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 De mal en pis...

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Sighild Baldrick
Adepte des Arts Secrets
Sighild Baldrick

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De mal en pis... EmptySam 11 Mar 2023 - 11:03
De mal en pis... Floria12

Le ciel était magnifique à voir, le mélange de la fin de la nuit et du début du jour.

A la lueur d’une bougie, la jeune Morbise venait de terminer ses préparatifs dans sa chambre. Elle avait revêtit ses vêtements de sortie : un pantalon marron, avec un corset de la même couleur, une chemise blanche et une cape bleue ciel, brodée avec du fil argenté.

La décision n’avait pas été facile à prendre…mais tout était désormais clair pour elle : elle partirait.

En son plus fort intérieur, elle espérait que cela fasse changer d’avis ses parents. Floria était ô combien consciente que sa sœur pourrait la protéger si elle était près d’elle.

Alors si Judia ne pouvait pas venir à elle, c’est elle qui irait à Judia.

De toute sa vie, c’était bien la première fois que Floria envisageait un si « long » périple seule. Elle qui ne s’était pas éloignée à plus de dix kilomètres de la demeure familiale…mais elle se souvint que sa sœur l’avait fait bien avant elle. Et quoique puisse en dire son père, elles avaient toutes deux la même force de caractère. Judia lui avait même dit un jour : « Ne sous-estime pas Floria père, tu serais bien étonné de ses talents. »

Si seulement Guyram pouvait s’en souvenir…plutôt que de vouloir diriger la vie de sa fille. Il avait établi son destin en un seul échange avec son prétendant, sans qu’ils ne se connaissent. Elle fit une grimace rien qu’en repensant à leur seule entrevue privée…

En partant, elle leur montrait à tous qu’il en sera autrement.

Floria regarda une dernière fois sa carte, il lui faudra une bonne journée pour se rendre à Minas Tirith, et à une très bonne allure. Elle savait approximativement où trouver de quoi se loger et dormir en toute sécurité si son trajet venait à être plus long…mais les jours étaient beaux en ce moment, cela favoriserait probablement son périple.

Tout était prêt. Elle n’oublia pas les lettres de sa sœur ainsi que la clé que Judia lui avait remise. Floria se regarda une dernière fois dans son miroir et pour se donner du courage, elle se dit à elle-même :
« Je vais y arriver. J’arrive Judia. »



Avant de quitter définitivement les lieux, elle contempla une dernière fois sa chambre. Elle y laissait ses souvenirs d’enfants et de jeune adulte. Il s’était passé tellement de choses joyeuses ici…Puis elle jeta un dernier coup d’œil au portrait de sa grand-mère paternelle, un portait réalisé par ses soins :
« Veille sur nous, ma chère grand maman. » chuchota-t-elle.

Et c’est ainsi qu’elle referma délicatement sa porte de chambre. Son dernier adieu à cette vie dont elle ne voulait plus.
D’un pas de loup, Floria passa devant la chambre de ses parents, encore fort endormi pour l’heure. Elle ne s’attarda pas sur les détails, il était l’heure de partir si elle ne voulait pas arrivée trop tard chez sa sœur.

Elle se dirigea vers les écuries et alla seller Aliéna : c’était une jument jeune qui supporterait ce voyage, la prudence et la bienveillance seront cependant de mise dans ce voyage.

Les domestiques étaient déjà en train de s’afférer à leur travail, ils saluèrent leur jeune maîtresse et ne furent pas du tout étonnés de la voir levée aussi tôt. En effet, il arrivait régulièrement à Floria partir tôt pour aller se promener ou encore pour aller dessiner des paysages nocturnes, lire ou même de nouveau dessiner toute la journée. Elle ne s’éloignait cependant pas trop pour éviter tout danger. C’était donc pour eux, une journée tout à fait normale dans la vie de cette jeune privilégiée.

Aliéna partit au trot et une fois le domaine familial passé, le galop lui fut demandé. Plus elles s’éloignaient du Lossarnach et plus la demeure des Morbise devenait de plus en plus petite.

La journée passa très vite. Tout en étant concentrée sur son voyage, Floria eut la chance de contempler de beaux paysages. Elle croisa également des marchands, fermiers mais ne s’attarda pas à discuter avec eux, elle ne fit que répondre à leurs salutations.

La jeune Morbise avait cependant été trop optimiste quant à son arrivée en une journée à Minas Tirith, son empressement avait sans doute quelque peu modifié ses calculs. Le jour commençait peu à peu à se coucher et elle n’avait toujours pas vu de tavernes où se loger.

Elle eut cependant de la chance en passant devant une ferme, où elle entendit au loin :
«Oh ! OH ! M’dame Morbise ! Bien le bonsoir ! »


Etonnée, Floria se retourna et vit un fermier arriver vers elle :
« Ah…désolée ma’mezel, je pensais que vous étiez une autre à qui vous ressemblez beaucoup… »


« Vous connaissez ma sœur ? »



« Ah ! Je ne suis pas’core fou dont ! Mais vous êtes encore bien loin de M’dame Judia vous savez…et à ct’heure, c’est pas trop conseillé pour une jeune dame comme vous de rester seule la nuit. » il marqua une pause, montra sa ferme et reprit « On connait bien M’dame Judia ma femme et moi, elle achète mes pommes de terre et mes légumes pour ses recettes. Venez donc passer la nuit chez nous Ma’mezel. On sera plus rassuré pour vous.»


Il put lire la surprise sur le visage de la jeune dame, qui accepta cependant la proposition. C’était soit prendre des risques pour ne pas perdre de temps…ou ne pas en prendre et perdre du temps. A cette heure, sa famille n’aura peut-être pas encore comprit le plan de leur fille (comme il lui arrivait de rentrer à la nuit tombée).

Le fermier se nommait Dayen, il s’occupa d’Aliéna et invita la jeune Morbise à entrer dans sa modeste demeure pour se réchauffer. Respectant la bienséance, Floria frappa à la porte afin que l’épouse de Dayen, Lanyen lui ouvrit. La fermière vit au loin son époux qui lui fit signe de la faire entrer, elle comprit bien assez tôt qui était cette jeune femme qui aller séjourner chez eux :
« Vous avez l’air gelée Ma’mezel, mettez-vous proche du feu, vous vous sentirez mieux. » elle lui désigna un beau fauteuil en cuir, le seul de leur demeure.

Assise, Floria put observer les conditions de vie des deux fermiers : leur demeure était certes modeste mais très chaleureuse. La maison n’était pas forcément très décorée : un dessin de leur ferme réalisé il y avait fort longtemps, une théière très raffinée qui servait peu, beaucoup de couvertures en laine, des ouvrages au crochet en attente, et beaucoup de meubles en bois brut ayant plusieurs décennies. Il devait y avoir deux ou trois chambres, et une pièce plus petite servant de salle d’eau.
Elle sentit alors qu’on lui posa une couverture sur les épaules. Lanyen lui servit une tasse de thé bien chaude, dans la théière raffinée qu’elle avait vu :
« C’est du thé que votre sœur nous a offert, il est très bon.»

Lanyen allait s’assoir sur la chaise en bois située sur le côté gauche de Floria, elle fut immédiatement stoppée par leur invitée qui venait de constater le ventre arrondie de la fermière. Sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit, la jeune Morbise prit sa place et lui laissa le fauteuil confortable :
« Vous lui ressemblez, vous savez. »

Il était vrai que les deux sœurs avaient beaucoup en commun, hormis leurs cheveux et leurs yeux, ainsi que certains points de caractère mais cela ne faisait pas d’elles de mauvaises personnes.

Le simple fait d’entendre le nom de sa sœur accentuait l’envie de la revoir, cela allait vite arriver, elle l’espérait.

Floria partagea une belle soirée avec le couple de fermier. Elle dégusta un délicieux potage de légumes avec un peu de lard fumé pour donner du goût ainsi que du pain. La belle écouta le récit des fermiers qui lui expliquèrent comment Judia avait sauvé leur ferme : personne ne voulait faire affaire avec eux, sous prétexte qu’ils avaient peu de marchandise (mais quand on a peu de moyen, il est toujours compliqué de s’agrandir et de produire en qualité). La ferme était déjà bien endettée, au point de se retrouver sans toit sur la tête.

En déployant son commerce, Judia avait entendu parler de cette histoire et avait acheté tout leur stock de pommes de terre restant. Ils avaient pu manger à leur faim et commencer à rembourser leur dette. L’aînée des Morbise leur avait ensuite proposé un marché : elle leur proposa de rembourser le reste de leur dette et de les outiller pour accroître leur exploitation. En contrepartie, Judia leur demanda d’être leur unique cliente : des produits de qualité pour sa cuisine et son commerce. C’était quelque chose de très habile car l’exploitation agricole était à deux heures de la cité blanche, là où d’autres fermes étaient bien plus loin…cela garantissait à la fois un circuit court et des produits frais. Ce marché contenta tout le monde, les fermiers cultivaient avec plaisir, ils avaient de bons produits et pouvaient vivre correctement.

Il était ensuite l’heure d’aller se coucher. Avant de s’endormir, la jeune Morbise sortit de sa sacoche son carnet à dessin. A la lueur d’une bougie, elle fit le portrait du couple qui l’avait accueilli avec tant de gentillesse. Elle s’endormit sur un matelas de paille, bien différent de ce qu’elle avait connu jusqu’à présent. Elle rêva de sa sœur, de leur retrouvaille et de leur future vie à deux, un rêve doux et heureux.

Très tôt le lendemain, Judia se prépara pour repartir. Elle dit au revoir aux fermiers et pour les remercier, elle leur offrit le portrait qu’elle avait dessiné de mémoire : il était parfait. Elle sortit ensuite sa bourse pour leur donner quelques pièces, le couple s’offusqua et refusa de suite. Les pièces furent cependant poser sur la table :
« Pour votre enfant à venir. Je vous remercie sincèrement pour votre accueil. »


Ils se dirent au revoir et le voyage reprit.

Le soleil venait tout juste de se lever lorsque Judia arriva au pied de Minas Tirith. Elle stoppa son cheval pour contempler la magnifique architecture de ce lieu et se souvint de sa venue, il y avait un an de cela.

La jeune Morbise entra dans la cité sans encombre, on lui demanda juste de descendre de sa monture et de rester à côté d’elle.
A travers la foule, Floria se dirigea peu à peu vers la demeure de sa sœur. Elle avait mémorisé le chemin par cœur et fit bien attention aux voleurs – sa sacoche était bien accroché à elle, du côté de son cheval.

La porte de la cour qui donnait chez Judia était enfin devant elle. Quel plaisir de la voir à nouveau.

La clé au ruban blanc que Judia lui avait confié fut utilisée pour ouvrir cette porte, qu’elle referma à clé aussitôt.

En son sein, la roulotte que Judia avait aménagé pour déployer son commerce et au fond de la cour : un petit abri pour leur âne, Cadichon.  C’était effectivement leur âne à toutes les deux, Floria avait été présente le jour de sa naissance et il fut donné en cadeau à Judia au moment du déploiement de son commerce itinérant. L’âne avait désormais trois ans, tout comme Aliéna.
A la vue de sa maîtresse, l’âne se mit à braire. Floria alla le caresser avec beaucoup de tendresse. Aliéna quant à elle se mit à son tour à hennir car les deux animaux étaient nés à quelques jours d'intervalle.

Il était attendrissant de voir ses retrouvailles. Elle laissa alors son cheval dans l’abri, il y avait de quoi boire et manger pour les deux.

C’était désormais à son tour de retrouver sa chère sœur.

Floria courut vers la porte d’entrée et l’ouvrit précipitamment :
« Juuuuuudddddd ?! C’est moi ! » dit-elle en levant ses bras en l’air, toute victorieuse.

Mais sa joie retomba bien assez vite en constatant l’état de la maison de sa sœur. Cela sentait le renfermé, l’alcool également…il ne semblait pas avoir âme qui vive. Pourtant Cadichon avait de la paille fraîche et la cheminée crépitée.  

Elle sentit soudain une main d’homme se poser sur sa bouche, il la fit avancer tout en fermant la porte derrière eux.

Paniquée, la jeune Morbise se débattit, tenta de mordre le mystérieux inconnu à la main et d’attraper son bracelet : en vain.

Il la lâcha cependant.

Floria courut pour se mettre à l’ opposer de l’inconnu et prit la première chose qu’elle vit pour se protéger, un balai :
« Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous faites chez ma sœur ! Où est-elle?»


Son cœur battait à tout rompre. Elle qui imaginait le meilleur dans sa visite surprise, envisageait désormais le pire…

Et elle était loin de se douter du sort de sa pauvre sœur…
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... EmptyDim 12 Mar 2023 - 17:09



Le temps lui était compté, maintenant plus que jamais. Elle devait assurer son avenir, celui de ses parents, et surtout…rester en vie. Orline jeta un dernier regard à la fiche du prétendant ayant retenu son attention parmi les autres. Petite noblesse et marchand, sa famille possédait des terres viticoles et leurs affaires florissaient dans le domaine de l’import-export de spiritueux et vins. Elle pourrait utiliser sa propre expertise de négociatrice et garantir des revenus exponentiels. Le prétendant en soit n’avait rien d’exceptionnel ni d’attrait physique particulièrement plaisant. Cependant il avait le mérite de ne pas avoir le double de son âge ni d’avoir de progéniture de mariage précédent. Sa famille était une lignée ancienne et à la réputation impeccable. Pas de frère ainé ou autres cousins éloignés. Cela lui garantirait un héritage propret.
Si elle pouvait rester.
Les autres fiches présentaient des portraits d’hommes plus jeunes et séduisants et elle ne put s’empêcher un regard appréciateur, en particulier vis-à-vis d’un jeune homme de son âge au regard vert et pétillant. Il n’y avait après tout aucun mal à jauger la marchandise avant de conclure un prix. Ils ne valaient pas assez pour elle. Richesses nouvelles pouvant facilement être dilapidées, mœurs discutables, ou pire, des artistes. Et puis quoi encore, des rêveurs ? Non, cela ne fera point l’affaire pour Haradiel.

Elle releva les yeux vers sa mère et son père qui l’observaient attentivement et affectueusement. Un tel mariage issu de l’amour à l’état brut qui les unissait…ils avaient défié toutes les critiques et abattus les obstacles les séparant un à un. Un modèle de réussite pour tout romantique. Elle ne l’était pas.
Lorsqu’ils se regardaient dans les yeux, le monde autour d’eux disparaissait dans cette tendresse infinie qui leur était propre. Orline, quand à elle, ne pouvait s’empêcher de détourner le regard et de contempler ce qu’un tel amour leur avait coûté, à toute leur famille. Le rejet de la famille noble de sa mère, le départ précipité de Djafa sous les invasions pirates, le corps ensanglanté de son frère sur le sable, et leurs richesses fondant comme neige sous le soleil. Elle aimait ses parents profondément et serait prête à tout sacrifier pour eux, mais elle ne se permettrait pas une telle faiblesse si elle devait se marier. Sa loyauté était déjà prise.
Elle les regarda attentivement, cherchant à inscrire éternellement chaque détail de leurs visages. Elle leur sourit pour les rassurer, et pris congés d’eux, une boule se formant dans son ventre.

Après les évènements de ces derniers jours en tant que recrue de l’Arbre Blanc, les temps n’avaient jamais semblé aussi incertains et cruels.
Elle retourna dans sa chambre et enfila prestement une culotte de cavalière par-dessous ses jupons en cas de fuite précipitée. Elle ne savait après tout absolument pas à quoi s’attendre dans les rues de la Cité Blanche après sa désertion des rangs. Sa main passa sur ses cuisses, et harnacha par-dessus sa culotte la dague familiale. Elle rabaissa ensuite ses trois jupons, lissa les plis, et s’observa un instant dans le miroir de pieds au cadre en ébène qu’elle avait pu ramener de sa chambre d’enfance. De légères marques sur un côté attestaient de sa croissance au fil des ans.
Auburn, le teint hâlé que le plus grand froid d’hiver ne saurait effacer, ses soucis s’inscrivaient dans son regard brun, rempli de doutes et d’angoisses. Elle prit une grande inspiration et passa par-dessus ses épaules une sacoche de cuir qu’elle cacha en jetant par-dessus sa cape de laine épaisse brodée de fils rouges. Elle était prête.

Dès qu’elle sortit de leur domicile son souffle se transforma en nuage de buée et le vent glacial la fit tressaillir. Elle ne s’habituera jamais au froid du Gondor, et Minas Tirith ne sera jamais chez elle. Ses mains emmitouflées dans des mitaines resserrèrent la prise sur la sangle de la sacoche, elle enfouit plus profondément son nez rougi dans son écharpe. Elle s’élança dans les ruelles pour se convaincre de ne pas faire demi-tour. Elle avait peur, elle avait froid, elle était en danger.
Avant tout, elle établit qu’il lui fallait glaner des informations sur les évènements récents. Que s’était-il passé après son départ des souterrains et surtout, était-elle recherchée ? Le Directeur Rhydon qui l’avait personnellement recrutée, pourrait-il pardonner son manque et la laisser partir ? Elle tâcha de se remémorer les visages des recrues avec qui elle avait pu faire brièvement connaissance lors de leurs missions à l’Arbre Blanc. Ils étaient si nombreux, le temps avait passé si vite, tout semblait flou dans sa mémoire. Par réflexe, ses pas la guidèrent vers le lieu d’entraînement des jeunes recrues, espérant guetter de loin d’éventuelles connaissances sans se faire repérer.

Les rues étaient agitées depuis des mois, et l’agitation allait croissant tout particulièrement dans ce cercle de Minas Tirith où les incertitudes et la famine se faisaient plus marquées. Combien de temps encore avant que la révolte prenne des proportions qui ne pourraient être contenue par les gardes de la ville ?
Elle tendit l’oreille pour essayer de discerner des bribes de conversations, cependant il était encore bien tôt et la plupart des badauds dessoulaient encore de la vieille ou n’étaient pas encore aux faits des dernières nouveautés apportées par les crieurs publics.  L’attente était insurmontable, cela faisait bien des années qu’elle n’avait pas ressenti une telle angoisse concernant son futur.
Elle y était presque. Elle s’arrêta à un coin entre deux ruelles qui donnait une vue sur l’entrée cachée où avaient eu lieu leurs entrainements ces dernières semaines. C’était pour le moment bien calme, anormalement calme. Elle força son souffle à se calmer et à ses pensées de se discipliner. Une chose à la fois, rester sur ses gardes, elle s’en sortirait. Elle s’en sortait toujours. Elle s’apprêta à s’avancer de plus près lorsqu’une main vint plaquer son écharpe dans sa bouche et sur son nez, coupant sa respiration. Elle fut basculée en arrière et entrainée d’une poigne ferme autour de sa cape, l’encerclant parfaitement. La main étaient couvertes de blessures et de sang à peine séché.
Elle se débâtit, faillit perdre pieds et trébucha. Son assaillant resserra encore son emprise et lui permit de regagner son équilibre.

- Shh…lui chuchota-il à l’oreille. Je suis de ton côté, Orline.


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:36, édité 1 fois
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Isil
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De mal en pis... EmptyMar 14 Mar 2023 - 16:13
De mal en pis... Bed4b310
Jenifaël #PNJ

Alors que j’ouvre les yeux, je me cache la vue de l’agression du soleil qui inonde ma chambre à travers la fenêtre, les odeurs habituelles de plantes me chatouillent les narines et ma couverture me tiens chaud malgré le feu qui a fini par s’endormir par manque de bûche pour le raviver.

*Ce sera une belle journée aujourd’hui ! *

Je me redresse lentement, les cheveux en bataille et frissonne de froid malgré le soleil présent.
Je me lève et mets tout de suite une bûche dans le feu pour qu’il reprenne et chauffe ma maison pour la rendre chaleureuse et chasser le froid de la nuit.

J’entends déjà les bruits des personnes passant dans la rue, il doit être une heure assez avancé dans la matinée.
Pendant que le feu reprend, j’enfile mon pantalon en cuir et ma chemise avec mon corset et finir par mes bottes. Je vérifie la potion qui m’a fait veiller tard et là met dans des gourdes avant de me faire infuser un thé à l'arôme exotique accompagné de galette de riz.

Une fois rassasiée, je rassemble mes herbes, potions et tisanes dans ma sacoche avant de m’arrêter devant le miroir en pieds à côté de la porte. Je remets mes cheveux en place et ouvre la porte, laissant entrer l’air frais du dehors.

Je me dirige vers ma jument, Lonie, et lui caresse l’encolure.

- J’espère que tu as passé une bonne nuit ma jolie, je vais te donner à manger et remplir ton abreuvoir.

Alors que je siffle un air que ma mere me chantais petite, ma jument agrippe ma sacoche avant de secouer la tête de gauche à droite et taper le sabot à terre.

En rigolant et en souriant, je lui caresse la tête en lui offrant une friandise faites moi-même à base de carottes et de salade.

- Non ma belle, aujourd’hui, nous ne partons pas à l’aventure, beaucoup de personnes attendent de recevoir de l’aide pour se soigner, mais après que j’ai fini nous irons nous promener, d’accord ?

Posant sa tête sur mon thorax, elle me fait comprendre qu’elle est d’accord.

Je finis de remplir son abreuvoir et referme la barrière derrière moi, me voilà prête à aller voir les citoyens qui ont besoins de mon aide.

Toquant à toutes les portes, j’offrais mon aide à ceux qui en avaient besoin, malnutritions, refroidissement, maladie plus grave, blessure des enfants un peu trop téméraire.

Arrivé devant l’une des portes, au moment où j’allais frapper dessus, j’entends des bruits de lutte, je colle mon oreille à la porte, je distingue la voix d’une femme.

« Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous faites chez ma sœur ! Où est-elle?»

* Elle est en danger ! *

J’essaye d’ouvrir la porte silencieusement, mais elle est fermée.
Je contourne la maison pour arriver à une fenêtre et voir à l’intérieur. Un homme se tenait devant la pauvre jeune fille qui elle serre un balai dans un geste défensif.

* Pas le choix, il faut que je rentre ! *

Je repère la porte de derrière et par chance, elle est ouverte, j’entre doucement et me cache dans un coin, s'il s’en prend à elle, je pourrai le prendre par surprise et retourner la situation.
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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... EmptyMer 22 Mar 2023 - 18:22
De mal en pis... Syp11




Les bandages de syp autour de sa tête était trempée par son sang, ses yeux était ceux d’un homme qui n’a pas dormit depuis trop longtemps. Ses vêtements étaient déchirés de toute part, de multiples petites coupures mettaient ses nerfs à vif au moindre mouvement. Sa respiration sifflante ressemblait à celle des malades de la peste. Il était sale, il était brisé, mais bon dieu qu’il était déterminé, tout son corps était gonflé par l’adrénaline, la colère et l’instinct de vivre. La douleur physique n’était rien par rapport du chaos qu’était son cerveau. Foutre-dieu, il avait vu cette salope de général se faire massacrer par cet homme, si c’en était bien un. Ils s’étaient fait poutrer par la garde de la cité. Et avant ca, tout ses amis proches étaient morts, et encore avant, il avait prêté serment de conspiration et ôté la vie et la tête du commandant de l’arbre blanc, son propre chef officiel. Il avait vu mourir ce chevalier dont la tête était mise à prix, il avait combattu au cotés de cette elfe et de la fameuse Neige, eux aussi faisaient partis des plus grands ennemis de la couronne. Et lui, Syp de Sora, venait de se foutre dans ce bourbier sans fond. Il n’y comprenait d’ailleurs pas grand-chose, il fallait absolument qu’il retrouve le capitaine, seul le capitaine pourrait lui apporter des réponses, de la sécurité et surtout un foutu but à toute cette merde.

Après assassinat du général et le passage au fil de l’épée de (presque) toutes les recrues de l’arbre blanc, Syp avait rampé dans l’ombre une fois tous les gardes partis ou occupés en dehors, déchirant sa tunique pour en faire des bandages. Il n’avait pas perdu que ses amis dans cette histoire, sa mâchoire, son visage, jamais il n’avait été aussi gravement blessé. Jamais non plus il n’avait imaginé telle douleur, et seule le brouillard qui s’était emparé de son cerveau rendait la douleur un tant soit peu supportable. Oui donc il avait bien rampé, jusque dans une pièce anonyme du bâtiment, ou il s’était reposé quelque minutes, avant de sortir, par quel miracle, sans être repéré, de l’hôtel Claymore. Malgré son affreuse mutilation, il commençait déjà à réfléchir ( dans la mesure que lui permettait son cerveau en plein chaos ) à la suite, il se débarrassa d’abord de toutes ses armes, mettant son cimeterre si reconnaissable dans la main d’un cadavre de recrue, et ne gardant que le manche de la rapière de Rhydon, par principe...Une fois dehors, il savait qu’il y avait un endroit où aller, et surtout un endroit dont il avait les clefs. Judia...forte, talentueuse et poivrée Judia, elle lui avait laissé les clefs de sa maison, pour que la conspiration ait un repère, pour que leur commerce puisse se développer, Hosh’ aussi voulait venir, mais Judia n’avait qu’un double. Elle le lui donna, il avait plus de chances de survie que notre camarade chauve, et ses clefs ne devaient pas tomber entre de mauvaises mains. Et puis elle devait avoir de quoi se soigner un peu chez elle, et Cadichon aussi, et la baraque, en somme, l’avenir était chez son amie. Syp eu vite fait de jeter sa tenue de l’arbre, et de voler les vêtements d’un mendiant. Il faut dire que ses blessures l’aidaient à rendre crédible l’identité d’un pauvre homme tabassé par des émeutiers avinés. C’est grâce à cela et à une attaque chanceuse d’insurgés sur un poste de garde qu’il put se rendre là ou Judia lui avait situé sa maison.

Les rues étaient étrangement vides par ici, peut être les gens avaient-t’ils peur des combats ? Mais pour tout dire Syp s’en foutait royalement. La seule idée qui traversait l’amas de chaire, de sang et de souffrance qu’était devenue sa tête était de se poser chez Judia et soit d’y dormir, soit d’y mourir.
Après quelques minutes de lente marche, Syp reconnut l’endroit qu’elle lui avait décrit, et, alors que le soi-disant mendiant s’engouffrait au coin d’une ruelle, il aperçut une maison, et dans la cour de cette maison une roulotte, et sur le bois de cette roulotte une peinture jaune déjà vue, et le son d’un hennissement familier, il y était. Mais il la vit alors, cette femme, au coin de la rue qui donnait vers la maison, à quelques mètres de lui. Une espionne ? Qui ? Ces cheveux d’ébènes, cette taille agile et fine de danseuse, cette posture attirante, il avait bu des bières avec cette femme, il avait ri avec cette femme. C’était Orline, la seule recrue à avoir quitté le funeste cortège dans les égouts. Dans les yeux de Syp naquit une lueur d’espoir, une camarade ! Une presque amie en tout cas ! Reste à savoir pourquoi elle était là...Autant ne pas prendre de risque et aller l’aborder à sa manière dans ce genre de situation.

Du pas inaudible de celui qui a chassé le tigre dans les forets du Rhun, Syp se faufila derrière Orline, et d’un coup sec remonta son écharpe sur le nez et la bouche de celle-ci, Une fois ceci fait, il tira violemment sur la cape de la dame pour la maîtriser. Le guerrier ne voulait aucun mal à l’ex recrue, mais il considérait la prudence comme primordiale, et il se méfiait de n’importe qui maintenant.

S’approchant de l’oreille d’Orline, Syp lâcha d’une voix basse mais réjouie , avec cette tonalité sifflante et saccadée que lui donne sa blessure.

- « shh...Je suis de ton côté, Orline.. »

Et alors que la pauvre, surprise par son apparition, manquait de perdre l’équilibre, Syp resserra sa prise et ses bras sur elle et la remit d’aplomb.Avec ce qu’il imaginait être un sourire, il lança :

- « Et bien ma dame, il me semble que nous cherchons à entrer dans la même maison, et bien qu’il nous faille des explications, je vous propose de faire équipe pour rentrer dans ledit bâtiment. Car votre présence me fait suspecter qu’il doit peut-être s’y trouver d’autres mystérieux individus comme nous » Un petit rire ( plutôt un bruit de gorge un peu immonde ) sorti de sa bouche, témoin de la joie qu’il avait de revoir un visage connu et vivant après tous ces événements.

Quand il vit qu’Orline le suivait, il prit alors le chemin de la porte de la maison. Une fois la porte ouverte et refermée derrière eux, Syp alla d’abord chercher de quoi se soigner, il prit soin de ne pas mettre de désordre ici. Il avait trop de respect pour feu son amie qu’il ne voulait pas paraître indiscret ou malpoli envers elle, même dans la mort...Tout en cherchant quelques herbes à préparer, il se fit la réflexion que toute cette décoration était de très bon goût, simple mais efficace, peut être encore trop riche à son avis, mais Judia était fille de marchands après tout…

Syp entendit de suite le bruit de serrure, il faut dire qu’une certaine paranoïa ca aide, il fit signe à Orline de se cacher, sans qu’il puisse voir où exactement elle était allé se dissimuler. Lui-même se mit à côté de la porte, pour sauter sur le dos de celui qui rentrera, sûrement un ennemi, un agent de la couronne venu rendre « justice », ou autre voyou.

