3 résultats trouvés pour Eved

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Sujet: L'influence et ses limites
Learamn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Jan 2024 - 22:56
Suite de : De mal en pis







La table du petit-déjeuner avait été dressée dans la grande salle à manger qui les avaient déjà accueillis lors du dîner de la veille. Toutefois, seulement deux couverts y avaient été disposés face à face. Jenifaël et Floria, avaient toutes les deux quitté le Palais des Sora dès l’aube, retournant à leur quotidien et leurs vies “normales”. L’absence de la Comtesse de Sora était plus surprenante, elle avait partagé avec eux l’intégralité du repas de la veille et leur avait assuré qu’elle serait présente à leurs côtés tout au long de leur séjour. Pourtant, elle manquait déjà à l’appel. Sûrement une manière d’indiquer à ses convives que leurs petits déboires n’étaient pas sa seule préoccupation; en ce moment même des invités bien plus prestigieux arpentaient les allées du château pour des affaires de la plus haute importance. Alessa Erina de Sora était une personnalité hautement importante à Minas Tirith, et dans ce contexte de transition politique et sociale à Minas Tirith, ses conseils étaient tout aussi précieux que son soutien financier.

Ce fut donc l’imperturbable Eved qui accueillit, tour-à-tour Orline et Syp qui descendirent de leurs quartiers à une heure relativement tardive. Le manque de ponctualité avait le don d’agacer le majordome qui hésitait désormais à remplacer le café, déjà refroidi, qui se trouvait à table. La Comtesse avait ordonné à ce que on les traite au mieux et ainsi Eved n’avait pas lésiné. Des plateaux de fruits venus du monde entier trônaient au centre, peut-être Orline pouvait y reconnaître des produits exotiques qui ne poussaient que dans sa région natale. Des viennoiseries et gourmandises en tout genre ainsi que plusieurs choix de boissons chaudes et d’infusions visant à leur donner l’énergie nécessaire pour affronter cette nouvelle journée d’hiver.

Dehors, ils pouvaient voir à travers les larges vitres du réfectoire, que le temps était particulièrement maussade. Un ciel grisâtre et quelques gouttes de pluie qui venaient s’écraser sur le sol dallé de la cour intérieur. Les deux anciens agents de l’Arbre Blanc purent manger à leur faim, l’estomac encore creusé par des jours de captivité et de frugalité. Eved remarqua cependant qu’un silence légèrement perturbant régnait entre les deux, était-ce le signe d’une gêne relative à des événements survenus la nuit passée? Il le saurait tôt ou tard, rien de ce qui ce passait entre ces murs ne pouvait pas remonter à ses oreilles.

Une fois les invités rassasiés, Eved ordonna aux autres domestiques de débarrasser la table et de quitter les lieux. Il s’adressa ensuite à Syp et Orline sur un ton parfaitement neutre, comme s’il énonçait simplement des affaires quotidiennes et banales du château.

“La Comtesse vous prie de l’excuser pour son absence ce matin. Des affaires pressantes ont requis sa présence.”

Il se dirigea ensuite vers l’une des grandes tapisseries brodées qui ornaient l’un des murs de la pièce. Un lion majestueux tenant entre ses griffes un gigantesque serpent y était représenté avec un talent certain. Il repoussa légèrement l’épais tissu et poussa des deux mains sur un pan du mur. Celui-ci s’enfonça soudainement révélant un passage dérobé qui donnait sur une volée d’escaliers donnant sur les sous-sols. Eved les invita à s’approcher de la porte secrète.

Ces escaliers vous conduiront vers une pièce qui vous servira de quartier général jusqu’à la fin de votre séjour. Tous les détails de votre mission vous y attendent.”

Sans dire un mot de plus, Eved quitta les lieux, laissant Syp et Orline en face de leur destin. Après quelques secondes d’hésitation, tous deux se décidèrent à emprunter l’escalier qui descendait en colimaçon. À mesure qu’ils s’enfonçaient dans les souterrains du palais, il devenait de plus en plus difficile de ne pas penser aux geôles glaciales qu’ils avaient quittés la veille. Cette fois-ci pourtant ils étaient libres; du moins le pensaient-ils…

Les marches s’arrêtèrent finalement devant une épaisse porte en bois; une immense serrure rouillée avait curieusement été placé en son centre. Au travers de l’entrebâillement ils purent distinguer la lueur de torches qui venaient d’avoir été allumées. De toute évidence quelqu’un se trouvait déjà en ce lieu mystérieux?

