement fixée à son cou, comme si elle menaçait de tomber à chaque instant. Il n'avait pas compris ce qu'on lui avait dit, aussi ne répondit-il pas, mais il posa les yeux sur les deux personnes qui se présentaient désormais à lui. Deux jeunes novices. Deux occidentaux. Deux nouveaux bourreaux ? Les premiers avaient disparu. Probablement congédiés pour leur incapacité à obtenir des réponses. Cela signifiait-il que ces deux blancs-becs avaient de quoi le faire souffrir encore davantage ? Rokh sourit pour lui-même. Son regard était flou.

- Répondez à la question, soldat.

Le Rhûnien toussa, ce qui projeta des gouttelettes de sang par terre. Ainsi, il s'était coupé à l'intérieur de la bouche en recevant un mauvais coup. C'était cela qui le gênait depuis si longtemps. Il déglutit, et lança :

- Quelle question ?

Sa voix lasse était éraillée. Il était clair qu'il n'avait pas eu le droit de boire depuis son arrivée. Il cligna plusieurs fois des yeux, tout en cherchant une position plus confortable pour s'installer. Visiblement, ils ne cherchaient pas à le briser davantage. Ils essayaient de le convaincre par la parole. Son esprit était épuisé, et il savait que ce serait peut-être aussi difficile que de supporter les assauts de ses tortionnaires. Mais s'il ne répondait pas, s'il ne jouait pas le jeu, ils allaient continuer à le maltraiter indéfiniment. Un des deux prit la parole. Il ne pouvait même pas savoir lequel c'était, tant il avait mal au crâne :

- Je vous demandais qui vous étiez, et ce que vous faisiez là. Répondez.

Rokh ferma les yeux. Il savait que ce n'était qu'une pure formalité, destinée à mesure s'il était coopératif ou non. Son nom, peut-être le Maréchal le leur avait-il appris, ou peut-être que non. Comment savoir ? Considérant qu'il n'avait pas à en avoir honte, il parla :

- Je suis Rokh. Lieutenant. Envoyé ici pour prendre cette cité, combattre et tuer tous ceux qui la défendraient.

Il n'était pas du genre à faire dans la dentelle, et il s'était montré très franc avec ses interlocuteurs. Oui il était leur ennemi, mais il n'allait pas leur mentir en leur disant qu'il avait une autre mission, qu'il devait simplement faire diversion ou quelque autre excuse ridicule. Non. Il était un guerrier, avec une mission. Tuer tout sur son passage pour faciliter la victoire de feu le Roi du Rohan, c'était la seule chose qu'on lui avait demandée, et qu'il avait faite avec un certain brio. Pendant qu'il réfléchissait, les deux jeunes échangèrent quelques mots. Un plan d'attaque ? Des interrogations par rapport à ce qu'il venait de leur dire ? Peu importait.

- D'où venez-vous ? Qui vous a envoyé ici ? Qui étaient ces hommes en blanc et noir, aux côtés de Hogorwen ?

Le Rhûnien sentait cruellement la morsure des cordes sur ses poignets, et ses épaules tirées dans une direction anormale lui faisaient atrocement mal. Rien que cela l'empêchait de réfléchir convenablement. Il prit son temps pour analyser leurs paroles, mais ils le pressaient régulièrement, le bousculant tandis qu'il essayait de formuler quelque chose qui ne trahirait pas ses engagements. Il tarda trop, et l'un des jeunes vint lui attraper le col pour le secouer vivement. Il entendit qu'on lui criait dessus, mais ce remue-ménage ne l'aidait pas à se fixer. Tout semblait tourner autour de lui, et lorsqu'on le lâcha, il retomba à genoux :

- Je ne peux rien vous dire...Rien...

Il sentit de la colère en face de lui, mais il s'en fichait désormais. S'ils voulaient le battre à nouveau, ils pouvaient essayer. Il résisterait jusqu'à la mort qu'il appelait de ses vœux. Mais ils durent comprendre qu'il était prêt à aller jusqu'au bout, et qu'il ne craignait pas pour sa vie. Ils changèrent alors de tactique, rusés qu'ils étaient :

- Je comprends. Vous êtes lié par votre serment. Je sais ce que c'est. Mais pensez que la guerre est finie. Hogorwen est mort. Nous souhaiterions simplement savoir quels sont les valeureux adversaires que nous avons combattu. Les vôtres sont soit morts soit en fuite. Vous n'avez pas à les protéger...

