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 Le venin dans nos veines

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Sigvald Lingwë
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Sigvald Lingwë

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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 20 Juil 2020 - 20:36
Dame Nevä avait trop une voix qui me renvoyait au souvenir d'une de mes anciennes compagnons d'armes lorsque j'étais dans la compagnie de mercenaire des Aurochs d'Airains. Par sa simple présence elle inspirait les gens et par sa seule voix les émotions qui s'en dégageaient étaient puissantes. Bien que son nom me fasse défaut aujourd'hui, je ne pouvait oublié son visage, ni le souvenir que j'ai d'elle. Sa vie pris fin à mes côtés, une lance se fichant en plein cœur, je ne pourrais oublier son regard de détresse et ses yeux restés grands ouverts une fois que toute vie avait quitté son corps ensanglanté. Je retrouvais un peu d'elle en Nevä. Les Affranchis étaient entre de bonnes mains.

Elle prit la parole à bon escient, ne divaguant pas du sujet ni s'arrêtant sur des détails personnels. Son récit était captivant et je dû m'asseoir car il ne me faisait que trop penser à ma propre servitude et à ce qui en suivi. Son intonation de voix sur telle ou tel mot et sa traduction par Pantea semblait être des coups de massue dans l'imperméabilité des gens de l'Ouest à changer leur vision et leur croyance erronée sur l'esclavage. Et peu à peu, les horreurs et la dureté de cette « vie », le fait d'humaniser des gens pour qui ils n'ont aucune pensée ni intérêts en temps normal leur fait peu à peu prendre conscience de la réalité. Certains dans la salle, même parmi les gardes se tortillent sur leur position, mal à l'aise par ce choquant récit, des yeux larmoyant sur les traits tirés de notable de la cité. Même le Comte Saule sur son petit trône avait arrêté de boire à sa coupe, mais contrairement aux autres qui se plongeaient entièrement dans ce témoignage de Nevä, Saule semblait calculer, échafauder des plans, préparer l'avenir avec ceux qu'ils ne pouvaient pas refuser sans provoquer l'indignation des autres royaumes de l'Ouest.

Le discours avait été long et prenant et au final quand Pantea et Nevä se turent tous deux, un silence pesant faisait loi dans la salle. Les regards de tous étaient alors braqués sur le Comte Saule. J'en finis rapidement avec le témoignage du pêcheur Wudburn qui ne tenait sur rien, tant au point de vue de la logique que sur les faits énumérés.

La pique de Saule lancer à mon égard ne fit qu'attiser ma colère envers les gens de son espèce, ceux qui ne convoitent que richesse et pouvoir. Mais je savais qu'en tête à tête Saule devait être une personne plus ou moins agréable devant une bonne bouteille de sa cuvée personnelle. S'ensuivit alors la décision du Comte et l'inattendu se passa, nous avions gagné ! Mais ils nous restaient encore une tâche à accomplir et non des moindres pour que l'accord évolue et perdure dans le temps, tuer le vers qui rôde dans les eaux sombres et froides plus au sud du Lac. Le fait d'accepter les Affranchis sur les berges du Lac au Sud n'était pas un simple geste de bonté, je le savais, Saule le savait, ce nouveau peuple fraîchement débarqué plus au Sud d'Esgaroth deviendrait le premier « garde-manger » de la bête si celle-ci ne trépasse pas.

Une fois sortie de la salle, la pression était retombé, moment épuisant à défendre les intérêts d'un peuple et son avenir. Mes pensées étaient déjà tournées vers un proche futur et comment nous allions tuer la créature. Mais les larmes de Nevä et la joie dans sa voix qui me ramena à la réalité. Le moment était joyeux et les trois Rhûniens ne pouvaient cacher leur bonheur. J'esquissai même un sourire sincère en les regardant. La vie ne m'avait semblé plus qu'en de rares occasions, dans ma jeunesse à Vertbois et lorsque j'étais mercenaire au Harad, et encore ce genre de moment je pouvais les compter sur les doigts.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


Le soleil était déjà haut dans le ciel quand nous franchir les lourdes portes du castel. Repos et plan, puis la destruction du vers. Un messager vint mettre un terme net à cette exultation de soulagement et de bonheur, il nous apprit qu'Achas se mourrait. Je m'en voulais cruellement pour ce que le destin l'avait gratifié, il devait avoir de la famille, des enfants. Sans mon arrivée à Vertbois, il n'aurait pas été obligé de me suivre et d'être mortellement blessé. Je le vengerais.

Très bien, je vous suis. Il n'y a pas de temps à perdre.

Je me retournai rapidement vers Nevä.

Nous avons gagné pour le moment, mais pour que l'accord soit maintenu la créature doit mourir. Constituez une équipe de volontaires à même de manier les balistes de votre navire, pour vaincre la bête nous devons l'attirer dans un piège. Je verrais avec le capitaine Syla, si des miliciens veulent se joindre au combat. Je vous rejoindrais dès que je pourrais.

Je m'étais toujours tenu à mon plan initial, j'appâterai le vers sur un quai solide de la vieille cité et à mon signal l'équipage alors silencieux de l'Âzâdî déclencherait l'enfer et la bête mourrait. Un navire lavé de tout sang, un équipage couvert de boue ou de vase pour ne pas être repéré et moi, sur un quai recouvert d'un grand filet où se trouveraient un tas de linges ensanglantés pour attirer la bête et dans l'idéal survivre autant que possible le temps que le vers s'enlise dans le filet et par la suite donner le signal afin que celle-ci sois criblée de carreaux géants. Simple, risquée, mais réalisable et encore une fois je n'avais aucune importance pour ma propre sécurité.. À méditer.

Je rejoignis rapidement le messager et nous arrivâmes à la maison de guérison. À l'intérieur l'air était lourd, malgré le beau temps un feu crépitait joyeusement dans l'âtre afin de réchauffer les patients. Achas était allongé dans l'une des chambres, le teint plus pâle que jamais, la sueur perlait abondamment sur son front, ses linges étaient moites, le lit rougeoyait de sang là où devait se trouver une jambe. Ici, il avait tenté en vain de le sauver, nous étions trop éloignés d'un endroit où il aurait pu survivre à une telle blessure. Malgré son état, sa voix semblait éteinte et lointaine.

Au point où nous en sommes, appelez-moi Lingwë. Achas s'inquiétait pour Delaynna et du sort funeste qui attendait la créature. Pas encore, mais je vous promets d'occire le vers et ce avec l'aide du peuple qui vous à ramener ici. A vrai dire je pensais trouvé Dame Delaynna à vos côtés, je vous fais la promesse de la ramener saine et sauve sous les frondaisons de nos bois. Et vous Achas. Avez-vous de la famille, un message, des paroles à transmettre ? Je l'accompagnai jusqu'à la fin. Un sourire bienveillant esquissait mon visage malgré le fait que de mon point de vue, la mort reste simplement la mort, on ne doit pas la pleurer ni sans réjouir, juste l'accepter et continuer. Je suis curieux, contez-moi vos plus beaux souvenirs...

Je savais son heure venue et à mesure qu'il parlait la douleur semblait le quitter, il entreprenait doucement le voyage vers un rivage lointain. Loin, très loin. Sa voix s'éteignait doucement alors qu'il me parlait de sa famille,  puis ses yeux se fermèrent, ses muscles se détendirent, il semblait se remémorer quelque chose qu'il garda pour lui seul, une larme perla du coin de son œil et vain mourir sur sa joue.. et il s'en était allé.

Nous nous reverrons un jour, adieu.


* ~ ~ *~* ~ ~ *



J'étais resté un moment près de son corps, la tristesse m'avait envahi subitement, comme une tornade ravage un bois mourant, un sentiment nouveau, étrange et douloureux. Je n'avais jamais vu l'un des miens mourir et cela dépassait en brutalité toutes les morts auxquelles j'avais assisté ou provoqué. Cela me laissait sans voix, au bout d'un moment, les soigneurs vinrent se charger du corps, le recouvrir et le sortir de la pièce. L'un d'eux me parlait, mais je n'entendais pas, encore choquer de ce qui venait de se passer. Au bout d'un moment je réussis à me lever et sortir de la pièce.

Prenez soin de lui et renvoyez-le rapidement dans son royaume par la Vieille Route. Auriez-vous de quoi écrire ?

En tant qu'homme lettré, il avait ce qu'il fallait pour écrire, du parchemin d'une qualité acceptable et une encre de belle couleur bien qu'un peu épaisse. Sans me préoccuper de ce qui m'entourait, sur le coin d'une table je m'appliquais à transcrire les évènements passés ici, à décrire l'attaque et les derniers moments de Achas. Et à faire part de mes intentions futures pour venger sa mort. Une fois plié je pris l'une des bougies allumées près d'un pupitre et fis couler la cire chaude sur le papier puis j'y ai appliqué fermement le pommeau stylisé de ma lame elfique Elenrùth afin de sceller le contenu de la missive . Puis je plongeai à nouveau la plume dans l'encre afin de noter sur celle-ci que seul le Seigneur Angrod de Eryn Lasgalen et de Verbois ne la lise.

Joignez cette missive à son corps, que seul le Seigneur Angrod de Vertbois puisse la lire. Pas d'erreur possible, envoyez son corps sur la Vieille Route et il sera pris en charge. Je ne peux m'occuper de lui, je dois vous libérer de la menace venue des profondeurs du Lac. Et encore une fois, prenez soin de lui.


L'homme acquiesça et s'affaira promptement à donner des ordres à ses assistants. Sur ce, je quittai cette maison, las et l'esprit embrumé par ce qui venait de se passer. Je déambulais dans les rues presque hagard ruminant le destin de Achas et la soif de vengeance qui grondait doucement en moi, je manquais presque de heurter des gens sur mon chemin tant mon esprit semblait ailleurs. Mes pas me guidèrent instinctivement à l'auberge où j'espérais tomber sur un visage familier, celui de Delaynna voire même le capitaine Syla.
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Ryad Assad
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyMar 21 Juil 2020 - 16:48
Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 Pantea10   Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 Nevy10


Nevä n’aurait jamais cru verser une larme pour un Elfe.

Durant son existence, elle avait appris à les détester, puis à les craindre, eux et leur magie noire, leurs sombres sortilèges qui, disait-on, parvenaient à prolonger la vie de manière non naturelle. Elle se méfiait de leur invulnérabilité, et des légendes innombrables qui couraient à leur sujet : dévoreurs d’enfants, buveurs de sang, destructeurs, violeurs, meurtriers sans nom et sans limite. On racontait qu’à Vieille-Tombe, l’un d’entre eux avait semé la mort et la désolation, emmenant dans son sillage des fidèles endoctrinés qui avaient déchaîné toute leur furie dans les catacombes de la ville. Les Elfes n’apportaient rien de bon en ce monde, pensait Nevä, et elle aurait été heureuse de se tenir loin d’eux.

Cependant, maintenant qu’elle assistait aux derniers instants de celui-ci, elle comprenait qu’ils n’étaient pas aussi monstrueux qu’on avait bien voulu le lui dire. Certes, ils étaient différents, et elle comprenait pas la sérénité qui semblait se dégager du dénommé Achas et de ce Sigvald, à l’heure où la vie quittait son corps. Peut-être parce qu’il ne mourait pas vraiment, comme le lui avait expliqué Pantea à voix basse. Elle n’avait pas compris le sens de ces paroles, et s’était réfugiée dans un silence pensif.

Celui-ci avait pourtant l’air de les quitter pour de bon.

Comment pouvait-il être considéré comme vivant par ailleurs, hors de son propre corps ?

C’était un des mystères de la nature qu’elle ne comprendrait sans doute jamais. Cependant, elle éprouvait une profonde compassion pour le guerrier, qui s’était mis à parler de son amour pour la forêt dans laquelle il était né, et où il avait grandi. Il fit référence à de nombreux épisodes historiques que Nevä ne connaissait pas, mais qui témoignaient de tout ce qu’il avait vécu sur ces terres qu’il quittait désormais. Elle n’était pas triste pour lui, car elle ne le connaissait pas après tout. Son nom et son visage étaient bien les seules choses qu’elle retiendrait de son bref passage dans son existence. Non. Elle pleurait la mélancolie qu’elle devinait dans son ton, celle d’un homme qui avait aimé ce monde plus que de raison, pendant des siècles, et qui était désormais arraché à son foyer et contraint de rejoindre les bras de la mort. Qu’il vécût ou non par-delà ses paupières closes et son souffle de plus en plus faible, cela ne faisait aucune différence. Il n’était plus ici, de chair et de sang. Il n’était plus Achas, il n’était plus à Esgaroth.

Et pour cette seule raison, continuer à vivre en valait-il vraiment la peine ?

Nevä médita longuement sur la question, alors que Sigvald accompagnait Achas dans ses derniers instants, et veillait à ce que son corps fût envoyé auprès des siens, dans la magnifique forêt qu’il s’était attaché à décrire avant de passer de vie à trépas. Pantea s’était efforcée de faire la traduction, elle qui parlait assez bien la langue des Eldar pour en révéler le sens à ses compagnons. Malgré ses hésitations et ses bafouillements, elle n’avait pas pu obombrer la poésie subtile et délicate qui se dégageait des paroles de l’archer.

Sigvald perdait un compagnon, le monde perdait un poète.

Les deux femmes et leur garde du corps laissèrent l’Elfe seul avec ses pensées, et sortirent sur les quais d’Esgaroth, sous le regard appuyé de quelques Miliciens qui s’assuraient qu’ils ne causaient aucun souci. Ce fut l’homme au masque qui prit la parole pour la première fois depuis fort longtemps. Il s’avérait particulièrement silencieux lorsqu’il était question de diplomatie et de la place des Affranchis dans ce monde, mais il était un homme de guerre et désormais qu’on parlait de tuer la sinistre créature qui avait attaqué l’Âzâdî, il était prêt à apporter toute sa contribution :

++ Le plan de l’Elfe est audacieux, mais il nous donne certainement les meilleures chances. L’Âzâdî peut livrer bataille, et nous savons nous servir de ces balistes convenablement. Si nous faisions débarquer les nôtres, et que nous menions la guerre à cette chose de front, nous pourrions sans doute la mettre à mort facilement. ++

Nevä ne partageait pas cet enthousiasme militaire :

++ Au prix de combien de vies ? ++

La question était pertinente. Depuis leur évasion rocambolesque, les Affranchis avaient payé le prix du sang plus d’une fois. Ils avaient perdu bon nombre des leurs en chemin, et arrivaient finalement à l’orée de la liberté et de la paix. L’adversaire qu’on leur intimait d’affronter ne devait pas devenir leur fossoyeur. Nevä suspectait qu’il y avait une raison particulière pour laquelle on leur avait confié cette tâche : le comte ne semblait pas enclin à leur laisser la victoire aussi facilement. Ce fut Pantea qui trancha la décision, comme souvent :

++ Cette fois encore Nevä, nous n’avons pas le choix. C’est notre ultime épreuve, et nous avons pour nous l’avantage du nombre, de bons combattants, et l’appui de ce Sigvald. Si nous unissons nos forces, nous pouvons peut-être triompher de la bête. Nous devrions nous mettre en route sans tarder, et tenir l’Âzâdî prêt au combat. Le plus tôt sera le mieux. ++

L’affaire fut entendue. Les trois Affranchis quittèrent Esgaroth sous bonne garde, mais avec la promesse de pouvoir y revenir pour discuter avec le comte, et l’espoir fou d’obtenir une terre à eux, qu’ils pourraient entretenir, cultiver et faire prospérer. Un endroit où déposer les armes, et prendre enfin la pioche, la houe et la fourche. Alors qu’ils s’éloignaient de la cité lacustre, Nevä jeta un regard en arrière.

Elle avait un mauvais pressentiment.


~ ~ ~ ~


En arrivant à l’auberge, Sigvald put constater que Delaynna ne s’y trouvait pas. L’absence de la Dame de l’Eau était préoccupante, d’autant que l’aubergiste ne semblait pas l’avoir vue depuis un moment. Il aurait bien voulu lui donner davantage de détails, mais l’Elfe n’avait donné aucune indication quant à sa destination. Elle s’était levée bien tôt ce matin-là, et s’en était allée sans dire où il serait possible de la contacter. Depuis, personne ne semblait l’avoir vue.

- J’suis désolé m’sieur l’Elfe, elle a même pas laissé un mot ou quoi que ce soit pour prévenir.

C’était un nouveau mystère, qu’il faudrait résoudre en temps utile. Achas avait demandé à Sigvald de veiller sur Delaynna, et il ne pouvait pas laisser un autre de ses compagnons de route mourir dans sa quête de rédemption. Cependant, pouvait-il ignorer l’urgence de la situation ? Une créature rôdait sous le Long Lac, menaçant la ville d’Esgaroth, et désormais les Affranchis comptaient sur lui pour l’aider à trouver un endroit où s’implanter. Cela faisait beaucoup de responsabilités pour une seule personne, même un Elfe de Vertbois.

En quittant l’établissement, Sigvald tomba nez à nez avec un officier de la Milice, qui semblait venir à sa rencontre. Il était flanqué de deux soldats en armes, qui n’avaient pas l’air menaçants, mais qui gardaient un œil sur la foule aux alentours en espérant éviter de répandre inutilement des rumeurs.

- Maître Elfe, pardonnez-moi de vous déranger, je suis le sergent Hadden, de la Milice d’Esgaroth, puis-je avoir un mot ?

A son ton, il était essentiel de lui accorder une brève entrevue, discrètement si possible. L’homme était soucieux, et semblait avoir des choses à dire. Une fois qu’ils eurent trouvé un endroit calme pour parler, il reprit :

- Merci de m’accorder votre temps, Maître. Je… Je ne sais pas où commencer. Toute cette affaire est bien étrange, et prend des proportions terribles. Nous avons reçu une nouvelle inquiétante : le capitaine Syla est inconscient, il aurait essayé de se donner la mort, et il a été retrouvé gisant sur les berges du lac. Hier soir, je l’ai vu converser avec votre amie, Dame Delaynna, et j’ai cherché à la contacter ce matin, sans succès. Personne ne sait où elle se trouve. J’ai tenté de contacter la Sénéchale Rajenski-Orlova, une noble éminente de Dale, avec qui Dame Delaynna s’est entretenue hier soir à l’occasion d’une soirée en présence du comte, mais elle aussi demeure introuvable.

Il prit sa respiration. Il avait lancé tout cela d’un trait, sans s’arrêter, comme s’il avait conservé ses inquiétudes en lui tout du long, et qu’il les déversait désormais sans réfléchir. Il inspira, et ajouta :

- La demeure où séjournait la Sénéchale a été forcée, et son cousin, Sire Orlov, est très inquiet. Je… Je sais que vous avez été chargé de régler l’affaire sur le Lac, et j’ai entendu que des Orientaux avaient été vus dans les environs, et dans la cité. Méfiez-vous d’eux, je vous en prie. S’ils ont pu faire du mal à Dame Delaynna et à la Sénéchale, vous devez le leur faire avouer, et les punir en conséquence.