Un cambrioleur? Un espion ennemi? Un officier de l’Arbre Blanc? Se pourrait-il que Zehev soit parvenu à les retrouver après avoir négocier la responsabilité de cette mission?

N’ayant pas véritablement d’autre choix, ils poussèrent la porte. La pièce secrète était bien exiguë, une chambre circulaire dont le diamètre ne dépassait pas quelques mètres. Il y était compliqué de se mouvoir avec aisance à cause de la quantité impressionnante de mobilier qu’on y avait disposé. Il y en avait pour tous les goûts; des bureaux ouvragés, d’immenses bibliothèques dont les étagères ployaient sous le poids des livres qu’elles soutenaient, ou encore de grands tableaux noirs sur lequel on avait épinglé des documents et images diverses, parfois liés entre elles par des traits de craies ou des rubans de couleur rouges.
Au centre de ce curieux spectacle, leur tournant le dos se tenait une femme. Les nouveaux arrivants n’avaient pas encore vu son visage, mais Syp avait bien reconnu cette chevelure nivéenne si unique.

Elle se tourna finalement vers eux, les analysant de la tête aux pieds de son regard perçant.

Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! Neiger10
#Neige  


“ Soyez-les bienvenus au Repaire. Je suis Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc.”




Neige…Ce nom évocateur était, au fil des années, devenues l’un des symboles des services de renseignements du Gondor. Si elle gardait sa véritable identité secrète aux yeux du monde, y compris auprès de ses alliés, le surnom qu’elle avait adopté n’était pas inconnu pour ceux qui s’intéressaient à la sécurité de leur royaume. Beaucoup d’histoires circulaient au sujet de celle que l’on considérait comme le meilleur agent de la Couronne. Certaines étaient probablement exagérées, voire carrément fantaisistes, mais tous témoignaient des états de services de la belle espionne aux cheveux blancs. Syp pouvait en témoigner. Il l’avait vu se battre dans l’enceinte de l’Université face aux hommes de Rhydon. Grâce ç son intervention salvatrice et ses talents, le groupe menée par Petrus dont faisaient partie Syp et Judia étaient parvenus à prendre le dessus sur le Directeur.

“Depuis de longues années, ce lieu abrite des défenseurs de la liberté et des Peuples Libres. Passeurs d’Etoiles, Chevaliers du Cor Brisé, Arbre Blanc. Tous ont pu bénéficier de la protection des Sora pour préserver la sécurité des habitants de la Cité Blanche.”

Neige plongea la main dans le revers de son veston en ressortant deux petits médaillons représentant un petit arbre.

“Si vous êtes ici, c’est que vous avez déjà accepté la proposition de l’Arbre Blanc.”

Elle leur tendit les pendentifs.

“Tâchez de ne pas les perdre cette-fois ci. Et bien entendu, ne les portez pas en évidence sur vous en public.”

La dernière instruction emblait évidente pour des espions mais avec le fiasco qu’avaient représentés certaines des recrues les plus récentes, il valait mieux se montrer prudent. Zehev et Sined avaient vraiment rempli leurs rôles d’instructeurs par-dessus la jambe.

“Vous vous êtes engagés à servir la Couronne du Gondor et, ce faisant, laver votre honneur…”

Elle marqua une pause, hésitant à poursuivre sa phrase.

“... ainsi que le mien.”

Présente lors du meurtre de Rhydon, et figure cachée mais cruciale du soulèvement de la cité Neige avait été déclarée comme traître à sa patrie par le Général Catogan. Malgré la mort de ce dernier, son statut n’avait pas officiellement changé. La Reine avait conservé sa confiance en elle mais elle devait agir vite pour prouver le bien-fondé de toutes ses actions. Pour ce faire, Syp et Orline joueraient un rôle important.