Les paroles de celui qui parlait, qui qu'il fût, étaient suaves et s'insinuaient dans l'esprit du rhûnien contre sa volonté. Il avait beau lutter de toutes ses forces, il sentait qu'il était en train de se laisser convaincre malgré lui. Cependant, lorsque les derniers mots du jeune homme lui parvinrent, il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un rire sauvage, rendu fou par le sang qui tachait ses dents, par ses yeux presque vides, et par son allure débraillée. On aurait dit un spectre désarticulé qui se tordait d'un rire macabre. En cet instant, il était véritablement effrayant. Il prononça quelques mots dans sa langue natale que les deux jeunes ne comprirent pas, comme s'il se parlait à lui-même...Ou comme s'il parlait à quelqu'un. Un mot lui échappa cependant : "Melkor". Il avait pris l'habitude de jurer par Melkor, le dieu que les prêtres avaient imposé à son pays. Il ne voyait pas cela comme un quelconque indice. Après avoir retrouvé un semblant de calme, il se mit à tousser bruyamment, pour finalement lancer :

- Vous ne savez pas de quoi vous parlez, occidentaux ! Vous ignorez tout ! La guerre n'est pas terminée, non. Votre misérable cité a tenu car Horogowen était un incapable, et qu'il a trouvé à se faire tuer quand la victoire était sienne ! Ha ! Mais la guerre continue, et vous n'imaginez pas à quel point nous progressons ! Eodoras demeure sous contrôle, Palergir est tombée ! Le Gondor est à genou, prêt à s'effondrer sans même s'en rendre compte. Les elfes - que Melkor les brûle ! - subiront le même sort. Ha ! Votre pathétique victoire...celle que vous a offert l'incompétence des hommes du Rohan...elle ne vaut rien.

Il s'interrompit, le souffle court, tandis que ses interlocuteurs demeuraient silencieux, probablement plongés dans leurs pensées. Rokh était content d'avoir ébranlé ainsi leurs certitudes. Oui, il accepterait la sentence létale qu'ils allaient lui infliger. Il ne s'en plaindrait d'ailleurs pas. Mais il était heureux car il avait brisé l'espoir en eux. Vaincre l'Ordre...impossible. Pas avec les forces dont ils disposaient. Quelques centaines de péquenauds dépenaillés ne faisaient pas une armée. Et leur courage à défendre leurs murs friables était aussi vide de sens que les cris d'une mésange que l'on vient chasser de son nid. Bruyant, intrigant, mais inutile ! Il sourit à nouveau, malgré la douleur qui le tenaillait. Il pensait que l'interrogatoire était fini, mais un des deux lança, l'inquiétude perçant dans sa voix :

- Comment ça "Edoras demeure sous contrôle" ? Nous avons vaincu Hogorwen. Edoras se ralliera à nous !

Le sourire de Rokh s'élargit perceptiblement, en sentant la colère poindre sous le masque de l'indifférence. Il avait donc réussi à en faire craquer un, au moins. Il répondit d'une voix fatiguée :

- Je ne répondrai à cette question qu'à deux conditions...donnez-moi une épée, et appelez faites venir le Maréchal...

Un rire sinistre s'éleva du fond de sa gorge, tandis que les deux jeunes réfléchissaient à sa proposition. Mais avaient-ils réellement le choix ?
Sujet: La bataille des Trois Rois : la Porte du Destin
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La bataille des Trois Rois : la Porte du Destin    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 11 Jan 2013 - 13:00

Perdue. La bataille était perdue.

Rokh s'était endormi, tiré par ses "compagnons d'armes" qui l'extrayaient du champ de bataille. Mais alors, la victoire semblait sourire au Roi du Rohan. Le fier cavalier du Rhûn s'était ensuite laissé aller à l'inconscience, sûr que, bien que son désir de tuer le Maréchal au nom imprononçable eût été un échec, les plans de l'Ordre allaient s'accomplir. Et pourtant, il avait été réveillé par des bruits, les sons d'une cavalcade trop bien organisée pour être une contre-charge de la part de l'une ou l'autre des parties. Il avait ouvert grand les yeux en entendant des cris de détresse de la part des rohirrims en livrée sombre. Autour de lui, les gens criaient que des renforts inattendus étaient arrivés, et qu'ils avaient enfoncé le flanc de l'infanterie, s'enfonçant toujours plus profondément dans les lignes pour soutenir les derniers cavaliers du Maréchal. Rokh avait cru que ce ne serait qu'une maigre diversion, mais les minutes avaient passé, et toujours aucun cor annonçant la victoire. Cela commençait à devenir inquiétant.