Hadden était un homme simple, convaincu comme beaucoup que les gens du Rhûn étaient responsables de tous les malheurs qui s’abattaient sur Esgaroth depuis peu. Il les accusait volontiers de sorcellerie, comme le comte l’avait lui-même fait. Saule, difficilement amené à négocier avec les Affranchis, n’avait pas pris la peine de les disculper auprès de la population d’Esgaroth, qui se méfiait encore de leur présence. Cela viendrait, avec le temps, si la bête qui sommeillait sous le Lac était finalement mise à mort.

Mais Sigvald pouvait-il concentrer sous ses efforts sur sa traque, au risque d’abandonner Delaynna au sort qui était le sien ?


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"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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Sigvald Lingwë
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 31 Aoû 2020 - 20:15


L'absence de Delaynna à l'auberge m'abattit un peu plus, la perte d'un compagnon et un autre on ne sait où, voilà tout ce que je détestais. L'aubergiste bien que toujours empreint à répondre à mes moindres questions, celle concernant la localisation de la Dame de l'Eau, elle, restait en suspens. J'en conclus qu'elle avait dû retourner auprès du Capitaine Syla et tenter de le guérir du mal-être qui le ronge au point de préférer la mort à la vie. J'avais une mission et plus que jamais l'heure était venue de la conclure sans me détourner du chemin.

Je vous remercie tout de même.

Accabler par cette journée que j'aurais préféré ne pas vivre, je dus tout de même prendre sur moi et aller de l'avant. Pourquoi avait-il fallu qu'il meurt ? Pourquoi Delaynna n'était pas là ? Comment vaincre un Ver et assurer la pérennité des Affranchis sur ces terres ? Trop de questions, mais toutes étaient importantes. C'est le sergent Hadden qui m'extirpa de mes songes, alors sortant de l'auberge.

Faites, je vous écoute.

L'affaire semblait importante au vu des mesures de sécurité qu'il prit pour une brève discussion, il avait couru sans s'arrêter au vu de sa respiration saccadée qui tranchait ses mots.

Je vous arrête de suite. Selon moi le mal qui ronge le Capitaine Syla est un mal de l'esprit, la perte de sa femme a dû le briser plus qu'on ne le pense, sinon que quelqu'un veille sur lui, si la mort de sa femme est lié aux disparitions du lac, le fait d'occire la créature qui s'y tapit résoudrait peut-être son malheur. Pour ce qui est de Dame Delaynna et la Sénéchale je ne serais dire si c'est une action distincte ou liée avec ce qui me préoccupe. Mais si elles ont été vus ensemble, que la demeure où elles étaient à été forcés et qu'elles se sont volatilisés, d'expérience je vois deux possibilités. Elles ont fui leurs agresseurs, se cachent et attentent le bon moment pour se dévoiler. Et la seconde éventualité, elles se sont fait enlevées, dans les deux cas, si vous avez de bons chiens, remonter la piste, l'elfe qui m'accompagne ne devrait pas échapper à leur museau aiguiser. Cette odeur des bois, de fruits et de fleurs, un mélange complexe, rien de tel ne se retrouve dans le monde des hommes. Rechercher des traces où des lieux à l'abandon ou à mauvaises réputations, s'aventurer sur d'autres pistes seraient hasardeux selon moi. L'enlèvement de la Sénéchale ne peut être imputé au hasard.

Je pris une grande inspiration.

Pour ce qui est de vos doutes pour les Orientaux je les comprends et je vous rejoins sur ce point. Mais ne confondez pas Orientaux et d'anciens esclaves réunis sous une même bannière, celle des Affranchis. Je n'accorde ma confiance que rarement et ils ont gagné la mienne pleinement. Je ne puis cependant vous accompagner dans les recherches concernant les deux Dames, les rues d'Esgaroth me sont inconnues, je ne vous serais d'aucune utilité ici. Ma place est aux côtés des Affranchis face au Ver, je ne peux rester ici en sachant que de nouvelles disparitions puissent accabler plus encore la cité.

Mon plan restait inchangé, j'appâterais la bête dans un lieu au-dessus des eaux, dans la vieille ville certain ponton me semblait encore très robuste. De là, la bête jaillirait de l'obscurité des profondeurs et à mon signal, les hommes embusqués sur le navire déclencheraient un déluge de feu et ce s'en seraient fini. Un plan simple dans l'idée, seul mon rôle semblait le plus bancal.

Sergent Hadden. J'ai envie que vous voyiez les Affranchis comme je les vois, qu'ils sont d'une valeur insoupçonnés, que ce sois par leur connaissance sur les Orientaux, mais aussi par le savoir-faire qu'ils apportent avec eux bien qu'appris dans des conditions les plus dures... j'en conviens. Je m'en vais tendre un piège mortel au mal qui ronge votre cité, aucun de ces représentants n'a souhaité nous rejoindre dans cette expédition. Je connais vos responsabilités à Esgaroth et vous sais garant de la protection de ses gens en l'absence du Capitaine. De par vos obligations, m'accompagnerez-vous défendre Esgaroth et combattre en son nom ?

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Ryad Assad
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 12 Sep 2020 - 21:40
- J’ai déjà fait envoyer des pisteurs en effet, accompagnés de quelques Miliciens. Nous fouillons la ville en ce moment, ainsi que les environs d’Esgaroth.

Le sergent était un homme d’action, et contrairement au capitaine Syla, il savait prendre les décisions qui s’imposaient quand elles s’imposaient. Il était satisfait de voir que l’Elfe partageait son inquiétude, et était parvenu aux mêmes conclusions. Une évasion ou un enlèvement. Dans les deux cas, les deux femmes avaient grand besoin d’assistance, et devaient être secourues dans les plus brefs délais. Pourtant, il y avait une piste que le Milicien aurait voulu voir examinée, et il fut déçu de constater que l’Elfe ne partageait pas sa méfiance pour les Rhûnedain récemment débarqués sur les rives du Long Lac. Pourtant, leurs peuples étaient ennemis depuis aussi loin que remontait la mémoire des Hommes, et la haine réciproque entre les Eldar et les gens de l’Ouest était presque proverbiale.

Elle était si ancrée dans sa culture et dans sa façon de penser qu’il ne comprit pas immédiatement le positionnement de l’Elfe. Non seulement celui-ci défendait l’innocence des Orientaux, mais en plus il prenait leur parti, et affirmait sans vergogne avoir sympathisé avec eux. Le sergent haussa les sourcils, incitant son interlocuteur à lui dévoiler davantage son état d’esprit. Les paroles de Sigvald contribuèrent largement à apaiser la situation.

- Je crois que je comprends mieux votre position, Maître.

Hadden n’avait jamais apprécié les Orientaux, et l’idée même de faire alliance avec eux le rebutait. Toutefois, il devait admettre que les paroles de l’Elfe étaient inspirantes et lui donnaient confiance. Des Affranchis, qui avaient livré bataille pour regagner leur liberté, et venaient à Esgaroth avec des paroles de paix ? Ils avaient autant de raisons de quiconque ici de détester les gens du Rhûn, et pouvaient faire des alliés formidables le moment venu. Leur aide dans l’élimination de la menace qui pesait sur le Long Lac serait plus que bienvenue.

Cependant, Sigvald aurait besoin de toute l’aide disponible, et sa requête envers le sergent Hadden ne surprit ce dernier qu’à moitié. Il avait prêté serment de défendre Esgaroth, et avait toujours voulu contribuer à la grandeur de sa cité, qui demeurait bien modeste en comparaison de Dale et des autres villes de ce monde. L’arrivée de l’hiver interminable et les disparitions sur le Lac n’avaient fait qu’affaiblir encore un peu plus les siens, et s’il pouvait aider d’une manière ou d’une autre à apaiser ses concitoyens, il le ferait.

- Je viendrai avec vous, Maître. Personne ne dira que les gens d’Esgaroth seront restés inactifs pendant que d’autres se battaient pour leur cause.

Il se frappa la poitrine virilement, comme pour faire résonner dans son cœur la promesse qu’il venait de faire à l’Elfe et à lui-même. Reprenant :

- Il vous faudra d’autres bras, cependant. Laissez-moi faire un tour en ville, répandre le bruit qu’un noble Elfe de Vertbois est venu nous mener à la victoire finale. Il y a encore des gens de bien dans cette ville, des hommes qui voudront lutter pour leur liberté. Laissez-moi les rassembler, et nous nous placerons sous votre commandement.

L’heure était venue. L’heure de combattre, et de faire front ensemble.


~ ~ ~ ~


La nuit était tombée paisiblement sur le Rhovanion, recouvrant de son manteau voluptueux la morne plaine qui bordait les eaux devenues sinistres du Long Lac. Un silence de mort dévalait la cime des arbres chatouillés par un timide vent d’Ouest, tandis que la lune commençait à poindre derrière le masque tacheté de ce ciel nuageux. Il faisait lourd, comme si un orage approchait. On pouvait entendre l’écho de la foudre au loin, au-delà des grands arbres de Vertbois, dans les hautes montagnes où les régiments de Dale étaient partis rejoindre les Nains du roi Thorik.

Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 Nevy10

Nevä observait le lointain avec appréhension, inconsciente de toutes ces forces qui s’agitaient sur et sous la terre. Elle ne voyait que la liberté, la perspective d’une vie décente, et d’un futur pour les Affranchis. L’Est, pour elle, demeurait associé à trop de souvenirs terribles. Trop d’amis perdus. Trop de vies brisées, trop de sang et de carnage. C’était son pays, pourtant. Sa terre, celle qu’elle aimait… Elle savait qu’elle ne pourrait jamais y retourner, et cela lui fendait le cœur. Elle serait pour toujours une étrangère, désormais.

Quelques pas dans son dos l’incitèrent à se retourner.

- Je suis contente de voir que tu es remise.

Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 Roksan10

Roksâna acheva de monter les dernières marches en contenant presque parfaitement une grimace de douleur. La jeune fille s’était rétablie durant leur bref séjour à Esgaroth, et avait repris des forces. L’intervention de l’Elfe avait sans nul doute contribué à sa guérison presque miraculeuse, ce qui avait beaucoup fait parler à bord de l’Âzâdî. Sigvald y jouissait désormais d’une réputation particulièrement flatteuse. Il était celui qui leur avait tendu la main, celui qui avait remis sur pied leur plus farouche combattante, et celui qui avait contribué à leur donner une chance de s’intégrer au monde du couchant. La jeune fille quant à elle, qui était déjà admirée pour sa dévotion à la cause et sa capacité à les mener en sécurité jusqu’à l’Ouest, était désormais considérée comme une figure héroïque. Elle seule s’était dressée contre la bête, et lui avait tenu tête au point de la forcer à fuir.

C’était du moins le récit qui circulait.

- Tu vas mieux ? Fit la Voix.

Roksâna hocha la tête simplement, mais ne répondit rien, comme à son habitude. Dire qu’elle était taciturne était un euphémisme, mais chacun à bord avait appris à composer avec son caractère qui révélait surtout une forme de timidité teintée de concentration, plutôt qu’une quelconque animosité. Elle était encore bien jeune, et la vie qu’elle vivait actuellement ne ressemblait sans doute pas à ce qu’une jeune fille aurait pu rêver d’avoir. Son silence était peut-être aussi une façon de se protéger. Nevä, en particulier, appréciait de plus en plus la réserve dont elle faisait preuve, qui révélait par contraste sa présence d’esprit et son charisme silencieux.

- Je vois que tu es encore un peu incertaine, ne me mens pas. Tu es la seule qui ait réussi à tenir tête à cette créature, mais cela ne signifie pas que tu dois l’affronter encore une fois. Nous avons besoin de toi, en vie et en bonne santé. L’Elfe t’a déjà ramenée une fois, rien ne dit qu’il pourra y parvenir une seconde fois.

L’intéressée enfonça son regard dans le lointain, sans rien dire. Son attitude trahissait cependant le conflit intérieur qui la déchirait, et que Nevä comprenait mieux que quiconque. Elle avait survécu, et elle ressentait le besoin de combattre à nouveau, car elle ne pouvait pas laisser quelqu’un d’autre affronter la bête, et mourir à sa place. Cependant… elle devait être effrayée, et l’idée même d’affronter cette chose retournait l’estomac de la plupart de l’équipage… qui n’aurait pas le rôle de devoir combattre la bête au corps à corps si la situation tournait mal. Comment en vouloir à une âme si jeune de craindre pour sa vie ? Elle était trop brave, cependant, pour demander à être placée à l’arrière.

Nevä comprenait, et elle-même n’aurait pas pu rester inactive. Essayer de convaincre Roksâna ne changerait rien. La forcer à rester à l’abri ne lui ferait pas plus de bien. Elles devaient accepter de confier leur sort à Melkor, et faire de leur mieux pour rester en vie. La Voix se contenta donc d’un geste. Elle prit la jeune fille dans ses bras comme l’enfant qu’elle n’avait jamais eu, et lui embrassa la tête comme la mère que cette dernière n’aurait plus.

- Sois très, très prudente… D’accord ?

- Promis.

Un sourire timide répondit au sourire à la fois étonné et affectueux. Si elles devaient mourir ce soir, alors à quoi bon garder des choses dans leur cœur ? Nevä aurait bien voulu dire quelque chose, mais Roksâna lui indiqua quelque chose du menton. En se retournant, elle sentit son cœur se gonfler de fierté.

Surgissant des ombres comme autant de signes d’espoir, de petites embarcations fragiles qui fendaient l’eau dans le plus grand silence. De là où elle se trouvait, elle reconnut sans peine Sigvald, qui se tenait debout sur la proue. Elle lui rendit le signe amical qu’il lui adressa, et fit signe aux Tatoués qui surveillaient le navire de ne pas tirer à vue.

Leurs alliés venaient d’arriver.


~ ~ ~ ~


Le sergent Hadden avait fait très fort. Il avait passé la journée entière à arpenter la ville, à discuter avec tous ceux qu’il avait pu rencontrer, pour monter une force aussi conséquente que possible. Lorsqu’il avait rejoint Sigvald comme convenu, sur les quais pour préparer leur départ, il n’était pas venu seul, loin de là. Une quarantaine d’hommes et de femmes de tous âges s’étaient portés volontaires, emportant avec eux les armes de fortune qu’ils avaient choisies. Certains avaient des épées, probablement les vestiges d’une vie antérieure durant laquelle ils avaient été Miliciens eux-mêmes, mais la plupart avaient apporté des piques, des pieux, des coutelas… De quoi se défendre si besoin. Il y avait bien quelques arcs, quelques frondes et deux hommes qui emportaient avec eux des javelots, mais ce serait bien tout pour les armes de jet.

- Maître, voilà la compagnie que vous aurez sous vos ordres. Tous des braves, qui n’ont pas hésité une seule seconde à nous prêter main-forte. J’ai pris la liberté de désigner quelques relais, en puisant parmi ceux qui avaient un peu d’expérience. Voici le vieux Herric, pour commencer.

Il lui désigna un homme à la forte carrure, qui semblait particulièrement content de partir à l’aventure. S’avançant d’un pas, il tendit la main à l’Elfe et la lui serra vigoureusement :

- Herric, mon commandant. Enchanté.

- Herric est un ancien Milicien, il a servi pendant une bonne quinzaine d’années à Esgaroth, et il a déjà vu pas mal de batailles. Je lui fais confiance pour faire ce qu’il faudra. Et voici Lym, Ménestrel et ancien mercenaire.

L’intéressé semblait être le combattant le plus expérimenté de la bande. Il semblait avoir la condition physique, et portait au côté une épée de bonne facture qu’il avait dû manier plusieurs fois par le passé. De même, il serra la main à l’Elfe, en se présentant :

- Lym, commandant. Vétéran de la Bataille du Nord.

Il n’eut pas besoin d’en dire plus. Le gigantesque conflit qui avait secoué la Terre du Milieu s’était achevé sur les plaines glacées du Nord, et ceux qui avaient réchappé à la boucherie étaient considérés comme des combattants endurcis. Il ne faiblirait pas le moment venu.

- Nous avons également la chance d’avoir avec nous deux guérisseuses, qui se sont portées volontaires pour nous accompagner et soigner les blessés s’il devait y en avoir. Voici Venefica, une étrangère qui a tenu à nous rejoindre.

Il lui présenta une jeune femme qui devait approcher de la trentaine, vêtue de blanc, et à la beauté ravageuse. Elle avait l’air particulièrement calme et posée, preuve de sa grande expérience. Elle avait déjà dû mettre ses talents à profit dans d’autres situations aussi critiques pour faire preuve d’une telle maîtrise.

- Enchantée, commandant, fit-elle avec une légère révérence. Je ne suis pas d’ici, mais mes compétences vous seront utiles. Je suis venue à Esgaroth dans l’espoir de pouvoir apporter mon aide, et je suis heureuse d’avoir l’opportunité de le faire.

La dernière venue se présenta à son tour. Elle était encore assez jeune, mais dans ses yeux brillait une lueur déterminée qui ne laissait pas la place au doute : elle aurait sa place dans la compagnie et serait du voyage.

- Je m’appelle Galia, commandant. Je… mon futur époux a décidé de prendre les armes avec vous, et je ne peux pas le laisser affronter ce danger seule. J’ai suivi une formation de guérisseuse chez madame Destan, et je travaille depuis un an en tant que son assistante. Je serai à la hauteur de la tâche, monsieur… euh… commandant.

Elle s’empourpra, et s’inclina prestement pour masquer sa gêne, puis rentra dans les rangs comme les autres. C’était une fière compagnie, qui n’avait ni l’expérience ni l’entraînement des soldats, mais qui était volontaire et courageuse. Des hommes et des femmes prêts à tout pour défendre leur cité. Hadden était fier d’eux, et fier de pouvoir présenter la bravoure d’Esgaroth à Sigvald.

Ils s’étaient mis en route en fin d’après-midi, alors que le soleil commençait encore à décliner, et sur les conseils de l’Elfe, ils avaient atteint l’Âzâdî sans la moindre difficulté. Ils avaient été obligés d’affréter une demi-douzaine d’embarcations pour le voyage, ce qui leur avait permis de procéder à un roulement sur les rameurs, et d’économiser ainsi de précieuses forces dont ils auraient besoin pour la suite.

