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 De mal en pis...

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Sighild Baldrick
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Sighild Baldrick

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De mal en pis... - Page 2 EmptyMar 10 Oct 2023 - 17:31
De mal en pis... - Page 2 Floria14

L’arrestation fut accomplie rapidement. Les soldats les attachèrent sans trop de ménagement. Des brutes épaisses pour la plupart, sans doute l’excitation de mener cette mission à bien.

Un homme menait les troupes de soldats, sans doute un capitaine…en tout cas, il le semblait sous ses grands airs. Il connaissait visiblement Syp de Sora et Orline car c’était eux qu’il recherchait. Syp était donc un meurtrier…quant à Orline, elle devait être mêlée indirectement à toute cette histoire.

Floria fut poussée avec beaucoup de violences et faillit tomber avant d’être retenue avec fermeté. On lui prit alors sa sacoche. Son âne et son cheval, quant à eux, furent saisis.

C’est là la dernière image qu’elle eut du monde extérieur. La jeune Morbise eut le sentiment qu’on lui arrachait ses biens les plus précieux.

Assise avec ses compagnons, du moins si elle pouvait encore les nommer comme tel, elle demeura silencieuse. Résignée par cette situation. La jeune femme ne regarda ni Orline, ni Jenifaël, et encore moins Syp de Sora pourtant mal en point. Elle se contenta d’observer ces soldats et d’écouter les bruits extérieurs.

L’arrivée dans les geôles fut une expérience terrifiante à ses yeux, elle qui n’avait jamais vu cette face du monde. Des cris de détresse, mélangés avec ceux de démences et ceux désobligeants. Certains hommes n’avaient pas vu de femmes depuis bien longtemps, trois qui arrivaient d’un coup était une bénédiction pour eux. Ces dames purent entendre plusieurs surnoms  : belle môme, l’alouette, la noblione, la belle colombe, fillette…du moins ne retirent-elles que les moins insultants.

A cet instant, Floria serra les dents et pria au plus profond d’elle pour ne pas se retrouver dans la même geôle que ces hommes : par chance, ils se retrouvèrent uniquement à quatre.

La pièce était bien minuscule pour eux mais Floria se mit contre le mur, afin d’avoir un peu d’air frais qui venait de cette minuscule fenêtre. Elle ne demanda l’avis de personne, et resta là, assise sur ce sol froid et sale, recroquevillée sur elle-même. Elle avait mal aux bras, sans doute la violence de l'arrestation qui ressortait.

Le temps fut très long et la fenêtre de leur cellule ne leur donnait que peu d’indications sur l’heure qu’il pouvait être. Coupant tout contact avec ses codétenus, elle refusa d’un geste de la tête les mains tendues. Elle ne but et n’avala rien.

Malgré les conditions de détention et les cris des autres détenus, Floria réussit à somnoler tout en restant assise. Elle fut subitement réveillée en entendant des bruits de pas...et fut surprise en voyant le geôlier la désigner elle puis Jenifaël.
Sans dire un mot, elle se leva et suivit l’homme. A nouveau, elle entendit les surnoms en tout genre et se contenta de baisser la tête.

Elles entrèrent alors dans une pièce plutôt vaste et peu éclairée. L’homme qui était à l’origine de leur arrestation était assis, derrière lui se tenait un colosse bien étrange. Elle s’assit à la demande de ce soldat, comme il lui fut agréable d’être sur une chaise et non sur ce sol visqueux.

Floria écouta avec attention Zehev. Un homme qui semblait avoir des bonnes manières mais pas pour ces prisonnières...elle sentit bien cette fausse politesse qui pouvait caractériser bon nombre de bourgeois et de nobles…elle-même en savait quelque chose.

Les choses devinrent plus concrètes à la présentation de ce colosse, dit « Brise Gueules » et de ces objets métalliques de tortures. A leur vue, et à l’idée de cette possible torture, Floria pâlit. Le dénommait « Brise Gueules » sourit à la vue de cette peur qui envahissait le corps de cette jeune femme.

Zehev devint soudainement plus franc dans ce qu’il attendait d’elles. Elle continua à l’observer, essayant d’en voir un peu plus dans ces dossiers qu’il épluchait :
« Alors voyons, nous avons d’abord Floria Morbise. Sœur de la regrettée Judia Morbise. Toutes mes condoléances par ailleurs. Quelle tragédie… »


Alors c’était donc vrai, Judia n’était bel et bien plus de ce monde. Syp n’avait au moins pas menti sur ce point :
« Il est assez aisé de deviner votre lien avec les fugitifs. Il s’agit de la mémoire de votre sœur. Pour autant, il est quand même curieux de vous voir risquer le travail de votre vie et mettre à disposition cette merveilleuse roulotte afin de pouvoir cacher de parfaits inconnus. Rien à dire pour votre défense ? »


Floria n’avait cessé de fixer Zehev droit dans les yeux. Il put observer de la tristesse sur ce visage fatigué, ce deuil étant encore tout frais pour elle.
Prenant son courage à deux mains, et se raclant la gorge, la jeune Morbise prit la parole :
« Je me suis enfuie de chez moi pour retrouver ma sœur. Loin de me douter de ce qu’il lui était arrivé. Je voulais vivre une autre vie, être près d’elle et pouvoir découvrir le monde pour mieux développer mon don en dessin. Je ne connais rien de votre organisation et encore moins du rôle de ma sœur.
Lorsque je suis arrivée dans la demeure de Judia, Syp de Sora était déjà présent avec Orline, il m’a saisi par la taille et par la bouche pour m’empêcher de crier. Ils étaient entrés sans effraction dans la demeure de ma sœur…elle avait sans doute dû leur laisser une clé.
C’est à cet instant que j’ai compris qu’il était arrivé malheur à ma sœur.
Je ne savais pas exactement ce qu’il s’était passé…je ne savais pas si c’était bien réel, je ne pensais pas la perdre…elle est ma sœur aînée et je ne l’avais pas vu depuis plus d’un an. Vous venez à l’instant de me confirmer qu’elle est bel et bien décédée. » elle marqua un pause, sa gorge s’était soudainement bloquée par la tristesse et le manque d’hydratation
« Je pense que Jenifaël est entrée dans le domicile de ma sœur en entendant mes cris lorsque je me suis défaite de l’emprise de cet homme. Elle pourra vous le confirmer à son tour. Syp de Sora se disait ami de ma sœur, il avait besoin de soin.
Ma sœur n’étant visiblement plus de ce monde, je ne pouvais pas rester chez elle, c’était trop risqué pour moi…je devais partir au plus vite. »
Floria se souvint rapidement des raisons de son départ, cela réveilla de récentes douleurs
« Syp de Sora n’était pas en mesure de marcher donc je lui ai proposé de le transporter, car ma sœur aurait voulu que je porte assistance à l’un de ses amis.
Cela n’est qu’arrivé dans ce hangar où il m’a dit une partie de ce qu’il s’était passé. Il m’a parlé de l’Arbre Blanc, m’a dit que Judia en faisait partie. Il m’a parlé d’un Lord Rhydon, d’un Cartogan et d’une mission suicide. Selon lui, ces deux personnes seraient à l’origine de la mort de ma sœur…
Il ne m’a pas tout dit, je le sais et je ne sais pas si je dois encore le croire. Il m’a sans doute dupé, profitant de mon jeune âge et de ma fragilité du fait de la mort de ma sœur. Je me suis isolée, fâchée et en colère contre lui, contre Orline et contre moi-même. Vous êtes ensuite arrivés pour nous arrêter, je n’ai pas eu plus d’explications.
C’est tout ce dont je suis en mesure de vous dire Monsieur, c’est tout ce dont je sais. Je vous le jure.»

En lui saisissant sa sacoche dans le hangar, ils avaient sans doute trouvé sa correspondance avec Judia, qui montrait bien qu’elle n’avait aucune information sur l’Arbre Blanc…la dernière lettre de Judia était d’ailleurs assez révélatrice. Elle pensa un instant à son carnet de croquis…espérant qu’il ne soit pas détruit…

Ces explications lui suffiront-elles pour la sauver de cette histoire ? Ou avait-elle prit un chemin sans retour possible ?

Floria savait que cet homme avait son destin et sa vie entre ses mains. Et elle espérait au plus profond d’elle que la clémence faisait partie de ses qualités…
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... - Page 2 EmptyLun 23 Oct 2023 - 13:22



Un bruit tonitruant arracha Orline à ses songes à demi éveillée. Elle sursauta et en renversa l’encrier sur des pages heureusement vierges. Par réflexe, la jeune femme releva le contenant prestement et jeta des buvards sur la tâche pour éviter le pire. Mais le mal était fait et bientôt, le bruit se fit à nouveau entendre, à en faire trembler les parois fines du hangar. Tout était perdu. La panique s’empara de chaque fibre de son être et son regard chercha un instant en vain une issue de secours, une sortie, qu’importe. Se rendant à l’évidence rapidement, elle passa sa main sur sa lame dissimulée sous son jupon et fit de son mieux pour réunir ses esprits.
Un dernier coup d’œil sur sa vie qu’elle laissait derrière elle pour une mort certaine, elle inspira un grand coup et alla retrouver le reste de ses ‘compagnons’ d’infortune alors même que le bélier finissait son œuvre d’ouvrir les portes maintenant ballantes du hangar familiale. Orline tâcha de faire bonne mesure et releva le menton, prête à braver son destin mais quiconque un tant soit-il perceptif, pouvait percevoir la peur qui maintenant obscurcissait son regard, et le léger tremblement de ses mains, la pulsation de son cœur battant.

