~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
Dim 22 Mar 2020 - 14:51
17 Lothron, 245, 4A - 6h du matin
La caravane avançait à bon train depuis plusieurs jours. Ëarendil Ben Elros Ar-Pharazon avait donné l’ordre de marcher quasiment jours et nuits. Il devait attaquer la garnison sud de l’Ithilien avant qu’elle ne rejoigne les armées d’Emyn Arnen. Les rangers avançaient plus vite et connaissaient mieux le terrain malgré les conseil précieux de Kahl.
Néanmoins, l’allure étant bonne, le Sultan avait accepté de diminuer la cadence et le nombre de coups de fouets. Il fallait que les hommes soient relativement frais avant d’atteindre les Gués du Poros.
La route devenait meilleure au fil du temps ce qui lui avait permis de dormir un peu dans son chariot aménagé. Un ordre guttural lui fit comprendre que la colonne s’arrêtait. Il réajusta sa tenue et sorti par l’arrière du chariot. Le jeune Ali Var-Tuiis se tenait à côté du chariot et tenait la bride de son étalon blanc par la main. Le sultan se hissa d’un geste majestueux sur la bête laissant Ali retrouver sa place parmi la garde rapprochée du souverain.
L’armée s’était arrêtée au pied d’une pente boisée. Ëarendil se dirigea vers le haut de la colline, quittant la route quelques dizaines de mètres avant le sommet. Ses principaux officiers se trouvaient déjà là.
Le jeune Ardarakban Nakâda était au centre, à sa gauche venait Sulaiman Al-Khader un de ces capitaines les plus fidèles. Juché sur un étalon gris, le Général Baras Silur conversait avec Kahl son éclaireur.
Les ennemis étaient proches, très proche. Au sommet de la colline, ils disposaient encore d’un couvert pour une cinquantaine de mètres. Ensuite venait une pente dégagée sur une centaine de mètres jusqu’au Poros. Les gués s'étendaient sur une centaine de mètres de larges. De l’autre côté de la rivière, les Haudh-in-Gwanur, les deux tertres maudits qui indiquaient la frontière sud du Gondor. Encore près de deux cents mètres de plaine avant les bois de l’autre côté de la vallée.
Dans la pénombre de l’aube, un feu brûlait au centre de la plaine. Les hommes d’Ithilien se rassemblaient, ils s'apprêtaient sans doute à partir vers le nord.
“ Sulaiman, vous prenez la tête des Cavaliers du Désert, Ali tu porteras mes couleurs au coeur de la charge. Nakâda vous menez le bataillon servile. Silur, vous restez à mes côtés.”
Baras Silur jeta un regard incrédule à Ëarendil. Nakâda était un gamin inexpérimenté, lui laisser commander le plus gros bataillon était sans doute une erreur. Devinant ses pensées, Ëarendil coupa court à toute réclamation. “Pas de discussions… Kahl, avez-vous des recommandations quant au terrain et à nos ennemis ?”
[On laisse Kahl répondre et puis je laisse les différents officiers organiser leurs troupes. Vous pouvez déjà faire un post d’ambiance si vous le souhaitez.]
Sistien profitait des derniers moments de répit pour aiguiser une dernière fois sa lame. Il fallait y songer maintenant et ne pas avoir à le faire au coeur de la bataille.
“Capitaine…”
Le fils de Boromir II se tourna vers le ranger qui l'appelait.
“Tous les hommes sont arrivés.”
Sistien acquiesça. Il glissa son épée dans son fourreau et se hissa sur une grosse pierre au centre de la plaine. Un grand feu avait été allumé au pied de l'Arbre des Morts. Le gigantesque chêne portait les sinistres témoignages des diverses tentatives d'incursions haradrims de ces dernières années. L'endroit avait été désigné pour servir de point de ralliement. Les quelques centaines d’hommes qui composaient la garnison du Sud étaient rassemblés autour.
“Soldats !”
Les conversations cessèrent immédiatement.
“Nous allons nous mettre en route. Nous avons deux bonnes journées de marche et nous sommes attendus à midi après-demain à Emyn Arnen. De là, nous aurons encore un peu de marche et puis le combat.”
Les hommes crièrent en coeur.
“Soyons rapides, nous avons une cinquantaine de chevaux, et nous nous relayerons.”
Sistien allait continuer son discours quand il sentit une petite tape au niveau de son genou. C’était Aemon, son futur beau frère et chef des rangers qui pointait le versant opposé de la vallée.
“Là-haut, je viens de voir quelque chose briller.”
Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
Dernière édition par Aldarion le Mer 6 Mai 2020 - 12:09, édité 1 fois
Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1865 Age : 33 Localisation : Arnor
La route avait été longue mais cela n'avait pas vraiment dérangé Kahl. Le pisteur chevronné qu'il était n'en était plus à sa première campagne. Depuis plus de dix ans, il arpentait les terres du sud et de l'est au nom du Sultan. Eärendil en avait fait son premier éclaireur et une voix sur laquelle il entendait encore s'appuyer aujourd'hui pour vaincre l'ennemi gondorien. Celui qu'on appelait le Cynique au sein de l'armée haradrim fut le premier à découvrir les Gués du Poros. Parti repéré les lieux, il ne lui fallut que quelques minutes pour examiner l'endroit et deviner ce qui allait s'y jouer. Kahl ne tarda pas à faire remonter ces informations aux autres officiers. Très vite, la caravane fut stoppée, au pied de la colline où le pisteur se trouvait.
Tandis que le Sultan approchait, le général Silur s'arrêta près de Kahl.
"Nous y sommes."
L'éclaireur opina du chef. Il n'était pas parmi les plus bavards, mais l'approche du combat éveillait en lui d'autres instincts que celui de la parole. Baras Silur était malgré tout l'un des rares hommes qu'il respectait assez que pour sortir de son habituel silence.
"Aujourd'hui n'est qu'un début. Ces quelques centaines de gondoriens ne sont qu'un avant-goût."
Alors, le regard de Kahl repéra une lueur de l'autre côté de la rive. Le soleil apparaissant à l'est, dévoilait peu à peu les contours de la plaine autour des Gués. Une légère brume matinale s'éleva au-dessus de la terre. Le jour serait bientôt là. Au même instant, la voix du Sultan retentit dans les oreilles des différents officiers. L'heure n'était plus à la marche, ni à la discussion. Et alors que certaines tensions pointaient déjà le bout de leur nez en plein coeur de l'état-major, Kahl se tourna vers Eärendil, son seigneur et maître.
"Leur maigre cavalerie peut être un danger dans la plaine. Il faut les éteindre au plus vite et éviter toute fuite d'un potentiel messager. Nous devons empêcher leurs rangers d'atteindre les bois le plus longtemps possible. Ces hommes connaissent la forêt comme nous le désert. Chaque arbre est un grain de sable du Harad pour eux."
Kahl tira la bride de son hongre. La bête sentait l'odeur du combat et du sang.
"Ils ne doivent pas atteindre les bois, répéta-t-il. C'est notre priorité."
Le pisteur avait déjà eu l'occasion de voir ces rôdeurs à l'oeuvre. À terrain découvert, ils n'étaient que des combattants comme les autres. Dissimulés entre les arbres, ces hommes se muaient en tueurs impitoyables. Kahl avait déjà en tête ce qu'il se passerait en cas de bévue. Cela ne devait pas arriver.
Fort des recommandations de son officier, Eärendil fit ordonner la cavalerie forte de plusieurs centaines d'âmes, suivie de l'infanterie légère, le gros des troupes. Dans le même temps, la garde d'élite d'Eärendil se posta autour de leur maître. Les officiers du Sultan prirent position comme demandé et ordonnèrent la charge. Les chevaux dévalèrent la colline menant à la plaine. Ils devraient traverser les Gués au plus vite. Le temps était leur plus précieux allié et ils ne devraient pas le déconsidérer.
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Aelyn Veuve du Vice-Roi du Rohan
Nombre de messages : 386 Age : 34 Localisation : En Rohan Rôle : Vice-Reine du Riddermark - Guérisseuse
Les hommes étaient tous venus en hâte pour répondre à l’appel du Prince. L’Ithilien du Sud se vidait pour aller renforcer le Nord. Les derniers arrivaient juste, se glissant silencieusement des bois comme des ombres d’antan. Madreth se tenait appuyé sur le tronc de l’Arbre des Morts, le bras calé sur la cicatrice boursouflée d’un coup de hache dans l'écorce, dans l’ombre où le feu ne l’éclairait que rarement. Son regard songeur était plongé dans les flammes. A une quinzaine de mètres sur sa gauche, ses hommes se préparaient pour la longue marche qui devait les porter au secours des forces de l’Intendant. On étrillait les chevaux, on débosselait les casques, on rafistolait les mailles, on affutait le fil des épées dans un bourdonnement de voix hypnotiques. L’air était chargé du relent particulier des veilles de batailles. C’était quelque chose de familier, de presque rassurant pour le vieux soldat qu’il était. Et pourtant, quelque chose n’allait pas. Une démangeaison dans un coin de son esprit qui le harcelait. Il fallait bien le connaitre pour comprendre que sous son air absent se cachait une tension extrême. Seul le tressaillement répétitif de sa jambe raide trahissait sa fébrilité. Il cherchait depuis l’aube une raison à son état mental inhabituel, un signe. Les nouvelles du nord étaient vagues, tout au plus. Aucune indication sur le total des forces ennemies ni sur la vitesse de leur avancée. C’était comme si aucun éclaireurs n’avait été envoyé. Nul ne pouvait vraiment prévoir si les renforts arriveraient opportunément pour leur barrer la route ou pour leur couper la retraite. Et Madreth n’aimait guère ignorer les paramètres vitaux d’une bonne stratégie. Il y avait eu des signes pourtant, mais Hommes comme Elfes avaient préférés rejeter le problème d’un revers de main, ne croyant pas les hommes de l’Est assez belliqueux pour s’attaquer au Gondor. Lui-même avait commis cette erreur de sous-estimer la menace.
Il fut tiré de ses sombres pensées quand Sistien prit la parole. Comme à son habitude, le jeune homme, digne héritier de son père, savait parler aux hommes avec charisme et pragmatisme. La tête de Madreth s’inclina dans un geste inconscient d’approbation, un demi-sourire au coin des lèvres.
L’instant passa quand le jeune Aemon pointa le bras en direction de la rive gauche du Poros. Un frisson couru jusqu’au bas de la colonne vertébrale du vieil homme. Etait-ce là la réponse à son angoisse persistante ? Il y eu un brouhaha dans l’assemblée, des centaines de têtes se tournèrent dans la direction indiquée. Puis ce fut le silence. Un grondement semblable à du tonnerre. Et enfin, un appel, venant d’il ne savait trop où, un cri :
« - Ennemis ! On nous attaque ! » bientôt repris en écho par les centaines de voix. Et tout le monde se précipita sur ses armes dans le plus parfait chaos.
Le cerveau de Madreth tournait à plein régime alors que les officiers réclamaient un silence vite obtenu. Ça n’avait pas de sens ! Les Orientaux n’auraient pas pu contourner l’Ithilien pour ainsi les prendre en tenaille, ils leur auraient fallu tenter une traversée des terres maudites du Mordor ou un détour d’une incroyable longueur à travers plusieurs pays. Sans qu’aucune rumeur n’arrive aux oreilles du Gondor…
« A cheval ! » hurla-t-il soudain à ses hommes qui obéirent sans attendre.
Lui-même bondit sur son propre destrier, les yeux braqués sur le gué. Il trotta à hauteur de Sistien. Il attendait les ordres maintenant.
« - Monseigneur, il faut saper leur cavalerie à l’arc tant que l’eau la ralentit. S’ils passent le gué, ils seront sur notre infanterie et nous n’auront pas assez de cavaliers pour leur faire face. »
Au fond de lui, il savait que la meilleure manœuvre aux vues du nombre si réduit de défenseurs serait de se replier maintenant dans la forêt, mais dans ce cas, l’ennemi serait à leurs trousses et les rôdeurs n’auraient pas le temps de se préparer à accueillir la horde. Sans compter qu’ils perdraient dans la foulée l’avantage tactique et temporel que représentait le gué de Poros, goulot d’étranglement peu impraticable à vitesse de charge.
La peur saisit son cœur. Ô qu'ils avaient sous-estimé la menace...
Dernière édition par Aelyn le Sam 4 Avr 2020 - 20:56, édité 5 fois
Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Nombre de messages : 2505 Age : 32 Localisation : Pelargir Rôle : Humaniste
Ardarakban Nakâda, capitaine dans l'armée du Sultan
À pied ou à cheval, les hommes trépignaient d'impatience.
Ou de peur.
Ardarakban jeta un regard aux hommes qui l'accompagnaient : une bande de malheureux qui avaient abandonné leurs haillons contre des armes de fortune et des tuniques rapiécées. Ils étaient maigres, sales, effrayés, et sans le repas gras et riche qu'on leur avait donné la veille, ils n'auraient pas tenu debout. Commander une telle force était un grand honneur, une grande responsabilité, mais aussi une charge pesante.
Le jeune officier n'aurait pas autour de lui des combattants dévoués, prêts à se battre jusqu'à la mort. S'il n'y prenait pas garde, il se retrouverait bien vite isolé au cœur de la bataille. Il devrait à tout prix maintenir la cohésion.
Devant lui, le gué de Poros coulait langoureusement entre les rives sablonneuses. Il connaissait parfaitement les lieux, pour les avoir traversés maintes fois auparavant. Là, au-delà de cette limite symbolique, s'ouvraient les grandes plaines verdoyantes du Gondor. L'ennemi ancestral, la terre des tyrans qui opprimaient leurs terres depuis plus de deux siècles. Sous ses pieds et derrière lui, le Harad… son pays, son monde, son univers… La guerre menée par Ëarendil prenait aujourd'hui un tournant décisif. Jusqu'à présent, ils s'étaient battus pour leur terre, celle de leurs pères et de leurs ancêtres. Aujourd'hui, ils ne cherchaient plus à défendre leurs foyers, mais bien à s'emparer de celui des autres.