Ce fut une femme qui entra. Le décapitateur la percuta violemment, verrouillant de suite sa main sur la bouche de il’nconnue, et passant son bras autour de son cou.

Elle tenta de se défendre, mais ce fut bien peu efficace face à un guerrier comme celui qu’elle affrontait. Elle essaya de mordre Syp, mais ce fut à peine si celui-ci la sentit.

Et c’es ten posant le regard quelques instants sur le visage et apparence de l’intruse que Syp devint d’un coup crispé de peur, puis il relâcha tous ses membres et sa prise, et bouche bée par cette apparition qui alla prendre un ridicule ballais pour lui faire face, il ne put dire qu’une chose...

- « Judia… ? Judia c’est toi ? Mais je t’ai vu brûler, JE T’AI VUS PÉRIR, qui es-tu fantôme ? Pourquoi viens-tu me hanter ainsi ? POURQUOI ? »

Mais alors, dans sa panique, Syp se rendit compte que non, ce n’était pas elle...ce n’était pas sa compagne...elle lui ressemblait bien, mais ce n’était pas elle. De la colère il passa au désespoir, laissant sortir une partie de toute la noirceur des derniers jours...

En pleurant il articula d’une voix brisée « Elle est morte..Elle est morte...excusez-moi jeune fille, êtes-vous la petite sœur dont elle m’a tant parlé.. ? Si oui vous auriez raison de me rouer de coup de balais pour la façon dont je vous annonce l’horrible nouvelle...Votre sœur est morte à mes côtés, tuée par la folie des hommes de pouvoir qui n’ont que mépris pour nous, peuple du Gondor... »
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Sighild Baldrick
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De mal en pis... EmptyJeu 23 Mar 2023 - 20:26
De mal en pis... Floria13

La Maison de Judia:

« Judia… ? Judia c’est toi ? »

*Il la connaît…*


« Mais je t’ai vu brûler, JE T’AI VU PÉRIR, qui es-tu fantôme ? »


*C’est impossible ! IMPOSSIBLE ! Non pas ça…par pitié, tout mais pas ça !*


« Pourquoi viens-tu me hanter ainsi ? POURQUOI ?

Les mots de cet étranger venaient de la toucher en plein cœur. La gifle de son père n’était rien en comparaison de cette annonce.

Le choc put se lire sur son visage d’ange, elle était devenue soudainement pâle et serra un peu plus fort le balai qu’elle tenait toujours pour se défendre.


« Elle est morte...Elle est morte... »

Floria secoua la tête et recula en même temps.

Elle ne croyait pas cet homme, sa sœur ne pouvait pas mourir, pas elle, pas maintenant…pas après tout ce qu’elle avait fait. Ses jambes se mirent à trembler, son cœur battait à tout rompre, le choc était trop grand pour elle…elle avait….elle avait du mal à respirer.

Le regard larmoyant de Floria se posa sur le rebord de la cheminée où l’on pouvait trouver un portrait des deux sœurs Morbise dans un beau cadre en bois. C’était elle qui l’avait fait…il les représentait toutes les deux, complices et souriantes. La famille Morbise avait fêté ses seize ans, Judia lui avait offert cette belle bague d’argent qu’elle portait autour de son annulaire gauche. Floria avait été émue par ce présent et pour remercier sa sœur, elle lui avait offert ce portrait, elles avaient posé des heures devant un miroir : il était parfait.


*Mon rayon de soleil…*rire de Judia *…je t’aime tellement petite sœur.* * Judia…arrête de me chatouiller, je dois le finir, je veux que tu le prennes avant que je parte…maiiiiisss arrête je vais le râterrrrr* se souvint-elle.

Malgré quelques différences légères, la ressemblance restait tout de même frappante et cela confirmait bien le lien de parenté entre ces deux jeunes femmes.

Elle n’écouta qu’à moitié le reste des dires de Syp tant elle se sentait mal. Floria lâcha finalement son arme banale. Ses mains tremblaient comme le reste de son corps.

Le principal pilier de sa vie n’était plus, un vide immense venait de se créer au plus profond de son cœur. Plus jamais elle n’entendrait sa sœur rire, plus jamais elle ne verrait son air malicieux, son magnifique regard.

Tout était fini. Elle était désormais seule. Judia Morbise n’était plus.

Ses jambes n’arrivaient plus à la porter. Elle s’assit au bout de la table, à l’opposé de Syp. Floria avait envie d’hurler, de pleurer toutes les larmes de son corps, de frapper le sol jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de force…

Mais rien ne vint. Ses mains restèrent poser sur la table. Au loin, le feu de la cheminée tout juste allumé n’arrivait pas à réchauffer son corps.

Floria observa l’homme qui se tenait devant elle…et tenta rapidement de rassembler les événements. Sa pauvre sœur n’était plus, il était visiblement son compagnon d’infortune…Judia ne lui avait jamais parlé de cet homme…ou alors, la dernière lettre qu’elle lui avait écrite…c’était probablement en lien avec ce qui l’avait empêché de venir la voir.



*Oh…Judia, mais dans quelle affaire t’es-tu mise…*  


La jeune bourgeoise vit alors une femme sortir de la cuisine. Une noble Dame à en juger sa manière de se tenir…l’homme et cette dernière formaient un duo des plus étonnants mais ils étaient ensemble. Floria se contenta de la regarder sans protester quoique ce soit…que pouvait-elle dire…s’ils avaient pu s’introduire chez sa sœur, c’est qu’elle devait probablement leur avoir donné l’accès de la maison.

En plus d’être sale et d’empesté, cet étrange vagabond était blessé. La simple vue de ses blessures lui donnait envie de vomir…
Assise, elle lança un regard interrogateur devant cet homme…Si seulement Judia pouvait être là pour la rassurer.

D’un revers de la main, la jeune fille sécha les quelques larmes qui venaient de couler sur ses joues. Il fallait qu’elle montre à ces étrangers que sa jeunesse ne l’empêchait pas de prendre des décisions…Même si Judia leur avait fait confiance, elle ne les connaissait pas et ne savait pas ce dont ils étaient capables.

Joignant ses mains sur la table en chêne de sa sœur…Floria regarda les deux inconnus et dit au vagabond :
« Je suis effectivement sa parente. » elle essaya de se lever tant bien que mal « Je ne sais pas qui vous êtes Monsieur, et vous non plus Madame, ni ce que vous cherchez ici mais...je…je pense savoir où se trouve les quelques herbes que gardait Judia. Pour vous soigner…»

Elle laissa les deux personnes et se dirigea vers la salle d’eau. Floria avait volontairement omis de donner son prénom, une manière de constater si Judia avait vraiment parlé d'elle à cet homme.

Comme le reste de la maison, les volets étaient clos. Il y avait un mélange d’odeurs : le renfermé mais aussi le parfum de sa tendre sœur.

Sa sœur avait un don pour les affaires mais aussi pour décorer les lieux qu’elle occupait. Sans prétention, elle savait allier simplicité et raffinement : à l’image de la femme qu’elle fut. Floria sortit du dessous de la baignoire en bois, un coffret regroupant toute sorte de remède.

La jeune Morbise sortit quelques secondes plus tard de la salle d’eau et déposa sur la table ledit coffret : il y avait des huiles, des baumes et du linge propre pour les plaies. Elle prit soin de garder une certaine distance entre ces deux inconnus et sa propre personne, n’hésitant pas à reculer rapidement si l’on tentait de s’approcher d’elle. Sans leur adresser un regard, elle reprit :

« Il va vous falloir des vêtements propres Monsieur. Et peut-être une tenue plus discrète pour vous Madame. Je vais aller voir si… » il lui était impossible de dire « ma sœur »ou même « Judia » « s’il y a de quoi. Je reviens rapidement.»

Entrer dans la chambre de sa sœur fut des plus douloureux mais elle interdirait à ces inconnus de toucher à quoique ce soit. En refermant la porte, elle pleura en silence tout en contempla la chambre de Judia.  

Retrouver son lit, défait comme à son habitude - Judia ne voyait pas l’intérêt de faire un lit pour le défaire ensuite – sentir davantage son parfum, observer ses meubles, sa bibliothèque et le secrétaire qui appartenait à feue leur grand-mère.

En posant son regard sur la cheminée, Floria vit une enveloppe…c’était l’écriture de sa sœur et son prénom était écrit dessus :
*Je la lirai quand ils ne seront plus là…* se dit-il en cachant l’enveloppe dans sa besace.

Les tremblements reprirent quand Floria ouvrit cette belle penderie. Judia aimait les vêtements et elle aimait avoir divers style.
Il lui arrivait aussi de conserver des vêtements d’hommes, pour les donner aux plus déminus. La générosité faisait partie de leur fonctionnement, les Morbise venaient d’une lignée de bourgeois mais ils n’avaient pas toujours été de cette condition. L’une de leur devise était de ne jamais oublier d’où ils venaient.

Après avoir cherchait et ressortit plusieurs vêtements, elle retourna dans la salle de repas et y déposa une tenue d’homme et une tenue de femme sur la table :
« Voici. » dit-elle, fuyant toujours leur regard.

Même si Judia avait visiblement fait confiance à ces personnes, une part de Floria lui disait d’être méfiante. Elle ne savait pas quoi penser d’eux. Que pouvait-elle faire ? S’enfuir, les laisser à deux quitte à ce qu’ils volent sa défunte sœur…ou rester, risquer sa vie…

Floria pouvait toujours sortir par la porte d’entrée de la maison, celle qui se situait à l’arrière de la rue…il faudrait qu’elle fasse vite…elle pourrait s’enfuir et aller chercher de l’aider…les faire partir. Après tout, elle n’avait aucun lien avec eux.

Mais…que dirait Judia d’une telle attitude de sa part ? Elle aurait sans doute honte de sa sœur.

La confusion gagna peu à peu son esprit. Il y avait tellement de questions sans réponse…mais l’envie principale de la jeune Morbise fut finalement de fuir. Elle viendrait récupérer Aliéna plus tard, voire Cadichon et la roulotte de sa sœur.

Floria resta la plus naturelle possible, sans cacher son chagrin. Elle ramassa le balai et se dirigea vers la porte d’entrée pour remettre l’objet à sa place initiale, dans le coin de l’entrée. Elle jeta un coup d’œil rapide vers la porte, elle n’était pas fermée à clé.

Il fallait faire vite.

Au moment où elle posa sa main sur la poignée, elle entendit non seulement les deux étrangers s’en rendre compte et vit surtout une ombre sur sa droite.

Floria lâcha immédiatement la poignée. La porte resta fermée. Son plan avait échoué.

Instinctivement elle recula, sentit les deux protagonistes proches d’elle et tomba en s’emmêlant les pieds :
« Mais combien êtes-vous ici ! » dit-elle apeurée et en reculant sur ses fesses.

L’étrange équipe vit une Dame sortir du petit hall d'entrée.

Qui était-elle ? Et que venait-elle faire ici ?
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... EmptyVen 24 Mar 2023 - 18:42
De mal en pis... Orline



Des odeurs de sueur et de sang remontèrent à ses narines une fois que l’homme desserra son emprise autour d’elle. Elle baissa son regard et constata des taches de sang sur son écharpe et sa belle cape de laine. Elle fronça les sourcils de mécontentement, mais il semblerait que son assaillant était de son côté et non pas une menace, ce qui était bien mieux que ce à quoi elle s’attendait suite aux aventures désastreuses au sein de l’Arbre Blanc. Les tâches partiront bien avec un frottement vif au savon. Au moins elle avait encore sa tête sur ses épaules et elle était en relative sécurité. La voix était sifflante, hésitante et elle peina à la reconnaitre.

- Et bien ma dame, il me semble que nous cherchons à entrer dans la même maison, et bien qu’il nous faille des explications, je vous propose de faire équipe pour rentrer dans ledit bâtiment. Car votre présence me fait suspecter qu’il doit peut-être s’y trouver d’autres mystérieux individus comme nous

Elle ne fut pas sûre de comprendre son message. De quelle maison faisait-il référence ? Mais elle avait trouvé ce qu’elle recherchait : une autre recrue de l’Arbre Blanc. Elle se retourna et eut le souffle coupé par la vision cauchemardesque. Elle eut peine à reconnaître l’homme avec qui elle avait échangé un verre il y a une poignée de jours, son verre de vin rouge contre la choppe remplie à ras bord de Syp. Ce fut ses yeux dont elle se souvenait, d’un bleu profond comme un ciel orageux. Il était dans un état désastreux, que pouvait il bien lui avoir arrivé depuis son départ des égouts ? Il pourrait l’éclairer sur toutes ses questions, avoir la vérité sur les évènements qui se sont déroulés à la place des mensonges extrapolés par les services publics qui ne tarderont à être déclamés à la population de la Cité.

Le temps leur été compté et les rues n’étaient pas sûres. Elle décida donc de le suivre, résolue à l’interroger en détails une fois qu’ils seraient en sécurité. Elle resserra sa prise sur sa cape et le suivit dans un silence pensif. Où pensait-il aller ? Elle vit Syp sortir une clé, déverrouiller la porte et lui fit signe d’entrer discrètement. Elle obtempéra et observa avec attention ses alentours pour chercher le moindre indice. Son regard accrocha un portrait sur le montant de la chemisée qui dépeignait deux jeunes femmes aux sourires éclatants, vraisemblablement des sœurs. Elle reconnut Judia à ses cheveux de feu et à son air rusé. Elle avait été surprise de la compter parmi les recrues de l’Arbre Blanc, l’ayant préalablement rencontrée lors des soirées et autres dîners d’affaires organisés par la Guilde Marchande de Minas Tirith. Si Syp avait la clé de chez elle… où pouvait-elle bien être et quelle avait été leur relation ?

Elle se souvenait d’une femme bienveillante et facile à aborder. C’était une femme ayant un sens des affaires affuté et Orline avait sympathisé avec elle sur leurs intérêts communs pour le commerce. Elle avait entendu parlé de sa sœur brièvement, bien que Judia la désignait principalement par des sobriquets affectifs. Orline avait été plus réservée de son côté. Pour la plupart des personnes elle était fille unique. Son frère était un sujet non pas tabou, mais un secret gardé jalousement. Même dans la mort Orline ne voulait le partager. Ne pas parler de lui ouvertement était comme préserver l’espoir qu’il lui reviendrait un jour et qu’il était une partie d’elle, rien qu’à elle. Hannib appartenait au Sud où était resté son cœur.

Ses pensées furent interrompues par un bruit de clenche et Syp lui fit signe de se cacher rapidement. Une fois de plus elle suivit ce conseil sans un mot, encore incertaine de ce qu’elle faisait ici. Elle se réfugia dans la cuisine et laissa la porte entrebâillée. Son regard fit le tour rapidement mais elle fut déçue, elle s’était coupée toute voie de sortie potentielle. Sa main passa à nouveau par-dessus sa dague camouflée sous ses jupons et fit un signe de tête à son compagnon d’infortune. Pourvu que cela ne soit pas les gardes de la Cité... La scène qui s’ensuivit était confuse mais eu pour mérite d’au moins clarifier un point. Judia avait péri…Le vide s’installa dans l’esprit d’Orline. Les évènements semblaient de plus en plus catastrophiques. Combien de recrues avaient survécus à leurs épreuves ? Elle fit une prière silencieuse pour que l’âme de Judia trouve la paix et le repos. Le son de son éclat de rire lors d’un banquet lui revint comme un souvenir lointain, et son cœur se serra.

Elle sortit doucement de la cuisine pour ne pas surprendre la jeune femme qui se tenait devant eux. Syp était en larmes et la jeune dame était bien en peine entre la douleur de la nouvelle et le sentiment d’intrusion qui devait la retourner. Orline la salua avec douceur d’un mouvement de tête et s’approcha lentement de Syp. Elle attendit qu’elle fût partie dans la salle de bain pour se dévêtir par gestes lents de sa cape, sacoche, écharpes et gants qu’elle apposa sur le dossier d’une chaise. Elle fouilla sa mémoire embuée par les tragiques évènements et la surprise de l’annonce soudaine de la mort de Judia pour essayer de se souvenir du nom de sa jeune sœur. Celle-ci revint rapidement pour déposer sur la table un coffret en bois. Orline pris enfin la parole sur un ton légèrement hésitant


- Nous vous remercions…Fleur ? Flora… ?

Elle se maudit d’écorcher le prénom de cette demoiselle, mais elle espérait que sa tentative apaiserait au moins le sentiment d’intrusion et la rassurerait qu’elles se connaissaient même si leur relation avait été brève.

- Il va vous falloir des vêtements propres Monsieur. Et peut-être une tenue plus discrète pour vous Madame. Je vais aller voir si… s’il y a de quoi. Je reviens rapidement.

Orline fronça les sourcils. Sa tenue convenait parfaitement pour les circonstances actuelles, non ? Elle avait fait le nécessaire pour rester sobre. Son regard se baissa sur ses trois jupons (elle ne se fera décidément jamais au froid hivernal d’ici) tombant sur sa culotte de cavalière. Ses mains passèrent sur son bustier légèrement corseté qui faisait ressortir sa taille fille, et remonta les manches de son chemisier large.
Une fois la jeune femme partie, Orline s’avança une fois de plus vers Syp et le coffret dont elle inspecta le contenu.  Sans le regarder, elle lâcha sur un ton autoritaire :


- Assis. Et déshabillez-vous, que je vous soigne.

Sentant une réticence compréhensible de la part de l’homme encore secoué par les émotions, Orline se retourna et s’avança vers lui avant d’appuyer son doigt avec force sur une blessure encore à moitié ouverte de son épaule. Intransigeante, elle le fit s’asseoir et partit chercher une bassine d’eau dans la cuisine, tournant chastement son regard pour lui laisser de l’intimité pour ôter sa chemise.
Revenant avec une bassine d’eau sous le bras et des linges propres qu’elle déposa sur la table à côté du coffret de premier soin, Orline se pencha sur Syp et attrapa son menton fermement entre ses doigts.


- Ressaisissez-vous. Vous aurez tout le temps pour vos émotions une fois que nous serons en sécurité. Vous avez perdu une amie ? Elle a perdu sa sœur.

Son regard brun plongea dans celui de Syp et elle resta immobile pendant deux battements de cœur qui semblèrent durer une éternité. Une fois certaine que son message était passée, elle desserra sa prise et permit à son regard de s’adoucir, désormais compatissant pour son compagnon qui avait semble-t-il traversé un cauchemar qui le marquera à vie.
Elle observa l’étendue des dégâts et du se faire violence pour garder un air impassible. Des souvenirs de combats remontèrent à son esprit ainsi que les hurlements stridents et désespérés de citadins fuyant la guerre contre les pirates. Le goût de sang lui monta dans la bouche et sa gorge se serra. Elle remonta une fois de plus ses manches et plongea un linge dans la bassine avant de nettoyer avec la plus infinie douceur les plaies abondantes de Syp.

Cherchant à combler le silence pesant qui s’installait peu à peu entre eux, elle se mit à fredonner à voix basse un air de son pays natal qui arrivait toujours à l’apaiser après un cauchemar virulent.
Elle continua son travail en faisant de son mieux pour épargner l’homme ayant déjà que trop souffert. Après avoir désinfecté ses plaies, elle lui demanda son aide pour panser du mieux qu’elle pouvait les plaies les plus imposantes. Elle n’était pas guérisseuse, loin de là et il lui faudrait recevoir des soins appropriés par un professionnel le plus rapidement possible. Elle essaya de faire bonne mesure et se releva une fois le travail accompli, faisant de son mieux pour cacher les tremblements de ses mains en les nettoyant vigoureusement dans l’eau souillé de sang.

La jeune femme revint dans l’espace de vie avec des vêtements frais. Elle la remercia une fois de plus d’un signe de tête, et sécha fébrilement ses mains dans un linge propre. Elle détourna son regard de Syp et tâcha de se concentrer désormais sur le contenu de la bibliothèque.
Il ne s’était pas passé plus de quelques battements de cœur qu’elle entendit une poignée se tourner et la jeune femme tomber sur le sol devant une nouvelle intrusion.


- Mais combien êtes-vous ici ?!

Orline se mit directement sur ses gardes et chercha du regards toutes les sorties possibles. Elle pesta en son for intérieur en remarquant que ses effets personnels étaient de l’autre côté de la table. Ils étaient pris au piège. Son esprit réfléchit à vive allure aux différentes possibilités et à leur situation actuelle. Réfléchit Orline, réfléchit ! La nouvelle arrivante devait avoir une vue plus qu’improbable en ayant entré dans ce logement. Une femme apeurée sur le sol, un homme à moitié dévêtu et recouvert de blessures et elle qui ne ressemblait en rien aux autres personnes présentes dans l’assemblée. Depuis combien de temps était-elle là ? A quelle scène avait-elle assisté ?
Jouant de la prudence, elle fit de son mieux pour détendre son allure et adressa un sourire chaleureux et bienveillant à la jeune femme. Elle se dirigea d’un pas confiant et leste vers la jeune sœur qu’elle aida à se relever. Son regard étudia rapidement la jeune femme devant elle et nota sa sacoche cliquetant au moindre mouvement. Elle s’adressa donc chaleureusement à la nouvelle venue


- Ma chère vous ne pouvez pas mieux tomber ! Comme vous pouvez le constater mon compagnon aurait bien besoin de votre expertise. Que puis je vous offrir pour vous remercier de vos services ?

Elle lui fit signe d’entrer. Un refus et rejet ne ferait qu’augmenter les suspicions de cette dernière et ils se passeraient bien d’attention plus soutenue de la part de passants.
De plus, Syp avait fort besoin de soins plus avancés qu’Orline ne pouvait lui prodiguer. Si sa survie dépendait du sort de cet homme pour le moment, mieux valait réunir les chances de leurs côtés. Qui sait quand une prochaine occasion se présenterait à eux ? Sans ses soins, il n’irait pas bien loin et Orline craignit que leur endurance soit mise à rude épreuve dans les semaines suivantes. Tant qu’elle n’avait pas obtenu les réponses à ses questions elle ne le lâcherait pas. Elle voulait absolument savoir à quoi s’attendre.
Elle espérait seulement que la jeune sœur de Judia ne les mette pas dans une situation encore plus précaire qu’elle ne l’était actuellement. Orline força une respiration calme et régulière et sourit une fois de plus à l’assemblée.


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:36, édité 1 fois
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Isil
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De mal en pis... EmptyVen 24 Mar 2023 - 21:39
De mal en pis... 44fcb910
Jenifaël #PNJ

À l'abri des regards, je vois cet homme, fort amoché, des bandages de fortune imbibés de sang, une posture plus qu’affaiblie, mais ce qui me perturbe le plus, c’est son regard, au-delà de ce bleu, il a l’air affligé, meurtri.

Une dame très jolie qui sort de la salle de la cuisine, semble l’accompagner. Sa tenue, montre une certaine qualité que peu de mes patients habituels ne peut s’offrir.

La jeune fille, que je pensais en danger, paraissait affligée par la mort de cette Judia, était-elle proche ? De la famille peut-être ? Je connais ce regard, je l’ai vécu à la mort de mon tendre frère ainsi qu’à celle de ma mère adorée.

* Elle n’a pas l’air en danger.. Je vais observer encore quelques secondes avant de voir si je dois repartir en silence ou aller les aider, on ne sait jamais, par ces temps qui court, la prudence est de mise. *

Avec un visage qui se voulait impassible, elle donna au blessé et la dame une boîte contenant la base pour se soigner et parti chercher des vêtements également.

* La jeune fille s’appelle donc Flora ? J’aimerais savoir le nom des deux autres.. *

La dame commença par regarder le contenu dans la boîte et sortie des bandages et prépara une bassine d’eau tiède avec un chiffon.

- Assis. Et déshabillez-vous, que je vous soigne.

Voyant l’homme réticent, elle appuya sur l’une de ses blessures, faisant couler du sang à nouveau.
Le pauvre homme fini par obtempérer et retira sa chemise pour qu’elle puisse le soigner.
D’une voix ferme, elle lui dit.

- Ressaisissez-vous. Vous aurez tout le temps pour vos émotions une fois que nous serons en sécurité. Vous avez perdu une amie ? Elle a perdu sa sœur.

Après quelques secondes de silence, dans une ambiance assez pesante, elle attrapa le tissu et commença à nettoyer les blessures aussi doucement que possible pour ne pas lui infliger plus de douleur qu’il n’en a déjà.

* Cette Judia étais donc sa sœur.. L’apprendre aussi durement, c’est dur.. Mais a-t-il une bonne manière pour le dire après tout ? *

La dame se mit à fredonner une musique.

* C’est étrangement apaisant.. *

La jeune femme, Flora, revint avec des vêtements propres dans la pièce et les déposa.

Je vois la jeune femme se diriger lentement vers la porte, essayant de l’ouvrir.

* Elle m’a vu, je pense. *

En reculant, elle s’emmêla les pieds et tomba par terre, avec un regard apeuré, t’elle un petit animal blessé, elle recule sur les fesses.

- Mais combien êtes-vous ici !

Prise d’un élan, je sors de ma cachette, je n’ai pas caché d’armes sur moi, mais j’ai certaines poudres pouvant aveugler pendant quelques minutes, c’est suffisant pour prendre la fuite au cas où.
Je m’immobilise en regardant l’air surprise et embêter de la dame avant que celle-ci reprenne un visage impassible et pris la parole.

- Ma chère, vous ne pouvez pas mieux tomber ! Comme vous pouvez le constater mon compagnon aurait bien besoin de votre expertise. Que puis je vous offrir pour vous remercier de vos services ?

Restant silencieuse, je regarde la jeune dame à la recherche d’un signe, positif ou négatif sur sa situation. Si elle a besoin d’aide, elle me le ferait comprendre.

Le sourire de la dame me fit comprendre que je ne pouvais pas refuser, mais même malgré ça, mon cœur me hurler de soigner ce pauvre homme, je ne pouvais pas le laisser là.

- Je m’appelle Jenifaël, je ne sais pas ce qu’il se passe, mais cet homme a besoin de soins et rapidement, au vu de son état, il doit y avoir des dommages internes.

Je prends une grande respiration et avance d’un pas sûr vers la table pour sortir tout ce dont j’aurais besoin.

- Monsieur ? Je peux compter sur vous pour vous laisser faire ?

Ne lui donnant pas le temps de répondre, je mets dans une de mes tasses en bois un liquide marron, principalement fait de plantes pour donner des vitamines bonne pour le corps, par précaution, je rajoute une pincée de ma préparation pour qu’il soit légèrement anesthésié, et ne courir aucun risque.

Je commence par retirer ses bandages un à un et de nettoyer à nouveau ses plaies.

- Vous avez de graves blessures, je ne sais pas comment vous tenez encore debout.

J’applique sur chaque blessure une pâte épaisse à base de miel et de sève d’arbre afin de désinfecter et en même temps permettre une cicatrisation plus rapide.

Je recouvre chaque plaie d’un bandage imbibé d’anesthésiants pour lui permettre de se remettre sans douleur.

Je tourne le regard vers la dame qui me surveille avec un regard d’aigle avant de prendre la parole.

- Je me suis présentée, puis-je savoir vos noms ?

Je la regarde avec un regard sincère et un sourire lui faisant comprendre que je ne leur veux pas de mal.
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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... EmptyMer 29 Mar 2023 - 18:38
La pauvre jeune fille s’assit, à l’opposé de syp, son visage était blanc comme celui d’un cadavre, oh Syp savait, il savait ce que ca faisait d’apprendre brutalement que sa sœur était morte. Mais il n’osa pas le dire, il faut avouer qu’il avait déclamé la nouvelle sous le coup de l’émotion, et maintenant il était bien gêné pour la pauvre fille… Le vieux guerrier avait l’impression que le monde n’était plus fait que de mauvaises nouvelles, de morts, de sang et de pleurs de jeunes filles depuis quelques semaines, qu’il voulait retrouver sa maison dans les étendues sauvages ! Qu’il regrettait le capitaine, lui au moins savait être la lumière dans l’obscurité, le flambeau de la vérité parmi la corruption et le mensonge...Mais il avait dû fuir, à cause de ces ordures du gouvernement. De Sora se sentait l‘esprit révolutionnaire depuis qu’il avait fait tomber la tête de Rhydon, mais l’heure n’était pas encore aux considérations insurrectionnelles !

Orline, dont Syp remarqué une fois de plus la fauve beauté, était sortie de sa cachette et se tenait en face de la fille. Celle-ci dit alors, d’un ton larmoyant :

« Je suis effectivement sa parente. Je ne sais pas qui vous êtes, Monsieur, et vous non plus Madame, ni ce que vous cherchez ici mais...je…je pense savoir où se trouvent les quelques herbes que gardait Judia. Pour vous soigner…»


Syp la vit partir, puis revenir avec lesdites herbes, et, retrouvant enfin l’envie de parler, il lui dit :

- « Jeune Floria...car oui je connais votre nom, je sais que je suis un total inconnu pour vous, mais si vous voulait je peux vous éclairer sur les circonstances de la mort de Judia, dans la mesure du possible...Votre...Votre sœur était...hmf...elle était mon amie, elle était courageuse, prête à sacrifier sa vie pour de beaux idéaux...votre sœur eut été une héroïne si elle avait survécu à..au..feu...»

