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 L'influence et ses limites

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Aldarion
Roi d'Arnor
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Aldarion

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L'influence et ses limites EmptyMar 28 Nov 2023 - 22:15

Pifas avait descendu le grand escalier du hall principal d'un pas leste et délicat que son embonpoint n'aurait pas laissé présager. Il arborait, comme à son habitude, son large sourire engageant qui l'avait sorti de bien des situations délicates.

Pifas travaillait à la “Maison de Sora” depuis qu'il avait l'âge de porter un plateau. Il connaissait le bâtiment par cœur ainsi que ses habitants et visiteurs habituels. La “maison”, qui tenait en réalité davantage du manoir voir du château, commençait seulement à s'éveiller.

La Comtesse n’était pas dans le grand salon et des voix attirèrent l’attention du domestique. Il traversa le couloir et vint se placer au sommet de l’escalier extérieur qui descendait jusqu’à la grande cour intérieure puis à la porte qui donnait sur la rue.

L'influence et ses limites Desora10
La "Maison de Sora"

Il ne fût pas surpris de trouver Maître Saemon Havarian en grande conversation avec la Comtesse. Pas qu'il espionne particulièrement les allers et venues, mais simplement parce que les visites du Comte en titre étaient souvent un événement qui faisait beaucoup parler les domestiques.

Bien que Saemon ait hérité du nom et des titres de feu Cantelmo, il avait en réalité concentré son énergie à la gestion de la Compagnie du Sud… ainsi qu'à d'autres affaires dont Pifas préférait tout ignorer. La Comtesse gérait en réalité les affaires de la famille ainsi que la demeure. Saemon gardait néanmoins une chambre, parmi les plus belles d’ailleurs, qu’il occupait lors de ses visites dans la capitale.

Pifas s’attendait presque à voir Saemon apparaître vu les circonstances. Les événements des derniers jours avaient remué Minas Tirith et il était homme à s’intéresser à ce genre d’aventures. Là nouvelle avait été confirmée hier quand la Comtesse avait ordonné que l’on prépare la chambre du Maître. C’était une précaution inutile car la chambre était prête en permanence.

L'influence et ses limites Saemon11L'influence et ses limites Mare_b10
#Saemon Havarian et #Erina #Alessa de #Sora

Erina Alessa de Sora était une femme forte mais une femme quand même. Bien que les mentalités soient en train d’évoluer, elle trouvait en Saemon un puissant relais et un filet de sécurité bienvenu.

“Merci d’avoir pris cette peine…”, l’entendit-elle murmurer.

Il balaya le remerciement d’un geste.

“C’est normal… mais comme convenu, tenez-moi au courant de ce qui remonte..”

Elle acquiesça silencieusement. C’était leur pacte, leurs bons arrangements entre amis.

“Vous avez-pu vous renseigner sur qui vous savez ?”, glissa Saemon.

Erina dodelina de la tête.

“Il est très affable, très sociable… mais il parle très très peu de lui. Je continue à laisser traîner mes oreilles. Je sais que l’homme du nord vous presse.”

Saemon sourit, il avait l’habitude de l’homme du nord et il avait appris à gérer ses impatiences.

“Parfait… Et si le lieutenant qui se fait passer pour un capitaine vous pose encore problème, revenez vers moi. Esmer est un ami.”

Il s’inclina respectueusement et s’éloigna. Il jeta un œil vers les deux statues de lion en bronze qui encadraient l’escalier. Elles lui rappelaient son ami Cantelmo. Il revint sur ses pas.

“Par contre, dites à Syp de faire profil bas. Je ne pourrai pas toujours le protéger. Même mon influence a ses limites.”

Il s’inclina à nouveau avant de se diriger vers le portail où l’attendait son escorte.


Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
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Learamn
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Learamn

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L'influence et ses limites EmptySam 20 Jan 2024 - 22:56
Suite de : De mal en pis







La table du petit-déjeuner avait été dressée dans la grande salle à manger qui les avaient déjà accueillis lors du dîner de la veille. Toutefois, seulement deux couverts y avaient été disposés face à face. Jenifaël et Floria, avaient toutes les deux quitté le Palais des Sora dès l’aube, retournant à leur quotidien et leurs vies “normales”. L’absence de la Comtesse de Sora était plus surprenante, elle avait partagé avec eux l’intégralité du repas de la veille et leur avait assuré qu’elle serait présente à leurs côtés tout au long de leur séjour. Pourtant, elle manquait déjà à l’appel. Sûrement une manière d’indiquer à ses convives que leurs petits déboires n’étaient pas sa seule préoccupation; en ce moment même des invités bien plus prestigieux arpentaient les allées du château pour des affaires de la plus haute importance. Alessa Erina de Sora était une personnalité hautement importante à Minas Tirith, et dans ce contexte de transition politique et sociale à Minas Tirith, ses conseils étaient tout aussi précieux que son soutien financier.

Ce fut donc l’imperturbable Eved qui accueillit, tour-à-tour Orline et Syp qui descendirent de leurs quartiers à une heure relativement tardive. Le manque de ponctualité avait le don d’agacer le majordome qui hésitait désormais à remplacer le café, déjà refroidi, qui se trouvait à table. La Comtesse avait ordonné à ce que on les traite au mieux et ainsi Eved n’avait pas lésiné. Des plateaux de fruits venus du monde entier trônaient au centre, peut-être Orline pouvait y reconnaître des produits exotiques qui ne poussaient que dans sa région natale. Des viennoiseries et gourmandises en tout genre ainsi que plusieurs choix de boissons chaudes et d’infusions visant à leur donner l’énergie nécessaire pour affronter cette nouvelle journée d’hiver.

Dehors, ils pouvaient voir à travers les larges vitres du réfectoire, que le temps était particulièrement maussade. Un ciel grisâtre et quelques gouttes de pluie qui venaient s’écraser sur le sol dallé de la cour intérieur. Les deux anciens agents de l’Arbre Blanc purent manger à leur faim, l’estomac encore creusé par des jours de captivité et de frugalité. Eved remarqua cependant qu’un silence légèrement perturbant régnait entre les deux, était-ce le signe d’une gêne relative à des événements survenus la nuit passée? Il le saurait tôt ou tard, rien de ce qui ce passait entre ces murs ne pouvait pas remonter à ses oreilles.

Une fois les invités rassasiés, Eved ordonna aux autres domestiques de débarrasser la table et de quitter les lieux. Il s’adressa ensuite à Syp et Orline sur un ton parfaitement neutre, comme s’il énonçait simplement des affaires quotidiennes et banales du château.

“La Comtesse vous prie de l’excuser pour son absence ce matin. Des affaires pressantes ont requis sa présence.”

Il se dirigea ensuite vers l’une des grandes tapisseries brodées qui ornaient l’un des murs de la pièce. Un lion majestueux tenant entre ses griffes un gigantesque serpent y était représenté avec un talent certain. Il repoussa légèrement l’épais tissu et poussa des deux mains sur un pan du mur. Celui-ci s’enfonça soudainement révélant un passage dérobé qui donnait sur une volée d’escaliers donnant sur les sous-sols. Eved les invita à s’approcher de la porte secrète.

Ces escaliers vous conduiront vers une pièce qui vous servira de quartier général jusqu’à la fin de votre séjour. Tous les détails de votre mission vous y attendent.”

Sans dire un mot de plus, Eved quitta les lieux, laissant Syp et Orline en face de leur destin. Après quelques secondes d’hésitation, tous deux se décidèrent à emprunter l’escalier qui descendait en colimaçon. À mesure qu’ils s’enfonçaient dans les souterrains du palais, il devenait de plus en plus difficile de ne pas penser aux geôles glaciales qu’ils avaient quittés la veille. Cette fois-ci pourtant ils étaient libres; du moins le pensaient-ils…

Les marches s’arrêtèrent finalement devant une épaisse porte en bois; une immense serrure rouillée avait curieusement été placé en son centre. Au travers de l’entrebâillement ils purent distinguer la lueur de torches qui venaient d’avoir été allumées. De toute évidence quelqu’un se trouvait déjà en ce lieu mystérieux?

Un cambrioleur? Un espion ennemi? Un officier de l’Arbre Blanc? Se pourrait-il que Zehev soit parvenu à les retrouver après avoir négocier la responsabilité de cette mission?

N’ayant pas véritablement d’autre choix, ils poussèrent la porte. La pièce secrète était bien exiguë, une chambre circulaire dont le diamètre ne dépassait pas quelques mètres. Il y était compliqué de se mouvoir avec aisance à cause de la quantité impressionnante de mobilier qu’on y avait disposé. Il y en avait pour tous les goûts; des bureaux ouvragés, d’immenses bibliothèques dont les étagères ployaient sous le poids des livres qu’elles soutenaient, ou encore de grands tableaux noirs sur lequel on avait épinglé des documents et images diverses, parfois liés entre elles par des traits de craies ou des rubans de couleur rouges.
Au centre de ce curieux spectacle, leur tournant le dos se tenait une femme. Les nouveaux arrivants n’avaient pas encore vu son visage, mais Syp avait bien reconnu cette chevelure nivéenne si unique.

Elle se tourna finalement vers eux, les analysant de la tête aux pieds de son regard perçant.

L'influence et ses limites Neiger10
#Neige  


“ Soyez-les bienvenus au Repaire. Je suis Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc.”




Neige…Ce nom évocateur était, au fil des années, devenues l’un des symboles des services de renseignements du Gondor. Si elle gardait sa véritable identité secrète aux yeux du monde, y compris auprès de ses alliés, le surnom qu’elle avait adopté n’était pas inconnu pour ceux qui s’intéressaient à la sécurité de leur royaume. Beaucoup d’histoires circulaient au sujet de celle que l’on considérait comme le meilleur agent de la Couronne. Certaines étaient probablement exagérées, voire carrément fantaisistes, mais tous témoignaient des états de services de la belle espionne aux cheveux blancs. Syp pouvait en témoigner. Il l’avait vu se battre dans l’enceinte de l’Université face aux hommes de Rhydon. Grâce ç son intervention salvatrice et ses talents, le groupe menée par Petrus dont faisaient partie Syp et Judia étaient parvenus à prendre le dessus sur le Directeur.

“Depuis de longues années, ce lieu abrite des défenseurs de la liberté et des Peuples Libres. Passeurs d’Etoiles, Chevaliers du Cor Brisé, Arbre Blanc. Tous ont pu bénéficier de la protection des Sora pour préserver la sécurité des habitants de la Cité Blanche.”

Neige plongea la main dans le revers de son veston en ressortant deux petits médaillons représentant un petit arbre.

“Si vous êtes ici, c’est que vous avez déjà accepté la proposition de l’Arbre Blanc.”

Elle leur tendit les pendentifs.

“Tâchez de ne pas les perdre cette-fois ci. Et bien entendu, ne les portez pas en évidence sur vous en public.”