La jeune femme observa ce qui semblait être le meneur d’homme. Brun, assez petit et frêle, il avait cependant des airs de conquérant. La sentence qu’il débita la fit frémir d’horreur. Elle resta cependant immobile, ayant parfaitement conscience qu’elle n’avait nulle part où fuir…Cependant l’habitude la rendait plus…observatrice et elle fit son possible pour noter le moindre indice, la moindre faille pouvant être utilisée à l’avenir… Des hommes prétentieux elle en avait connu, et il était toujours facile de jouer sur leur vanité…Orline essaya de se raccrocher à cette idée comme à une bouée de sauvetage malgré son désespoir qui lui brouillait l’esprit.
La jeune femme tâcha de son mieux d’accrocher le regard de l’agent de l’Arbre, d’en percer les secrets. Lentement, avec réticence, elle releva les mains par-dessus sa tête, ses manches glissant le long de ses bras nus. Elle ne quitta des yeux ce dénommé Zehef et se mit doucement à genoux, bravant le contact froid des fers sur ses poignets. Elle ne put cependant cacher le frisson qui la parcourut.

La révélation qui s’ensuivit lui fit perdre pieds et il était probablement préférable qu’elle soit déjà à genoux sur le sol froid du hangar… Ses pires craintes, ses doutes, cette vérité qu’elle n’osait s’avouait à elle-même depuis le précédent soir… s’étaient révélés justes. Tous ses efforts, ses sacrifices pour sauver sa famille ont été vains. Les menottes de fer cliquetèrent contre ses poignets fins et la nausée lui monta dans la gorge. Le Directeur était mort, et elle n’aurait aucun salut. Des tremblements la secouèrent, claquant ses dents et la respiration saccadée. Elle sentit Syp se débattre non loin pour attirer son attention mais Orline baissa le regard et le garda fixé sur le sol, vaincue.
Elle ne réagit pas lorsque le garde tira brutalement sur ses menottes et la remit de force sur pieds et ne dit un mot lorsqu’elle fut jetée à l’arrière d’un véhicule en direction de la prison. Elle ne releva même pas la tête pour constater les dommages causés au hangar, ne dit au revoir au lieu qui avait été son refuge, sa passion, son avenir rêvé…Le silence s’abattit entre les occupants, tous prenant conscience lentement de la réalité.

Un dernier éclat de luminosité fit plisser ses yeux, et l’obscurité les engloutit…elle était arrivée dans son dernier lieu de vie, la dernière étape. Son regard glissa sur les pierres humides et grises des murs, une sensation irréelle l’envahit. Elle sentait le souffle du garde contre le creux de sa nuque, le claquement métallique des armures et des menottes entrecoupés des propositions houleuses faites aux femmes de leur compagnie. Elle serra les dents mais ne dit mot, son regard toujours soigneusement éloigné de l’homme ayant causé la perte de sa famille, le sang glacé dans ses veines.
La fouille cependant réveilla ses instincts les plus primaires et la terreur s’empara soudain d’elle. Non. Non. M’approchez pas !
Sans dire un mot, elle se débattit néanmoins, ses menottes s’enfonçant dans ses poignets et lui arrachant un hoquet de douleur. Il n’y avait pas de garde femme, et les hommes étaient loin de faire preuve de manières à leur égard. Lorsque le soldat s’occupant d’elle sentit sa lame, il passa sa main sans ménagement sous ses jupons pour l’en défaire. Ce contact la répulsa jusqu’au plus profond de son être. Elle recula et se servit du garde la tenant dans son dos comme appui pour se cambrer et propulser sa jambe de toute ses forces contre le garde en face, le faisant tomber à moitié sur ses camarades. Elle se débattit farouchement, prête à morde si elle le devait. Elle n’avait cependant aucune chance contre deux. Elle fut dépouillée de sa lame et le garde, fortement remonté par cette bravade, lui asséna un coup qui lui fit monter instantanément le goût du sang dans la bouche, sa vision brouillée de noir, le souffle coupé. Elle s’effondra dans les bras du garde dans son dos et ne posa plus de difficultés sur le chemin, les pieds trainant mollement sur les pierres.

Il lui fallut une bonne dizaine de minutes pour revenir à elle avec une douleur lancinante sur sa joue et sa tête. Elle remonta une main vers son visage pour en palper les dégâts et tressaillit de douleur. La jeune femme était collée contre les barreaux de la cellule et ne comptait pas bouger en vue des étourdissements qui l’envahissaient. Tout cela pour rien… Elle aurait volontiers fondu en larmes mais n’avait que sa fierté à laquelle s’accrocher. Elle serra donc les dents et fut reconnaissante de la douleur qui lui changeait les idées de la trahison de Syp. Il devait le savoir depuis le début et lui avait consciemment caché la vérité pour attirer ses faveurs. Qu’il se les garde. Orline tâtonna avec précaution sa joue enflée, tachant d’en déterminer les contours. Elle se mura dans le silence et ignora les commentaires des prisonniers des autres cellules oh combien contents de voir de nouvelles arrivées et bien jolies en plus.
Combien de temps passa dans cette cellule morbide, froide, humide à l’odeur des plus infect ? Elle ne sut le dire, mais son ventre indiquait au moins plusieurs jours. Elle fut désolée pour Jenifaël et Floria mais ne put trouver des mots de réconforts à leur apporter, elle n’en avait pas pour elle-même. Des pas se firent entendre, la serrure rouillée grinça sinistrement et l’homme à l’apparence de bourreau emporta avec lui les deux jeunes femmes qu’elle connaissait si peu, la laissant seule avec Syp…

Son regard était obstinément tourné vers l’extérieur de leur cellule et les torches éclairant faiblement le couloir sombre. Elle compta le nombre de barreaux dans sa tête pour tromper son ennui, puis le nombre de torches visibles de son côté. Elle mémorisa les visages des prisonniers qu’elle pouvait distinguer dans la pénombre et inventa les raisons derrière leur sentence. Combien d’entre eux arriveraient à revoir la lumière du jour ? Peu. Probablement aucun en ces temps perturbés par les émeutes. Les juges avaient bien mieux à faire pour occuper leurs temps que de trier les plus innocents des mauvais du lot. Elle ne se faisait peu d’illusions sur son propre sort…
Orline avait presque réussi à retrouver une paix intérieure, qu’elle entendit Syp essayer de lui parler. Pour se défendre ? Ou bien faire la conversation ? Qu’importe. La fureur qu’Orline pensait dompée s’éveilla à nouveau dans une force inimaginable qui lui était totalement étrangère.

Elle se rua sur l’homme, faisant claqueter ses menottes, le regard de braise s’inscrivant dans celui étonné de Syp qui ne s’attendait probablement pas à une telle furie. Sans même attendre ni chercher à comprendre ses propos, la jeune femme lui asséna coups de poings sur coups. Elle fut sourde à la douleur qui lui envahissait les poignets, les doigts s’écorchant au contact, la chemise de l’homme se tâchant de sang, probablement un mélange de ses blessures rouvertes mais aussi de ses propres blessures. Les larmes enfin montèrent dans ses yeux et lui bloquèrent la respiration. Elle ne lâcha rien cependant, enjambant le traître autour de ses hanches, aveugle à leurs blessures. Elle continuait de frapper sans relâche, sous les encouragements des autres prisonniers non contents d’avoir un peu d’animation dans ce trou à rats.
Elle hoqueta et continua, la respiration désormais sifflante et la vue brouillée :


- Tu as condamné ma famille ! Mon sacrifice n’a servi à rien !


Elle ralentit enfin, son énergie affaiblie par des jours de déprivation et d’insomnie. Ils étaient au sol de la cellule, Orline entourant Syp de ses jambes, les mains recouvertes de sang accrochant son chemisier désormais trempé. Elle ne pouvait distinguer l’expression de son visage dans la pénombre et n’en avait que faire. Elle évitait toujours son regard et préférait fixer le sien sur son col et ses mains déchiquetées par les coups répétés. Elle respirait avec difficulté, et ne put que chuchoter comme pour elle-même.

- Ne me parle pas. Ne me regarde pas. Ne me TOUCHE pas.