En découvrant la silhouette imposante du navire de guerre oriental, ils ne purent s’empêcher de marquer un temps d’arrêt. L’Âzâdî était sans commune mesure avec les navires qui stationnaient dans le port d’Esgaroth. C’était un véritable titan des mers, conçu à l’origine pour naviguer dans la Mer de Rhûn, et pour réaffirmer la puissance de la souveraine Lyra, qui en avait commandé les plans à ses plus talentueux architectes. Le fleuron de la marine orientale, dérobé à Albyor par une bande d’esclaves… c’était là une histoire dont on parlerait dans les récits de taverne pendant des décennies, et une humiliation que ne pardonneraient jamais les autorités de la cité esclavagiste. Les flancs du monstre marin se dessinaient comme un véritable rempart, face auquel les barques d’Esgaroth semblaient minuscules. Des balistes étaient pointées sur eux, chargées de pieux taillés dans de grosses branches et surmontés d’une tête en acier. Ces armes impressionnantes révélaient la différence de puissance de feu entre les deux flottes, mais fort heureusement, leur alliance tenait toujours.

Sigvald fit un signe de la main, et une femme sur le pont de commandement lui répondit.

- Je n’ai jamais vu un navire aussi grand, fit Hadden estomaqué. Je suis bien content que nous ayons à nous battre à leurs côtés, et pas contre eux.

Ils furent invités à monter à bord, et on leur tendit une échelle de corde à laquelle ils se suspendirent maladroitement pour escalader la paroi du navire et rejoindre ainsi le pont principal où les attendait la délégation des Affranchis. Il y avait évidemment Nevä, Pantea, le mystérieux homme masqué, et Roksâna, ainsi que plusieurs autres individus à la mine sombre. En voyant Sigvald arriver, Roksâna lui adressa un léger signe de tête en guise de remerciements, mais elle ne jugea pas utile de prononcer la moindre parole, comme à son habitude, laissant Pantea faire la traduction :

Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 Pantea10

- Bienvenue à bord, maître Sigvald. Bienvenue à tous. Nous ne pensions pas que vous viendriez si nombreux, c’est une excellente nouvelle. Nous aurons besoin de chacun de vous. Ne perdons pas de temps, venez examiner nos hommes.

Les gens d’Esgaroth emboitèrent le pas de la délégation orientale, percevant le regard méfiant des Affranchis. Méfiant et plein d’espoir, car ces hommes et ces femmes souhaitaient de tout cœur avoir à livrer leur dernière bataille. On pouvait lire facilement dans leurs yeux qu’ils étaient à bout de forces, aussi bien moralement que physiquement.

- Ne faites pas attention aux regards, maître Elfe. Vous avez acquis une grande renommée parmi les nôtres. Ils vous appellent volontiers « Yahar ». Un terme que l’on peut traduire par « ami » dans la langue commune. Voyez plutôt… Nous avons quatre balistes de ce côté, pour pouvoir multiplier nos chances de toucher la bête. Deux autres côté terre, au cas où elle nous contournerait. Nous avons mis nos hommes les plus expérimentés à la manœuvre, mais hélas nous n’avons pas l’entraînement des soldats. Si la bête est trop loin, je ne peux vous garantir l’efficacité de nos tirs.

Elle avait raison. Les balistes étaient des armes prodigieuses et mortelles, mais les manier était compliqué et impliquait un travail de précision important. Il faudrait trouver un moyen de mener la créature le plus près possible de l’Âzâdî pour faciliter la tâche des artilleurs.

- Nous avons également disposé des archers et des javeliniers sur les flancs. Des guetteurs sont suspendus au mât pour nous aider à repérer les mouvements de la bête. Nous sommes prêts à passer la nuit et à ressortir victorieux. Dites-nous, maître, pouvons-nous faire quelque chose de plus ?

La question était sincère. D’eux tous, Sigvald était celui qui avait le plus d’expérience de la guerre. Des siècles de combat avaient forgé en lui une vision globale du problème, même si cet fois l’adversaire était imprévisible et retors. Sa science serait bienvenue pour encadrer les Affranchis et les aider à utiliser au mieux les armes à leur disposition. Il fallait également trouver comment intégrer les troupes d’Esgaroth, sachant qu’elles ne parlaient pas la même langue que les Affranchis. Dans le feu de la bataille, le manque de communication pouvait être fatal.

Cependant, une question majeure restait à être résolue, et ce fut Pantea qui la posa sans ambages :

- Maître, nous avons les hommes, nous avons les armes, et vous nous fournissez la stratégie. Cependant, comment pouvons-nous savoir que l’ennemi viendra ? D’après les dires des vôtres, il s’est attaqué jusqu’à présent à des embarcations de pêcheurs… Comment comptez-vous l’attirer alors que nous sommes très clairement sur le pied de guerre ?

Tous les regards convergèrent vers l’Elfe. C’était peut-être l’élément le plus important de toute leur stratégie, et celui qui comportait le plus de dangers. Amener la bête en face des balistes, et la maintenir en position suffisamment longtemps pour donner le temps aux artilleurs de l’abattre.

Une véritable mission suicide.


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyVen 6 Nov 2020 - 21:45

Vous la retrouverez, j'en suis sûr. Dame Delaynna est une battante et mon cœur me dis qu'elle est toujours de ce monde.

J'avais eu confiance de croire en la personne du Sergent Hadden, malgré son tempérament bourru et sa droiture agaçante devant ses supérieurs, il donnait tout pour Esgaroth. Cependant, son indéfectible volonté à protéger la cité et ses habitants le plaçait bien au-dessus dans mon estime que le capitaine Syla. Je ne pouvais oublier  le drame qu'il avait vécu et me mettait aisément à sa place en me demandant si lui non plus n'avait pas croisé le regard manipulateur du Ver. La mélancolie et la tristesse insondable qui semblait le plonger dans les ténèbres m'apparaissaient très étranges pour un homme qui s'était hissé au rang de capitaine dans une si grande cité des hommes.

Hadden, arrêtez les "Maître" avec moi je vous en prie. Appelez-moi Sigvald, tout simplement. Cela fait du bien de voir quelqu'un qui à hâte de combattre un ennemi juré des enfants d'lúvatar, j'en attendais pas moins des hommes de Bard. Allez les rassembler, je vous attendrais sur les quais. Pour Esgaroth !


* ~ ~ *~* ~ ~ *


Une fois au quai, encore abattu par la perte de Achas. Là-bas, à l'écart des regards indiscrets derrière un navire en réparation et face à l'étendue du Lac, assis et adossé sur ce bois mort je me détendis. Il fallait que je fasse abstraction de la disparition inquiétante de Delaynna et de la mort d'un fils de Vertbois, que je me concentre sur la tâche à venir, ne pas reproduire les mêmes erreurs que jadis et vaincre. Le Lac était beau, le reflet du soleil sur les vagues était tout bonnement magnifique, l'on aurait dit un lit de pierre précieuses étincelantes bercés par une brise légère... À cet instant je me rendis compte que la mer prenait une place plus grande encore dans mon cœur que les forêts d'Arda, il y avait dans cette contemplation quelque chose de fascinant et qui pourtant ne trouvait mots dans ma bouche pour décrire le sentiment que cela me laissait. Ces temps-ci et depuis un certain temps mes rêves et mes pensées se dirigeaient inévitablement, comme attirés vers un rivage imaginaire, indescriptible par son éclatante beauté.

Devant ce spectacle mes paupières alourdies par la fatigue accumulée de ces derniers jours s'abattirent à nouveau et repoussèrent mon esprit dans ce rêve récurrent qui éclipsait tout souvenir autour de lui par son attraction, sans lutter je m'y laissais emporter.

J'étais à nouveau là, sur ce rivage, sous cet arbre et ma tête reposait à nouveau sur ses délicates cuisses. Le vent balayait ses cheveux qui mourrait en douce caresse sur mon front, ses mains reposaient sur mes épaules. Mon regard se perdait à nouveau au loin au-delà de cette étendue bleutée et azure vacillante au gré des vagues. Au-dessus le soleil était resplendissant et malgré cela je distinguais aisément les étoiles.
Elle resserra l'emprise de ses mains.

- Tu te dois d'être fort, si tu échoues tu ne t'en remettra jamais et je ne souhaite pas cela.

La mort a toujours suivi mon sillage et aujourd'hui malgré l'appréhension que j'ai, je sens que c'est enfin l'heure...

- Tes paroles sont graves et sombres. Que veux-tu dire ?

C'est juste une sensation, aujourd'hui, demain, quand ma lame transpercera la chair maudite du ver ce sera le début.

- Tu ne ressens aucune peur malgré tes doutes je le sais. Et pourtant, ce serait le début...

Oui, c'est bien cela.


Notre discussion s'arrêtait là. Ce rêve, cette folie ? était ce que j'avais de plus précieux à l'heure actuelle, elle me semblait si réelle, tout me semblait réel et pourtant je devais me rendre à l'évidence que rien de tout cela n'existait, malgré tout je ne pouvais qu'y croire. Si j'étais devenu fou, c'était une agréable folie. Je me reposais, elle me contait alors l'ensemble des combats auxquels j'avais pris part, elle n'omit aucun détail et sa voix enchanteresse me berçait  autant que son parfum. Elle m'ouvrit les yeux sur mon passé, toutes les batailles que j'avais menés, le nombre de morts qui s'accumulait au rythme des coups d'épée, tout ce temps je n'y avais vu que le côté sombre de l'histoire, j'avais occulté les bienfaits qui pouvaient germer de ces affrontements. Je m'étais rendus aveugle au nombre de vies sauvées et au bienfait qu'une mort bien que triste pût faire éclore.

Elle me préparait pour le combat à venir, mon esprit et mon corps ne faisaient qu'un, j'étais fin prêt.

Des heures entières s'étaient alors écoulés dans un endroit où je n'avais nul besoin de me tenir en alerte, un endroit où nul danger n'existait, un endroit où j'étais en paix. J'ouvris les yeux à la fois triste de quitter ce lieu et le cœur battant d'un feu ardent. L'affrontement approchait.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


Hadden revint avec une troupe plus nombreuse encore que ce j'aurais pu seulement imaginer, c'était véritablement une petite armée. Des jeunes hommes et femmes, de vieux vétérans aguerris aux hommes et femmes d'un âge mûr, nulle peur ne transparaissaient sur leurs visages. La volonté était plus forte que n'importent quelles armes.

Hadden, Sigvald, faites un effort. Il se reprit, bien qu'un peu gêner d'appeler un elfe si simplement, un brin amusant.

Enchanté, Herric.


Et ce fut un défilé d'hommes et de femmes qui sortaient du lot par leurs compétences et leurs expériences qui n'étaient plus à prouver parmi eux.

Sigvald, Vétéran. Mercenaire des Terres du Sud.

Les vécus de chacun se lisaient clairement sur leurs visages, les traits tirés par des souvenirs qui les enterraient à jamais, ils affichaient tous la même détermination. Hadden avait même trouvé des guérisseuses, un point sur lequel je ne mettais même pas pencher.

Sans eux le chemin de chacun peut s'arrêter brusquement, bien que j'espère ne pas avoir recours à leurs talents à tous deux.

Bienvenue Venefica.


La dernière à se présenter était hésitante et pleine de bonne volonté.

Vous avez tout à fait votre place ici Galia, bienvenue parmi nous.

Elle s'inclina gêner et je fis de même en esquissant un sourire. Puis je les regardais tous, un par un, une troupe déterminée et fière.

Nous partîmes rejoindre l’Âzâdî.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


Avant même qu'Hadden et sa troupe nouvellement formés ne virent le bâtiment de guerre aux dimensions écrasantes qu'était l’Âzâdî, je pouvais discerner sans mal la foule sur le pont s'affairant déjà ici et là à préparer le navire à l'affrontement prochain. Venait le moment de coordonner tout ce beau monde.

Hadden, je n'aurais aimé combattre aucun de vous deux en désignant tour à tour le navire et les embarcations.

La troupe que nous étions pris un certain temps à débarquer sur le pont principal de l’Âzâdî. A vrai dire je n'en attendais pas moins de la vraie rencontre entre deux peuples qui sur le papier tout semblait opposé. Ils se jugèrent, se dévisagèrent, se regardèrent de haut en bas, mais au final s'acceptèrent. Il n'y avait aucune animosité, mais une certaine gêne du pas à faire vers l'autre.

Justement je vous ramène des soldats, des vétérans de guerre et Esgaroth en désignant de la main la petite armée tous déterminés à délivrer le Lac du mal qui le ronge.

Dans les grandes lignes mon plan était clair et je me devais d'évaluer les forces en notre possession et les outils avec lesquels nous devrions nous servir pour vaincre, maintenir se monde uni et vivant. Cela devrait se jouer telle une musique qui comporte des éléments bien distinct, au son bien spécifique, mais une symphonie sans dissonance, au rythme ardent et magnifique, parfaitement exécuté.

Pour l'attirer ? Je sais comment l'attirer et je ne vais pas apprécier du tout, mais il ne pourra résister. Je pris une grande inspiration et balayai d'un regard l'assemblée ainsi réunie. La barrière de la langue était certes un obstacle, mais au cœur d'un combat il n'y avait plus besoin de mot pour agir de concert. Panteä, Hadden je pense créer trois groupes de deux commandants, nous devrons marcher ensemble. Chacun de vous désigner deux qui pourront mener sans crainte des hommes au combat si le besoin s'en fait sentir et vous aurez aussi votre rôle à jouer, vous serez les pièces maitresses. J'ai besoin de me représenter vos forces pour pouvoir matérialiser ma vision et vous présenter mon plan. Je ne m'imposerais pas, je veux votre approbation à tous.
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Ryad Assad
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 30 Nov 2020 - 11:17
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La méfiance qui existait entre les gens du Lac et les Orientaux était bien réelle, mais la perspective de devoir affronter un ennemi commun, plus formidable que tous ceux qu’ils avaient pu rencontrer jusqu’à présent dans leurs vies respectives, impliquait une alliance sacrée entre ennemis de toujours, que Nevä célébrait. Elle savait que le sang de nombreux innocents serait versé à l’heure de tirer l’épée, mais pour la première fois elle ne répugnait pas à devoir faire face à l’adversité. Elle savait qu’elle ne se battait pas uniquement pour échapper aux griffes de la tyrannie et de l’esclavage… ils livraient peut-être leur ultime combat, le plus important, celui qui pouvait leur garantir une place dans ce monde, un endroit où vivre, et un avenir libre et heureux…

Sigvald était le chef de guerre qu’il leur fallait, et elle se rangea derrière lui, invitant tous les Rhûnedain à faire de même. Beaucoup avaient craint de voir un Elfe, car ils avaient appris à les détester et à craindre leurs tours de magie, mais Nevä avait parlé en son nom, et avait relaté ses efforts pour négocier un accord respectable auprès des autorités de la cité d’Esgaroth. Elle leur avait expliqué qu’il s’était personnellement engagé à se battre à leurs côtés, et à gagner leur liberté au péril de sa propre existence. Elle avait parlé avec tant de passion et de conviction que bientôt, les Affranchis avaient acclamé l’apparition providentielle de ce sauveur, Yahar comme l’appelaient les gens d’ici.

Il était revenu avec une compagnie de volontaires, certains ressemblant à des soldats, d’autres à des citadins tout à fait ordinaires ayant décidé de prendre arme contre la menace qui sévissait sur le lac. Ils n’étaient pas aussi nombreux que les Affranchis, mais leur aide serait inestimable. Ils connaissaient les eaux de ces régions mieux que quiconque, et pouvaient sans la moindre difficulté percevoir l’arrivée du dragon. Les Orientaux, quant à eux, fournissaient le nombre : assez de lames et de flèches pour submerger leur terrible adversaire sous-marin dès lors qu’il oserait pointer le bout de son nez. La confiance partagée était une belle chose, et le regard de tous trahissait, au-delà de la crainte de voir l’ennemi ancestral si proche, la satisfaction de sentir qu’ils avaient une chance de mettre fin à leurs tourments.

Pantea écouta soigneusement Sigvald, qui avait besoin à la fois de leur concours, et de leur fidélité. Elle savait quoi faire, et distribua quelques consignes dans sa langue natale. Il y eut quelques conversations à voix basse, qui furent rapidement résolues quand deux combattants s’avancèrent, sortant du lot parmi tous les autres.

- Dame Nevä est la guide des Affranchis, mais elle n’est pas chef de guerre. La jeune Roksâna ici présente prendra sa place, et mènera nos hommes au combat.

Elle était effectivement très jeune, même selon les standards humains, et pourtant tous ceux qui l’entouraient la regardaient avec un respect plein d’admiration, qui surprit quelque peu le sergent Hadden. Une femme, jeune de surcroît, pour commander des hommes lors d’une mission de la plus haute importance ? Il ne put s’empêcher d’émettre quelques réserves à haute voix :

- Pardonnez-moi, mais est-ce bien raisonnable ? Allez-vous confier la vie des vôtres à une jeune fille ?

Pantea ne jugea pas utile de traduire ce qui aurait pu passer pour une insulte auprès de son peuple, et elle répondit simplement :

- Roksâna la Lionne est la guerrière la plus redoutable qui soit. Elle est la seule à avoir tenu tête à la bête, et à avoir survécu. Son expérience est inestimable.

Hadden fit une moue sceptique, mais en croisant le regard profondément déterminé de la combattante, il jugea préférable de ne pas s’aventurer sur ce terrain. Il se contenta de marmonner à l’attention de Sigvald :

- J’espère que vous savez ce que vous faites…

Un commentaire sarcastique qui relevait davantage de l’ignorance que la malveillance. Hadden, pour superstitieux et hostile aux étrangers qu’il fût, demeurait un véritable serviteur d’Esgaroth, un homme d’honneur et vaillant défenseur de la justice. Il ne concevait simplement pas qu’une femme sût manier l’épée aussi bien qu’un homme, et comprenait déjà à grand peine que Nevä et Pantea fussent les deux représentantes des Affranchis, qui ne manquaient pourtant pas de figures masculines.

- Et votre second commandant, qui est-il ?

Pantea se tourna légèrement pour le présenter. C’était l’homme masqué qui avait accompagné les deux femmes jusqu’à Esgaroth, et qui se comportait avec elles comme un véritable garde du corps personnel. Le trait le plus distinctif chez lui était ce masque qu’il portait en permanence, comme s’il préférait ne pas dévoiler son visage. Une excentricité qu’il poussait très loin, puisque Pantea elle-même – qui était indiscutablement la plus proche de lui à bord de l’Âzâdî – n’avait jamais vu son visage, et ne connaissait pas son nom.

- Le voici. Il a prouvé à maintes reprises parmi nous qu’il avait à la fois la force morale et physique pour guider les hommes.

Hadden n’aimait pas trop ces Orientaux, qui envoyaient une fillette et un homme masqué pour les commander. Il appréciait de pouvoir jauger les gens, et de nouveau ne put s’empêcher de demander :

- Il ne montre jamais son visage ? Il n’a pas de nom ?

- Nous l’appelons « le Gardien », et vous pouvez le nommer ainsi si vous le souhaitez, répondit tranquillement Pantea. Quant à son visage, c’est un des nombreux mystères qui fait son charme. Mais rassurez-vous, cela ne posera aucun problème quant à la mission qui nous occupe. Qu’en est-il de votre côté ? Qui parmi vous commandera les hommes ?