La dernière instruction emblait évidente pour des espions mais avec le fiasco qu’avaient représentés certaines des recrues les plus récentes, il valait mieux se montrer prudent. Zehev et Sined avaient vraiment rempli leurs rôles d’instructeurs par-dessus la jambe.

“Vous vous êtes engagés à servir la Couronne du Gondor et, ce faisant, laver votre honneur…”

Elle marqua une pause, hésitant à poursuivre sa phrase.

“... ainsi que le mien.”

Présente lors du meurtre de Rhydon, et figure cachée mais cruciale du soulèvement de la cité Neige avait été déclarée comme traître à sa patrie par le Général Catogan. Malgré la mort de ce dernier, son statut n’avait pas officiellement changé. La Reine avait conservé sa confiance en elle mais elle devait agir vite pour prouver le bien-fondé de toutes ses actions. Pour ce faire, Syp et Orline joueraient un rôle important.

“Ce n’est pas une nouvelle, Lord Rhydon était un salaud. Je connais les liens qui vous lient à notre ancien Directeur, Orline, mais croyez-moi, aucun serviteur loyal au Gondor ne pleure son décès.”


Elle lança un regard appuyé à Syp, le bras qui avait prématurément mis fin à la carrière du chef de l’Arbre Blanc.

“Cependant le Haut-Juge a été assez clair sur le fait qu’être un salopard ne peut être un motif pénal méritant la peine de mort. Ce qui fait donc de nous, des meurtriers. Ce qui explique votre passage par la case prison. Toutefois, tout n’est pas perdu, à la suite de négociations fructueuses, la Cour nous accorde deux semaines pour assembler assez de preuves afin d’établir la culpabilité de Rhydon mais également localiser les alliés et autres dignitaires corrompus qu’il a fait placer dans chaque strate de la société de Minas Tirith.”

Le regard de Neige se porta sur le tableau sur lequel elle avait déjà disposés de nombreuses pistes, réflexions et autres indices.

“Là était la force du Directeur. Il ne se salissait quasiment jamais les mains de manière directe, ce qui rend notre tâche encore plus difficile. Notre meilleure chance est de recueillir des témoignages pouvant l’incriminer et montrer qu’il ne servait pas les intérêts du Royaume. Il y’a des preuves de nature différente que nous devrons regrouper également mais je dois encore creuser le sujet…”


Le regard émeraude se posa sur Syp.

“Des questions?”


Elle se tourna ensuite vers Orline.

“Des objections?”


En étudiant leurs dossiers, elle savait que ces deux recrues seraient délicates à gérer. Syp ne poserait aucun problème sur le plan idéologique, son aversion pour Rhydon et le système qu’il avait contribué à renverser quelques jours plus tôt ne souffrait plus d’aucun doute. Petrus avait fait du bon travail sur ce plan-là, et puis c’était un Sora, et ceux-ci ne se trouvaient que rarement du mauvais côté de l’Histoire. Toutefois son sens de l’honneur rigide à souhait, sa maladresse émotionnelle et son manque de sang-froid dans certaines situations pouvaient représenter un souci dans une mission si délicate.

Quant à la belle du Harondor, elle regroupait certains des atouts les plus importants pour un espion de l’Arbre. Intelligente, capable de manipulations, prête à dépasser les limites pour arriver à sa fin. Des éléments que la Capitaine comptait bien exploiter. Cependant il y avait l’histoire sombre de sa famille que Rhydon avait instrumentalisé pour la prendre sous son aile et assurer la protection des Haradiel, dans ce qui n’était qu’un odieux chantage. Tout cela pouvait compliquer les choses. Mais Neige devait travailler avec ceux qui étaient à sa disposition.

“Bien maintenant que tout est clair. Voici mes instructions générales: je serais votre officier superviseur. Vous ne ferez de rapports à nul autre que moi. Chaque élément recueilli, même le plus insignifiant, devra m’être rapporté dans les détails les plus précis. Chaque preuve devra être ramenée ici et nuls autres yeux que les miens ne pourront les regarder.  L’ordre semble être rétabli dans les rues, mais il y a encore des forces dans la capitale qui ne désirent pas nous voir réussir dans notre entreprise. Est-ce bien compris?”

Une fois l’approbation des deux recrues obtenus, Neige passa derrière le massif bureau qui trônait au centre de la pièce. Elle ouvrit le tiroir et en retira un morceau de parchemin soigneusement plié qu’elle tendit à Syp et Orline.

“Voici un document que j’ai pu retirer des archives de l’Arbre Blanc.”

Spoiler:

Elle leur laissa plusieurs dizaines de secondes pour leur laisser le temps de lire la lettre énigmatique.

“Alors qu’en pensez-vous?”


The Young Cop


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Kryss Ganaël
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L'influence et ses limites EmptyDim 21 Jan 2024 - 20:24


Une fois les portes de bois refermés et Syp de Sora parti, Orline s’était laissé glisser le long du bois froid, les larmes roulant le long de ses joues, les épaules tremblantes. Serrer les dents. Repousser ses cauchemars. Elle n’avait pas d’autre choix, après tout. Plus que jamais elle devait se montrer forte, sa famille comptait sur elle.
Elle resta néanmoins un moment ainsi sur le sol de pierres, se laissant à l’abandon. La peur, les horreurs vécues, et les geôles lui avaient couté cher. Jamais, oh non jamais elle n’oublierait la sensation des fers autour de ses poignets, de ses chevilles. D’une main distraite elle les massa, enfonça la pommade cicatrisante profondément dans sa peau. Il était encore relativement tôt ce soir-là, mais elle était épuisée par les derniers évènements.
Elle se releva donc, chancelante, vêtue d’une simple robe de nuit, et se tira jusqu’au lit à baldaquin qui l’appelait, près de l’âtre. Elle s’y affala en poussant un gémissement de douleurs et de soulagement, utilisa ses dernières forces pour tirer sur elle les couvertures épaisses et duveteuses de la demeure de Sora…Et bientôt sombra dans les profondeurs des songes, dont elle ne garda aucun souvenir.

Le lendemain cependant elle fut réveillée par les premières lueurs de l’aube arrivant directement sur ses yeux en un rayon vicieux, implacable. Naturellement lève-tôt, certaines habitudes ne disparaissaient pas, malgré qu’elle aurait mieux fait de profiter d’heures supplémentaires de repos. Elle se leva donc, tenta de reprendre le contrôle de sa vie. Elle commença donc par quelques étirements visant à dénouer ses muscles endoloris, et observa avec contentement les effets bénéfiques des soins apportés sur ses bleus. Certains prendraient plus longtemps à disparaître, notamment celui de sa pommette, mais elle était satisfaite. Elle s’approchait de la fenêtre pour observer la Cour, et surprit le départ de Floria…un sentiment de tristesse et d’amertume au plus profond de son être pour cette femme qu’elle n’avait su sauver, épargner.
Elle se doutait qu’elle ne pourrait pas emprunter de monture. Elle avait beau avoir le statut d’invitée ici, sa réalité était, elle le savait, bien différente. Elle était prisonnière de l’Arbre Blanc, avec autant de forces qu’aux temps du Directeur Rhydon. Elle continua donc ses exercices dans sa chambre, se concentrant essentiellement sur ses sensations physiques, gardant bien loin toutes préoccupations mentales. Qu’elle garde au loin ce regard d’orage..et les sensations de ses lèvres rugueuses contre les siennes. Elle ferma les yeux, raffermit sa volonté.

Qu’elle ne fut son plaisir que de retrouver ses vêtements même sobres qu’elle portait à son arrivée, propres après sa toilette matinale. Elle attacha de gestes fermes le poignard contre sa cuisse, reconnaissante de la famille de Sora de les avoir récupérés aux gardes de la Cité. Elle serra ensuite son corset. Peut être un peu trop fort, sentit l’armature heurter ses côtes endolories. Elle ne le desserra pas néanmoins. Ce pic de douleurs l’aiderait peut-être à garder l’esprit clair, en présence de son ‘compagnon’ d’infortunes.
Elle le retrouva à la table du petit déjeuner, après qu’elle ait remercié d’un signe de tête Eved, le majordome. Elle fut ravie, une fois de plus, de la sélection luxueuse des mets, certains qu’elle n’avait pas eu l’occasion de goûter depuis son départ du Harondor. Vers ces fruits porta son choix et elle ne put retenir un soupir de contentement, fermant les yeux pour mieux profiter des saveurs exotiques de son « chez elle ». Cependant…cependant pas un mot de fut échangé avec Syp, une gêne marquée entre eux et tout ce qu’il s’était passé la nuit dernière… La jeune femme baissa le regard mais ne pouvait s’empêcher d’observer ces mains viriles de l’autre côté de la table. Ressaisis-toi, s’intima-t-elle. Elle s’éclaircit la voix d’un raclement de gorge, la main contre ses lèvres, mais ne dit rien et se concentra sur les victuailles.

Une fois fini, elle se laissa guider par le majordome en silence, l’angoisse montant doucement dans ses entrailles. Enfin, le moment était venu. Ils apprendront quel est le prix de leur libération…et peut être que l’emprisonnement à vie ou la potence aurait été un choix préférable. Elle déglutit, de légers frissons lui parcourant l’échine. Elle ne cilla pas à la découverte du passage secret. Toutes les nobles maisons en possédaient…la sienne aussi, bien que moins imposante…Elle laissa Syp prendre les devants, ouvrant la marche dans cet escalier en colimaçon plongeant dans les abysses. Les souvenirs des geôles encore trop frais dans son esprit, lui arrachèrent un léger gémissement de crainte. Mais elle était brave, Orline Haradiel. Elle prit une grande inspiration, et le suivit, sa main frôlant l’épaule de son compagnon devant elle pour empêcher toute chute dans les escaliers, se refusant pourtant de l’accrocher tout à fait.
Ils franchirent ensuite une lourde porte de bois les menant dans une pièce circulaire hétéroclite que la jeune femme pris un moment à observer, cherchant un lien, un thème, un moindre sens. Ce ne fut qu’après un bref instant, une fois dégagée du dos de Syp, qu’elle s’aperçut qu’ils n’étaient pas seuls. Elle était victime de mutisme et ne put que cligner des yeux et faire une brève référence devant cette femme à l’aura charismatique écrasante et à la chevelure lunaire. Son nom ne lui disait rien…mais elle pensait se remémorer des pancartes de recherche à son effigie.