Elle le repoussa avec violence du plat de ses mains et se releva avec toute la dignité dont elle en était capable. Elle reprit place contre les barreaux de la cellule et entendit des sifflements appréciateurs des observateurs. Elle les ignora et remonta ses jambes contre elle du mieux qu’elle put, pour apposer sur ses genoux ses mains. Des goutes de sang perlaient de ses ongles brisés, dégoulinant goûte à goûte sur ses jupons. Elle avait mal. Mais elle préférait cent fois la douleur physique au désespoir qui l’avait envahi…


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:38, édité 3 fois
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Learamn
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De mal en pis... - Page 2 EmptyDim 19 Nov 2023 - 14:55




Zehev avait écouté le récit de Floria Morbise sans sourciller, griffonnant quelques notes sur son parchemin à certains moments. La jeune femme semblait sincèrement confuse face à cette situation et ne disposait point, de prime abord, d’informations plus intéressantes. Soit elle était passée maître dans l’art du mensonge et de la manipulation, dissimulant des secrets importants sous ce masque d’inquiétude. Soit elle était réellement effrayée par sa situation et prête à coopérer. Le Capitaine penchait pour la seconde option même s’il devait avouer que l’ampleur de la coïncidence le troublait. Toutes ces personnes, se retrouvant au même endroit, au même moment et qui décident de s’entraider alors même qu’elles ne se connaissent à peine. Il avait bien du mal à tirer un sens logique à tout cela. Cependant, la présence de Floria dans la demeure de sa défunte sœur était la plus compréhensible, de ces quatre captifs, elle était certainement celle qui disposait de l’alibi le plus solide.
Quant aux autres…Quel fugitif serait assez fou pour confier sa vie à de parfaits inconnus? Derrière lui, il entendit Brise-Gueules s'agiter, faisant ostensiblement rebondir son gourdin dans la paume de son immense main. D’un geste, l’officier le rappela à l’ordre.

“Floria Morbise, avant d’aider et de soigner des inconnus, il aurait fallu s’assurer qu’ils ne s’agissent pas d’ennemis à la Couronne. Inconsciemment ou non, vous vous êtes associé à ces malfaiteurs et cela risque de vous coûter très cher…Mais peut être pas autant qu’à votre camarade.”


Il déporta alors son regard sur Jenifaël et s’ensuivit un interrogatoire intense. L’agent avait eu vent de la tentative de chantage que la guérisseuse avait réalisée pour échapper à la garde et visiblement il goûtait peu à ses méthodes. Ce genre de pratiques qui avaient fait de la glorieuse Cité Blanche, un repaire de malfaiteurs et de brigands prêts à tout, au mépris de la loi. Zehev n’avait pas réalisé à quel point la gangrène qui accablait sa ville avait progressé, désormais même des infirmières sans prétention plongeaient dans de telles méthodes. Néanmoins, au-delà du témoignage du soldat, Zehev ne tira pas grand-chose de la jeune femme et de liens supposés avec les deux déserteurs, Elle aussi affirmait ne pas les connaître et rien n’indiquait, pour le moment, qu’elle leur mentait. La prisonnière s’était fortement compromise en s’associant à eux mais, pour le moment, l’espion jugea qu’il ne pouvait en tirer en plus. Il rappela Molek, le geôlier et congédia les deux femmes ; sous le regard triste d’un Brise-Gueules, passablement déçu de ne pas avoir été mis à contribution.

“Ne t’en fais pas mon ami.
Le Rassura Zehev. Les deux autres lascars cachent certainement des choses plus intéressantes…”




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Le gardien les raccompagna jusqu’à leur cellule où régnait une atmosphère glaciale entre Orline et Syp. Visiblement, les deux s’étaient violemment disputés et, désormais, chacun s’était réfugié dans un coin du cachot, murés dans un silence de plomb, attendant qu’on vienne les chercher pour être interrogés.

Commença alors une longue attente. Là encore, il leur était impossible de réaliser combien de temps s’était écoulé. Tout ce qu’il savait c’est qu’on leur avait amené des maigres repas, à quatre reprises, Des pichets d’eau, des miches de pain noir et une mixture qui s’apparentait à un ragoût dont se dégageait une odeur pugnace. Était-ce là une stratégie de l’Arbre Blanc ? Les faire patienter le plus longtemps afin qu’ils gambergent, qu’ils se disputent, qu’ils se divisent ? Les méthodes de manipulation, voire de torture psychologique, ne manquaient pas et ce Zehev de Siznoff ne semblait pas hésiter à user de tout l’arsenal dont il disposait pour arriver à ses fins.

Finalement, on vint les chercher. Le même gardien au crâne rasé, toujours avec ce visage fermé et sans prononcer le moindre mot. Mais il n’était pas seul, un homme de haute taille, vêtu d’un costume de domestique parfaitement soigné les toisait du regard. L’inconnu chuchota quelque chose à l’oreille du gardien. Comme attendu, ce dernier désigna d’un geste Orline et Syp, mais, étonnamment, ne s’arrêta pas là, et pointa ensuite son doigt boudiné en direction des deux autres captives. Que pouvait bien vouloir Zehev à Floria et Jenifaël ? N'avaient-elles déjà pas vidé leur sac ? Pourquoi convoquer tous les prisonniers en même temps ? Etat-ce la un nouveau stratagème retors imaginé par l’agent de l’Arbre Blanc ?

Molek et le domestique les guidèrent à nouveau à travers le dédale de couloirs de la prison de la capitale. Il n’avait pas pris la peine de leur lier les mains, s’exposant ainsi de manière claire. Avec un peu de coordination, les quatres prisonniers auraient pu le submerger et prendre la fuite avec le trousseau de clés. Encore fallait-il pouvoir trouver sa route jusqu’à la sortie sans se faire voir.

Au bout de quelques minutes, Floria put constater que leur gardien empruntait un chemin bien différent de la dernière fois. Une nouvelle salle d’interrogatoire ? Ou pire, de torture ?

Ils montèrent plusieurs volées de marches et bientôt des fenêtres qui donnaient réellement sur l’extérieur apparurent sur les murs de pierre. La lumière du jour, enfin, se mit à les éblouir après de si longues heures passées dans la pénombre. Molek les avait ramenés à la surface.

Il leur fallut plusieurs secondes pour s’habituer à la lumière et réaliser qu’ils se trouvaient dans le vestibule de la prison. De grandes colonnes blanches soutenaient l’édifice, qui contrairement aux autres bâtiments de la ville, s’enfonçaient en profondeur dans les souterrains de Minas Tirith. Le capitaine Zehev de Siznoff était bien là mais il avait troqué son flegme et sa posture arrogante pour une colère noire. Il agitait les bras, le visage rouge et vociférait à l’encontre d’une femme d’un certain âge, qui se tenait stoïquement devant lui, un air légèrement amusé sur son visage harmonieux. Il se dégageait d’elle une noblesse de sang et d’esprit, sa longue crinière grise était parfaitement entretenue et les rides aux commissures de ses lèvres et aux coins de ses yeux venaient ajouter une note de sagesse à sa beauté indéniable.

“Mais qu’est ce que c’est que cette mascarade ? Vous croyez pouvoir venir ici et faire sortir qui bon vous semble comme s’il s’agissait de votre cave personnelle ?” S’emporta Zehev.
“-Précisément” lui répondit la femme avec un calme olympien qui ne semblait pas intimidée pour un sou.

Elle sortit un parchemin marqué du sceau de l’Arbre Blanc et le tendit à son interlocuteur avec un air défiant.

“Voici l’autorisation de libération conditionnelle signée par le Commandant Esmer de Vigo, lui-même. Voyons mon cher Zehev, vous n’allez pas remettre en question un ordre de votre supérieur direct ? Et puis, il est inutile de vous mettre dans tous ces états, si Olorius vous voyez gesticuler de la sorte…”

L’officier de l’Arbre parcourut la lettre et son expression passa progressivement de la rage à la décomposition totale. Sa mâchoire se crispa sous le coup de la frustration et, une fois la lecture achevée, il jeta violemment au sol le manuscrit. Sans demander son reste, il fit signe à Molek de relâcher les prisonniers avant de quitter la pièce en leur lançant un regard noir.

La femme aux cheveux gris se tourna alors vers eux avec un large sourire.

“Oh mesdames, vous me voyez navré du traitement qui vous a été réservé.”

Elle se précipita alors en direction de Syp, cette fois avec un air plus sévère, et examina les plaies de l’assassin de Rhydon.

“Oh Syp , mon petit Syp. Regarde dans quel état tu es…Toujours le don pour attirer les problèmes… Un vrai Sora. Si ton regretté oncle te voyait en ce moment même…”

Face aux regards interrogateurs des trois prisonnières, leur salvatrice se présenta:

“Je suis la Comtesse Alessa de Sora, et vous êtes désormais sous ma protection. Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez plus à passer une seule minute dans ces horribles cachots. Ah et voici Eved, mon fidèle maître majordome.”

Le grand homme au crâne dégarni qui était venu les chercher dans leur cellule s’inclina légèrement.

“Ne perdons pas une minute de plus et quittons cet endroit maudit si vous le voulez bien. Un bon repas chaud vous attend.”

La Comtesse se précipita, d’un pas rapide, vers l’extérieur où était stationné un luxueux carrosse poussé par deux magnifiques étalons. Elle les invita à monter à l'intérieur et s’installer sur l’une des banquettes, tandis qu’Eved prenait place devant près du conducteur.

Le trajet fut bref, les menant vers les cercles supérieurs de la cité. Alessa s’enquit de leur état de santé et distribua quelques fruits secs qu’elle conservait dans un petit casier près de son siège. Cependant, elle se garda de donner de plus amples explications concernant les conditions de leur libération. Une libération qui semblait d’ailleurs toute relative, puisque tout indiquait que l’ordre d’Esmer de Vigo les plaçait “sous la protection”, pour ne pas dire la tutelle, de la Comtesse de Sora.