“Ce n’est pas une nouvelle, Lord Rhydon était un salaud. Je connais les liens qui vous lient à notre ancien Directeur, Orline, mais croyez-moi, aucun serviteur loyal au Gondor ne pleure son décès.”


Elle lança un regard appuyé à Syp, le bras qui avait prématurément mis fin à la carrière du chef de l’Arbre Blanc.

“Cependant le Haut-Juge a été assez clair sur le fait qu’être un salopard ne peut être un motif pénal méritant la peine de mort. Ce qui fait donc de nous, des meurtriers. Ce qui explique votre passage par la case prison. Toutefois, tout n’est pas perdu, à la suite de négociations fructueuses, la Cour nous accorde deux semaines pour assembler assez de preuves afin d’établir la culpabilité de Rhydon mais également localiser les alliés et autres dignitaires corrompus qu’il a fait placer dans chaque strate de la société de Minas Tirith.”

Le regard de Neige se porta sur le tableau sur lequel elle avait déjà disposés de nombreuses pistes, réflexions et autres indices.

“Là était la force du Directeur. Il ne se salissait quasiment jamais les mains de manière directe, ce qui rend notre tâche encore plus difficile. Notre meilleure chance est de recueillir des témoignages pouvant l’incriminer et montrer qu’il ne servait pas les intérêts du Royaume. Il y’a des preuves de nature différente que nous devrons regrouper également mais je dois encore creuser le sujet…”


Le regard émeraude se posa sur Syp.

“Des questions?”


Elle se tourna ensuite vers Orline.

“Des objections?”


En étudiant leurs dossiers, elle savait que ces deux recrues seraient délicates à gérer. Syp ne poserait aucun problème sur le plan idéologique, son aversion pour Rhydon et le système qu’il avait contribué à renverser quelques jours plus tôt ne souffrait plus d’aucun doute. Petrus avait fait du bon travail sur ce plan-là, et puis c’était un Sora, et ceux-ci ne se trouvaient que rarement du mauvais côté de l’Histoire. Toutefois son sens de l’honneur rigide à souhait, sa maladresse émotionnelle et son manque de sang-froid dans certaines situations pouvaient représenter un souci dans une mission si délicate.

Quant à la belle du Harondor, elle regroupait certains des atouts les plus importants pour un espion de l’Arbre. Intelligente, capable de manipulations, prête à dépasser les limites pour arriver à sa fin. Des éléments que la Capitaine comptait bien exploiter. Cependant il y avait l’histoire sombre de sa famille que Rhydon avait instrumentalisé pour la prendre sous son aile et assurer la protection des Haradiel, dans ce qui n’était qu’un odieux chantage. Tout cela pouvait compliquer les choses. Mais Neige devait travailler avec ceux qui étaient à sa disposition.

“Bien maintenant que tout est clair. Voici mes instructions générales: je serais votre officier superviseur. Vous ne ferez de rapports à nul autre que moi. Chaque élément recueilli, même le plus insignifiant, devra m’être rapporté dans les détails les plus précis. Chaque preuve devra être ramenée ici et nuls autres yeux que les miens ne pourront les regarder.  L’ordre semble être rétabli dans les rues, mais il y a encore des forces dans la capitale qui ne désirent pas nous voir réussir dans notre entreprise. Est-ce bien compris?”

Une fois l’approbation des deux recrues obtenus, Neige passa derrière le massif bureau qui trônait au centre de la pièce. Elle ouvrit le tiroir et en retira un morceau de parchemin soigneusement plié qu’elle tendit à Syp et Orline.

“Voici un document que j’ai pu retirer des archives de l’Arbre Blanc.”

Spoiler:


Elle leur laissa plusieurs dizaines de secondes pour leur laisser le temps de lire la lettre énigmatique.