De l'autre côté du gué, ils ne seraient plus les glorieux combattants de la liberté, mais bien les agresseurs. Les envahisseurs. Les forces de leurs ennemis en seraient décuplées, et les leurs amoindries d'autant.
- En ligne ! Cria-t-il soudainement. En ligne ! Préparez-vous !
Il aurait voulu ajouter quelque chose. Un discours inspirant, une parole de réconfort pour ces hommes qui allaient bientôt sacrifier leur vie au nom de la cause. La cause d'un Harad unifié, dominé par ses maîtres naturels et débarrassé des chaînes que tenaient fermement les Nordistes.
- Souvenez-vous de la promesse d'Ëarendil, compagnons. La liberté et la fortune à tous ceux qui se battront.
C'était mieux que rien.
Son regard revint au champ de bataille à venir. Au jugé, près de mille cinq cents pieds à couvrir en terrain découvert pour rejoindre l'abri tout à fait relatif des forêts d'Ithilien. Le terrain leur était favorable de part et d'autre du Poros, mais le gué en lui-même constituerait un obstacle auquel il préférait ne même pas penser. La perspective d'être bloqué l'eau jusqu'au genou, sous le tir nourri de défenseurs soigneusement retranchés, le glaçait.
Mais l'heure n'était pas à la peur.
Il raffermit sa prise sur son arme, alors qu'un frisson passait dans les rangs. Comme les blés caressés par une brise estivale, les hommes se penchèrent les uns vers les autres pour se passer le mot. Le moment était venu. Ils s'avancèrent en silence jusqu'à l'orée de la forêt, frémissant d'impatience et d'angoisse.
Bientôt, une clameur retentit, faisant trembler les arbres et fuir les animaux des bois. Le Harad tout entier semblait s'être rassemblé, et nul doute que les chausses de leurs ennemis devaient trembler à l'heure actuelle. Ardarakban inspira profondément. Il savait quel était son devoir, même s'il n'avait encore jamais participé à aucune bataille. Il s'était préparé à ce jour, il en avait rêvé… Il ne décevrait pas Ëarendil, ni le sang qui coulait dans ses veines, et que son père semblait mépriser plus qu'honorer.
Le grondement enfla, pour devenir un rugissement tempétueux.
Un cor sonna dans le lointain. Le signal.
- En avant ! En avant ! Tenez la ligne !
Les hommes se levèrent comme un seul, et quittèrent le bois à un pas cadencé mais rapide. Tout avait été répété et convenu. Nul besoin de gaspiller des forces pour couvrir un terrain en pente douce. Garder la formation, garder la cohérence, et faire bloc ensemble.
Des cavaliers rapides, envoyés en première ligne pour se saisir du terrain et harceler les éventuels défenseurs, passèrent devant leurs yeux en soulevant des vivats. Leurs cuirasses rehaussées de bijoux et de pierres précieuses étaient splendides. La fierté du Sud.
Ardarakban fut saisi par l'émotion devant ce spectacle magnifique. Il en oublia presque l'horreur qu'ils vivraient avant la fin de cette funeste journée.
Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop
"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Spoiler:
Bourse : 3.500£ - Salaire : 3.000£
Issam Ibn Al Layl Assassin du Harad
Nombre de messages : 56 Age : 48 Localisation : Dans les ombres Rôle : Assassin
Cela faisait déjà plusieurs jours que l’armée du Harad, menée par le Sultan Ëarendil Ben Elros Ar-Pharazon lui-même, s’était mise en route. Monté sur son fidèle étalon du désert, qu’il possédait et chevauchait depuis déjà des années au sein de sa tribu, le jeune Kareem Ibn Maleek Abou Hakeem, devenu Officier Contremaître dans le Bataillon Servile, surveillait d’un œil féroce et mauvais ses troupes, et les dirigeait d’une main de fer, faisant claquer son fouet à outrance, à l’instar de ses pairs.
- Avancez, chiens ! Maintenez vos distances et les rangs, bandes d’idiots. Et n’oubliez pas que chaque jour que vous vivez reste une chance pour vous de servir le Sultan et son Royaume qui, dans sa grande miséricorde, vous donne eau, nourriture et lit alors que vous n’êtes pas dignes de ces précieuses ressources.
Disant ça, l’impitoyable cavalier croisa le regard de l’un des esclaves guerriers [HRP : Evart, je te laisse le soin de décider s’il s’agit de ton perso ou non]. Il ne prit pas le temps de lire ce qui pouvait en ressortir, si c’était neutralité, interrogation, haine mépris ou autre. Peu lui importait. Ce qui comptait, c’était que ce rebus avait osé lever la tête vers lui pour le fixer.
Du haut de sa monture, Kareem décocha un violent coup de pied à la mâchoire de l’esclave pour le rappeler à l’ordre.
- Ne me fixe plus jamais... Ou je t’arrache les yeux, et c’est aveugle que tu iras au combat !
Faisant écho à ses ordres et discours prétendument galvanisateurs et motivants pour les esclaves, d’autres paroles et harangues du même acabit furent courtoisement aboyées par les autres Officiers Contremaîtres, juchés eux aussi sur leurs montures et disposés à intervalles plus ou moins réguliers de part et d’autre de la colonne formée par les fantassins (pour les qualifier dignement) du Bataillon Servile.
Les jours passèrent ainsi, engendrant une certaine routine de temps en temps interrompue par le lâcher prise d’un esclave trop épuisé et affaiblit pour continuer. Chaque fois que l’un d’eux s’écroulait, à l’agonie, les consignes de Kareem restaient les mêmes :
- Récupérez son équipement et laissez-le ! Les charognards se chargeront du reste.
Le jeune homme n’autorisait même pas qu’on achève l’esclave concerné. Selon la doctrine que lui avait inculqué les gens de sa tribu, aucun esclave n’avait droit à une mort digne, encore moins ceux qui n’étaient pas assez forts pour supporter le poids de leur condition.
Plusieurs jours plus tard, après une avancée éprouvante pour hommes et montures, le Sultan, dans sa toujours grande miséricorde, autorisa un peu plus d’indulgence aussi bien concernant le rythme et le temps de marche que concernant les coups de fouets. Puisqu’il n’avait pas précisé jusqu’à quel point il fallait diminuer tout cela, Kareem décida de passer de 5 coups de fouet à la minute à 4. Une baisse drastiquement significative, en somme.
Lorsque l’armée du Harad fit une halte pour permettre au Sultan de consulter ses plus proches généraux, Kareem n’y prêta guerre beaucoup d’attention, s’assurant qu’aucun esclave ne prenne trop ses aises et n’en profite pour se « prélasser ». De toute façon, il ne connaissait pas ces hommes, dont celui à l’aspect juvénile qui dirigeait le Bataillon Servile et il n’en avait que faire.
La discussion se poursuivit plusieurs minutes durant, à l’issue de laquelle on ordonna soudain une charge. Réagissant au quart de tour, Kareem enroula son fouet sur lui-même avant de l’accrocher à la selle de son cheval, puis dégaina ses deux cimeterres affûtés, brandissant bien haut l’un d’entre eux.
- Allez allez alleeeezzzzz, à la chaaaarge, pour la Harad, youyouyouyouyouyouyouyouyouuuuuuuuuuuuuuuuuuu !
Pour motiver les esclaves à avancer, à courir plutôt, il frappa les plus proches du plat de ses lames, les envoyant volontiers au casse-pipe à sa place.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1075 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Aemon scrutait silencieusement l’horizon. Il serrait dans son poing le pendentif que sa fiancée lui avait confié avant qu’il ne la quitte pour rejoindre la garnison du Sud. Le jeune homme portait un amour véritable pour Seicha, fille de l’intendant Boromir II, et leur future union n’était point le fruit d’arrangements diplomatiques venant d’en haut. Pour une fois c’était de sincères sentiments qui avaient prévalus. Le ranger n’était pourtant pas à priori le candidat idéal pour conquérir le coeur de la belle, il portait certes un nom connu et respecté dans le royaume, celui des Folir. Son père avait jadis été commandant de la Compagne Blanche et était devenu une figure mythique au sein de l’armée gondorienne. Pourtant pour son fils, ce nom était plus un fardeau à porter qu’autre chose. Aemon n’avait pas à rougir de son parcours militaire tout à fait honorable, sa récente promotion comme lieutenant au sein des Rangers de l’Ithilien avait été dûment méritée. Cependant il souffrait la comparaison avec la carrière de son paternel, guerrier de légende; le jeune homme ne possédait ni son charisme, ni son éloquence. Des qualités qu’il avait troqué contre une loyauté indéféctible à son royaume et ses supérieurs, un engagement de toute heure et un coeur ouvert et honnête qui lui avait permis de séduire Seicha.
L’aurore était brumeuse dans les Gués du Poros. Aemon qui faisait le guet en compagnie de quelques hommes plissait les yeux pour tenter de voir quelque chose à travers le brouillard épais qui les entourait. Un peu plus loin les dernières forces de la garnison Sud arrivaient au point de rendez vous et Sistien, frère de Seicha et ami de longue date du ranger, rallia les troupes avec un de ces discours dont il avait le secret. En plus de leur amitié, Aemon avait beaucoup d’admiration pour le fils de l’Intendant et il se doutait bien que ce dernier avait jouer un rôle certain pour permettre ses fiancailles avec Seicha. Il ne lui en avait jamais rien dit explicitement mais les liens étaient aisés à établir. Curieux d’entendre les mots de Sistien, le lieutenant s’approche du gros des troupes tout en gardant un oeil sur l’autre rivage. Et alors que son frère d’armes exposait la suite des opérations, une lueure furtive se fit appraître de l’autre côté du Poros. Surpris, Aemon cligna des yeux pour s’assurer que sa vision ne lui jouait pas des tours. Il y avait bien quelqu’un là-haut. La Garnison du Sud n’attendait aucun renforts de l’autre côté de la rivière, tous étaient d’ailleurs déjà arrivés. Et avec les récents troubles politiques dans le Sud, une présence sur l’autre rive ne pouvait signifier qu’une chose.
Inquiet, Aemon tapa sur le genou de Sistien qui s’interrompit net dans sa harangue. Il montra du doigt la colline opposée où il avait perçu une présence: “Là-haut, je viens de voir quelque chose briller.”
Il n’en fallut pas plus pour créer le trouble dans la troupe qui se mit à s’agiter. Quelques secondes plus tard, ce fut l’un des rangers qu’Aemon avait laissé comme guetteur qui se fit entendre. “Ennemis! On nous attaque!”
L’état d’alerte gagna alors tous les hommes du Gondor. Aemon saisit son arc alors que Madreth, lieutenant de la Compagnie Blanche et fidèle de Boromir II, donnait des ordres à ses cavaliers avant de proposer une manoeuvre. Le vieil officier était un noble guerrier mais ses prédictions pessimistes et sa rigidité apparente n’était pas toujours au goût d’Aemon qui avait le sentiment qu’il bridait parfois Sistien. Le Ranger posa alors une main sur l’épaule de son ami de toujours. “Sistien, nous sommes complètement à découvert ici ! Mes rangers risquent de se faire massacrer. Il n’y a que dans les bois où nous pourrions avoir un avantage. Nous devons nous replier là-bas mais nous n’arriverons jamais à temps si Madreth et ses hommes ne chargent pas pour les ralentir.”
Cela ressemblait bien à une charge suicide pour les cavaliers de la Compagnie Blanche face à un ennemi sur lequel il n’avait aucune information et qui les dépassait sûrement en nombre. Mais si les Gondoriens perdaient l’avantage que pouvaient leur procurer les rangers en zone boisée, alors la défaite serait inévitable.
The Young Cop
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D 'Arzawa au Poros la route est courte. Les relations passées avaient été pacifiques et commerciales à défaut d'être cordiales. L'arrivée du Sultan dans la petite bourgade avait changé cela. L'armée avait vidé les réserves de 10 ans en 2 semaines et l'or partait en chariot entier vers Lond Nurnen pour y acheter du blé. Pour la grandeur du Harad, c'était un sacrifice acceptable.
L'éclaireur revint et fit un rapport plus ou moins succinct. Sulaïman sentait ses frères d'armes, impatients, qui rêvait de gloire, qui rêvait de sang, qui d'une donzelle à la peau pâle pour lui et pour le harem de son seigneur. En général, ils étaient à peine plus jeunes que lui, bouillonnants, issus de tous les milieux, comme le voulait la règle des pillards. Ils feraient une bonne troupe de choc.
"Ils ne doivent pas atteindre les bois, C'est notre priorité." Les ordres qui suivirent reflétaient cette vision.
Ils y étaient.
5 ans de combats pour unifier, purifier, lever cette nation endormie. La bannière noire ressemblant à s'y méprendre à celle de Gondor si ce n'était son serpent d'or et de sang. Numénor et le Harad venait chercher vengeance. Tant de siècles d'humiliation, d'esclavage, de soumission servile de leurs émirats divisés. Et eux, Harondor, les seuls qui en soit auraient pu ne pas rejoindre cette guerre étaient là. En ordre, en armes et assoiffés. 220 ans de paix dont la majeure partie avait été passée à faire des courbettes au grand roi dans sa tour blanche. Aujourd'hui personne n'alignerait les Mumaks, mais leurs meneurs faisaient la musique de guerre derrière.
Nous sommes ce qui se fait de mieux en matière de cavalerie quoi qu'en disent les gens du Shorkiwaith! Prouvez à vos frère d'armes qui nous sommes et restez en vie! Ceux qui meurent aujourd'hui rateront le meilleur! Trucidez sans vous laissez emporter et ramenez moi des officiers enchainés que nous puissions repaitre de leurs rançons! Li Harad ! Li'l-Melkor Jedrokah! Li'l-Sultan! Ayahi Harondorim!