Elle ne s’était pas attendue à de telles révélations, ni de l’implication de la famille de Syp dans toutes les strates des défenseurs de libertés. Cela en était honorable, impressionnant…Naïf et idéaliste aussi, selon la belle Haradiel…D’une main résignée, elle s’empara du pendentif qu’elle glissa sous sa robe et son corsetage, collé désormais au médaillon de son frère. Déjà, déjà elle sentait les branches de l’Arbre s’enfoncer dans sa peau, y propager ses ramifications dans son être. Elle serra les dents.
Orline se retenait toujours lorsque la « fameuse » Neige maudit le nom du Directeur qui avait permis à sa famille de survivre jusque-là, de protéger son père. Son regard, cependant, se voila d’une colère sourde. Il lui faudrait du temps…pour accepter cette réalité. La vérité sortait toujours de la bouche des vainqueurs, n’est-ce pas ? Dans cette situation, Orline se sentait vaincue sur tous les plans. Elle serra son poing, qu’elle camoufla dans les plis de ses jupons. Pouvait-elle seulement demander la protection de sa famille au niveau régime de l’Arbre ? Probablement pas, pas sans avoir fait ses preuves. Elle serra les dents et baissa le regard, se contentant d’acquiescer de la tête quand demandé.

Elle lut la lettre par-dessus le bras de Syp, se penchant par-dessus, sa main frôlant la sienne pour maintenir le document en place et en faciliter la lecture. Que de mystères…
Sa voix était ferme, le regard résolu, lorsqu’elle prit la parole :


- Nous devrions retrouver tout d’abord retrouver les agents fidèles de l’Arbre. Daren Derworin et Närwel Rusk-Târ. Je pense qu’ils pourraient nous aviser des méthodes à employer pour aborder les différentes pistes.


Ils ne pouvaient pas tout simplement se mettre à traquer les différents suspects de corruption. Ils n’avaient aucune ressource, aucun entrainement en bonne et due forme. Leurs chances de réussite étaient moindres…mais Orline n’avait pas d’autres solutions pour sauver sa famille.
Elle avait senti des menottes sur ses poignets et ses chevilles. Pourquoi les ressentait-elle donc autour de sa gorge, également ?


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:39, édité 3 fois
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L'influence et ses limites EmptyDim 4 Fév 2024 - 14:38
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En descendant cet escalier, Syp n’avait pas un seul moment pensé tomber sur Elle. C’est vrai qu’à la mention d’un passage secret et d’une salle derrière, il aurait pu se douter y trouver un agent, de l’arbre ou de quelques autres organisations secrètes de la cité blanche, un piège tendu par le foudre Zehev. In fine, il se serait douté de n’importe quoi d’autre que Neige.

Et au moment même où il la vit, avec sa chevelure couleur de nuage, il revit les sombres souterrains. Les ombres projetées par les torches aux murs, l’odeur de la sueur et du sang. Les gardes en armures lourdes de Rhydon. Derrière eux une elfe, le corps de Félian, et Neige qui se battait comme une diablesse. A ses cotés, dans un recoin d’ombre, ses compagnons d’infortune. Puis le bruit d’une corde qui se détend, l’impact mat du carreau dans l’homme devant lui, la silhouette de Petrus en haut de l’escalier en colimaçon . Puis le jet de sang, comme une petite fontaine, qui jaillit du cou tranché de Rhydon, et son cimeterre ensanglanté dans sa main, puis la fuite éfrénée.

En quelques secondes l’arrivée de Neige venait de bouleverser à nouveau la vie de Syp. Il était encore une fois pris dans les filets de l’histoire, une histoire qui le dépassait sûrement, mais dont il ne pouvait pas encore s’extraire. Mais il était bien décidé à s’en sortir, et à faire en sorte qu’Orline s’en sorte aussi, coûte que coûte. Et les explications qui suivirent à propos de leur mission ne lui donnèrent pas tort…

[---------]

Syp avait parfaitement comprit leurs buts, et il n’aurait pas pu penser à quelque chose lui convenant plus que cela. Il faut croire que des puissances supérieures partageaient ses vues idéologiques à propos de l’arbre, car il avait enfin la possibilité de défaire ce que le sombre Rhydon avait fait, et de refaire de l’arbre blanc l’organisation bienfaisante qu’elle avait été. De plus, il fallait croire que c’était un destin typique de De Sora...Et il avait envie de revanche, il avait envie de justice, et envie de liberté. Alors il se ferait un immense plaisir de remplir cette mission aussi bien qu’il le pouvait.

Ainsi il prit déjà connaissance de la lettre, puis il écouta la proposition de sa compagne.

«  Je pense qu’Orline à raison sur ce point, nous ne pouvons pas nous lancer ainsi dans l’inconnu total. Ainsi retrouver ces deux hommes pourrait nous aider à éclaircir certaines zones d’ombre. De plus, je pense nous pourrions aussi aller voir, après cela, vers ce que nous connaissons déjà...Par là j’entends la famille d’Orline, en effet comme on le sait... » Syp se tourna pour regarder Orline dans les yeux, avec un léger sourire « Sa famille a eut des liens avec Rhydon,et je ne les en accuse pas, mais peut être aussi avec d’autres de ses pions, et il se peut que par là nous pourrions remonter vers quelques taupes...Qu’en dites-vous Neige ? De même pensez-vous qu’aller toucher deux mots à De Vigo puisse être utile ? Au cas où lui-même sache quelques choses à propos des trois liés a Rhydon cités dans la lettre. Enfin, je pense que nous pouvons aussi nous servir du réseau des De Sora, mais j’imagine que la comtesse vous a déjà tout dit ? Par contre, peut-être peut-on aussi interroger d’autres de la maison, je sais qu’Eved est au courant de bien des choses, par exemple, et de plus digne de confiance. De cette façon nous pourrions aussi trouver des endroits où collecter des informations dans la cité blanche... »

Après que Neige eut répondu à ses interrogations, Syp aborda un sujet plus terre à terre mais tout aussi crucial pour eux .

- «  Il nous faut aussi de quoi nous équiper, si possible des armes faciles à cacher, des armes plus conventionnelles pour des situations désespérées, de quoi changer complètement notre apparence, du matériel pour prendre des notes, de l’argent aussi bien sur, ce type de gâteries...Et il faudrait aussi que j’apprenne à Orline à se battre, ou au moins à tuer un homme sans laisser de trace, à la main dans le pire des cas... »
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L'influence et ses limites EmptyLun 5 Fév 2024 - 10:51

Les mots coulèrent de la bouche de son compagnon, d’une voix rauque mais assurée. Orline, quand à elle, était comme sonnée et prise de vertige. Elle fit de son mieux pour se concentrer, réunir son courage, réfléchir stratégiquement. Comment, comment mener à bien cette mission, et le plus rapidement possible ? Comment limiter les risques, les dangers, et faire en sorte d’acquérir le pardon judiciaire pour sa famille, et idéalement remonter leurs affaires ? Une boule d’angoisse dans l’estomac, la jeune femme écouta néanmoins.

Qu’elle ne fut sa surprise, lorsqu’elle entendit l’idée de Syp de Sora d’impliquer ses parents pour en apprendre davantage. A cette notion elle l’interrompit d’une voix sèche, implacable :


- Laissez ma famille en dehors de cela. Ils ne sont au courant de rien.

Elle déglutit avec difficultés et son regard se fit dur, violence sourde cachant derrière ses prunelles brunes. Non, ils n’étaient au courant de rien, et c’était mieux ainsi. Qu’en diraient-ils, de voir ainsi leur fille en servante, en esclave d’une institution, mettant sa vie même en danger ? La honte qui les gagnerait, de l’avoir poussé dans ces derniers retranchements….la colère, de son mensonge, de ses secrets.

Non, ils n’étaient au courant de rien, et elle ferait tout pour qu’il en reste ainsi. Tout n’était que leurre, mais Orline ne pensait pas trouver la force d’affronter le regard de déception que ses parents lui jetteraient. Une énième déception venant de cette fille qu’ils aimaient si profondément, mais qui n’était pas son frère… L’amour avait un prix. Il était marqué en rouge, en bas des livres de comptes. Il était marqué sur les murs désormais vides de leur demeure, vide de tableaux de maîtres, leurs collections de livres et objets d’art éparses…voilà le prix de l’amour de ses parents. Le vide, le gouffre.

Sa mâchoire se resserra et elle affronta un long moment le regard d’orage de Syp qui était probablement quelque peu perdu d’une telle réaction. Sa colère, tout juste maîtrisée, lui causait de légers frissons sur ses épaules, firent trembler quelque peu ses mains, cachés dans ses jupons.
Non, ils n’étaient au courant de rien. Qu’on accorde au moins la paix d’esprit à ces parents déjà endeuillés et endettés. Cela….était bien la seule chose qu’Orline pouvait leur octroyer pour le moment…

La suite des idées vola dans l’air où une tension était palpable, la jeune femme fit de son mieux pour calmer la tempête en elle, sa fierté meurtrie par les différentes insultes envoyées par Neige sur le Directeur, et l’indélicatesse de Syp. Stupide, stupide elle était. Et impuissante.
Son regard chercha une distraction autour d’elle, se forçant à de profondes inspirations et expirations. Une chose à la fois.


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:39, édité 1 fois
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Learamn
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L'influence et ses limites EmptyDim 11 Fév 2024 - 22:50
L'influence et ses limites Neiger10
#Neige  





Neige fronça les sourcils d’un air perplexe. Elle se doutait que la collaboration entre Syp er Orline ne serait pas de tout repos mais elle ne s’attendait pas à ce qu’ils se donnent ainsi en spectacle devant leur supérieur hiérarchique. Derrière ce désaccord autour de l’implication de la famille de la jeune, la capitaine de l’Arbre Blanc voyait un sous-texte trahissant quelques tensions. L’espionne n’avait pas sa pareille pour lire les personnes comme dans un livre ouvert, c’est ce qui avait fait sa réputation au sein de l’organisation. Quand elle voyait quelque chose en un interlocuteur, elle visait toujours juste.

Des sentiments divers s’emmêlaient dans l’esprit des jeunes recrues: rancœur, attirance, colère… Autant de distractions qui pourraient leur faire perdre de vue ce qui importait vraiment ici: la mission. Pourtant, dans l’idée, la proposition de Syp n’était pas la plus saugrenue. Elle avait lu dossier concernant la famille Haradiel, en particulier les activités financières pour le moins obscures de Daeron Haradiel. Des éléments que Lord Rhydon avait allègrement utilisé lors du recrutement d’Orline, lui promettant une protection à la fois physique et juridique pour elle et sa famille. Un exemple parmi tant d’autres des manipulations et chantages de l’Ancien Directeur. Des cas comme celui-ci, il en existait des dizaines. Toutefois, Syp avait mal évalué la chose en proposant de mêler la famille d’Orline à toute cette affaire. De quelle manière s’attendait-il à ce qu’elle réagisse? Mêler la famille de l’un des agents dans une mission hautement confidentielle n’était pas forcément la meilleure des idées. De plus, les Haradiel ne faisaient pas partie des gros poissons que Neige comptait bien démasquer. Malgré leurs affaires, rien n’indiquait que Daeron faisait activement partie du réseau mis en place par Rhydon à travers toutes les strates de la société de la Cité Blanche. Du moins rien ne l’indiquait à priori. Neige nota dans un coin de sa tête qu’elle devrait sans doute regarder ce dossier de plus près. Mais de cela, Orline n'avait pas à être au courant.