Ils s'arrêtèrent finalement devant une luxueuse bâtisse blanche, ornée de nombreuses moulures. Près de la grande porte d’entrée, gardée par deux sentinelles, trônait une grande statue représentant un lion majestueux en train de rugir. Alessa de Sora, descendit du convoi la première. Les gardes la saluèrent avec respect et lui ouvrirent la porte qui donnait sur un immense salon fait de marbre blanc, au milieu duquel trônait une longue table de pierre. De nombreux tableaux de maîtres et autres objets de grande valeur ornaient les murs, symboles de la puissance passée et présente de la famille qui occupait ce palais.

“Eved va vous conduire à vos chambres. Vous pourrez vous y laver et vous reposer dans des lits propres. Le dîner sera servi dans deux heures.”


Sur ces mots, la Comtesse aux cheveux gris s’éloigna, laissant son maître majordome guider ses invités à l’étage. Chacun d’eux y disposait d’une chambre personnelle et luxueuse, de grandes fenêtres donnaient sur les plus beaux quartiers de la ville et une salle d’eau privée jouxtait chacun de leurs dortoirs.

Ils disposaient à présent de deux heures pour récupérer, mettre de l’ordre dans leurs idées, ou régler leurs comptes…



—----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Le repas qui fut servi n’avait rien à voir avec la pauvre pitance que Zehev leur avait fait servir dans les cachots. Ici, le pain était frais et encore chaud, sortant à peine du four. La viande était juteuse et parfaitement cuisinée et le vin provenait des producteurs les plus réputés du Harondor, le sceau de la Compagnie du Sud fièrement apposé sur l’une des bouteilles que les convives se passaient de main en main.

Alessa était assise en bout de table, les quatre anciens détenus se tenaient de part et d’autre.

Alors qu’ils mangeaient encore leur plat de résistance, leur hôte déposa ses couverts et s’éclaircit la voie.

“Soyez les bienvenus au château de Sora, la demeure qui a abrité plusieurs générations d’illustres représentants de notre famille qui ont si grandement contribué au rayonnement et au développement du Royaume du Gondor.”

Elle dévisagea un à un ses invités.

“Comme vous avez pu le constater, j’ai usé de mon influence, et pris certains risques, pour négocier votre libération conditionnelle. Le capitaine de Siznoff est un homme détestable mais il n’est pas un officier rebelle et il agissait bien selon ses directives…En l’état actuel des choses, seules Floria et Jenifaël peuvent librement rentrer chez elles et retrouver leurs proches. Si vous le désirez bien sûr. Vous n’êtes point accusé de désertion et tant qu’une enquête sérieuse ne sera pas menée à son terme, vous êtes libres entre les murs de Minas Tirith. Quant à vous…”

Elle se tourna ensuite vers Syp et Orline :

“J’ai obtenu que les autorités vous traitent avec clémence, toutefois vous avez bien cherché à déserter vos fonctions. Le Commandant Esmer de Vigo est cependant prêt à vous pardonner à condition que vous meniez une mission pour l’Arbre Blanc. Votre choix est simple: accepter de reprendre du service  comme agents de l’Arbre Blanc ou retourner au cachot jusqu’à la tenue de votre procès.”


Elle reporta à nouveau son attention sur Floria et Jenifaël :

Compte tenu de votre implication dans les récents évènements, vous pouvez également choisir de vous associer à vos deux compères pour faire toute la lumière sur cette histoire. Si vous ne désirez pas mener cette mission pour l’Arbre Blanc, alors je vous invite à quitter immédiatement le Palais et retourner chez vous.”


La Comtesse les toisait du regard, attendant la réponse de chacun avant de pouvoir donner de plus amples détails sur cette fameuse mission ordonnée par Esmer de Vigo, Commandant de l’Arbre Blanc.

#Alessa #Eved #Sora


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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... - Page 2 EmptyDim 19 Nov 2023 - 21:39
De mal en pis... - Page 2 Syp15


*

Trois coups, tout ce qu’il se rappelle du début, trois coups puis des hommes armés. Des menaces, il fanfaronne, le ptit capitaine de l’arbre blanc, l’arbre blanc qui vient de définitivement lui voler sa vie, qui avait déjà volé celle de tant d’autres rebelles comme lui. Il fanfaronne alors que seul à seul il serait déjà mort.

*

Le désespoir dans les yeux d’Orline. Dans ces yeux qui le regardaient avant avec ce mélange de haine et d’amour qui rendait leur fuite si palpitante...Et par-dessus tout, la révélation du meurtre, légitime, et moral, Rhydon n’était qu’une vermine au service du régime, mais illégal sur le sol de la cité blanche. Et surtout, surtout, à travers le voile de sang, le souvenir que tout s’effondre, que c’est la prison à vie qui l’attend, le sentiment que toute combativité coule en dehors de lui, que sa belle hargne n’est pas assez face à tout cet ordre qui lui tombe sur le nez...Et le sentiment des gants de mailles sur ses bras, des coups sur sa nuque, des grognements, les siens peut-être ? Un vague reste de résistance ?

*

Le froid de la cellule, les quatre silhouettes de ses compagnons, le silence de mort, ou en tout cas c’est comme ça qu’il se le rappelle maintenant, la culpabilité, que tous soit pris à cause de lui. Ses blessures qui le torturent, sa mâchoire qui semble sur le point de tomber. Puis Jenifaël et Floria qui s’en vont, d’elles-mêmes ou prise par un gardien, Syp ne le sait plus, il ne sent que les coups des petits poings sur son visage, et sa tête qui cogne contre la pierre froide.

*

Retour à l’instant présent, non, quelques minutes avant. Il avait tenté de dire quelque chose à Orline, quoi ? Il n’en avait aucune foutue idée. Mais elle s’était élancé sur lui. Et désormais il y était.
Des flash de lumière, de plus en plus ténue, à mesure que Syp se sentait sombrer. Elle en avait de la force quand elle s’y mettait. La sensation d’être un fruit trop mûr que l’on frappe avec un bâton, de ses blessures qui se re-ouvre, de sa mâchoire qui part en vrille. Ca fait mal d’être violenté par ceux que l’on aime...Et pourquoi Syp ? Pourquoi elle te fait ca hein ? Tu as condamné sa famille, et elle, tu n’as rien fait pour elle, tu le mérites bien, dans ta quête de justice tu as condamné des innocents, comme elle. Frappe encore Orline, tue-moi, tue-moi sous tes coups ! Que ces salauds qui se prélassent dans les tours les plus hautes gagnent une fois pour toutes, qu’on se sache jamais le fin mot de cette histoire. Frappe Orline, de ces petites mains que je serrais dans les miennes il y a quelque temps à peine…
Elle était sur lui, le serrant entre ses jambes, à une autre époque cela l’aurait excité, mais à ce moment, dans cette cellule sombre et humide, au sol taché de son sang, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. A travers ses yeux mutilés, Syp la voyait, la belle belle Orline, et surtout ses phalanges rougies, en plein visage.
Et il se sentit comme mort, plus rien en lui, sa quête pour Petrus allait finir ici, dans ce cachot, il ne reverrait jamais les plaines de l’est lointain, il ne reverrait jamais le monde, on l’oublierait, et Orline vivra en le détestant….Et bien Syp ? Une pointe d’amour pour elle avant la mort ? Il aurait fallu s’en rendre compte avant de la mettre dans une pareille situation non…

Elle lui crie dessus, il n’entend même pas, il la voit juste, jolie dame bien abîmée. Ses lèvres, fines et désirables, s’ouvrent avec colère pour l’accuser. Il regrette de ne pas pouvoir les embrasser. Mais qui embrasserait un meurtrier ? Elle se lève, se replie, elle a gagné la bataille, elle a gagné la guerre. Elle se blottit loin de lui.

Le sang macule sa chemise, son visage est plein de croûtes, même parler est difficile tellement sa mâchoire inférieure le fait souffrir. Ses larmes ont creusé deux sillons clairs sur ses joues. Mais Orline ne le voit pas, dans le noir...C’est dur de bouger, c’est comme soulever un cheval mort à chaque mouvement, c’est dur de réfléchir, ca oblige à se rendre compte de son état... Alors autant rester un peu apathique n’est-ce pas Syp ?

*

Syp était allongé au fond de la cellule quand les deux hommes leur ouvrirent la porte. Il vit vaguement que tous les quatre étaient encore rassemblés. Il avait peine à se tenir debout. Il tenta de regarder Orline, mais se concentrer était encore trop difficile, la privation de nourriture et les coups de sa compagne de cellule l’avait trop abîmé...Le guerrier se dandina tant bien que mal dans les couloirs de la prison, ne sachant toujours pas ce qui les attendait, pensant qu’au meilleur des cas, c'était la pendaison en public, au pire un entretien avec Zehev…

Et c’est alors que le prisonnier aperçu un visage familier, et qu’un petit peu de jour se fit dans ses idées. Il connaissait la femme qui était en train de tenir tête à Zehev, il connaissait cette allure, c’était de famille pourrait-on dire. Et malgré la souffrance que la lumière infligeait à ses yeux meurtrit, Syp se retourna avec délectation vers Zehev, qui fulminait, tout rouge et en nage, ayant perdu à ses yeux toute sa belle confiance et sa belle allure de bon petit soldat de la couronne.