Et les larmes revinrent à ses yeux, le vétéran n’avait qu’une envie, pleurer ; pleurer encore et encore. Mais il se retint. Reparler de Judia, voir sa sœur…Oh tout cela était trop pour lui...Mais la tristesse se transforme en colère, contre le gouvernement, contre ces politiques et ces militaires qui tuent le peuple, qui tuent chaque jour des dizaines de Judia, de Timéon, de Hoshen ! Contre ceux qui oppriment le peuple ! Contre ceux qui l’avaient défiguré….Et un jour la colère se transformera en idées, et ce jour viendra pour Syp.

Floria repartit alors, chercher des vêtements propres pour Syp. Mais alors Syp sentit du mouvement derrière lui, c’était Orline.

J’avais oublié qu’elle devait me soigner...et bien allons y...ca ne sera pas plus terrible qu’autre chose, et puis elle ne me veut pas de mal en théorie...c’est parti pour se déten-


A l’écoute des paroles d’Orline un sourire décalé apparu sur la bouche mutilée de Syp, celui ci commença à enlever, avec beaucoup de difficultés sa chemise. Mais il avait oublié la première partie de l’ordre de la dame, et sa compagnonne se glissa à ses côtés et fit appui sur une de ses entailles pour le pousser à s’asseoir.

Ooof la garce...ah ca piqueeeeee...Tigresse ! Sauvage ! On dirait une femme du Rhun...ahhhh elle y a foutu son ongle la vipère !

Syp finit alors de retirer sa chemise, s’amusant à fixer du regard le dos d’Orline, tournée chastement pour ne pas voir le torse de l’homme, pas si déterminée et implacable qu’elle voulait le faire croire...Son vêtement de cuir lui allaient vraiment bien. Au même moment où De Sora se faisait cette osée réflexion, sa compagne d’infortune s’en alla chercher une bassine d’eau chaude. Syp prit alors le temps de faire craquer ses articulations et d’étirer son dos meurtri, faisant par la resurgir la douleur de toutes ses blessures. Son côté gauche de la tête et sa mâchoire le faisait horriblement souffrir, même parler le faisait tiquer de douleur…

Orline revient ainsi avec un peu de linge et son eau, elle se plaça en face de lui, et d’un coup d’un seul elle prit le menton de Syp dans sa main. Ô douleur, Ô damnation ! Le guerrier, bien décidé à ne pas se laisser démonter, ne laissa rien paraître de ses troubles, et se tint impassible alors que sa tortionnaire lui disait d’un ton brut :

- « Ressaisissez-vous. Vous aurez tout le temps pour vos émotions une fois que nous serons en sécurité. Vous avez perdu une amie ? Elle a perdu sa sœur. »


J’ai perdu les deux moi, même plus, trois amis, une mâchoire, un capitaine...Mais je ne puis lui reprocher ce qu’elle ne sait point...mais je puis lui reprocher sa violence...une petite vengeance s’imposera un jour….

Mais alors le regard de la belle, mais violente, Orline se glissa dans celui de Syp. Depuis combien de temps le guerrier n’avait-t-il pas eut un regard comme celui-ci avec une femme… ? Depuis bien longtemps. Qu’y voyait-t-il donc ? De l’interrogation, de l’empathie ? Une petite lueur d’affection derrière la paroi froide et distante que tentait de montrer Orline, pourquoi pas même y voir une lueur pétillante à la vue du corps du Syp, qui restait malgré tout un athlète...Et elle, que devait-t-elle voir dans le sien de regard... Les flammes, une tête de noble qui roule sur le sol, l’odeur des souterrains, de friture, de cris, de la colère, de la tristesse, mais aussi, enfoui loin, très loin, l’envie de trouver de la compagnie, en qui que ce soit, depuis que ses amis étaient morts, et que Petrus était parti...Son regard d’un brun caramel lui évoquait les noisetiers des grandes forets, la terre d’un jardin fertile, la nature fraîche et douce, sauvage aussi...On dit que les pupilles se dilatent quand on regarde ceux qu’on aime, mais aussi quand il fait sombre... Celles d’orline était grandes et rondes, était-ce à cause de la pénombre ambiante ou de son face à face avec Syp, il ne le savait point, mais cela suffisait à réchauffer et faire accélérer légèrement la cadence de son coeur …


Mais ces regards passèrent, et la vie revint à son cour, Orline défit les bandages de Syp et commença à le soigner, la douleur, ca Syp s’y était (presque, presque ! ) fait, mais les moues de dégoût de sa compagne, ca non...Mais la douceur infinie des gestes de sa soignante le rassurèrent. Et quand celle-ci se mit à fredonner un air de chez elle, un petit air de rien du tout, mais un air qui ici voulait tout dire, qui entre deux presque inconnus, réunis par les remous de la vie, voulait dire beaucoup de choses…

Une fois le travail arrivé à terme, syp se retourna vers Orline pour la remercier et vis que ses gracieuses mains tremblaient comme des feuilles d’arbres par grand vent…elle ne devait pas avoir vu beaucoup de charniers ni de grands blessés... Tentant de faire taire la douleur dans sa tête, l’homme ne remarqué qu'à moitié Floria qui arrivait avec du linge propre. Et alors qu’il se rendait compte qu’il allait devoir renfiler une chemise, et donc souffrir encore, il poussa un long soupire.

« clanc ! »

Encore un nouveau venu…

Syp venait, dans un vieux réflexe, d’empoigner un chandelier, dans l’optique de fracasser le crâne de l’intrus...enfin de l’intruse. Quand celle-ci entra, i comprit qu’elle n’avait pas mauvaises intentions, c’était déjà ca de pris. Et au vu de l’expression d’Orline,  elle devait gérait la situation, en effet, elle improvisa une explication en quelques secondes pour éviter tout soupçon de la part de la nouvelle venue.

- « Ma chère vous ne pouvez pas mieux tomber ! Comme vous pouvez le constater mon compagnon aurait bien besoin de votre expertise. Que puis je vous offrir pour vous remercier de vos services ? »


En outre, d’après ses vêtements, ma femme avait l’air d'une guérisseuse, Orline devait l’avoir compris aussi. Au-delà de ca, son nouveau statut de « compagnon » plut tout à fait à Syp, compagnons de cette femme...Cela sonnait comme une honnête proposition au minimum.

Jenifaël, car c’est ainsi qu’elle se présenta, confirma ses compétences en termes de soins, et sans autres formes d’introduction elle apostropha notre homme, décidément l’attraction du jour pour les trois dames !

Et ce fut repartit pour un tour ! On ré-enleva les bandages de Syp, on les nettoya de nouveau, et Jenifaël s’occupa de sa blessure avec le plus grand soin. Même si moins passionnément ( que ce soit  en violence ou en douceur ! ) que Orline…
Ce sur quoi ma deuxième guérisseuse nous demande à tous une question à laquelle je préfère ne répondre qu’a moitié

- « Je me nomme Syp, Spy pour ceux qui le veulent, et mon nom à peux d’importance... »

Alors que tous se présentent, le guerrier boitille vers Orline, et lui glisse à l’oreille pendant que Floria dit son nom :

- « Madame, au risque de paraître grossier ou de vous déranger, je ne puis remettre une chemise seul dans mon état, les bandages sont trop sensibles, et je pense cela assez déplacé de le demander à la pauvre Floria, alors j’abandonne toute virilité pour vous demander un peu d’aide... »


Et pour conclure sa demande, et donner du corps au rôle qu’Orline lui avait attribué par rapport à elle, Syp donné un léger baiser sur la joue de l’ex-recrue de l’arbre, tout en arborant un grand, décalé, mais tout à fait sincère sourire
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Learamn
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De mal en pis... EmptyVen 31 Mar 2023 - 22:51



Zehev de Siznoff réprima un profond soupir. Le jeune officier de l’Arbre Blanc n’en menait pas large face à la colère froide du Capitaine Esmer de Vigo qui faisait les cent pas derrière son bureau. Ce dernier avait été rapidement désigné comme nouveau chef des services de renseignements du Gondor à la suite du massacre qui avait eu lieu quelques jours plus tôt.  À peine avait-il eu le temps de prendre la mesure de ses nouvelles fonctions, que les conséquences des émeutes dans la capitale l’avaient submergé.

“Des centaines de morts dans les rues de la ville. Un gouvernement tétanisé. Un Roi muet. Plus aucune autorité et voilà qu’on me demande de rétablir l’ordre dans la Cité alors que mes effectifs sont complètement décimés. Quelle affaire!”

Ecoutant son supérieur d’une oreille, Zehev laissa son regard s’échapper pour contempler le bureau du Commandant de l’Arbre Blanc. Rien n’avait changé depuis sa dernière convocation au même endroit quelques semaines plus tôt. Ce même bureau soigneusement rangé, la même plume toujours posée près de l’encrier et cette odeur prégnante de bois verni. Dans un coin se trouvait un petit bassin d’eau de porcelaine surmontée d’un miroir, un rasoir y reposait; trois gouttes de sang séché maculaient le fond du baquet. Le jeune agent sentait encore la présence oppressante de Lord Rhydon dans cette pièce; sa longue silhouette filiforme, sa diction exagérément lente pour accentuer sa gandinerie, son regard sévère. Il fut brusquement ramené à la réalité quand Esmer reprit sa diatribe.

“Rétablir l’ordre! En voilà une belle pour un homme presque seul! Berton et Réland sont morts.  Le sort de Neige n’est pas encore statué, Petrus a disparu de la circulation et Sined a décidé de noyer ses traumatismes dans l’alcool au pire des moments. Vous êtes bien le seul pouvant m’épauler Zehev.
-Mon Commandant?
-J’ai reçu des informations indiquant que nos fameuses recrues n’auraient pas toutes trouvées la mort en escortant Catogan jusqu’à l’hôtel Claymore. J’ignore encore ce qu’on va pouvoir faire d’eux: leur passer la corde au cou ou les acclamer comme héros et sauveurs de la ville. Qui sait? La Haute-Cour en décidera mais ce qui est certain c’est que nous ne pouvons pas les laisser dans la nature ou prendre le risque qu’ils arrivent à quitter la ville. Ce ne serait pas la première fois que le Capitaine Erelas ouvre les portes à des suspects pour des raisons obscures.
-Je comprends Mon Commandant. Une idée du nombre de survivants?
-Certains comme Aveline sont revenus vers moi après la mort du Général mais la plupart se sont évaporés. Vous avez deux jours pour les retrouver Zehev; c’est tout le temps que je peux vous accorder avant que la Reine ne cherche à mettre son nez dans cette affaire.
-A vos ordres Mon Commandant.”
Répondit de Siznoff sans le moindre engouement.

D’un geste de la main, le nouveau maître des lieux congédia son subordonné qui quitta les lieux d’un pas lent. Sous son plastron d’acier, une grande lassitude gagnait le cœur de l’instructeur. Les derniers jours n’avaient pas été de tout repos pour les agents de l’Arbre Blanc; un soulèvement armé des cercles inférieurs, un étrange complot, de nombreux membres du groupe assassinés en l’espace de quelques heures; il avait d’abord craint pour sa propre vie avant d’essayer de rétablir un semblant d’ordre dans les rues de la Cité Blanche. Il passa sa main dans sa chevelure sombre et fit la grimace en sentant la pellicule de gras qui s’était amassée sur sa tête. Le stress et le chaos ambiant avaient laissé des traces sur son corps pourtant parfaitement entretenu. Il aurait tant donné pour s’accorder quelques heures de repos pour s’allonger et se laver. Mais, une fois encore, le devoir l’appelait. Lentement, il descendit les marches de la tour de la Caserne depuis laquelle le Directeur avait dirigé les opérations de l’Arbre Blanc. Il parcourut la grande cour sans un regard pour les hommes qui s’y entraînaient, lui, pourtant d’un naturel pourtant si bavard et avenant. Le jeune homme marcha ainsi pendant plusieurs dizaines de minutes, s’éloignant le plus possible du quartier général et de tous ces regards connus, subitement devenus pesants. Il tenta également d’appliquer la méthode que lui avait apprise Sined au début de toute mission de recherche; se mettre dans la peau de la cible, réfléchir à quelles solutions se présentaient à elles et mesurer laquelle pouvait paraître la plus avantageuse. Mais ce matin-là, il n’y parvenait pas. Son esprit épuisé était comme bloqué par une épaisse brume l’empêchant d’analyser correctement la situation. La force de déduction et l’investigation n’avaient jamais été ses qualités premières, alors si l’on ajoutait niveau de fatigue qui était le sien, cela relevait de l’impossible. Incapable d’identifier un refuge potentiel pour les recrues, Zehev décida finalement de se diriger vers un tout autre lieu pour mener son enquête.

S’il ignorait l’identité des personnes qu’il poursuivait, le gondorien pouvait au moins essayer de savoir lesquels n’avaient pas survécus. La morgue du Quartier des Antiquaires ressemblait à toutes les autres bâtisses de ce coin d’ordinaire plutôt calme. Quelques cris lointains lui parvinrent, sûrement des émeutiers encore excités ou alors les sanglots d’une femme pleurant la perte de ses enfants emportés par la peste. Au fond, quelle importance à tout cela? La ville tout entière était rongée par la même maladie.

Il poussa la porte en bois et fut instantanément accueilli par la voix joviale du maître des lieux. Ce dernier, un homme dans la cinquantaine au crâne dégarni et au ventre bedonnant, affichait un large sourire et un ton enjoué qui tranchait avec l’ambiance macabre de son lieu de travail. L’odeur putride des corps en décomposition monta rapidement aux narines du précieux officier qui fut pris d’un haut-le-coeur et manqua de rendre son maigre déjeuner sur le comptoir.

“Ah te voilà Willyan! Cela fait un bail!
-Bonjour Grep.”


Zehev salua son hôte avec qui il avait collaboré à de nombreuses reprises lors de ses précédentes enquêtes. Les morts avaient parfois bien plus à révéler que les vivants. Le croque-mort était un homme simple d’esprit et particulièrement volubile, prêt à échanger tout ce qu’il savait contre un peu de compagnie. Un brave homme aux journées bien solitaires. Qui aurait voulu partager la macabre routine d’un fossoyeur? Au fil de leurs visites, Sined et lui, qui s’étaient présentées sous l’une de leurs fausses identités de receleurs; avaient gagné sa confiance.

“Ton ami moustachu n’est pas avec toi?
-Non il est malade.”


Grep fit une grimace qui en disait long. Ces derniers mois, à Minas Tirith, “être malade” revenait à annoncer un décès prochain. Zehev lança la discussion tout en sachant qu’il en fallait habituellement peu pour lancer son interlocuteur.

“Et toi Grep? Le travail, ça se passe?
-Ah ça! Quel foutoir ces derniers jours! Des infectés, des grands brûlés, des victimes des émeutes, des victimes des gardes, des…”


Une information retint particulièrement l’attention de l’espion.

“Des grands brûlés? Comment cela? Je n’ai pas eu vent d’un incendie pourtant.
-Ouais moi non plus. Et pourtant, cinq corps complètement calcinés. C’était pas beau à voir et puis l’un d’eux mesurait pas plus d’un mètre cinquante, sûrement un gamin…”

Cela aurait pu être une coïncidence mais Zehev n’y croyait pas. Des corps brûlés, cinq victimes dont un enfant… Les données semblaient aller vers la bonne direction; à savoir la porte condamnée dans les égouts qui avaient été rouverte lors de la fameuse nuit précédant la mort du Général.

“Ah ouais c’est moche…Tu as pu les identifier?
-Pouah impossible. Ils ont tous cramés comme des cierges. Rien à en tirer. Et pis l’odeur, j’te jure. J’men suis vite débarrassé avec un chariot de pestiférés.”


Cette fois Zehev ne put réprimer son soupir. Il n’était pas bien plus avancé. Les deux prochaines journées s’annonçaient bien pénible.

#Esmer #Grep


The Young Cop


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Sighild Baldrick
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De mal en pis... EmptyDim 2 Avr 2023 - 21:23
De mal en pis... Floria14
#Floria #Morbise #PNJ #Auxdeuxfourchettes

Floria remercia Orline d’un geste de la tête pour l’avoir aider à se relever. Elle observa et écouta l’ensemble des protagonistes désormais présents dans la demeure de sa sœur.

La Dame qui s’était cachée depuis un certain temps ne semblait pas connaître les deux autres inconnus. Floria en déduisit qu’elle l’avait sans doute entendu crier et qu’elle était entrée pour l’aider…elle n’avait pas l’air d’être une voleuse, plutôt d’une âme charitable. Elle se nommait Jenifaël, c’était la première fois que Floria entendait ce genre de prénom, elle le trouva joli et doux. Judia l’aurait aimé aussi…

Tout en laissant les trois individus discuter, la jeune Morbise alla fermer la portée d’entrée à clé. Elle aurait pu se sauver comme initialement envisagé, mais elle risquait de laisser cette nouvelle venue seule, elle serait peut-être en danger…et il y avait plus des biens de sa sœur. Il était inenvisageable qu’ils touchent à quoique ce soit, Floria devait protéger le peu de choses qu’il restait de Judia.
*Au moins…je ne risque plus d’avoir de mauvaises surprises…* elle raccrocha la clé sur le crochet mis à disposition.

Restant en retrait, Floria était en face de ce Syp, adossée contre le mur…elle n’avait émis aucune réaction quand il donna son prénom et qu’il osa parler de sa sœur. Il n’était en rien responsable de tout cela, mais le simple fait qu’il parle de Judia lui était insupportable : que avait-il vraiment d’elle ?

La jeune femme savait qu’elle ne devait pas reporter sa tristesse et sa colère contre cet homme, mais une partie d’elle n’arrivait pas à se contenir. Elle était aussi en colère contre sa sœur…car au final, que savait-elle vraiment d’elle ?


« Madame, au risque de paraître grossier ou de vous déranger, je ne puis remettre une chemise seul dans mon état, les bandages sont trop sensibles, et je pense cela assez déplacé de le demander à la pauvre Floria, alors j’abandonne toute virilité pour vous demander un peu d’aide... » dit le dénommait Syp, tout en déposant un baiser sur la joue de la noble Dame.

Une mine de dégoût se dessina sur son visage : l’attitude de Syp la dérangeait. Quand il déposa ce baiser sur la joue d’Orline, Floria eut une envie de vomir.

Mais cela n’avait rien à voir avec Syp. Cela faisait plutôt écho à un ancien et récent souvenir qu’elle avait vécu…
*Tous les mêmes…tous les mêmes…*

C’est alors qu’une nouvelle pensée vint la saisir : il fallait qu’elle parte et vite ! Son père était probablement à mi-chemin de cette demeure…ou même « lui »… Elle détourna son regard des inconnus et se dirigea vers la cour. Floria ouvrit la porte pour apporter à la fois de l’air et de la lumière dans ce logement, mieux ne valait pas ouvrir les volets.

Sans rien dire au groupe, elle prit une autre clé suspendue à côté de la cheminée et se dirigea vers la roulotte de sa sœur. Au vu de son attitude, la jeune Morbise faisait bien comprendre à cette petite assemblée qu’elle voulait être seule. De toute manière, ce Syp ou ce Spy avait besoin de soins importants.

Prendre l’air lui fit du bien.

Tenant la clé de la roulotte dans ses mains, Floria observa ce qui faisait la fierté de sa sœur. Les larmes perlèrent à nouveau ses yeux quand elle vit « Aux deux fourchettes » - avec deux fourchettes entremêlées dessinées, l’une avec un F et l’autre avec un J et un soleil au-dessus.

Cela la toucha en plein cœur. Judia avait-elle envisagé depuis le début de faire venir Floria avec elle ? Ou était-ce juste un clin d’œil à sa petite sœur, son rayon de soleil ?

De l’extérieur, la roulotte pouvait attirer la curiosité des gens. Il y avait plusieurs couleurs, de jolies fleurs dessinaient…celles que l’on retrouve dans les près, les préférées de Judia.

A l’intérieur, Judia avait aménagé un coin cuisine, une banquette convertible en lit avec des rangements en dessous, un petit coin intime pour se laver. Il y avait une carte de Minas Tirith d’affichée, avec les rues dans lesquelles Judia avait l’habitude de se rendre. Des affiches du commerce, le prix des différentes recettes proposées pour l’intérieur et l’extérieur du petit bâtiment.
Cela sentait son odeur et l’odeur de fritures…la roulotte avait été utilisée récemment.

Elle se laissa tomber sur l’une des banquettes et fondit en larmes. L’annonce brutale de la mort de sa sœur lui était difficile, et l’idée de retourner chez elle lui fit extrêmement peur.

Floria mit ses mains sur son visage. Elle était seule. Seule pour se consoler. Seule pour réfléchir.
*Oh Judia…si seulement tu étais là. Tu saurais quoi me dire et quoi faire, tu me protégerais de tout…Tu me rassurerais…tu…tu ferais tout pour moi. Tu aurais dit à père de me laisser avec toi. Tu « lui » aurais sans doute dit d’aller se faire voir et l’aurais sans doute giflé si tu savais tout…* elle se releva et essuya ses larmes * Mais tu n’es plus là…qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que je dois faire…si seulement tu pouvais m’aid…*


Un tout petit signe gravé dans le bois de l’un des murs attira son attention. Leur défunte grand-mère fut une Dame très rusée, et assez cachotière. De son vivant, elle avait enseigné à ses petites filles plusieurs de ses astuces, dont l’art de la dissimulation.
A partir de ce minuscule signe gravé, la jeune Morbise posa sa main droite dessus, à l’envers. De son majeur, elle compta 7 pouces vers le bas et toqua deux fois sur le morceau de bois. Un petit claquement se fit entendre et Floria attrapa délicatement la latte qui venait de s’ouvrir.

Il y avait un carnet en cuir, plusieurs papiers…
*Ton carnet de recettes. Une sorte de sculpture, un arbre blanc ?! Un acte de propriété. Une autorisation de circuler dans et en dehors de Minas Tirith…Un laisser passer à ton nom…un autre…au mien ?!*

Une illumination se dessina sur son visage. Judia avait prévu des choses pour elle, et ce papier était son ticket de fuite. Un immense soulagement se dessina sur son visage, elle remercia du fond du cœur sa sœur, prévoyante en toutes circonstances.
Floria garda le carnet, son laisser passer – qu’elle rangea dans sa sacoche qui devenait un peu lourde- et rangea soigneusement le reste.

Une esquisse de plan se dessina petit à petit dans sa tête…mais il y avait ces trois personnes également. Il fallait leur parler.

Son absence avait duré quelques minutes. Les soins de Syp semblaient quasiment terminés tout comme son changement de vêtements. Tous se stoppèrent en voyant la jeune femme revenir.

Le visage de Floria avait gardé cette pâleur et cette tristesse de toute personne endeuillée :
« Je…je vous présente mes excuses pour mon attitude. » dit-elle sans regarder les trois individus « Les circonstances ne sont pas simples pour moi mais vous n’êtes en rien responsables. » elle posa alors son regard sur Syp et refermant la porte derrière elle. « Dame Jenifaël, merci pour l’aide que vous avez apporté, merci. Je vous paierai, pour les soins de cet homme.» elle marqua une pause et reprit « Il est de coutume chez nous de servir de quoi boire et de quoi manger à nos hôtes. Ma sœur…elle…m’hurlerait sans doute dessus en voyant que je ne vous ai rien servi.» elle eut un léger sourire triste « Vous semblez en avoir besoin…et moi également. Je reviens. »

Laissant Jenifaël et Orline finir leur ouvrage, Floria revint de la réserve avec un panier dans une main: il y avait du pain, de la viande séchée [HRPG : petite dédicace pour Hash’], des cornichons, du fromage soigneusement conservé, des bouteilles de cidre, de vin blanc et de vin rouge. Et dans l’autre main : une planche à découper et un couteau. Elle déposa l’ensemble des victuailles sur la table, sortit quatre verres en cristal d’un placard, des assiettes et des couverts et les mit à disposition des trois inconnus.

Syp venait d’être soigné et rhabillé totalement, il aura besoin de temps pour cicatriser mais il semblait en meilleur état.

La jeune Morbise sentait le regard de cet homme sur elle, mais il lui était difficile de discuter avec. Il était pourtant l’une des dernières personnes à avoir vu Judia. Elle avait tellement de questions à lui poser mais ses réponses seraient sans doute dures à entendre…aussi, préféra-t-elle se préserver.
« Servez-vous... Je dois écrire à mes parents pour ce qui est arrivée à J..ma sœur, cela ne prendra que quelques minutes. »


Il fut une nouvelle fois douloureux d’être dans sa chambre. Floria s’assit au secrétaire de Judia. Tous les tiroirs étaient vides, il n’y avait que des feuilles, des enveloppes, de la cire rouge, une plume, de l’encre et un sceau avec un « M » entouré de roses.


« Mes chers parents,

Je suis au regret de vous annoncer la mort de notre très chère Judia.

Les circonstances de son départ me sont encore inconnues mais je veillerai à les connaître, vous en serez informés dès lors.
Pardonnez-moi d’être partie.

Mon souhait le plus cher était de la retrouver et de vivre avec elle. Vous comprendrez que je ne peux laisser périr ce qu’elle avait construit, c’est la seule part d’elle qu’il me reste.

Je vous supplie d’abandonner cette idée de mariage. Je n’en voulais pas. Judia ne le souhaitait pas non plus. Je sais qu’elle vous avait écrit père à ce sujet.

Par amour pour notre Judia et par amour pour moi, laissez-moi vivre comme elle.

Je vous aime malgré tout,

Floria. »


Elle mit ladite lettre dans une enveloppe, alluma une bougie pour y laisser fondre la cire et y déposa ensuite le sceau de Judia pour la fermer.

Comme sa sœur avant elle, Floria déposa l’enveloppe sur le rebord de la cheminée. Il y était écrit : « Papa et Maman ».
Floria revint dans la pièce de vie et s’assit à côté de Jenifaël. Le fait de manger quelque chose lui fit du bien, elle but avec modération.

Tout comme sa sœur, Floria devint un peu plus loquace sans trop en dire sur elle et tout en gardant son plus grand secret…
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... EmptyLun 3 Avr 2023 - 11:55


Après l’invitation encourageante d’Orline, la jeune guérisseuse entra et s’avança d’un pas sûr vers la table où elle déposa son matériel impressionnant de spécialiste et se mit directement au travail, enlevant un à un le travail fastidieux préalablement effectué par la jeune femme bien au courant de ses limitations dans le domaine. Elle ne put s’empêcher d’observer ses mouvements avec intérêt, essayant d’apprendre les bonnes pratiques et surtout subjuguée par une telle assurance. Elle se demandait quelles plantes étaient utilisées, comment les décoctions étaient préparées ? Elle nota le manque d’étiquette sur chaque bouteille, cependant la jeune femme du nom de Jenifaël les prenait avec rapidité avec à peine un regard, toute concentrée sur son patient.
Bientôt, les effluves médicinaux envahirent le salon et Orline détourna le regard, se rapprochant de ses affaires laissées en bout de table.


- Je me suis présentée, puis-je savoir vos noms ?

La jeune femme lui offrit un sourire chaleureux et sincère. Elle réfléchit rapidement. Dévoiler son nom ? Le préserver ? Quelle était l’option la plus sûre ? Elle pensa après quelques réflexions et scénarios imaginés que l’option la moins dangereuse était encore de dévoiler son prénom. Rester au plus proche de la vérité pour éviter de glisser vers un mensonge dont elle ne pourrait se défaire.

- Je me nomme Orline, dit-elle sobrement en observant les cicatrises abondantes dans le dos de Syp.

Une interrogation du regard. Juste Orline ? Orline suffirait largement. Elle s’éloigna doucement pour laisser de l’espace à la guérisseuse. Après cet enchaînement d’évènements, son esprit était embrumé et fatigué. Une chose était sûre, elle ne pouvait rester ici longtemps. Si elle était recherchée, les premiers lieux qui seront vérifiés seront en toute logique les lieux d’habitations des anciennes recrues et en priorité ceux des survivants.
Combien de survivants étaient-ils au juste ? Elle n’avait même pas pu poser cette question primordiale à Syp. Avant de partir, elle devait absolument trouver un stratagème pour se retrouver seule avec lui et lui soutirer les informations qu’il avait. Sa survie en dépendait. Ses parents étaient-ils en danger par sa faute ? Son cœur se serra à cette pensée et elle se maudit de son orgueil l’ayant poussé à accepter la proposition du Directeur Rhydon de rejoindre les rangs de l’Arbre Blanc. En cherchant un moyen d’augmenter ses profits afin de sauver sa famille de la faillite, elle pourrait très bien les avoir mené directement à leur perte.