L’officier soupira légèrement face aux demandes des recrues; la formation des recrues n’était pas son fort. Elle détestait avoir un novice dans ses pattes durant ses missions; elle travaillait bien mieux en étant seule. Apprendre, transmettre avec patience; Sined avait toujours été plus doué qu’elle dans ce genre de choses. Pourtant dans le cas présent, elle n’avait d’autre choix que de composer avec ceux qu’on avait bien voulu lui donner.


“Inutile de mêler la famille d’Orline à cette affaire. Si des crimes ont été commis, le Haut-Juge effectuera son travail, mais les Haradiel ne font pas partie des personnes pouvant établir clairement la culpabilité de Rhydon. Il nous faut viser plus haut, des collaborateurs proches de l’Ancien Directeur travaillant activement avec lui, parfois sous les menaces, ou alors en perspective de faveurs et récompenses…Les trois noms listés sur la lettre en font assurément partie.”


Elle grimaça légèrement quand les deux recrues évoquèrent les agents ayant apposés leur signature sur le parchemin. Si seulement ils étaient là.

“Nârwel et Daren ont fait partie des meilleurs éléments de l’Arbre Blanc. Cependant, ils ont fui la capitale peu après avoir remis cette lettre au Directeur. Depuis, plus aucune nouvelle d’eux. On ne retrouve pas aisément un agent de l’Arbre Blanc qui désire rester caché aux yeux du monde. Quant au Commandant De Vigo…”

Neige insista lourdement sur le grade de l’actuel chef de l’Arbre Blanc tout en fusillant Syp du regard; lui faisant comprendre que le respect de la hiérarchie n’était pas optionnel au sein de l’Arbre, en particulier à l’égard d’un homme qu’elle respectait.

“Quant au Commandant de Vigo, il a tout simplement mieux à faire. S’il nous a confié cette tâche, c’est bien qu’il avait d’autres dossiers à gérer. Pour le moment nous ne pouvons compter que sur nous-même.”

La capitaine reprit le parchemin des mains de Syp et parcourut à nouveau les quelques lignes rédigées par ses anciens frères d’armes. Elle en connaissait le contenu par coeur mais en relisait chaque mot avec attention, comme si elle espérait en tirer quelque chose de plus qu’à sa dernière lecture.

“Il nous faut nous concentrer sur ces trois noms. De toute évidence ils étaient de mèche avec Rhydon d’une façon ou d’une autre. Il nous faut les faire parler, les pousser à témoigner devant la Cour même. Peut-être ont-ils d’autres noms que nous ne soupçonnions pas? Voyons voir… Sauer est introuvable depuis les émeutes et Avner réside en ce moment au Palais et je n’ai pas encore trouver le moyen de nous y infiltrer. Ce qui nous laisse avec…Angelus Unthor, le Commissaire aux impôts. Un parvenu et un fonctionnaire corrompu jusqu’à la moelle, il ne devrait pas être trop compliqué de l’exposer. Il est un homme prudent cependant; et protégé depuis les émeutes, s’en approcher à l’improviste ne sera pas chose aisée. Selon mes informations, il a ses habitudes dans l’une des avenues commerçantes du Haut de la Cité. L’allée des Couturiers. Il y a été aperçu plusieurs fois cette semaine déjà, il fait ses emplettes peu avant le déjeuner. ”

Neige jeta un regard à l’horloge.

“Et vous êtes déjà en retard. Vous feriez mieux d’y aller.”

Pas de formation, pas d’instructions précises. L’espionne avait très bien entendue les nombreuses demandes de Syp de Sora mais n’avait pas forcément tenu à lui répondre clairement.  Il pouvait bien tirer les conclusions de lui-même. Des armes? Le port d’arme était toujours en vigueur et se balader avec une épée à la ceinture n’était clairement pas le meilleur moyen de passer inaperçu. Il pouvait bien tirer un couteau de la cuisine de sa tante si cela le rassurait. Une formation au combat? Le temps leur était compté, elle n’était pas là pour dispenser des cours d’escrime. Quant au matériel pour écrire des notes…elle préféra oublier qu’un agent de l’Arbre Blanc ait pu lui formuler une telle demande. S’ils étaient incapables de dégotter un stylet et un calepin, alors débusquer des tâches incriminant Lord Rhydon allait être une tâche encore plus ardue que prévue…

“Vous ne m’avez pas entendu? Vous êtes déjà en retard.”

Sur ces mots secs, elle saisit sa cape de voyage et rabattit sa capuche, laissant Orline et Syp à leur mission. De son côté, elle comptait bien confronter la personne qui avait censuré la lettre.



-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


L’Allée des Couturiers étaient une des rues commerçantes les plus fréquentées du Sixième Cercle. Les enseignes y étaient réputés et toute la noblesse de la ville venaient ici pour refaire sa garde-robe ou trouver une tenue de qualité avant un évènement. Il y en avait pour tous les goûts: tailleurs, chapeliers, cordonniers; tous spécialisés dans la confection de pièces luxueuses dont le raffinement n’avait d’égal que le prix exorbitant. Mais pour les clients qui parcouraient ces magasins, le prix importait peu.

Postés au coin de la rue, Orline et Syp observait les allées et venues, en quête de leur cible qui ne tarda pas à poindre le bout de son nez. Crâne dégarni, moustache bien garnie, un embonpoint bien bombé qui tirait sur les boutons de son veston et toujours accompagné de deux gardes non inquiétés pas l’interdiction du port d’armes. Pas de doute, il correspondait bien à la description que Neige avait fait du Commissaire aux Impôts.

Angelus échangea quelques mots avec l’un de ses gardes et s’approcha d’une boutique. Les deux colosses se postèrent de part et d’autre de la porte, tandis que le haut-fonctionnaire entrait à l’intérieur.  Sur l’écriteau, était inscrit en lettre d’or:

Citation :

“Chez Iweçain Loran, Tailleur.”


Un intitulé bien sobre pour l’un des meilleurs artisans dans son corps de métier. Reconnu à travers tout le royaume, il recevait même des commandes depuis l’étranger. Confectionnés à partir des meilleurs tissus importés des quatre coins du continent, ses pièces étaient reconnues pour leur finesse et justesse. Il se murmurait même que, victime de son succès, Loran s’était mis à refuser des clients et que seuls les habitués pouvaient désormais mettre le pied dans son magasin.

De toute évidence Angelus était un de ces habitués. Un endroit bien luxueux pour un simple commissaire aux comptes. C’était également l’un des rares moments où il se trouvait relativement éloigné de ses gardes.

Syp et Orline échangèrent un regard. Tenter de pénétrer dans la boutique pour en savoir plus ou attendre qu’il en sorte pour continuer à le suivre? Ils devaient choisir vite.


----------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Sitôt le Palais des Sora quitté, Floria Morbise avait remis en ordre la maison de Judia, encore hantée par les souvenirs de sa sœur disparue. La tâche lui avait pris plusieurs heures depuis son arrivée. Peut-être la tâche lui aurait pris moins de temps si elle ne s’était pas longuement arrêtée sur chaque objet, relique personnelle; essayant de se remémorer ce que cela pouvait représenter pour Judia.

Alors qu’elle pensait enfin avoir terminé et qu’elle s’accorda quelques minutes pour s’asseoir et dessiner; on toqua à la porte.

“Floria? Floria Morbise? Vous êtes bien ici?”

Le sang de Floria ne fit qu’un tour, de qui pouvait-il bien s’agit. Qui avait bien pu la retrouver encore une fois? Un autre agent de l’Arbre mécontent envoyé par le capitaine Zehev? Un émissaire de la Comtesse de Sora? Ou alors pire…son fiancé?

En risquant un regard à travers le judas de la porter elle put souffler de soulagement. Il ne s’agissait à priori d’aucune de ces options. Un homme, la quarantaine d’années, le front légèrement dégarni, signe d’une calvitie naissante; un regard vif et intelligent. Il portait un bouquet de fleurs.


“Je…je voulais vous présenter mes condoléances. Judia était une amie…Je…je peux rentrer?”


The Young Cop


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Sighild Baldrick
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L'influence et ses limites EmptyLun 12 Fév 2024 - 21:01
L'influence et ses limites Floria14

Après avoir fait rentrer montures et caravane, la jeune Morbise refermant la grande porte de sa cour. Elle resta un instant adossée contre cette dernière et souffla un grand coup : tout était fini.

Cette mésaventure ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir...

Elle s’occupa de son cheval puis de son âne afin que ces derniers ne manquent de rien. Elle retroussa ensuite ses manches pour ranger et surtout nettoyer la demeure de sa sœur : la sienne désormais.
Elle aéra les pièces, les balaya et alluma quelques bougies en l’honneur de sa sœur. Deux heures suffirent pour terminer ces tâches.
A l’exception de son portait, chaque objet étaient une découverte pour Floria. C’est un prenant un instant une pause pour admirer une nouvelle fois le visage de Judia que la jeune femme se mit à pleurer :

"Que le destin m'est cruel. J’ai voulu te retrouver pour finalement apprendre que je t’ai perdue…que vais-je devenir sans toi dans ce monde…ô ma chère Judia, tu me manques tellement."



Essuyant ses dernières larmes, Floria alla se rafraichir dans sa salle d'eau. Elle enfila ensuite des habits noirs, qu’elle trouva dans l’armoire de sa sœur, pour porter son deuil. C’était une tenue élégante qui la mettait en valeur malgré les circonstances. Ses tâches étant terminées, elle remit sa bague ainsi que son bracelet.

Puis, elle se dirigea vers la cuisine pour se préparer de quoi déjeuner. En regardant les réserves de sa soeur, elle prit du pain, quelques œufs ainsi qu’une pomme.
Après plusieurs minutes de préparation, la jeune Morbise déposa sa poêle sur un repose plat et installa assiette et couverts sur la table. Elle dégusta des œufs sur le plat, accompagnés d’une belle tranche de pain et d’une pomme. Elle se servit également une tasse de thé vert.

Tout en mangeant sa pomme, la jeune Morbise se remit à dessiner.

Cette fois-ci, pas de « tenez vous bien Floria » ou de « une jeune fille de votre condition doit bien se tenir » : ses deux jambes étaient allongées sur une autre chaise.

Ce n’était certes pas la position idéale pour dessiner mais cela ne jouait en rien sur la qualité et le rendu de ses dessins.

Floria était en train de refaire les traits de Zehev, l’esquisse de la veille ne devait pas rester ainsi à son sens. Tout en dessinant, elle réfléchit à la suite de ses péripéties : nul doute sur le fait que son père viendrait la chercher…ou bien pire encore. Alors que faire ?