“Alors qu’en pensez-vous?”
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Learamn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Jan 2024 - 22:41




Le feu crépitait dans l’âtre, faisant craquer le bois qui se consumait au milieu des flammes orangées qui virevoltaient, venant lécher les bordures de la cheminée. La Comtesse avait rapproché son siège du foyer dans l’espoir d’y trouver un peu de réconfort. Cependant la chaleur du feu ne parvint pas à réchauffer son âme. L’hiver était désormais bien installé à Minas Tirith et les larges couloirs de son château étaient traversés de courants d’air froids, le sol marbré était devenu glacial et l’humidité extérieure cherchait constamment à s’infiltrer entre les murs, jadis impénétrables, de la Maison de Sora. À cette époque-là, même durant les jours les plus rudes du Rude Hiver, l’entièreté du palais était chauffée et entretenue par une armée de domestiques qui s’affairaient à ce que chaque recoin de la luxueuse résidence soit aussi accueillante et chaleureuse qu’en été. Pourtant, ce n’était pas les moyens qui manquaient, la fortune des Sora était toujours là et Alessa Erina veillait à maintenir des standards élevés pour sa Maison mais, elle avait beau chercher, l’âme qui rendait ce lieu si spécial s’était envolé depuis quelques temps. Depuis lors, elle s’installait ici, dans ce petit salon après le dîner, en quête de calme et d’un peu d’intimité. Loin des tractations commerciales auxquelles elle s’employait toute la journée, à l’abri des regards des invités de la haute noblesse qu’elle invitait souvent dans le réfectoire. Ici, elle avait le sentiment de se retrouver, à nouveau, seule avec lui.

Plongée dans ses sombres pensées, elle ne remarqua pas l’arrivée d’Eved, dont la silhouette longiligne apparut près de la porte du petit salon. Le chef des domestiques était la seule personne qu’elle avait autorisée à pénétrer dans cette pièce durant les heures suivant le dîner.

“Ma Dame?”
Fit-il pour signaler son présence.

Elle tourna la tête, légèrement surprise, en direction du nouvel arrivant, espérant que ce dernier ne pourrait voir ses yeux légèrement embués dans la pénombre. Si tel était le cas, toutefois, elle ne le saurait pas. Le vieux majordome bénéficiait de la confiance complète de son employeuse; ayant servi les Sora depuis plusieurs décennies, il emporterait dans sa tombe bien des secrets de la famille.

“Comme convenu, vos invités ont rejoint leurs quartiers. Demoiselle Morbise quittera le château dès l’aube. Demoiselle Haradiel et votre neveu ont été convié au petit-déjeuner de demain matin. Quant à Maître Havarian, il ne devrait plus tarder…”

Elle acquiesça d’un signe de la tête. Conscient du mal qui rongeait la maîtresse des lieux, Eved décida de quitter pudiquement les lieux. Il fut cependant stoppé par la voix tremblante d’Alessa.

Eved…Vous qui le connaissiez presque autant que moi…Qu’aurait-il pensé de tout cela? Qu’aurait-il fait à ma place?”

Le serviteur put remarquer que la Comtesse fixait désormais le tableau qui trônait fièrement au-dessus du foyer. Un homme d’une cinquantaine d’année, charismatique et imposant y était dépeint. La barbe parfaitement taillée et sa crinière grise parfaitement entretenue lui donnait une allure de félin royal, prêt à bondir sur sa proie. Une fureur adoucie par ce regard éternellement figé teinté d’amour pour les siens.

“Je l’ignore Ma Dame ; ce qu’il aurait fait nul ne peut le savoir. Ce que je peux vous assurer, cependant, c’est qu’il vous aurait totalement fait confiance pour gérer tout cela.”

Sur ces mots, Eved quitta la pièce en refermant soigneusement la porte derrière lui.

Une larme solitaire glissa sur la joue d’Alessa Erina de Sora, hantée par le fantôme de Cantelmo.

#Eved

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag eved sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 19 Nov 2023 - 14:55




Zehev avait écouté le récit de Floria Morbise sans sourciller, griffonnant quelques notes sur son parchemin à certains moments. La jeune femme semblait sincèrement confuse face à cette situation et ne disposait point, de prime abord, d’informations plus intéressantes. Soit elle était passée maître dans l’art du mensonge et de la manipulation, dissimulant des secrets importants sous ce masque d’inquiétude. Soit elle était réellement effrayée par sa situation et prête à coopérer. Le Capitaine penchait pour la seconde option même s’il devait avouer que l’ampleur de la coïncidence le troublait. Toutes ces personnes, se retrouvant au même endroit, au même moment et qui décident de s’entraider alors même qu’elles ne se connaissent à peine. Il avait bien du mal à tirer un sens logique à tout cela. Cependant, la présence de Floria dans la demeure de sa défunte sœur était la plus compréhensible, de ces quatre captifs, elle était certainement celle qui disposait de l’alibi le plus solide.
Quant aux autres…Quel fugitif serait assez fou pour confier sa vie à de parfaits inconnus? Derrière lui, il entendit Brise-Gueules s'agiter, faisant ostensiblement rebondir son gourdin dans la paume de son immense main. D’un geste, l’officier le rappela à l’ordre.