-“Voici l’autorisation de libération conditionnelle signée par le Commandant Esmer de Vigo, lui-même. Voyons mon cher Zehev, vous n’allez pas remettre en question un ordre de votre supérieur direct ? Et puis, il est inutile de vous mettre dans tous ces états, si Olorius vous voyez gesticuler de la sorte…”

Quel délice que d’entendre cela, la liberté, ou ce qui s’en rapprochait le plus, à portée de main. Syp ne manquerait pas une occasion de l’empoigner le plus fort qu’il pouvait !

Ils étaient enfin relâchés, le papier salvateur traînait sur le sol, Syp le ramassa, en petit souvenir d’un bon moment de sa vie. Et alors Alessa, car il l’avait bien reconnu, après tous ces dîners de famille, ces bavardages et ses petites attentions de grande tante dans l’immense et puissante famille De Sora, s’élança vers lui. Dans un pic d’instinct maternel, elle examina ses blessures en l’appelant son petit Syp, comme il y a bien longtemps, et la mention de son oncle lui amena un peu de chaleur au cœur, son oncle dont il avait tant appris, son oncle qu’il avait aimé des fois comme un père, il aurait été fier de lui pour la majorité de ses actions aimait à se dire Syp quand il pensait à lui...Le voyage se fit comme dans un rêve, malgré ses tourments, il réussit à gravir les étages de la cité Blanche, jusqu’aux cercles supérieurs, où se trouvait la grande maison bourgeoise de sa tante.

Il se laissa guider à sa chambre, restant un peu en retrait derrière Orline, n’osant pas encore aller lui parler, mais la douceur de son lit et l’odeur de la bonne nourriture lui firent oublier ses inquiétudes pour quelques dizaines de minutes. Mais alors qu’il se reposait, habillé d’une nouvelle chemise de velours rouge clair prise dans sa garde-robe, il entendit un pas caractéristique dans une des pièces adjacentes à la sienne. Le pas d’Orline, et des grincements de parquets, comme si elle s’affairait à quelque chose. Et sur un coup de tête, et car il avait de nombreuses choses à lui dire, Syp décida de se lever, changeant juste de pantalon pour un assorti à sa chemise, et partit vers la porte.

Il ouvrit, sans toquer, sans réfléchir. Et soudainement elle était là, devant lui, pas en furie ou en train de le bastonner, non, juste là. Son corps, toujours délicieux malgré les marques de combat, était en partie dénudé. Syp déglutit, elle ne l’avait pas encore vu, il se tenait sans bruit dans l’embrasure de la porte. Elle devait sûrement se soigner, trop fière pour demander de l’aide...Qu’elle était belle, ses cheveux en bataille traînaient prudemment sur ses épaules, son visage concentré tourné vers ses multiples bleus et contusions. Elle qui n’avait jamais connu  les affres de la guerre avait pourtant ici l’air d’une vraie soldate, mais aussi d’une jeune fille perdue dans une histoire qui la dépassait, et tout cela à la fois faisait battre le cœur de Syp plus vite que le vent.

- « Orline... » Elle sursauta tenta de cacher sa poitrine, une expression de stupeur et d’étonnement devant sa présence « Pardon ma dame de vous déranger dans votre intimité, mais le fait que vous m’ayez passé à tabas me donne je pense le droit de venir ici sans gêne. De plus, et là aussi je ne crois plus avoir à me gêner dans ce que nous nous disons, je vais te tutoyer, je ne peux pas te cacher que la vue de ta beauté me réchauffe le coeur Orline... Mais dis moi d’abord si tu veux de l’aide pour toutes ces blessures, je sais m’y prendre si tu veux... » Il s’approcha d’elle, il sentait que cela n’allait pas la déranger, ils étaient au-delà de ca. « Ouvre tes bras, comme ca, voila, et beh...tu t’es pas loupé Orline, fais voir tes mains que je vois à quel point mon visage est dur à amocher » Ils étaient bien au-delà de la gêne, mais la proximité du corps de la jeune femme électrisait l’air autour de syp, il la sentait à côté de lui, il était conscient des moindres détails de son corps, des coupures sur ses mains à sa poitrine délicate et frémissante, il en été conscient au point que le désir réprimé de la prendre dans ses bras une nouvelle fois était douloureux. «  Je m’occuperais des tout ça après, je crois savoir où ce trouve le matériel de pharmacie ici , avant j’aimerais te dire deux mots...Je suis désolé Orline, je suis désolé pour tout ca, à un point... »Il sentit une larme monter, et posa la tête sur l’épaule, toute douce, de sa compagne, ici sa mâchoire semblait lui faire moins mal, il ferma les yeux quelques instants et reprit « Je suis désolé pour t’avoir mis dans une situation aussi compliquée, pour t’avoir mis autant en danger, pour avoir mis ta famille en danger, pour avoir  rendu vain tes efforts pour t’en sortir, pour t’avoir caché ce que j’ai fais, pour avoir été un beau salaud Orline, je m’excuse de tout ca, même si aucun pardon n’est assez pour défaire ce que j’ai fais ...Et je ne t’en veux pas pour ce que tu as fait dans la cellule, tu à faillis me tuer sache-le en tout cas, mais je ne t’en veux pas, pour bien des gens il aurait fallu que je mourusse là bas. Et pour toi aussi peut-être. Tu sais quand je me suis senti partir sous tes coups, je n’ai plus pensé à rien, plus de quête secrète, plus d’envie de justice, plus de peur, à part peut être une chose...Que je meure alors que tu me détestais, que je meurs sans une once d’amour de ta part. Et oui Orline, avant que tu dise quoi que ce soit, j’aime être aimé par toi, j’aime t’aimer, qui sait, peut-être que je t’aime après tout, je ne sais pas, j’aime ta voix, j’aime ton visage, c’est lui que je fixais à travers le sang quand tu étais sur moi, j’aime ton corps et peut-être je t’aime tout en toi tout bêtement... »

Syp se tourna, pour placer son visage déformé en face de celui d’Orline, essayant de calmer sa respiration saccadée et de ne pas se concentrer sur autre chose que ses yeux.

- « Et qui sait Orline, peut-être est-ce que j’ai aussi l’espoir que toute cette histoire soit partagée »

Et Syp s’approcha, rapidement, maladroitement, sans penser aux conséquences potentiellement désastreuses de son acte, des lèvres d’Orline, et l’embrassa, seulement quelques secondes, mais assez pour sentir une explosion dans sa poitrine, et la passion envahir son cou, puis rougir ses joues et lui faire perdre la tête !
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Sighild Baldrick
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De mal en pis... - Page 2 EmptyLun 20 Nov 2023 - 21:26
De mal en pis... - Page 2 Floria14

*** Dans sa chambre ***


*Floria Morbise, avant d’aider et de soigner des inconnus, il aurait fallu s’assurer qu’ils ne s’agissent pas d’ennemis à la Couronne. Inconsciemment ou non, vous vous êtes associée à ces malfaiteurs et cela risque de vous coûter très cher…*

La jeune Morbise ne se remettait pas de ce retournement de situation. Elle avait encore en tête les paroles de ce capitaine et son visage colérique lorsque la tante de Syp était intervenue en leur faveur.

Floria avait fixé du regard le capitaine, tout aussi surprise que lui, à la différence qu’elle ressentait un grand soulagement lorsqu’elle comprit le rôle de cette noble dame. Syp n’était donc pas un simple paysan, il était de bonne naissance. A ses yeux, cela ne changeait pas son opinion sur lui, c’était à sa tante qu’elle se devait d’être reconnaissante.

Elle était donc passée de prisonnière à invitée dans une belle demeure Gondorienne. Elle avait laissé sur le sol de « sa » salle d’eau ses vêtements en lambeaux, prit un terrible plaisir à savourer un bain bien chaud, à se laver le corps et les cheveux en utilisant les lotions misent à cet effet.

C’est en peignant ses cheveux qu’elle repensa à Zehev, à son attitude, à ses mots... Il lui avait glacé le sang…Mais elle sourit, ravie d’être loin de cet homme et d’être libérée de ses chaînes.  

Elle enfila non sans mal la robe posée sur son lit : une robe d’une douleur pourpre, avec quelques dorures sur le col, la ceinture et les manches. Floria laissa ses cheveux détachés. Elle sentait le propre et le parfum, cela la ravit.

Ses affaires lui avaient été restituées, aussi, reprit-elle la bague offerte par sa sœur. Elle la garda un instant devant elle, et eut une pensée pour sa défunte sœur. Le reste de ses affaires était intact, à l’exception de sa bourse qui était désormais vide.
*Je me demande si ce capitaine cautionne le fait que ses propres hommes soient des voleurs. Heureusement que ma bague n’est pas tombée entre leurs mains…un vrai miracle...*


En se contempla une seconde fois dans le miroir de sa coiffeuse, Floria eut un sourire et un regard déterminé : elle avait retrouvé des forces, elle se sentait elle-même. Une vraie beauté Gondorienne.