Perdue dans ses pensées, elle ne réalisa pas tout de suite que les soins avaient pris fin et que Syp se tenait désormais à côté d’elle en bout de table. Jenifaël avait été d’une efficacité redoutable ! L’odeur de miel se mêlait désormais à celle de sueur et de fumée de l’homme blessé. Pourquoi se tenait-il aussi proche ?! Il l’avait prise au dépourvu par cette proximité inattendue et voulu reculer mais se retrouva coincée contre la chaise.
Les mots qu’il prononça ensuite contre son oreille la laissa dans un état confus qui se transforma très rapidement en colère vive lorsque ce dernier planta un baiser sur sa joue. Par réflexe elle leva la main, prête à le gifler de manière brutale et sonore mais se repris au dernier moment en reprenant conscience de son entourage et des témoins à quelques pas. Sa main descendit donc légèrement et se posa sur le torse du guerrier pour le repousser doucement.


- Voyons Syp, pas en public !

Elle s’empara ensuite de la chemise blanche tendue timidement par l’homme et tourna le dos aux jeunes femmes pour pouvoir librement fusiller le blessé du regard. Pour qui la prenait elle au juste ? Jenifaël devait avoir raison en sous-entendant des dommages internes, il avait dû prendre un sacré coup sur le crâne ! Il a du mal interpréter la situation et sa présentation auprès de la nouvelle arrivante. Mais que pouvait elle bien dire, à la place ? Qu’il s’agissait d’une recrue rescapée d’un potentiel carnage dans les sous terrains de la Cité et qu’il lui avait sauté dessus préalablement dans les ruelles, trop content de tomber sur un visage familier ? Le dos tourné vers les jeunes femmes, Orline ne réalisa pas le départ de ‘Flora’.
Elle voulut lui enfiler la chemise sans ménagement d’un coup mais força son souffle à se calmer en expirant lentement, bouche entrouverte. Maintenant qu’ils étaient dans cette situation, agir à l’encontre de l’idée perçue serait regrettable. Elle se promit néanmoins de remettre les points sur les i à la première occasion si elle sentait que les…doutes persistaient.

Ses mains se raffermirent autour du tissu, et son regard se releva lentement vers celui d’acier du guerrier au sourire pourtant engageant malgré la blessure qui lui déformait la mâchoire. Elle remarqua d’aussi près que leurs cheveux étaient de longueur équivalente. Là où Syp les avait emmêlés, sales et abimés, Orline les portait lisses et soyeux, une odeur d’argan s’en dégageant subtilement. La jeune femme aimait par-dessus toutes les huiles importées de son pays natal le Harondor, et elle en faisait une utilisation presque spirituelle en s’en appliquant de haut en bas et procédant à un massage méticuleux ayant le mérite d’enlever les résidus de tensions dans son corps.
Elle invita le guerrier à se pencher légèrement, et passa le col de la chemise sur sa tête ainsi que les manches en veillant à commencer par le bras le plus blessé pour limiter les douleurs. Elle fit ensuite glisser ses mains vers le bord en bas et tira pour l’abaisser. ‘Bientôt fini’, pensa-t-elle, quelque peu inconfortable par une telle proximité.

Sa réussite fut de courte durée, les cordelettes du col s’étant malencontreusement coincées dans les nœuds de la chevelure de Syp qui se retrouva à moitié relevé, les bras en l’air dans les manches et le visage entièrement caché par la chemise. Orline ne put retenir un léger rire et envisagea sérieusement à le laisser dans l’état. Après tout la chemise était enfilée, non ? Sa part du marché avait été respectée.
Un grommellement se laissa entendre à travers le tissu, agrandissant le sourire moqueur d’Orline qui daigna à s’attaquer aux nœuds de l’homme resté penché à cause de leurs différences de taille. Elle fit de son mieux pour travailler rapidement et éviter de casser davantage les cheveux de son ‘compagnon’. Il bougea quelque peu, probablement inconfortable dans cette position, mais Orline le remit à l’ordre rapidement avec un ‘
tsk tsk’ sifflé entre sa langue et ses dents, entrecoupé d’un rire. S’il avait tenté de la ‘séduire’ avec sa demande, c’était loupé dans un accoutrement pareil.

Orline attira un peu Syp vers elle pour mieux voir et bientôt réussit à libérer le guerrier de sa prison capillaire cruelle. Elle attrapa le tissu et tira à nouveau pour faire enfin passer le col, se retrouvant à nouveau si proche, trop proche de lui, à même hauteur de regard.
Elle n’avait jamais été aussi près d’un homme avant. Certes elle venait de le soigner juste avant, mais enfiler une chemise c’était une tout autre affaire et revêtait d’un domaine beaucoup plus…intime. Comment pouvions nous être à ce point…alerte à la présence d’une autre personne ? Dans le moindre détail ? La chaleur de sa respiration contre sa peau, l’intensité de son regard, et les frissons parcourant ses épaules ? Orline relâcha prise de suite et recula pour reprendre de la distance. Ses pensées filèrent à toute allure, elle n’avait même pas souvenir d’avoir connu une telle proximité avec une femme.

Elle se retourna vers la guérisseuse et s’approcha d’elle en la voyant ranger soigneusement ses décoctions médicinales.


- Je vous remercie pour vos soins. Puis-je vous acheter quelques préparations pour désinfecter les blessures et améliorer leur cicatrisation ? Auriez vous des recommandations pour assurer son bon rétablissement ?

Un bruit de porte qui se referme fit réaliser à Orline le retour de ‘Flora’. La jeune femme était pâle et le regard perdu, ce qui était tout à fait compréhensible en vue de la situation et de l’enchainement des évènements. Lorsqu’elle entendit les excuses de la sœur de la défunte, elle voulut contester mais en la regardant elle pensa que rien de ce qu’elle pourrait dire ou lui offrir ne puisse soulager sa détresse. Elle acquiesça donc avec gratitude à la proposition d’un repas. Ils en avaient tous besoin pour se remettre de leurs émotions et établir le plan d’action. Qui sait quand serait leur prochain repas en ces temps incertains ?
Elle aida la jeune guérisseuse à faire de la place sur la table et voulut trouver les assiettes et couverts mais n’en eut pas le temps avant le retour de leur hôtesse. Elle nota des dessins peints sur les rebords dont le style lui rappela les ornements du portrait des deux jeunes sœurs. Elle se demanda si cette passion pour cet art venait de Judia, ou de ‘Flora’ ?

Elle jeta un regard vers Syp pour s’assurer qu’il était en mesure de se nourrir par lui-même et s’assit en adressant ses remerciements une fois de plus la générosité de ‘Flora’. Elle se servit donc en victuailles mais préféra décliner l’alcool pour assurer que son esprit demeure vif. Elle avait bien besoin de reprendre des forces elle-même avant les épreuves qui l’attendaient certainement et bien plus tôt qu’elle ne l’aurait voulu.
Au retour de leur hôtesse, Orline prit la parole :


- Nous nous excusons pour le désagrément occasionné par notre visite. Nous allons prendre congés désormais. Les affaires m’attendent dans le quartier marchand. Si je puis…avoir l’audace…de vous demander votre aide une fois de plus ? Je crains que la distance ne soit trop grande à parcourir pour Syp….accepteriez vous de nous y conduire ? Je vous rémunérerai bien entendu pour vos services.

Orline avait longuement réfléchit à leurs différentes options et devait s’assurer d’obtenir les informations de Syp avant de pouvoir se séparer. Elle pensa l’emmener pour le moment à l’abri dans l’arrière-boutique d’une échoppe Haradiel moins fréquentée.
Si elle devait organiser son départ de la Citée, cela serait l’endroit idéal pour faire ses provisions et laisser un message potentiel à ses parents. Elle ne pouvait pour l’instant pas envisager un autre scénario.


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:36, édité 1 fois
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De mal en pis... EmptyLun 3 Avr 2023 - 22:27
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Jenifaël #Pnj



La jeune femme à qui j'ai demandé son nom me regarda avec un sourire chaleureux, mais au fond de ses yeux, je vois une certaine hésitation. Après tout, je suis une inconnue qui est entrée dans cette maison sans invitation, elle pourrait très bien ne pas me le donner et je n'aurai d'autre choix que de l'accepter.
Elle détourne le regard vers mon patient tout en me répondant.

- Je me nomme Orline.

Je lui affiche un grand sourire et replace mes cheveux derrières mon oreille.

- C'est un joli prénom pour une jolie femme ! Enchantée Orline !

Elle me laissa plus d'espace et en l'observant, je remarque qu'elle semble tracasser. Elle me fait penser à mon regretté frère, il avait ce même visage lorsqu'il réfléchissait à des histoires compliquées.

Alors que je range mes flacons de diverse liquide tous autant précieux les uns que les autres, l'homme se lève et se dirige vers Orline et lui chuchota quelques choses dans l'oreille avant de déposer un léger baiser sur sa joue. La jeune femme est prise en dépourvu et ne parais pas savoir comment réagir avant de reprendre ses esprits et de l'aider à enfiler la chemise. Les cheveux de l'homme se coincèrent dans les cordons de la chemise et je n'ai pu m'empêcher d'étouffer un rire en plaquant ma main sur ma bouche. Je ne peux pas m'empêcher de penser que ce duo est plutôt comique malgré leurs différences de caractère que j'ai pu apercevoir jusqu'à maintenant.

Orline fini par réussir à le libérer et je reprends le rangement de mon matériel tout en baissant la tête pour que mes cheveux retombent à fin de cacher mon sourire. Ce n'est pas le moment de mettre mal à l'aise la femme plus qu'elle ne l'est déjà.

- Je vous remercie pour vos soins. Puis-je vous acheter quelques préparations pour désinfecter les blessures et améliorer leur cicatrisation ? Auriez-vous des recommandations pour assurer son bon rétablissement ?

Certaine de mes préparations sont des secrets, j'ai mis des jours à travailler dessus à fin de concevoir le bon dosage, des ingrédients que j'ai dû aller chercher dans des endroits dangereux et inhospitalier. Je comprends sa question, il a en effet besoin de recevoir encore des soins sous risque de périr dans de grosse souffrance, mais je ne peux pas donner mes astuces, c'est mon seul moyen de vivre et divulguer mes secrets revient à me retirer le pain de la bouche.

Pendant que je réfléchis, j'entends un bruit de porte et l'arrivée de Flora, qui n'a toujours pas dit si cela étais vraiment son prénom, dont le visage affiche un deuil douloureux, qui me brisa le cœur, s'excusa de son comportement.

- Je…je vous présente mes excuses pour mon attitude. » dit-elle sans regarder les trois individus « Les circonstances ne sont pas simples pour moi mais vous n’êtes en rien responsables. » elle posa alors son regard sur Syp et refermant la porte derrière elle. « Dame Jenifaël, merci pour l’aide que vous avez apporté, merci. Je vous paierai, pour les soins de cet homme.» elle marqua une pause et reprit « Il est de coutume chez nous de servir de quoi boire et de quoi manger à nos hôtes. Ma sœur…elle…m’hurlerait sans doute dessus en voyant que je ne vous ai rien servi.» elle eut un léger sourire triste « Vous semblez en avoir besoin…et moi également. Je reviens. ».

Qui peut lui en vouloir ? Je devais certainement avoir le même visage et le même regard a la mort de ma mère.

Elle nous tourna le dos en se dirigeant vers une pièce, nous laissant diverse choses à manger ainsi que du vin. Mangeant avec appétit et buvant un verre de vin rouge, je couve du regard mon patient à fin de pouvoir intervenir rapidement si quelques choses devaient mal tourner, mais il semblerait qu'il se débrouille fort bien.

C'est en fixant mon vin rouge, que je me remets a pensé a ma mère, le visage pâle, les yeux vident. La mort, quel horrible chose. Des sentiments de regret de ne pas être revenue plus vite pour la soigner me hantent. Je ne veux plus jamais perdre un patient et revoir ce visage vide de vie, et cet homme pourrait mourir si je ne peux pas continuer mes soins jusqu'à son rétablissement.

Perdue dans mes pensées, la voix d'Orline me ramène au présent.

- Nous nous excusons pour le désagrément occasionné par notre visite. Nous allons prendre congés désormais. Les affaires m’attendent dans le quartier marchand. Si je puis…avoir l’audace…de vous demander votre aide une fois de plus ? Je crains que la distance ne soit trop grande à parcourir pour Syp….accepteriez vous de nous y conduire ? Je vous rémunérerai bien entendu pour vos services.

L'image de ma mère morte revient et je la fixe avec de grands yeux remplis d'effroi et ma lèvre tremblante.

* Non ! Je refuse de perdre quelqu'un ! *

- Dame Orline, je ne demanderai aucun paiement pour les soins de votre compagnon, mais je demanderai juste une chose.

Je me redresse en rassemblant mes esprits et la regarde d'un air déterminé.

- Permettez moi de vous accompagner tous les deux, il doit encore recevoir des soins sans quoi le sang continuera à couler et il risquerait de faire une infection et de perdre la vie rapidement. Je ne vous incommoderais pas et je pourrais vous être utiles, je ne suis pas que guérisseuse, les rues ne sont pas toutes sûres, je suis une bonne combattante, je pourrais ainsi vous éviter certaine mauvaise rencontre, et j'ai un visage inspirant la confiance dans la cité, je pourrais certainement vous être utile pour toute sorte de chose. Je refuse de perdre un patient. Je ne pourrais plus me regarder en face.

Ma voix presque implorante et mon regard déterminé, je la supplie silencieusement de ne pas me laisser en arrière avec le regret de ne pas avoir fini des soins qui nécessitent plusieurs traitements sur plusieurs jours.
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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... EmptyVen 21 Avr 2023 - 15:30
De mal en pis... Syp12





- « Voyons Syp, pas en public ! »

D’après le faciès outragé d’Olrline, Syp avait dû mal interpréter les mots « mon compagnon… ». Tout-est-il qu’elle se retourna vers lui, l’affligeant d’un regard noir. Ô Syp savait qu’il devait paraître ridicule aux yeux de cette femme, mais il ne faisait rien d’autre que jouer le jeu de la survie. Se faire passer pour un rustre un peu bête mais sensible lui permettrait de cacher au maximum les lourds secrets qu’il gardait. Et puis flirter avec Orline ne le dérangeait pas, il fallait dire qu’elle était plutôt belle et... charmante ?
Bref, autant continuer dans cette voie pour au moins tromper la perception de Jenifael, quant à Floria, que Syp la dégoutte n’était pas plus mal, au moins celle-ci ne se mêlerait pas de ses affaires... et ne finirait pas comme sa sœur. Trop d’innocents avaient péris dans cette histoire, Floria ne devait pas être la prochaine. Quand a Orline en soit, Syp se doutait bien qu’elle voulait des réponses, et que cela donnait un pouvoir certain au rescapé. Même si le chantage posait un problème moral à Syp, sa vie pourrait en dépendre cette fois…

C’est en entendant la douce respiration de sa compagne que le vétéran revint à des considérations plus prosaïques, celle-ci semblait prendre son temps pour commencer à enfiler la chemise...Syp lui jeta un regard, doux et interrogateur... jouer sur l’ambiguïté était tout de même bien arrangeant... ...ses yeux couleur de fer rencontrèrent une nouvelle fois le charmant regard marron d’Orline, tel deux puits de douceur couleur des bois, où se perdre n’eut pas été synonyme de malheur mais d’infinie jouissance…La poésie fut coupée court lorsqu’Orline demanda au guerrier de se pencher, ce qu’il fit avec un grognement de douleur. La jeune fille commença alors à enfiler la chemise, commençant par le bras le plus touché. La douceur de ses mains calma les tiraillements de douleur de Syp, le glissement des doigts d’Orline sur sa peau étaient tel un léger vent d’été, se mêlant, à travers les effluves de sang et d’herbe, au doux parfum de sa peau, si douce., si…

- « aiiiiieeeee »
, l’indignation soudainement chuchotée de Syp vint du fait que les petites cordelettes sur col de la chemise s’étaient salement coincées dans la chevelure salle de l’ex-recrue. Il trônait donc là, coincé dans une chemise à demi-mise, les bras en l’air et le torse à l’air. Syp put sentir le sourire de son habilleuse, même sans la voir, et bien pour le côté séduisant c’était un peu fichu, mais au moins il la faisait rire, et puis comme disait l’expression…

Alors qu’elle défaisait tranquillement les nœuds de ses cheveux, Syp tenta de bouger, mais fut réprimandé doucement par Orline, et il se tint de ce fait tranquille, les bras en l’air, coincé dans la chemise comme une vivante attraction, impression confortée par le franc rire d’Orline face à cette vision. Lui-même laissa échapper un petit sifflement amusé, malgré l’inconfort.

Mais alors que sa tâche était finie, Orline remit vite et bien la chemise sur le torse de Syp. Mais se faisant ils se retrouvèrent proches...très proches. Face à face. Syp sentait les mains d’Orline sur la chemise, sur son torse, elles paraissaient bien petites face à la musculature du baroudeur, mais malgré ca leur contacte était brûlant pour l’homme...Tout ses nerfs étaient tendus, Syp frissonnait, pris d’un feu intérieur dévorant. Elle était toute prêt, il sentait son corps tout proche du sien, seulement recouvert par une chemise, il sentait sa respiration saccadée, et elle devait aussi sentir la sienne, tout deux étaient dépassés par la situation et ne comprenaient pas parfaitement leurs sentiments, pourtant si forts… Jamais il n’avait exepecté ressentir des choses aussi fortes pour sa camarade...Qui se recula vite, sous le choc de ce qu’il venait de se passer. Et alors qu’elle s’éloignait, toute tremblotante, vers la guérisseuse, Syp sentit perdurer l’intense chaleur là où les mains D’Orline avaient été contre sa peau, il continuait à sentir son odeur, elle emplissait ses narines, ces fragrances exotiques d’huiles essentielles, si différente de celles qu’il connaissait, alors qu’il avait tant voyagé...Cette femme était vraiment  surprenante, et... dangereuse pour le calme et la pondération de Syp.

S’ensuivit un repas bien mérité, ou Syp, capable de manger seul, mais lentement, remplit son ventre bien vide de victuailles. Et tenter de faire disparaître la sensation de plaisir qui parcourait sa peau en provoquant le plaisir de son estomac !Il réfléchit alors à son plan ? Tout d’abord, il lui fallait quitter la ville, au plus vite, en évitant la garde, car bien que pour beaucoup il était mort, il était certain que le gouvernement avait fini par savoir sa survie...Et la nouvelle ne tarderait pas à se répandre, et malgré ses efforts pour jeter tout signe distinctifs, il n’avait pas le droit à l’erreur. Il devait quitter la Cité Blanche, et pour se faire il était prêt à faire des concessions sur sa morale jusqu’à un certain point...Et il était déterminé à ne jamais livrer l’entière vérité à qui que ce soit d’autre que Petrus, bien qu’il espérait qu’Orline puisse le suivre, il savait qu’il ne fallait pas qu’il lui révèle son entrée dans la résistance, en tout cas pas tant qu’elle n’avait pas son entière confiance...Et puis après Minas Thirit ? Que ferait-il ? Et bien il trouverait le capitaine, par tous les moyens, et il aurait sa vengeance, mais surtout, ils auraient la révolution, et les pourris tomberont, il espérait que Petrus et les autres avaient une certaine organisation, et qu’ils pourraient soutenir les émeutiers ici...Son bras avait déjà tué Rhydon, ne restait plus qu’à faire tomber les têtes de tous ceux qui ici tuaient le peuple Gondorien ! Une phrase lancée par Orline attira son attention.

Et bien, c’est parti pour le quartier marchant, pour l’instant nous resterons sous couverture, et puis elles ont toute l’air d’avoir des moyens que je n’ai pas, alors autant en profiter, et puis Orline...Orline rien ! L’heure ne devrait pas être aux romances et à l’érotisme ! Même si...Orline quoi…


Le guerrier laissa sortir un petit soupire rêveur, « Madame Floria, je n’ai pas d’argent pour vous...Mais si votre cœur est prêt à l’entendre, j’ai des réponses...je n’ai pas d’autres façons de vous remercier...Vous...Vous savez...elle était très fière de vous...Judia était fière de vous...Sur tout les points... »

L’homme, emporté par ses souvenirs, de ses longues discutions au Châmeau, autour d’une chope, avec Judia, Timéon et Hosh’, où ils parlaient de Floria, ou Judia leur promettait qu’un jour elle leur présenterait ! Où Judia parlait de liberté, d’avenir, de fleurs et de frites. Où Hoshen parlait de ses plus beaux exploits de vol à la tire, de ses délicieuses anecdotes de tavernes, de la façon qu’il avait de parler avec les mains...Où Timéon parlait de Morgul, ce fameux, homme de l’ombre, homme de tout les métier, qu’il connaissait bien ! A ses dires en tout cas ! Morgul par là...Morgul par ci...Et où était Morgul et tout son réseau quand le grand homme était mort percé d’une lame dans les entrailles sur le sol de l’hôtel Claymore ? Où étaient-t-il tous passés ? Où étaient ses camarades… ?
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Sighild Baldrick
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De mal en pis... EmptySam 22 Avr 2023 - 21:56
De mal en pis... Floria14
#Floria #Morbise #Judia

***

De tout le domaine familial, le potager de grand maman était leur lieu de réconfort. L’on pouvait y sentir un mélange d’odeurs de fleurs, il y avait aussi un mélange des saveurs : le potager de leur grand maman était rempli de beaux légumes et d’arbres fruitiers.

La grand-mère Morbise avait habitué ses cinq petits enfants à gérer un potager dans toutes ses étapes. Issue d’une famille très modeste, elle avait appris à ses enfants, puis à ses petits enfants à ne pas oublier leurs origines.

Ses petits enfants appréciaient par-dessus tout la récolte : Judia adoré « récolter » les framboises (qui diminuaient de moitié), les garçons préféraient manger les fraises, Floria quant à elle adorait les groseilles et les mûres.

Et ce fut dans ce même potager que le prénom de Floria fut trouvé. Trois générations de femmes se retrouvèrent entourer des nombreuses variétés de fleurs, échangeant sur cette grossesse surprise mais si attendue.

Floria est un nom issu de l’amour d’une grand mère pour les fleurs [Flore] et de celui d’une sœur, qui lui donna une partie de son prénom [ia].

Ce fut au milieu de ses fleurs que Judia avait retrouvé Floria, d’humeur boudeuse. La petite fille était en colère contre sa sœur, qui ne fut pas présente pour ses dix ans, prise par ses affaires.

Judia avait à l’époque vingt ans et avait réussi à monter sa première affaire, qu’elle tentait de développer et qui lui prenait tout son temps. Elle était à peine arrivée chez ses parents qu’elle s’était immédiatement rendue dans le potager de leur grand maman, sachant pertinemment qu’elle trouverait sa petite sœur.

Le regard que Floria lui lança parlait de lui-même mais cela ne déstabilisa en rien Judia :
« Tu risques de prendre racines si tu restes assise là… » dit-elle en s’avançant vers le fond du jardin.

De son air malicieux, Judia avait regardé sa petite sœur qui était totalement fermée à l’échange.

L’aînée des Morbise s’était alors assise à côté de Floria :
« Hm. Et en plus, il y a une pluie qui ne va pas tarder à venir…tu feras une très belle plant… » poursuivit-elle, avec un petit rictus.


« Si tu es venue me parler de plantes, autant que tu repartes.» lui avait-elle répondu sèchement.

Il était là, ce petit tempérament de feu. Sa réaction ne fut pas une surprise pour Judia. Elle comprenait l’immense déception vécue par sa petite sœur, elle-même fut peinée de ne pouvoir venir et elle espérait pouvoir rattraper cette absence. De toute évidence, sa petite sœur devra s’y faire car elle sera de plus en plus loin…
« Très bien. » elle se releva, en prenant le temps d’essuyer ses vêtements
« Je n’ai plus qu’à vous dire au revoir, Mademoiselle la plante geignarde. » elle s’inclina respectueusement et lui tourna les talons.

En se dirigeant vers la sortie du potager, un caillou vint lui fouetter son mollet droit. Judia se retourna immédiatement vers sa sœur, qui s’était elle-même redressée fronde à la main.

La petite fille était rouge comme une tomate et lui hurla :
« Je préfère être une plante geignarde qu’une grande sœur menteuse et méchante ! »  Judia rebroussa chemin d’un pas décidé « ô je suis assez grande pour ne pas avoir peur de toi ! Moi quand je dis quelque chose je le fais alors si tu veux rentrer chez toi et bien RENTRES Y TIENS ! TU NE ME MANQUERAS PAS !!! » de rage, elle avait lancé sa fronde au sol.

Des larmes coulèrent sur le visage de Floria. Ces derniers mots, elle ne les pensait pas du tout…et Judia l’avait bien compris.

L’aînée se mit à hauteur de sa petite sœur et la prit dans ses bras. Floria s’était alors blottie contre elle et pleura toutes les larmes de son corps :
« Je suis désolée…je ne voulais pas…je…le..pardon Judia… »

« Là…c’est tout…Chhhuuttt. »


De par son statut d’aînée, Judia avait toujours eu un rôle important pour sa fratrie. C’était celle qui calmait parfois les discussions avec leurs parentes, qui prenait leur défense pour les petites bêtises. Judia aimait sa famille, elle aurait été prête à tout pour eux.

La relation avec Floria était différente, car cette petite sœur qu’elle avait tant attendue était enfin venue au monde. Il était évident que Judia aimait sa petite sœur par-dessus-tout, elle s’était occupée d’elle dès son plus jeune âge.
La savoir ainsi mal, pleurant à chaudes larmes contre elle, lui brisa le cœur.

Floria fut surprise de sentir des larmes couler sur son crâne. C’était la première fois que Judia pleurait devant elle.
La petite fille était loin de se douter de tout ce que vivait Judia, la place d’une femme dans les affaires n’était pas toujours chose aisé et elle devait régulièrement se battre pour se faire sa place :
« Jud…je ne voulais pas te faire pleurer grande sœur. Je t’aime tu sais. » elle lui essuya ses larmes avec ses petites mains.

« On fait parfois des choses étranges sous le coup de la colère ma chérie…ça n’est rien. »
Elle lui sourit « Je t’aime tant si tu savais. » elle lui embrassa les mains.

Elles sentirent soudain quelques gouttes d’eau. La pluie allait arroser le potager et cacher leurs larmes. Sans plus attendre, Floria monta sur le dos de sa grande sœur :
« En avant ! A Dada ! » dirent-elles à l’unisson.

Et c’est ainsi que la paix et l’amour prirent le dessus. Judia était restée trois jours auprès de sa famille.

Elle repartit ensuite chargée de provisions, d’or et aussi des dessins de Floria qui commençaient déjà à être prometteur.

Lors d’un repas, Floria avait griffonné deux fourchettes…l’idée avait plu à Judia qui l’avait gardé précieusement.

C’est ainsi que l’idée des deux fourchettes avait germé dans sa tête…
***

C’était l’un des plus beaux souvenirs qu’elle avait de sa sœur. Depuis l’annonce de sa mort, ils lui revinrent en mémoire, et ils étaient à la fois doux et douloureux.

Floria était tiraillée entre sa volonté de comprendre la mort de sa sœur mais aussi par celle de fuir son avenir imposé.

Floria savait qu’elle serait inconsolable. Ce souvenir lui fit prendre confiance ô combien elle fut dure envers sa sœur à l’époque. Elle joua avec la bague offerte par Judia tout en regardant leur portrait. Elle s’en voulait d’avoir osé employer ces mots…aujourd’hui, Judia lui manquait terriblement.

Tout en écoutant ses « compagnons », elle grignota quelques morceaux de fromages, remercia lorsqu’on lui servit du vin et mangea un peu de pain. Elle mangeait en douceur et avec précaution, son estomac était comme noué.

Floria était entourée de deux femmes au demeurant sympathiques. Orline, une noble dame et Jenifaël, une guérisseuse consciencieuse, inquiètes pour le dénommé Syp.

La jeune Morbise avait écouté avec attention les deux femmes. Ce « couple » devait partir, et Jenifaël ne voulait pas que les blessures de Syp ne l’emportent. Cependant, si ce « couple » s’était caché ici, c’est qu’il devait être probablement recherché…par les mêmes personnes responsables de la mort de Judia.

La caravane semblait la cachette idéale, le laisser passer de Judia pourrait l’aider à partir ensuite. Mais que faire ensuite ? Rester à Minas Tirith était trop risqué pour elle, si son père venait à sa recherche, ou même « lui »…il lui serait compliqué de se délier de cette union à venir.

Elle pouvait très bien aller jusqu’au domaine Morbise pour montrer qu’elle était capable de remplacer sa sœur dans ses affaires…mais avec quel risque à la clé.

Tant de questions…sans réponse. Syp la fit sortir de ses pensées :
« Madame Floria, je n’ai pas d’argent pour vous...Mais si votre cœur est prêt à l’entendre, j’ai des réponses...je n’ai pas d’autres façons de vous remercier...Vous...Vous savez...elle était très fière de vous...Judia était fière de vous...Sur tout les points... »

Leur rencontre avait été assez étrange, tout comme l’apparence de cet homme…mais il avait finalement l’air gentil, ce Syp. Floria l’avait sans doute mal considéré…mais qui pourrait lui en vouloir ?