Le guerrier, soigné tant bien que mal par un médecin du Rohan, avait fermé les yeux, en essayant de se reposer. Mais il avait été à nouveau sorti de sa torpeur par des hurlements de terreur. Le Roi était mort. Le Roi était mort, et son armée se débandait. Les hommes, guère motivés pour continuer sans une raison valable, lâchaient leurs armes et acceptaient la paix. On lui avait appris que des cavaliers issus de ces régiments venus en renfort se dirigeaient désormais dans sa direction, prêts à écraser les dernières poches de résistance. Les soldats vraiment fidèles à l'Ordre, il n'y en avait pas beaucoup. Les rares qui avaient quelque chose à se reprocher fuirent de manière désordonnée. Il imaginait que parmi eux, il y avait les rescapés de son corps de trente envoyé en renfort du Roi. Combien étaient-ils ? Combien iraient porter à leurs chefs la nouvelle de la cuisante défaite d'Aaluburg...Ahalburg...enfin passons. Il ferma les yeux en pensant à Aaron, le fier combattant. Il ne ferait pas partie du voyage de retour. Lui avait su trouver une fin honorable, digne d'un véritable guerrier. Rokh, à son grand regret, non. Blessé. Héroïquement blessé, mais seulement blessé. Son corps s'en remettrait, mais jamais son honneur.

Les sabots des chevaux ennemis...s'il pouvait encore les appeler ainsi...se rapprochaient inexorablement, jusqu'à ce que leur voix fussent audibles. Ils exhortaient tous les combattants à déposer les armes et à cesser toute résistance. Le cavalier les entendit tourner un moment dans le camp, tandis qu'il attendait son heure. Il s'assit sur sa couchette, et jeta un coup d'œil à son armure fendue, à son casque malmené, et à ses armes couvertes de sang et de boue. Il tendit la main vers Varvad, son sabre, mais cela lui causa une telle douleur qu'il ne put rien en faire. Il n'aurait même pas le loisir de terminer vaillamment, l'arme au poing, comme un véritable chevalier. Bientôt, le pan de toile qui le coupait du monde extérieur se rabattit, et des hommes en armure pénétrèrent à l'intérieur. Ils virent que le guerrier, malgré ses blessures, était conscient, mais guère en état de sa battre. Ils ne prirent même pas la peine de lui adresser la parole, et se contentèrent de le trainer à l'extérieur, un homme lui tenant chaque bras. Rokh savait de que de toutes façons, les choses seraient bientôt terminées. Voilà qui expliquait très probablement son sourire désabusé. Il passa devant Saêna, et se débattit quelque peu, malgré la douleur. Ses gardes s'arrêtèrent :

- Mon cheval n'aura pas un sort différent du mien, occidental.

Les deux hommes se regardèrent, et haussèrent les épaules. Ils en appelèrent un troisième, qui tira la monture par la bride. A la plus grande surprise du Rhûnien, on l'installa en selle. Il aurait pensé qu'on allait terminer les choses ici, sans cérémonie, mais peut-être que certains voulaient voir sa tête rouler. Il pensa au Maréchal. Quelle ironie, pour celui qui avait été à deux doigts de le tuer, de désormais constituer un spectacle morbide en son honneur. Le guerrier sourit largement. Ah...ce Maréchal. Il aurait tant aimé pouvoir terminer leur duel...

Le trajet du retour à la cité fut difficile pour Rokh. Non pas à cause de la multitude de cadavres qui jonchaient le sol, ou à cause de la quantité de sang qui s'était déversée, ni à cause des regards des morts qui habillaient la cour pavée de la forteresse. Ca, il avait l'habitude. Pas non plus à cause des vivants qui le regardaient avec une colère sourde, conscients que si les rohirrim avaient été dressés contre leurs frères, des guerriers tels que lui avaient volontairement décidé de venir guerroyer ici. Ca, il s'en fichait. Non, ce qui le dérangeait davantage, c'était qu'il ne portait qu'une simple tunique de toile, alors qu'il faisait si froid dehors. Maudites terres occidentales, pensa-t-il. Il pénétra bientôt sous la porte principale d'Aldburg, et mit pour la première fois le pied dans cette cité. Incroyable de penser qu'un édifice aussi pathétique avait pu résister à l'assaut d'autant de guerriers. Rokh mit pied à terre en même temps que ses geôliers, cherchant du regard l'échafaud où il serait pendu, ou bien le billot sur lequel on entendait lui couper la tête. Il ne vit rien de tout cela, et haussa un sourcil interloqué. Faisaient-ils cela en intérieur, à l'Ouest ?