Quand l'ordre de charge vint, que les pillards légers s'élancèrent par le gué, que les esclaves se déplacèrent pour couper la retraite par la forêt de Duath, les cors retentirent. Sulaïman leva son cimeterre au milieu du boucan et sans un autre bruit que quelques cris de joies, sa troupe, le contingent des Duzingi pour cette bataille, s'ébranla derrière les assoiffés de sang que le Sultan avait presque du retenir. Le fracas des sabots sur un sol de plus en plus dur résonnait comme un tambour de guerre métallique qui battait de plus en plus fort avant de mourir dans la rivière. Ici le désert finissait pour de bon et commençaient les terres arables du Poros. Ici, le sang de Gondor cultiverait les récoltes des Haradrims.
Il hurla à pleins poumons en se lançant dans le gué. Wal'Harad!!!
Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 335 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
Son pantalon le grattait. Après des nuits à dormir à même la terre que l’armée foulait de ses pieds, on attrapait forcément de sales bêtes. En attendant, ils avançaient sous les coups de fouet de leurs contremaîtres. Tusah avait l’habitude, il s’était blotti au centre de la colonne. Il y faisait plus chaud, ce n’était pas très agréable mais on évitait les fouets qui claquent. Son voisin de droite avait même eu le droit à un violent coup de pied dans la figure. Il cracha du sang. Quelle idée de regarder un contremaître dans les yeux aussi ? Probablement un esclave des domaines de l’Harnen qu’on avait offert au Sultan, ces gars ne savaient pas vraiment ce qu’était le vrai labeur. En même temps, leur maitre-au-fouet n’était qu’une brute qui semblait prendre un grand plaisir à distribuer les coups autant que les punitions. Cet homme lui faisait peur, il était capable de tout et Tusah faisait de son possible pour se tenir éloigné de lui et de son fouet de calamité. Sauf une fois où il avait eu le malheur d’être sur le chemin de son cheval. Son visage et son corps étaient encore lacérés des coups du maître.
- Je vais t’apprendre, raclure de chien…
Maintenant, ils étaient là ; devant eux : le Gondor. On leur avait dit qu’on serait dans une terre de richesses et de prospérité. Etonnamment, vu d’ici, cela ne lui semblait pas bien différent du de leur côté du Poros. En attendant, ils se tenaient là face au fleuve et aux troupes gondoriennes. Son pantalon le grattait toujours. Les compagnies du Bataillon étaient étonnamment bien organisées. On avait placé les plus expérimentés et les plus forts à l’arrière et sur les côtés pour éviter tout mouvement de panique. Tusah s’était retrouvé sur le flanc droit de sa compagnie juste celui qu’on surnommait Kurchil, « Le Fort ». C’était un ancien gladiateur de Kryam. Il n’avait plus de langue mais c’était un vrai guerrier alors que lui n’était qu’un grand gaillard à qui on avait donné une pique. Bref, le Fort était le genre de gars derrière lequel on voulait être pour pas mourir bêtement.
Son ventre gargouillait. La veille, ils avaient eu droit à double ration de ce pain noir infect. Il ne savait dire si sa couleur venait de la pourriture ou du charbon qu’ils utilisaient pour couper la farine. Le grand maître au fouet leur avait dit combien c’était déjà trop pour des fientes de bas-fonds comme eux. En attendant, son ventre gargouillait encore. C’était peut-être dû à l’eau ? Elle avait un drôle de goût… Parait-il qu’il fallût laisser l’eau pure du ruisseau aux chevaux et les hommes libres car ils ne la supportaient pas croupie. Au loin, quelqu’un semblait faire un discours. Un couillon, probablement. Tout à coup, le grand cor du Bataillon rugit. Puis ce fut à leur contremaître de rugir.
- Allez allez alleeeezzzzz, à la chaaaarge, pour la Harad, youyouyouyouyouyouyouyouyouuuuuuuuuuuuuuuuuuu !
L’espace d’une poignée de secondes, il y eut comme une… hésitation. Devant lui, Kurchil ne bougeait pas, il semblait déconcerté. Etaient-ils sensés charger comme ça ? Au beau milieu d’un grand vallon ? L’officier-esclavagiste de la compagnie d’à côté ne beuglait pas tout à fait la même chose :
- En avant ! En avant ! Tenez la ligne !
N’écoutant que son inexpérience ou sa peur des coups de sabres du grand cavalier tout proche, le centre et l’aile gauche de la compagnie d’esclaves chargèrent dans une immense pagaille. Ils courraient comme si les fouets de leur maitre étaient à leurs trousses. Ils courraient comme pour rattraper les cavaliers du désert qui allaient s’engouffrer dans les gués. Puis une sorte d’étrange confusion s’installa. Certains constatèrent que le reste du bataillon, et même de leur compagnie, avançait d’un pas nettement plus lent mais sûr, tenant méthodiquement sa ligne de front et sa cohésion. Il s’installa un étrange flottement. La charge s’arrêta. Ainsi la compagnie de guerriers esclaves s’égaillait de tout son long depuis l’orée du bois jusqu’aux berges du Poros devant les yeux éberlués de … toute l’armée du Sultan.
Dernière édition par Evart Praven le Mar 31 Mar 2020 - 21:01, édité 1 fois
Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1996 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
Mar 24 Mar 2020 - 18:37
Sistien d'Ithilien
Les idées se bousculaient dans la tête de Sistien. Il devait gérer dans l’immédiat l’attaque aussi soudaine que surprenante de ce qui semblait être une armée haradrim. Il devait également envisager le problème dans une perspective plus large. Il fallait croire qu’ils avaient largement sous-estimé leurs adversaires, les barbares s’étaient alliés entre eux et cette alliance risquait fort d’avoir raison de tous les plans élaborés avec son père.
Cependant, la masse des ennemis se rapprochait des gués. Ils seraient ralentis dans leur charge par le passage de l’eau. Les gués n’étaient pas d’un seul tenant mais plutôt composée d’une multitude de petits chemins qui permettaient d’éviter les zones d’eau trop profonde. Il était impossible d’y charger à pleine vitesse sans prendre le risque de provoquer des chutes en cascade.
Aemon et Madreth semblaient donner des ordres contradictoires. Si Aemon avait raison lorsqu’il disait que les bois étaient leur seule issue, il ne pouvait se permettre d’imposer à Madreth de charger. “Aemon à raison, nous ne devons pas rester à découvert… Il nous faut du temps. Notre cavalerie est peu nombreuse mais si nous arrivons à les coincer dans les gués, nous pouvons les retenir assez longtemps que pour permettre à nos hommes de se mettre à couvert. Des bois ils pourront harceler nos ennemis et cela réduira l’avantage de leur cavalerie.”
Il avait raisonné à haute voix.
“Cavaliers, prêts à charger ! L’infanterie retrait vers les bois !”
Des cris retentirent dans toute l’armée du sud. Ils ne se laisseraient pas tuer sans offrir une sacré résistance.
“Si la situation devient critique il faudra songer à envoyer des messages à mon père.”
Les cavaliers s’étaient rassemblés en un petit groupe d’une cinquantaine d’hommes. Ils étaient prêt à lancer une contre charge désespérée.
Sistien se tourna vers ses deux lieutenants.
“Repliez vous, je vais mener la charge.”
A travers l’ombre et jusqu’à la fin de la nuit.
Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
Nimrod Ben Elros Citoyen
Nombre de messages : 995 Age : 37 Localisation : Inconnue Rôle : Exilé
De l'autre coté du gué, on devinait la forme de cavaliers en train de s'aligner. Pas d'archers.
Son cheval commençait à créer des remous et il voyait fort peu sur les cotés. Mais la pensée que c'était cela la résistance qu'on opposait à la plus grande armée à passer ce gué depuis la chute de Sauron médusa un peu Sulaïman. Gondor n'était pas près! Sa rage en était fort calmée. Il faudrait garder la surprise, empêcher toute fuite.
Ils allaient tentés une fausse attaque, probablement placer les rangers intelligemment et massacrés les flancs depuis le piedmont sur la droite de l'armée. Pris dans le combat contre les rangers et la traversée du gué, aussi vaste et bas en cette saison, un cauchemar logistique, les Haradrims ne verraient pas une force de cavaliers rapides se replier vers Morgul et Osgiliath. En tout cas, c'est ce que lui aurait fait.
Vu ce que l'on devinait en face, cette bataille serait vite réglée, mais les rangers la rendraient très amères. Le bataillon servile prendrait le gros des pertes et c'était un élément de surprise important. Gondor ne comprendrait pas pourquoi les Haradrims laissaient ces pauvres hères se faire troués comme des vessies de chèvres un soir de festival au lieu de les renforcer de suite.
Deux choses s'imposaient donc. Pour lui, capitaine de la deuxième ligne de la charge de cavalerie, la priorité était de défaire les Gondoriens dés l'assaut pour foncer sur tout cavalier tentant de fuir. Cela allait impliquer de charger comme des dératés, sabre au clair, sans aucune sécurité, plus de pertes que prévu en perspective.
Pour ceux du flanc droit, l'objectif devenait de débusquer le plus de rangers possibles. Si des elfes étaient là en renfort, ils s'avançaient au devant d'un massacre d'esclave, et bien que passablement moins utiles qu'un âne de bat, leur effet de masse comptait pour l'impression de taille dégagée par l'armée. Il fallait communiquer aux hommes autour de lui la marche à suivre. ils n'étaient peut-être pas tous idiot, mais surement pas tous stratège.
Pris dans les tourbillons d'écume de son cheval, Sulaïman tenta de donner un ordre du bras, "Formez double ligne". Le rendu physique ressemblait à un va et vient gauche droite et deux doigts levés à sa main gauche. Au milieu du gargouillis des cailloux et des éclaboussures, il ne sut pas tout de suite si son message avait été reçu. Le bruit de la cavalcade gondorienne de l'autre coté du gué commençait à dominer le bruit des éclaboussures.
Aelyn Veuve du Vice-Roi du Rohan
Nombre de messages : 386 Age : 34 Localisation : En Rohan Rôle : Vice-Reine du Riddermark - Guérisseuse
Le vieil homme siffla entre ses dents. Aemon rejeta sa stratégie sans la moindre réserve et ne se gêna pas plus pour le désigner lui, Madreth, comme agneau sacrificiel avec un aplomb de sycophante. La Compagnie Blanche contre la vie de ses propres hommes. Madreth était sur le point de répliquer sèchement que les rôdeurs pourraient bien courir cent mètres couvert par la cavalerie après un salve de flèches mais Sistien parla. Il serra les poings autour de sa bride en entendant le verdict du jeune homme. Le cuir de ses gants craqua mais il baissa la tête, s’inclinant devant son autorité.
***
“Repliez vous, je vais mener la charge.”
QUOI ?!
Madreth jeta un regard furieux en direction d’Aemon et talonna son destrier dans l’instant. Son cheval se planta devant celui du jeune capitaine. Pour la première fois de son existence, il défiait l’autorité de la Maison de l’Intendant. Il était tendu, raide sur ses étriers. Il fixa un bref instant Sistien qui semblait pris au dépourvu par la manœuvre. Quelque part, il était touché que le jeune homme ait refusé de l’envoyer comme l’avait suggéré Aemon.
Mon Prince, pensa-t-il, votre fils est devenu un homme dont vous pouvez être fier…
Le vieil officier tonna d’une voix ferme :
« - Il n’en est pas question ! Votre père vous attend avec les renforts que vous lui avez promis. Il est exclu que vous meniez une telle charge ! »
Le fils de Boromir s’empourpra soudain devant son insubordination. Madreth reprit, plus doucement :
« - Sistien… Votre père ne me le pardonnerait pas si je vous laissais faire une chose pareille. Il a besoin de vous. Votre armée a besoin de vous ! L’Ithilien a besoin de vous ! Je vous en prie, laissez-moi mener la charge… »
Il fallait que l'heure soit grave pour qu'il en utilise son prénom.
Il regarda les cavaliers prêts à charger. Il lisait la peur dans leurs yeux, mais aussi une détermination plus solide que l’acier de leurs épées. Les précieux renforts attendus par l’Intendant et qui n’arriveraient jamais. Il ne se faisait aucune illusion sur leurs chances d’en réchapper. Il n’était plus assez jeune et naïf pour ça.
« - Envoyez le messager. Le Prince doit au moins savoir que ses renforts n’arriveront pas complet. »
***
Il observa les premiers haradrims s’engager dans l’eau. Le timing devait être parfait. S’ils chargeaient trop tôt, ils risquaient de perdre l’avantage de la vitesse d’une charge en pente, sans parvenir à gagner assez de temps. Trop tard et ils seraient submergés par le nombre. Ils devaient frapper juste au moment où les premiers cavaliers arriveraient près de la rive. Dans l’idéal, les premiers tombés des deux camps fourniraient un obstacle supplémentaire à franchir pour leur adversaire.
Son cœur se tourna vers le nord où, il le savait, une bataille aussi terrible se préparait. Jamais il n’aurait songé qu’il mourrait loin de son Prince alors que celui-ci était en si grand péril. La rage lui monta. Il n’était pas censé être là ! Il était de la Compagnie Blanche, garde rapprochée de l’Intendant, il aurait déjà dû être aux côtés de Boromir en cette heure sombre. Au lieu de ça, il allait mourir sur une suggestion d’Aemon. Peste de cette tête de mule ! Il se demandait bien ce que Seicha trouvait à ce gamin têtu… mais s’il la rendait heureuse, alors il valait mieux que lui-même soit absent à ce mariage plutôt que de la regarder enterrer son fiancé.