Demander de l’aide à ce capitaine ne changerait rien…il n’aurait cure de ses problèmes…La seule solution qui pouvait être encore envisageable serait de demander asile à Dame Alessa…mais cela voudrait dire croiser encore Syp…La lettre qui lui avait écrite, et qu’elle soigneusement cachée, indiquait cependant que la famille de Sora l'aiderait…

Une fois que le portrait de Zehev fut plus abouti, elle tourna la page de son carnet et entama un autre dessin : ce n’était pas un portait cette fois-ci, juste la prairie dans laquelle elle avait l’habitude de dessiner.
Ce fut en ce lieu qu’elles s’étaient séparées quelques mois auparavant…un dernier au revoir, qui fut en réalité un adieu. Floria possédait une excellente mémoire, ce qui lui permit de reproduire au détail près cette scène.

Deux sœurs qui se quittent, l’une repartant en caravane et l’autre qui la regardait partir...

Subitement, quelqu’un frappa à la porte. La scène pouvait être risible de l’extérieur car la jeune Morbise avait relevé la tête, sa pomme encore dans sa bouche.

Floria sursauta.

Instinctivement, elle déposa sa pomme sur la table, prit le couteau qui lui servit pour son déjeuner, qu'elle cacha dans la manche gauche de son chemisier, et avança à pas de loup vers la porte d'entrée.  

L’homme n’était visiblement pas parti…il savait qu’elle était là.

En ouvrant le judas de la porte d’entrée, leurs regards se croisèrent : l’un vif et intelligent, l’autre beau et remplit d’étonnement. Floria resta éloignée de la porte qui,  fort heureusement, était toujours fermée à clé :
« Monsieur…je vous remercie pour vos condoléances mais…je ne puis accéder à votre demande. D’autres personnes ont prétexté être amies de ma sœur et cela n’était pas vraiment le cas. »


*Cela m’a aussi et surtout valu des ennuis mais il le sait sans doute déjà*



Elle vit alors les fleurs dans ses mains, prétexte ou réel ami? Judia ne parlait que très peu de ses amis, surtout ceux de Minas Tirith…Cet homme était-il vraiment un ami? Ou un bandit ? Ou…un amant ?!

Elle reprit :
« Qui êtes vous ? Et comment avez-vous appris pour ma soeur ? …Et pour moi ? »


Floria Morbise ne lâcha pas du regard cet homme et écouta sa réponse. Ce dernier se rapprocha alors du judas et lui souffla quelques mots.

Elle eut un mouvement de recul et sembla à la fois surprise et apeurée.

Résignée à nouveau face à cette situation…elle ouvrit la porte, laissant entrer "son invité", et la referma à clé aussitôt.

L'homme s'installa à table, comme s'il était chez lui, et la jeune Morbise retourna s’assoir à sa place.

Il continua son récit et elle n'eut pas d'autre choix que de l'écouter...
*Ô Judia…*
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Kryss Ganaël
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L'influence et ses limites EmptyMar 13 Fév 2024 - 12:19

Les propos de Neige étaient sans appels, et la menace, directe. Orline serra les dents. A quoi bon se sacrifier pour l’Arbre Blanc, si sa famille n’était même pas épargnée par le Haut-Juge ? Que gagnait-elle de cette situation ? Rien. Absolument rien. Et elle ne pouvait rien redire à cela. Les racines de l’arbre désormais suffocantes dans sa poitrine, l’étranglant également. Son regard se fit sombre, colérique. Mais elle se tut. Il était primordial de réussir cette foutue mission pour négocier la protection de ses parents. Et si elle échouait…elle ne voulait pas y penser. Elle croisa les bras contre sa poitrine, força une respiration d’apparence maîtrisée entre ses lèvres écorchées. Combien de temps possédait-elle ? Peu. Trop peu.

Elle avait l’habitude d’être écouté et obéit, Neige. Par chance Orline avait toujours été d’une nature obéissante, même si la situation actuelle ne l’enchantait guère. Elle ne dit mot, se contenta d’écouter, de forcer les informations dans son crâne endolori. Le temps pressait, après tout. Un coup d’œil à l’horloge. En effet. Elle n’était pas sûre précisément de l’emplacement de la demeure des de Sora vis-à-vis de l’allée des Couturiers mais dans tout les cas, cela ne leur laisserait que peu de temps pour trouver la boutique en question et effectuer des repérages. Elle prit donc le poignet de Syp et le tira à sa suite pour remonter les escaliers menant à la salle à manger. Sans même un regard pour cette femme à la chevelure lunaire. Car elle ne pensait pas être capable de formalités, en ce moment. Ses épaules tremblèrent d’une colère tout juste contenue et son esprit fonctionnait à plein régime. Si on s’en prenait à ses parents…Elle tuerait. Probablement pour la première fois de sa vie. Elle essayerait, du moins…

Ils n’eurent que peu de temps pour se préparer mais cela n’était rien, Orline avait déjà tout le nécessaire avec elle, dague cachée sous ses jupons contre sa cuisse. Elle jeta par-dessus ses épaules sa lourde cape de laine et enroula de gestes rageurs son énorme écharpe qui remonta jusqu’à son nez. Moufles, sac bandoulière, brr qu’elle n’avait pas hâte de retrouver la froideur extérieure après le confort d’un feu de cheminée. Elle laissa l’homme s’occuper de demander un transport pour les avancer au plus près, ses sourcils froncés par la concentration, son égo froissé par les insultes répétitives envers sa famille et sa naïveté d’avoir cru en Rhydon.

Sans un mot elle grimpa à l’arrière de la calèche, attrapa la main de Syp pour l’aider à monter en réunissant ses jupons autour d’elle. Il était petit, le compartiment…et la tension palpable et d’une bien autre nature que précédemment. Orline ne put s’empêcher néanmoins quelques regards volés vers cet homme…essaya de puiser un semblant de courage dans son allure de confiance et de force qu’il dégageait. Il était bien plus fort qu’elle, plus solide…il était là pour ses valeurs, non pas par obligation. Et cela faisait une sacré différence entre eux deux… Il n’avait pas l’air perturbé par les derniers évènements, ou bien se trompait-elle…elle ne le connaissait que peu après tout. Leurs genoux se frôlèrent à multiples reprises, chahutés par les pavés inégaux de la Cité. Orline souffla doucement sur ses moufles, ses mains gelées déjà. Elle les frotta également l’une contre l’autre, tenta de maîtriser son appréhension montante à l’approche du début de leur mission.

Ils déambulèrent un instant dans cette rue que connaissait de nom Orline. Un souhait secret, que d’un jour venir ici et profiter des luxes de ces boutiques d’exceptions. Un rêve presque atteint, au sommet de leur fortune. Mais tout cela était résolu, désormais. Elle observa donc en silence, chercha des yeux l’enseigne concernée, capuche relevée sur sa tête. Elle sentait la présence de Syp à ses côtés et cela lui apportait du réconfort, malgré la nature quelque peu étrange de leur relation, s’ils en avaient une…
Une fois l’enseigne repérée, ils trouvèrent un espace isolé dans une ruelle transverse, juste assez discrète pour observer sans se faire repérer. Mais il fallait avoir l’air naturel…Être prêts à agir comme de passant si les gardes venaient à noter leur présence. Orline se rapprocha de Syp, noua son bras dans le sien et murmura sans le regarder :


- Impossible d'entrer, à mon avis. Nous n’avons pas vraiment l’air de clients pour ce type d’enseigne…

Elle n’avait même pas à expliquer plus en détails. Syp avait beau être un de Sora, ils étaient tous les deux dans un piètre état. Il ne devait pas être courant dans ces boutiques luxueuses de recevoir la visite de personnes salement amochées. Par réflexe, Orline effleura du bout de ses mains gantées l’hématome violet sur le haut de sa pommette et s’assura que ses poignets étaient recouverts. Elle avait tenté tant bien que mal de camoufler ce bleu à l’aide de poudre teintée mais il demeurait visible. Elle n’avait pas son matériel ici…et n’avait jamais été grande amatrice de tous ces artifices que les dames de la Haute utilisaient pour s’embellir. Un trait de kohl sur ses yeux, tout au plus. Une pétale de rose pour colorer ses lèvres…voilà tout ce dont elle avait l’habitude d’utiliser pour les festivités et grands dîners.
Son soupir arracha un nuage de buée de sa bouche.


- Il nous faudra patienter. Puis suivre discrètement…observer ses itinéraires, les personnes qu’il rencontre…

Et tout mémoriser. Ils ne pouvaient se permettre de laisser des traces écrites de leurs observations. Ses sourcils se froncèrent à nouveau, regarda avec attention cette enseigne réputée, la présence de gardes à la porte. Elle se permit de chuchoter ses réflexions dans l’obscurité de la ruelle, à l’abri des regards :

- N’est-il pas étrange de côtoyer aussi fréquemment ce type de boutique, également ?

Il faudra leur observer s’il ressortait avec un emballage. Cet Angelus Unthor…était-il un homme marié ? Avait-il des enfants ? Pour qu’il vienne ici déjà plusieurs fois cette même semaine…Orline était amatrice de garde-robe mais quels pouvaient être les besoins extensifs d’un homme, pour venir à répétition dans cette échoppe ?
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Gurdann Tueur-des-Loups
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L'influence et ses limites EmptyMer 13 Mar 2024 - 17:22
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Syp préférait pour l’instant ne pas se concerter sur le côté humiliant de l’entretien avec Neige, il fallait croire qu’il n’avait pas l’esprit d’un bon espion de l’arbre blanc, pas que cela soit une grande nouveauté, mais après tout ce qu’il avait vécu, et bien qu’il eut un certain respect pour Neige, sa façon d’être était assez désagréable. Tout est-il qu’il était bien plus attristé d’avoir fait du mal à Orline en mentionnant sa famille, il aurait mieux fait d’y réfléchir à deux fois, et de mettre en sourdine sa sotte honnêteté pour une fois.

Il n’avait pas tardé à se mettre en route, Syp n’avait rien pris de plus que des habits sobres et chauds, un long manteau de feutre noir doublé de fourrure, sur des habits de laine, une culotte bouffante de lin, à la militaire, et de dures bottes de cuir noir. Il avait noué ses longs cheveux en un chignon à l’arrière de son crâne, et s’était débarbouillé un peu le visage, bien que de nombreux bleus et rougeurs s’y trouve encore depuis la nuit dans la cellule...Il choisit de ne point prendre d’armes, étant donné que le combat n’était pas censé être au rendez-vous cette fois-ci.