“Floria Morbise, avant d’aider et de soigner des inconnus, il aurait fallu s’assurer qu’ils ne s’agissent pas d’ennemis à la Couronne. Inconsciemment ou non, vous vous êtes associé à ces malfaiteurs et cela risque de vous coûter très cher…Mais peut être pas autant qu’à votre camarade.”


Il déporta alors son regard sur Jenifaël et s’ensuivit un interrogatoire intense. L’agent avait eu vent de la tentative de chantage que la guérisseuse avait réalisée pour échapper à la garde et visiblement il goûtait peu à ses méthodes. Ce genre de pratiques qui avaient fait de la glorieuse Cité Blanche, un repaire de malfaiteurs et de brigands prêts à tout, au mépris de la loi. Zehev n’avait pas réalisé à quel point la gangrène qui accablait sa ville avait progressé, désormais même des infirmières sans prétention plongeaient dans de telles méthodes. Néanmoins, au-delà du témoignage du soldat, Zehev ne tira pas grand-chose de la jeune femme et de liens supposés avec les deux déserteurs, Elle aussi affirmait ne pas les connaître et rien n’indiquait, pour le moment, qu’elle leur mentait. La prisonnière s’était fortement compromise en s’associant à eux mais, pour le moment, l’espion jugea qu’il ne pouvait en tirer en plus. Il rappela Molek, le geôlier et congédia les deux femmes ; sous le regard triste d’un Brise-Gueules, passablement déçu de ne pas avoir été mis à contribution.

“Ne t’en fais pas mon ami.
Le Rassura Zehev. Les deux autres lascars cachent certainement des choses plus intéressantes…”




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Le gardien les raccompagna jusqu’à leur cellule où régnait une atmosphère glaciale entre Orline et Syp. Visiblement, les deux s’étaient violemment disputés et, désormais, chacun s’était réfugié dans un coin du cachot, murés dans un silence de plomb, attendant qu’on vienne les chercher pour être interrogés.

Commença alors une longue attente. Là encore, il leur était impossible de réaliser combien de temps s’était écoulé. Tout ce qu’il savait c’est qu’on leur avait amené des maigres repas, à quatre reprises, Des pichets d’eau, des miches de pain noir et une mixture qui s’apparentait à un ragoût dont se dégageait une odeur pugnace. Était-ce là une stratégie de l’Arbre Blanc ? Les faire patienter le plus longtemps afin qu’ils gambergent, qu’ils se disputent, qu’ils se divisent ? Les méthodes de manipulation, voire de torture psychologique, ne manquaient pas et ce Zehev de Siznoff ne semblait pas hésiter à user de tout l’arsenal dont il disposait pour arriver à ses fins.

Finalement, on vint les chercher. Le même gardien au crâne rasé, toujours avec ce visage fermé et sans prononcer le moindre mot. Mais il n’était pas seul, un homme de haute taille, vêtu d’un costume de domestique parfaitement soigné les toisait du regard. L’inconnu chuchota quelque chose à l’oreille du gardien. Comme attendu, ce dernier désigna d’un geste Orline et Syp, mais, étonnamment, ne s’arrêta pas là, et pointa ensuite son doigt boudiné en direction des deux autres captives. Que pouvait bien vouloir Zehev à Floria et Jenifaël ? N'avaient-elles déjà pas vidé leur sac ? Pourquoi convoquer tous les prisonniers en même temps ? Etat-ce la un nouveau stratagème retors imaginé par l’agent de l’Arbre Blanc ?