Hadden se frappa la poitrine fièrement :

- Moi-même, madame. Sergent Hadden, de la Milice d’Esgaroth. Le second commandant sera Lym, un vétéran de nombreuses batailles. Il a déjà combattu aux côtés des vôtres, lors de la Bataille du Nord.

La traductrice officielle des Affranchis, dont le visage était toujours masqué par un voile fin et élégant, hocha la tête en signe d’acceptation. Maintenant qu’ils se connaissaient un peu mieux, et qu’ils savaient avec qui ils allaient travailler les uns les autres, il leur restait à établir un plan de bataille. Leurs regards convergèrent vers Sigvald, qui avant toute chose avait besoin de connaître leurs forces. Il avait déjà évalué les troupes offertes par Hadden, mais Pantea entreprit de lui présenter plus en détail les forces à sa disposition :

- Nous avons sur le pont cent cinquante volontaires, parmi les plus redoutables des nôtres. Ceux qui ne sont pas en état de combattre, les plus jeunes, et les plus anciens notamment, ont été débarqués par précaution. Ils se cachent non loin d’ici, sur les berges. Nous avons fait en sorte d’aménager les cales pour pouvoir soigner les blessés, et nous avons une quinzaine de volontaires prêts à opérer. Nous n’avons pas de véritables médecins, hélas, mais ils feront de leur mieux pour ceux qui ne pourront pas être transportés.

Elle continua de faire l’état des lieux, en présentant les hommes qui allaient de toute façon rester sur le pont : une bonne cinquantaine de combattants aguerris qui défendraient l’Âzâdî au péril de leur vie. Les autres étaient à la disposition de Sigvald, qui avait donc sous ses ordres, en comptant les gens d’Esgaroth, cent quarante combattants à sa disposition. Pantea répartit ses hommes en trois groupes égaux, qui s’efforcèrent de faire bonne impression en essayant d’imiter les hommes de l’armée royale dans leur posture. Un œil aguerri ne s’y trompait pas, cependant. Ils n’avaient pas la belle discipline acquise par l’expérience, ni la synchronisation qui ne pouvait venir qu’avec des heures et des heures d’entraînement. Ils étaient affaiblis, maigres pour la plupart, et leurs armes de bonne qualité – trouvées dans les cales du navire – ne compensaient pas leur absence d’armures. Les quelques cuirasses sur lesquels ils avaient pu mettre la main ne les protégeraient pas face à l’adversaire redoutable qu’ils entendaient affronter.

Pantea ne voulait pas s’attarder sur ce genre de détails, cependant, et elle conclut son tour d’horizon par des mots encourageants et pleins de confiance :

- Nous sommes à vos ordres, Maître, et prêts à nous battre. Il ne nous reste plus qu’à faire surgir cette créature.


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 13 Fév 2021 - 13:49

Tant d'hommes et de femmes sous ma responsabilité, tant de vies qui peut être balayer en un instant sous l'attaque de la créature. Je ne ne devais non seulement garder en vies ces gens, mais faire en sorte que leurs sacrifices s'il est nécessaire ne soit pas vain. Un échec provoquerait à coup sûr un massacre des réfugiés et un fossé plus profond encore entre le royaume de Dale et Vertbois. Une mort impacterait la vie de tant d'autres, minimiser les pertes et assurer la victoire était la seule voie possible.

Tandis qu'ils discutaient entre eux, je les regardais tour à tour, le Gardien, Roksâna, Pantea, Hadden et Nevä, je gravais leur visage et leur regard en mémoire. Certains écoutaient, d'autres passaient en revu leur forces et faiblesses, mais tous comptaient sur moi pour les mener à l'affrontement face à un ennemi dont j'ignorais tout, hormis les légendes et les histoires dont j'ai pris connaissance il y a de cela des siècles.

- Il n'y a pas de Maître ici, seulement Sigvald. Bon... Nous ne chassons ni un homme ni un orc. Mais un dragon, du moins un petit ou une créature similaire. Nous savons que son milieu naturel est l'eau au vu des attaques sur le Lac, c'est dans celui-ci qu'elle présente la plus sérieuse des menaces. Il nous faut l'attirer sur la terre ferme et la prendre au piège. Son odorat doit être plus développé dans l'eau qu'en dehors, mais ce n'est qu'une hypothèse, toutefois et vous aller me détester mais nous pouvons jouer sur cela...

Pris dans mes pensées, j'établissais mon plan à haute voix pour que l'une des six têtes de troupes que nous formions puisses m'interrompre si un point clochait. Mais j'en oubliais le plus important nous avions parmi nous deux âmes qui avaient pour l'un affronté un véritable dragon et pour l'autre avait tenue tête au puissant esprit de l'une de ces créatures.

- Avant de poursuivre, Roksâna, s'il n'est pas trop difficile pour vous, faites-nous part de votre rencontre avec la créature, si ce n'est pas trop pénible je veux tous les détails de votre rencontre avec celle-ci. Puis ce sera à vous Lym, faites nous part de votre expérience dans la célèbre bataille du Nord, je veux savoir la stratégie établie qui a assuré la victoire aux peuples d'Arda et votre ressentiment face à notre ennemi actuel. Nous vous écoutons.

Cela nous accordait un court moment de répit avant la vraie préparation de combat. Bien que l'histoire de Roksâna puisse jouer grandement sur le moral de la troupe au vu de son état de choc après sa rencontre avec la bête ;  le récit de Lym, bien que les horreurs de la guerre ne soient jamais les plus joyeux, un récit de victoire ne pouvait qu'attiser le goût de triomphe face à un adversaire d'une aussi grande menace.

Ils plaçaient tous leurs espoirs en moi, mais je me reposais entièrement sur eux, ils étaient la clé de cette victoire, les Affranchis et le peuple d'Esgaroth avait plus de points communs que moi avec eux. De cette bataille naîtrait une relation pérenne et solide, de cela j'en étais sûr.




HRP : Je pense ne pas avoir vu le temps passer...
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Ryad Assad
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 15 Fév 2021 - 20:17
HRP : Pas de souci, je suis très content que tu aies trouvé le temps de poster, les choses sérieuses vont bientôt commencer Mr. Green
_________________________



Un murmure fila à travers la foule rassemblée sur le pont de l’Âzâdî, quand Sigvald se risqua finalement à évoquer la menace à laquelle ils allaient devoir faire face. Les mots avaient un grand pouvoir, et le cœur des Hommes pouvait rapidement vaciller quand la crainte et le désespoir se saisissaient de lui.

Un dragon.

Certains manquèrent de défaillir à cette mention, et même Nevä, lorsque Pantea lui traduisit la sinistre réalité, parut blêmir. Un dragon. Ce n’était pas possible. Le sergent Hadden, qui avait l’air de ne plus savoir s’il avait vraiment envie de participer à cette affaire finalement, intervint pour calmer les nerfs de ses hommes :

- Allons, allons, il ne peut pas s’agir d’un dragon… Le dernier grand dragon a été tué au cours de la Bataille du Nord, et avant cela, il y avait plusieurs siècles qu’on n’en avait pas vu… Je ne vois pas comment un dragon aurait pu s’installer dans le Long Lac après tout ce temps…

Il jeta un regard vers l’eau, dont la surface lui paraissait tout à coup menaçante et terrifiante. A Esgaroth, peut-être plus qu’ailleurs en Terre du Milieu, on connaissait la puissance des dragons, des grands cracheurs de feu de l’ancien monde, qui déferlaient depuis le ciel en apportant la mort et la désolation. Ils ne voulaient pas croire ce qu’ils entendaient, car si tel était l’adversaire qu’ils devaient affronter, ils feraient peut-être aussi bien d’abandonner leurs foyers, et de s’installer à Dale. Là, l’armée du roi Gudmund pourrait faire quelque chose pour tenir ce monstre à l’écart. Ils n’étaient que des volontaires, même pas des Miliciens, et leurs armes de fortune ne perceraient pas la carapace d’un grand ver.

- Maîtr… je veux dire… Sigvald, pensez-vous vraiment que notre adversaire soit… un dragon ?

Même Pantea semblait douter de leurs chances, tout à coup. Ils ignoraient quelle créature s’était abattue sur eux, mais pensaient sincèrement pouvoir la terrasser avec un peu d’organisation et un soupçon de chance. Cependant, s’il s’agissait d’une créature de légende… ils doutaient de pouvoir véritablement changer quelque chose à la situation. Pour les Orientaux, les dragons n’étaient pas des créatures surgies de nulle part pour détruire le monde et n’engouffrer dans les flammes. Historiquement, ils n’avaient même jamais eu affaire à ces monstres titanesques. Toutefois, ces monstres étaient les engeances de Melkor le Sombre, le seigneur ténébreux qui avait dominé leur royaume pendant tant de siècles, et le dominait encore, d’une certaine façon.

Les Orientaux avaient vu de leurs yeux les ravages que pouvaient causer ces créatures, et ne souhaitaient certainement pas se retrouver dans le mauvais camp, celui des victimes innombrables des cracheurs de feu du Nord, appelés à la guerre par le Dieu Sombre. Les Affranchis étaient épuisés, à bout de forces, et ils n’opposeraient qu’une maigre résistance face à un adversaire aussi formidable. C’était en tout cas ce qu’ils se disaient entre eux, perdant progressivement la foi dans leurs chances de l’emporter alors que le doute s’installait au plus profond de leurs cœurs.

Nevä sentit le vent tourner.

Ils devaient impérativement faire quelque chose pour maintenir la cohésion, et rallier leurs hommes à la cause. Elle-même savait que leurs chances de victoire étaient maigres, mais elle savait également qu’ils n’auraient jamais une aussi belle chance de prouver leur valeur. Abattre un dragon leur garantirait le respect des gens du Lac, leur amitié éternelle, et leur protection quand l’heure serait sombre et difficile. La jeune femme au visage tatoué s’approcha de Sigvald, et lui prit le bras fermement. Son Westron était rudimentaire, mais ses yeux rendaient la traduction limpide :

- Parlez… Parlez…


Elle désigna du menton les gens d’Esgaroth, dont le moral s’effondrait à chaque seconde. « Parlez-leur, et faites quelque chose avant qu’ils ne perdent tout espoir et abandonnent la lutte », était ce qu’elle aurait voulu lui dire, sans le pouvoir. Elle-même, en tant que guide des Affranchis, savait qu’il était de son devoir de faire même pour les siens. Prenant son courage à deux mains, elle se tourna vers son peuple, et les appela au calme.

++ Calmez-vous ! Calmez-vous, mes amis ! ++

Elle parlait la langue des esclaves de l’Est, qui échappait tout à fait au sergent Hadden, mais il se sentit soudainement revigoré par cette voix puissante, affirmée, qui semblait chaleureuse en même temps qu’inflexible. En l’espace d’une seconde, et de quelques mots, il comprit pourquoi les Affranchis avaient fait de Nevä leur cheffe. Sans comprendre ce qu’elle disait, il sentait qu’elle ne souhaitait pas abandonner la lutte, et probablement par orgueil, il n’acceptait pas qu’une femme, une Orientale, fît preuve de plus de courage que lui. Il se tourna vers Sigvald, à l’écoute de ce que l’Elfe aurait à leur dire pour les remobiliser… Mais au fond, il savait déjà qu’il mourrait pour cet Elda, si cela pouvait les aider à protéger Esgaroth.

Nevä, de son côté, galvanisait ses troupes à l’aide d’un discours enflammé.

Sa voix, si claire et si impérieuse, était son arme la plus affûtée. La Voix de la Révolte en appelait encore une fois aux esclaves d’Albyor, aux Affranchis de la Cité Noire, pour les exhorter à ne pas baisser les bras, et à continuer le combat.

++ Mes amis, il nous est aujourd’hui donné la possibilité de prendre notre revanche ! Notre revanche sur Melkor, le Dieu Sombre qui gouverne Albyor, et maintient encore nos frères en servitude. Cette créature, si c’est bien un dragon dont il s’agit, est un des enfants de Sa pensée maléfique et malveillante. Et c’est à nous, pour qui la liberté est le plus sacré des biens, que revient la tâche de terrasser la bête. En hommes et en femmes libres, nous combattrons pour ne plus avoir peur. Pour ne plus jamais être esclaves de Melkor, qu’il se présente sous la forme d’un ver aux pattes courtaudes, cracheur de fiel… ou d’un dragon. ++

Les Affranchis lui répondirent par un redoutable cri de guerre, qui fit trembler le navire tout entier. Cette petite pique pour Jawaharlal, le Grand Prêtre de Melkor à Albyor, leur avait redonné le sourire et une confiance exacerbée. Ils associaient désormais la bête à leurs anciens bourreaux, et iraient puiser dans la haine viscérale qu’ils gardaient encore dans leurs cœurs pour se battre et trouver les ressources de détruire le monstre…

Ou de périr en essayant.

Nevä se tourna vers Sigvald, qui put lire la détermination dans son regard. Cette femme avait une volonté en acier, que rien ne pourrait jamais briser.


▼▼▼▼▼▼▼
▲▲▲▲▲▲


Ils s’étaient réunis à l’abri des hommes, pour préparer leur plan de bataille. Nevä, Pantea, Roksâna et le « Gardien » pour les Affranchis, accompagnés de Sigvald, Hadden et Lym pour les hommes d’Esgaroth. Après avoir réussi à restaurer la confiance des hommes, Nevä ne souhaitait pas que les détails de la stratégie parvinssent trop vite à leurs oreilles, au risque de les faire craindre pour l’avenir de leur entreprise. Elle avait invité les siens à préparer l’Âzâdî pour la guerre. Ceux parmi les Affranchis qui parlaient la langue commune servaient d’interprètes, et facilitaient la cohésion de groupe. Sigvald avait un plan, mais de toute évidence il ne souhaitait pas en parler devant tout le monde, et préférait d’abord interroger la jeune Roskâna, qui commanderait les hommes du côté oriental.

Sa question prit légèrement Nevä au dépourvu, car Roksâna n’était guère bavarde, ce qui était un euphémisme. Chaque fois qu’elle pouvait éviter de parler, elle préférait s’enfermer dans un silence confortable qui lui évitait de trop sympathiser avec quiconque. Même la Voix, qui était sans conteste sa plus proche amie ici, ne connaissait presque rien de sa vie, de ses idées, de ses émotions. Elle gardait tout ça enfoui en elle, ce qui faisait beaucoup à porter chez une personne si jeune. Mais cette fois, devant l’importance de la situation, Roksâna rompit son silence légendaire, et répondit très calmement à Sigvald, dans un Westron au moins aussi parfait que celui de Pantea.


- Je n’ai pas bien vu la bête, Sigvald. La brume était impénétrable, et nous avions du mal à nous distinguer… Cependant, je pouvais l’entendre, sentir ses mouvements sur le pont, percevoir le bruit qu’elle faisait en se déplaçant. C’est ainsi que j’ai pu la frapper.

Elle parlait avec une froideur effrayante, comme s’il s’agissait d’un épisode parfaitement anodin. Si cette jeune fille avait effectivement affronté un dragon en combat singulier, et survécu, c’était un exploit digne d’être chanté dans les légendes.

- Mes coups rebondissaient sur elle, mon épée n’a jamais pu la blesser réellement, à une exception près… Le dernier coup que je lui ai porté, involontairement, a percé son œil. Je ne peux vous dire lequel, mais la créature est borgne d’un œil. C’est à ce moment-là qu’elle s’est mise à hurler, et que j’ai entendu sa voix dans ma tête…

Nevä et Pantea, qui lui faisaient la traduction, tournèrent leur regard vers elle, en se demandant à quoi elle faisait référence. Hadden et Lym, en face, semblaient tout aussi perplexes. La jeune fille essaya de leur expliquer du mieux possible :

- Le dragon… Il me parlait… C’était une langue ancienne et terrifiante, mais j’en comprenais chaque mot. Il parlait de douleur, de vengeance, de haine, de trésor… C’est la dernière chose dont je me souvienne.

Il y eut un long silence à la fin du récit de Roksâna, mais Hadden et Lym ne purent s’empêcher de la regarde avec méfiance. Quiconque pouvait entendre la voix d’une telle créature dans sa tête était sans doute maléfique lui-même, car seule une connexion avec le mal permettait de comprendre la langue des monstres. Sigvald donna bientôt la parole à Lym, vétéran de la Bataille du Nord, et dont l’expertise pouvait être précieuse.

- Sachez d’abord que je n’ai pas combattu le dragon personnellement, comme mademoiselle. Cet honneur est revenu à nos rois, qui ont usé d’une sorte de magie pour abattre la créature. Personne ne sait exactement comment s’est terminé le combat, mais on raconte que l’encerclant, les grands rois des Hommes et des Elfes ont été capables de venir à bout de sa carapace et de lui porter un coup fatal. Selon certains, son ventre serait son point faible. Selon d’autres, ses ailes. Peu importe, finalement. Le principal problème est de l’immobiliser suffisamment pour pouvoir lui livrer bataille. Tant qu’il vole, un dragon est une menace trop grande pour nous, mais à terre… nous pouvons le terrasser, profiter de sa lenteur, et de notre nombre.

C’était peu, mais ils avaient au moins une ébauche de stratégie. Immobiliser la créature, et ensuite tout tenter pour l’abattre, en utilisant au mieux les armes à leur disposition.

Alors qu’ils se regardaient, s’encourageant du regard à la veille de ce combat, peut-être le plus difficile de leur existence, ils entendirent des bruits de pas précipités venant de l’extérieur. Une petite fille déboula dans la pièce et se mit à parler très vite en rhûnien, à l’attention de Pantea et de Nevä. Elles se raidirent perceptiblement, et congédièrent la jeune fille. Quand Pantea se retourna vers Sigvald et les hommes d’Esgaroth, son regard était grave.

- La brume, fit-elle simplement. La brume est en train de se lever…


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyDim 25 Avr 2021 - 11:19


A vrai dire tout comme le Sergent Hadden, je ne pouvais être formel sur l'origine de la menace, mais aux vus des preuves je ne pouvais que me rendre à l'évidence que nous nous rapprochions d'un ver ou du moins une chose y ressemblant fort.

- Un grand dragon de jadis ? Non, mais je préfère partir du postulat qu'il s'agisse d'un jeune ou du moins une chose du même genre. Les histoires et les descriptions semblent nous diriger vers cette piste-là. Bien sûr je préfèrerais me tromper.


Je scrutais les visages de toute ces hommes et femmes, l'incertitude et la peur les trahissaient, mais quelques choses en eux les faisaient rester sur place, nul doute ils étaient las de fuir et pour d'autres la curiosité et la soif de gloire leur feraient prendre tous les risques. Mais une soif de vengeance dominait dans les rangs.

- Bien.