Ces mots lui firent du bien. Elle ne doutait pas de l’avis de sa sœur, mais elle l’avait dit à d’autres personnes…cela la toucha. D’ailleurs, Floria regarda Syp pour la première fois avec bienveillance :
« Appelez-moi Floria. » dit-elle calmement « Je vous remercie pour ces mots, j’étais aussi très fière d’elle vous savez. » des larmes lui montèrent aux yeux, elle sourit « Nous aurons, je l’espère, l’occasion d’en parler plus tard…comprenez que ma peine est immense et qu’il me faut du temps pour tout entendre. Merci Monsieur Syp, de tout mon cœur merci. »

Sa condition bourgeoise lui interdisait de s’étendre en émotions face à des inconnus. Elle croisa le regard d’Orline, qui sembla le comprendre.

Refoulant ses larmes, Floria s’adressa à ses nouveaux compagnons :
« J’ai écouté avec attention vos avis respectifs. Je dois moi-même partir…une affaire importante que je dois régler pour ma sœur…» à sa mine, on pouvait sentir un mensonge à demi assumé « Je vais prendre la roulotte ambulante, ainsi que mon cheval. Il m’est impensable de laisser ma jument seule. »Elle regarda Jenifaël « Si Monsieur Syp reste au repos dans la roulotte, il n’y aurait pas de risque pour lui et Dame Orline pourrait surveiller ses blessures en suivant vos instructions. » son assurance pouvait faire penser à celle de Judia « Nous pourrions nous suivre, comme deux commerçantes de Minas Tirith. Vous seriez notre guide avec vos connaissances de la ville et si vous savez vous battre, cela me rassurera…je n’ai pas l’âme d’une guerrière. »

Elle prit une gorgée de vin pour humidifier sa gorge et reprit :
« Qu’en pensez-vous ? Nous pouvons encore nous laisser quelques minutes en préparatifs et commencer à partir. »

***

Floria avait inspecté la chambre de sa sœur, les choses de valeurs étaient cachées soigneusement il n’y avait donc rien à craindre. Il ne manquait rien dans sa sacoche, dont la lettre écrite par Judia qu’elle n’avait pas encore lu. Elle aurait sans doute des réponses dedans mais pour l’heure, il fallait partir.

Manœuvrer la roulotte ne posa pas vraiment de problème, Floria fut aidée pour le faire. L’on mit dans la roulotte des vivres, à la fois pour que le commerce ambulant paraisse opérationnel mais aussi pour Floria et son « équipe ». Ils mirent également la malle de soins pour Syp.

Cadichon et Aliéna furent sortis de leur étable. L’âne fut préparer pour le grand départ et Aliéna attachée solidement à l’arrière de la roulotte. Floria se montra douce envers les deux animaux, les câlinant et leur chuchotant une petite chanson.

Lorsque tout le monde fut prêt à partir. Floria raccompagna la guérisseuse à l’entrée principale de la maison et referma à clé derrière elle.

Elle ouvrit la grande porte de la cour seule, puis aidée par Jenifaël qui avait fait l’avait rejoint avec sa propre monture.

Floria lança un dernier regard sur le modeste logement de sa soeur. En quittant la demeure familiale, elle était loin de se douter de tout ce qui allait se arriver…Elle referma alors cette entrée à clé, scellant une partie des souvenirs de Judia et échangea un sourire timide à Jenifaël.

Elle se dirigea ensuite vers la roulotte, rênes en main, elle ordonna à Cadichon d’avancer et suivit Jenifaël…



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De mal en pis... EmptyDim 23 Avr 2023 - 20:11

Orline se resservit quelques victuailles dans son assiette, délaissant cependant le vin pour de l’eau claire, écoutant Jenifaël et Syp sans émettre de commentaires. Le ton empressé de la guérisseuse dénotait bien son jeune âge. En pensant à cela, Orline se sentit soudain vieille, bien plus qu’elle ne l’était en réalité. Les évènements récents avaient profondément marqué son moral, et elle sentit dans ce désespoir, cette véhémence, les traces de cauchemars et de regrets qui faisaient échos aux siens. Un bruit de calèche et du cortège en panique, des cris, et le sable taché de sang. La jeune femme ferma un bref instant les yeux pour essayer de chasser ces visions et sa nausée passagère.
Les mots ‘je refuse de perdre un patient, je ne pourrai plus me regarder en face’ restèrent cependant quelques instants de plus dans l’esprit d’Orline. Jenifaël n’avait donc encore jamais perdu de patient ? Cela reflétait-il une connaissance tout à fait exceptionnelle de son art de guérisseuse, ou bien au contraire sa nouveauté dans le domaine ? Un élan de compassion lui traversa l’esprit, pensant à l’inévitable. La vie comme les affaires était un pari risqué et chaque décision pouvait impacter le court des évènements. La porte de sortie est omniprésente, et Orline la sentait particulièrement proche depuis son recrutement au sein de l’Arbre Blanc. Elle pouvait la sentir juste dans son dos, le souffle de l’au-delà lui soufflant légèrement dans la nuque, provoquant des frissons le long de son dos.

Lorsque Floria confirma enfin son identité – zut Orline avait été si proche – elle releva la tête et rencontra le regard brouillé de larmes de la jeune femme. Elle acquiesça en silence à ses mots qui n’ont pas été prononcés, et détourna le regard pour épargner l’embarrassement de leur hôtesse. Si elle voulait reprendre le contrôle des affaires de Judia, un contrôle absolu sur ses émotions était primordial. Aucune erreur n’était pardonnée, surtout aux femmes. Elle le comprenait que trop bien, et partageait beaucoup de souffrances liées à ses douleurs et conflits internes qu’elle avait appris dès son plus jeune âge à avaler, à cacher. Cet apprentissage ne finissait jamais et plus on grandissait, plus les émotions devenaient complexes et obsédantes.
Elle sentit par moment sur elle le regard cendré de Syp assis juste à côté d’elle. Comment pouvions nous être alertes à ce genre d’attention ? Orline refusa obstinément de tourner sa tête et se concentra une fois de plus sur les propos de Floria et sur le plan qui se mettait doucement en place. Ils allaient enfin bouger, c’était une première bonne étape. Et heureusement, elle aurait l’occasion d’interroger l’homme dans la roulotte. Pour le reste malheureusement elle devrait improviser selon les informations reçues.

Elle se releva d’un geste souple en remerciant une fois de plus la générosité de Floria, et ne manqua pas d’adresser une prière silencieuse à Judia qui leur avait laissé l’opportunité de reprendre leurs forces pour les préparer à ce qui les attendait.
Elle commença à réunir les assiettes, couverts et verres pour aider à débarrasser. Syp commença lui aussi à se lever maladroitement mais Orline passa dans son dos et appuya sans ménagement sur son épaule (la moins abimée des deux néanmoins) pour l’inciter à rester assis. Elle se pencha par-dessus lui pour récupérer également son verre qu’elle n’avait pu attraper de là où elle était préalablement assise et alla directement dans la cuisine pour s’occuper avec Jenifaël du nettoyage, laissant l’opportunité à Floria de réunir les affaires dont elle avait besoin avant de partir. Elle avait beau avoir grandit dans une famille aisée qui avait eu le privilège d’avoir quelques serviteurs quand ils habitaient encore en Harondor, ses parents avaient tout de même toujours insisté pour qu’ils participent activement à l’entretien de leur demeure et ne négligent pas leurs affaires. Bien qu’ayant (avant leur arrivée à Minas Tirith) réussi dans les affaires, son père était issu d’un milieu plus modeste et le dur labeur était une notion particulièrement chère à son cœur. Elle ne broncha de ce fait pas, remonta ses manches et les plongea dans l’eau tiède du bac de la cuisine, passant une à une les assiettes, couverts et verres à la gentille guérisseuse. Elle trouva sa présence apaisante et semblait très serviable. Elle la remercia d’un signe de tête pour son aide, et entama une conversation anodine, visant également à enlever les potentiels soupçons et réserves à son égard :


- Je vous remercie une fois de plus pour votre aide, Jenifaël. Vos connaissances sont tombées du ciel. J’ai toujours admiré les femmes indépendantes. Cela est-il difficile dans votre métier ?


Elle sourit chaleureusement à la jeune femme et elles continuèrent à échanger des propos cordiaux et légers comme s’il s’agissait d’un jour ordinaire et qu’elles se connaissaient depuis des mois. De l’extérieur, rien n’aurait pu indiquer les tourmentes qui habitaient chacune d’elle ou les démons contre lesquels elles se battaient vaillamment.
Orline essuya consciencieusement ses mains et revint dans la pièce principale pour s’emparer de sa besace qu’elle enfila tout d’abord, avant de jeter sa cape par dessus ses épaules et s’emmitoufler férocement dans sa longue écharpe et ses gants. Elle jeta un regard d’une tristesse absolue au feu qui se mourrait lentement dans l’âtre, et sortit à la suite de Jenifaël et Syp dans la cour intérieure pour laisser Floria fermer les lieux. Le froid de la cité lui gifla une fois de plus le visage et elle se retint de grimacer face au vent glacial qui semblait lui transformer ses cils en glace. Elle regarda ses ‘compagnons’ qui restèrent totalement impassibles. Ils devaient être habitués.

Elle aida de son mieux aux préparatifs en charriant les sacs de produits et autres biens personnels dans la roulotte. Ses gants la rendirent quelque peu maladroite et elle lâcha plus d’une fois les sacs (heureusement rien qui ne casse !) qu’elle récupéra sans broncher avant de les amener jusqu’à leurs emplacements. Avant le départ, elle s’assura que tous les compartiments de la roulotte avaient été proprement sécurisés afin que rien ne leur tombe dessus pendant le trajet.
La banquette à l’arrière avait été changée en couchette pour permettre à Syp de s’allonger à moitié et se reposer. Ordre de la guérisseuse. Avant même de sortir de la cour, Syp et Orline s’engouffrèrent dans la roulotte dont la porte fut refermée derrière eux. Ils étaient seuls… Syp s’installa comme convenu sur la couchette et Orline chercha du regard un sac sur lequel s’asseoir pour éviter de finir projetée sur le blessé à la première secousse.

Elle repéra un sac qui semblait suffisamment confortable (de la farine ?) et s’y enfonça profondément. Elle rumina un instant, toute engoncée dans sa cape et son écharpe. Son corset lui coupa la respiration et elle songea désormais à la robe proposée préalablement par Floria. En effet le bustier de celle-ci avait semblé plus souple et accommodant que le sien. Orline réalisa enfin les limitations de sa propre tenue. Pas de panique cependant. La roulote s’ébranla et la jeune femme délaissa ses gants, ouvrit sa cape et appuya de ses mains les côtés de son bustier et les fit glisser sur l’avant, libérant de l’espace contre son ventre et facilitant sa respiration. Elle pivota comme elle put sur son sac et se pencha légèrement en avant pour améliorer son confort.
Elle releva son regard et rencontra celui de Syp qui la fixait sans dire un mot. Une bouffée de chaleur due à la gêne remonta directement aux joues de la jeune femme qui broncha, oubliant là toute notion de noblesse. Ils étaient désormais ex aequo entre le chemisier de Syp et le corset d’Orline.

Elle dévia son regard et s’assura une fois de plus qu’aucune étagère et rangement ne s’ouvre. Elle n’avait jamais voyagé en roulotte auparavant, et son angoisse était grandissant. Elle écouta un instant les bruits du dehors. Ils devaient être au début de l’après-midi désormais et les rues abondaient. Le trajet devait normalement être plutôt rapide s’ils ne rencontraient aucun problème ni émeute en chemin. Les nouvelles de la Cité avaient elles été déclamées sur place publique ? Etaient ils officiellement recherchés par la garde ?
Ils étaient enfin seuls comme elle l’avait souhaité, mais elle peinait à trouver les mots et se sentait mal à l’aise en sa présence si rapprochée dans cette roulotte exigüe. Le temps lui était compté et elle devait absolument se préparer aux épreuves à venir. Elle inspira profondément et releva enfin son regard pour le plonger dans celui de son ‘compagnon’.


- Pourrais-tu me dire…Ce qu’il s’est passé après mon départ ?


Elle avait laissé tomber le vouvoiement avec son ‘partenaire’ d’infortune et son ton était calme et parfaitement maitrisé, toute concentrée sur son avenir et les obstacles qu’elle devrait abattre un à un pour se protéger ainsi que sa famille.
Malgré son départ précipité des égouts, Orline n’avait pas passé une nuit des plus merveilleuse à son retour. Elle avait dû escalader le treillis de son domicile jusqu’à la fenêtre de sa chambre qu’elle avait laissé entrouverte, s’était égratigné les mains et les poignets se faisant, tombée lourdement sur le tapis moelleux, le souffle court et les yeux remplis de larmes. Elle s’était lavée méthodiquement, à trois reprises pour essayer d’effacer les odeurs de carnages et de sang qui restèrent néanmoins bloqués dans ses narines. Elle avait l’impression de suffoquer et voulait hurler, mais son cri resta bloqué dans sa poitrine. Elle se coucha mais rien ne fit. Elle se tourna, retourna, et chaque glissement de couverture sur elle eut le poids d’un corps qui voulait l’étouffer et l’étrangler dans son sommeil. Elle s’était résignée bien avant les premières lueurs de l’aube à se lever pour aller s’entrainer à la danse orientale qu’elle enchaîna avec une course à cheval. Quand elle revint enfin chez elle, sa monture avait de l’écume tant elle avait été poussée à ses limites. Ses parents n’étaient pas encore levés.

- A quoi dois-je m’attendre, dehors ?

Elle écouta attentivement et se laissa bercer par les roulements de la roulotte. Le sac était devenu étrangement confortable et elle se força à maintenir son esprit vif malgré la fatigue qui s’accumulait. Sa tête commença bientôt à dodeliner et elle fut bien incapable de répondre aux questions de son compagnon en échange.
Mais soudainement, la roulotte s’arrêta. Il était encore trop tôt pour avoir atteint les hangars Haradiel. Que pouvait-il bien se passer ?


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:37, édité 1 fois
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De mal en pis... EmptyLun 24 Avr 2023 - 22:47
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Jenifaël #PNJ

- Madame Floria, je n’ai pas d’argent pour vous...Mais si votre cœur est prêt à l’entendre, j’ai des réponses...je n’ai pas d’autres façons de vous remercier...Vous...Vous savez...elle était très fière de vous...Judia était fière de vous...Sur tout les points...

Les paroles de Syp envers la jeune Floria m'a fait détourner le regard vers lui. En regardant son regard, brillant, mais vide en même temps. Il avait l'air tellement triste.

Voyant les larmes monter aux yeux de la jeune fille, je ne pus m'empêcher de vouloir la protéger, la consoler, lui donner du soutien. Pourtant, je ne la connais pas, mais mon instinct me pousse à vouloir la protéger, mais malheureusement, je ne peux rien n'y faire. Pourquoi ferait-elle confiance à une inconnue ?

D'un coup, une image de ce qu'il s'est passé me revient en tête.
Un homme éprouvant de la peur, de la colère et de la surprise, une jeune femme tenant un balai pour se défendre. Et surtout
cette parole.

- Judia… ? Judia c’est toi ? Mais je t’ai vu brûler, JE T’AI VUS PÉRIR, qui es-tu fantôme ? Pourquoi viens-tu me hanter ainsi ? POURQUOI ?

Je suis peut-être naïve, mais une personne ne brule comme ça sans raison, de plus, Syp avait l'air effrayé et vu ces blessures,
je pense que quelque chose de louche ce passe.

Je devrais me poser des questions, mais la peine de Floria et la sympathie de Orline me font croire que dans l'histoire, ils ne sont pas les méchants. Si histoire il y a.

Malgré la peine bien présente dans les yeux de la jeune femme, une lueur de bienfaisance ce mis à briller.

- Je vous remercie pour ces mots, j’étais aussi très fière d’elle vous savez. » des larmes lui montèrent aux yeux, elle sourit « Nous aurons, je l’espère, l’occasion d’en parler plus tard…comprenez que ma peine est immense et qu’il me faut du temps pour tout entendre. Merci Monsieur Syp, de tout mon cœur merci.

Elle tourna le regard vers Orline avant de poursuivre.

- J’ai écouté avec attention vos avis respectifs. Je dois moi-même partir…une affaire importante que je dois régler pour ma sœur… - Je vais prendre la roulotte ambulante, ainsi que mon cheval. Il m’est impensable de laisser ma jument seule. »Elle regarda Jenifaël « Si Monsieur Syp reste au repos dans la roulotte, il n’y aurait pas de risque pour lui et Dame Orline pourrait surveiller ses blessures en suivant vos instructions. Nous pourrions nous suivre, comme deux commerçantes de Minas Tirith. Vous seriez notre guide avec vos connaissances de la ville et si vous savez vous battre, cela me rassurera…je n’ai pas l’âme d’une guerrière.

J'ai acquiescé d'un signe de tête en lui faisant un sourire chaleureux. Je ne sais pas pourquoi, mais malgré ces paroles qui lui donnent un air sûr d'elle, je ne peux m'empêcher de l'apprécier beaucoup. C'est une jeune femme forte et courageuse malgré le malheur.

Après nous avoir dit qu'elle devait faire quelques préparatifs, Orline et moi avons commencé à débarrasser pour ensuite laver la vaisselle et que tout sois correct dans la maison de la défunte Judia.

Pendant le lavage, Orline commença une discutions avec moi, elle m'a l'air très maligne et surtout, elle semble venir d'une famille bourgeoise.

- Je vous remercie une fois de plus pour votre aide, Jenifaël. Vos connaissances sont tombées du ciel. J’ai toujours admiré les femmes indépendantes. Cela est-il difficile dans votre métier ?

- Je suis assez contente d'être passée par ici et d'être rentrée dans cette maison, je dois avouer que je pensais à une agression. Après une brève pause en regardant Orline, je lui fais un sourire. - Mais je suis rassurée, vous avez l'air d'une femme correct et votre ami Syp a davantage l'air d'un homme troublé par un événement. Je suis contente de pouvoir aider. Mais pour répondre à votre question, oui au début c'étais difficile d'être indépendante, mais à force de soigner des personnes, cela a vite démarrer et a l'heure actuel dans la cité beaucoup de monde me connait. Ça me donne même quelques privilèges vis-à-vis de certains soldats.

Je ne peux pas leur dire que je peux sortir de la cité sans problème. Si cela monter aux oreilles des hauts gradés, je devrais en subir les conséquences.

Nous avons continué à échanger des banalités. La journée sembla beaucoup plus légère pendant quelques minutes, je ne la connais pas beaucoup, mais elle m'inspire confiance.

Une fois sortie de la maison, j'aider Syp à s'installer dans la roulotte. Une fois Orline monter avec lui, je referme la porte et je monte sur ma jument, Lonie.

Je lance un sourire à Floria et je talonne les flancs de Lonie et elle marcha d'un pas assez lent pour que Floria puisse suivre.

Le froid est présent, mais depuis le temps où j'emprunte ces routes à longueur de journée pour rendre visite aux malades ou blessés, je ne le sens plus mordre ma peau.

Après quelques routes, un barrage de soldat est présent. Je suis d'abord étonnée, car il est rare qu'ils surveillent de prêt les habitants, au point de vouloir tout vérifier.

Je lance un regard à Floria et lui demande d'attendre ici.

En avançant, j'aperçois deux soldats que je connais, j'ai soigné la femme de l'un et sauver la vie du fils de l'autre.

- Messieurs, j'ai un patient gravement malade qu'une amie m'aide à transporter dans un endroit plus confortable pour le soigner, serait-il possible de nous laisser passer en vitesse ?

Le soldat regarde son compagnon et semble hésiter.

- Dame Jenifaël, bien que nous vous sommes redevables, malheureusement une mission importante nous as été donner et nous ne pouvons pas faire exception.

Un mauvais pressentiment me tord le ventre d'un coup, je ne sais pas pourquoi, mais mon intuition me dit que nous devons avancer vite. Et si Syp allait mal ? S'il était en train de succomber à ses blessures ?

Je regarde l'un des gardes avec un regard tellement froid qu'il aurait pu le geler sur place. Hors de questions de perdre un patient pour qui que ce soit.

Je descends de mon cheval et m'approche du soldat avant de lui murmurer.

- Très bien, je suppose que votre fils peut continuer à vivre dans la douleur, notre accord était que je vous fournisse les ingrédients nécessaires pour apaiser sa souffrance et en échange, vous deviez m'aider, Quelle que soit la raison.

Son visage est devenu livide et avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, il ordonna à ses compagnons de libérer un passage pour que l'on puisse poursuivre la route.

- Je vous remercie.

Je tourne les talons sans ajouter un mot de plus. Je suis peut-être d'apparence gentille, mais un marché est un marché.

Je retourne vers Floria avant de lui dire que la voie est libre.

- Nous pouvons passer sur le coter, mais il faut nous dépêcher pour éviter les ennuis.

J'ai pris les devants lui ouvrant la route et en saluant quelques personnes de la main que je connais depuis un petit temps maintenant.

Une fois passée, nous avons repris la route tranquillement, même si une question me tourner en boucle dans la tête.

* Pourquoi toute cette agitation avec les soldats ? *
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De mal en pis... EmptyMer 3 Mai 2023 - 17:52
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Eh bien en route mon vieux Syp ! Tu vas retrouver la baraque à frites, fais gaffe à pas pleurer hein, fait gaffe à pas voir leurs visages sur les murs, fait gaffe à pas confondre l’odeur de l’huile et celle du cramé…

Après avoir participé au chargement de la roulotte, même si participer est un grand mot, Syp se fit un immense plaisir de monter dans l’engin, pour s’installer confortablement sur la banquette de vieux velours usé. Le tout avait été réaménager pour convenir à ses besoins d’estropié. Il se cala là confortablement, la douleur dans son bras s’estompant légèrement, ne laissant que cette horrible sensation d’os crissant les uns contre les autres dans sa mâchoire meurtrie. L’homme caressa son menton, ses doigts parcourant la triste dissymétrie de son visage. S’attardant sur sa peau tirée et fatiguée, comme du vieux cuir malmené par trop de mains.

J’ai l’impression de toucher un vieux cadavre à la mâchoire cassée, qu’Eru m’eut fait mourir j’aurais compris, mais me donner le faciès d’un cauchemar pour enfants, franchement je ne comprends pas...Mais regardez-moi cette mâchoire, digne d’un bovin du Rohan en pleine mastication foutredieu !

Se concentrer sur des choses terres à terres, se regarder soit, ne pas regarder autour de soit, voila ce qu’il devait faire. Il ne devait pas regarder ces jolies planches de bois peint un peu passées, ni les marmites d’étain dans leur établi, surmontant des petits poêles, ni les vielles épluchures de patate, à côté d’un vieux couteau mal en point, ne pas regarder le comptoir, avec ses petites barquettes en papier, et ses couverts en bois, ne pas regarder les bouteilles de verre remplies de sauces épicées, ne pas se souvenir du capitaine en train de renverser de la sauce à côté des barquettes, ne pas se rappeler ces instants de rires sur le chemin de la bibliothèque, ne pas regarder le bouquet d’ustensiles  pour manier les patates, et surtout, surtout, ne pas regarder les traces imaginaires des endroits où ses amis s‘étaient tenus, ne pas regarder l’endroit où s'était tenu Judia, ne pas entendre la grosse voix de Timéon raconter son passé de commerçant. Ne pas sentir dans son nez la douce odeur des patates frites.

Ils sont morts Syp putain, reprends-toi, ils ne reviendront pas, y a que le capitaine qui est encore là, tourne la page, tente au moins...pleure pas encore une foi…


Les larmes ne sortirent pas, mais peu s’en fallut. Il faut dire que l’irruption de la belle Orline dans la roulotte n’y était pas pour rien. Syp la regarda discrètement alors qu’elle s’affalait lourdement sur un sac de farine, et qu’elle grinchait dans sa barbe, engoncée dans son écharpe et sa cape. Elle avait réellement quelque chose de très mignon comme ca, avec son petit visage entouré du tissu de son foulard, affichant une mine contrariée. À croquer se dit Syp, avant de s’autorappeler un certain devoir de politesse et de romantisme, même en pensée !

Mais c’est alors que, pour le plaisir coupable et non avoué de l’ancien agent de l’arbre, sa « compagne » se mit à retirer ses gants, dévoilant ses belles et fines mains, délicates comme les pétales d’une fleure, ou comme les souples membres d’un chat. Puis elle ouvrit sa cape, attirant par là encore plus l’œil du soldat. Avant, de sans aucunes gêne, au bonheur de Syp, qui, après s’être exposé lui-même à Orline, vit la dame desserrer son bustier en se penchant en avant, face à lui. Devant les charmantes formes entre-aperçues, Syp sentit son esprit se brouiller, et se contint de rougir, alors que son imagination et son cœur se mettaient en route à toute vitesse.

Cependant, le regard d’Orline finit par croiser le sien, l’ex-recrue rougit d’un seul coup, prenant la teinte ravissante d’une pivoine. Elle laissa même échapper un ronchonnement tout à fait... mignon ? Syp trouvait vraiment charmant tout les actes de cette femme, et cela commençait à lui-même l’inquiéter ! Mais il faut croire que l’irrésistible Orline savait remuer le cœur des hommes les plus endurcis, bien qu’elle ne le fasse pas exprès, tout comme Syp avait l’impression d’avoir un certain effet sur elle…

« - Pourrais-tu me dire…Ce qu’il s’est passé après mon départ ? »

La question ne prit pas Syp au dépourvu, il s’y attendait, et il avait déjà concocté une réponse, et il était décidé à ne pas se mouiller, quitte à tromper Orline. Il avait maintenant des buts plus grands, et il ne pouvait se compromettre en donnant trop d’informations par affection.

- « Et bien...je ne me rappelle plus forcément tout, vu les coups que j’ai pris, et je n’étais pas aux premières loges mais...Après la salle aux cadavres pestiférés, nous avons longuement continué dans les tunnels. Il se trouva, qu’à une intersection, nous ouvrîmes une porte qu’il n’aurait pas fallu ouvrir. Peu-être était-ce une poche de gaz ou quelque chose comme cela, je ne m’y connais pas en ce genre de chose, mais tout est-il qu’une forte explosion de feu et de lumière se produisit...et...Et nombre d’entre nous furent brûlés vifs, ce fut le cas de tout mes amis, devant mes yeux, Judia le fut aussi...Sachez que je retiens bien difficilement mes larmes."
 Et Syp ne mentait pas, il sentait un flot de tristesse l’envahir à ses paroles. « Personne ne peut comprendre ce que cela fait de voir ses amis mourir par les flammes alors même que vous ne pouvez même pas les tenir dans vos bras une dernière fois ...bref, les survivants continuèrent, menés pas Cartogan, nous arrivâmes alors à un hôtel, l’Hôtel Claymore. Là nous restâmes dans une salle en bas, alors que le général montait voir quelqu'un au haut d’une volée d’escaliers. Ils discutèrent, puis l’on entendit un grand fracas, et l’inconnu qui parlait au général prit la fuite, nous étions en état de choc, et je n’eus que le temps de voir le corps du général, mort ou pas, je ne le sais point, mais couvert de sang en tout cas, avant que la garde de la cité débarque et nous massacre. Je me suis bien défendu madame ! J’en ai occis plusieurs avant de m’écrouler sous un fatal coup de masse, qui me valu cette figure. La suite vous la devinez je suis sûr... »

Orline réussit à rester impassibles de façade face au monologue de son « compagnon ». Il se passa quelques instants de blanc avant, que, d’un ton totalement calme et maîtrisé, même plat aux oreilles de Syp, elle ne pose une autre question.

- « À quoi dois-je m’attendre, dehors ? »

- «  Et bien »
répondit du tac-au-tac, Syp énuméra une liste des dangers qu’il avait le droit d’exposer. «  Je pense que la direction de l’arbre blanc veut la mort de tout notre groupe de recrues, nous en avons vu bien trop, surtout moi, et nous sommes les deux derniers survivants, ca j’en suis presque sûr ! Donc nous devrions craindre des assassins de l’arbre, les gardes de la ville, le guet, la milice, des agents privés au service de Rhydon » Syp prit bien soin de ne pas préciser qu’il avait lui-même décroché la tête de Rhydon de son immonde corps. « En somme, nous devons presque tout craindre ma dame... Mais j’ai moi-même pour but de retrouver d’anciens amis à moi, des gens qui n’ont pas trempé dans toute cette sombre affaire, j’irais pour cela chez moi, dans l’est, si vous le voulez nous pourrions faire un bout de chemin ensemble. Même si je veux bien que vous m’expliquiez vos buts à long... »

Orline somnolait, Syp remit ses questions à plus tard, et regarde le visage angélique de sa compagne de roulotte, magnifiquement éclairé par un rayon de soleil qui faisait ressortir la douceur de ses tr-

La roulotte s’était arrêtée, Syp reconnut le bruit d’hommes en armure autour d’eux, il empoigna discrètement un fin couteau de cuisine, qu’il cacha sous lui, et s’assura d’avoir toujours le manche de rapière dans sa poche. Il écouta attentivement, voyant qu’Orline était aussi réveillée, mais après que Jenifael eut parlé de « fils », de « douleur » et d’« échange », la roulotte se remit en marche. Et Syp avait une petite idée de ce qu’il s’était passé. Et il admirait les ressources de la guérisseuse, qui venait sûrement de les sauver d’une mort certaine.