Molek et le domestique les guidèrent à nouveau à travers le dédale de couloirs de la prison de la capitale. Il n’avait pas pris la peine de leur lier les mains, s’exposant ainsi de manière claire. Avec un peu de coordination, les quatres prisonniers auraient pu le submerger et prendre la fuite avec le trousseau de clés. Encore fallait-il pouvoir trouver sa route jusqu’à la sortie sans se faire voir.

Au bout de quelques minutes, Floria put constater que leur gardien empruntait un chemin bien différent de la dernière fois. Une nouvelle salle d’interrogatoire ? Ou pire, de torture ?

Ils montèrent plusieurs volées de marches et bientôt des fenêtres qui donnaient réellement sur l’extérieur apparurent sur les murs de pierre. La lumière du jour, enfin, se mit à les éblouir après de si longues heures passées dans la pénombre. Molek les avait ramenés à la surface.

Il leur fallut plusieurs secondes pour s’habituer à la lumière et réaliser qu’ils se trouvaient dans le vestibule de la prison. De grandes colonnes blanches soutenaient l’édifice, qui contrairement aux autres bâtiments de la ville, s’enfonçaient en profondeur dans les souterrains de Minas Tirith. Le capitaine Zehev de Siznoff était bien là mais il avait troqué son flegme et sa posture arrogante pour une colère noire. Il agitait les bras, le visage rouge et vociférait à l’encontre d’une femme d’un certain âge, qui se tenait stoïquement devant lui, un air légèrement amusé sur son visage harmonieux. Il se dégageait d’elle une noblesse de sang et d’esprit, sa longue crinière grise était parfaitement entretenue et les rides aux commissures de ses lèvres et aux coins de ses yeux venaient ajouter une note de sagesse à sa beauté indéniable.

“Mais qu’est ce que c’est que cette mascarade ? Vous croyez pouvoir venir ici et faire sortir qui bon vous semble comme s’il s’agissait de votre cave personnelle ?” S’emporta Zehev.
“-Précisément” lui répondit la femme avec un calme olympien qui ne semblait pas intimidée pour un sou.

Elle sortit un parchemin marqué du sceau de l’Arbre Blanc et le tendit à son interlocuteur avec un air défiant.

“Voici l’autorisation de libération conditionnelle signée par le Commandant Esmer de Vigo, lui-même. Voyons mon cher Zehev, vous n’allez pas remettre en question un ordre de votre supérieur direct ? Et puis, il est inutile de vous mettre dans tous ces états, si Olorius vous voyez gesticuler de la sorte…”

L’officier de l’Arbre parcourut la lettre et son expression passa progressivement de la rage à la décomposition totale. Sa mâchoire se crispa sous le coup de la frustration et, une fois la lecture achevée, il jeta violemment au sol le manuscrit. Sans demander son reste, il fit signe à Molek de relâcher les prisonniers avant de quitter la pièce en leur lançant un regard noir.

La femme aux cheveux gris se tourna alors vers eux avec un large sourire.

“Oh mesdames, vous me voyez navré du traitement qui vous a été réservé.”

Elle se précipita alors en direction de Syp, cette fois avec un air plus sévère, et examina les plaies de l’assassin de Rhydon.

“Oh Syp , mon petit Syp. Regarde dans quel état tu es…Toujours le don pour attirer les problèmes… Un vrai Sora. Si ton regretté oncle te voyait en ce moment même…”

Face aux regards interrogateurs des trois prisonnières, leur salvatrice se présenta:

“Je suis la Comtesse Alessa de Sora, et vous êtes désormais sous ma protection. Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez plus à passer une seule minute dans ces horribles cachots. Ah et voici Eved, mon fidèle maître majordome.”

Le grand homme au crâne dégarni qui était venu les chercher dans leur cellule s’inclina légèrement.

“Ne perdons pas une minute de plus et quittons cet endroit maudit si vous le voulez bien. Un bon repas chaud vous attend.”

La Comtesse se précipita, d’un pas rapide, vers l’extérieur où était stationné un luxueux carrosse poussé par deux magnifiques étalons. Elle les invita à monter à l'intérieur et s’installer sur l’une des banquettes, tandis qu’Eved prenait place devant près du conducteur.