Toute ma vie durant j'avais combattu, seul ou milieu d'armée de royaume ou de mercenaire. Le combat était naturel et la guerre coulait dans mon sang. Je ne souhaitais pas être leur commandant, mais je devais jouer mon rôle maintenant qu'il me l'était imposé. Je passais à nouveau en revue chaque visage, que tous me regardent, tandis que je parlais je déambulais dans les rangs, gravant en mémoire chacun d'eux.

- Fils et fille d'Esgaroth, lors de notre affrontement nous jouerons le destin de votre cité. Attendre une grande armée nous serait inutile, la bête se tapira dans son antre et attendra un moment plus calme pour commettre à nouveau ces méfaits. Il y aura des morts je ne peux vous le cachez, des blessés et nous les pleurerons tous. Mais ici MAINTENANT ! Si vous triomphez vous sauverez des milliers de vies ! Si nous échouons, la créature aura appris et se tiendra plus alerte, insaisissable. Vous avez la possibilité de venger vos morts, de protéger vos familles, vos amis, votre foyer. PEUPLES DE BARD ! FILS ET FILLE DU VAL ! NOUS TRIOMPHERONS DES TÉNÈBRES ! ENSEMBLE !

J'enchaînai avec le cri de guerre des hommes du Val, qu'Hadden s'empressa de reprendre ainsi que tous. La troupe était galvanisés, les regards déterminés, plus une once de doute. Nevä me jeta un regard, la même pensée, nous triompherons.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


J'écoutais le récit de Roksâna avec une attention toute particulière, chaque détail était important, elle avait fait preuve d'un courage sans failles. Le rapport de Lym confirma ce que je savais de ces créatures. Nous devions faire simple. Une jeune fille déboula dans la pièce, la créature elle aussi se préparait...

- Nous devons faire vite alors. Récapitulons. L'esprit d'un Ver est puissant, écrasant, voire pouvant pousser certains esprits dans la folie. Dîtes à vos hommes d'éviter son regard. Nous devons viser ces parties sensibles, entre autres toutes les parties qui ne sont pas protégées par sa cuirasse d'écailles. Je veux une équipe d'armes à bord afin de manœuvrer les balistes et de les défendre au cas où. Deux équipes au sol. Nous piègerons la bête sur la berge, je l'attirerais. Une fois à terre, une équipe coupera son accès au lac, et fera en sorte d'ouvrir des couloirs pour les tirs des balistes, cette équipe-là doit se montrer d'un moral à toute épreuve et suivre des ordres à la lettre, sans faute, une coordination avec le navire devra se faire. La deuxième équipe au sol devra encercler la créature et littéralement l'attaquer, maintenir son attention. Si nous parvenons à lui crever un autre œil ou par miracle  lui sectionner une patte ou la queue, s'en sera fini d'elle dans les eaux. Je veux que tous vos hommes et vous soyez barbouillés de vase, afin de masquer vos odeurs et braquer l'attention de la créature sur ma personne, je suis un mets d'exception pour elle. À terre ayez de quoi allumer des feux afin d'éclairer la zone pour l'équipe du navire. Pour abattre la créature, seules les balistes auront cette capacité, je ne suis pas un elfe des anciens âges aux armes quasi mythique. Est-ce que ça vous convient ? Un plan simple et je l'espère efficace...

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Learamn
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyMar 15 Juin 2021 - 15:58
Le discours de Sigvald avait eu son effet sur les hommes et les femmes sélectionnés par Hadden. L’elfe avait parlé peu mais ses mots avaient visé juste dans le cœur des guerriers. Il n’avait pourtant pas cherché à cacher le danger qu’il s’apprêtait à défier et avait évoqué crûment ce dont la bête était capable. Mais durant son intervention, nul ne pouvait être insensible à la détermination et à la bravoure dont leur nouveau leader faisait preuve. La présence d’un elfe pour les commander était déjà quelque chose d’unique, et quelque part de rassurant, pour nombre d’entre eux. Pour la première fois depuis de longs siècles, Sigvald embrassait sa destinée. Celle d’un leader, d’un guerrier mettant son talent au service du Bien, d’un commandant prêt à mener les siens vers une victoire inespérée. Il était un elfe nouveau. Achas n’était plus là pour être témoin de sa repentance, Delaynna manquait aussi à l’appel mais la Dame de l’Eau avait sans nul doute joué un rôle déterminant dans ce que Sigvald Lingwë était désormais devenu. Elle avait sondé son âme, vu en ce mécréant quelque chose qui méritait d’être sauvé. Quand tous ses frères lui jetaient l’opprobre, elle avait cherché à lui ouvrir les yeux et le guider vers la bonne voie.

Aujourd’hui, et après de nombreuses années passées à les combattre, Sigvald était sur le point de devenir un héros des Peuples Libres.

Une clameur s’éleva au sein de l’équipage et certains se mirent à scander le nom de leur nouveau chef en agitant leurs armes au-dessus de leurs têtes. Lames émoussées, fourches et javelots rouillés; les femmes et les hommes qui étaient prêts à tout risquer pour sauver leur cité n’étaient pas tous de grands guerriers ni même parfois aptes au combat. Mais ils étaient animés par une force bien supérieure que la simple dextérité au combat.




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Le conseil de guerre fut tenu peu après dans une cabine du navire en présence des principaux leaders du groupe hétéroclite. Les hommes d’Esgaroth avaient leur représentant, tout comme les affranchis du Rhûn et au-dessus d’eux, Sigvald sur lequel retombait la lourde tâche de prendre les décisions finales et d’unir ces deux peuples si différents autour d’un but commun.

Le récit que leur fit Roksâna fut glaçant. Il était difficile de déterminer si cela était dû aux informations inquiétantes qu’elle leur présentait et par son comportement à la fois détaché et fascinant. Physiquement, elle ressemblait à une adolescente, mais tout dans ses faits et gestes renvoyait à une maturité que les plus âgés peinaient parfois à atteindre.

Sigvald proposa alors un plan détaillé et complexe impliquant l’intervention de plusieurs groupes, certains au sol et d’autres sur la rivière tout en faisant usage de machines de guerre depuis le rivage. Le plan était ambitieux et traduisait toute l’expérience militaire d’un elfe vieux de plusieurs siècles. Attirer la bête dans un traquenard pour l’immobiliser et la frapper là où sa carapace ne la protégeait pas semblait être la meilleure des solutions. Cependant, une telle approche nécessitait une discipline tactique digne des plus prestigieux des corps armées; un savoir-faire militaire dont ne disposaient ni les Affranchis, ni les hommes de Hadden.

Ce dernier fut le premier à réagir au plan de Sigvald:

“Maître Sigvald…”

Visiblement il avait toujours autant de mal à s’affranchir de ce titre quand il s’adressait à l’elfe. Pour un homme comme lui, la hiérarchie et les marques de respect qui l’accompagnaient étaient sacrées.

“ Votre plan est osé mais il pourrait bien se révéler efficace. Cependant permettez-moi de vous signaler que si la séparation de nos forces semble nécessaire pour surprendre le monstre, la coordination sera compliquée à mettre en place je le crains. La majeure partie d’entre eux ne sont pas des militaires et, malgré toute leur volonté, n’ont pas été formé à la stratégie militaire. De plus, la communication avec les Orientaux qui ne parlent pas la même langue risque d’être délicate. Enfin, je doute fort que les officiers du Comte Saule ou de Toras apprécient le fait qu’on leur emprunte leurs balistes, on peut se débrouiller mais il nous faudra ruser et convaincre, ou tromper, les gardes de la garnison.”

Nevä le coupa alors dans sa langue natale et Pantea s’empressa de traduire les dires de la meneuse des Affranchis.

“L’Âzâdî est un navire de guerre taillé pour parer à toutes les menaces, sa coque devrait résister à plusieurs assauts de la bête et ses cales sont équipées de plusieurs arbalètes à tour qui pourraient nous permettre de frapper de près. Quant à votre stratégie, Roksâna s’assurera que tous suivent les ordres correctement et organisera nos volontaires selon vos directives Sigvald.”


La guerrière du Rhûn, retournée dans son mutisme, acquiesça d’un simple mouvement de tête.

Sur un ton un peu plus hésitant, Hadden enchaîna:

“Sauf votre respect, Maître Sigvald. Si nous suivons votre plan, alors je crains qu’il nous manque une pièce maîtresse pour assurer la coordination entre les groupes. Je m’assurerai avec Lym du commandement des gens d’Esgaroth, quand les Orientaux suivront leur leader tandis que vous serez aux prises avec la bête, face au danger, près des profondeurs du lac. Cependant, le rôle du navire militaire sera prépondérant dans la réussite de notre mission. Tous les hommes d’Esgaroth ont le pied marin mais nous ne sommes pas tous de grands marins de combat. “

Sur ces mots, Nevä et Pantea échangèrent également quelques mots que cette dernière s’empressa de rapporter.

“Nous avons vogué sur des mers hostiles pour nous rendre ici mais ce navire nécessite un oeil expert et une main adroite pour être manoeuvré efficacement dans la tourmente. Le sergent Hadden a raison: il nous manque un capitaine pour tenir la barre.”


Le milicien d’Esgaroth, conforté dans sa proposition par les positions des Affranchis, se permit alors de s’avancer un peu plus près de son nouveau commandant.

“Avant que je ne la recrute, Venefica, la guérisseuse que je vous ai présenté, a mentionné la présence d’un homme qu’elle connaît dans la cité. Un capitaine, un marin aguerri, un ancien pirate en quête de rédemption…J’ignore ce qui le pousserait à se mettre ainsi en danger mais peut-être devrions nous chercher à le voir.”


Visiblement un peu gêné, Hadden se passa une main nerveuse dans les cheveux.

“Comprenez Maître Sigvald, je ne veux absolument pas défier votre autorité. Vous êtes notre meilleure chance pour vaincre ce … ce...dragon. Mais quand vous serez aux prises avec la bête, il nous faudra un homme capable de voguer sur le lac en furie. Quoiqu’il en soit la décision vous revient.”


#Hadden #Sigvald #Achas #Nevä #Roksâna #Pantea #Venefica


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyMar 10 Aoû 2021 - 13:37

Hadden était un homme trop porté sur la hiérarchie à mon goût et sur sa formation militaire, bien qu'hésitant, sortir des sentiers battus lui plaisait ça se voyait. Nevä et Pantea étaient à la fois stressées et sereines sur le déroulement, elles formaient un duo inséparable et complexe de par la simplicité avec laquelle elles accordaient leurs idées. La guerrière du Rhûn quant à elle me ressemblait, calme et impétueuse. Lym et l'homme masqué gardaient leur distance et ne parlaient seulement quand on leurs adressaient la parole. Je les écoutaient tous discutés de la meilleure manière d'agir, évaluant les meilleurs propositions comme les moins bonnes.

En quête de rédemption ? Nous avons tous droit à une deuxième chance. J'irai chercher ce pirate, je ne sais où il a vogué, mais j'espère qu'il comprend quelques mots de Rhûnien et pourrait pleinement mettre ses talents à profits.

Je marquais un temps de pose et mon regard s'arrêta sur chacune des personnes qui formaient notre conseil.

Ils nous restent encore un peu de temps et nous sommes hors des eaux où agis la créature. Chacun d'entre nous a déjà son rôle dans la bataille. Hadden, Rokâna et vos hommes nous seront l'épée qui portera les coups. Lym, notre ami masqué et vos hommes vous serez le bouclier, vous devrez tenir le front entre la créature et les eaux. Quand à vous Nevä avec l'appui du pirate vous nous soutiendrez de l'Âzâdî, c'est des tirs des balistes du navire que la créature périra. Pantea et Venefica vous devrez assurer la prise en charge des blessés avec les canots. En aucun cas la créature une fois à terre ne devra retourner à l'eau. Je retourne à Esgaroth chercher notre capitaine de bord et avec de la chance du soutien supplémentaire. Pantea assurez le dialogue entre Hadden, Roksâna et le duo de Vétérans, que vous arriviez à coordonner vos troupes durant un petit entraînement conjoint. Nevä, il nous faudra des sceaux de vase et de boue, lors de la bataille hormis moi tout le monde en sera recouvert pour prendre par surprise la créature et refermer l'étau sur elle, faites le point sur les armes et munitions, et prenez grand soin des balistes, cirez les cordes, elles sont nos pièces maitresses. Et faites préparez de quoi allumez des feux et des torches. Venefica avec les guérisseurs Affranchis, ensemble, organisés vous pour accueillir les blessés et nettoyez dans la mesure du possible toutes traces de sang ou odeur puis brûlez les linges souillés. Quand j'appâterai le vers, vous serez tous invisible, je ne vaux aucun bruit, rien, jusqu'au commencement... Notre victoire ne tient pas sur la chance, mais sur notre collaboration à tous, nous combattrons les vestiges d'un mal ancien, mais nous sommes les peuples libres d'Arda.

J'esquissai un sourire, me redressa et tourna les talons.

Je vais chercher notre capitaine. J'allais oublier l'essentiel... Venefica, je retrouverais cet ancien pirate dans une taverne et sur les quais ?

Sur le pont, à l'écart de leur chef tous s'occupaient, en grande partie les gens de l'ouest et de l'est restaient en groupes distincts. Aiguisant leurs armes, discutant de ce qui les a emmenés ici, parlant leurs craintes et leur motivations. Tous étaient venus pour une raison précise qui animaient leurs envies d'en découdre. Cependant il restait agréable de voir quelques-uns et ce malgré leurs différences culturelles flagrantes tenter d'entreprendre un dialogue, un rapprochement. Si ici, la gêne et l'appréhension étaient de mise, mais lors de la bataille ils lieront des liens plus forts que tout.

* ~ ~ *~* ~ ~ *

Sur le voyage de retour à Esgaroth. Mes objectifs étaient clairs, convaincre l'ancien pirate de nous rejoindre et avec de la  chance tomber sur Ian le Barde afin d'immortaliser l'alliance des Affranchis et d'Esgaroth dans une balade qui traverserait les frontières et les Âges. Ce petit temps en embarcation fut assez rapide, mes pensées s'égarèrent loin de l'affrontement à venir. Le feu qui m'animait se mua subtilement en incertitude.

En barque alors que mon regard se perdait à l'horizon vers Esgaroth et ses docks. Un parfum boisé et sucré emplit l'air, ELLE était là, à mes côtés. Folie ou non, je ne me posais déjà plus cette question. Ses mains descendirent le long de ma nuque pour s'arrêter sur mes épaules, avec de tendre et petit mouvement, me massant, elle réussit à m'apaiser. Sa voix enchanteresse s'incarna en murmure à mes oreilles « Il est normal de douter, la vie ne t'a pas été tendre, mais les fils du destin sont ainsi tissés. De ta naissance au jour où tu as quitté Vertbois, des obscures geôles en Harad où les ténèbres se sont emparés de toi et ce jusqu'à ton renouveau dans la lumière des étoiles... J'ai longtemps pleuré les larmes qui ne pouvaient couler de tes yeux émeraude. Sur tes épaules, aujourd'hui tu détiens l'avenir de milliers d'âmes et tu n'échoueras pas, au final tu n'as jamais échoué...»  Elle disparut sur ces mots, comme une brume s'évanouit souffler par une brise légère. Chacune de ses apparitions était autant un coup de massue qu'un baume au cœur, me laissant hébéter, suspendu dans le temps.

* ~ ~ *~* ~ ~ *


- Les quais, enfin.

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Learamn
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyDim 5 Déc 2021 - 18:57


“Une autre!’’

L’homme leva sa chope en direction du tavernier qui leva les yeux au ciel, sans doute lassés par les bruyantes réclamations de son client. Cela ne devait pas faire cinq minutes qu’il avait rempli le verre du bougre de cervoise fraîche. Celui-ci, pourtant, ne semblait pas prêt de s’arrêter.  Il s’agissait d’un homme de forte carrure au crâne rasé. Son visage bardé de cicatrices et sa musculature développée témoignaient d’un passé guerrier; un passé qui semblait plus ou moins lointain à en juger la petite bedaine qu’il tenait au niveau abdominal. Les affres de la vieillesse couplés à une hygiène de vie douteuse  commençaient à faire leur effet sur l’homme, certes robuste mais qui avait perdu de sa superbe. Son bouc grisonnant était parsemé de quelques poils roux venant rappeler la fougue de sa jeunesse tandis que ses yeux s'étaient creusés avec les années au milieu de cernes sombres.

“Cela suffit Fendral! Je n’ai pas envie de te ramasser sur le sol, ivre mort comme la dernière fois. Tu as déjà salopé le parquet une fois, ça suffit! "
- On dit : Capitaine Fendral!
rétorqua bruyamment le client éméché, subitement piqué dans son orgueil.
-Oui, oui si tu veux. Sans bateau, ni équipage, en voilà un beau capitaine.
-Aaah! Moque toi autant que tu le voudras mais si tu m’avais vu à l’époque, semer la terreur à la barre du Pourfendeur. Je sillonnais les mers, inspirant...
-... la crainte et le respect dans le cœur des plus puissants… On connaît par coeur ta rengaine Fendral. En attendant moi je vais devoir fermer.
-Et ma cervoise?”

L’aubergiste poussa un long soupir et consentit à lui servir un dernier verre d’alcool, généreusement coupé avec de l’eau. Cela faisait plusieurs fois que cet énergumène était apparu pour la première fois dans son établissement, démuni et sans le sou. On racontait beaucoup d’histoires à son sujet et sur son identité, lui le premier, mais il était parfois difficile de démêler le vrai du faux. Ce qui était à peut près certain c’était qu’il s’agissait d’un baroudeur, sûrement ancien pirate, ayant fui les havres d’Umbar pour rallier Esgaroth, une ville où il n’avait aucune attache. Toutes les autres informations à son sujet relevaient de la pure spéculation.

La porte de l’auberge s’ouvrit à nouveau. Le tavernier leva les yeux au ciel, espérant sincèrement qu’il ne s’agissait pas d’un de ces bateliers ayant perdu un autre de ses amis sur le lac dans des circonstance mystérieuses et venu noyer la tristesse de son quotidien dans l’eau-de-vie.  Quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit la silhouette élancée d’un elfe aux longs cheveux argentés. De surprise il en laissa tomber le verre qu’il essuyait depuis plusieurs secondes, celui-ci se brisa au sol avec un bruit sourd.  Il avait eu écho de la présence de plusieurs de ces êtres millénaires au sein de la cité afin d’aider à l’enquête sur le mystère du Lac mais jamais il n’avait imaginé en voir un ici, chez lui.

La voix quelque peu tremblante, il accueillit son client avec diligence.

“Je...le...Bienvenue dans la Taverne des Quais Messire. Vous désirez boire quelque chose?”

L’elfe, dont les manières étaient moins distinguées et plus directes que ce à quoi il s’attendait, lui expliqua alors prestement la raison de sa présence ici. Le tavernier haussa un sourcil.

Seconde surprise de la journée.