Tandis qu'on le conduisait vers une porte qui donnait Melkor savait où, il aperçut le Maréchal au loin. Sa jambe devait le faire souffrir le martyr, et il portait encore les traces de leur affrontement épique, mais il était vivant, et entier. Fort bien. Rokh tendit le cou pour le regarder, et il était presque sûr que le Maréchal l'avait vu. Il franchit une porte sombre et fut conduit dans un couloir à peine éclairé. Le chemin descendait perceptiblement :

- C'est pour bientôt ? Demanda l'insolent cavalier.

- Pour bientôt et pour longtemps, lui répondit un de ses gardes.

Il lâcha un rire à peine convaincu, et continua à marcher en se disant que c'était beaucoup de cinéma pour une simple exécution. Mais alors, il se trouva face à une cage. Une cage à esclave ! Quand on habite un pays où le marché d'esclaves est aussi répandu que les boulangeries, les notions de servitude et d'emprisonnement sont assez proches. Le guerrier se disait que c'était un sort bien cruel qu'on lui réservait là, mais il était aussi conscient que c'était le droit des vainqueurs. Combien d'hommes et de femmes avaient-ils réduit en esclavage, lui ? Des dizaines, voire des centaines. Des gens qu'il avait vu passer, et sur qui il avait posé un regard dédaigneux. Mais jamais, non jamais il n'avait refusé à un de ces hommes ou à une de ses femmes l'opportunité de mourir dignement. C'était arrivé deux trois fois. Un homme s'était approché, et lui avait demandé une épée. Rokh avait demandé à un autre soldat de s'exécuter. Le duel n'avait pas duré plus de quelques secondes, et le vaincu avait fini face contre terre, baignant dans son sang. Mais il avait au moins eu le choix de sa mort.

- Puis-je avoir une épée ? Demanda Rokh.

Les deux geôliers éclatèrent de rire comme s'il leur avait fait une blague, et le poussèrent sans ménagement à l'intérieur d'une cellule. Ils tournèrent le dos, en faisant tinter les clés, et disparurent dans les ténèbres. Le Rhûnien serra les poings...Maudits occidentaux !
Sujet: La bataille des Trois Rois: La tour des malefices ??
Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La bataille des Trois Rois: La tour des malefices ??    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 8 Nov 2012 - 1:14

Rokh cligna des yeux, pour éclaircir sa vision, mais cela ne le satisfaisait toujours pas. Il avait l'impression que les choses autour de lui étaient floues, que tout se déplaçait trop vite. Il n'y comprenait plus rien. Pourtant, il ne voulait pas donner l'impression à l'homme qui se tenait face à lui qu'il faiblissait, et il préférait rester aussi impassible que possible. Ce n'était pas chose aisée, au regard de la blessure qui laissait couler son sang le long de sa tête, et de celle qui barrait son épaule, rendant ses mouvements difficiles. Il avait le dos couvert de ce liquide poisseux, et il aurait payé cher pour un baquet d'eau bouillante, afin de se débarrasser de cette crasse. Mais c'était cela, la guerre, et il préférait d'abord terminer son combat avant de rentrer se reposer. Le travail devait être achevé rapidement. Il profiterait des délassements des vainqueurs ensuite. D'autant que pour l'instant, son esprit entraîné arrivait à reléguer la douleur au second plan. Mais dès lorsqu'il aurait remporté la victoire, il sentirait le contrecoup terrible, et il risquait de souffrir le martyr pendant un moment.