Alors qu’il laissait retomber sa tête sur la banquette, Syp dut faire un mauvais mouvement, et se cogna contre un accoudoir. La douleur dans son crâne fut alors disproportionnée par rapport au petit choc. Et là, laissant retomber le stress, soudain prit d’un accès de panique, le soldat tenta de toucher l’arrière de son crâne, se refaisant encore plus mal à l’épaule. La douleur était de plus en plus forte, et son esprit commençait à lâcher, comme si les événements et la souffrance ramenaient de mauvaises choses de sa mémoire. Sa respiration s’accéléra alors que sa vue commençait à se brouiller sérieusement, il regarda alors avec panique sa compagne, en lâchant un petit gémissement de souffrance et de détresse, avant que sa vue prenne totalement une teinte irréelle… Et qu’un décor d’escalier en colimaçon se forme autour de lui...
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De mal en pis... EmptySam 13 Mai 2023 - 19:02



      Zehev vagabondait dans les rues dans la capitale sans réellement savoir où ses pas le menaient. Il leva les yeux; au-dessus de la frénésie qui animait la ville, le soleil entamait sa descente; ce qui marquerait la fin de la première journée de son enquête. Déjà la moitié du temps que le Commandant de Vigo lui avait accordé pour retrouver les déserteurs s’était écoulé ; et il n’était pas bien avancé. La visite à la morgue n’avait rien donné et la plupart de ses contacts dans les bas-fonds avaient subitement disparu de la circulation. Pendant un moment, il avait fortement hésité à retrouver Sined, son compère, pour partager une cervoise et lui demander conseil. Mais ce dernier s’était barricadé dans ses quartiers à la Caserne, peu enclin à une conversation amicale. Son ami avait particulièrement mal vécu le chaos des derniers jours et Zehev ne tenait pas à le brusquer. Il n’avait jamais été particulièrement doué pour apporter du réconfort à des compagnons blessés. Le jeune officier se décida finalement à prendre la direction du Chameau qui Tousse, il pourrait y manger un bon repas chaud et peut-être un des clients y aurait vu un des fugitifs repasser par là. Mais alors qu’il remontait lentement en direction du Deuxième Niveau de la Cité Blanche, son attention fut attirée par un petit attroupement autour d’un mur grisâtre. Il haussa les épaules et se décida à y aller jeter un coup d’œil. Ce n’était pas comme s’il avait grand-chose d’autre à faire de toute façon. En jouant des épaules, l’agent de l’Arbre se fraya un chemin jusqu’à la source de cette petite agitation: un parchemin tendu et cloué. L’écriture en encre noir qui y avait été inscrite était reconnaissable entre mille.


De mal en pis... Hugin_12


Zehev parcourut rapidement le texte, ne s’attardant pas plus que cela sur les nombreuses exagérations et contre-vérités formulées par son auteur. Ce dernier était d’ailleurs coutumier du fait. Hugin l’Avisé faisait partie de ces gens prêts à partir d’une semi-rumeur pour construire toute une affaire visant à soulever les foules. Il avait élevé cette pratique douteuse à un art qu’il maîtrisait à la perfection. A plusieurs reprises, il avait donné de sacrés maux de tête à l’Arbre Blanc; pourtant, il avait également su se montrer utile lors de certaines enquêtes. Sous ses airs de grand révolutionnaire, il collaborait parfois avec les agents de la loi. Ces derniers ne lui avaient pas forcément toujours laissé le choix mais cela restait un échange de bons procédés et d’informations importantes. Hugin était une source inépuisable, et bien qu’il fallût prendre toutes ses informations avec de grandes pincettes, il pouvait parfois être un atout. De plus, la fin de son placard indiquait que lui aussi avait eu vent d’anciens agents de l’Arbre qui auraient pris la poudre d’escampette après le fiasco de l’Hôtel Claymore. Il pouvait bien s’agir d’un nouveau coup de bluff mais cela restait la seule piste que Zehev avait pour le moment. L’officier bifurqua donc pour se rendre à l’établissement où le “lanceur d’alertes” avait ses habitudes.


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Hugin était là, assis dans un coin sombre de l’auberge, un bol de soupe froide qu’il avait à peine touché était posé devant lui. Plume à la main, il était plongé dans la rédaction de ce qui semblait être le brouillon d’un pamphlet incendiaire. Incapable d’achever un maigre paragraphe en entier, il avait passé les dernières heures à raturer et recommencer, inlassablement, à la recherche de la formulation parfaite. Plongé dans son œuvre, il ne remarqua pas l’arrivée de Zehev qui dut se racler la gorge pour manifester sa présence. L’homme leva alors subitement la tête et lui adressa un chaleureux sourire.

“Aah De Siznoff! Quelle mauvaise surprise de vous voir ici!
-Sentiment partagé mon cher.”


Le journaliste invita le nouvel arrivé à prendre place devant lui. Hugin semblait avoir vieilli de plusieurs années depuis leur dernière rencontre quelques mois auparavant. De profondes cernes s’étaient creusés sous ses yeux pleins de malice, ses tempes grisonnaient et son front de plus en plus dégarni. Les derniers mois n’avaient pas été agités que pour les hommes de l’Arbre Blanc.

“Que me vaut cet honneur?”
Demanda Hugin d’un ton parfaitement innocent.

Zehev se pencha en avant, passablement frustré. Il n’appréciait guère ce petit jeu qui s’était installé entre ce fauteur de troubles et les autorités ; conversations pleines de faux-semblants et hypocrisie crasse, mais ils avaient chacun besoin de l’autre.

“J’ai lu votre nouvelle petite annonce…
-Ah oui. Je suis navré.”
Le coupa le journaliste qui semblait tout sauf désolé. " Mais vous comprenez, il fallait bien que je réagisse au fiasco de l’autre jour.
-Je n’en attendais pas moins de votre part.”


Zehev préférait ne pas s’épancher sur le désordre que son interlocuteur risquait encore de créer en propageant de telles informations; il n’était pas venu pour lui taper sur les doigts. Il avait une mission et le temps commençait cruellement à lui manquer.

“Vous mentionnez des déserteurs de l’Arbre Blanc.
-Ah oui. C’est bien cela.
-Vous avez conscience que ce sont de jeunes recrues probablement traumatisées? Et non des monstres assoiffés de sang désireux de se venger sur la population?”


Pour toute réponse il eut un haussement d’épaules de la part de Hugin qui semblait vouloir traduire une impuissance feinte.

“Cette phrase? Vous l’avez sorti de votre imaginaire si créatif ou vous avez de réelles informations à ce sujet?”

Hugin esquissa un sourire qui se voulait mystérieux. Il avait pleinement conscience d’occuper la position avantageuse dans cette conversation et comptait bien en profiter.

“Vous êtes à leur recherche je suppose?
-Ce ne sont pas vos affaires. Que savez-vous?
-Je vous renvoie la remarque.”


Zehev serra le poing. Il commençait sérieusement à perdre patience et dut retenir toutes les fibres de ses bras pour ne pas envoyer valser la table et saisir cet énergumène par le collet.

“Il me reste une journée pour trouver les fugitifs. Que savez-vous?
-J’ai eu vent que certains ont survécu au massacre de l’Hôtel Claymore et ont pris la fuite.
-Vous avez leurs identités?”

Hugin se mit alors à rire sous le regard de plus en plus frustré du militaire.

“C’est amusant.
-Qu’est-ce qu’il y a de si drôle?
-Il est amusant de voir ainsi les services secrets du grand royaume du Gondor avancer si aveuglément.
-Bon sang! Où voulez-vous en venir?
-Le meurtrier de votre Directeur, Lord Rhydon, se balade tranquillement dans la ville et vous vous êtes là sans avoir la moindre idée de ce que vous cherchez.
-Qu’est-ce que vous me racontez là? Le Capitaine Petrus a dû quitter la ville et…”


Zehev s’arrêta net, conscient d’en avoir trop dit. Il se maudit intérieurement alors que le visage de Hugin s’était soudainement fendu d’un large sourire. Ce dernier se mit à griffonner dans son carnet avec un air tout excité.

“Ainsi le Capitaine Petrus est bien derrière cette sombre histoire. Et pourtant, le nouveau Commandant de l’Arbre l’a laissé échapper à la cour martiale…”


Quand Hugin allait sortir cette information, et il le ferait bien assez tôt, le courroux d’Esmer de Vigo serait terrible et si le nouveau Commandant apprenait comment cela avait fuité, Zehev était bon pour une réaffectation au Harondor.

“Cependant je ne parlais pas de Petrus."
Poursuivit le journaliste." Mais de celui qui a porté le coup fatal à votre supérieur. Un homme au nom un peu ridicule.  Un colosse poilu, aux longs cheveux gras.
-Syp?
-Oui voilà.
-Vous l’avez vu?
-Oui
-Vivant?
-En mauvais état . Oui.
-Vous savez vers où il allait?
-Oui.
-Vous comptez me le révéler?
-Non.”


Le jeune homme poussa un profond soupir alors que les jointures de ses mains s’enfonçaient dans le bois ramolli de la table.

“Vous ne pensez pas sérieusement que j’allais vous donner cette information sans contrepartie?
-Vous avez déjà eu votre révélation du jour.
-Voyons, cela ne compte pas. Vous n’avez pas fait exprès.
-Que voulez-vous?”


Hugin n’attendait que cette question pour sortir du revers de sa tunique un parchemin plié en quarte. Il le déplia et le tendit à l’espion.

“C’est quoi ça?
-Une garantie. Une immunité si vous le voulez. La promesse écrite que, quel que soit mon rôle dans les évènements à venir, je bénéficie d’une immunité comme source auxiliaire de l’Arbre Blanc. Vous signez ça et on peut commencer à discuter.”

Zehev remua sur son banc, visiblement inconfortable. Ce genre de contrats étaient rares et devaient généralement être approuvés par le haut commandement. Mais dehors, la nuit était déjà tombée et les heures défilaient inlassablement. Cette-fois ci, il ne retint pas son juron et saisit la plume que lui tendait le polémiste qui s’était bien joué de lui.

“Parfait.”
Commenta Hugin en récoltant soigneusement le papier signé. “Votre déserteur a été aperçu en sale état près du Centre de la Ville. Il était sans aucun doute à la recherche d’une aide amicale pour soigner ses blessures. Il se serait arrêté devant un bâtiment près duquel une curieuse roulotte de restauration est parquée. “

L’officier bondit sur son siège. Hugin l’avait peut-être manipulé mais ses informations semblaient cohérentes. Si Syp de Sora avait besoin de soins et de repos, il était logique qu’il se dirige vers la demeure de l’une des recrues dont il était le plus proche.

“Judia Morbise.”
Souffla Zehev.


The Young Cop


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Sighild Baldrick
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De mal en pis... EmptyMar 16 Mai 2023 - 21:00
***

De mal en pis... Judia10

C’est à la lueur d’une bougie qu’elle vérifia si tout était bien fermé. Les temps étaient durs pour tout le monde, au point de voir de bonnes âmes devenir de vrais démons.

Par chance, Judia Morbise avait été jusqu’alors préservée. Elle se doutait, non sans mal, que cela avait un lien avec ses activités de restauratrice : elle avait donné des repas gratuitement au plus démunis, des vêtements et des couvertures. Et il y avait cette « autre mission » dont elle était chargée depuis un certain temps, qui devait également lui assurer une certaine protection.  

Assise à son secrétaire, l’aînée des Morbise était en train de terminer certaines formalités : payer Dayen le fermier pour sa récolte, en mettre un peu plus pour l’arrivée de leur bébé, finir les comptes, le nombre de repas servit, les réparations sur les autres roulottes, l’inventaire des pots des bocaux restants, les achats à prévoir...

Elle rangea son livre de comptes précieusement, dans l’une des cachettes de sa chambre. La commerçante avait toujours un sourire amusé en pensant à son astucieuse grand maman.

Elle devait désormais écrire une dernière lettre, bien plus importante.  

Prenant sa plus belle plume, Judia s’exécuta :
« Ma chère Floria
[…] »

En déposant cette lettre sur le rebord de la cheminée, Judia joignit ses mains et ferma un court instant ses yeux :

*Voilà qui est fait...en espérant que tu ne lises jamais ces mots, ma chère petit sœur.*

Elle se dirigea vers la cour pour préparer la roulotte et répondre à l’appel de l’Arbre Blanc.

Bien loin de se douter de sa fin tragique…
***

De mal en pis... Floria14

Floria se laissa guider par Jenifaël, qui semblait bien connaître les liens et également les soldats.

Au fur et à mesure de leur avancée, elle décida de se couvrir la tête de sa capuche. Elle sentait le regard des quelques passants, de certains soldats et cela la gênait. Il y avait de drôles d’odeurs, qui lui donnèrent la nausée. Le fait de sentir son propre parfait l'aida à surmonter cela.

Arrivées à bon port, Floria s’apprêtait à tapoter la trappe qui se trouvait derrière elle pour prévenir Orline et Syp. Elle entendit soudain des bruits de pas précipités : Orline était sortie de la roulotte, elle semblait paniquée et se dirigea en courant vers Jenifaël : Syp n’allait pas bien du tout.

Spectatrice de cette scène, Floria rassura Cadichon qui commençait à avoir quelques mouvements de reculs. Elle activa le frein de la roulotte pour permettre à Jenifaël d’aider Syp sans tomber.

Floria fut interpellée par Orline, qui lui demanda de l’aide pour ouvrir son hangar. Il était fermé avec un cadenas et de solides chaînes. L’aide apportée la fatigua un peu, car elle n’était pas vraiment habituée à de telles tâches de base.

Avant de redémarrer la roulotte, elle ouvrit la trappe qui se trouvait derrière elle pour prévenir Jenifaël (sans regarder, par respect pour Syp et pour lui éviter d’être témoin d’une scène peu réjouissante). Elle avança en douceur.

Une fois la roulotte garée, Floria courut vers Orline pour l’aider à fermer les portes : la nuit allait bientôt tomber. Il valait mieux se reposer avant de repartir.

Le hangar était assez grand mais un peu vide, la conjoncture actuelle n’étant pas vraiment propice pour certaines affaires.

Floria laissa Orline se diriger vers un salon, pour le moins élégant. Avant de rejoindre la Noble Dame, la jeune Morbise s’occupa de son âne et de son cheval. Elle leur sortit à chacun une pomme, qu’elle coupa avec son couteau en plusieurs morceaux. Elle déposa son couteau dans sa poche de pantalon.

Puis, elle aida Orline à mettre quelques victuailles sur la table. Elle fut invitée à s’assoir, le temps qu’Orline prépare un thé. Une boisson chaude leur fera sans doute un peu de bien.

Floria jeta un coup d’œil vers la roulotte, elle vit au loin les silhouettes de Jenifaël et de Syp. Elle espérait que tout allait bien…

La cité de Minas Tirith était étrange, elle n'en avait pas ce souvenir…et ces gardes suspicieux…c'était étrange...

Instinctivement, Floria posa sa main sur sa besace. Profitant d’être seule, elle en sortit la lettre écrite par sa sœur :

La Lettre de Judia:

Plus elle avança dans sa lecture, plus ses larmes furent retenues. Sa gorge se noua.

Son rythme cardiaque s’accéléra face aux diverses questions qui lui vinrent en tête.

Judia n’était pas quelqu’un d’alarmiste de base…si elle parlait de danger, c’est qu’il y en avait bien un.  Elle se souvint de l’air horrifié de Syp, de ses dires…de ses blessures. Elle ne remettait pas en question l'aide qu'elle apportait présentement, Judia en aurait fait autant mais…que penser de tout ceci ?

Elle posa la lettre sur la table basse et prit son visage dans ses mains. Tout son corps tremblait, elle eut soudainement froid, eut également envie de vomir.

Floria regarda alors Orline, en larmes :
« C’était quoi cette mission ? Vous allez me le dire ? Sommes-nous en danger ? Qu’est-ce qu’il s’est passé? Pourquoi ma sœur est morte ? Et à cause de qui !» elle prit sa lettre « Et cet arbre? Qu'est ce que c'est ? »

Elle tendit sa lettre vers Orline, toute tremblante.

Bien loin de se douter de ce qui allait arriver…
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... EmptyMer 17 Mai 2023 - 13:58

La roulotte à l’arrêt l’ayant réveillée en sursaut, Orline regarda tout d’abord son ‘compagnon’, cherchant du regard tout indice pouvant lui expliquer la situation, avant de tendre une oreille. Ils étaient arrêtés. Un blocage ? Avaient-ils commencé à les rechercher, leurs identités étaient-elles connues ? La jeune femme avait eu bien du mal à maintenir son visage impassible devant l’énumération des multiples dangers qui les attendaient. Avait-elle seulement une chance de s’en sortir et d’épargner sa famille également ? Le Directeur Rhydon prendrait-il sa défense, pouvait-elle seulement l’espérer, ayant été personnellement recrutée par lui ?
Elle était convaincue que Syp ne lui dévoila tout, mais qui était-elle pour le lui reprocher ? Elle-même ne comptait pas s’ouvrir totalement…
Elle entendit Jenifaël parler au soldat. Elle ne put percevoir distinctement les propos échangés, mais le ton lui fit froid dans le dos. Ne pas sous-estimer la jeune guérisseuse, se promit-elle intérieurement. Après une attente qui sembla interminable, la roulotte s’ébranla à nouveau et Orline réalisa qu’elle avait retenu sa respiration tout du long. Son expiration lui semblait bruyante et elle craignit que le moindre mouvement puisse les découvrir et que la garde les arrêterait à nouveau pour fouiller le contenu de la roulotte et leur mettre les menottes pour aller…elle ne savait où …

Elle attendit plusieurs minutes aux aguets, essayant de déterminer en sentant les virages où ils pouvaient en être de leur trajet et s’ils arriveraient bientôt aux hangars Haradiel. N’entendant plus de tumulte au dehors, elle pensa qu’ils s’étaient éloignés des quartiers marchands, ils ne devaient plus être si loin de leur destination…
La jeune femme pivota sur son sac en entendant un choc et gémissement. Syp la regardait, un air de panique lui traversa les yeux. Elle fit de son mieux pour se relever, toute empêtrée dans sa tenue, et s’approcha de lui maladroitement, en équilibre précaire. Elle s’asseya sur le bord extrême de la couchette quand son compagnon ferma les yeux, des soubresauts parcourant ses paupières et le souffle court. Orline commençait également à s’inquiéter. Que pouvait-il bien lui arriver ? Elle envisagea un instant de taper à la fenêtre de la roulotte pour en avertir Jenifaël, mais ils ne pouvaient pas risquer de se faire remarquer…Non, pour le moment, elle devait se débrouiller seule…Mais par où commencer ?

Elle fit de son mieux pour écarter les distractions extérieures et se concentrer sur le patient. Elle l’observa attentivement, ses lèvres entrouvertes, le rythme inégal de sa respiration sifflante, la sueur perlant à son front. Avait-il de la fièvre ?
Orline avala sa salive avec difficultés. Pourquoi avait-elle insisté pour rester seule avec lui ? Elle n’avait pas les compétences pour lui venir en aide ! Elle força une inspiration et expiration profonde, et leva sa main légèrement tremblante pour l’apposer sur le front de l’homme blessé. Brulant. Mais une fois de plus, ses propres mains étaient glaciales en hiver. Ce n’était pas une méthode viable pour vérifier…non. Si ? Elle ne devrait pas… Elle voulut pester et frapper son ‘partenaire’ en réprimande de la mettre dans une situation pareille. Orline prit son courage à deux mains et leva ses mains froides pour écarter les mèches de cheveux du front de Syp avant d’encercler son visage timidement, et se pencha vers lui pour poser son front contre le sien. Son souffle était court et elle ferma les yeux pour se concentrer. Il avait de la fièvre, c’était au moins une chose de confirmée. Elle se redressa légèrement et s’arrêta à nouveau, ayant décidé d’avoir le cœur net. Elle vérifia une fois de plus l’état d’inconscience de son ‘compagnon’ et attrapa ensuite de ses doigts le bord de sa chemise pour en ouvrir le col. Elle jeta un regard qu’elle souhaita le plus bref possible, sentant son propre cœur sur le point d’imploser. Rouge. Ses plaies étaient rouvertes. Elle relâcha le col, incertaine de ce qu’elle pouvait bien faire pour soulager ses douleurs.

Fallait-il le réchauffer ou au contraire le refroidir ? Fallait-il le bouger, ou au contraire essayer de l’immobiliser davantage ? Elle s’efforça de rester calme afin de mieux réfléchir. Lorsqu’elle avait de la fièvre, enfant…elle se souvenait de sa mère commandant d’un ton empressé à leurs servantes d’apporter toutes les couvertures à leur disposition. Le poids était écrasant sur la poitrine de la fillette qui sombrait peu à peu dans l’inconscience, marquant à jamais dans sa mémoire le regard inquiet de sa mère qui épongeait affectueusement son front en la berçant de son chant.
Orline se redressa tout à fait ce coup-ci, et se releva à moitié même pour se dévêtir de sa cape qu’elle allongea sur le corps du blessé, cherchant à le border de son mieux. Elle essaya également d’attraper son écharpe restée à terre. Une soudaine secousse la propulsa en avant et ce n’est que grâce à ses réflexes qu’Orline réussit à éviter de tomber sur Syp. Sa main claqua contre le panneau de bois juste derrière lui, et une fulgurante douleur remonta le long de son poignet, tirant une plainte sourde à la jeune femme dont les mains avaient été endommagées par son escalade nocturne dans les treillis. Elle ravala ses larmes et finit par récupérer son écharpe qu’elle enroula également de son mieux autour du cou de l’homme. Pourvu qu’ils arrivent bientôt….

Son vœu fut exaucé et bientôt la roulotte ralentit. Elle ne se fit pas prier et quitta prestement la roulotte, le rouge aux joues et pour une fois aucunement inquiétée du froid mordant de l’extérieur. Elle surprit un regard des plus étonnés de la part de la jeune guérisseuse, elle s’empressa donc de se justifier :


- Syp a de la fièvre. Ses blessures se sont rouvertes…


Elle chercha un instant ses mots, bafouilla quelques excuses supplémentaires, et décida finalement de détourner le regard pour fouiller avec entrain les méandres de sa sacoche de cuir à la recherche des clés du hangar.
Elle fit signe à Floria de bien vouloir venir l’aider et Orline déverrouilla le cadenas, faisant de son mieux pour glisser la lourde chaîne le plus rapidement et discrètement possible. Le quartier était relativement calme, surtout en fin de journée. Il s’agissait essentiellement d’entrepôts gérant les arrivées et sorties de marchandises de la capitale, légèrement excentré du quartier marchand. En vue de la baisse des activités commerciales Haradiel, l’agent de sécurité a été remercié, et l’entrepôt avait bien diminué également dans son utilisation. On le préservait cependant dans l’espoir de jours meilleurs, et dû à son emplacement très privilégié. Orline s’arcbouta et utilisa tout son corps, avec l’aide de Floria, pour faire glisser la haute porte du hangar qui résista un moment à leurs vaillants efforts.


- Je pense qu’il est plus prudent de faire rentrer votre roulotte, Floria, si vous le voulez bien…

Elle s’écarta ensuite du chemin et fit un rapide inventaire du hangar du regard. Son père s’était spécialisé dans les produits exotiques et malgré la descente du commerce, ils avaient encore des marchandises entreposées ici. Essentiellement des tissus, quelques meubles richement décorés, des plateaux gravés et décoratifs, ou encore des caisses de produits secs ou cosmétiques pour les galantes de la Cité Blanche à la recherche de mystères et senteurs nouvelles. Orline se dirigea vers le côté de l’entrepôt où un logis modeste avait été construit pour accueillir leurs employés désormais partis. On y trouvait là deux lits simples, ainsi qu’une couche recouverte de couvertures et de coussins pour accueillir les éventuels visiteurs ou permettre à leurs livreurs de se reposer quelques heures avant de reprendre la route. Le logis était décoré dans une inspiration orientale, les tissus de couleurs chaudes et richement brodés. La jeune femme vérifia rapidement que nulle livraison n’était prévue dans les jours prochains dans le livret, et entreprit de préparer une théière fumante pour les réchauffer et les remercier du transport. Elle prépara un plateau sur la table basse entourée de coussins moelleux et y exposa des fruits secs, amandes, miel…L’endroit était humble, légèrement vieillit mais coquet et accueillant. Orline aimait passer du temps ici où elle observait comment mener les affaires, négocier les prix, vérifier l’état de leurs marchandises. Elle avait appris les cordes du métier principalement ici ou sur les routes quand son père voulait bien qu’elle l’accompagne. Elle trouva donc sans mal tout ce qu’elle cherchait, et le thé fut bientôt servit également sur le plateau avec des petites tasses métalliques et gravées des mêmes motifs. L’odeur apporta instantanément du réconfort à la jeune femme qui retrouvait ici ses repères familiers. Elle se permit la folie d’ajouter une goutte de liqueur dans son breuvage et la brulure causée lui fit le plus grand bien. Elle laissa la bouteille de verre peinte sur la table. Elle s’agenouilla ensuite sur les coussins prévus à cet effet sur le sol, et invita ses invités à la rejoindre.

Elle ne tarda pas à être rattrapée par la précarité de sa situation lorsque Floria fourra dans les mains de la jeune femme la lettre que Judia avait adressé à sa sœur avant son départ. Orline refusa d’en lire le contenu et garda son regard plongé dans celui de Floria, consciente que ce geste était avant tout un appel à l’aide, une demande de justification tout à fait compréhensible et motivée également par les émotions vives de la femme. Orline prit un instant avant de répondre, essayant de propager son calme qu’elle feignit à son interlocutrice. Elle posa la lettre en douceur sur la table, en lissa le papier lentement pour la préserver au mieux et entrevit uniquement l’écriture élégante de la défunte. Elle servit ensuite le thé, remontant son poignet haut pour faire couler le liquide brulant et brun élégamment dans la tasse. L’art du thé était une cérémonie qui faisait vibrer l’âme de la jeune femme très attachée à ses origines. Elle reposa doucement la théière et son regard rencontra à nouveau celui de Floria lorsqu’elle lui tendit la tasse des deux mains, l’invitant d’un hochement de tête à la prendre.
Il n’y avait pas de manière simple de lui dire et Orline elle-même en savait très peu. Elle était convaincue cependant que la moindre information partagée pouvait la mettre en danger ainsi que Floria, et que Judia ne l’aurait pas souhaité. Elle chercha donc avec soin ses mots :


- Ce symbole…est celui d’une organisation dont faisait partie Judia. Je ne l’ai que peu connue…je l’avais rencontré et côtoyé essentiellement lors des évènements organisés par la Guilde du Commerce…

Elle fit une pause dans son discours pour prendre une longue gorgée de thé réhaussé de spiritueux. Elle toussa doucement avant de reposer sa tasse, gardant ses mains autour pour les réchauffer.


- Quand aux…circonstances de son départ…je n’étais malheureusement pas présente, je ne peux donc vous fournir plus de détails, vous m’en voyez navrée…


Elle avait bien conscience d’esquiver la plupart des questions, mais elle-même n’avait que peu d’informations disponibles et encore moins à offrir. Cette situation était extrêmement délicate et elle ne voulait pas attirer encore plus les foudres du destin à cause de son indiscrétion. Son regard se leva vers Syp qui les avait rejoints silencieusement. Leurs regards se rencontrèrent, s’accrochèrent longuement. La fièvre avait rosi ses joues et embrumés ses yeux d’orage d’été. Elle ne pouvait s’en détacher.
Elle racla doucement sa gorge avant d’ajouter :


- Je vous remercie chaleureusement pour le transport. Comme vous avez montré envers nous une hospitalité remarquable, je vous renvoie la faveur. Ce lieu est…ce qu’il est, mais je vous prie de vous y sentir comme chez vous. La nuit est tombée, je vous encourage à vous reposer au mieux. Je ferai mon possible pour rendre votre séjour confortable et vous adresser toute l’aide que je puis vous apporter.

Orline sentait la fatigue s’emparer de son corps et embrouiller son esprit. Elle devait réfléchir à comment assurer sa sécurité jusqu’à ce que les évènements se tassent. Combien de temps cela prendrait-il ?


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:37, édité 1 fois
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De mal en pis... EmptyJeu 18 Mai 2023 - 18:39
De mal en pis... 44fcb913
Jenifaël #PNJ

Une fois le barrage passé, je regardais derrière moi à fin de faire un signe de tête au soldat. Certes, il a désobéi aux ordres, mais il assure également une vie moins douloureuse pour son enfant.