Tout compte fait, se dit-il alors qu’il enfilait son manteau, il était plutôt content d’être ici, à se battre pour ce en quoi il croyait. Il avait bien réfléchi à cela, et l’idée de purger la ville de toute cette clique de traîtres et de tricheurs l’emplissait d’une douce joie. Et bien sûr la compagnie d’Orline rendait tout plus agréable, le temps avec elle paraissait couler comme un joli petit ruisseau de campagne, là où avant leur rencontre Syp avait toujours l’impression de lutter contre un torrent perpétuellement en crue. Non, ici, avec cette femme, qu’il aime et essaye de conquérir, avec des objectifs clairs et sains, il se sentait vraiment bien, en tout cas mieux, en fait, il ne s’était pas senti aussi bien depuis qu’il avait fait rouler la tête du seigneur Rhydon au sol d’un coup de sabre.

Ainsi sa compagne et lui sortirent de la grande maison, et prirent une calèche vers l’allée des Couturiers. Alors qu’ils se serraient dans le petit compartiment, Syp remarqua encore une fois avec une grande tristesse l’apparente froideur d’Orline, qui subsistait depuis une heure environ. Bien que cette déception fut nuancée par les petits regards furtifs pleins d’espoir qu’elle lui lançait par moment, comme pour puiser inspiration et courage dans la stature du guerrier. Et puis il fallait dire que la vue d’Orline emmitouflée et grelottante dans ce froid pourtant pas si glacial, selon les critères de Syp, avait quelque chose de profondément attendrissant.

Ils arrivèrent alors dans la rue, Syp paya le conducteur, et ils descendirent. C’était une rue marchande de luxe comme Syp en avait vu bien d’autres, colorée, mais comme recouverte d’un voile bleu pâle par le froid du jour. La seule différence était le public que l’on trouvait dans cette allée...du marchand, des nobles, de la fine bourgeoisie, partout ! Et qui s’affairaient de-ci de-là comme des fourmis dans une fourmilière de vendeur de tissu et de beaux habits.

Après quelques minutes de marche, ils trouvèrent l’enseigne qu’ils cherchaient. La petite boutique ne paraissait pas ressortir par rapport aux autres, mais ils y étaient bien, chez Iwecain Loran, le tailleur.
Orline emmena discrètement Syp dans une petite ruelle adjacente, nouant son bras autour du sien pour paraître plus naturels, ce qui ne déplut pas du tout au De Sora…

Leur cible était d’ailleurs bien entrée dans la boutique. Et si Syp avait demandé à un jeune enfant de dessiner un commissaire aux impôts, il lui aurait sûrement servi ce véritable stéréotype. Il était dégoûtant aux yeux de quelqu'un de principe comme lui, cet homme gras, paraissant suer malgré le froid, comme si ses méfaits voulaient s’échapper de sa chair. Et en plus il avait deux chiens de gardes avec lui, armes de longues hallebardes, l’option du combat direct était donc de base exclut…

Orline fit la réflexion qu’au vu de leur allure, ils ne pourraient entrer dans la boutique en question, et qu’il vaudrait mieux le prendre en filature ou trouver une alternative. Ce avec quoi Syp était totalement d’accord.
Quant à la dernière remarque d’Orline :

- « Ca paraît étrange en effet, à moins qu’il ne récupère pas que des vêtements ici, qui sait, peut-être que le boutiquier lui-même est un traître...Peut-être...pouvons nous les prendre en filature, lui et ses gardes, après qu’ils soient sortis, je connais assez bien cette partie de la cité, et je sais passer inaperçu si je le veux, et puis...à deux comme ça »
il souleva leus bras noués «  nous nous fonderons dans la foule, tu vas voir... Ainsi nous en apprendrons peut-être plus. En outre, à l’ombre de la lune, cette nuit, nous pourrions revenir ici et tenter d’aller voir ce qui se cache chez ce tailleur, t’es pas d’accord ?"

Orline ayant donné son accord, et paraissant toujours aussi choqué qu’il la tutoie, ils sortirent un peu de la ruelle. Et Syp les rapprocha d’un petit magasin de moindre allure juste à côté de chez Iwecain. Il demanda à Orline de rester dehors alors qu’il entrait dans la petite boutique, promettant à sa compagne de faire vite.

« Me revoilà Orline » dit le grand guerrier en sortant de la boutique avec un paquet sous le bras et se replaçant au bras de sa compagne « Et je me suis dit que tant que nous étions dans la rue des tailleurs, je pourrais me permettre une petite folie...Pour le moral de la troupe ! »  Sur ce il défit le paquet, et en sortir un long foulard de soie, jaune orangé, pâle comme les sable du sud, la patrie d’Orline, et le lui tendit en  sentant une légère rougeur monter à ses joues malgré tout «  Il est pour toi, je me suis dit que la couleur te rappellerait ton chez-toi...Et puis il t’irait bien tu sais, même si toi il n’y a pas grand-chose qui ne te va pas » Et Syp partir d’un petit rire, mélange de joie et de tendresse «  Bon bon, gardons quand même un œil sur cette boutique hmhm. »
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L'influence et ses limites EmptyMar 19 Mar 2024 - 12:41



Les rayons du soleil matinal illuminaient les rues de la cité depuis plusieurs heures déjà mais, ainsi filtrées par les minces rideaux rouges, ils baignaient la chambre d’une lumière apaisante. Zehev avait émergé paisiblement de son sommeil et, le regard fixé sur le mur qui lui faisait face, caressait langoureusement la frêle épaule de sa partenaire qui s’était blottie contre lui.  Il plongea son nez dans ses cheveux bruns, légèrement ébouriffés après leur nuit passée au lit, humant les parfums de lavande et d’amande qui s’en échappait. L’espace de quelques minutes, tous ses tourments semblaient disparaître face à ces moments passés en si agréable compagnie. Au moment où il voulut relever la main, la jeune femme remua légèrement en poussant un petit gémissement de protestation, poussant l’officier à reprendre ses délicats massages. Quelques minutes supplémentaires passées au lit ne seraient pas du luxe.

Elle s’approcha de lui et lui murmura langoureusement à l’oreille :

“Mon preux capitaine, ne désirez-vous pas démarrer cette nouvelle journée de la meilleure des manières.”

Zehev sourit ; il devait l’avouer, elle savait se montrer convaincante, et sans utiliser beaucoup de mots. Il chercha à adopter son ton le plus charmeur.

“Voilà une proposition bien prometteuse. Il faudra faire vite cependant, des affaires de la plus haute importance nécessitent ma présence aujourd’hui.”

La belle gloussa légèrement et laissa glisser ses doigts sur le torse musculeux du soldat.

“N’ayez crainte mon fier héros, je ferais en sorte que vous ne soyez point en retard.”

Il frissonna légèrement et ferma les yeux d’un air satisfait, laissant sa partenaire prendre les devants. Il appréciait sa douceur, sa répartie et surtout ses compétences certaines ; avant de partir, il devrait sans doute trouver un moyen de lui faire répéter son prénom qu’elle lui avait révélé la veille. L’alcool jouait de mauvais tour à sa jeune mémoire.

Mais alors qu’elle n’avait qu’entamé son labeur, il sentit la pointe métallique d’une lame se poser sur sa glotte. Les yeux toujours fermés, il émit un petit rire.

“Voyons voyons… je n’ai jamais demandé ce genre de services.
-Ce genre de services ?
Répéta une voix familière d'un ton moqueur.

Alerté, Zehev rouvrit les yeux et voulut se redresser brusquement avant de se raviser promptement en voyant l’épée qui le pointait.  Sa partenaire, s’était réfugiée dans un coin de la pièce, visiblement en état de choc mais indemne. Devant le lit, tenant l’arme, une autre silhouette féminine, bien plus menaçante.

Le soldat, complètement estomaqué, bafouilla quelques paroles inaudibles avant de retrouver un semblant de contenance.

“Neige ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
-Je pourrais clairement te retourner la question. Le Général Cartogan n’avait-il pas fait fermer ce genre d’établissements ? Visiblement certains ont échappé à sa vigilance.”


Nu comme un ver, seulement couvert par les draps blancs et quasiment transparents de l’hôtel, le jeune homme se trouvait à la fois impuissant et humilié face à la plus brillante des agents de l’Arbre Blanc. Neige, de con côté nullement gênée, se tourna vers la jeune femme qui se prostrait toujours, immobile, dans un coin.

“Ne t’en fais pas ma belle, je ne te ferais rien. Tu peux te vêtir et t’en aller.”

Pour agrémenter ses paroles, elle lança vers elle une bourse de pièces d’or bien garnie qu’elle avait récupérée au chevet du lit.

“Tout travail mérite salaire. De toute évidence le vôtre a été bien fait.”

La belle courtisane récupéra l’argent, sa nuisette et quitta la chambre sans demander son reste sous le regard agacé de Zehev.

“Il y avait bien plus dans cette bourse que ce que je lui dois !”
Chercha-t-il à protester.

Neige esquissa un sourire.

“Crois-moi, cette bourse sera bien le cadet de tes soucis si je choisis de parler de tes petites activités nocturnes au commandement.”

Il grogna mais ne répondit pas, signe que le message était passé.

“Je peux au moins enfiler un caleçon ou tu veux pousser l’humiliation jusqu’au bout ?”

Le visage du capitaine de la Garde d’ordinaire si fier et hautain était désormais rouge comme une pivoine. Il en fallait si peu pour briser la fierté de ce genre d’hommes, elle ne le savait que trop bien.  D’un signe de tête elle indiqua à son interlocuteur qu’elle ne l’embrocherait pas s’il se levait de son lit pour s’habiller mais elle ne détourna pas le regard pour autant. De Siznoff restait un agent de l’Arbre Blanc et un redoutable adversaire, baisser sa garde, ne serait-ce que quelques secondes pouvaient représenter une erreur fatale.

“Qu’est-ce que tu veux Neige? Tu n’es déjà pas assez occupé à laver ton honneur avec les déserteurs ?”
Demanda l’homme en enfilant son pantalon, retrouvant un semblant d’assurance au fur et à mesure qu’il s’habillait.

“Mon honneur se porte parfaitement bien. Je compte simplement rétablir la vérité.”


Ils échangèrent un regard défiant mais dénué de haine. Tant de choses séparaient ces deux serviteurs de la couronne, dans leurs histoires personnelles comme dans leurs caractères. Pourtant, ils servaient ensemble la même cause depuis de nombreuses années. Ensemble ils avaient tant sacrifié pour les valeurs qu’ils défendaient et ce simple fait établissait une certaine forme de respect entre les deux officiers. Les qualificatifs qui venaient à son esprit pour désigner son vis-à-vis ne manquaient pas : prétentieux, mesquin, ambitieux, et bien d’autres. Pourtant, il restait un frère d’armes et, contrairement à Rhydon ou d’autres, elle n’avait jamais pu se résoudre à le haïr véritablement.

“Zehev…La lettre…
-De quoi tu parles ?”
Fit-il d’un air innocent.