Madreth s'adressa aux cavaliers :
« Mes amis, combien de temps croyez-vous que nous pourront offrir à notre capitaine ?! »
Au bout de la ligne, une voix s’éleva forte et claire, du plus jeune des hommes présent.
« Une éternité, s’il le faut ! »
Madreth eut un sourire. Ça lui plaisait bien. Il leva son épée en l’air et toute l’unité fit de même.
« - Pour l’Eternité ! Ithilien !!! »
Il flatta son cheval et lui fit faire volte-face. Rien ne serait épargné, ni boucliers, ni lances, ni chevaux, ni épées, ni hommes. Il lança la pointe de son épée vers l'avant et hurla la charge. Ils chargeaient pour un voyage sans retour, droit sur l’ennemi. La compagnie prit rapidement de la vitesse. L'ennemi était proche. Le choc serait terrible !
Dernière édition par Aelyn le Sam 4 Avr 2020 - 20:56, édité 3 fois
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1075 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Chaque seconde était précieuse. La cavalerie ennemie fondait sur eux dans un vacarme extraordinaire et, bien qu’il leur était impossible d’avoir une estimation précise de leur nombre, tout semblait leur suggérait qu’ils seraient rapidement dépassés, très rapidement. Une décision d’ordre stratégique devait impérativement être prise au plus vite par Sistien, commandant de la garnison. Ce dernier écouta attentivement les propositions de ses deux lieutenants avant de donner raison à Aemon. La troupe des rangers représentaient leur plus grand espoir de victoire et il fallait les placer dans les meilleurs conditions possibles pour accueillir l’ennemi. Mais pour cela, il fallait faire des choix forts. Le jeune lieutenant avait conscience que sa stratégie impliquait le sacrifice presque inévitable des cavaliers de la Compagnie Blanche et la frustration de Madreth était compréhensible. Mais il n’y avait pas d’autres issues, Aemon ne désiraient nullement risquer inutilement la vie de ses hommes pour quelques traits tirés à l’aveuglette sur la masse d’ennemis traversant le gué. Seuls les bois situés en amont pouvaient donner un avantage au corps d’élite, défenseur de l’Ithilien.
Le couperet finit par tomber. Sistien donna raison à son ami d’enfance plutôt qu’à son mentor; la charge serait menée. Mais alors le capitaine leur ordonna à tous les deux de se replier. Dans un élan d’héroïsme il leur annonça qu’il mènerait personnellement l’assaut. Aemon fronça les sourcils. D’un côté il reconnaissait là parfaitement son futur beau-frère, cet ami au cœur noble qu’il admirait tant. De l’autre, cette décision n’était pas raisonnable, les quelques dizaines de cavaliers seraient peut-être galvanisés par la présence de Sistien mais le reste des hommes verraient leur commandant partir à la mort. Sans chef à leur tête si tôt dans la bataille, c’était la débâcle assurée. Sistien avait toujours été le plus brave des deux mais Aemon se devait de le ramener parfois sur terre.
Une fois n’était pas coutume, l’officier des rangers donna raison au vieux Madreth qui exprima son refus de façon très magnanime et admirable. Les deux lieutenants tombaient rarement d’accord et ne s’appréciaient que modérément mais le sens du devoir du cavalier était exemplaire.
Aemon posa une main rassurante sur l’épaule de Sistien: “Sistien, mon ami… Regarde autour de toi. Ces hommes ont besoin de toi à leur tête. Le Gondor a besoin de toi. On ne peut se permettre de te perdre. Tu refuseras de l’admettre mais tu sais bien que je serai incapable de mener seul ses hommes à la victoire. Toi seul le peux.”
Il se tourna ensuite vers Madreth qui s’apprêtait à réunir ses hommes pour mener la charge. Ce dernier lui adressa un regard noir qui en disait long. Aemon le comprenait mais ne chercha pas à se justifier auprès de lui, il faisait ce qu’il pensait être nécessaire pour défendre sa patrie, et cela impliquait de nécessaires sacrifices. Rien de plus, rien de moins. “Pour le Gondor; que les Valars vous protègent!” lui dit-il finalement d’un ton reconnaissant.
Il porta alors ses doigts à la bouche, et émit trois sifflements stridents. L’appel de la guerre pour les Rangers de l’Ithilien. En quelques secondes tous les rangers qui répondaient de lui s’étaient rassemblés autour de leur officier. Syco, son fidèle second, se tenait à sa droite. Tous les hommes attendaient leur instructions mais en réalité ils savaient déjà ce qu’il devaient faire: ce terrain ils le connaissaient par cœur. “Messieurs! Nous nous replions vers les bois au pas de course. Une fois là-bas investissez la forêt de façon la plus large possible mais ne vous dispersez pas trop loin afin que nous puissions refaire rapidement formation. Mettez-vous en position et bandez vos arc mais ne tirez pas tout de suite dès que nos ennemis apparaîtront. Quand ils seront assez avancés dans les bois et nous invisibles; alors Syco feintera une attaque les prenant à revers en les désorientant avec quelques flèches. Ce sera le signal et nous les cribleront de toute part. Compris?”
D’une seule voix les archers d’élite acquiescèrent. “Rangers du Roi! Repliez-vous!” ordonna-t-il d’une voix puissante.
Comme un seul homme, ils se dirigèrent tous vers la forêt en amont. Prêts à prendre position. L’heure du sang approchait et ils étaient décidés à le faire couler les premiers.
The Young Cop
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Le soleil se levait derrière les lointaines montagnes du Mordor. Le large fleuve du Poros serpentait dans les plaines légèrement vallonées du nord du Harondor, descendant calmement de ces masses noires à l’horizon. Il avait suivi la masse d’hommes qui lentement cheminait vers le nord : on trouvait facilement à manger dans le sillage d’une armée. Il n’était pas le seul, d’ailleurs, à suivre l’armée du Sultan. Des nuées de suiveurs de toutes sortes accompagnaient l’armée en marche. Et aujourd’hui, lorsque le soleil rouge se coucherait à l’ouest, ils obtiendraient ce pourquoi ils étaient venus.
Il entendit des cris, et vit une masse compacte d’hommes se mettre en marche, courant presque vers cet endroit où le fleuve se rétrécissait. Les premiers arrivèrent sur les berges, puis pénétrèrent dans l’eau glaciale. Ils avançaient laborieusement, leur ligne se brisait puis se reconstituait. Parmi eux, certains hommes hurlaient de leurs voix cassées à force d’avoir trop crié.
De l’autre côté du fleuve, d’autres hommes couraient, pareils à des fourmis affolées. Certains, sur leurs chevaux, se dirigeaient vers le fleuve, leurs lames reflétant la lumière encore rasante du soleil. D’autres, à pied, couraient vers l’abri offert par la forêt.
De son œil vif, il observa le choc des deux masses d’hommes. Des corps volèrent, du sang gicla. Les cris des blessés et les hennissements des chevaux couvrait presque le vacarme de l’acier contre l’acier, du sifflement des flèches, des chocs sourds des masses d’armes contre les armures. Battant de ses ailes noires, il reprit de l’altitude : le repas serait faste.
Issam Ibn Al Layl Assassin du Harad
Nombre de messages : 56 Age : 48 Localisation : Dans les ombres Rôle : Assassin
La hâte d’arriver au contact de l’ennemi, de découper ses chairs avec ses cimeterres, de répandre son sang sur le sol chaud, l’inexpérience du jeune Kareem Ibn Maleek Abou Hakeem en matière de batailles rangées (son expérience guerrière en matière de bédouin du désert s’étant jusque là limitée à des manoeuvres de hordes sauvages) et surtout, le fait qu’il n’eut pas au préalable prêté la moindre attention aux plans qui se préparaient et aux ordres donnés lui firent faire une monumentale erreur de jugement.
Dans un premier temps, les esclaves près de lui ne discutèrent pas ses ordres et chargèrent aux côtés des lanciers. Kareem lui-même élança sa monture pour se joindre à la cavalerie du Harad, mais il constata un problème en cours de route. Il semblait que le reste du bataillon servile ne suivait pas cette charge fougueuse et lorsqu’il stoppa son cheval et se retourna, il vit le reste du bataillon avancer d’un pas lent, conservant sa formation, sous le contrôle de la majorité des officiers contremaîtres tandis que d’autres fixaient leur collègue de manière incrédule, se demandait ce qui lui passait par la tête.
Pendant que son cheval trottinait sur place, le jeune Haradrim fixait tour à tour les lanciers qui s’élançaient à toute allure, faisant battre son cœur d’excitation guerrière et ses congénères qui s’entêtaient à maintenir leur ligne, avançant d’un pas plus prudent. Pour le coup, il se sentait autant seul que stupide.
Sa nature profonde restant plus forte que la raison, et désireux de ne pas perdre la face et se couvrir encore plus de ridicule en faisant machine arrière, il prit sa décision. Brandissant bien haut son cimeterre et défiant du regard ses pairs, il tourna bride afin d’orienter son cheval vers l’avant et harangua ses troupes :
- Allez, mes esclaves, continuez la charge ! Montrons donc à ces couards que nous sommes l’élite implacable du Bataillon Servile. Faites honneur à votre patrie, à votre Sultan et battez-vous comme si vos vies en dépendaient… (ce qui était techniquement vrai, et pas que pour eux) … Allez allez allez, chargeeeeeeeeeeeeeezzzzzzzzz !
Ayant terminé de hurler à pleins poumons, Kareem élança à nouveau sa monture, ses yeux brûlant de folie guerrière, pour essayer de rejoindre les lanciers et frapper avec eux la cavalerie Gondorienne. A ce moment là, il ne se préoccupait même plus des esclaves qu’il avait entraîné dans son sillage et qu’il distançait, sa monture étant plus rapide que leurs pauvres jambes devant elles-mêmes supporter le poids de leurs corps et de leurs équipements. La seule chose qui comptait était qu’il espérait tailler des chairs, couper têtes et membres et se couvrir de sang Nordien.
Dernière édition par Issam Ibn Djamal le Mer 1 Avr 2020 - 2:21, édité 1 fois
Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1996 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
Mar 31 Mar 2020 - 11:56
Le temps parut un instant suspendu aux yeux de Sistien. Il n'avait pu s'opposer à la décision de Madreth de le remplacer à la tête de la charge. Le vieux soldat n'avait néanmoins pas pu s'empêcher d'exprimer toute sa désapprobation face au choix stratégique du jeune capitaine. Néanmoins, Sistien savait pertinemment qu'Aemon connaissait mieux la capacité de retraite de ses hommes que l'officier de la Compagnie Blanche. Prendre des décisions et savoir vivre avec, tel était la charge du commandant... même si pour le coup, Sistien craignait de ne pas avoir à vivre longtemps avec le poids de celle-ci.
Les temps étaient donc suspendus tandis que les chevaux s'élevaient et retombaient lourdement, soulevant la poussière et l'herbe dans une charge aussi furieuse que désespérée. De part et d'autre des Gués, les deux cavaleries se préparaient à un choc brutal. L'impact aurait lieu à la sortie des gués, sur la rive nord. Cela donnerait un léger avantage aux troupes de Madreth. Néanmoins, à un contre huit, l'avantage ne serait pas d'une grande utilité.
Les charges de cavalerie avaient toujours une beauté terrible. La puissance en action, l'accélération des masses... Sauf que cette fois, c'étaient des amis proches que Sistien avait envoyé au front et une grande partie de son enfance.
Tandis que ses cavaliers chargeaient vers les Gués, les rangers se repliaient avec un calme et une méthode qui démontraient que l'exercice avait été répété maintes fois lors de manœuvre. Ils reculaient, l'arc bandé, tournés vers l'ennemi, avec hâte mais sans précipitation. Il fallait atteindre le couvert mais éviter la chute. Il fallait pouvoir faire face et éviter d'être attaqué dans le dos. Il fallait être opportuniste et tirer l'ennemi mais sans se mettre en danger à découvert. Si les cavaliers du sultan passaient les gués avant qu'ils n'atteignent les bois, la retraite risquait de prendre une autre allure.
Le choc vint, brutal et bruyant. Le bruit des corps, le fracas des épées et le cri des hommes résonnèrent dans la vallée du Poros.
Que feraient les cavaliers du Sultan ? Allaient-ils s'acharner sur les cavaliers d'Ithilien ou tenter de les dépasser en laissant au bataillon servile le plaisir de la curée ? Néanmoins, le bataillon semblaient désorganisés. Les hommes de Kareem allaient-ils attendre le reste de la compagnie où suivre leur impétueux contremaître ? Si les cavaliers du Sultan dépassaient les hommes de Madreth, ils allaient devoir choisir entre le flanc gauche ou le flanc droit... Le flanc gauche était davantage à couvert mais passait très près des Tertres Maudits.
Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 335 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
Face à lui, Tusah pouvait admirer le rude duel entre les cavaliers du Sud et du Nord. Les casques des cavaliers du Gondor scintillaient comme autant de pierres précieuses sur la couronne du Sultan. Cependant, ce n’était pas ce qui occupait l’esprit de l’esclave en armes. Il lui fallut quelques secondes de plus pour comprendre que l’intention de leur chef était bien d’attaquer. Ainsi Tusah, le Fort et les autres se résignèrent à charger. Ils avaient été parmi les premiers à comprendre ce qui se passait et à s’arrêter. Ils seraient donc parmi les derniers à rejoindre la mêlée mais ils en furent quitte pour plusieurs coups de fouet.
Leur chef sembla vouloir leur faire un discours édifiant pour leur donner du courage. Qu’il était idiot lui aussi… Tous se fichaient bien de l’immense honneur du Sultan. Leurs besoins étaient plus simples : boire, manger, dormir. Plus Tusah approchait, plus cela lui faisait peur. Les cavaliers lui semblaient immenses. Montés sur leurs chevaux, bardés de fer, ils étaient menaçants. On entendait le bruit du fer qui s’écrasait sur les plaques d’armures, le hennissement roque des chevaux. On sentait l’odeur du sang qui commençait à s’écouler dans le Poros. Il aurait voulu fuir au loin mais il savait que ça signerait son arrêt de mort.