Le trajet fut bref, les menant vers les cercles supérieurs de la cité. Alessa s’enquit de leur état de santé et distribua quelques fruits secs qu’elle conservait dans un petit casier près de son siège. Cependant, elle se garda de donner de plus amples explications concernant les conditions de leur libération. Une libération qui semblait d’ailleurs toute relative, puisque tout indiquait que l’ordre d’Esmer de Vigo les plaçait “sous la protection”, pour ne pas dire la tutelle, de la Comtesse de Sora.

Ils s'arrêtèrent finalement devant une luxueuse bâtisse blanche, ornée de nombreuses moulures. Près de la grande porte d’entrée, gardée par deux sentinelles, trônait une grande statue représentant un lion majestueux en train de rugir. Alessa de Sora, descendit du convoi la première. Les gardes la saluèrent avec respect et lui ouvrirent la porte qui donnait sur un immense salon fait de marbre blanc, au milieu duquel trônait une longue table de pierre. De nombreux tableaux de maîtres et autres objets de grande valeur ornaient les murs, symboles de la puissance passée et présente de la famille qui occupait ce palais.

Eved va vous conduire à vos chambres. Vous pourrez vous y laver et vous reposer dans des lits propres. Le dîner sera servi dans deux heures.”


Sur ces mots, la Comtesse aux cheveux gris s’éloigna, laissant son maître majordome guider ses invités à l’étage. Chacun d’eux y disposait d’une chambre personnelle et luxueuse, de grandes fenêtres donnaient sur les plus beaux quartiers de la ville et une salle d’eau privée jouxtait chacun de leurs dortoirs.

Ils disposaient à présent de deux heures pour récupérer, mettre de l’ordre dans leurs idées, ou régler leurs comptes…



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Le repas qui fut servi n’avait rien à voir avec la pauvre pitance que Zehev leur avait fait servir dans les cachots. Ici, le pain était frais et encore chaud, sortant à peine du four. La viande était juteuse et parfaitement cuisinée et le vin provenait des producteurs les plus réputés du Harondor, le sceau de la Compagnie du Sud fièrement apposé sur l’une des bouteilles que les convives se passaient de main en main.

Alessa était assise en bout de table, les quatre anciens détenus se tenaient de part et d’autre.

Alors qu’ils mangeaient encore leur plat de résistance, leur hôte déposa ses couverts et s’éclaircit la voie.

“Soyez les bienvenus au château de Sora, la demeure qui a abrité plusieurs générations d’illustres représentants de notre famille qui ont si grandement contribué au rayonnement et au développement du Royaume du Gondor.”

Elle dévisagea un à un ses invités.

“Comme vous avez pu le constater, j’ai usé de mon influence, et pris certains risques, pour négocier votre libération conditionnelle. Le capitaine de Siznoff est un homme détestable mais il n’est pas un officier rebelle et il agissait bien selon ses directives…En l’état actuel des choses, seules Floria et Jenifaël peuvent librement rentrer chez elles et retrouver leurs proches. Si vous le désirez bien sûr. Vous n’êtes point accusé de désertion et tant qu’une enquête sérieuse ne sera pas menée à son terme, vous êtes libres entre les murs de Minas Tirith. Quant à vous…”

Elle se tourna ensuite vers Syp et Orline :

“J’ai obtenu que les autorités vous traitent avec clémence, toutefois vous avez bien cherché à déserter vos fonctions. Le Commandant Esmer de Vigo est cependant prêt à vous pardonner à condition que vous meniez une mission pour l’Arbre Blanc. Votre choix est simple: accepter de reprendre du service  comme agents de l’Arbre Blanc ou retourner au cachot jusqu’à la tenue de votre procès.”


Elle reporta à nouveau son attention sur Floria et Jenifaël :

Compte tenu de votre implication dans les récents évènements, vous pouvez également choisir de vous associer à vos deux compères pour faire toute la lumière sur cette histoire. Si vous ne désirez pas mener cette mission pour l’Arbre Blanc, alors je vous invite à quitter immédiatement le Palais et retourner chez vous.”


La Comtesse les toisait du regard, attendant la réponse de chacun avant de pouvoir donner de plus amples détails sur cette fameuse mission ordonnée par Esmer de Vigo, Commandant de l’Arbre Blanc.

#Alessa #Eved #Sora
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