D’un geste de la tête il désigna l’homme chauve qui avait vidé sa dernière chope d’une traite. Celui-ci, pourtant, ne semblait plus du tout soul comme il l’avait été quelques minutes auparavant. L’air grave, il fixait intensément le nouveau venu qui était à sa recherche.

“Capitaine Fendral pour vous servir. A qui ai-je donc l’honneur? “


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 27 Fév 2023 - 16:05

Je me dirigeais sans détour à la taverne que Venefica m'avait indiquée. Le bâtiment avait aussi l'air charmant qu'un troll, une sale odeur d'un ivrogne s'étant vidé embaumait la rue. Rien détonnant, mais toujours aussi désagréable. L'hygiène était dans le haut du classement des traits négatifs que je reprochais aux humains, un brin de toilette ne coûtait rien sinon de se mouillé quelque peu ; sentir le chien galeux aurait été plus appréciable que les effluves qui se dégageaient de la porte entrebâillée du bâtiment. Mais quoiqu'il en coûte je m'étais engagé à mener cette mission jusqu'à son terme.

Du coude je repoussais la porte et croisai le regard du tavernier, qui passa en une fraction de seconde d'un rouge pivoine à un visage blême et comme pétrifier. Il bafouilla, déglutit un bon coup avant de se reprendre et je lui expliquai rapidement le pourquoi de ma venue.

- Votre meilleures alcool et une bière s'il vous plaît. Donc c'est lui le capitaine... Merci

Sans quitter des yeux ce Fendral je tirai une chaise et m'assis sans sa permission face à lui.

- Sigvald, en mission pour Vertbois.

Les verres arrivaient. Je fus surpris d'être servis par un homme du Sud, grand et fort qui détonnait aussi loin dans le Nord et dans ce genre d'établissements. Surtout au vu de la réticence du Comte à laisser des étrangers pénétrer dans sa ville. Mais bon, rien ne m'étonnait vraiment plus. Je lui tendis les trois pièces d'or  demander pour la bière, la mienne étant offerte par le tenant des lieux. Et le gratifia d'un « merci » approximatif en haradrim. Puis je me tournais vers Fendral. Une bonne carrure, des mains calleuses, des cicatrices, un goût prononcé pour la boisson, effectivement il correspondait bien à l'image que l'on pouvait se faire d'un marin. Je lui tendis sa bière et en vain au but de ma visite.

- Je ne vous mentirais pas et répondrais à toutes vos questions ici ou en chemin, mais je ne veux pas plus inquiéter ces gens. J'ai besoin de vos services, j'ai un bâtiment des hommes et des personnes peu qualifiés à la barre. Vous n'aurez aucun paiement de ma part, mais si vous m'aidez et que vous vous en sortez, Esgaroth sera vous le rendre et je ne parle pas de son détestable Comte. Une vie à perdre sinon la gloire et une belle histoire. Et nous partirons sans attendre. Vous en êtes ?

Je bus d'une traite mon verre, une liqueur de citron sucré et fort, assez savoureux. Le temps jouait contre nous, la bête était rassasiée pour l'heure. Il fallait agir le plus rapidement possible.

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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyVen 3 Mar 2023 - 12:13

Le corsaire déchu fronça les sourcils, un air sévère sur son visage. Il n’était pas commun de voir un Premier-Né dans cette taverne mais le loup de mer avait vu bien des choses au cours de ces années en mer et ce n’était pas cela qui allait le déstabiliser. Il écouta la demande du nouveau venu avec attention mais ne réagit pas. Il y eut un long moment de silence, Fendral ne laissant transparaître aucune émotion sur son visage cabossé. Puis, finalement, ses traits se détendirent d’un coup et il partit dans un rire gras. Il était difficile de déterminer s’il se moquait de la proposition de l’elfe ou était réellement amusé.

“Eh bien mon cher! Des siècles d'existence, et aussi pauvre en négoces. C’est un sacré exploit! J’en ai eu des offres de travail loufoques mais alors celle-ci…”


Il se pencha en avant, faisant crisser la table en bois sous son poids conséquent.

“Malheureusement la reconnaissance de cette ville moisie ne paiera pas les courtisanes des Havres… Aller défier un Mal inconnu dont personne n’est revenu vivant sans aucun salaire? Je suis peut-être téméraire mais pas suicidaire.”

Le marin saisit sa chope et en vida le contenu d’une traite.

“Cependant…”

Il marqua une pause pour réprimer un rot qui était subitement monté.

“Cependant t’as du cran. Je dois bien le reconnaître. Et la réputation d’un capitaine comme moi reste à refaire. Les choses vont si vite sur le marché. Vous avez un navire, un équipage et pas le moindre sou. Soit. Qu’est-ce que j’aurais à y gagner? La gloire peut-être…Mais un navire aussi.”


Une lueur ancienne brillait dans les yeux gris du pirate. Une lueur qui n’était plus apparu dans son regard depuis bien longtemps. La lueur de l’aventure qui animait l’âme des hommes comme lui. Une lueur dont l’absence l’avait transformé en l’épave qui hantait les tavernes d’Esgaroth.

“Voici mes conditions, Sigvald de Vertbois. Si jamais nous avons la malchance de survivre. Le navire est à moi. Fais-m’en la promesse et je suis ton homme.“

D’un geste il intima à l’aubergiste de lui remplir son verre encore une fois.

“Alors. Quel est la nature de cet ennemi que nous allons affronter?”


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyLun 10 Avr 2023 - 1:58

J'avais passé plus d'une centaine d'années en tant que mercenaire au Harad, toujours dans l'ombre, invaincu, reconnu et à la fois inconnu jusqu'à la fin. Les hommes rompus au combat, à la guerre et à la violence, ils avaient tous ce détachement qu'avait ce capitaine. Faire et voir couler le sang, arracher une vie, être pousser aux limites de ses retranchements pour survivre changeait chaque être vivant. Même maladroit et hésitant il ne fallait montrer aucun signe d'hésitation, ne jamais faillir. Un guerrier n'est pas un diplomate, son arme est d'acier il n'use pas de mots pour combattre. La vérité et la sincérité brute valaient de l'or, une leçon que j'avais acquise à force de côtoyer les humains. La vérité, voilà ce qui comptait.

Un navire, et bien le bâtiment auquel pensait le capitaine appartenaient aux réfugiés du Rhun. Mais comme la proposition manquait de détail, le navire pourrait être aussi bien la barque sur laquelle je voguais depuis mon arrivée à Esgaroth. Quand il verrait le bâtiment plus qu'un navire il sera que rejoindre ces Havres serait chose impossible.

En effet mon ami, je sais mieux manier les armes que les mots. Je ne suis pas aller aux Havres, mais je vous rejoins sur ce point, les femmes du Sud ont un charme certain. Qu'il en soit ainsi, si vous voulez le navire vous l'aurez une fois la mission accomplie, à moins que vous ne changiez d'avis une fois sur place...

J'attendis que les verres arrivent sois servi puis je me penchai jusqu'à sa hauteur et murmura tout en regardant autour de moi.

Comment vous dire ça... Vous avez déjà chassé un dragon ?

Le visage du capitaine se décomposa, m'arrachant un grand sourire. Puis une lueur brilla dans les yeux du capitaine, une future gloire... ? Je bus d'une traite mon verre et me relevai, l'invitant à faire de même.

Allez cul sec, finissez votre verre et marchons.

Nous sortîmes de la taverne en direction des quais, dehors les oreilles indiscrètes ne poseraient plus problèmes.

Il s'agira d'en occire un petit et dangereux. Ils nous manquent un capitaine. Le plan de bataille est fait, nous avons les armes pour le faire taire à jamais, des hommes pour le contenir et un appât de choix pour l'attirer et le combattre jusqu'au coup de grâce. Certains de ces hommes perdront leurs vies. Si tous ce passe comme prévu, sur le navire ce sera la place la plus sécuritaire, mais la plus cruciale. L'appât, présentement moi, aura le poste le plus dangereux. Je vous expliquerai tout en détail une fois à l'eau si toutefois vous ne vous êtes pas encore fait dessus.


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyDim 23 Avr 2023 - 22:40

Pendant un très court instant, la peur fut visible dans le regard sombre du marin mais cette inquiétante lueur au cœur de ses pupilles céda rapidement sa place à un sentiment qui avait toujours animé l’ancien pirate. L’excitation d’une bataille homérique, le goût unique de l’aventure, la douce saveur du danger. Un dragon. A l’évocation d’un tel monstre légendaire, il se revoyait vingt ans en arrière, naviguant fièrement les Mers du Sud au-devant de nombreuses menaces pour forger sa légende. Cela faisait bien longtemps que cette flamme avait disparu chez lui, capitaine déchu noyant sa nostalgie dans la cervoise en pays étranger. Et voici que cet elfe étrange était subitement apparu dans sa vie avec son histoire invraisemblable de dragon qui sommeillait au fond du lac, lui offrant sur un plateau d’argent l’occasion de redevenir l’homme qu’il avait été. Que risquait-il? La mort? Le Capitaine Fendral avait disparu depuis bien longtemps dans les canaux de Lacville; et Sigvald lui offrait une chance de le ressusciter.

Le vétéran se leva un peu trop brusquement, bousculant la table et renversant sa chopine sur le bois moisi. D’un air fier et le torse bombé il répondit à la proposition de son interlocuteur sans la moindre hésitation.

“Un dragon? Ah! T’es plein de surprise toi! Bo Neleh’1. Le dernier voyage de Fendral. Ce fera un beau titre pour une ballade non? Allons-y mon ami, allons-y.”



D’un pas étonnamment sûr pour un homme aussi enivré, Fendral se dirigea vers la sortie de la taverne sous le regard soulagé du tenant. Revigoré, il inspira à pleins poumons l’air frais qui vint fouetter leur visage. Subitement pris de nausée, il s’approcha du rivage, se pencha en avant et rendit bruyamment son déjeuner dans les eaux troubles du canal avant de se laver sommairement le visage. Quand il se redressa pour continuer la conversation, il apparaissait parfaitement sobre.

Le plan de Sigvald semblait assez téméraire mais il avait le mérite d’exister. Par expérience, Fendral savait que ce type de combat était quasiment impossible à planifier. Anticiper les mouvements d’une flotte ennemie était possible, prédire les mouvements d’un monstre marin se sentant acculé représentait une tout autre affaire.

“Un appât pour un tel monstre? Tu n’as pas froid aux yeux. Et comment comptes-tu capter son attention? Et tout simplement survivre en cas de succès?”


Pas que le capitaine ne se souciait réellement de la sécurité de cet elfe qu’il venait de rencontrer mais il reconnaissait son culot et était animé par une réelle curiosité. Nul homme sensé ne se mettrait ainsi en danger sans avoir une idée derrière la tête pour survivre. Après tout, Sigvald n’était pas un homme et il semblait encore moins être quelqu’un de sensé.

Ils arrivèrent finalement en vue de l’Âzâdî toujours amarré au port de Lacville, dominant de son imposante silhouette stylisée les bâtiments qui flottaient à côté. Fendral, s’arrêta net et son œil expert analysa rapidement le bateau qu’il avait en face de lui. Il ne put retenir un sifflement aigu qui disait toute son admiration.

“Eh ben! Un vaisseau de guerre de la marine de la Reine Lyra. Où est-ce que tu as bien pu trouver ça toi? Quelle merveille!”

Il finit par remarquer la présence du groupe d’étrangers qui se préparaient à la bataille sur le pont en communiquant dans une langue qu’il reconnut sans pour autant pouvoir la comprendre. Pendant un instant, il crut que pour, des raisons obscures, la souveraine du Rhûn avait envoyé une partie de sa flotte pour voguer au secours des hommes de Lacville mais il remarqua vite que ces Orientaux qu’il allait commander n’avaient rien de soldats. Certaines femmes et hommes semblaient plutôt athlétique malgré une vraie maigreur mais aussi des adolescents et des vieillards aux corps criblés de stigmates. Mais au fond, pouvait-on vaincre un tel monstre même avec les bras les plus musclés du monde connu? Rien n’était moins sûr. Au moins avait-il un équipage avec lui.  

Parmi la foule, il reconnut la frêle silhouette et la chevelure d’argent de cette étrange guérisseuse qui était venu le quérir quelques semaines plus tôt lors de son enquête sur les disparitions du lac. Il ne l’avait pas prise au sérieux à l’époque, et pourtant elle avait peut-être bien eu raison. Il la salua d’un geste de la tête mais ne s’approcha pas de trop près, elle le mettait mal à l’aise.

Une femme à l’allure étrangère vint alors à leur rencontre d’un pas décidé. Elle était grande et belle, pleine d’un charme exotique renforcée par ses mystérieux tatouages qui couraient tout le long de son corps gracieux. Elle parla d’une voix sûre et autoritaire; et bien que Fendral ne comprit pas le moindre mot, il pouvait ressentir tout le charisme qui se dégageait d’elle. Seul problème, elle semblait défier du regard le vieux loup de mer et ne lui faisait manifestement que peu confiance. Une autre fille, bien plus jeune, leur fit rapidement la traduction dans un Commun parfait.

“Dame Nëva ne s’imaginait pas que l’homme capable de manœuvrer l’Âzâdî soit un ivrogne mal dégrossi. Il s’agit là d’un navire unique et…”


Elle fut interrompue par le rire bruyant du Capitaine Fendral qui ne semblait pas vraiment vexé, animé par une assurance déconcertante.

“Nous allons affronter un dragon; votre petite merveille risque fort de couler. Et quand bien même j’arriverai à maintenir ce rafiot à flots, eh bien vous n’aurez plus aucun souci à vous faire; vous n’aurez plus à vous en occuper.”

Nëva adressa un regard à la fois interrogateur et menaçant à Sigvald, se demandant ce que dernier avait bien pu promettre à l’ancien pirate.

De son côté, sans attendre la moindre invitation à monter à bord, Fendral monta à bord du vaisseau de guerre et fit le tour du pont, une expression euphorique sur son visage marqué, comme un enfant découvrant son nouveau jouet.

Les hommes de Hadden avaient affrété trois longues barges de combats et les soldats de Lacville se trouvaient déjà tous sur leurs embarcations respectives, barbouillés de vase pour tenter de masquer leurs odeurs corporelles comme Sigvald le leur avait conseillé.

Lym avait pris le commandement d’un des bateaux, Herric d’un autre et Hadden se chargerait personnellement du commandement de la dernière barge. Le sous-officier s’approcha de Sigvald, qui semblait avoir été officieusement désigné comme le commandant en chef de l’opération.

“Mes hommes se tiennent prêts Maître Elfe. Nous n’attendons plus que votre signal pour voguer vers le centre du Lac. La brume est de plus en plus épaisse cependant, il ne faudra pas tarder.”

En effet, les eaux du lac s’étaient couvertes d’une fumée blanchâtre qui risquait de ralentir grandement leur progression sur les eaux sombres mais qui annonçait également un danger imminent.
Le sergent Hadden reprit:

“Maître Sigvald. Sur quel navire comptez-vous embarquer ? Celui-ci sera immédiatement pris pour cible si vous désirez vraiment servir d’appât. “



----
1: Allons-y!

#Nëva #Pantea #Hadden


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 13 Mai 2023 - 23:01
Fendral était quelqu'un d'assez attachant, son ton bourru, sa façon d'être de vieux vétéran. J'appréciais ça chez les gens. L'ombre pesante de la mort l'horrifiait autant qu'elle suscitait en lui un désir de combattre, de triompher.

- Les elfes et les Vers se combattent depuis de nombreux âges, quand il sent l'un des miens j'ose espérer que son esprit bouillonne à l'idée de me mettre en charpie et me dévorer. Au cours des siècles j'ai réalisé que parfois le plan le plus simple est souvent le meilleur. Je pensais l'attirer avec mon sang dans les eaux... et quelques insultes sur sa lignée déchue ne feraient pas de mal non plus. Survivre ? Et bien les guerres et les combats que j'ai menés je les ai sois gagné par le fer ou je m'en suis sorti et je n'en ai pas honte, par la fuite. Je n'ai pas l'intention de renoncer, je souhaite revenir chez moi où j'aurais finalement le droit à la paix.

L'air stupéfait et enjoué du capitaine me fit esquisser un sourire. L'avoir à nos côtés à bord de l'Âzâdî était une chance, encore faut-il qu'il s'entende avec les Affranchis. En chemin, sa présence, elle, son parfum dans l'air me fit tourner la tête. Je suivais plus Fendral qu'il me guidait. Une chose est sûre je n'allais pas mieux et ça se manifestait désormais en présence d'autre. Et pourtant nulle peur, je n'éprouvais même aucune crainte, cette présence imaginaire était même rassurante. La folie ? Non ce n'était pas ça non plus. Une partie de moi savait que mon esprit me trompait et une autre me disait que tout était vrai. Un battement de paupières et je savais que je perdais pied et l'instant d'après tout m'était normal.

- Leur cheffe et ses compagnons me sont littéralement tombé dessus après une attaque surprise de la créature à moins que ce ne soit l'inverse. Des rebelles de la couronne et une belle prise pour l'ouest si toutefois il gagne leur place. Bref, allons-y. Dame Nëva nous attend.

Sur le pont les groupes de combat prenaient formes. Le mélange des langues dans les ordres se faisait avec une certaine cohérence même si ici ou là quelques-uns scrutant leurs camarades pour suivre le rythme. Sigvald le savait dans la bataille il marcherait et combattrait à l'unisson, il en allait de la survie de ces gens aux origines bien différentes. Le Comte Saule ne mesurait pas la menace à sa juste valeur et en précipitant le combat il avait condamné Esgaroth en cas d'échec, si aujourd'hui l'issue se soldait par une défaite ; le Ver aura appris et il tomberait plus jamais dans un piège et grandirait sans crainte, quant aux Affranchis il serait refouler sans ménagement au Rhûn voir même livrer à leurs anciens Maître en vue d'une frontière plus pacifique. Nul doute que si le Roi de Dale aurait été présent les choses ses seraient déroulé d'une bien meilleure façon.

Quand Pantea traduisit les paroles de Nëva. Je ne pus m'empêcher d'y rajouter mon commentaire.

- Elle n'a pas spécialement tort vous savez.



* ~ ~ *~* ~ ~ *


Toutes les personnes au rôle crucial étaient réunies sur le pont de l'Âzâdî. Je sentais mon cœur battre comme jamais, leurs vies à tous semblaient dépendre de moi. Pas d'erreur, aucune hésitation, une volonté d'acier et ce parfum dans l'air... encore...