Alors la mêlée s’engagea. Les esclaves se mêlèrent aux cavaliers du désert. Ils pataugeaient dans la boue et avaient du mal à avancer. Leur ligne compacte n’était plus qu’une mêlée sans ordre. Tusah était resté avec le Fort, il savait que c’était la bonne chose à faire. Ils visaient les chevaux pour leur darder les flancs ou leur couper les jarrets. Les pauvres bêtes n’avaient rien demandé mais bon… c’était comme ça. Quand ils en avaient l’opportunité, ils tentaient de faire tomber un cavalier en accrochant leur crochet à leurs armures ou leurs membres. Il fallait surtout rester loin des épées et éviter les coups de lance.
Dans son combat désespéré pour rester en vie, Tusah parvint à hameçonner l’épaulière d’un des cavaliers du Gondor. Il tira dessus. Hélas, ce n’est pas le chevalier qui vint mais seulement un morceau de cuir. Emporté par son élan, le crochet se ficha dans le bouclier mais Tusah n’eut pas le temps d’en profiter. D’un geste brusque, le cavalier cassa le manche de bois trop fragile de la pique. Désarmé, il tâcha d’éviter un coup d’épée. La lame écorcha un morceau de peau sur son épaule. Pris dans l’intensité du combat, l’esclave ne sentit presque plus rien. Tout à coup, à côté de lui, il entendit un cri qu’il connaissait bien :
- Nuaanh !
C’était Kurchil. Il avait réussi à solidement agripper un des chevaliers en blanc. A deux, ils tirèrent sur le crochet comme des forçats. En mauvaise situation, le cavalier tentait désespérément de se dégager de ce mauvais pas. D’autres esclaves comprirent et l’attaquèrent. Ils visaient le corps et la tête du chevalier l’obligeant à parer de son bouclier et son épée. Le gondorien ne pouvait rien faire d’autre que se protéger mais il était agrippé à sa monture. Trois autres esclaves s’attaquèrent au cheval. Ils le piquaient et entaillaient ses flancs. Le sang de la bête inonda le sol. Elle se cabra.
L’homme chuta au sol. Immédiatement, Tusah et le Fort se jetèrent sur lui. Il était à terre, hors de question qu’on lui laisse le temps de se relever. Les deux hommes s’écrasèrent sur les épaules de leur victime. Ils voulaient l’empêcher de bouger. L’homme se débattait. L’épée à la main, il tâchait de frapper Tusah en usant du plat de lame comme une massue. A sa ceinture, il y avait un poignard. Désespérément, il essaya de l’attraper. L’homme frappait sans cesse. La main sur le pommeau, Tusah le sortit et le planta dans l’interstice du cou du chevalier. Le sang jaillit. Plusieurs fois.
Tout à coup, un bruit plus fort se fit entendre. Un homme criait de tous ses poumons. Tusah eut à peine le temps de comprendre ce qu’il se passait. Un cheval ruait. Les sabots lui labourèrent les chairs et une vive douleur irradia tout son corps.
La ligne gondorienne s'était enfoncée dans la leur juste à la limite Nord des gués. Ils étaient presque passés sur la première charge, presque. Un presque qui allait couter des centaines de vies. Quelque part entre l"écume de la rivière et les cris, le fracas s'était engagé. Cela avait commencé comme une charge et cela se terminait en duels montés dans le lit de la rivière qui se transformait rapidement en fange boueuse et sanglante. Les chevaux ne risquaient plus de servir à grand chose à ce rythme là. Ils devaient faire passer des hommes, pas de messager pour les villes, là était la seule certitude de victoire finale.
Plus rien n'existait que l'instant, les premiers duels s’engageaient dans les gués. Ils avaient eu beau tous faire des effets de masse et martelé joliment la plaine, la bataille allait plus se jouer à la dextérité dans un espace restreint qu'à l'effet de surprise. Trop tôt pour déjà nagé dans les boyaux mais cela ne tarderait plus non plus et avec cette rivière Sulaïman se faisait déjà une image mentale du désordre. Il fallait passer, maintenant!
La deuxième ligne s'était plus ou moins formée et l'effet pression se ferait donc, mais pas de suite. Sulaïman cherchait aussi des hommes bons à être revendus à leur maitre. Les cavaliers en face de lui avaient tous le même uniforme, allez savoir lequel était un noble seigneur ou un simple soldat de carrière? Il évita un coup de lance d'un des derniers arrivés dans l'enchevêtrement humain en formation. Le cheval de son compagnon de droite ne l'évita pas. En s'effondrant, la bête ajouta au désordre et à la confusion.
Sulaïman tentait de voir où trouer la ligne. Pour l'instant juste une muraille blanche, noire et baie qui commençait à se tinter de rouge et d'autres couleurs moins descriptibles. Un cheval se cabra de douleur sur sa gauche, frappé par quelque chose qu'il n'avait pas vu et le Gondorien qui le montait se fit décapiter en bonne et due forme en plaine chute. Le cheval termina la tête dans l'eau, bloquer par la bride de son cavalier sans tête qui emporté par le courant teintait les gués d'un nouveau panache rose morbide.
Un Gondorien un peu moins large que ses compagnons, mais plus doué de ses bras que ses voisins au vu de la tranchée dans la masse d'esclave qui s'était creusée en face de lui et le rouge de son fer de lance, s'approchait. Les deux hommes se repérèrent. Sulaïman leva son cimeterre en défi et réduit ses brides. La lance emporta son turban, révélant son casque. Il en profita pour s'engager dans la garde ouverte de son adversaire. Un sabre court du même type que ceux des corsaires, tenu d'une main gauche pas très sure se tendit pour bloquer. Sulaïman laissa sa lame glisser le long du plat en se servant du déplacement de son cheval et dévia au dernier moment pour atteindre sa cible, pas le cou comme l'avait cru le cavalier Gondorien mais la jointure de l'armure à l'épaule. Il serra sa prise et laissa la vitesse et la musculature de sa monture faire le travail. Le tranchant passa sous l'attache de l'épaulière, pénétra le haut de l'épaule et coupa dans le bras gauche du Gondorien qui s'affaissa, muscles et tendons déchirés, ne lui laissant que son bras à la lance. Le temps qu'il ait pu vraiment ressentir la douleur, le cimeterre était revenu de derrière vers son cou. Il n'y avait plus grande monde derrière l'habile lancier pour arrêter le cavalier Haradrim.
Mais la danse avait commencé et s'il y a bien une chose à laquelle il était formé, c'était à cette danse là. Il cherchait son prochain adversaire.
Aelyn Veuve du Vice-Roi du Rohan
Nombre de messages : 386 Age : 34 Localisation : En Rohan Rôle : Vice-Reine du Riddermark - Guérisseuse
Un instant de flottement, grisé par la vitesse… Et puis le choc ! Le choc terrible des deux cavaleries ! Les corps furent projetés les uns contre les autres dans le bruit mat des chairs et raisonnant de l’acier. Les bêtes cabrèrent et ruèrent en s’écrasant sur leurs congénères embourbés dans les gués. Un cavalier à la gauche de Madreth passa au dessus de l’encolure entrainé par la force de la collision et roula à terre, emportant son vis-à-vis haradrim dans sa chute. Les pauvres hommes furent piétinés en quelques secondes sous les sabots. Rapidement, les guerriers reprirent leurs assiettes et les armes se heurtèrent avec fracas. Ceux qui avaient pu embrocher un ennemi abandonnèrent là leurs lances pour attaque de vifs tranchants d’épées. L’adversaire était farouche, impitoyable, mais les cavaliers de la Compagnie Blanche l’étaient tout autant. En nombre réduit, ils donnaient du fil à retordre aux suderons. Les gondoriens empêchaient l’envahisseur de franchir les gués, leur refusant l’accès à la terre ferme et à un terrain propice à la bataille montée. Les eaux agitées se couvrirent bientôt d’une épaisse écume rougeâtre. Dans ce chaos, impossible de se fier à ses sens. Il était difficile de reconnaitre l’ami de l’ennemi mais la Compagnie était en sous nombre et étalées autant qu’elle l’avait pu pour contenir les gués. Frapper au hasard ne comportait pas grands risques pour les hommes aux casques de mithril.
« - Gondoriens ! hurla Madreth au dessus du vacarme. Tenez bon ! »
Malheureusement, les cavaliers, prit dans leur bataille à hauteur de chevaux, ne virent pas la colonne d’esclaves se détacher du groupe et dévaler la pente comme si le fouet de leur maître était à leurs trousses – ce qui était probablement le cas. L’immixtion dans la bataille de ces combattants armés de piques et vêtus de rien vint mettre à mal l’équilibre des forces. Les premiers cavaliers ne virent pas le danger arriver, furent jetés à terre et réduit en charpie par ces hommes, guère plus qu’une meute de chiens errants affamés. Et ceux qui eurent le malheur de retourner leur attention vers eux furent fauchés par la cavalerie haradrim, elle-même peu soucieuse de sa chair à canon. Certains semblaient indifférents à l’idée de faucher un esclave en lieu et place d’un gondorien.
Un cheval blanc sorti de l’eau au galop, sans cavalier, et s’élança dans un course éperdue vers la forêt, une pique encore profondément plantée dans sa croupe. Dans l’eau, ceux qui avaient réussi à se relever rapidement luttaient au corps à corps à un contre dix tandis que les autres étaient écrasés par mille bottes et sabots, noyés dans l’eau souillée ou leur propre sang.
Madreth tenait bon. Un pique servile avait bien failli le percer de part en part. Il ne valut qu’à un providentiel réflexe de dévier la pointe. Il arborait malgré tout une longue estafilade sur le flanc droit qui saignait abondamment entre les pans de sa cuirasse déchirée. Difficile de dire si c’était des larmes de douleur ou des gouttes de sueur qui brouillait sa vue. Son souffle était court, saccadé, par l’épuisement ou la brûlure de ses plaies, avait-ce de l’importance ? Il tranchait de sa lame, assommait du pommeau. Un homme le saisit par la ceinture avec l’intention de le tirer au sol. Il détacha son pied de l’étrier et lui envoya un violent coup dans la mâchoire. L’esclave lâcha prise. Le vieil homme laissa son cheval finir le travail. La pauvre bête peinait de plus en plus à trouver des appuis stables. La rive en pente douce, battue d’eau et de pas, s’était muée en une zone impraticable, tantôt collante, tantôt glissante. Les corps et les obstacles s’accumulaient et roulaient, invisible sous le courant opaque. Madreth leva son épée pour fendre la gorge de son adversaire le plus proche. Autour de lui, il ne parvenait pratiquement plus à faire l’inventaire de ses troupes. Trop peu étaient encore debout et le flanc gauche commençait à manquer de défenseurs. Il hurla à deux hommes de se déporter en amont. Madreth voulait tourner la tête vers la forêt, s’assurer que tout le monde était à l’abri, qu’ils ne mourraient en vain. Mais aucune opportunité ne se présentait…
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1075 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Le regard tourné vers le Poros, Aemon reculait d’un pas sûr et rapide le long de la colline en direction de la forêt. Dans son dos, les rangers commençaient déjà à investir les bois pour se préparer à l’affrontement. En contrebas, la cavalerie de la Compagnie Blanche avait héroïquement chargé un ennemi enragé et bien supérieur en nombre, dans le seul but de leur donner suffisamment de temps pour pouvoir se replier stratégiquement. Tout leur plan reposait à présent sur lui et ses hommes, il devait tâcher de ne pas rendre le sacrifice des cavaliers gondoriens inutiles. Madreth et ses hommes se battaient comme des lions, retenant autant qu’ils le pouvaient les vagues successives de suderons et d’orientaux qui tentaient de traverser le gué. La cavalerie ennemie était désormais secondée d’une horde grouillante de fantassins quasiment nus et mal équipés. Individuellement, ces ennemis ne représentaient pas une grande menace pour les guerriers d’élites de l’Ouest mais leur nombre impressionnant ainsi que leur violence sauvage les avaient totalement pris de court, eux qui étaient déjà exténué des combats les opposants aux combattants plus nobles. Le Gondor pliait dangereusement mais n’avait pas encore rompu. La ligne de défense s'amincissait à vue d’oeil mais tenait encore le choc. Combien de temps supplémentaire pouvait-il offrir à la troupe de rangers? Quelques minutes tout au plus, mais ces minutes là étaient très précieuses.
“Allez Rangers! Plus vite! Dépêchez vous! Gardez vos yeux rivés sur les combats, ne perdez jamais l’ennemi de vue!”
Même s’il reculait sur le terrain, présenter son dos à l’adversaire n’était pas envisageable pour les hommes du Roi. Aemon échangea un regard avec Sistien, qui se trouvait un peu plus loin en train d’organiser le reste de la Compagnie Blanche. Son supérieur et ami lui adressa un signe de tête plein de détermination qui réjouit le coeur du fiancé de Seicha. La bataille s’annonçait rude et leurs chances de victoires étaient minces, mais sous les ordres de Sistien, il avait ce sentiment qu’il pouvait réaliser l’impossible; vaincre leurs ennemis pour rejoindre l’Intendant Boromir au Nord et remporter la victoire décisive. Alors ils pourraient célébrer cela lors de son mariage, scellant leur amitié dans les liens inébranlables de la famille.