Nous avançons doucement, prenant des routes de moins en moins peuplés et je me perds une fois encore dans mes pensées.
Si j'étais à la place du soldat, j'aurais fait quoi ? Aider la chair de ma chair, au risque que mon manque d'obéissance remonte au haut gradé ? Ou bien obéir aveuglément et voir mon fils souffrir chaque jour, voir dans ses yeux de la douleur ? Honnêtement, je ne peux pas savoir, je n'ai jamais eu le bonheur, ni l'envie d'avoir un mari et enfanté. J'aimais ma famille, mais je ne pense pas que l'amour que l'on porte à notre enfant soit le même genre d'amour.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un hangar. Je descends de mon cheval et me tourne vers la roulotte et me dirige vers celle-ci quand je vois Orline sortir précipitamment, les joues rouges et sans sa cape.

Je la regarde avec un air surpris et celle-ci ce mis tout de suite à bafouiller et m'expliquer ce qu'il se passe.

- Syp a de la fièvre. Ses blessures se sont rouvertes…

L'inquiétude me prend pendant qu'elle bafouille quelques excuses. J'ai bel et bien conscience qu'elle n'est responsable en rien de son état. C'est à moi que revient cette responsabilité et j'aurai dû monter dans la roulotte avec lui pour éviter ce genre de problème.

Je pose une main rassurante sur son épaule en effectuant une petite pression dans le but de la rassurer.

Elle fouilla dans sa sacoche, je suppose, pour ouvrir le hangar. Mais cela ne m'intéresse pas tellement, bien que Syp devra se reposer pour reprendre ses forces.

Je monte dans la roulotte et m'occupe de mon patient. Il est trempé de sueur, des plaies se sont ouvertes.

Je sors de ma pochette un désinfectant naturel et doux pour qu'il n'est pas trop mal, j'applique le produit sur un tissu que je plaque contre sa blessure. Je le vois contracter sa mâchoire dû à la douleur. Pendant que le désinfectant fait effet, je sors une aiguille et du fil ainsi qu'une petite bouteille d'un liquide précieux. J'anesthésie les zones autour des plaies et trempe mon aiguille et mon fil dans le désinfectant avant de commencer à faire des points de suture. Après de longues minutes, toutes les plaies les plus dangereuses sont suturées, je lui donne quelques feuilles à mâcher de saule blanc destiné à faire baisser la fièvre.

Je recule en frottant mes yeux qui piquent légèrement dû à la concentration sur ma tâche. Je sors une petite gourde de ma sacoche que je garde exclusivement pour le médical avant de nettoyer du mieux que je peux le sang sécher.
Lorsque je relève la tête, je vois Syp me regarder en silence. Je lui fais un mince sourire en rangeant mon matériel dans l'espoir de le rassurer.

- Tant que tu te tiens tranquille, les fils ne lâcheront pas. Je vais te donner un mélange de plante que tu dois mettre dans de l'eau chaude, ça agira comme anti-douleur.

Je sors de mon sac une petite bourse avec un mélange de plante et je lui tends.

- Ne met que l'équivalent de trois pincées maximum par tasse. Il est plutôt puissant comme remède.

Je l'aide à descendre de la roulotte et le lâche une fois ses deux pieds au sol et qu'il reprend son équilibre. Je le regarde faire quelques pas avant de le laisser tranquille.

Je regarde autour de moi et je me rends compte que les filles ont fait rentrer la roulotte dans le hangar et qu'elles boivent du thé, je suppose. Floria tend une lettre à Orline et le regard dévasté de la jeune femme ainsi que l'air anxieux de l'autre me font froncer les sourcils.

* Je suis gentille, mais pas naïve. Je veux bien les aider à condition qu'on me dise ce qu'il se passe. Syp est grièvement blessé, une femme est morte d'une façon horrible. Mon instinct me dit qu'il y a bien plus que ça. *
J'observe les trois personnes devant et je choisis Orline pour demander des explications et si elle ne satisfait pas ma curiosité,je demanderai à Syp. Après tout, il me doit bien ça.


Je marche lentement vers eux, essayant d'écouter ce que disait Orline.

- Je vous remercie chaleureusement pour le transport. Comme vous avez montré envers nous une hospitalité remarquable, je vous renvoie la faveur. Ce lieu est…ce qu’il est, mais je vous prie de vous y sentir comme chez vous. La nuit est tombée, je vous encourage à vous reposer au mieux. Je ferai mon possible pour rendre votre séjour confortable et vous adresser toute l’aide que je puis vous apporter.

Les traits tirés d'Orline me laissent penser que la fatigue est là. Je décide tout de même de lui parler maintenant.

- Orline ? Je pourrais te parler quelques minutes ?

Je lui montre un endroit un peu à l'écart, mais pas trop pour que je puisse avoir un œil sur Syp.

Je lui souris, mais mon regard ce fait plus dur et je la regarde droit dans les yeux sans ciller avant de me lancer.

- Que ce passe t-il exactement ? Je vois bien que vous vous comportez bizarrement, toi est Syp. Je ne suis pas naïve et je comprends que tu veuilles préserver Floria qui a l'air innocente et fragile du a la perte d'un proche, mais moi ce n'est pas mon cas. J'aimerais savoir ce qu'il se passe. J'ai décidé de vous aider quoi qu'il arrive, je veux juste savoir dans quoi je m'embarque.

Je croise les bras sur ma poitrine en la fixant. Je veux des réponses et je compte bien en avoir. Par n'importe quel moyen.
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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... EmptyLun 29 Mai 2023 - 14:50
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Ils descendaient l’escalier, Timéon, Judia et Hosh’ à ses cotés, devant, Rhydon et ses sbires-
Des cris, des bruits de combat, des gens devant lui, qui combattent d’autres gens, Neige, cette elfe, Felian, avec qui ils avait parlé- Des morts, autour de lui, son cimeterre dans ses mains, la rapière dans celle s de Rhydon, ils croisent le fer- Edna, le visage déformé, verdâtre, en décomposition, elle s’avance vers lui, du poison coule de ses orbites et tombe dans sa bouche – tout est monstrueux, Timéon a tué l’un des sbires, mais l’autre, à face de squelette, à l’armure rouillée et corrodée, lui fait face – Judia, la belle Judia, auréolée de lumière, tire Hosh’ vers le haut. Il ne reste plus que Syp face au monstre-Rhydon, avec sa face de vautour, au bec noir et ensanglanté, avec ses ailes rabougries de chauve-souris – son cimeterre mord la chaire du vautour, une première fois, puis une deuxième, Syp est un guerrier, Rhydon le sait, il a peur, ca ce voit – Une aura de lumière blanche derrière lui, un homme, avec une arbalète, Le capitaine Petrus- une sensation de bien être sur le front de Syp, mais lointaine, comme détaché du combat- Un carreau, il manque le commandant de l’arbre- qu’à cela ne tienne, Syp est toujours là – la lame courbe tombe, tombe, tombe, lentement, mais si sûrement- la joie intense, l’adrénaline- est-ce une couverture qu’on lui met dessus ? Il ne sait pas, le combat est plus important Sa tête roule, roule dans le feu, le vautour et mort – tout est noir, le corps du vautour continue à bouger, il a plus de bras d’un coup, quatre, dix, vingts, des dizaines, qui cherche Syp – Ils sont partout, les bras morts du vautour, à le vouloir, il ne peut leur échapper, il ne peut – il...la douceur sur lui, et la douleur, mais pas de lui -


Orline, face à lui, le bras qui claque contre la roulotte. Elle s’est fait mal… ? Je dois l’aider… ? Je lui doit bien ca... « hhgggmmmhh »

Mais Syp est trop faible pour en dire plus, il lui revaudra ca après. Leur petite troupe est arrivé au hangar. Syp n’arrive pas à se relever correctement, il voit Oriline Sortir, il se rend compte de la cape de la jeune fille qui l’entoure, et de son écharpe, il sent son odeur épicée dessus. Le guerrier respire un grand coup, Ô que cela sent bon...Mais, alors même qu’il profite de la douce odeur, le guerrier prend conscience de ce qu’il vient de faire . Un mauvais rêve ? Une hallucination ? Une crise.. ? Sa cervelle serait alors elle aussi endommagée ? La douleur, dans le fond du crâne, ca le démange, bon. Pas grave, on verra une autres fois pour la rétrospective mentale, juste, éviter les choc à la tête hein…

Jenifael est là, elle est là pour lui. Alors que la guérisseuse entre dans la roulotte, Syp esquisse un sourire, quel privilégié, il est chouchouté par tous il faut croire...Sentant la mains de Jenifael appliquer une sorte de désinfectant, Syp se relâche en se concentrant sur la saine sensation de fraîcheur et de douleur, avant de se relancer encore plus sous l’effet de l’anesthésiant. Toutes les femmes avec qui il s’est embraqué pour cette aventure sont toutes pleines de ressources insoupçonné, et sont des compagnes de voyage..Hors paire. Et sans elles il serait mort depuis longtemps. Après l’avoir recousu, Jenifael lui donne quelques instructions pour que la réparation tienne. Ce que Syp s’engage à respecter. Puis, la guérisseuse lui donne une petit bourse de tissu ciré, remplis d’un savant mélange de simples. Qu’il faut apparemment prendre dans de l’eau chaude sous une certaine quantité pour agir contre la douleur. Syp balbutie de sincères remerciements, qu’il conclu par une main tremblante sur l’épaule de sa sauveuse. Qui l’escorte bravement en dehors de la roulotte, et le tenant fermement. Ce qui fait réitérer au guerrier sa pensée que chacun de ces trois femmes sont des femmes exceptionnelles et qu’il ne le remerciera jamais assez pour tout ce qu’elles ont fait pour lui, pourtant sans avoir de lien spéciaux…

Ses trois compagnes d’aventure se retirent alors à l’intérieur du hangar. C’est une grande et vielle battisse, en bon état malgré un manque d’utilisation flagrant. Syp entre dedans au claudiquant avant de refermer la porte derrière lui. Il est toujours enroulé dans la cape et l’écharpe d’Orline… L’entrepôt et surtout remplis de chose que Syp, qui le remarque avec joie, connaît assez bien. Des marchandise de l’orient, du sud et de l’est. Des tissu, qui ici sont des matériaux de luxe, et qui la bas, dans les steppes, servent pour les habits de nuit...Des épices de toute sortes, des verreries, du bois, et - Ohhhhh -, des fourrures d’animaux qu’il avait lui même chassé avec les cavaliers ses amis dans un autre temps. Mais tout paraît vieux, à croire que les affaires se passent mal pour la famille d’Orline...

Se rendant compte qu’il a toujours le couteau de cuisine à la ceinture, Syp le pose doucement sur une étagère. Et cherche une arme un peu plus efficace à garder à portée de main si la garde arrive. Après quelques minutes de recherche entres les étagères poussiéreuses et les caisses de marchandises, il finit par tomber sur une barre de fer se terminant en un pique recourbé, sûrement pur attraper ou manœuvrer les marchandises en hauteur. Après l’avoir prit dans sa main valide, Syp se dirige vers les bruit de conversation, qui semble venir d’une petite annexe à l’entrepôt. Il pose son arme improvisée devant la porte avant de rentrer. Le logis en lui même est décoré à l’orientale, et l’ancien habitant de ces contrées s’émerveille de revoir un peu de cette esthétique exotique. Il entend alors Orline et Floria discuté dans ce qui semble être un petit salon à quelques mètres de sa position. Se rapprochant lentement et sans bruit, Syp parvient à capter le sujet de leur conversation. Floria à l’air remonté, et peu encline au tact cette fois. Et Orline quand à elle..elle n’as pas ou ne sais pas donner les réponses, et il est du devoir de Syp de l’aider sur ce point, et puis qu’a-t’il à perdre lui ? Rien ? Tout les service secret de la citée blanches doivent déjà savoir ses crimes.

- «  Laissez la pauvre Orline tranquille, j’ai les réponses qu’elle n’a pas. Ce symbole, c’est celui de l’arbre blanc, les services secrets du Gondor, votre sœur et moi en faisions parti. Quand  à notre mission, je ne puis encore vous la dire, mais nous étions commandé par la raclure qu’est Lord Rhydon et ce salaud de Cartogan, ils nous ont menés tout droit à notre morts dans une mission suicide, ils ont tué votre sœur, il nous méprisait et nous ont envoyé au casse pipe...Judia est morte lors d’une explosion quand nous nous rendions sur le lieux de notre mission. Enfin, quand je dis mission, il y en a eut deux. La première, nous, judia moi et quatre autres personnes, l’avions faite ensemble. Je ne puis vous en dire plus de celle ci, à part que Judia à fait honneur à ses valeurs, et que nous avions fait la découverte de secrets qui dérangeait trop les hautes sphères. Ensuite, il y eut notre deuxième mission, ou le général, cette salope, nous mena à la mort, et se mena lui même à le mort d’ailleurs..Tout ca pour rencontré un foutu assassin… Et donc oui sur le chemin vous sœur à brûlé, comme tout mes amis, comme tous...Cela peut vous paraître confus et compliqué, et bien ca l’est. Tout ce qu’il faut que vous sachiez, c’est que l’arbre blanc, les nobles instigateurs et perfides et le gouvernement du Gondor ont tué votre sœur, elle pensait faire le bien, et elle l’a fait, mais elle est morte pour avoir choisit le coté des justes !.. »

Syp regarda tout à tout Orline et Floria, puis reprit.

- « Quand à savoir si nous sommes en dangers, et bien vous Floria j’aurais bien dis oui mais non, l’arbre blanc ne fera pas la différence, il vous tueront sûrement aussi, quand à moi et Orline, nous sommes leurs cibles. Et jenifael le deviendra aussi...Désolé...désolé d’avoir bouleversé votre vie de cette façon, peut être la justice vous graciera -t’elle si vous dites avoir été forcé de nous aider, faites comme vous le voulez, de toute facon, demain nous seront sûrement parti, d’une manière ou d’une autre...pardon... »


Regardant les yeux de Floria, Syp ne put s’empêcher de ressentir la plus absolu pitié pour elle, qui se voyait embarquée la dedans sans raison...Pauvre jeune fille...Elle ne méritait pas ca, Orline et lui devait bien la laisser tranquille…

Mais alors que Floria en avait juste finit avec Orline, la pauvre fut ne nouveau prise à parti, à l’écart des regards, par Jénifael qui venait d’arriver. Syp se dirigea au claudiquant vers elles, laissant Floria dans le petit salon. Avant même qu’Orline ait pu répondre aux demandes de la guérisseuse l’homme prit celle ci par le bras et marmonna dans sa barbe que si elle voulait des réponses elle devait parler avec lui, pas avec Orline. Syp les dirigea alors dans  une pièce écartée, un genre de petit bureau, et ferma la porte derrière eux. Cette fois, il devait tout dire, car Jenifael était sûrement sa seule porte de sortie en dehors de la citée.

- « Bon, l’histoire que je vais vous raconter ne sera pas la même que celle que j’ai conté à Floria, car vous êtes ma seules porte de sortie, et peut être aussi la seule d’Orline. Et je promet de vous dire toute la vérité que je peux. Ainsi donc, je vous conterais d’abord mon histoire, puis ce que je connais de celle d’Orline. Et parlons bien à voix basse, je ne veux pas que tout se sache...J’ai été recruté dans l’arbre blanc pour mes talents martiaux, et car moi même j’avais besoin d’argent. L’arbre, c’est les service secret du Gondor, il était dirigé par Lord Rhydon. Nous étions toute une vague de jeunes recrues, divisée en groupes, chaque groupes avait son capitaine et sa mission. Mon groupe à moi était constitué de Judia Morbisse, la sœur de notre Floria, d’un marchand dénommé Timéon, de Hoshen, une jeune homme des rues, et D’Edna, mais nous reviendrons sur elle. Et notre capitaine était Pétrus de Lamedon…


Et alors Syp déroula le fil de son histoire, l’université, il omit les noms des ceux qu’ils y avaient rencontré, se contentant de dires qu’ils étaiten des ennemis du gouvernement. Puis il raconta le retour au chameau, la re-descente dans les sous sols, puis le combat. Là il n’omit rien, sauf encore une fois les noms de Neige, de Felian et des autres. Il insista sur la félonie et les vices de Rhydon, raconta sa victoire et la décapitation sans euphémiser. Et la mort d’Edna. Bien sur, il raconta tout de l’expédition à l’hôtel Claymore, la mort du général, et finit sur un profession de foi révolutionnaire en énonçant pourquoi la gouvernance du Gondor actuelle était pourrie et bonne à brûler sur le bûcher.

- « ...ainsi donc je suis recherché, pour avoir prit le parti des justes, et m’être dressé contre des projets mortifères et injustes. Et je vous demande de m’aider à sortir de la ville, pour que je puisse rester en vie. Et si Orline le veut, je veux bien aussi que vous l’aidiez, je n’ai aucune compensation pécuniaire pour vous, je n’ai que le récit de mes aventure, et la force de mon bras, pourtant bien faible, à vous offrir...Et je ne saurais comment vous remercier, que ce soit pour ce que vous avez déjà fait pour fois...ou pour ce que vous pouvez encore faire... Je vous laisse donc le temps que vous voulez pour me dire vos plans, quand à moi, je dois aller m’entretenir avec Orline... »


Syp revint alors vers le petit salon, Floria n’étais plus là, mais Orline si. Sans un mot, Syp prit la bouteille vide sur la table, sa compagne devait l’avoir vidé, le thé semblait la rassurer...Ce qui encouragea l’homme à en refaire, il se concentra sur les épices à disposition. D’après l’odeur de la bouteille, le thé qu’Orline avait préparé venait plus des contrées du sud, Syp n’y connaissait pas grand-chose en cuisine de ces coins là, mais le thé à la mode des tribus nomades du Rhun de l’est, ca, oui ca il savait faire. Il mixa les épices qu’il trouva et qu’il connaissait, et entreprit de faire chauffer le mélange, ce ne serait pas parfait, mais ca lui rappellerait le pays, et, espérait-il, ca ferait plaisir à Orline...Il s’approcha d’elle doucement, s’assit tranquillement sur la banquette prêt d’elle.

- « Je crois vous savoir amatrice de thé...Personnellement je n’ai jamais voyagé dans votre sud, mais je connais les recettes de l’est. On y fait un très bon thé, j’ai tenté de le reproduire avec ce que j’avais...Cela peut paraître ridicule mais j’espère qu’il vous rendra un peu la forme... »
Syp rougit quelque peu de la naïveté de ses propos « Vous savez »Recommença-t’il tout en tendant une coupe de thé à Orline « Je vous suis infiniment redevable, vous m’avez sauvé plusieurs fois, vous vous êtes occupé de moi, bien malgré vous j’imagine... »Syp se défit de la cape et de l’écharpe qu’il posa doucement sur le canapé « Vous devez peut être me voir comme un lourd fardeau, dont il faut s’occuper des blessures, aussi bien mentales que physiques, vous devez me voir comme un malotru peut être au vu de mes manières.. »L’homme baissa sa tête, n’osant croiser le regard d’Orline « Et je tenais à vous remercier, à infiniment vous remercier, vous êtes une femme formidable Orline Haradiel. Et je ne sais comment vous rendre la pareille...J’ai déjà commencé, j’imagine, en vous débloquant une porte de sortie de al ville, par l’entremise de Jenifael, si c’est votre projet...Moi, je compte tenter de m’enfuir demain, ou en tout cas au plus vite...Mais assez parler de moi, car je sais que vous avez aussi vos blessure Orline..et vous savez, si vous voulez me raconter je suis là, je peux aider... »

Et peut être au final Orline était elle en confiance avec lui, car elle lui confia ses peines, ses angoisse sur sa famille, sur son mariage plus ou moins forcé et les prétendants qu’elle n’aimait pas.
Syp, malgré ce qu’il avait traversé, ressentait tant d’empathie pour cette jeune fille, qui en avait déjà vu bien trop, qu’il ne put s’empêcher de tout écouter, avec tristesse et affection. Elle était peut être trop délicate pour ce monde, comme une rose qui n’a pas encore poussé d’épines assez grandes pour éloigner le danger...Elle pleura sur son épaule en parlant du charnier qui l’avait fait quitter la mission. Et quand elle lui raconta comme elle s’était blessé les mains sur le treillis puis dans la roulotte. Syp ne put retenir son geste, et prit les petites mains d’Orline dans les siennes. Elles étaient minuscules par rapport au grandes paumes calleuse de Syp, elle étaient encore délicates, mais striées par de petite blessures. Regardant sa compagne avec des yeux plein de tendresse, Syp prit l’écharpe et l’enroula délicatement autour des petites paumes d’Orline, avant d’englober ses mains dans les siennes, comme pour protéger les pétales d’une rose. Les mots étaient de trop, et elle avait finit de dire ce qu’elle avait à dire. L’heure était aux regardes implicite et aux accords tacites, et Orline, prise de fatigue après tant d’aventures, se mit à somnoler sur l’épaule de son compagnon. Celui ci, tentant de ne pas trop bouger, pour ne pas troubler son repos, prit un coussin de soie, et le placa sous la tête de la femme endormie, avant de timidement, mais sans pouvoir s’en restreindre, lui déposer un petit, court, vite finit, mais significatif baiser sur le front. Une fois qu’Orline dormit d’un plus lourd sommeil, Syp la prit dans ses bras, l’enroula dans sa cape, pour ne pas qu’elle prenne froid, et la transporta jusqu’au lit, elle était si légère, que même avec son bras abîmé, Syp pouvait la porter sans mal. Il la coucha sur le matelas, enleva la cape et la couvrit d’une fine couverture au motif nocturne, puis ré étendit la cape sur elle, pour couvrir ses jambes et son ventre, mais pas son torse, on ne dort pas bien quand on à trop chaud…
Elle était si belle, à la lumière claire de la lune qui filtrait par les fins rideaux, avec ses long cheveux bruns et son visage pas encore marqué par les intempéries de la vie...Il l’aimait, vraiment, en tout cas il était attaché à elle, sans plus aucun doute…
Mais alors qu’il s’en allait lui même dormir, en laissant son écharpe et un peu de thé à sa compagne, il se rendit compte qu’elle portait toujours ses vêtements de ville, peut être faudrait-il au moins desserrer son corset pour qu’elle se repose bien... Rien qu’a cette pensée il rougit, et sentit une vague de chaleur sur ses joues, bon, il allait le faire, mais vite faite bien fait, et pour  rendre la vie d’Orline plus confortable, étant donné ce qu’il lui avait fait subir...Il se rapprocha doucement, en espérant qu’elle dorme bien, pour éviter toute scène gênante...Et desserra très doucement les lacets à l’arrière du corset d’Orline après l’avoir roulé légèrement sur le coté. Avoir les mains si proches du magnifique dos de la jeune fille, dont les lignes parfaites se dessinaient dans la pénombre, fit frissonner Syp de tout son corps.  Une fois qu’il jugea que cela suffisait, il remit en place la jeune fille, remonta les draps, vérifia qu’il restait du thé pour demain, et, sans chercher à savoir ou était parti les deux autres femmes, alla s’affaler sur le canapé. Pour y dormir du sommeil du juste, et rêver d’une jeune fille au long cheveux brun, et aux mains si petites dans les siennes...
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Sighild Baldrick
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De mal en pis... EmptyVen 16 Juin 2023 - 22:49
***


« Oh non. Ne me dites pas qu’elle est partie. Ma petite fille.»


Le Seigneur prit son épouse dans ses bras. Leur petite fille avait pris la fuite, sa manière de refuser ce destin qui lui fut imposé.
La mère était inquiète. Le père était quant à lui furieux.

Il était en train de se maudire d’avoir été trop laxiste sur son éducation. Une fille qui n’obéissait pas à son père était mal perçu ici…alors deux…et leur petite dernière était bien plus sauvageonne que leur aînée:
« Allons ma chère épouse. Nous allons la retrouver. » Il lui caressa les épaules, tentant d’être convainquant.

Floria était inconsciente d’être partie à l’aventure, sans connaître vraiment ce qui pouvait l’attendre. Guyram avait un mauvais pressentiment pour son enfant et bien qu’il soit très remonté par cette attitude, il avait peur que sa plus jeune enfant ne perde la vie.

Et s’il avait fait marche arrière ? Et s’il l’avait écouté ?

Mais un Morbise n’a jamais et ne cédera jamais au chantage, même d’un membre de sa famille.

Floria avait agi en enfant gâtée et égoïste. Lui, avait agi en un père raisonnable et aimant. Ce mariage permettrait aux Morbise de s’élever dans la société, c’était une chance inespérée.

Loin de se douter que sa fille avait trouvé refuge chez un fermier. Le Seigneur Morbise ordonna que l’on prépare sa monture et nomma quatre hommes en escorte.

C’est alors qu’ils le virent arriver : lui. Le fiancé de Floria avait prévu de surprendre sa prétendante l’instant d’une soirée et en attendant leurs noces à venir.

Quelques minutes lui suffirent pour convaincre d’aller à la recherche de sa promise. On lui confia, à lui et à son homme de main, des chevaux, des vivres.

Et une nouvelle aventure débuta.

S’éloignant de plus en plus du domaine Morbise, l’homme de main dit à son maître :
« Mon Seigneur, je ne comprends pas pourquoi vous vous obstinez à la vouloir. »


Cet échange, ils l’avaient déjà eu quelques temps auparavant. Le jeune Seigneur aimait le franc parlé de son ami:
« Comment veux-tu que je la rejette ? Un esprit aussi ingénieux que beau. Et ce côté farouche, moi il me plaît. Je pense qu’une fois que j’aurais dompté cette jeune Morbise, tout ira pour le mieux. » il prit une pause « Et quoi de mieux que le vaillant prince charmant pour sauver des griffes du danger une jeune damoiselle en détresse » reprit-il d’un air théâtral.

« Et si elle…meurt ? »


« Voyons, voyons. Je serai le pauvre prince charmant anéantit par la mort de sa promise…Le pauvre fiancé en deuil qui annoncera à ses futurs beaux-parents la perte de leur plus jeune enfant. » il eut un air triste mais eut soudain un sourire narquois « Un jeune sauveur qui trouvera réconfort auprès d’autres bras pour soulager cette grande détresse…et il en faudra bien plus qu’une seule paire. »

Le sous-entendu fit rire les deux acolytes.
***

De mal en pis... Floria14

Syp lui avait tout dit, du moins…une partie. Elle s’en rendit bien assez compte lorsqu’il prit à part Jenifaël. Elle ne pouvait pas dire d’écouter aux portes…Orline était toujours là.

Son sang ne fit qu’un tour. La colère et l’exaspération la gagnèrent.
*Prenez-moi pour une idiote. Vous allez voir de quel bois je me chauffe ! Ca n’est certainement pas parce que je suis jeune que je suis dupe.* elle se redressa sans rien dire de plus, ignorant totalement le reste de son équipe et repartit d’un pas déterminer vers sa roulotte.

Elle claqua la porte de rage.

Floria ouvrit quelques fenêtres de la caravane pour aérer les lieux. L’odeur du sang était présente, le sang de ce Syp…ce soi-disant ami de sa sœur.

La jeune bourgeoise releva ses manches et retira les housses des coussins d’assises pour en mettre des propres. Les tâches de sang sur les coussins et sur le bois ne partiraient pas aussi facilement, mais elle voulait tout au moins s’assoir sur quelque chose de propre.

Elle laissa le linge sale dans la réserve et alla se laver les mains. Une fois ses mains propres, elle se nettoya le visage. L’eau l’aidera peut-être à se calmer et à reprendre ses esprits.

C’est en voyant son reflet dans le miroir qu’elle comprit une chose : elle n’était pas sa sœur et ne le saurait jamais.
Elle ne pouvait permettre que l’on se joue d’elle, que l’on profite de son deuil pour la mettre en danger. Il en était hors de question.

Avant de s’assoir, elle récupéra dans la réserve de sa sœur deux pommes et de l’eau. Se dirigeant vers le tiroir à couverts, elle murmura :
« Sept poules sur un mur, qui picorent du pain dur… » elle observa le contenu du tiroir et reprit « mais l’une d’entre elles n’est pas rentrée…c’est le renard qui l’a mangé. »

La règle des sept avait été inventée par Judia pour limiter le stock d’objet dans sa roulotte. Certains objets ne dépassaient pas le nombre de sept : c’était le cas des couteaux de cuisine.

Il manquait un couteau, il y avait du sang dans le tiroir. Au vu des traces de doigts, le responsable était tout désigné :
*Chiabrena*pesta-t-elle


Elle s’installa et commença éplucher une pomme. Elle se servit une tasse en bois de l’eau fraîche.

Dessiner lui permettrait de réfléchir, de se concentrer…mais Floria n’en avait pas envie. Il y avait trop d’informations, elle hésitait à dénoncer sur le champ Syp et Orline…mais pour faire quoi ensuite ? Et contre quel risque ?

En refermant les fenêtres, elle vit que Syp sortait avec Jenifaël. Elle regarda d’un œil noir cette scène. Floria comprit alors qu’elle ne pouvait compter que sur sa propre personne.

Le sommeil ne le gagna pas sur le coup. Aussi, décida-t-elle de rouvrir la cachette secrète de Judia pour y prendre uniquement son carnet de cuisine. Floria referma soigneusement cette cachette.