Ecartant de son esprit ces considérations inutiles, le Rhûnien sourit en voyant son adversaire se pencher pour ramasser un bouclier abandonné, qui avait probablement appartenu à un de ses cavaliers. Ainsi il comprenait qu'il ne pourrait plus se battre simplement en attaquant, et en négligeant sa défense. La ligne écarlate qui traversait son torse de part en part était là pour lui rappeler qu'il avait déjà échappé à la mort une première fois, et probablement qu'il mesurait le danger que représentait la masse d'arme que tenait le cavalier sombre entre ses mains. Bien entendu qu'il le mesurait. Rokh sourit : il avait en face de lui le Champion du Rohan en personne. Il était un des tous meilleurs guerriers de la Terre du Milieu, la fine fleur des combattants. Et Rokh était en train de lui donner des frissons. Quel plaisir de savoir que ce guerrier comprenait quelle menace il représentait ! Il y avait quelque chose de frustrant à toujours écraser des adversaires qui ne mesuraient pas pleinement combien ils étaient inférieurs à lui. Mais les choses étaient différentes avec ce renégat, qui semblait le respecter autant qu'il le haïssait. Il en allait de même pour le Rhûnien. Et quand il l'aurait tué, il pourrait se targuer d'avoir écrasé sous sa botte ferrée un des plus talentueux bretteurs de la Terre du Milieu. Son prestige serait alors immense, et il obtiendrait les honneurs qu'il méritait depuis longtemps, et que tout le monde se refusait à lui accorder pour l'heure, au motif qu'il était encore trop jeune.

Ha ! Foutaises ! Quand il aurait occis le Maréchal au nom imprononçable, il n'aurait plus besoin de suivre les directives étranges d'hommes qu'il ne connaissait pas. Il pourrait voyager comme il l'entendait, et porter la guerre là où il l'entendait, jusqu'à ce que tous les royaumes occidentaux soient en cendres, que les murailles de leurs cités soient ravagées, et que leurs peuples soient ou morts, ou réduits en esclavage. Il passerait personnellement par le fil de son épée les meilleurs guerriers de ces terres, et s'assurerait ainsi une place glorieuse dans l'histoire. Il demeurerait Rokh, le plus redoutable combattant qui ait jamais foulé ces terres. Un sourire satisfait s'afficha sur ses traits, tandis qu'il se plaçait en garde. Avant de songer à la gloire, il fallait déjà qu'il l'emportât.

Démarrant un nouvel engagement, les deux lutteurs reprirent leurs positions respectives. Rokh, bouclier haut, n'esquissait pas le moindre mouvement offensif, attendant tranquillement que son adversaire attaque et commette la première erreur. De son côté, le Maréchal jouait le jeu, et cherchait la faille dans la défense solide qui se présentait face à lui. Soudain, il attaqua. Rokh riposta immédiatement, convaincu que la danse mortelle du Rohirrim reprenait. Il s'était dit qu'en frappant avant d'avoir encaissé, il surprendrait son adversaire, et qu'il pouvait bien le tuer du premier coup. Mais ça n'avait été qu'une feinte, et il tomba lamentablement dans le piège. Le Maréchal recula, et la masse passa devant lui en vrombissant. Le Rhûnien recomposa immédiatement sa défense, quelque peu furieux d'avoir ainsi plongé tête baissée dans une feinte grossière, et soulagé que l'homme ne lui ait pas fait douloureusement payer cette erreur.

Il se décida à défendre comme il avait appris à le faire, et à jouer la carte de la patience. Le renégat passa donc à l'offensive, comme s'il y avait été expressément invité. Ses attaques d'estoc se multiplièrent, mais pas une ne franchit le rideau d'acier oriental. Les yeux du défenseur exprimaient toute la concentration qui l'habitait, ainsi que sa profonde détermination. Dès qu'il lui sembla voir une faille, il frappa avec la vitesse d'un serpent. La masse fusa, et percuta le bouclier du rohirrim avec un bruit sourd. L'assaut balaya la pièce de bois, que le Maréchal avait semblé lâcher bien prestement. Alors, Rokh comprit qu'il y avait là un piège. Mais entre comprendre et réagir, il y avait un pas qu'il n'eut pas le temps de faire. La lame acérée de son adversaire fusa, se glissa habilement dans sa défense, et vint mordre sa main, traversant son gant de métal. Le Rhûnien cria de douleur, et tenta une riposte qui échoua à nouveau. Mais cela suffit à faire reculer le Maréchal.