Aemon pénétra dans la forêt alors que tous les rangers commençaient à prendre position. Ils s’étaient dispersés en éventail, prêts à accueillir leurs ennemis et venger le sang de leurs frères d’armes. Certains étaient même montés aux arbres, postés sur des branches robustes, arc bandé et prêts à tirer. D’autres s’étaient camouflés au sol, à couvert derrière des buissons ou se tenaient plus loin tout en haut de la colline surplombant le champ de bataille prêt à descendre les ennemis téméraires qui s’aventuraient trop en profondeur. Syco et une poignée d’autres rangers parmi les plus valeureux, se postèrent à l’orée du bois. C’étaient eux qui donneraient le signal en tirant les premiers dans le dos des orientaux assez fous pour entrer les premiers, créant ainsi la panique dans leurs rangs en faisant croire à une attaque à revers. Alors tous les rangers se mettront à tirer depuis tous les coins de la forêt, provoquant encore plus de confusion. Ils étaient inférieurs en nombre mais ici, sur ce terrain qu’ils connaissaient tous si bien, les débats pouvaient grandement se rééquilibrer. Aemon tourna à nouveau son regard vers la rivière.
Les eaux du Poros se teintaient de rouge vermeil alors que les corps étaient trop nombreux pour être emportés par le courant et s’entassaient sur la rive. Une brèche serait bientôt ouverte et l’immixtion d’une colonne ennemie dans le territoire du Gondor était imminente.
Les rangers de Gondor étaient prêts à leur faire passer le contrôle de douane.
The Young Cop
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L'observateur ailé qui survolait le champ de bataille put aperçevoir un point violet se détacher de la ligne des arbres parmi lesquels les rangers avaient trouvé leur refuge, et se déplacer rapidement dans la direction de la mêlée. Il s'agissait d'un cavalier solitaire en armure de plate sous un tabard violet, gallopant sur un puissant chargeur de Dol Amroth.
Sir Daeus d'Anfalas avait rejoint le point de rassemblement plus tôt dans la journée. Un chevalier errant, troisième fils du troisième fils, il avait décidé qu'il n'y avait pas plus noble cause que de rejoindre le prince Boromir II et repousser les envahisseurs qui menaçaient le Gondor. Il se reposait dans sa tente lorsque l'alerte fut sonnée, et il lui fallut plusieurs minutes avant d'enfiler son armure sans l'aide d'un écuyer.
A présent, il chargait tout droit dans la direction des cavaliers Haradrims qui venaient de se heurter aux hommes de Madreth. Quelle opportunité parfaite pour se recouvrir de gloire éternelle ! Une bataille aux gués de Poros contre une armée d'envahisseurs inattendue !Il manquait seulement un ménéstrel.
Il était plus qu'à une quinzaine de mètres du combat. Les sabots de son puissant destrier, revêtu lui aussi d'une armure et d'un carapaçon violet, faisaient voler des morceaux de terre humide. Le chevalier errant baissa sa longue lance, et cria :
-Daeus Aixoma-Quina, retenez ce nom malfrats ! Haha !
Si son accoutrement pouvait sembler ridicule, sa connaissance de l'art de la guerre elle, ne l'était pas. Sa lance se brisa en se plantant dans le torse d'un cavalier du Sud, la force de l'impact jetant ce dernier de sa selle.
-Hahaha ! Ainsi je frappe !
Le chargeur quant à lui poussa violemment le cheval beaucoup plus petit d'un autre adversaire, en le faisant vaciller. Daeus en profita pour jeter le reste de sa lance par terre et tirer une longue hache à deux lames attachée à sa selle. Il la fit tourner autour de sa tête sans perdre équilibre, et l'abattit sur la tête d'un malheureux guerrier du Bataillon Servile qui essayait de s'attaquer à lui. Mais ce genre de cible ne l'intéressait pas. Il était un chevalier, et il voulait affronter les chevaliers du Sud.
Ces derniers semblaient eux-aussi intéressés par l'arrivée du nouvel adversaire. Il se distinguait des cavaliers de la Compagnie Blanche tel un oiseau tropical parmi une nuée de mouettes. Le tuer ou encore mieux, le capturer serait sans doute un acte héroïque, et probablement aussi très lucratif. Sir Daeus répéra un cavalier sur un magnifique cheval blanc, armé d'un cimeterre. Leurs regards se croisèrent. Gloire !
-Au choc ! Au combat ! Aixoma-Quina !
Le chevalier errant chargea sur Sulaiman Al-Khader. Madreth et ses hommes allaient-ils profiter de cette distraction inattendue ?
Membre des Orange Brothers aka The Good Cop
Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Nombre de messages : 2505 Age : 32 Localisation : Pelargir Rôle : Humaniste
#Ardarakban Nakâda, capitaine dans l'armée du Sultan
Le premier impact dans son bouclier se répercuta dans son bras comme s'il avait encaissé la charge d'un de ces puissants aurochs de l'Est. Il vacilla sur ses jambes qui tremblaient malgré elle.
Sans doute à cause du courant.
Les eaux rougies servaient déjà de linceul à un certain nombre de cadavres. Face contre l'eau, inertes, ils dérivaient vers la grande mer en suivant la force du courant et en évitant maladroitement leurs camarades qui continuaient à avancer. Le bataillon avait chargé tête baissée à la suite de la cavalerie, dans un mouvement aussi audacieux que mal coordonné.
L'armée du Sultan était nombreuse, et elle s'était révélée particulièrement compétente en terrain ouvert. Les vastes plaines arides du Sud, et celles plus fertiles du Harondor, offraient un espace propice aux grandes manœuvres et aux enveloppements de cavalerie si chers à leur seigneur. La traversée du Poros leur faisait perdre tout avantage de cette nature, et ils affrontaient leurs ennemis septentrionaux à la fois sur leur sol et dans des conditions qui avantageaient ces derniers.
Retranchés, à l'abri derrière les remparts naturels de l'Ithilien, les archers pilonnaient les troupes qui osaient la traversée du fleuve en leur offrant un déluge impitoyable de fer et de bois qui criblait les malheureux engagés dans cette avancée périlleuse.
Ardarakban ne comptait plus les cadavres. Il comptait seulement les hommes autour de lui, s'efforçant de ne jamais se retrouver seul… ni trop en première ligne. Il y avait bien longtemps qu'on ne l'entendait plus crier, et les harangues venaient principalement des officiers subalternes, habitués aux combats, qui poussaient la colonne en avant, à l'assaut de la cavalerie gondorienne. En terrain plat, les esclaves auraient dû être massacrés sans la moindre difficulté.
C'était leur rôle, d'ailleurs.
Point de fixation, enclume de papier, ils avaient subi les pertes les plus lourdes depuis le début de la campagne en encaissant systématiquement le gros des charges gondoriennes. La grande bataille des plaines de Djafa avait été la plus meurtrière de ce point de vue, mais la cavalerie harondorim avait mordu dans le piège et avait payé un lourd tribut quand les Lanciers du Sultan avaient surgi de nulle part, venant refermer leurs crocs mortels sur leurs gorges offertes en sacrifice. Cela avait été le tournant de la campagne, et cette lourde défaite avait ouvert la voie vers le Nord. Ardarakban avait considéré comme un grand honneur de commander le bataillon d'esclaves qui avait résisté si longtemps face à la fine fleur de l'armée du Sud Gondor. Il comprenait aujourd'hui le poids de cette responsabilité.
Le fardeau.
Pourtant, l'heure n'était pas à la crainte. Pour vivre, il fallait tuer, et tuer encore, jusqu'à ce que l'ennemi comprît que la résolution des Haradrim ne faiblirait jamais. Trouvant un sursaut d'orgueil dans le réconfort de cette idée simple, le jeune officier pointa son épée en direction d'un groupe isolé de cavaliers, et cria dans la belle langue suderonne que ses esclaves comprenaient :
- Ici, ici ! Abattez ces cavaliers, pour le Sultan !
Il y eut des cris de guerre, les hommes s'élancèrent. Plus ils se trouvaient près de leurs ennemis montés, moins ils risquaient d'être pris pour cible par les traits ennemis. Entre deux maux…
Pataugeant maladroitement dans les eaux glacées, Ardarakban encaissa un second tir dans son écu, mais il se mit à courir sans réfléchir à l'abri du puissant destrier qui lui faisait face. Le cavalier était de toute évidence un officier, il hélait ses troupes, les appelait à la cohérence, à tenir bon. Les esclaves fondirent sur lui comme des frelons. Ils éliminèrent ses compagnons avec furie, mais lui demeurait droit et fier sur sa monture, dressé comme un beau diable, fendant les crânes de gauche et de droite. Cette situation ne pouvait durer.
L'épée de l'héritier des Nakâda, l'indestructible Arriandalazar, la Reine sous les Flots, s'abattit comme le marteau de la justice sur le poitrail du cheval. Il y eut un hennissement sauvage, un cri de douleur. Le cavalier se retrouva à terre, bientôt encerclé par une horde d'esclaves enragés. Sa mort glorieuse n'était qu'une question de temps, désormais.
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"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Spoiler:
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Issam Ibn Al Layl Assassin du Harad
Nombre de messages : 56 Age : 48 Localisation : Dans les ombres Rôle : Assassin
La cohue qui s’offrait à la vue de Kareem à mesure qu’il s’en rapprochait à toute allure était d’un chaos indescriptible. C’était le combat de mêlée type, mélangeant les protagonistes des deux camps, sur fonds de cris de guerre, de terreur et de souffrance. Les chevaux peinaient à se maintenir debout et obéir aux gestes de leurs cavaliers, devant à la fois lutter contre le courant d’un fleuve devenu écarlate et l’amoncellement de cadavres humains et animaux qui s’entassaient à mesure que chaque nouveau corps sans vie venait grossir les rangs des trépassés. L’eau du fleuve elle-même, peinait à poursuivre sa course tant ce barrage morbide se renforçait. L’odeur du sang était presque perceptible et attisait les uns quand elle démoralisait les autres. Les cavaliers Gondoriens étaient moins nombreux que la cavalerie Haradrim, mais ils étaient facilement reconnaissables au sein de la mêlée, leurs casques étincelants argentés et finement ouvragés, ainsi que leurs grandes capes blanches, les démarquant des Lanciers du Désert. Kareem n’aurait ainsi pas de difficulté à savoir où et qui frapper.
Le bédouin du désert brûlant du Harad rejoignit à toute allure la mêlée et se dirigea vers les deux membres de la compagnie blanche les plus proches, profitant du fait qu’ils étaient déjà accaparés par d’autres adversaires pour les surprendre. Ne pouvant passer entre eux pour les frapper tous les deux, il fit bifurquer son cheval pour passer près de celui de droite. Ce faisant, il se baissa vivement afin d’éviter la lame de sa lance et écarta son bras gauche armé de son cimeterre, tel une aile tranchante pour le frapper au niveau du torse (inutile de tenter d’entailler un heaume de métal). Kareem sentit le contact de sa lame contre le flanc de son adversaire au moment où il passait à sa hauteur. Son cheval ralentit et s’arrêta quelques mètres plus loin, gêné par les eaux du fleuve et les cadavres, terrain contre lequel il devait lutter pour ne pas tomber et entraîner son cavalier dans sa chute. Le jeune homme fit tourner bride à sa monture afin de faire à nouveau face aux deux cavaliers et apprécier brièvement le spectacle du corps sans vie de celui des deux qu’il venait d’entailler. Grande fut sa surprise et son désarroi lorsqu’il constata que ce dernier était bien vivant et bien campé sur son destrier, bien que surpris par l’arrivée inattendue de ce nouveau Sudéron indésirable. Son flanc était bien entaillé, mais au lieu d’apercevoir une plaie béante et sanguinolente au travers du cuir déchiré de son armure, ce sont des petites boucles de maille qu’il entrevit à la place. Dans sa précipitation, Kareem n’avait pas noté la cotte de maille dont étaient équipés les cavaliers Gondoriens en plus de leur protection de cuir.
Pestant contre ce revers de situation, le jeune homme ne se laissa pas déstabiliser et chargea en même temps que son adversaire se préparait à riposter et rendre coup pour coup. Dans un premier temps, il se servit de l’arme qui avait frappé le flanc de celui-ci pour dévier sa lance qui l’aurait à coup sur transpercé de part en part si elle avait trouvé son chemin dans ses entrailles. Presque simultanément, c’est à l’aide de son cimeterre tenu dans sa main droite que Kareem frappa sévèrement la monture du cavalier, entaillant profondément sur une large surface le cou du pauvre animal qui se retrouva égorgé, une épaisse quantité de sang jaillissant de la plaie béante. Le cheval, terrorisé et agonisant du manque d’air, se cabra et fut déséquilibré, trébuchant contre l’un des cadavre et s’affalant au sol, entraînant son cavalier dans sa chute. L’homme heurta le sol en même temps que sa monture, sa jambe écrasée et coincée entre cette dernière et le sol. Le choc avait été violent et l’homme se retrouvait à demi conscient. Mais pire, il était à présent sous la surface de l’eau du fleuve et allait mourir noyé s’il ne parvenait pas à se défaire du poids de son cheval. Cela dit, son adversaire ne lui accorda pas de répit et n’était visiblement pas décidé à laisser le fleuve achever son ennemi. Kareem fit se cabrer sa monture au dessus de l’infortuné cavalier avant que les sabots de ses pattes avant ne retombent sur lui, écrasant sa cage thoracique dans un craquement sinistre, le tuant sur le coup et ajoutant par là même un nouveau cadavre au déjà trop grand nombre d’entre eux.
Fort de sa première victoire, Kareem jeta un rapide regard vers les esclaves qu’il avait entraîné dans sa charge folle, arriver au contact de l’ennemi et s’atteler tant bien que mal à la périlleuse tâche de faire leur part dans cette bataille. Sous le morceau de tissu orangé qui dissimulait la partie inférieure de son visage, il afficha un léger sourire de satisfaction.