Une heure s’était écoulée depuis qu’elle avait gagné « ses » appartements. Elle ne souhaitait pas aller à la rencontre de ces personnes qu’elle avait aidé...alors elle décida d’explorer les lieux.

La jeune Morbise fut fascinée par la beauté des lieux et fut rapidement attirée par les œuvres d’art. Les tableaux étaient magnifiques, les vitraux la fascinèrent énormément. Bien qu’elle fût de noble lignée, elle n’avait jamais vu autant de belles choses à un même endroit.


« Vous avez raison d’être admirative Mademoiselle, certaines œuvres ont plusieurs centaines d’années. »


Floria fut tellement concentrée sur ce qu’elle contemplait qu’elle n’avait pas vu Eved se diriger vers elle. Elle sursauta. Il s’excusa :
« Cela n’est pas de votre faute Monsieur, j’étais trop admirative face à temps de beauté. Et ces techniques utilisées sont si impressionnantes, ce sont des choses qui me sont inconnues pour la plupart. Il suffit de constater la manière dont les couleurs sont utilisées pour faire les ombres, pour décrire une émotion, un fait…Pour l’heure, je ne sais que dessiner…j’espère un jour devenir aussi talentueuse que ces maîtres. » elle se reprit « Pardonnez-moi Monsieur, je ne cesse de m’enthousiasmer quand il s’agit d’art. Je tenais justement à vous poser une question : j’ai vu que mes affaires étaient dans ma chambre. Lorsque nous…lorsque les soldats sont intervenus, j’avais avec un moi une jum… »

« Une jument, un âne et une roulotte c’est bien cela ? » dit Eved « Ils se trouvent dans l’écurie, je vais vous y conduire ».

La jeune Morbise fut heureuse d’apprendre qu’Aliéna, Cadichon et que les deux fourchettes furent hors de danger.
*** Les écuries ***


Les deux montures étaient en parfait état. Floria pleura à chaude larmes en les gardant chacun leur tour contre elle. Cadichon était finalement ce qui la rattachait encore à Judia, et Aliéna était sa fidèle jument.

D’un pas délicat, elle monta dans la roulotte des Deux Fourchettes. Le constat était sans appel : il faudrait remettre de l’ordre dedans, poncer voire complétement changer les lattes de bois encore tâchées du sang de Syp. Les banquettes devront également être changées. Le garde mangé fut quant à lui totalement vidé…C’était sans doute le prix à payer pour cette liberté après tout.
« Judia…ô ma chère Judia. Je te promets de respecter tes dernières volontés, ta mémoire sera conservée. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’honorer. » chuchota-t-elle.

Elle prit un couteau dans l’un des tiroirs et se coupa une mèche de ses cheveux. Retournant dans la cour, et plaçant cette mèche dans la paume de sa main, elle la regarda s’envoler.
*Tu seras pour toujours dans mon cœur ma chère Grande Sœur.*

En se retournant pour rentrer, elle tomba nez à nez avec Syp. Floria eut un mouvement de recul. Il était évident que Syp venait à sa rencontre, mais le voulait-elle vraiment ? Et comment devait-elle se comporter avec lui désormais ?

Syp caressa Cadichon et entama une conversation des plus banales : il était tout aussi heureux que Floria de voir les deux montures en ces lieux. Elle ne tourna pas autour du pot de son côté :
« Il aurait été en effet difficile pour moi de les savoir morts. Je dois rentrer, le vent se lève et je commence à avoir froid. »


C’était bien entendu faux mais elle ne voulait pas rester plus longtemps. Cependant, elle fut retenue avec délicatesse par Syp. Il insista en la tenant un peu plus fermement et l’intima à rester :
« Il est trop tard pour m’en dire davantage Monsieur. Vous vous êtes servi de moi, dans l’unique but de vous sauver vous-même. Vous vous prétendiez ami de ma défunte sœur, je ne suis pas certaine que vous l’ayez vraiment aimé comme une amie. » elle reprit « Sans l’intervention de votre tante…je n’ose imaginer mon sort. »

Il la lâcha alors et entreprit un long monologue, qui la troubla. Il lui parla bien entendu de sa sœur, de son courage, de ses propres erreurs…La cloche annonçant le repas sonna alors.

Les deux protagonistes étaient alors en face à face. Touchés l’un et l’autre par leur dire respectif.
**** A table ****


Ils arrivèrent ensemble dans la salle du repas. Floria s’inclina respectueusement envers Alessa :
« Madame la Comtesse, veuillez recevoir mes plus sincères remerciements. Je vous serai éternellement reconnaissante pour votre aide. »


La Comtesse l’invita à s’assoir à ses côtés, Syp était en face de Floria. Jennifaël arriva, suivit de près d’Orline qui s’était à son tour assise à côté de Floria.

Un bon et vrai repas les attendaient, et c’est tout en dégustant ce repas qu’ils allèrent de découverte en découverte…
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Kryss Ganaël
Apprentie des Ombres
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De mal en pis... - Page 2 EmptyMar 21 Nov 2023 - 10:13


Combien de temps passa, dans cette cellule morbide ? Elle ne saurait le dire…cela semblait une éternité, et même plus… Son corset s’enfonçait douloureusement dans ses côtes mais elle ne fit pas mine de l’enlever. Il représentait l’illusion d’une protection et même si elle refusait de se l’admettre, elle aurait été bien incapable de s’en défaire dans l’état de ses mains… Elle le garda donc et serra les dents, accueillant la douleur grandissante avec soulagement car cela l’empêchait de penser, de réfléchir à la fin inéluctable. Elle refusa toute pensée pour ses parents, pour son frère. Elle ne voulait pas pleurer. Elle partirait de ce monde la tête haute car c’était bien tout ce qu’il lui restait, sa fierté. Elle apposa sa tête contre le barreau derrière elle, tâcha de prendre de lentes inspirations malgré la gêne occasionné par ses habits. Ils n’étaient pas faits pour rester ainsi, assise sur le sol de pierre pendant des jours. Mais elle était bien incapable de bouger, de se lever. Elle n’en avait plus les forces et s’était résignée donc à attendre ainsi, le froid s’inscrivant de plus en plus jusqu’à l’intérieur de ses os, lui faisant claquer les dents et arracher un nuage de brume de ses lèvres fendues.
Floria et Jenifaël revinrent dans leur cellule. Orline ne put s’empêcher de les contempler pour s’assurer qu’elles n’aient rien. Il semblerait que l’interrogation pour elles n’aient pas eu de châtiment corporel. C’était toujours ça de gagné… La jeune femme se doutait qu’il n’en sera pas de même pour elle… Mais elle survivra. Elle serrera les dents. Elle pleurait si cela pouvait aider à sa cause. Elle s’adapterait. Elle apprendrait… Un léger mouvement lui arracha cependant un grimacement et sa résolution faiblit. Non. Elle ne s’en tirerait pas… Faites que sa sentence soit rapide, et dans la moindre douleur possible… Ses pensées allèrent vers les méthodes d’exécution les plus probables dans son cas et ses yeux de brouillèrent de larmes, qui, cependant, ne roulèrent pas sur ses joues. Elle serra les dents et ferma les yeux. Pris une longue inspiration. Puis une deuxième.

Des bruis de pas l’arrachèrent à son demi-sommeil et elle releva la tête, la nuque endolorie d’avoir somnolé ainsi sans même prendre la peine de s’allonger. Aucun mot n’avait été échangé entre les prisonniers. Leurs langues collaient dans la bouche dû à la déshydratation, et qu’auraient-ils bien à se dire ? Toutes les excuses, tous les pardons ne sauraient être à la hauteur face à une telle situation… Le garde ce coup-ci n’était pas seul. La jeune femme observa le domestique avec une livrée de majordome. De la main ils les désignèrent tous les quatre. Elle ne comprit pas. L’heure était-elle venue ? Elle tâcha de se relever et tituba de vertige. Ses mains accrochèrent les barreaux pour se stabiliser et elle les suivit ensuite sans un mot après s’être fait retirer les fers. Pourquoi les retirer, s’ils allaient mourir ? Cela offrait-il un meilleur spectacle ? Ou bien espéraient-ils qu’ils tenteraient de s’enfuir pour mieux les condamner, tel une preuve ultime de leur culpabilité pour tous les crimes qu’ils pouvaient bien inventer ou justifier ?
Contre toute attente, leur pas les menèrent vers la sortie où la lumière du jour aveugla momentanément Orline, plissant ses yeux bruns. La jeune femme avait du mal à enregistrer les informations autour d’elle, comme vivant cette scène à travers un voile. Elle entendit cependant la mention de l’Arbre Blanc et cela lui arracha un frisson le long de sa colonne vertébrale, telle une malédiction qui lui collait à la peau et dont elle ne pouvait s’en défaire. Qu’on la tue, là, s’il vous plaît… Elle n’avait aucune qualité en tant que recrue. Elle n’avait pas de marché conclu avec la nouvelle hiérarchie de l’Ordre. Elle n’avait rien à y gagner, et tout à perdre.