Le guerrier de l'Est sentait ses forces l'abandonner petit à petit, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, il avait encore assez de fougue pour livrer bataille. Son arrogance, que ses supérieurs avaient très vite relevé, se révélait dans ces cas-là une arme puissante, lorsqu'elle était combinée à son orgueil. Il ne supportait pas la défaite, et il ne supportait pas d'échouer dans ce qu'il entreprenait. Il avait décidé d'affronter le chef renégat, ce qui impliquait une seule issue possible : la mort de ce dernier. Tout autre scenario serait un échec pur et simple. Rokh fronça les sourcils en voyant l'homme le défier, épée pointée vers lui. Sur le fil de sa lame, du sang frais coulait tranquillement sur la neige mêlée de boue qui constituait pour l'heure leur champ de bataille. Ainsi, après avoir attaqué et remporté cette passe, il invitait le Rhûnien à prendre sa revanche. Soit, se dit ce dernier. Il avait passé l'ensemble du duel à défendre, mais il allait prouver à ce misérable qu'il savait aussi passer à l'offensive. Si on lui avait demandé de prendre un bouclier la première fois, ça n'avait pas été parce qu'il n'avait pas su comment créer une ouverture dans une garde, ou comment désarmer un ennemi, mais bien parce qu'il avait combattu avec une telle rage que ses camarades d'entraînements ne pouvaient pas riposter.

Avec un cri de guerre, il chargea droit sur la lame du Maréchal, qui ne garda pas longtemps sa position provocatrice. Il devait bien comprendre qu'un tel changement de stratégie n'annonçait rien de bon. Rokh asséna un premier coup de bouclier, puis un second, afin de déstabiliser l'occidental. Celui-ci aurait été bien en peine de riposter, tant l'assaut était violent. Le Rhûnien, fidèle à son style de combat techniquement peu élaboré, désarçonnait par son engagement et son manque total de logique. Il asséna un premier coup de masse de haut en bas, mais le rohirrim parvint à l'éviter. Une seconde attaque fusa, qui passa de très peu à côté. Rokh tiqua, mais ne rompit pas l'engagement. Il tentait de submerger son opposant sous un assaut ininterrompu, pour le pousser à la faute. Tous les deux savaient pertinemment qu'un coup au but signifierait la victoire du guerrier de l'Est. Ainsi, la crainte n'était pas chez le cavalier sombre, mais bien le défenseur d'Allebore.

Au bout de plusieurs tentatives, et après que ce Morsenten, Morensten...bref, le renégat, eût déployé tout son talent pour éviter ou dévier les attaques qui pleuvaient sur lui, le Rhûnien parvint à provoquer l'erreur qu'il espérait. Peut-être que le Maréchal trébucha sur quelque chose. Peut-être que la neige était moins solide à cet endroit-là. Peut-être tout simplement qu'il avait faibli. Impossible de le savoir, mais toujours est-il que sa garde flancha très légèrement. C'était à peine perceptible pour un œil non entraîné, mais dans le feu de l'action, emporté par l'euphorie de la bataille, cette infime variation apparut comme un boulevard s'ouvrant dans la défense vacillante de l'occidental. Rokh il plongea, démoniaque. Sa masse partit de très loin, ce qui donna le temps au rohirrim de la voir venir, mais il n'était pas sur ses appuis, et il n'aurait pas le temps de bondir hors de portée. Habilement, il fit en sorte que son épée vînt frapper la masse, de sorte que celle-ci ne l'atteignît pas en plein torse, mais bien sur la jambe. Un moindre mal qui devait lui faire prendre conscience de ce qu'il aurait subi s'il n'avait pas réagi aussi vite.

L'arme effroyable, lancée à pleine vitesse, percuta le Maréchal juste au-dessus du genou gauche. Les lames firent leur office avec une brutalité sauvage, déchiquetant tissus et protections avec autant de facilité que s'il s'était agi de feuilles de papier. Puis elles ouvrirent la chair, détruisant tout sur leur passage. L'onde de choc se répercuta dans l'os du guerrier, qui émit un craquement sinistre. Brisé net. C'était terminé. Une telle blessure, en plus d'être douloureuse, empêcherait le guerrier de se remettre sur ses pieds. Même s'il n'était pas mort, son combat en tant que fantassin était terminé. Intérieurement, Rokh jubilait. La victoire était enfin sienne ! Il leva son instrument de mort bien haut, de sorte que son adversaire comprît que sa fin était proche. Un sourire cruel se dessina sur son visage juvénile, tandis qu'il s'apprêtait à en finir.