Cela dit, le temps n’était pas à la jouissance d’une petite victoire qui ne marquait pas la fin de la bataille. Le danger était toujours bien présent et c’est sous la forme du deuxième cavalier Gondorien qui venait de se débarrasser d’un lancier du désert et qui tournait à présent son attention vers lui qu’il se manifesta. Mais cette fois, Kareem savait quelle attaque employer contre un adversaire équipé de protections contre les attaques tranchantes. Le Gondorien allait comprendre que les cimeterres de son adversaire perforaient aussi bien qu’ils entaillaient et là, le cuir et les mailles ne pourraient pratiquement rien y faire.
Les deux adversaires firent avancer leurs chevaux l’un vers l’autre, les montures peinant à marcher sur un sol aussi instable. Comme c’était prévisible, le Gondorien pointa l’estoc de sa lance afin de transpercer Kareem au niveau du torse, mais ce dernier s’écarta de côté, son cheval suivant le mouvement et abattit le tranchant de son arme tenue en main droite sur la hampe de celle du Nordien qui fut tranchée nette au tiers de sa longueur. Le morceau de l’arme pourvu de la lame tomba au sol. Kareem s’apprêta à utiliser son autre cimeterre pour l’enfoncer dans les entrailles de son ennemi, mais ce dernier fut étonnamment prompt à réagir et fit un moulinet avec son arme (devenue un bâton de la longueur d’un manche à balai) avant de frapper violemment le plat de la lame du cimeterre du Sudéron, ce qui dévia son attaque qui ne perfora que le vide. Le cavalier de la compagnie blanche se rapprocha vivement de son adversaire en se penchant vers l’avant pour le frapper brutalement d’un coup de poing direct à la mâchoire. Dans un bref gémissement de surprise et de douleur, Kareem fut déséquilibré et tomba de sa monture, ses armes quittant ses mains.
A présent, c’était le jeune Haradrim qui se retrouvait dans une situation critique, étendu au sol sous l’eau du fleuve, cela dit, contrairement à sa première victime, il n’était pas coincé par son cheval. Le jeune homme releva précipitamment le torse pour se sortir la tête de l’eau, juste à temps pour voir la monture du Gondorien se cabrer au dessus de lui pour l’écraser comme lui l’avait fait contre son congénère, ayant probablement l’intention de venger ce dernier en exécutant son bourreau de la même manière. Mais le Sudéron n’avait pas l’intention de mourir, pas ici, pas maintenant en tout cas. Il replongea dans les eaux rougies en pivotant sur lui-même sur le côté afin d’éviter les sabots meurtriers du cheval de son adversaire qui s’écrasèrent dans l’eau et heurtèrent violemment le sol mou. Kareem bondit et se redressa, trempé jusqu’aux os et réagit immédiatement, se jetant sur la monture du Gondorien pour en attraper la bride et tirer de toutes ses forces dans l’intention de la faire trébucher sur les cadavres gisant sous la surface de l’eau et la faire tomber en entraînant son cavalier dans sa chute. Ce dernier ne se laissa pas faire et lutta pour maintenir son cheval debout, tout en frappant le Haradrim de la hampe de sa lance. Le manche de bois s’abattit entre son épaule gauche et son cou, lui arrachant un cri de douleur et de rage. Le Gondorien leva son bras armé et l’abattit encore une fois de toutes ses forces, mais Kareem lâcha soudain la bride du cheval pour éviter le coup d’un pas de côté. La hampe ne frappa que le vide. Le jeune homme en profita pour la saisir et profiter du fait que le cavalier était emporté par son élan pour la tirer vers le bas et le faire basculer de sa monture.
La manœuvre réussit et le Gondorien fut à son tour désarçonné pour plonger sous la surface de l’eau. Brûlant de rage et de soif de sang, Kareem plongea les mains pour saisir son adversaire, le remonter à l’air libre et lui arracher son heaume avant d’abattre son poing derrière son crâne, ce qui le projeta à nouveau sous la surface. Mais le jeune homme n’était pas décidé à s’arrêter là. Il avait été mis en échec et en difficulté par cette vermine à peau blanche et n’avait guère apprécié de se voir opposer une telle résistance qui ne méritait rien d’autre à ses yeux qu’une punition brutale et douloureuse. Kareem, mû par sa rage et ses instincts les plus primaires, ne se battait plus de la manière dont on le lui avait apprit, mais de façon très primale, très sauvage. A cet instant, il n’était qu’une bête enragée animée par le désir de refermer ses crocs acérés sur les chairs de sa proie.
Pendant que tout autour des deux protagonistes, la bataille faisait rage entre Nordiens et Sudérons, le bédouin saisit à nouveau son adversaire pour le tirer des eaux du fleuve et le fit pivoter sur lui-même afin qu’il lui fasse face. Mais le Gondorien aussi était mû par son instinct de préservation et se sachant en danger, il puisa dans toutes ses ressources pour se tirer de ce mauvais pas. Il frappa violemment le front du Haradrim d’un coup de tête avant de le repousser de la paume de ses deux mains et le frapper de la hampe de son arme qu’il avait réussit, on ne sait comment, à ne pas lâcher. L’arme percuta violemment le côté de la tête de Kareem qui sentit le coup passer. Il encaissa un coup de pied frontal en plein torse, ce qui le projeta vers l’arrière, trébuchant sur un cadavre et s’affalant sous la surface de l’eau. A peine eut-il émergé sa tête qu’il reçu un coup de pied au visage, ce qui l’immergea à nouveau. Il sentit très vite après des mains puissantes enserrer son cou et serrer fort, très fort. Suffoquant, le jeune homme commençait déjà à voir sa vie défiler dans son esprit, alors qu’il agonisait et cherchait à se défaire de l’emprise de son adversaire en agrippant son visage. Malheureusement, le Gondorien tenait bon et ne relâchait pas son emprise.
La panique et le désespoir se mélangeaient dans l’esprit de Kareem, avant de faire petit à petit place à la résignation et une certaine sérénité. Inconsciemment, il était en train d’accepter la mort. C’était son heure. Il aurait préféré avoir l’occasion de verser plus de sang, mais mourir ainsi n’était pas si indigne. Il s’était bien battu et n’avait rien cédé à son adversaire, le combat avait été épique et même si on ne se souviendrait pas de lui en dehors de son clan, il savait en lui-même qu’il avait fait honneur à sa famille et à sa tribu. Il se mit à penser à son fils, espérant qu’il suivrait ses traces et deviendrait meilleur que lui. La vie le quittait peu à peu alors que ses poumons commençaient à brûler par le manque d’oxygène. Ses perceptions s’estompaient petit à petit et tout paraissait lointain, les cris, les sensations, comme s’il était dans un rêve.
Mais, comme si Melkor lui-même avait décidé de le soutenir et lui offrir une ultime chance de faire un pied de nez à son destin, Kareem réalisa que son pouce se trouvait juste en dessous de l’orbite de l’œil droit de son bourreau. Sans y réfléchir à deux fois, il leva l’extrémité de son pouce de quelques centimètres et l’enfonça sans hésitation dans le globe oculaire du Gondorien, encore et encore. Il ne perçut qu’à peine le hurlement de douleur de ce dernier, mais sentit bien par contre que l’emprise de ses mains sur son cou se relâchait soudainement alors que le Nordien mettait de la distance entre lui et le Sudéron, portant une main sur son œil crevé en hurlement et en grimaçant de douleur. Des larmes de sang s’écoulaient le long de ses doigts et de sa joue droite, tandis que Kareem surgissait d’un bond de l’eau et ôtait son voile pour libérer sa bouche et retrouver son souffle à grands coups d’inspirations profondes et désespérées. Il lui fallait encore quelques bouffées d’air pour être prêt à se battre, mais heureusement pour lui, son adversaire n’était pas en mesure de profiter de son avantage, cherchant à calmer l’horrible douleur qui lui parcourait les nerfs et le crâne.
Les perceptions de Kareem revenaient à mesure qu’il reprenait son souffle et le brouahaha de la bataille faisant rage autour de lui, lui revenait en pleine figure, de la même manière la réalité qui s’imposait bon gré mal gré à celui qui refuse de la voir. Cette fois, la rage et la folie meurtrière qui l’avaient possédé quelques instants plus tôt s’étaient estompées, faisant ressurgir le guerrier féroce mais méthodique qu’il avait appris à être toutes ces années durant.
Fronçant les sourcils de détermination et toisant son adversaire d’un regard enflammé, le jeune homme s’approcha de lui tout en recouvrant son visage de son morceau de tissu. Il mit ses poings en garde tel un pugiliste affirmé, et commença à frapper son adversaire par des coups de poings techniques, mesurés et précis. Ce n’était plus le sauvage primitif qui avait prit possession de son être et dictait ses actes, qui agissait, mais le professionnel retrouvé (du moins, s’était-il depuis longtemps considéré comme tel). Le Gondorien ne vit pas les premiers coups venir et du encaisser les chocs au visage et au torse. Il commença à se défendre contre les suivants, parant tant bien que mal, parfois avec succès, parfois vainement, mais ses ripostes furent presque toutes déjouées, à part quelques unes qui trouvèrent leur chemin jusqu’au visage de Kareem, mais qui n’eurent pour effet que de renforcer la détermination et la férocité de ce dernier.
Petit à petit, l’homme à la peau blanche et aux cheveux châtains courts commença à ployer un genou, cédant sous le pression de son adversaire qui frappait, frappait et frappait encore. Le dernier coup de poing que Kareem lui décocha au visage fut un crochet à la pommette particulièrement violent, porté de toutes ses forces. Le Gondorien s’affala sous les eaux. Le Sudéron, le saisit pour le tirer à l’air libre, le fit pivoter pour le mettre face au fleuve et lui décocha un coup de coude à la nuque, le replongeant par la même sous la surface. Il le plaqua ainsi sur le ventre, au fond de l’eau, un genou sur son dos et une main derrière le crâne, appuyant de toutes ses forces. Positionné ainsi, le Nordien n’avait aucun moyen de se dégager. Il battit bien des mains quelques instants, cherchant désespérément une prise, puis les gestes se firent plus lents, plus rares, jusqu’à ce qu’ils ne se fissent plus du tout. Kareem ne lâcha pas son emprise pour autant et la maintint encore une bonne minute avant de lâcher prise. Le combat l’avait exténué. Il avait punit son adversaire pour son outrecuidance, mais ne ressentait finalement pas tant de haine que ça envers lui. C’était un guerrier et il avait lui aussi fait ce qu’il devait faire. Le Haradrim ne pouvait au fond pas le lui reprocher.
Cela dit, la bataille n’était pas terminée et il lui fallait retrouver sa monture et surtout ses armes pour retourner se battre car ce n’était pas à pied et muni de sa seule dague qu’il serait en mesure de lutter contre des cavaliers armés de lances. Les eaux du fleuve étant presque rendues opaques par le sang qui coulait à flot rendaient difficile la tâche de retrouver ses cimeterres et c’est au bout de ce qui lui sembla être une éternité qu’il finit par les retrouver. Heureusement pour lui que les cavaliers adverses, moins nombreux, étaient tous accaparés par un ou plusieurs Lanciers du Désert et par des esclaves du Bataillon Servile.
Cela dit, un autre danger soudain se manifesta lorsqu’il vit une pluie de flèches s’abattre sur les cavaliers Haradrims les moins aux prises avec les Gondoriens. Ne cherchant pas à s’assurer que lui-même était ou non prit pour cible, il inspira profondément, retint son souffle et plongea sous les eaux du fleuve avant de saisir un cadavre et le placer sur lui en guise de bouclier. Il vit quelques projectiles perforer la surface de l’eau pour aller se ficher dans le fond vaseux, laissant une traînée d’eau s’apparentant à un trait de fumée derrière elles.
Vu qu’il ne pouvait pas rester indéfiniment sous l’eau, Kareem entreprit de ramper sous la surface pour gagner la rive. Lorsqu’il émergea, il avait deux choix : Rejoindre la mêlée et compter sur la protection que lui offriraient involontairement cavaliers et montures contre les flèches (son côté pragmatique, qui consistait à utiliser ses frères d’armes pour son propre intérêt quitte à les sacrifier, primant sur son éthique) au risque de se faire écraser ou piétiner par ces derniers, ou retrouver sa monture qui s’était retirée du lieu de la confrontation et clapotait nerveusement quelques mètres plus loin au risque de se faire perforer par les flèches sur ce terrain à découvert.
Le premier choix étant trop risqué, il misa sur les flèches et se baissa pour se diriger en trottinant vers sa monture. Une autre volée de traits frappa les cavaliers et malheureusement pour lui, Kareem vit sa monture se faire cribler par quelques projectiles perdus. Le cheval hennit de peur et de douleur avant de courir dans le sens opposé pour s’éloigner de son maître et de la bataille, du sang s’écoulant de ses plaies. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne finisse par mourir de ses blessures et d’épuisement.
Le jeune homme pesta de colère et de frustration à l’encontre de ses adversaires, comme si ces derniers pouvaient l’entendre, dans des paroles mélangeant sa langue natale avec un Gondorien basique et très approximatif qu’il avait dû apprendre à la hâte depuis qu’il avait rejoint l’armée du Sultan avant de partir en campagne. Et c’est tout en se retournant vers l’origine des tirs et en levant un poing menaçant dans la même direction qu’il déclara :
- Rhhaaaaaa, ya kelbs, vous payer depuis moi !
Comme si les archers ennemis avaient entendu ses paroles, ce qui était peu probable, voire impossible vu la distance qui les séparait, ils répondirent par une nouvelle pluie de flèches contre les troupes Haradrims et, du moins en avait-il l’impression, Kareem lui-même. Ce dernier plongea au sol, priant Melkor de ne n’être perforé par aucun de ces projectiles meurtriers. C’était à croire que Melkor entendait ses invocations car le jeune homme s’en sortit indemne. A vrai dire, à bien y regarder, aucune flèche ne s’était fichée à proximité de lui, ce qui signifiait que soit il n’avait pas été prit pour cible, soit les tirs archers n’avaient pas généré de tirs perdus.