La présentation de leur déclarée sauveuse finit d’achever Orline. Ses yeux s’écartèrent d’horreur en voyant la Comtesse se précipiter sur Syp pour jauger de ses blessures. Certaines qu’elle-même lui avait infligé et dont le sang séché maculait sa chemise. Elle avait frappé un De Sora. Double sentence. Combien de fois pouvait-on pendre une personne ? Ou bien l’écarteler ? L’ordre avait-il un sens ? Probablement…mais elle ne pouvait réfléchir. Elle faillit s’évanouir, ses jambes tremblèrent sous elle. Il n’avait jamais révélé son nom…encore un secret, encore un mensonge… Elle détourna le visage. Le reste de la conversation passa à la trappe, elle ne pouvait retenir la moindre autre information. Elle suivit en silence la Comtesse et le majordome et tâcha de se faire le plus petit possible sur la banquette arrière du carrosse. Elle accueillit cependant avec reconnaissance l’eau et les fruits secs qui lui furent proposés. Orline était bien la fille de son père, à enchaîner mauvaise décision sur mauvaise décision. Méritait-elle-même le nom Haradiel ? Elle se sentait si…perdue, démunie et sale. Chaque instant semblait changer le cours de sa vie dans des directions contraires et opposées à la fois, la faisant sentir comme un roseau en pleine tempête. Ne pas se briser…ne pas se briser se répéta-t-elle entre ses lèvres comme un encouragement silencieux…
Ils furent déposés devant un manoir d’une splendeur exceptionnelle dans les hauts cercles de la Cité. En tant normal, Orline aurait dévoré du regard et d’envie une telle démonstration de richesses et de puissance mais son cœur, son cœur et son esprit étaient ravagés par les récents évènements. Elle n’avait que rarement côtoyé de tels lieux à travers la Guilde Marchande mais l’influence écrasante de la Compagnie du Sud était inévitable et omniprésente dans toutes les sphères du milieu. Après s’être mis à dos l’Arbre Blanc, elle s’était ajoutée à la liste une des familles les plus prestigieuses et puissantes de la Cité. Bien joué, Orline… tente maintenant de te faire oublier. Si tu survis, abandonne ces terres et refais ta vie loin, toi qui espérais aider ta famille, tu as fini par n’être qu’un poids pour eux. Un échec. Tu n’étais pas ton frère, malgré tes efforts vaillants…

Elle fit une révérence néanmoins honorable pour remercier la générosité de leur hôtesse et baissa le regard sur les tapis luxueux sur le sol de marbre. Elle put reconnaître certains dans le style du Harondor, ses terres natales, et ne put que tirer une maigre consolation par cette vision. Elle se laissa guider par le majordome du nom d’Eved et se retira en silence. Son regard se promena dans sa suite et ne put, une fois de plus, pleinement profiter du faste et du raffinement de ses lieux. Oh comme elle aurait aimé passer ses doigts sur la soie, caresser les sculptures de marbres et gravures du bois de son lit à baldaquin dont les teintures translucides semblaient aussi légères qu’une plume. Déjà, déjà la baignoire à pied l’invitait dans la salle d’eau. Elle se perdit un instant dans la chambre, tournant et retournant pour tout imprimer dans sa mémoire sans sembler réaliser que cela était la réalité, et qu’elle n’était pas en train de rêver, encore assise sur les pierres froides de leur cellule dans les geôles de Minas Tirith.
Le calme tout autour d’elle était apaisant. Pas un bruit. Pas de cliquetis métalliques, de cris étouffés, de gémissements. Elle prenait petit à petit connaissance de ce nouvel environnement…Ses mains, fébriles, s’affairèrent à enlever enfin cette armure de tissus et d’armatures. Ses doigts tremblèrent, maladroites du froid et de l’épuisement physique et psychique d’Orline. Ils eurent toutes les difficultés du monde à dénouer le corsage pour qu’enfin il tombe à ses pieds, lui arrachant un soupir de soulagement. Elle respira en profondeur, les yeux fermés un instant. Elle les rouvrit, décidée à attester d’elle-même des marques laissées par son enfermement. De la main elle défit les nœuds de son chemisier qu’elle écarta d’abord seulement partiellement mais l’étendue des traces se dévoilant sous ses yeux…elle frissonna et finit par la laisser tomber également sur ses hanches, rattachée seulement par ses jupons. Ses doigts tracèrent les lignes bleutées que le corsage avait laissé sur ses côtes d’avoir été trop serré, trop longtemps… Elle remonta ensuite vers ses épaules, le long de ses bras…et finit sur ses poignets et ses mains, de loin les plus abîmés… Sa peau était d’une fragilité…les gardes quand ils l’ont emmené, avaient été sans ménagement…Elle pouvait voir les marques violacées de leurs mains sur elle et cette vision l’écœura. C’était comme si l’horreur, la panique de ce moment-là refirent soudainement surface, lui arrachant des tremblements incontrôlables. Elle fit de son mieux pour s’approcher de la petite commode sur laquelle était disposée une bassine d’eau fraîche et entreprit d’ausculter ses ecchymoses au plus près…


- Orline…

Cette voix, rauque, chaude tel le velours qui désormais le recouvrait. Elle l’aurait reconnu les yeux fermés. Elle tressaillit, prise au dépourvu et recula, remontant fébrilement son chemisier du mieux qu’elle put contre elle en une tentative vaine. Déjà il avait traversé la pièce après avoir refermé la porte derrière lui. Avait-il toqué ? S’était-il présenté à elle ? Elle n’avait rien entendu et déjà sa présence semblait l’envahir de toute part malgré la grandeur de la suite qui lui avait été offerte pour se changer. Elle en avait le souffle coupé et était bien incapable de trouver le moindre mot. Elle était stupéfaite de le voir, présent devant elle malgré tout ce qui s’était passé entre eux, et surtout après ce qu’elle lui avait infligé dans la cellule. Ses mains rugueuses glissaient étrangement sur sa peau nue, dévoilée, vulnérable. Les yeux écarquillés, elle l’observa en silence comme coupée dans un monde à part. Ses yeux détaillèrent l’étendue des bleus qu’elle lui avait asséner. Elle n'avait pas de regret pour ses gestes, pas d’excuse à présenter, son acte justifiable et mû de désespoir. Cependant…cependant cela lui faisait de la peine de voir ses propres marques de violence sur lui. Cette contradiction en soit lui était incompréhensible. Elle l’écoutait donc, ses avant-bras maintenus par ce colosse sans aucune gêne, ignorant son malaise dû à sa nudité partielle. Il ne lui faisait cependant pas mal et avait pris d’extrême précaution pour ne pas toucher ses propres marques…Comment une telle brute d’apparence pouvait-elle démontrer d’une telle douceur ? Elle ne pouvait retenir ses frissons de pudeur et de froid, ou bien était-ce également dû à sa proximité toute intime ? La jeune femme avait la tête légèrement relevée pour le regarder droit dans les yeux.
Le tutoiement soudain la fit sursauter, toujours maintenue face à lui. Si seulement elle pouvait se cacher, se dérober à ce regard, à ses mots qui semblaient la traverser sans l’épargner. Elle ne comprenait pas. Ne pouvait comprendre. Avait-elle frappé trop fort cet homme déjà mal au point avant son intervention ? Il avait été fiévreux dans la calèche, peut être était-ce encore le cas ? Elle tira légèrement sur ses poings et un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres mais…mais Syp n’en avait rien entendu, désormais lové dans le creux de son cou, son souffle chaud caressant sa poitrine nue. Orline se figea, n’osa plus bouger. Ses paroles, murmurés tout contre elle, semblait résonner en elle en une chaleur inconnue…et potentiellement dangereuse. Cela ne se pouvait…il reprendrait bientôt ses esprits et la châtiera d’avoir blessé ainsi un De Sora. Des larmes montèrent à ses yeux à nouveau mais elle les retint, n’osant même plus ne serait-ce que respirer.

Bientôt il lui fit face, son regard transperçant le sien et le temps tout entier semblait s’arrêter, à l’écoute. Des mots, des mots qu’elle ignora, qu’elle ne souhaitait découvrir, furent prononcés. Des mots, auxquels elle n’avait pas le droit. Des mots qui pourraient la mener à sa perte, si cela n’était pas déjà le cas…Elle était épuisée. Elle était perdue. Elle n’arrivait plus à réfléchir, à raisonner. La raison, les réflexions, l’avaient mené jusque-là. Chacune de ses pensées semblaient l’avoir enfoncé plus loin sur le mauvais chemin. Orline ne voulait plus penser. Elle voulait… se reposer. Être. Ressentir. Exister.
Ses lèvres gercées et pourtant d’une tendresse sans pareille se déposèrent sur les siennes. Le battement de son propre cœur était comme un tambour à ses tempes et elle pourrait défaillir là, en cet instant, si Syp ne l’avait pas prise contre lui, velours contre peau nue. Elle ferma les yeux et se fondit dans l’instant. Il n’était plus Syp, plus meurtier, plus criminel, plus menteur. Il était ce regard de ciel d’orage, invitant les plus téméraires à se réfugier à l’intérieur. Il était cette chaleur indescriptible faisant fondre la glace logée dans ses os après des jours dans les geôles. Il était cette présence l’enveloppant toute entière, cette tendresse contre laquelle elle avait envie de se blottir. Leurs lèvres blessées ne semblèrent plus vouloir se quitter. Ils ignoraient l’odeur et le goût du sang métallique les liant. Sa peau semblait bourdonner à son toucher et jamais elle n’aurait pu imaginer une sensation pareille…Mais déjà, déjà après des secondes ayant eut le goût de l’éternel, ses pensées intrusives se joignirent à eux. Elle recula légèrement, pris une grande inspiration, tremblante et ne réalisant aucunement ce qu’il venait de se passer.