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, voyant clair dans son jeu.

“Ne te moque pas de moi. Tu sais très bien de quoi je parle. La lettre de démission signée par Nârwel et Daren n’incriminait pas que Rhydon mais quelqu’un l’a censurée.”


Zehev passa sa main dans ses cheveux sombres. Un toc qu’il faisait régulièrement quand sa nervosité prenait le pas et que Neige avait repéré depuis bien longtemps.

“Ce n’est pas moi qui l’ai fait Neige, je peux te le jurer. Je n’ai jamais vu cette lettre. Seuls le Commandant de Vigo et l’archiviste de l’Arbre ont pu y voir accès.
-Peu importe qui l’a fait. Nous savons tous deux qui était visé…”


Le capitaine poussa un long soupir, visiblement de plus en plus mécontent de la tournure que prenait la conversation.

“Et je te répète que ce ne sont que des rumeurs infondées.
-Je ne le crois pas. La faussair a été claire.
-Une originale qui a disparu dans la nature juste après les émeutes. Tu me permettras de douter de ses racontars.”


Zehev se redressa comme un ressort pour se mettre à sa hauteur. Son air embarrassé avait disparu, laissant place à un visage où pouvait se lire la colère et l’indignation.

“Et qu’est-ce que tu comptes faire ? Remettre en cause le maigre équilibre que la Reine a permis de retrouver ? Tout ça en se basant sur de simples rumeurs.”


Elle voulut répliquer immédiatement mais se retint. Inutile de s’éterniser dans un autre débat sur le sujet avec un homme qu’elle ne pourrait convaincre.

“Non. Ma mission est d’entériner la culpabilité de Rhydon et c’est ce sur quoi je vais me concentrer ; cependant je compte bien mettre la lumière sur cette affaire.
-Cet homme est innocent Neige ! Un héros de notre royaume ! Je peux le prouver.
-Dans ce cas là…bonne chance...mon preux capitaine.


Sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna dans le couloir de la maison de joie, laissant un Zehev, encore à moitié nu, et rendu bien perplexe par cette discussion matinale.


#Neige


-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Face au refus initial de Floria, l’homme ne s’était pas laissé démonter et avait insisté pour qu’elle lui ouvre la porte. Bien lui en avait la pris, car la curiosité de la jeune femme finit par prendre le dessus. S’approchant du judas, il donna quelques explications :

“Je suis Ginhu mais mon nom ne revêt que bien peu d’importance. J’ai longtemps travaillé avec Judia, nous collaborons dans le domaine de la restauration depuis de nombreuses années. Sa fameuse Baraque à Frites commençait à devenir bien célèbre dans certains cercles, je faisais le lien entre elle et les organisateurs de différents évènements à travers la cité. On m’a récemment informé de sa tragique disparition et je comptais passer par ici pour déposer une gerbe de fleurs. J’ai entendu du bruit à l’intérieur et je me suis dis que c’était peut-être un de ses proches.”

Il marqua une petite pause et agita le bouquet qu’il tenait à la main face à l’ouverture de l’œil-de-bœuf. Quand enfin la porte s’ouvrit, il salua son hôte d’un air poli et lui répéta ses condoléances.

“Vous êtes bien de sa famille ? Sa sœur, sûrement, la ressemblance est frappante.”

Il s’installa sur un tabouret à l’intérieur de la maison. Aucun signe inquiétant ou agressif venant de sa part, de toute évidence il n’avait pas rusé pour pénétrer dans la demeure et cambrioler les biens qui y restaient.

Ils discutèrent un peu autour d’un thé, évoquant leurs souvenirs respectifs au côté de la regrettée Morbise. Après un bon quart d’heure, l’étranger reposa sa tasse et remercia son hôte avant de reprendre.

“Il y a autre chose dont je voulais vous parler. Peu avant sa disparition, Judia et moi avions négocié un contrat avec l’un des plus hauts dignitaires du royaume. Celui-ci fête son anniversaire et j’avais réussi à le convaincre d’engager votre sœur pour se charger d’une partie du buffet qui y serait servi. Je suis bien navré de parler affaires au milieu de votre deuil mais c’est un contrat important mais l’argent ne sera sans doute pas de trop pour éponger les dettes qu’elle avait contractée et organiser des funérailles dignes d’elle. Nous pourrions honorer ce dernier contrat pour elle.”

Il se pencha légèrement en avant en affichant un sourire compatissant à son interlocutrice.

“Ce n’est pas votre métier mais je peux vous assister et je m’engage à renoncer à ma part pour que tout revienne à votre famille.”


L’homme leva sa tasse.

“En souvenir de Judia.”



---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



Postés au coin de la rue, et engagés dans une discussion qui n’avait à priori bien peu de rapport avec l’objectif de leur mission, Syp et Orline durent attendre près d’une heure avant que la porte de la boutique du tailleur de luxe ne s’ouvre à nouveau. Angelus Munthor, visiblement satisfait de sa visite, en sortit d’un air satisfait. Un autre homme, de très haute taille et à la silhouette longiligne l’avait accompagné jusqu’au palier. Leur conversation parvint aux oreilles des deux espions en herbe.

“Votre costume sera prêt pour samedi matin monsieur.
-Vous avez intérêt ! Je fête mon anniversaire samedi soir et il faut que tout soit parfait pour l’occasion. Tout le gratin de la capitale y sera ! Alors sans retard Iweçain, sans retard ; sinon gare!”


Le commerçant jaugea les deux brutes qui accompagnaient le haut-fonctionnaire mais ne trembla pas. Il se faisait bien assez confiance pour savoir qu’il délivrerait sa commande à temps. Ils se serrèrent la main et déjà le commissaire s’éloignait avec ses gardes.

#Angelus #Iweçain


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Sighild Baldrick
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L'influence et ses limites EmptySam 23 Mar 2024 - 15:40
L'influence et ses limites Judia10

***

"Je ne me marierai pas."



Dix ans auparavant, la jeune Judia Morbise avait tenu ce discours. Ce qu'elle ignorait c'est que sa petite sœur, endormie avec ses poupées de chiffons, dirait exactement ces mêmes mots au même âge.

Son ton était sans appel. Son regard était dur et froid. Elle venait encore une fois de tenir tête à son père. Le Seigneur Morbise était assis en face de son aînée, et malgré la longueur de la table de salle à manger, une forte tension se ressentait :

"Jeune fille, il ne me semble pas t'avoir demandé ton avis."




"Et pourtant père, je vous le donne. Il est hors de question que j'épouse qui que ce soit, encore moins ce goujat."



"TU feras ce que je te dis, comme toute bonne fille de bonne famille!"reprit-il, en tapant sur poing sur le table.


"JE ferais ce qu'il me plaira père, que cela vous plaise ou non j'ai d'autres projets."



"Ah oui, j'oubliais, ta folle idée de partir tenir un commerce oui..." dit-il avait dédain "...tu penses sincèrement que je vais te laisser entacher le nom de cette famille et cette réputation que nous nous construisons depuis des décennies. Nous les Morbise, famille de paysans à l'époque de ton arrière arrière grand-père. Nous t'avons visiblement trop gâtée pour être aussi rêveuse et dépourvue de toute lucidité...n'oublie pas ta condition Judia, et surtout ton genre. Tu seras vite réduite au rang de fille de joie dans un monde comme celui-ci."


"Papa, je vous aime de tout mon cœur. Mais je vous préviens que si vous me forcez à épouser ce rustre, je m'enfuirai. Vous ne me reverrez plus jamais." elle se leva, surplombant ainsi ses deux parents.

Orélia Morbise fut spectatrice de cette échange, elle baissa la tête tout du long : impuissante face aux propos de son époux et triste à l'idée de ce mariage. Elle sentait le regard de son premier enfant sur elle. Orélia savait que ses filles lui ressemblaient physiquement, elles étaient belles. Mais pour ce qui est du caractère...elles le tinrent toutes deux d'une autre personne :



"Aurais-je oublier une réunion de famille en cette heure si tardive ?"

Des bruits de cannes foulèrent le sol. Hilde Morbise, la grand-mère de Judia, venait d'entrer dans la salle à manger, emmitouflée dans sa robe de chambre :
"Mère, nous ne voulions pas vous importuner avec cela. Veuillez-vous recoucher, la discussion est close."

"Mon cher enfant, à en juger la tension dans cette pièce, cette discussion est loin d'être close." elle avança vers sa petite fille "Laisse-nous." elle attendit que Judia ferme la porte de la salle à manger pour reprendre "C'est encore au sujet de ce fameux mariage,  n'est-ce pas ?" Vois-tu Guyram, j'ai connu de cela il y a fort longtemps le grand-père de ce jeune homme, quelqu'un de fort agréable et de charmant...malheureusement, la pomme peut tomber loin de l'arbre...même très loin."

Le Seigneur Morbise déglutit face au sous-entendu de sa mère. Elle ne parlait pas que de ce prétendant, elle parlait aussi de lui. Feu son père était un homme plutôt ouvert d'esprit, il avait d'ailleurs permis à sa mère de gérer quelques affaires financières qui furent de belles réussites. Guyram était beaucoup plus machiste que son défunt père, la place de la femme n'était pas dans les affaires, elle se devait de suivre l'avis de son mari:

"Mère, avec tout le respect que je vous dois, JE reste le seul décisionnaire de ce mariage et je..."



"Tout Seigneur que tu es, tu es encore en âge d'obéir et te faire encore réprimander par ta vieille mère. La situation mérite attention. Allons, ne vois-tu pas que tu es en train de perdre ta fille à vouloir agir sans réfléchir ? Qu'en dites-vous ma chère ?"

Orélia sentit le regard compatissant de sa belle-mère mais n'eut pas le temps de répondre à quoique ce soit :
"Encore une fois mère, c'est moi qui déciderai de l'avenir de ma fille, et moi seul, car tel est mon droit. Judia est sotte de croire qu'elle peut partir à l'aventure sans un sou, en tout cas, elle n'aura rien de moi. Si elle veut partir, qu'elle parte tiens! Je ne lui donne même pas une semaine pour se rendre compte de son erreur."


Têtu comme une mule, le Seigneur Morbise ne voyait que le généreux avantage pécunier que lui offrait ce potentiel mariage, mais, parce qu'il y avait un mais, sa mère avait plus d'un tour dans son sac :
"Soit. Elle partira donc." elle vit la tête surprise de son fils "Tu as bien entendu, moi vivante, je me refuse de voir mes petits enfants dans un mariage malheureux, je ne veux que leur Bonheur. De plus, et si tu avais étudié attentivement son affaire, elle sera plus avantageuse que ce mariage sur le long terme. Cela pourrait être intéressant de voir notre nom se développer dans un tout autre domaine que la terre. Et si toutefois elle venait à échouer, je lui trouverai un bien meilleur parti que celui-ci, quitte à te dédommager financièrement à ce moment là." elle vit son fils serrait du poing, résignait "Bien. Nous avons donc trouvé une solution à ce problème et l'incident est clos. Judia partira dans une semaine Guyram, profites en pour faire amende honorable mon fils, tu le regretteras sinon."