Il était rempli de confiance. A tel point qu'il ne vit rien venir...
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Ryad Assad

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Rechercher dans: Aldburg   Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La bataille des Trois Rois: La tour des malefices ??    Tag rokh sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 24 Sep 2012 - 22:24
HRP : Je me lance ! /HRP



Rokh souffla bruyamment derrière l'épaisse visière du casque qui dissimulait son visage, dégageant un nuage de vapeur inquiétante. Ils étaient enfin arrivés en vue de la cité qu'ils devaient prendre. Alburd ? Aldurg ? Elburg ? Son nom lui échappait, comme la plupart des noms occidentaux, et il s'en préoccupait autant que s'il s'était agi du nom d'un des milliers d'anonymes qui allait tomber aujourd'hui. Pourtant, il lui faudrait bien l'apprendre un jour, pour dire à ses descendants qu'il avait guerroyé à cet endroit, et qu'il avait massacré un grand nombre de ces dresseurs de chevaux. Il renifla de dédain. Bah ! Des dresseurs de chevaux ? Eux ? Ils étaient sans doute bien moins talentueux que les véritables dresseurs que l'on trouvait loin à l'Est, dans sa terre natale. Moins talentueux que lui-même, de toutes façons.

Il eut une pensée émue pour Rhûn, sa patrie qu'il avait quittée plusieurs semaines auparavant. L'Ordre avait fait appel à ses services, et il avait pris la route seul, galopant suivant un itinéraire précis au cours duquel il avait trouvé des ravitaillements à chaque arrêt. Il avait ménagé sa monture, qui était naturellement endurante, pour la préserver en raison des évènements à venir. Au moment de passer l'Andouane, il avait rejoint des hommes du Nord qui appartenaient au même corps que lui. Sans échanger plus de deux mots, ils avaient bifurqué vers le Sud, cap sur le Rohan. Les ordres étaient on ne peut plus clairs. Rassemblement à Rerodas, la capitale, marche avec les soldats de Horgowen, annihilation de la faction rebelle, et retour à la maison. Ils venaient tous d'horizons différents, mais avaient été sélectionnés en fonction de leurs compétences. Ils n'avaient rien à prouver à leurs voisins, et ils le savaient. Leur armement spécifique, ils le transportaient attaché à leur selle, de sorte à ne pas éveiller l'attention. Seule marque distinctive, leur uniforme noir et blanc, qu'ils dissimulaient à l'approche de patrouilles ennemies.

C'était au point de rendez-vous de l'Anaduin que Rokh avait rencontré Galthran, celui qui allait prendre le commandement de leur petite unité. Pourvue d'un ordre de mission officiel, il n'avait eu qu'un mot à dire pour que l'ensemble des soldats d'élite se place sous ses ordres. Ils avaient galopé à un rythme soutenu jusqu'au Rohan, ne s'arrêtant que pour reposer leurs bêtes fatiguées. C'étaient tous des guerriers endurcis, et ils n'envisageaient pas d'être en retard pour ce qui se profilait comme une bataille sanglante et décisive. Ils aimaient trop la guerre pour cela. Ils étaient arrivés à Edaros comme trente ombres, se plaçant au service du Roi Holgwen comme on le leur avait demandé. Le monarque leur avait confié des appartements luxueux dans lesquels ils avaient pu prendre du repos, et leurs montures avaient été prises en charge par les palefreniers de la capitale, qui les avaient nourries et s'étaient occupés d'elles. Quelques jours plus tard, l'armée s'était mise en marche.

Hellburg n'était pas très loin, aussi avaient-ils tous revêtu leur tenue de combat. Ils n'auraient sans doute pas le temps de se préparer au combat en arrivant, et il valait mieux être prêt à affronter des soldats embusqués sur la route. Rokh avait soigneusement équipé sa monture de la cuirasse faite pour elle. Une plaque d'acier pour la tête, une pour le poitrail, et enfin une sur chaque flanc. Ainsi protégée, la bête ressemblait à monstre de cauchemar, son pelage d'obsidienne s'accordant parfaitement avec la teinte de jais de l'armure. Rokh, quant à lui, avait passé une tunique immaculée, par-dessus laquelle il avait enfilé son armure de guerre, parfaitement sombre. Un casque complet surmonté d'un crin de cheval noir, qui dissimulait parfaitement son visage, une armure épaisse, articulée, finement ouvragée des mains des forgerons nains, qui était d'une qualité bien supérieure à celle que l'on pouvait trouver dans les royaumes humains. Des brassards solides qui auraient aisément pu dévier un coup d'épée, des jambières légères pour pouvoir se battre à pied. Cuirassé de pied en cap, il ressemblait à une statue d'ébène. Dressé sur son cheval de taille modeste, il tenait dans sa main gauche un bouclier rectangulaire sans aucune marque distinctive. Dans sa main droite reposait une lance de cavalerie à lame dentelée, avide de mordre la chair.