- Récapitulons. Sans un sol ferme nous n'avons aucune chance. L'eau est son territoire, il nous faut l'attirer en dehors et ce sera mon rôle, je lui offrirais le plus délicieux des mets, moi. L'Âzâdî est notre pièce maîtresse, nous devons éviter par tous les moyens d'amener le combat à lui, le navire et ses balistes doivent se tenir prêt à la moindre ouverture ou au moindre signal, que les traits meurtriers transpercent l'armure du Ver. Un seul tir rater ou trop tôt et vous deviendrez la cible prioritaire pour la créature. Vous devez être invisible, l'équipage au strict minimum sur le pont et des hommes dans les cales au cas où. Le silence, la discrétion à bord sont la clé de votre succès. Eric, Hadden et Lym vous encerclerez le vers le moment venu, agir avec surprise et maintenir vos positions voici vos objectifs. Est-ce qu'une troupe Âzâd Shuda m'accompagnera au cœur de la tempête ou maintiendrons-nous une force conséquente à bord de ce navire ? Je regardais mes compagnons, mais une question qui n'attendait nulle réponse. Pour faire simple, en premier je débarque, seul ou avec une petite troupe qui se cache, je l'attire, dans la foulée tout le monde arrivent par surprise et vous lui couper toute retraite vers les eaux, j'essayerai avec mon groupe de maintenir l'attention et d'être la plus grande menace, ensuite l'Âzâdî arrive et porte le coup de grâce. Et pour ce faire, nous devrions l'attirer dans les ruines de l'ancienne ville. Des objections, des questions, des idées, des suggestions ? Je ne suis pas le plus grand stratège et encore moins l'être pensant le plus raisonnée sur cette terre... et mon cœur brûle du combat à venir.
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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 27 Mai 2023 - 12:41

Une dernière fois, les commandants de l’expédition écoutèrent attentivement le plan échaudé par Sigvald. La scène était des plus étranges; voir ainsi un groupe aussi hétéroclite formés de soldats de Lacville, d’anciens esclaves de Rhûn et d’un ancien pirate répondant aux ordres d’un mercenaire elfe en quête de rédemption. D’aucuns auraient cru au début d’une mauvaise blague. Hadden fut le premier à acquiescer à la suite du discours de Sigvald, un air déterminé sur le visage. Roksâna n’esquissa pas le moindre geste mais n’ajouta rien, faute d’avoir un plan plus cohérent. L’Affranchie voyait bien de défauts dans cette stratégie mais au moins avait-elle le mérite d’exister. Fendral se contenta de taper bruyamment dans ses larges mains.

“Alors! Allons chasser du Dragon des Mers. Fendral ish Meh’assel Drukkunim1, cela sonne bien à l’oreille.”

L’ordre de départ était donné et chaque homme volontaire pour cette mission suicidaire se dirigea vers l’embarcation à laquelle ils avaient été affectés. La cinquantaine d’Affranchis aptes au combat embarqua à bord de l’Azâdî; beaucoup prirent place dans la cale sur les bancs de rame afin de pouvoir manœuvrer le navire si le vent n’était pas en leur faveur. Le mystérieux Gardien, l’Oriental au visage masqué fut chargé de commander ce groupe là et transmettre les ordres venus du pont. Une vingtaine de Rhûnadans prirent place sur le pont, près des balistes et des voiles sous l’œil juvénile mais expert de Roksâna qui distribuait ses directives avec une assurance étonnante. A la barre, le Capitaine Fendral aurait la lourde tâche de guider le vaisseau de guerre. Quand il empoigna le bois ouvragé, il sentit monter en lui une excitation qu’il n’avait pas ressentie depuis de longues années. Il était fait pour naviguer, pour guerroyer sur les mers; son sang était fait de sel et houle. Depuis son exil d’Umbar, il s’était perdu mais ce jour-là, le temps d’un voyage, qui risquait fort d’être son dernier, il était de nouveau le Capitaine Fendral.

Plus loin, le reste des troupes prirent place sur les trois barges affrétées par les soldats d’Esgaroth. Les bateaux étaient plats et semblaient bien fragiles au côté du navire oriental mais ils pouvaient accueillir plusieurs dizaines d’hommes tout en préservant une vélocité et manœuvrabilité importante qui pourraient se révéler précieuses dans le feu de l’action. Sigvald prit place sur l’une des barges, qui lui permettrait d’accoster sur la berge de l’ancienne ville avec plus d’aisance que l’Azâdî. Dans un coin du navire commandé par le sergent Hadden, l’elfe put remarquer la présence de Venefica qui manipule onguents et poudres de guérison dans un coin de bateau. Leurs regards se croisèrent et elle lui intima d’approcher.  C’était une belle femme, son visage trahissait une certaine jeunesse mais son attitude faisait preuve d’une maturité déconcertante. Nullement intimidée par la présence d’un être millénaire elle lui dit d’un ton calme:

“La brume qui plane au-dessus des eaux sombres va encore s’épaissir à mesure que nous nous approcherons. Et au cœur du Lac, cette brume est loin d’être inoffensive. A la suite de l’enquête que j’ai mené depuis mon arrivée ici, j’en suis venu à la conclusion qu’elle provoque des hallucinations visant à étourdir et désorienter les victimes du ver. Vous aurez besoin d’un esprit sain pour occire le monstre. Ceci pourrait vous aider.”


Elle lui tendit un flacon d’une lotion bleutée, des volutes de fumée tournoyaient au sein de la petite bouteille en verre.

“Ne buvez pas de cela, cela pourrait vous tuer mais inhalez-en les vapeurs quand vous débarquerez sur le rivage. Cela vous aidera à vous protéger des maléfices du Dragon.”


C’est alors que la voix tonitruante de Fendral retentit et que le départ fut donné. L’Azâdî leva l’encre et déploya sa grande voile tandis que les barges s’élançaient sur les eaux calmes avant de disparaître sur les eaux brumeuses.

Le trajet jusqu’aux ruines de l’ancienne ville, lieu de la dernière rencontre entre Sigvald et la bête, semblait interminable. Un silence de plomb régnait sur toutes les embarcations et les remarques enjouées et cris de guerre étaient restés à quai; tous étaient désormais muet, à l’affût du moindre signe de la présence du dragon. La tension était palpable. Le moindre clapotis sur la surface du lac, le moindre écho lointain, le moindre mouvement inattendu elles effrayaient. Fendral serrait les barreaux de la barre avec tant de force qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans les paumes de ses mains, il avait maintes fois traqué un ennemi qui voguait sur les mers. Mais une cible qui nageait en-dessous d’eux, c’était une autre affaire.
A leur arrivée à l’entrée de la vieille ville, il n’y avait toujours eu aucun signe de vie du dragon. Lentement, ils passèrent devant le lieu où Sigvald avait croisé la route des Affranchis et où Achas avait été mortellement blessé.  Les barges progressèrent encore quelques minutes dans les ruines immergées, l’Azâdî restant en retrait sur le lac de peur de s’échouer sur les restes de bâtiments.  Les hommes d’Hadden manœuvrèrent afin de permettre à Sigvald de mettre pied à terre.


“Bon courage Sigvald.”
Déclara simplement l’officier alors que l’elfe débarquait tout en inhalant les vapeurs de la lotion confiée par Venefica.

Cette fois pas de “Maître” ou de “Commandant”, juste le sincère salut d’un homme envers un être qui avait décidé de tout risquer pour sauver une cité qui n’était pas sienne.


1: Fendral le Tueur de Dragon


#Roksâna #Hadden #Venefica


----------------------------------------------------------------------

L’elfe était désormais seul. Livré à lui-même. Étonnamment, la brume s’avançait également sur les terres, s’infiltrant dans chaque interstices des bâtiments détruits. Là où jadis, les flammes de Smaug le Terrible s’étaient également infiltrées. Plus loin, l’elfe pouvait encore apercevoir les contours de l’Azâdî au milieu du brouillard. Tout devenait de plus en plus flou autour de lui et chacun de ses sens semblaient progressivement s’engourdir. Sa vue faiblissait, son ouïe semblait lui jouer des tours, une forte odeur iodée l’empêcher d’utiliser son nez d’ordinaire si fin pour se repérer.  Mais les eaux, demeuraient désespérément plates.

Au loin, provenant du brouillard, il crut entendre un cri, un long cri déchirant. Le même qu’avait poussé Achas lors de son dernier voyage. Puis, un autre hurlement; cette-fois ci venant d’une voix normalement douce et cristalline. Delaynna était-elle en sécurité?
Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que déjà d’autres voix percèrent le ciel sombre. Des voix familières venues d’un autre âge. Celle de son père, celles de ses tortionnaires au temple de Djafa, celles des victimes qu’il avait froidement abattu au nom de l’Œil.

Une autre voix, profonde et rauque, emplit son esprit.


“Sssssouffrance…Tant de ssssouffrance…A quoi bon?....Souffrance…Pourquoi ici?....Que recherches-tu vraiment….Huron Cœur-Sssssombre?”


Était-ce le dragon qui venait de lui adresser la parole? Ou alors de simples hallucinations provoquées par la brume?

Toujours pas de traces physiques du monstre mais sa présence était plus menaçante que jamais. Et Sigvald avait de plus en plus de mal à dissocier le réel de l’imaginaire.


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 24 Juin 2023 - 1:15


Tout cela était à la fois exaltant et grisant, tous ces gens réunis, de tous horizons ce battant pour des causes différentes et pourtant le même ennemi à abattre. Tous approuvèrent mon plan aussi bancal qu'efficace si toutefois les rouages de l’engrenage jouaient leur rôle sans se gripper.

Tandis que tous s'affairaient à se préparer, à courir ici et là, pas un ne faisait rien, à part moi. Pour je ne sais quelle raison, un voile de mélancolie traversa mon esprit, j'y voyais des morts en sursis courir vers leur trépas, des amas de chair faible aussi résistant que des fruits mûrs... Pencher sur le bastingage je distinguais clairement les traces de griffes laisser par la bête, elles éventreraient chacun d'eux avec une aisance déconcertante. Je les envoyais à l'abattoir, peut-être n'avais-je pas changé finalement ? Etais-je toujours ce Sombre-Coeur ? Ce corps sans âme, sans émotion, d'un visage impassible alors qu'il arrachait des vies comme il arracherait de la mauvaise herbe. Le simple fait d'y penser me de donna des haut-le-cœur et je dus chasser cette idée grotesque de mon esprit pour ne pas rendre mon dernier repas et perdre pied devant tout le monde.

Non je n'étais plus cet être et non plus celui que j'étais jadis en quittant Vertbois, ses rêves, ses désirs, ses aspirations, ses joies, ses peines... son amour ?... Non je n'étais plus ce jeune ignorant et naïf plein de curiosité qui rêvait de voir tous les lieux où ceux de son peuple avaient vécu et apparu pour la première fois sur Arda. Depuis Djafa, je n'étais plus rien, à part tenter de racheter les péchés causés par ma main, je m'étais laissé aller dans la seule voie que je maîtrisais vraiment, laisser libre cours à ma colère pour ce monde que j'aimais tant et donner la mort...

Des mains sur les épaules m'arrachèrent à mes sombres pensés, des Affranchis comme des gens d'Esgaroth qui venait témoigner leur respect. Je ne leur répondis pas. Je devais les sauver, et rien qu'a cette idée ma main se resserrait jusqu'à sentir douloureusement les fines gravures sur le pommeau de mon épée. Hadden m'appela et je rejoignis l'embarcation où j'étais affecté. Je savais que chaque « capitaine » de cette mission avait réparti soigneusement les personnes dans tel ou tel groupe afin d'en tirer le meilleur.

A bord avec d'autres guerriers au visage dur, sûrement des vétérans ayant déjà eu leur lot d'affrontement, toutefois la présence de Venifica me surpris. Pencher sur ses remèdes elle sursauta à mon approche et se détendit très vite, elle ne faisait pas des courbettes comme certains parmi les Hommes et ne me dévisageait pas comme certaine femme.

- Dans le groupe de tête Venifica ? Je vous aurais cru à bord de l’Azâdî, au moins vous serez au plus près des blessés, c'est une bonne chose.

Pour toute réponse elle me donna l'une de ses concoctions et j'espérais que chacun avait pu en avoir une, le seul souvenir de Roksâna paralyser par la peur me fit un frisson qui remonta tout le long du dos, une troupe entière dans le même état et c'était la fin. Sur le trajet, j'alimentais ma colère et ma haine pour tout ce qu'avaient fait la créature et tout le malheur qu'elle pourrait faire si nous échouions aujourd'hui.

Une fois pied à terre, j'étais prêt, déterminé, comme les batailles d'antan, ni peur, ni impatiente, un brasier calme qui ne demandait qu'à ressentir une simple brise pour embraser le champ de bataille. Je ne répondis pas à Hadden comme je l'aurais fait plutôt, aucune sympathie, aucune émotion à part l'envie de combattre

- Restez dissimulé jusqu'à mon signal.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


Les restes de l'ancienne ville dans mon dos, les eaux face à moi, j'allumais un rapide feu avec ce que j'avais encore dans mon sac puis le jeta derrière contre un vieux mur de pierre à moitié écroulé. Le petit feu brûlait doucement, il était là pour signaler ma seule présence sur cette vielle place de marché de pierres et de bois moussu qui tenaient encore par je ne sais quel miracle des Valar. Tandis que l'ombre des flammes vacillait docilement au gré du vent son ombre disparu soudainement, englouti par la brume venant des eaux profondes du Lac. L'air changea autour de moi, ni plus épaisses, ni plus légères, plus sombre encore qu'un coin d'ombre que le soleil ne pouvait éclairer de ses rayons. La brume m'engloutit comme noyés dedans.

Un cri déchira le silence pesant autour de moi, il semblait venir du Lac droit devant comme de partout à la fois. J'entendais la voix souffrante de Delaynna, une panique s'empara de moi presque incontrôlable, mais je ne devais pas bouger, c'était au Vers de s’avancer. Visiblement la potion de Venifica était tout sauf utile sur un elfe. Autour de moi des ombres humanoïdes semblait se dessiner dans la brume, en grand nombre, si bien que l'horizon visible en était rempli, des centaines autour de moi, peut-être encore plus. Mon cœur se déchira quand certains visages se rappelèrent à moi inexorablement comme les flashs d'un éclair lors d'une tempête, leur crie d'agonie me perçant les tympans, chaque souvenir était comme un coup de couteau dans mon corps, j'étais paralysé de douleur, leurs visages défigurés par la souffrance et le malheur que je leur avaient infligé était aussi réel que moi prostré sur le pont. Chaque coup que j'avais porté je le ressentais dans mon corps et mon âme, chaque cri d'agonie était mien, chaque larme versée, chaque mort, chaque vision de moi donnant le coup fatal. Le réel ou l'illusion du Vers tout se confondait, je ne savais même plus si j'avais les yeux grands ouverts ou si je m'étais reclus au plus profond de mon être. Un cri prit le dessus sur tous les autres, un cri qui me glaça le sang plus que tout autre, je me sentis au bord d'un précipice, l'envie d'en finir avec ce monde était devenu un désir brûlant et d'un geste simple à faire. Là, c'était mes propres cris que j'entendais, les cris de désespoir alors que l'on me torturait...

La douleur dans mon corps et mon esprit était d'une intensité que jamais je n'avais connu, chaque moment dans les sombres salles du Temple que j'avais oublié et toutes les bribes dont j'avais les souvenirs remontaient à la surface comme un flot ininterrompu de tourment, d'agonie, de souffrance, de chagrin, de désespoir, une désolation totale. Je sentais la lame de mon épée sur la peau de mon torse, un seul geste... Et pourtant rien, malgré le fait d'y mettre toute ma volonté et ma colère, la lame ne bougeait pas. Le Vers se délectait de mon supplice. Mes propres gémissements me faisaient écho comme un dégoût extrême envers celui que j'étais.

La voix du Vers s'éleva et sembla apaiser mon malheur le temps d'un battement de cils avant de reprendre de plus belles comme s'il avait rouvert toutes mes cicatrices et jeté mon corps meurtri dans les flammes par sa seule voix. Je sentais mes mains agripper la garde de l'épée avec une telle force et la pointe de la lame appuyer sur ma poitrine, laissant couler un filet de sang chaud. Alors que la voix du vers s'élevait encore à nouveau, tout dans ma tête se chamboulait, les souvenirs, le présent, le passé, ma douleur, celle des autres, tout se bousculait dans un rythme effréné et décérébrer, j'aurais juré avoir inventé ma vie, que j'étais toujours un enfant plonger dans un cauchemar... que j'étais à nouveau sur la table enchaîner le corps sanguinolent... dans le massacre de mes frères mercenaires... à la guerre dans le Sud... dans le massacre de ce village... dans cette protection de caravane qui avait tourné au bain de sang...en train de chasser un tueur... à dénicher les hérétiques cachés et reclus sous un chariot, complètement apeurés... à être émerveillé par la beauté des Havres... à être à nouveau sur la route traversant le pays des chevaux... à abandonner mes compagnons d'armes parce que je savais l'issue fatale pour tous... dans les bras de ma mère alors qu'elle m'apprenait les noms des étoiles... à tisser sous l’œil expert et avisé de mon père... au tribunal à Vertbois à imaginer le visage des mes frères et mes sœurs... à guider Achas et Delaynna jusqu'à Esgaroth... à chercher un remède au Rhûn... cette impression débilitante de revivre des milliers de vies le temps d'une inspiration. A voir les yeux acérés criant victoire et plein d'appétit qui me toisait d'au-dessous de ligne de l'eau... a me retrouver à marcher à ses côtés les longs des falaises bordant la Grande Mer de l'Ouest... à sentir son parfum boisé et fruité... la caresse de ses cheveux sur mon visage et à sentir sa douce main les retirés... a revoir son visage calme et résolu tandis que ma lame s’enfonçait dans sa gorge... aucun cri... aucune douleur... c'était là son destin et elle l'avait accepté sans regret.

- Nira ?... Comment...


Je sentis des larmes rouler sur mon épaule et ma nuque où était-ce le fruit de mon imagination ? J'étais plongé dans le noir et pourtant je voyais, je la sentais contre moi, ses cheveux me balayant le visage sous le soleil couchant, nos amis loin dans la mer revernir sur leur magnifique navire. Ma tête reposant sur sa cuisse, sa robe de soie d'un bleu perle qui lui allait à ravir. Et devant moi, nous, la mer d'herbe grasse balayer par le vent où nos chevaux galopaient. Son parfum si délicat et enivrant, la délicatesse de ses caresses dans mes cheveux. Sa voix si magnifique et si réconfortante.

- Tu t'es assoupi, un mauvais rêve ?

- Un bref cauchemar, tout n'était que noirceur et tristesse parce que tu n'étais plus là et je t'avais oublié.

- Je serais toujours là, jusqu'à la fin des temps.

- Moi aussi. Dès qu'ils arrivent nous pourrons entreprendre notre voyage.

- En attendant, profitons du moment.


Je me redressais et l'embrassais de tout mon amour.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


J'ouvris des yeux débordant de larmes, les ombres avaient disparu, il y avait seulement la brume.  Je me redressais d'un bond, mon armure et ma robe de maille gisaient au sol, du sang coulait de mon torse en un fin écoulement sans risque. Elenrùth était fermement ancrée dans ma main. Le feu était réduit à quelques flammèches sur un lit de braise, combien de temps s'était écoulés ? Nira... Comment avais-je pu t'oublier ? Comment avais-je pû me résoudre à t'ôter la vie ?