Sortant de la salle à manger, Hilde se dirigea vers sa chambre à coucher. Elle y trouva Judia, assise sur son lit. Hilde lui expliqua l'échange qu'elle venait d'avoir avec son père. Elle vit la surprise de sa petite fille quand elle lui expliqua l'issue de cette dernière. Judia alla se blottir contre elle :
"Merci grand-maman, ô merci de tout mon cœur. Merci." elle pleura de joie à l'idée d'échapper à ce monstre et de pouvoir vivre son aventure, libre "Vous garderez un oeil sur eux en mon absence n'est-ce pas ? Surtout sur Floria ?"

"Les deux mon enfant...les deux..."




Et c'est ainsi que Judia débuta sa belle aventure, qui la conduisit au fil des années vers la capitale du Gondor. De son côté, Guyram ne s'excusa jamais auprès de sa fille aînée, malgré sa grande réussite.

Hilde quant à elle eut son mot à dire sur chacun des mariages de ses petits enfants.

Malheureusement, elle périt dans son sommeil lorsque Floria devint une femme...

***

L'influence et ses limites Floria14

Floria Morbise continua d'écouter les explications de ce Ginhu. Il la connaissait donc, assez pour en connaître ses traits, ses goûts et ses affaires.

Devant le bouquet de fleurs, Floria eut le même sourire attendrit que sa défunte soeur : les fleurs préférées de Judia. Tout en servant le thé à son invité, Floria déposa les fleurs dans un vase de cristal.

Cet homme avait l'art d'utiliser les bons mots, ce qui toucha d'autant plus Floria. Depuis son arrivée à Minas Tirith, elle n'eut pas l'occasion d'avoir de pareils échanges, tout s'était passé tellement vite. Elle balaya rapidement de son esprit ces récents et mauvais souvenirs.

Leurs souvenirs respectifs se mêlèrent. La jeune fille eut un mouvement de recul lorsque Ginhu lui parla de ce contrat puis de ces funérailles :

"J'ai honte Monsieur Ginhu, honte de moi...je n'ai pas pensé à comment honorer la mort de ma soeur par des funérailles." des larmes se mirent à perler ses joues, elle cacha sa tristesse dans ses mains "Je ne pourrais pas y arriver Monsieur, je ne pourrais pas y arriver sans elle...sans ma Judia...c'est comme si on m'avait arraché le cœur."

Le chagrin qu'elle avait tant retenu s'exprimait enfin et elle ne pouvait davantage le contenir. Pleurant à chaudes larmes, elle sentit son invité se rapprochait d'elle : il se montra d'autant plus compatissant en la soutenant. Il lui tendit notamment un mouchoir en tissu, qui fut rapidement trempé par ses larmes.

Il fallut une bonne heure à Ginhu pour réconforter cette pauvre enfant. Il lui préparer une nouvelle tasse de thé et déposa quelques délicieux biscuits dont Judia avait le secret.


"Je vous aiderai Monsieur Ginhu. Les deux fourchettes...c'est nous. C'est Judia et moi après tout. Je vais y arriver." elle lui sourit "Pour Judia."

La jeune Morbise trouva assez facilement le grimoire de recettes de sa sœur. C'était son écriture, sa douce écriture. Elle y avait même fait des annotations pour sa petite sœur.

Le premier essai ne fut pas des plus concluants. Floria et Ginhu s'étaient tout deux assoupis à table, ce fut l'odeur de brûlé qui les fit sortir de leur sommeil respectif...cela ne les rassura pas sur le coup, mais les autres essais furent excellents. Le premier plat noir fut rapidement oublié, ils en rirent même.

La préparation des plats prit beaucoup de temps, mais ils réussirent à tout réaliser pour leur contrat. Ils partirent donc chez ce client de haut rang et installèrent le buffet pour cette réception...
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Kryss Ganaël
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L'influence et ses limites EmptyMar 26 Mar 2024 - 22:19

Syp semblait d’accord avec ses réflexions. Parfois la finesse était préférable à la brutalité. Et derrière cette légère pression de sa main dans la moufle sur le creux du bras du guerrier, un moyen pensait-elle efficace de l’empêcher de partir demander justice ou que sait-je. Orline le connaissait que depuis peu, mais déjà forcée de constater qu’il était totalement imprévisible et parfois brusque. Non pas que cela soit toujours un défaut…

Mais là, dans cette ruelle, Orline se perdit un instant dans la contemplation des veloutes d’air arrachés de leurs bouches malgré leurs murmures. Elle raffermit sa prise un instant, cherchant à puiser de la chaleur dans cette proximité toute relative, à travers les couches et les couches de vêtements. Il ne semblait nullement dérangé par le froid. Il devait avoir l’habitude…elle surprit même un éclat d’amusement dans ce regard d’orage, et un léger sourire à la commissure de ses lèvres. Se moquait-il d’elle, enfant du Sud ? Peut-être bien…mais Orline avait bien des choses en tête pour le lui reprocher. C’est ce qu’elle était, après tout. Un frisson la parcourut et elle se demandait combien de temps ils devraient passer là, à attendre que leur cible ressorte de la boutique.

Syp l’attira hors de la ruelle pour aller un peu plus loin. Une légère appréhension la fit hésiter, tirant quelque peu sur ce bras. Ne risquaient-ils pas de perdre de vue l’homme, leur seule piste ? Mais elle obtempéra, son regard balayant leurs alentours, sur ses gardes. Il l’abandonna ensuite un instant, lui promettant de revenir vite. Elle écarquilla les yeux un instant, et si l’homme ressortait à ce moment-là, et qu’ils se trouvaient séparés ? Elle ouvrit la bouche pour protester mais déjà elle voyait son dos s’éloigner d’elle. Un pincement dans son cœur, incompréhensible. Elle tourna donc son dos également, tenta d’observer autour d’elle sans paraître étrange, les bras resserrés autour d’elle de froid. Idiote, pensa-t-elle. Tu n’es qu’une idiote et tu ne devrais compter que sur toi-même pour te tirer de ce pétrin. Sa mâchoire se crispa brièvement et sa résolution s’affermit.

Elle détailla les gardes, observa leurs armures et leurs armes. Leur concentration était irréprochable. Elle ne vit pas l’enfant courir vers elle et la percuta violemment. Elle manqua de peu de tomber à terre et retrouva son équilibre in extremis, le garçon la noyant d’excuses avant de filer pour ne pas se faire réprimander. Orline cligna quelques fois des yeux pour en chasser les larmes que les coups avaient réveillés. Malgré la pommade, les bleus demeuraient, et il lui faudrait quelques nuits confortables de plus pour parfaitement se remettre de son séjour en prison. Mais déjà Syp l’avait rejoint, un paquet sous le bras qu’il ne tarda pas à lui présenter. Confuse elle l’observa sans dire un mot, mais son regard ne put trahir le plaisir et le choc à la découverte de la longue étoffe soyeuse aux couleurs de son pays. Il le laissa la draper par-dessus son écharpe et elle ne put s’empêcher de retirer une de ses mains de ses moufles pour en caresser le tissu d’une douceur exceptionnelle du bout des doigts. Cela devait coûter une fortune.

Était-ce une certaine rougeur qu’elle voyait désormais sur les pommettes de ce grand homme, qui détournait son regard dorénavant pour observer à nouveau la boutique ?
Orline baissa le regard, s’émerveillant un instant de plus du présent.


- Je… Je vous remercie.

Elle voulut dire plus, trouver les bons mots, mais ils restèrent bloqués dans sa gorge et cela s’entendait à sa voix hésitante, prise au dépourvue. Etait-ce seulement raisonnable de se laisser aller à ces sentiments contradictoires qui l’envahissaient en sa proximité et dont elle ignorait la source ? Probablement pas…mais à nouveau le souvenir de sa douceur et du toucher de sa peau s’inscrivit sur ses lèvres tel un songe éveillé, un évènement qu’elle n’arrivait toujours pas à comprendre.

Leur cible ressortit enfin de la boutique du tailleur, mettant fin à ses doutes de jeune femme perdue. La mission était claire, et elle ne laisserait rien l’entraver. Le vide se fit instantanément dans son esprit et elle analysa avec méticulosité le tailleur, grave chaque détail dans sa mémoire et écouta attentivement les propos. Déjà, une évidence. Ils se devaient d’être présents à cette fête samedi. Il aurait probablement invité ses complices et ils pourraient ainsi réunir des informations de la plus haute importance.
Le tailleur pouvait attendre, pour le moment. Il fallait trouver un moyen d’être présents à l’anniversaire. Orline partit en avant, suivant à distance les gardes, se mêlant à la foule pour la cacher à moitié aux regards observateurs. Elle fit mine quelques fois d’observer la marchandise, sentait la présence de son « compagnon » non loin faire de même.

Ils le suivirent ainsi pendant plusieurs heures, notant les diverses emplettes et contacts qu’il avait fait avant de rejoindre sa demeure. La jeune femme prêta oreille à chaque fois, glanant des informations sur les festivités du samedi. Une troupe de danseurs ? Parfait. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Orline. Elle n’était pas combattante, pas particulièrement forte, mais la danse….la danse elle maîtrisait depuis qu’elle savait se tenir sur ses deux jambes. Une fois qu’Angelus Munthor ait disparu dans sa demeure, hors d’atteinte, la jeune femme se retourna vers Syp et le repoussa dans un coin à l’abri des oreilles indiscrètes, le plaquant contre un mur dans l’ombre.


- Il nous faut entrer à cette fête. Je peux danser, si on trouve quelle troupe il a engagé…

Un feu s’était allumé dans le regard de la jeune femme qui irradiait désormais de confiance. Un espoir, un fil à attraper. Elle montrerait à cet Arbre Blanc de quoi elle était capable.
Il leur fallait seulement trouver cette troupe d’artistes itinérants qui faisait tant fureur parmi les nobles de la Cité. Une touche d’exotisme…cela faisait toujours son effet, à ce genre d’évènement, n’est-ce pas ?
Un voile d’inquiétude cependant passa dans le regard de la jeune femme, et se permit d’ajouter à l’adresse de son complice :


- Si…la situation dégénère…j’ai une dague. Cachée. Gauche.

Elle ne se permit pas un mot de plus, déjà le feu lui montait aux joues et ce n’était pas dû qu’au froid…la proximité de l’homme y était peut-être pour quelque chose…ainsi que la proposition effrontée qu’elle venait de déblatérer sans réfléchir. Elle recula prestement d’un pas, évitant son regard. Avant de partir à nouveau à la quête de cette troupe pour se faire recruter.
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