Lorsque les trente soldats d'élite avaient fait leur apparition, il n'y avait pas manqué d'avoir des commentaires étonnés, effrayés ou respectueux dans la foule des rohirrims. Commentaires qui n'avaient pas manqué de faire sourire Rokh derrière son masque impassible. Il avait bombé le torse, et s'était avancé fièrement au milieu de la masse grouillante de guerriers, qui s'écartaient religieusement sur son chemin. L'armée s'était mise en route vers Alabourre dans un grand fracas de bottes et de sabots, de roues de machines de guerre et de charriots de munitions. Les soldats d'élite avaient rejoint l'avant-garde, formant une escorte pour leur supérieur hiérarchique, qui lui-même se tenait non loin d'Hogrowenn et de ses maréchaux. Le temps était glacial pour un homme de l'Orient, mais engoncé qu'il était dans son épaisse armure, il était relativement protégé. Il plaignait davantage les fantassins dont les cottes de mailles ne semblaient guère les abriter des vents mordants et de l'air froid.

En chemin, les rumeurs parmi les troupes allaient bon train. Les éclaireurs et les espions rapportaient avoir vu une compagnie en armure pénétrer dans la cité peu avant le départ des troupes. Certains juraient qu'il s'agissait de nains. Dans les rangs des piétons, une certaine inquiétude commença à naître. Les voilà qui piaillaient : "Des nains ! Des nains ! Des êtres à la peau de pierre !". Incroyable comme l'esprit de ces sauvages pouvait être prompt à inventer des histoires. Rokh se contenta de les ignorer purement et simplement. Hommes, nains, elfes...C'étaient tous des êtres qui saignaient. Il n'aurait qu'à viser plus bas, c'est tout.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin en vue de la cité d'Halleboue, le cavalier de Rhûn haussa un sourcil interrogateur. C'était ça la cité qu'ils devaient attaquer ? Tout ce déploiement de forces pour ça ? Un vulgaire village entouré d'un amas de briques, défendu par une poignée de paysans dégingandés qui sortiraient probablement en hurlant en brandissant des piques et des fourches. Cent cataphractes de Rhûn auraient enfoncé les lignes de défense de la cité, et auraient proprement massacré les habitants des lieux. Deux heures de sang et de carnage, tout au plus. Guère plus de dix ou quinze pertes alliées. Un maximum de pertes ennemies. Des milliers de guerriers, des machines de siège et un détachement de l'Ordre de la Couronne de Fer. Quelles chances leurs ennemis avaient-ils ?

Au moment où Rokh était en train de se rendre compte de l'ampleur de leur victoire à venir, un cri d'alarme retentit dans son dos, repris en écho par plusieurs voix. Lui et les soldats d'élite se trouvaient plusieurs mètres devant le corps d'armée qu'ils menaient, aussi ne comprirent-ils l'ampleur du désastre que quand ils virent la première catapulte prendre feu. Rokh raffermit sa prise sur sa monture, réflexe purement instinctif. Il savait que son cheval ne paniquerait pas, il était formé pour ça. Par contre, les soldats, visiblement pas. Les ordres étaient braillés de toutes parts, et cela semblait être la panique dans les rangs. Au loin, des cavaliers lancés au galop semblaient jaillir de la brume, fondant sur les arrières de la formation comme des démons issus des entrailles d'Arda. Rokh sentit son sang se mettre à bouillonner. Il aimait la guerre autant qu'il aimait son pays, et en cet instant il songeait à guérir son mal du pays par le sang.  D'une voix puissante il héla son supérieur :

"Canthui ! Laissez-moi rejoindre les cavaliers du Roi Horowen ! Je massacrerai ces chiens qui nous attaquent, et leur ferai payer leur folie, soyez-en certain !"

Il avait toujours eu du mal à éviter de se montrer zélé, mais il lui démangeait de débuter les combats. Il n'avait pas parcouru autant de miles pour rien, qu'on se le dise !
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