L’écriture de Judia l’apaisa.

Recette :


Floria entendit alors quelqu’un toquer à la porte. S’y dirigeant elle ouvrit et tomba sur Jenifaël.

La jeune Morbise retourna s’assoir, lui laissant le choix et la suivre ou de rester sur place.

Assises l’une en face de l’autre, Floria lui proposa un verre d'eau et une pomme. Elle lui dit ensuite :
« Parlons sans ambage. Que pensez-vous de tout cela ? »



Floria n'avait rien contre Jenifaël, mais elle connaître son choix...
[HRPG : recette testée Wink]
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... EmptyDim 18 Juin 2023 - 13:33

Orline se resservit une énième tasse de thé, eut une hésitation, et y ajouta à nouveau de la liqueur. La chaleur envahissait peu à peu sa gorge, sa poitrine et bientôt le reste de son corps. Une légère brume se déposa sur ses pensées, anesthésia ses craintes. C’est ce moment que Syp décida d’anéantir le petit réconfort qu’elle avait réussi à retrouver dans ce lieu familier et rassurant :

- Laissez la pauvre Orline tranquille, j’ai les réponses qu’elle n’a pas. […] Quant à notre mission, je ne puis encore vous la dire, mais nous étions commandés par la raclure qu’est Lord Rhydon et ce salaud de Cartogan, ils nous ont menés tout droit à notre mort dans une mission suicide, ils ont tué votre sœur, il nous méprisait et nous ont envoyé au casse-pipe...

A partir de cela, son esprit se vida d’un coup et la jeune femme devint livide. Elle fixait l’homme avec effroi, incertaine de ce qui était le plus choquant entre le vocabulaire employé ou le contenu d’une telle déclamation. Elle voulut s’insurger, aller à la défense du Directeur Rhydon, celui qui l’avait recruté et qu’elle espérait sincèrement qu’il lui viendrait en aide…Mais que savait-elle de cet homme vraiment ? Elle avait appris à lui faire confiance mais avait également bien conscience que derrière ces élégances et son charisme se cachaient bien des choses et des menaces plus inquiétantes encore car silencieuses…comme tout homme de sa stature avec une telle autorité. La jeune femme avait appris cependant à le respecter et l’avait considéré comme un allié pour l’aider dans sa situation familiale…particulière. Qu’était-il devenu ?
La jeune femme eut l’impression de tomber dans le vide et c’était une chance qu’elle soit déjà assise par terre sur les coussins moelleux, les mains devenues tremblantes autour de sa tasse de thé. Elle n’arrivait pas à reprendre ses esprits, à se maîtriser. Syp lui cachait des choses et elle craignait leurs étendues et implications pour son futur, sa survie. Elle avait été recrue de l’Arbre Blanc et était pourtant aussi naïve et ignorante qu’un nourrisson. Aussi faible et impuissant qu’un nouveau-né, jetée au milieu d’une fosse à fauves sans armes. Elle pensait en posséder et réalisa avec choc qu’elle ne savait rien, qu’elle se ferait manger, et que personne ne viendrait la sauver. Echec…et mat.

Elle fut quelque peu secouée quand Jenifaël vint à elle à son tour pour lui demander de lui expliquer la situation. Que pouvait-elle bien lui répondre ? Elle se releva de son mieux, comme sonnée par les révélations de Syp, et suivit docilement la guérisseuse à l’écart. Elle commençait à réunir ses esprits et chercha un instant ses mots, mais dès qu’elle ouvrit la bouche, voilà que Syp débarqua à nouveau et prit le bras de la jeune femme avant de s’éloigner ensemble pour s’isoler dans le bureau de leur ancien responsable logistique qui était devenu le sien. Sa main à moitié relevée et les lèvres encore entrouvertes, Orline resta un instant là, debout seule dans le hangar, le regard plongé dans le vide. Après ce qu’il avait révélé à Floria, pourquoi s’isoler avec Jenifaël ? Que pouvait-il donc bien révéler de plus ?
La jeune femme se mit à trembler mais non de froid, et revint vers le petit salon en titubant légèrement, pour se resservir une tasse de thé relevé une fois de plus par de la liqueur qui commençait à bien descendre. Cependant elle ne parvint pas cette fois ci à dissiper ses craintes et le stress, mêlé à la fatigue, influençaient la jeune femme au poids de plume beaucoup plus rapidement qu’elle ne l’aurait voulu.

Floria, qui était restée jusque-là assise à la table basse, se releva avec colère et s’enferma dans sa roulotte dont elle claqua la porte. Orline eut un sursaut et une pointe de culpabilité lui perça le cœur. Son regard se porta longuement sur la porte de bois peinte, indécise si elle devait se relever pour aller toquer. Mais pour quoi dire de plus ?
La jeune femme soupira, peinée de causer tant de troubles envers cette femme qui les avait courageusement accueilli chez sa sœur décédée et aidé à les transporter jusqu’aux hangars. Comment assurer sa sécurité, lorsque la leur était si précaire ? Ses yeux tombèrent sur ses propres mains tremblantes et se noya dans le liquide brun de sa tasse. Et le temps passa ainsi en silence…le calme avant la tempête ?

**

La jeune femme souleva une fois de plus la théière et poussa un soupir marqué de déception lorsque celle-ci la trouva vide. Son regard alla vers la bouteille de liqueur, vide aussi. Elle haussa les épaules et hoqueta légèrement, sa tête embrumée mais une douce chaleur l’envahissant entièrement comme des bras d’homme réconfortant. Elle ne vit même pas Syp arriver dans la pièce, occupée à grignoter pour faire passer l’étourdissement. Elle sursauta du coup légèrement lorsqu’elle sentit une présence la rejoindre sur les coussins au sol, juste à côté d’elle. Une odeur forte d’herbes médicinales et de fumée vint envahir ses narines, et elle se retourna pour y découvrir l’homme, son ‘compagnon’ d’infortune. Cet homme mystérieux qui lui cachait bien des choses, et avait probablement mis en péril ses maigres chances de s’en tirer, elle et sa famille. Les effets du spiritueux étaient encore bien présents, mais au moins le tournis et la nausée passagère s’étaient dissipés et Orline prêta grande attention à ses propos, prenant avec gratitude la tasse dans ses mains dont elle huma avec délectation les épices de l’Est.
Elle nota sur les pommettes de Syp une teinte rosée légère et se demanda si la fièvre n’était pas descendue, pencha la tête sur le côté en le fixant de ses yeux caramel. Il retira ensuite sa cape et son écharpes – celles d’Orline – et les déposa sur la banquette derrière eux. Elle observa silencieusement les bandages dépassant de son col qu’elle imagina s’étendre sur son torse musclé. Elle secoua la tête pour en chasser les images encore vives dans son esprit et tâcha de se concentrer sur ses propos, sur sa voix caverneuse et hésitante. Il partait. Il…partait. Des sentiments contradictoires l’envahissaient. Mais il était bien le dernier des recrues survivant avec elle, et bien que leur relation soit indéfinissable, cette expérience les relierait à jamais.

C’était probablement la fatigue, la tristesse, l’angoisse, ou encore l’alcool mais Orline se mit à parler dans un flot interrompu uniquement par des hoquets dus à ce nœud dans la gorge qu’elle n’arrivait pas tout à fait à s’en défaire et des larmes ne tardèrent pas à s’en mêler, rendant son élocution encore plus incertaine et approximative. Syp avait beau avoir des blessures bien plus graves, il l’écouta sans l’interrompre et la couva d’un regard qu’Orline ne sut interpréter. Lorsqu’elle parla de son escalade, il lui prit avec douceur ses mains dans les siennes et la jeune femme sentit une chaleur extrême envahir ses doigts, ses paumes, et remonter le long de ses bras. Elle baissa les yeux un instant et observa leurs mains entremêlées, les siennes si petites dans celles recouvertes de coupures et brûlures du grand guerrier. Il ne la jugeait pas pour cela.
Elle s’en voulait de dévoiler tout cela, et encore plus de l’aspect trivial de toutes ces inquiétudes qui au final n’avaient plus aucune importance car elle ne s’en tirerait pas de cette situation, elle en était maintenue convaincue. Elle pleura donc sur ce futur qu’elle ne connaitra pas, sur ses parents qui auront honte d’avoir pour fille une criminelle recherchée, pour son père qui devra faire face seul désormais…Elle pleurait pour son frère perdu qu’elle ne reverrait jamais.
Son nez vint trouver le creux du cou de Syp et la chaleur de sa peau contre son nez et les palpitations du cœur du jeune homme qu’elle sentait lui apportèrent un bien être qui arriva enfin à calmer ses sanglots. Elle vint s’y réfugier les yeux fermés, instinctivement, et se roula en boule contre ce ‘compagnon’ qui, malgré tous les obstacles qui lui avaient ajoutés sur sa route, lui avait également apporté du réconfort. Sa respiration se calma et s’apaisa, et le monde autour d’elle devint plus obscur, plus chaleureux. Elle s’assoupit.

**

Elle se remémora des jours plus simples et bien plus heureux dans un pays aux couleurs chaleureuses et l’air était rempli de rires d’enfants espiègles, perturbés seulement par le son paisible de fontaines de marbres qui leur apportait un rafraîchissement plus que bienvenu en ces journées d’été interminables.
Une fille courrait dans les champs, les mains relevant les bas de sa longue robe de lin pour ne pas tomber. Elle rejoignit bientôt un arbre dont l’ombre tombait doucement sur une silhouette allongée. Elle ralentit alors et calma sa respiration, se faufilant le plus discrètement possible derrière le tronc pour observer l’homme étendu. Il avait les yeux fermés, un livre ouvert étendu sur son torse, un léger sourire aux lèvres. La fillette se rapprocha donc lentement en peinant à retenir ses gloussements avec ses petites mains. Jugeant être suffisamment proche, elle sauta sur sa cible avec un cri féroce

- Attrapé Hannib !

Mais il n’en était rien. Le jeune homme faisait semblant d’être assoupi et attrapa vivement sa jeune sœur avant qu’elle ne vienne s’étaler sur lui, lui arrachant des cris stridents dans un même mouvement. Il se releva, tenant toujours la jeune Orline dans ses mains et la fit sauter en l’air à quelques reprises, transformant ses cris en rires francs. Après s’être épuisés un moment à courir l’un après l’autre, le frère et la sœur s’étendirent à nouveau au pied de leur arbre favori, la fillette roulée en boule dans les bras de son frère adoré. Sa main venait caresser le début de barbe de ce dernier en le chatouillant. Il était pour elle le plus bel homme qu’elle n’ait jamais connu, le plus gentil, le plus savant. Il ne lui refusait jamais rien.
La fillette ne tarda pas à s’endormir ainsi, bercée par le son du vent dans les branches et rassurée par la présence protectrice de son ainé

- Reste…ne pars pas…

Des sanglots montèrent dans sa gorge et elle hoqueta, sa petite main agrippant vainement sa chemise.

**

Orline se releva soudainement dans le lit, les joues mouillés de larmes et la respiration courte. Elle prit un moment pour réunir ses esprits, incertaine d’où elle était. Sa main se plaqua contre son corset desserré et elle prit de profondes inspirations pour chasser son trouble. Il était encore bien sombre dehors et peu à peu les souvenirs remontèrent à la surface. Les hangars, l’Arbre Blanc…
La jeune femme avait bien conscience qu’il lui serait dorénavant impossible de retrouver le sommeil, elle se leva donc pour aller se rafraîchir dans la petite salle d’eau adjacente au bureau. Elle aperçut Syp couché sur la banquette, et Jenifaël non loin sur la deuxième couche. Elle passa devant eux en essayant de faire le moindre bruit possible, sur la pointe des pieds. Elle prit seulement au passage une tasse de ce thé d’Orient, et une tenue dans une malle disposée au coin de la pièce. Une fois dans la salle d’eaux, elle se dévêtit et jeta sur son visage de l’eau glaciale qui eut pour mérite de dissiper le reste de son cauchemar et de tout à fait la réveiller. Elle massa un instant son cuir chevelu ainsi que sa nuque endolorie pour chasser les tensions qui demeurèrent tout de même présentes et le resteront probablement en vue de la situation. Orline tressa souplement ses cheveux et enfila une robe simple aux manches larges comme elle les aimait. Elle resserra d’abord les laçages du dos de son corset avant de l’enfiler par-dessus et l’ajusta fermement par le devant. La jeune femme appréciait le soutien et le confort qu’il lui apportait. Elle vérifia machinalement la présence de sa lame sous ses jupons, et sortit une fois de plus le plus silencieusement possible pour aller dans son bureau.

Son regard observa la pièce comme pour la dernière fois afin de graver le souvenir dans sa mémoire. Il était simple, et peu d’éléments auraient pu indiquer qu’il appartenait à une femme et non à un homme. Orline n’y avait apporté que peu de changement depuis qu’elle avait pris ses fonctions afin de soulager son père dans la gestion de son commerce. Elle s’avança cérémonieusement dans la pièce et prit place sur le fauteuil capitonné en cuir rouge devant le bureau. Elle prit les derniers livres de comptes, sortit une plume, de l’encre et se mit au travail.
De sa main gauche, elle utilisait le boulier avec une efficacité redoutable, murmurant pour elle-même les calculs et résultats qu’elle inscrivait de sa main droite dans le livre. Il y avait bien encore une chose qu’elle pouvait faire, c’était d’assurer que les comptes soient à jour pour son père. Elle avait pris quelque retard depuis son recrutement à l’Arbre Blanc et elle ne permettrait pas de ‘partir’ sans mettre ses affaires en ordre. Ce travail, si familier, la plongeait dans un état méditatif et plus rien d’autre n’existait autour d’elle.
Une fois fait, elle poussa un soupir et laissa l’encre sécher. Elle avait également rédigé quelques pronostics pour les mois à venir, allant du scénario le plus optimiste au plus…pessimiste. Dans les deux cas, leur situation n’était pas glorieuse. Elle reposa ses yeux un instant, la plume encore dans sa main et le bout de ses doigts tâchés d’encre. A travers ses paupières elle nota doucement le changement de luminosité.
Le soleil se levait doucement.


« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai… » (V. Hugo)



Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:37, édité 1 fois
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De mal en pis... EmptyDim 16 Juil 2023 - 23:29


Zehev de Siznoff prit une longue inspiration, cherchant à canaliser l’excitation qu’il sentait monter en lui. Une forme de fierté exaltée accompagnée d’une petite touche d’appréhension. Il touchait enfin au but. Oh qu’il avait peiné pour en arriver là! Qu’il avait pédalé dans le millet! Malgré ses connaissances de la Cité Blanche et ses très nombreuses relations construites depuis son arrivée au sein de l’Arbre Blanc; remonter la trace des fugitifs n’avait pas été chose aisée. A vrai dire, sans la rencontre quasiment fortuite avec Hugin l’Avisé, il y avait fort à parier qu’à cette heure-là, il serait toujours en train d’errer dans les ruelles de la capitale sans la moindre idée de la marche à suivre. Mais le destin avait été clément avec le jeune officier. Une fois la demeure des Morbise localisée, retracer le parcours de cette drôle de roulotte avait été bien trop facile pour un agent des services de renseignements de la Couronne. Un parcours qui l’avait donc mené jusqu’à ce hangar, en apparence désaffecté. La cachette idéale pour des déserteurs. Sûrement avaient-ils décidé d’y passer la nuit pour récupérer des forces avant de chercher à quitter la ville. Bien mal leur en avait pris. Zehev s’imaginait déjà ramener fièrement ses prises à ses supérieurs. Le commandant Esmer de Vigo serait sûrement très satisfait, et les Valars seuls savaient à quel point il était compliqué de la satisfaire. Peut-être même pourrait-il enfin prétendre à cette promotion tant convoitée. Devenir le plus jeune Capitaine de l’Arbre Blanc. Voilà quelque chose de bien flatteur. Berton était mort. Petrus en fuite. Le statut de Neige était encore flou. Il avait bien une carte à jouer. Et la réussite de sa mission plaiderait en sa faveur.

D’un geste il ordonna à ses hommes de forcer la porte de bois miteux à l’aide d’un petit bélier. Les guerriers en armure obéirent sans broncher. Zehev, qui occupait un rang d’officier de la Garde comme couverture de ses activités au sein de l’Arbre Blanc, avait réquisitionné des soldats de la troupe. Ceux-là avaient l’avantage d’être en demande constante d’action et de ne pas poser trop de questions.  En cette heure très matinale, les rues du quartier marchand était encore bien calme. Une quiétude bienvenue après le chaos qui avait régné quelques jours plus tôt. Une quiétude qui devait être préservée. Quel qu’en soit le prix. Tel était le travail des agents de l’Arbre Blanc.

Boum!


Le premier coup avait sûrement servi de réveil brutal aux occupants du hangar.

Boum!

Cette fois le cadenas céda et tomba au sol avec un bruit sourd.

Boum!


Les portes de l’entrepôt s’ouvrirent en grand, des éclats de bois volant dans tous les sens sous la violence du choc.

Zehev, suivi de quatre gardes lourdement armés, pénétra triomphalement à l’intérieur. Il balaya la large pièce du regard et identifia rapidement ses occupants. Une jeune femme au teint halé qui faisait partie des jeunes recrues de l’Arbre Blanc. Un homme poilu et puissant qui semblait en bien mauvais état mais qui représentait toujours une certaine menace; lui aussi avait été présent au Chameau qui Tousse. Et deux autres femmes qui lui étaient inconnues mais qui semblaient bien être liées aux deux déserteurs d’une manière d’un autre. Tous affichaient un air surpris, pour ne pas dire complètement ahuri. Zehev sourit intérieurement et prit quelques secondes pour savourer ce moment de gloire. Il avait piégé ses cibles. Une nouvelle fois. Et y’avait-il plus grand bonheur pour le chat que de voir l’effroi dans les yeux des souris quand celles-ci avaient cessé de se débattre?

Le jeune officier se racla la gorge avant de déclamer le texte qu’il avait maintes fois répété:

“Halte-là! Au nom, de la Cour de Minas Tirith, du Royaume du Gondor et de la Couronne du Royaume Réunifié; vous êtes placé en état d’arrestation pour troubles à l’ordre public, désertion, association de malfaiteur et haute trahison envers votre patrie. Inutile de résister ou la force sera employée.”


Du coin de l’œil il aperçut Syp de Sora lorgner sur une arme qui se trouvait à ses pieds.

“Tsss…Tsss. N’y pensez même pas de Sora. Même si vous étiez en pleine capacité, je vous ferai mordre la poussière.”

Typiquement le genre d’affirmation dont l’ambitieux officier avait le secret. Il était sans nul doute un bretteur talentueux; mais c’était bien cette confiance, qui confinait à l’arrogance, qui lui avait permis de se hisser au sein de la hiérarchie mais qui avait aussi le don d’agacer certains de ses supérieurs. Ambitieux et vaniteux. Tels étaient souvent les deux qualificatifs qui venait à l'esprit quand on évoquait le parcours de Zehev de Siznoff.

“Si, par miracle, vous parvenez quand bien même à m’échapper; eh bien il y a une vingtaine d’autres gardes qui ont encerclé votre charmante petite cachette. Il n’y aucune issue pour vous. Alors soyez raisonnable et placez tranquillement vos mains sur la tête.”


Il  y eut de l’hésitation, un grognement qui s’apparentait à une protestation de la part de Syp de Sora; mais globalement la mise aux fers se fit sans encombre. On leur plaça des chaînes aux poignets, les soldats restant sourds aux réclamations de leurs nouveaux prisonniers. On fouilla également leurs effets. On rapporta à Zehev le manche d’une rapière, reconnaissable entre mille malgré les efforts de son ravisseur pour en cacher la provenance. L’agent de l’Arbre Blanc poussa un long sifflement en examinant l’intrigant objet tout en s’approchant de Syp.

“Eh bien ça alors! Non content d’avoir massacré votre Directeur, vous avez également dépouillé son cadavre. Quel manque d’éducation…”


La surprise qui apparut alors sur les harmonieux traits de l’autre recrue n’échappa au regard acéré de l’espion, qui se tourna vers elle.

“Oooh Orline…Orline…Vous ignoriez que votre compagnon est un meurtrier notoire. Celui-là même qui a froidement abattu l’homme qui protège les intérêts de votre famille depuis tant d’années?”

Il fit mine de secouer la tête pour montrer une forme de déception envers des jeunes recrues en qui il avait investi tant d’espoirs. La réalité était toute autre. Dès les premières minutes de leur soirée d’intronisation au Chameau qui Tousse, Zehev avait vite compris que toute cette opération allait tourner à la catastrophe. Sa seule erreur avait été de sous-estimer l’ampleur du fiasco. Il s’approcha de la jeune fille, les lèvres pincés et en affichant un air faussement navré.

“Je savais votre père particulièrement maladroit en termes de choix d’affaires; mais vous me semblez l’avoir surpassé en termes de choix d’amis…Quant à vous…”

Zehev se retourna pour faire face aux deux autres jeunes femmes. Celles-ci ne semblaient pas être des guerrières ou des espionnes. L’une d’elles devait être liée d’une manière d’une autre à Judia Morbise, puisque sa roulotte avait été utilisée.

“Je ne sais même pas qui vous êtes…Mais cela ne saurait tarder.”

D’un geste de la main, il ordonna à ces hommes de se saisit des quatre fuyards.

“Embarquez-les.”





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Les geôles de Minas Tirith étaient particulièrement fréquentées depuis quelques jours. Après une longue période creuse, et malgré les évasions de quelques prisonniers bien notables; les prisons s’était bien vite remplies suite aux émeutes ayant ébranlé le fragile équilibre de la Cité Blanche. Manifestants particulièrement violents, petits malfrats ayant profité du chaos pour commettre leurs méfaits et autres vestiges des organisations criminelles qui avaient autrefois gangrenées les bas-fonds de la ville, peuplaient désormais en nombre les étroites cellules. Si bien que les places y étaient désormais chères et que les autorités devaient bien souvent parquer plusieurs captifs dans la même petite cellule.

Les quatre nouveaux arrivants ne dérogeaient pas à la règle. Ils avaient tous été placés dans la même petite pièce, froide et humide. Dans un coin, une grande flaque s’était formée, goutte-à-goutte, en dessous d’une canalisation percée. Et au vu de l’odeur pestilentielle, il ne s’agissait pas d’eau de source. Une minuscule fenêtre était placée bien au-dessus de leurs têtes, hors d’atteinte. De l’autre côté, les barreaux rouillés donnaient sur un couloir sombre, à peine éclairé par de piteuses torches accrochées au mur.

Ils patientèrent ainsi durant de longues heures, peut-être même des jours. Ils n’auraient su le dire, tant en ce lieu, tout avait été pensé pour que toute notion du temps devienne superflue. Ils avaient d’abord compté sur la petite lucarne pour leur indiquer l’heure de la journée mais ils réalisèrent bien vite que ce qu’ils pensaient être une fenêtre sur l’extérieur n’était en réalité qu’une ouverture sur une autre partie des labyrinthiques prisons de Minas Tirith. Dormir sereinement était quasiment impossible; des cris et autres sons bien curieux s’échappaient sans cesses des autres cachots. Syp souffrait encore de ses blessures mais Zehev n’avait pas jugé opportun de dépêcher un infirmier pour vérifier son état. On leur avait simplement apporté un pichet d’eau et un peu de pain en guise de repas.

Finalement, des bruits de pas se firent entendre, immédiatement accompagnés de l’agitation ambiante. Tous les prisonniers se précipitant à leurs barreaux dans l’espoir que l’heure d’une libération providentielle était arrivée. En vain. Le géôlier s’arrêta devant la porte des quatre fugitifs. Sans prononcer le moindre mot, il désigna de son gros doigt boudiné Jenifaël et Floria. Il sortit son trousseau de clefs, et, après quelques secondes de recherche, trouva la bonne avant d’ouvrir leur cellule avec une délicatesse toute relative. D’un geste il invita, les deux jeunes femmes, mains toujours liées, à le suivre.

Au fond du cachot ne restaient plus qu’Orline et Syp. Et il y avait fort à parier qu’ils avaient beaucoup de choses à se dire.




--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Le gardien guida Floria et Jenifaël à travers un dédale de couloirs. Les prisons de Minas Tirith avaient été conçues comme un véritable labyrinthe. Ainsi, si un des prisonniers parvenait à s’échapper de sa cellule, il risquait fort d’errer pendant des jours à travers ses longs et obscurs galeries sans jamais parvenir à gagner la surface. Le garde, cependant, savait précisément là où il devait aller. Ils marchèrent ainsi pendant près d’un quart d’heure et montèrent une volée de marches qui les menèrent devant une lourde porte de bois, renforcée par des armatures en acier. Le géôlier frappa par trois fois et la porte s’ouvrit.

La pièce était plutôt vaste. Faiblement éclairée en comparaison d’une chambre habituelle, mais après de longues heures passées dans la quasi-obscurité des cachots, c’était comme si l’endroit brillait de mille feux. Au milieu trônait un bureau dénué de tout ornement.

Zehev de Siznoff y était assis. Dans un coin, un colosse au regard vide et au crâne bardé de cicatrices se tenait debout, les bras croisés et muet comme un mur.

“Ah! Vous voilà enfin! Je vous en prie Mesdames, installez-vous.”

Le jeune officier désigna deux chaises en bois se trouvant devant le bureau.

“Ce sera tout Molek merci.”

Le gardien acquiesça et quitta la pièce alors que les deux prisonnières s’installaient aussi confortablement que possible.

“Veuillez m’excuser pour vos conditions d’accueil. Je ne gère malheureusement pas ce terrible endroit et je dois admettre que les conditions sont loin d’être idéales.”
affirma un Zehev qui ne semblait pas du tout désolé avant de se tourner vers le géant qui n’avait pas bougé d’un millimètre depuis leur entrée.

“Lui c’est mon ami « Brise-Gueules ». Il n’est pas vraiment doué pour la conversation. Je crois que ses parents ne le lui ont jamais appris. D’ailleurs il ne communique quasi exclusivement qu’avec ses petits instruments.”

D’un geste de la tête, Zehev désigna un amas d’objet métallique qui se trouvait sur le sol. Si la fonction de certains restaient obscures, il était aisé de reconnaître des outils de torture.

“Croyez-moi, il vaut mieux converser avec moi qu’avoir une discussion avec lui. Cependant, si vous refusez de me parler. Si vous me mentez. Si vous cherchez à m’embrouiller. Je n’aurais d’autre choix que de le laisser se présenter de par lui-même. Compris?”


Il plongea alors dans file de documents qui trônait devant lui et en retira deux dossiers qu’il posa avec assurance devant lui.

“Depuis notre dernière rencontre, j’ai fait quelques recherches à votre sujet. Vos deux compagnons étaient des fugitifs bien identifiés, mais vous…”

Il se mouilla l’index avec sa langue et sépara les deux dossiers.

“Alors voyons, nous avons d’abord Floria Morbise. Sœur de la regrettée Judia Morbise. Toutes mes condoléances par ailleurs. Quelle tragédie...
” Affirma-t-il d’un ton très administratif, sans faire preuve de la moindre émotion ou compassion.

“Il est assez aisé de deviner votre lien avec les fugitifs. Il s’agit de la mémoire de votre sœur. Pour autant, il est quand même curieux de vous voir risquer le travail de votre vie et mettre à disposition cette merveilleuse roulotte afin de pouvoir cacher de parfaits inconnus. Rien à dire pour votre défense?”

Après avoir entendu les justifications de la restauratrice, Zehev se tourna ensuite vers l’autre captive.

“Quant à vous…je dois dire que j’ai là un dossier particulièrement intéressant. Jenifaël, fille de Wellan. Fille de bonne famille et de sang noble. Une infirmière de talent. A priori un tableau parfait et qui n’indique aucunement un quelconque potentiel de malfaitrice. Et pourtant…”


D’un geste nonchalant il ouvrit le dossier et parcourut du regard le parchemin qu’il avait sous les yeux.

“Et pourtant je lis là que vous pratiquez le chantage à la guérison. Conditionnant vos services d’infirmières à la famille de braves et honnêtes soldats contre des faveurs allant à l’encontre de leur serment.”

Zehev referma le dossier en feignant une moue de déception.

“Vous ne croyiez tout de même pas que ce genre de petites combines pouvait échapper à l’Arbre Blanc… Vous savez...Savoir, c'est notre travail.”

Il se pencha en avant, cherchant à reproduire les méthodes d’intimidation que lui avait enseigné Sined quelques années plus tôt. Ce genre d’interrogatoires, ils en avaient mené à de nombreuses reprises. Se complétant l’un l’autre, l’un dans le rôle de l’espion expérimenté à l’affût de chaque micro-signe pouvant trahir le sujet, l’autre dans le rôle du jeune vaniteux cherchant à déstabiliser verbalement le captif avec ses questions et autres envolées lyriques. Ce jour-là, Zehev était seul et il devait bien avouer que la tâche en devenait plus ardue mais pas moins excitante.

“Mais cela ne m’explique pas ce que diable fait une infirmière, aussi véreuse soit-elle, avec un assassin et une déserteuse.”


The Young Cop


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