Adressant un rapide remerciement à son Divin Protecteur après s’être relevé, Kareem se mit en tête de trouver une nouvelle monture. Dans son malheur, le jeune homme constata que les montures encore en vie et désormais sans cavaliers ne manquaient pas et c’est vers un cheval entièrement noir, visiblement Haradrim à en juger par son harnachement, qu’il se dirigea. Il n’en fallait pas plus pour un homme issu des tribus du désert comme lui pour y voir un signe du destin. Il bondit sur la bête qui se cabra et rua dans un premier temps, cherchant à se débarrasser de cet indésirable qu’elle ne connaissait pas, avant de s’apaiser et se résigner à accepter son nouveau propriétaire qui avait tout fait pour parvenir à rester sur son dos et à en prendre le contrôle.
Kareem n’eut pas longtemps à chercher son futur adversaire lorsqu’il perçut les paroles de ce dernier :
- Au choc ! Au combat ! Aixoma-Quina !
La première chose qui frappa Kareem concernant l’individu qui avait prononcé ces paroles n’était non pas la hache d’arme lourde à double tranchant qu’il maniant avec aisance malgré son poids en se dirigeant vers un Sudéron, mais son accoutrement. Vêtu d’une armure intégrale (qu’il serait très difficile, voire impossible de perforer et encore plus d’entailler) et d’un heaume qui différait de celui des cavaliers de la Compagnie Blanche par son aspect, il portait des parures violacées qui le rendait bien visible sur le champ de bataille. Son destrier n’était pas en reste puisque lui aussi portait des plaques de protection et se voyait affublé de la même couleur. Mais qu’est ce qui pouvait donc passer par la tête de ces imbéciles d’indigènes Nordiens pour se parer ainsi de couleurs contrastant totalement avec leur environnement ? Autant hurler haut et fort « Je suis lààà, tuez moi ! ». A moins que Kareem ne fusse pas en mesure de comprendre et appréhender leur culture. Oui, ça devait être ça. Cela dit, l’heure n’était pas aux échanges culturels, mais au combat.
Le jeune bédouin fit galoper sa monture à toute allure pour charger en direction de ce curieux guerrier afin de fournir de l’aide à son congénère Haradrim. Vu que les lames allaient s’avérer inefficaces contre son armure, au moins, elles pourraient trancher le manche de la longue hache. Les coups de pieds et de pommeau feraient ensuite le reste contre cet adversaire à l’allure si particulière, mais pas dénuée de classe.
Kareem n’était pas encore parvenu au contact, mais il se rapprochait dangereusement, toisant férocement son adversaire. D’ici quelques secondes, la confrontation allait commencer.
Aelyn Veuve du Vice-Roi du Rohan
Nombre de messages : 386 Age : 34 Localisation : En Rohan Rôle : Vice-Reine du Riddermark - Guérisseuse
Il eut une sorte d’évènement inattendu qui sema le trouble sur le champ de bataille : l’arrivée d’un protagoniste fortuit vêtu de couleur vive. Mais Madreth n’était plus en état de se perdre en question inutile. Cet homme était visiblement de leur côté, il n’allait pas s’en plaindre. Le lieutenant profita de la diversion pour jeter un coup d’œil en direction de la forêt. Plus un seul rôdeur en vue. Autour de lui ses hommes tombaient comme des mouches. Il était temps. Leur mission était achevée.
« - RETRAITE ! » hurla-t-il aux derniers survivants. « A la forêt ! A la forêt tous ! Abandonnez les gués ! »
Il était un peu tard, mais au moins avait-il espoir de sauver quelques hommes, ceux qui auraient la chance de s’extraire du piège acérée. En bon officier, il serait le dernier. Du moins fut-ce ce qu’il pensait. Il n’en eut pas le temps. A peine débarrassé des masses d’esclaves qui l’accrochaient à lui qu’une autre vague le heurtait. Son cheval émit soudain un hennissement atroce qui lui retourna les tripes. Madreth réagit mais la bête, en tentant de cabrer, s’écroula brutalement, morte. Le lieutenant à la barbe blanche s’effondra avec elle. Le choc de l’eau lui coupa le souffle. Son épée vola et coula dans la rivière. Le bas de son corps était prisonnier du poids de sa monture. Il eut à peine le temps de lever son bouclier au dessus de sa tête avant de recevoir de plein fouet l’attaque de dizaines d’esclaves.
Madreth poussa un hurlement déchirant de douleur. Sa hanche céda sous le sabot d’un cheval haradrim dans un craquement écœurant. Ses bras commençaient à céder sous l’assaut. Le bouclier s’approchait dangereusement de son visage. Sans son casque de mithril, il aurait certainement eut le crâne fendu sous la pluie de bottes. Une lame se planta dans son épaule, une autre dans son abdomen, une autre encore et encore. Il n’en pouvait plus, ses forces l’abandonnaient… Seule la perspective d’une mort atroce le retenait de renoncer. Soudain la cavalerie adverse, au passage libérée, prit de la vitesse. Ils étaient si nombreux et les troupes de Sistien si peu. Quel espoir avaient-ils ?
Repoussés par leurs propres cavaliers, les esclaves abandonnèrent aux sabots leur prise moribonde. Cela aurait pu marquer sa fin, mais la carcasse qui le maintenait au sol fut repoussée et il glissa sans force dans le courant. Il fut emporté quelques mètres plus loin sur la rive.
Le monde avait un goût de sang… Un papillon voleta devant ses yeux avant de venir se poser délicatement sur son flanc déchiré. L’homme admira le bleu iridescent de ses ailes contraster avec le rouge carmin de son sang.
Sublime…
Il avait toujours pensé que s’il devait mourir par l’acier, ce serait en s’interposant entre Boromir et une lame. Etrange… Madreth ferma les yeux et s’autorisa à déverrouiller du fond de son cœur tout ce qu’il y préservait à l’abri du monde. Il y arracha ses regrets. Ses aventures éphémères qui l’avaient laissé vide et amère. Son mariage avec la si jeune Maliena, capitulant face à ses parents. Il l’avait rendue profondément malheureuse, au point de renoncer quand l’accouchement avait dégénéré. Son enfant enterré… Puis il y puisa ses meilleurs souvenirs. L’annonce de sa nomination. Un sourire. Sa promotion. Le jour où Boromir était venu lui annoncer la naissance de ses enfants, rayonnant de fierté. Celui où il avait taillé un petit arc à un Sistien boudeur de quatre ans. Expliqué à Seïcha que les garçons étaient tous des idiots « Même toi ? » « Haha, surtout moi, Princesse. » Il y avait des gens en ce monde qui trouvaient le bonheur, et d’autres qui ne le trouvaient qu’en celui des autres.
Le corbeau, dans le ciel, piqua vers lui et se posa près de sa main. Il attendait son festin. Le papillon, chassé, prit son envol. Le regard terriblement noir et intelligent croisa celui du mourant. Un vide insondable dans lequel Madreth se sentit tomber. Son cœur s'attarda une dernière fois vers le nord, pour chasser la peur, et une larme unique s’écoula le long de sa joue, suivant le sillon d'une profonde ride, avant que sa tête ne retombe lourdement dans la boue.
Evart Praven Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 335 Age : 32 Localisation : Minas Tirith Rôle : Trésorier Royal du Gondor
Il fallut quelques minutes à l’esclave des mines pour reprendre connaissance. La ruade du cheval l’avait heurté jusqu’au plus profond de ses chairs. Son souffle était court et il ressentait comme un sifflement. Sa tête tournait mais il parvint à reprendre suffisamment ses esprits pour essayer de jauger la situation. Le cheval qui l’avait chargé lui semblait gigantesque, il était monté un homme tout fait de fer et de tissus comme on racontait que les gens du Nord avaient. Etonnamment, il était seul mais sa charge faisait des ravages et laissait derrière lui une longue trainée de corps inertes. Heureusement, l’homme de fer était maintenant loin de lui donc ce n’était plus son problème.
Le combat pour le contrôle du Gué semblait être en passe d’être gagné par les Lanciers et les esclaves du Sultan. Les survivants des cavaliers du Nord aux casques argentés se repliaient vers la forêt au Nord. De leur côté, les esclaves se jetaient sur les corps au sol. Ceux qui étaient encore vie étaient tués tandis que leurs cadavres étaient souvent démembrés par les esclaves en furie. Dans certaines régions du Harad, on disait que manger le corps de ses ennemis vous donnait leur force. Bizarrement, cette rumeur s’était répandue dans le Bataillon Servile… En même temps, quand il n’y avait plus de réserve ou qu’on ne trouvait plus rien dans les environs, cela permettait de survivre…
Le repli des cavaliers apporta un soulagement bienvenu à Tusah. Il eut le temps de souffler un peu. Les autres esclaves se rassemblaient peu à peu. Ils n’étaient pas encore à portée des flèches des gondoriens mais le reste de l’armée s’approchait du gué et entendait bien le passer. Peu à peu, la compagnie à laquelle appartenait Tusah reforma sa ligne. Elle avait payé un lourd tribut et ne comptait maintenant que moitié moins d’hommes. Les autres reposaient sur les berges du Poros, vraisemblablement pour toujours. Au loin, leur maitre au fouet s’amusait à faire tournoyer, tout à la recherche d’une gloire futile. L’esclave des mines s’était toujours demandé pourquoi tant d’hommes courraient après la gloire. Cela leur apportait si peu.
Le temps que les manœuvres se fassent et que l’armée passe le gué, beaucoup d’esclaves s’assirent un peu plus loin pour prendre du repos. Suivre le pas des chevaux dans la longue marche qui les avait menés jusque là les avait tous épuisés tandis que le rude combat sur les berges avait été des plus éprouvants. Au loin, on pouvait voire le Sultan qui descendait de sa colline. L’homme le plus puissant du Sud le faisait avec une solennité et une majesté digne des plus grands monarques de la Terre du Milieu. Les hommes de sa maison qui l’entouraient sembler briller de milles couleurs comme pour montrer toute la richesse du nouveau Harad.
Le regard de Tusah se tourna vers le Nord. Il est vrai que le climat ici était doux et agréable. S’il avait pu, il aurait préféré vivre ici. Il était né sur les arides plateaux du désert haradrim et n’avait jamais vu autant de verdure qu’aujourd’hui. L’orée baignée de lumière semblait rapidement se transformer en une dense obscurité. La forêt lui faisait peur. Lorsqu’on les avait arrachés à leurs domaines et à leurs mines, on avait promis aux esclaves la liberté. Maintenant, ils étaient là. Ils devaient traverser cette épaisse forêt avec un rôdeur derrière chaque arbre. Le Bataillon était encore riche de nombreux « soldats » mais ils allaient probablement être décimés dans la forêt. Leur liberté allait être chèrement payée.
Estoc, retour, reprendre les rennes tombées, resserrer les hanches, tourner légèrement parer, percer. Un gondorien de moins. Boue, sang, eau rose, cris. Un Gondorien perd son casque. Quelle est cette habitude des westrons d''envoyer leurs jeunes enfants au combat? une trouée et...
- Au choc ! Au combat ! Aixoma-Quina !
Sulaïman sursauta en voyant l'énorme hache montée sur un ara géant de Kudushu qui lui fonçait dessus. Le danger était réel, palbable et définitivement cet homme le chargeait. Le porteur avait l'air riche, très riche et Arzawa était depuis récemment pauvre, trés pauvre. N'en déplaise au demi-elfe, la guerre c'était la guerre et quand il refuserait sa part au nom du valarisme ce serait tout ça en plus pour sa ville. Ce train de pensée, l'amena à l'autre conclusion logique au vu de la taille de la hache en approche. Il allait lui être impossible de capturer cet emplumé vivant et rester en vie lui-même.
Tant pis.
Il avisa ce qui dépassait des morts autour de lui et s'empara d'une hampe de lance en la tournant dans le corps de sa dernière victime. Le bruit de l'effort de son adversaire lui fit relever le bras juste à temps. Le premier coup de hache emmena la moitié du bouclier improvisé. Autour d'eux un couloir de combattants se formaient pour ne pas être pris dans le combat. La distance étant réduite, il continuait d'utiliser son arme avec plus de difficulté quand Sulaïman réalisa avec horreur ce qu'il visait.
La tête du cheval éclata. Le jet de sang sembla ravir le cavalier emplumé et masqua la vision de Sulaïman une demi seconde qu'il aurait préféré utiliser à gérer sa chute. Il sauta du cheval par l'avant et sans réfléchir envoya son cimeterre dans les jarrets de l'autre qui le dominait maintenant. il toucha mais le cheval blessé ne s'effondra pas de suite. La hache recommença à voleter au dessus de sa tête. Il para, esquiva et recula doucement vers la terre ferme où le reste des Gondoriens déguerpissaient au vu des cris de joies en différents dialectes suderons et umbarites autour de lui.
Son adversaire ne sembla pas autrement préoccupé de la retraite des Gondoriens. Le cavalier emplumé semblait ne pas non plus avoir vu l'autre haradrim qui éperonnait furieusement pour arriver derrière lui. Sulaïman voulait lui indiquer de ne pas le tuer sans baisser la garde mais dans le chaos il n'y parviendrait pas. acculé contre le sol par la hache du ara géant, il avisa un morceau de plastron qui trainait couvert des remugles de la bataille. Il passa son bras gauche au dedans en effectuant un tour sur son axe après sa dernière parade, sabre encore sous le tranchant de la hache et l'envoya vers le museau du cheval à pleine vitesse. il y eu un henissement furieux et puis un gros plouf. Le cheval était debout, son cavalier aussi mais il manquait un élément dans le cadre, Sulaïman ne plaçait plus lequel.