- Pardonne moi... Je regrette tant...

A son souvenir mon cœur brûla d'un brasier sans fin, une colère implacable et une volonté d'acier s'empara de moi. Je la sentais encore tout autour de moi. Mes yeux fixèrent droit un emplacement dans les eaux sombres, il était là, tapi dans l'ombre, le monde entier me le criait... Et lui aussi brûlait d'envie du combat à venir et il sentait un doute grandir en lui, la crainte de sa proche fin. Dans un elfique claire et d'une fermeté sans failles je m'adressais à lui.

- Tu connaîtras la peur monstre. Jouer avec des illusions et abuser les esprits est indigne des dragons de jadis, tu n'es rien comparé à eux, rien qu'un héritier difforme et dégénéré. Tu n'as rien de ce que les tiens ont été, viens me combattre. J'ai pitié de toi, créature tordue et sournoise que tu es.

Sur ces mots et d'un coup net et précis je coupai les cicatrices de mon avant-bras gauche, balançai le lambeau de peau rougeâtre dans l'eau. A son contact une légère ondulation dérangea la plénitude morbide du Lac, le silence retomba et des bulles remontèrent à la surface comme si l'eau elle-même bouillonnait de rage.

- J'ai entrevu ce moment il y a des siècles. Viens et affronte-moi, toi qui as pris la vie de mon ami. Sauf si tu es dicté par la lâcheté de ton espèce.

Lame vers l'avant, jambes fléchies, prêt à plonger de n'importe quel côté ou à faire un pas et frapper de l'acier, que la mort l'emporte.

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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 15 Juil 2023 - 19:56


La brume à la surface du lac était devenue de plus en plus opaque alors que Sigvald luttait contre les visions qui assaillaient son esprit. Le guerrier elfe était seul, affreusement seul face à la menace. Silhouette solitaire sur le rivage. Dans son dos, les ruines de l’ancienne ville, derniers vestiges de la furie destructrice de Smaug le Terrible. Face à lui les eaux sombres du Grand Lac et la menace latente de son parent aquatique. Dernier rempart face à la fatalité de l’histoire. Une Histoire dont le sens était bien ironique. Lui, Cœur-Sombre, l’ancien mercenaire; le renégat au service du Seigneur Sombre. Voilà qu’il se retrouvait dans la position du sauveur des habitants de Lacville. Était-ce là le début d’une nouvelle histoire pour cet être centenaire? Ou alors le dernier chapitre d’une laborieuse rédemption?

Retrouvant peu à peu ses esprits, l’ancien mercenaire s’adressa directement au monstre. Sans artifices ou maléfices. De simples mots entre deux adversaires se préparant à un sanglant duel. On disait des dragons qu’ils étaient fiers et orgueilleux. Voir ainsi un être si insignifiant le défier verbalement, seul sur le rivage, représentait sans nul doute une offense pour un tel être.

La réponse ne se fit pas attendre.

La surface du lac se mit à vibrer, légèrement d’abord. Un simple mouvement, à peine perceptible dans les profondeurs, traduit par de faibles ondulations à la surface. La brume s’épaissit encore, formant un brouillard quasiment opaque, même pour la vision acérée d’un elfe. Les ondulations se muèrent en vibrations, les vibrations devinrent des vagues, les vagues se transformèrent en torrents. Emergeant des abysses, le monstre surgit alors. Ses écailles blanches formaient un camouflage quasiment parfait au milieu des brumes. Seuls ses deux yeux rouges qui brillaient une trentaine de mètres au-dessus de Sigvald, trahissaient sa présence.

Un cri déchira alors le Grand Lac. Un cri strident et aigu qui fit trembler la surface de l’eau et se répercuta jusqu’aux murs de Lacville, glaçant le sang de toute créature se trouvant à des lieues à la ronde. L’on pouvait y entendre un rugissement de colère animale mais certains, ceux dont l’esprit avait été affiné, pouvaient clairement ressentir la tristesse qui se cachait derrière ce hurlement. Un cri de désespoir solitaire. Peut-être même un appel à l’aide.

En guise de réponse, les cieux se mirent à gronder. Un éclair déchira le ciel, mettant en lumière, le temps d’une fraction de seconde, la silhouette longiligne du monstre.

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L’elfe eut à peine le temps de voir la créature amorcer son attaque. Gêné par la brume, il ne se rendit compte du danger qu’à la dernière seconde. Le ver marin s’était élancé avec fulgurance, projetant sa longue tête en direction du rivage. Sigvald parvint à esquiver in extremis, se retrouvant à quelques centimètres des longs crocs qui claquèrent dans le vide. Malgré son attaque ratée, le ver se rétracta rapidement, n’offrant aucune ouverture à son adversaire, retrouvant la sécurité que lui procuraient les eaux troubles avant de repartir à l’attaque. Un véritable jeu du chat et de la souris était en train de se mettre en place. Et à ce petit jeu-là, la proie du monstre finissait toujours par craquer en premier.


------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


“Par la barbe de Sardanapale !”

Cette référence à son ancien Seigneur à bord du Pachyderme fut tout ce qui put sortir de la bouche d’un Fendral complètement estomaqué par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. L’attente à bord de l’Âzâdî avait été interminable, de longues minutes durant lesquelles il n’avait pas tenu en place, trop impatient de se retrouver face au plus grand défi de sa longue carrière sur les mers. Ce fut presque avec un certain enthousiasme qu’il avait accueilli les premiers signes de l’arrivée de la bête: la brume, les vibrations du lac. Mais bientôt, l’épopée qu’il s’imaginait s’était mué en cauchemar. D’abord ce long cri l’avait touché au plus profond de son âme, sans qu’il ne sache précisément pourquoi; et à voir les réactions de son équipage, il n’était pas le seul. Puis, la foudre avait révélé la présence du Ver. Le pirate avait vu bien des choses en parcourant les océans d’Arda mais rien qui ne s’approchait, de près ou de loin, à une telle vision d’horreur. Au milieu de la brume, la bête n’avait été visible qu’un très court instant; mais l’image était restée imprimée sur sa rétine.

Ce ne fut que les premiers bruits d’éboulement au loin, vers les ruines de la vieille ville, qui sortirent le capitaine de sa torpeur. Les hostilités entre Sigvald et le monstre avaient été lancées. Malheureusement, à cette distance et avec une visibilité aussi réduite, les grandes balistes du navire de guerre leur étaient bien inutiles. Leurs munitions étaient limitées et il ne tenait à pas les gâcher en tirant à l’aveuglette. Pour l’instant, et malgré les doutes qu’il avait, il devait s’en tenir au plan imaginé par Sigvald. L’Âzâdî ne devait s’approcher que pour porter le coup de grâce, après que Sigvald et les guerriers de Lacville l’aient assez affaibli pour permettre au lourd bateau de naviguer à travers les ruines et tuer le ver.

Au loin il entendit Hadden aboyait ses ordres et des ombres floues se mirent à avancer sur le Lac. Les barges sur lesquelles se trouvaient les soldats d’Esgaroth se dirigeaient courageusement en direction des ruines pour prêter main forte à Sigvald. Encore fallait-il espérer que ce dernier ne soit pas déjà réduit à un amas de chair difforme.


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptySam 20 Jan 2024 - 23:06


J'entendis un bruit sourd provenant du lac, comme la terre qui semble encore trembler et crier de douleur sous les coups de masse de Morgoth. Mon regard se perdait toujours dans la brume, vers le Lac, toujours au même endroit. Mon regard se portait à quelques pas devant moi, et pourtant au travers de l'épaisse brume je sentais des centaines de regards, peut-être plus, loin très loin qui me jugeaient, me haïssaient... Malgré cette pression, je me devais d’honorer les êtres qu'ils furent, les êtres à qui j'avais ôté la vie. Je leur devais cette victoire, sans mon passé, sans ces actes horribles que j'avais commis, je n'aurais jamais été ici, sur cette vielle place en ruine de Lacville, à affronter une créature qui pourrait mettre Arda à feu et à sang. Certains auraient flanché, le cœur aurait explosé sous ses visons et cette sensation horrible ; moi je la sentais à mes côtés, Nira, d'elle je tirais la force qui me brûlait le sang, le brasier dans lequel je consumerais l'âme du Ver.

Un bruit de remous suivi d'un éclair illumina un bref instant sa silhouette, je vis une créature que certains auraient qualifier de monstruosité, une abomination engendré à des fins funestes et pourtant, malgré le dégoût que l'existence même d'une telle chose me provoquais, j'y vis une certaine grâce. Le cri qui accompagna cette vison me déchira le cœur, non de peur, mais de pitié et de compassion. Puis les ténèbres reprirent leurs droits. Aveugle, je ne vis que sa gueule fondre sur moi. Quasi trop tard, je fis un pas de côté et sa puissante mâchoire claqua là où je me trouvais à l'instant. Ses crocs étaient des sabres, ses dents les plus petites des poignards, une machine de mort. Il aurait réussi sans peine à broyer un cheval en deux morceaux sanguinolents. Suivant son attaque une pluie déferla sur les quais de pierre et de bois, au moins s'ils se mouvait hors de l'eau en silence, l'eau qui coule des ses écailles ne l'était pas.

L'attirer en entier sur le quai, c'est ce qui comptait par-dessus tout. Ne lui fournir aucune échappatoire. Toujours en garde et face au lac, je reculais pas à pas. Ne lui parlant qu'en elfique...

Tu sais, quel que soit le nom que l'on t'est donné ou que tu t'es imputé, je te comprends et je compatis. Nous sommes comme des frères ! Des frères dans la douleur qui nous consume ! Ta tristesse me bouleverse, je la ressens aussi bien que tu t'es délectée de la mienne. J'ai connu le bonheur, tu l'as vu, mais le monde, la vie, le destin m'a tout pris ! A une époque je me serais employé à brûler tout Arda par pure vengeance et pour étancher ma haine de ce monde. Nous aurions fait de la terre un sol boueux de sang et de larmes. Aujourd'hui tu te retrouves à ma place, lorsque je n'étais que noirceur, et tout comme moi tu sais que seule la mort de l'un d'entre nous, nous libérera.

Accompagnant ses paroles poignantes, pour le Ver comme pour moi, je brandis ma lame et m'entailla d'un revers la chair du torse. D'expérience, bien que cruellement acquis, le sang coula assez pour ne pas m'affaiblir. Toujours en reculant...

Je me tuerais moi-même sans t'offrir ce plaisir, si tu persistes à te cacher, le combat n'en sera que plus terne et vide de sens. Le grand prédateur qui s'attaque à une proie qui n'oppose aucune résistance. Aucun plaisir ! Mon frère !

Aucun elfe de jadis et d'aujourd'hui n'aurait tenu un tel discours à une engeance de Morgoth. Mais en cet instant précis, les cauchemars visibles à mon regard, mes souvenirs, mes actes, je ne me sentais ni elfe, ni homme, ni rien, juste une âme souffrante se nommant de loin Sigvald et de près Lingwë. Le temps semblait s'éterniser ici, je ressentais l'eau roulée sur ma peau, le vent courir sur mon corps, le poids de mon sang sur la lame, sa présence à Elle tout autour, le poids du passé et le fil ténu du futur, le sang des générations d'elfes coulées dans mes veines et  sur ma lame, cette rage, cette colère intense qui m'embrasait, cet affrontement présent, mais pas le dernier.

Pour les Ténèbres et la Flamme Immortelle. Que seule la mort l'emporte !


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Sigvald - Le venin dans nos veines - Page 2 EmptyDim 18 Fév 2024 - 22:55
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De son œil valide, il suivait du regard ce petit être qui croyait naïvement pouvoir lui échapper, sautant ainsi de ponton en ponton à travers les ruines de l’ancienne ville que son illustre parent avait réduit en cendres des siècles plus tôt. Lui ne pouvait point s’élever dans les airs au-dessus de ces ridicules bâtisses de bois et de chaume, il ne pouvait point faire surgir les flammes infernales pour consumer ces misérables existences. Et pourtant, dans le regard de ceux-ci, se lisait le même effroi qu’avaient ressenti leurs ancêtres quand l’ombre du dragon avait plané sur leur cité. L’issue était toujours la même: une mort sanglante et brutale. L’excitation faisait frémir ses naseaux.

Cela faisait peu de temps qu’il nageait dans les eaux froides du Long Lac, un milieu dans lequel il se sentait parfaitement confortable. La brume représentait une couverture parfaite pour ses écailles blanches, lui permettant de se faufiler silencieusement au plus près de ses cibles, avant de porter le coup fatal, impitoyable et fulgurant.

Des dizaines de navires reposaient déjà au fond du Lac, pourtant ces êtres étranges s’entêtaient à venir le défier, au mépris de leur propre vie. Prêts à tout risquer pour voler à nouveau ce qui lui revenait de droit. Leur avidité les aveuglait-ils au point où ils ne souciaient plus de leur propre vie? Où était donc l’instinct de survie des curieux animaux marchant sur deux pattes?

De bien étranges créatures. Qui représentaient toutefois un encas tout à fait convenable.

Celui qui lui faisait face semblait pourtant différent. Plus agile, plus rapide, plus malin aussi. Il s’agitait devant lui et criait. Non, il lui parlait. Le ver s’approcha de son adversaire, à la fois pour mieux l’écouter et mieux le tuer.  Sa curiosité avait d’abord été piquée, il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’on lui avait directement adressé la parole de cette manière. Pourtant, face aux élucubrations de sa proie, il s’avoue un peu déçu.

Il lui parlait de fraternité, de bonheur et de Flamme Immortelle. Rien de cela ne faisait sens pour le serpent.

Le mot “Mort” fut prononcé. Celui-ci il en comprenait parfaitement le sens. En guise de réponse, il se dressa majestueusement dans toute sa splendeur, donnant enfin à sa proie l’occasion de voir la force de la nature qui s’apprêtait à la happer d’un coup de mâchoire. Le dragon aquatique poussa un nouveau cri strident, sa fine collerette se déploya pour encadrer son énorme gueule.

Puis il attaqua à nouveau; et une fois de plus ses crocs claquèrent dans le vide. La vermine était parvenue à l’esquiver en bondissant sur le côté. Un nouveau cri, cette fois de frustration. Sans attendre une seconde de plus pour reprendre ses esprits et analyser la situation, il se lança à nouveau.

Cette fois il emporta tout sur son passage. Ses crocs se refermèrent sur le ponton où se trouvait la proie. Le bois craqua sous ses dents, et le goût du sang emplit son palais. Mais ce n’était pas celui de sa cible; des dizaines de débris s’étaient fichés à l’intérieur de sa gueule, provoquant de nombreux saignements et une douleur désagréable.

L’elfe quant à lui avait disparu de son champ de vision.




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L’équipage de l’Azâdî ne pouvait clairement distinguer ce qui se jouait à quelques dizaines de mètres de là. Simplement des cris terrifiants, le vacarme de la lutte et une ombre inquiétante qui se mouvait, tantôt à la surface, tantôt sous les flots sombres.

Seul le Capitaine Fendral, munie de sa longue-vue, parvenait à voir plus ou moins la scène de chasse sur le port de la Vieille Ville. Comme prévu dans leur plan, Sigvald avait capté l’attention de la bête et s’évertuait à l’attirer à l’intérieur de la jetée, entres les quais les plus larges, là où les eaux étaient les moins profondes et où la flotte pouvait encercler le monstre.

L’elfe se mouvait avec une rapidité et une aisance impressionnante, plus d’une fois l’ancien pirate avait cru voir les mâchoires du dragon se refermer sur Sigvald, mais celui-ci parvenait toujours à s’écarter in extremis. Il était désormais si près du but, courant sur l’une des berges qui jouxtait la jetée; mais alors la créature lança une nouvelle attaque immédiatement après la précédente. Jusque-là elle avait patienté quelques secondes entre chacun de ses assauts permettant à l’elfe de reprendre son souffle et de progresser vers son objectif.

Le monstre fit exploser le quai sur lequel se trouvait Sigvald. De là où il se trouvait, Fendral ne put que voir les poutres qui volèrent en éclats, et plus la moindre trace de son allié.

“Merde…Roksâna!”

La jeune fille se tourna vers lui.

“Dites aux rameurs de s’activer, on y va! Que les ballistiers se mettent en position!
-Mais Maître Sigvald a dit qu’il fallait attendre que la créature atteigne les quais…
-Il n’y a probablement plus de “Maître Sigvald” alors traduis mes ordres! Ou alors faut-il que j’aille pagayer moi-même?”

Elle lui lança un regard noir et pendant un moment Fendral craignit qu’elle ne défie son autorité. Si une mutinerie venait à éclater, il y avait fort à parier que l’équipage composé de Rhûnadans prenne le parti de la jeune femme que de l’étranger qu’on avait propulsé à la barre de leur bateau. Pourtant, malgré sa colère, elle lui resta loyale. Elle cria les ordres dans sa langue et les Affranchis s’activèrent sur le pont, épaulés par quelques soldats de Hadden qui maîtrisaient le mécanisme des lourdes armes à projectiles.

“Tirez! Tirez!” Beugla Fendral.
+++”Tirez! À volonté!”+++ Traduisit Roksâna.

La plupart des traits manquèrent leur cible, d’autres rebondirent sur les écailles de la bête, ne laissant aucune trace sur sa peau luisante. L’œil rougeoyant se tourna vers eux.

Fendral esquissa un sourire. Il avait attiré son attention, le duel légendaire pour lequel il s’était déplacé allait enfin pouvoir débuter.

“Allez viens mon joli!”


Si seulement un barde se tenait sur l’une des berges, non loin, pour être témoin de ce moment d’histoire.

#Roksâna


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Sigvald s’en était miraculeusement sorti quasiment indemne de la dernière attaque du serpent de mer. Il avait pu entendre les canines claquaient à quelques centimètres de lui, il avait pu ressentir le souffle du monstre sur sa frêle nuque, il avait senti le plancher se dérober sous ses pieds et la morsure de l’eau glacée engourdir tout ses membres.

Sonné, il s’enfonçait lentement dans les eaux sombres du Long Lac. Le vacarme de la lutte qui se jouait à la surface devenait de plus en plus lointain, les raisons même de toute cette histoire de plus en plus confuse.

Bientôt ses poumons se mirent à brûler, suppliant pour un peu d’air. Mais le froid avait déjà paralysé ses membres, l’empêchant de remonter à la surface tandis que son armure continuait à l’entraîner dans les profondeurs.

C’est alors qu’il était au bord de l’inconscience qu’il la vit. Une lueur dorée qui brillait au fond du Lac, déchirant l’obscurité des abîmes d’un rayon d’espoir.


The Young Cop


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