Par réflexe, comme pour se convaincre de la réalité et le voyant ainsi devant elle, le feu aux joues et le regard fiévreux, sa main se précipita contre son front recouvert de sueur. Il ne semblait pas avoir de la fièvre et pourtant tous les signes étaient là. Ils s’observèrent un long moment en silence, yeux dans les yeux, cherchant les mots, ne les trouvant pas. La jeune femme se refusa à réfléchir aux implications d’un tel acte, rejeta son désir de le ressentir à nouveau. Elle bafouilla donc, ses mains désormais à plat sur le chemisier propre de l’homme en face d’elle. Cet homme, incompréhensiblement là, après qu’elle l’ai amené aux portes de la mort.


- Je…

Son regard enfin s’arracha du sien, tentant de reprendre ses esprits. Elle déglutit avec difficultés, ses mains légèrement frémissantes. Ses yeux passèrent sur la salle d’eau et un éclair lui traversa l’esprit, la ramena à la réalité comme si elle prenait à nouveau conscience de son environnement. Telle une bénédiction, un deuxième sauvetage cette journée-là, la jeune femme se ressaisit et éclaircit sa voix.

- Je souhaiterai…

Sa main désigna la baignoire dont la fumée odorante se dégageait avec délectation en une invitation irrésistible. La jeune femme se releva désormais et reprit quelque contenance malgré son apparence. Elle évita cependant de recroiser ce regard gris en face d’elle, qu’elle pouvait néanmoins sentir parcourir sa peau silencieusement. Elle reprit, avec un peu plus d’assurance, repoussant avec lenteur l’homme en face d’elle.

- Je vous prie de m’excuser.

Le vouvoiement pour Orline, comme à l’accoutumé. Elle n’avait le cœur à lui dire, là, de suite, que l’usage du « tu » l’avait profondément bouleversé. Les mots avaient du mal à se forger un chemin dan son esprit embrouillé. Elle maîtrisait avec peine ses sensations et remerciait la présence du meuble derrière elle pour la soutenir. Une fois l’homme congédié, la tension dans la pièce s’échappa avec lui. Elle poussa un profond soupir de soulagement et ne perdit pas une minute pour se débarrasser du reste de ses habits et aller s’immerger toute entière dans l’eau encore chaude. Leur échange n’avait duré qu’une poignée de minutes tout au plus… Elle avait encore le temps de se remettre de ses émotions…
Une fois lavée entièrement et frottée à multiples reprises comme pour essayer, en vain, de se débarrasser des ecchymoses, Orline sortit comme à regret de ce bain désormais bien tiède, et enfila la nouvelle robe beige que seul une peau hâlée comme la sienne pouvait faire ressortir. Elle était simple mais élégante et d’une qualité bien supérieure à la normale. Pas de corset, juste un décolleté légèrement mise en avant par un ruban brodé, taille Empire. Ses doigts écorchés passèrent avec douceur sur le travail d’aiguille exquis en fil couleur bronze. Elle l’enfila et la sentit glisser sur elle comme une deuxième peau, un gant de velours sur sa peau abîmé, comme une caresse… Une fois de plus elle se sentit vulnérable, mais elle ne pouvait renier le cadeau immense qu’une telle robe représentait, pour de parfaits inconnus en plus… Elle caressa la chaine retenant son médaillon qui par miracle n’avait pas été enlevé en Prison car bien camouflée sous sa chemise et suffisamment longue et fine pour passer inaperçue.

Orline Haradiel fut la première en bas et put profiter, l’esprit désormais plus calme, de la splendeur de la bâtisse et des intérieurs. Elle se ravissait des produits qu’elle reconnaissait du Harondor, un léger sourire se dessinant sur les lèvres. Elle se dirigea par réflexe vers le feu de cheminée en attendant le début du repas, et observa un instant le jeu des flammes sur sa peau, la réchauffant lentement de l’intérieur. Le dîner ne tarda pas et Orline s’installa auprès de Floria et le plus éloigné possible de la Comtesse Alessa, honteuse d’avoir frappé son neveu dans son ignorance. Elle espérait en plus réunir le courage pour apaiser leur relation, si cela était même possible dans l’état actuel…
Elle ne résista pas, ce soir-là, à un verre de vin rouge de ses terres natales. Elle fit tourner entre ses doigts fins le verre en cristal, en apprécia la couleur de sa robe à la lueur des chandeliers. Le goût, exquis, lui rappelèrent l’époque où sa famille était au sommet de leurs richesses. Elle mangea avec appétit même si elle prenait une attention particulière à ses manières de table, le dos bien droit. Ses mains, elle préférait les cacher sous la nappe quand elle ne s’en servait pas. La vue des marques lui rappela que trop sa condition de prisonnière malgré sa libération conditionnelle. Enfin, après le plat principal et pendant que la Comtesse soit accaparée par son neveu, Orline ne pencha vers sa voisine à sa droite :


- J’ai entendu dire que vous aviez récupérer sain et sauf votre cariole ainsi que votre âne et votre monture. Vous m’en voyez rassurée et ravie.

Elle tenta même un sourire timide. Elle ne tenta pas de formuler d’excuses maladroites, préférant lui faire part de sa sincérité. Elle espérait que la jeune femme qui s’était montré si généreuse envers eux, puisse se remettre de leur mésaventure, et soit épargnée à l’avenir. Elle lui souhaita, silencieusement, le meilleur pour elle. Que l’avenir lui sourît, que son chemin soit une pente douce, que le vent souffle dans son dos. Orline cita dans sa tête une bénédiction de son pays pour attirer les bonnes faveurs à cette jeune femme.
La proposition de la Comtesse résonna dans l’air et créa une tension palpable tout autour de la table. Comme elle l’avait ressenti précédemment, son appartenance à l’Arbre Blanc la suivrait jusqu’à sa mort. Elle avait vendu son âme au diable en pensant sauver sa famille et là voilà donc, entravée toujours, à cette organisation ingrate qui ne lui avait causé que du malheur et ne l’avait pas préparé pour les épreuves qu’elle avait traversé.
Une fois les plats desservis, elle jeta pour la première fois lors de ce dîner un regard vers Syp qu’elle avait du mal à reconnaître désormais mis au propre et dans une tenue des plus élégantes. Comment avait-elle pu ignorer son appartenance au clan des De Sora de la Compagnie du Sud ? Pourquoi s’était-il ne serait qu’embarqué volontairement dans l’Arbre Blanc ? De croiser son regard ainsi à travers la table, lui ramena dans son esprit…Non. Le feu aux joues, elle détourna le sien en premier pour s’adresser à la Comtesse. Elle devrait refuser Syp à l’avenir, s’il revenait…si…s’il n’avait pas repris ses esprits après un bain et un bon repas. Elle chercha ses mots avec soin :


- Madame la Comtesse de Sora…je ne peux que vous remercier pour l’étendue de votre générosité à l’égard de parfaits inconnus.

La jeune Orline avait bien toutes les peines du monde à ignorer le regard insistant de Syp lorsqu’elle s’adressait à sa tante. Elle raffermit donc sa position et éclaircit sa voix.

- Je ne peux que louer vos efforts pour nous obtenir le droit de pardon, si nos services sont à la hauteur des attentes de l’Arbre Blanc…

Ses mains, fébriles, tournèrent silencieusement le pied du verre à vin en cristal, avant d’ajouter, un éclat de tristesse résolu dans son regard :

- Je ne vois pas la possibilité de refuser une telle offre.

Elle déglutit et ignora une fois de plus Syp. A lui de voir. Si loyal et révolutionnaire, il serait capable de finir sa vie aux cachots malgré l’influence écrasante de sa famille. Orline, elle, n’offrirait rien à sa famille avec sa mort. Si elle avait encore une chance de faire ses preuves et les sauver, elle se devait de la saisir… Elle espérait seulement sincèrement que Jenifaël et Floria puissent s’en tirer sans aucune séquelle. Elles avaient leurs vies devant elle…


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:38, édité 1 fois
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De mal en pis... - Page 2 EmptyMer 22 Nov 2023 - 21:42
De mal en pis... - Page 2 Syp16



On voit très bien à quoi ressemble une fraise n’est-ce pas ? Rouge pétant, qui lui légèrement, croquante à souhait et pleine de vie. Et bien c’est la seule image que trouva Syp pour décrire la réaction de celle qu’il venait d’embrasser, Orline Haradiel, la belle Orline...Mais dans ce cas là c’était une fraise tout à fait confuse. Elle n’avait pas l’air de prendre la mesure de la déclaration du De Sora, du point de vue sentimental comme du point de vue social. Elle avait pourtant l’air d’avoir aimé ca...Au moment de leur baiser, l’air chargé et tendu autour d’eux et devenus soudain doux comme de la fourrure, et une sensation incompréhensible avait envahi Syp. Il se rappelait, cet acte déjà passé, déjà si désirable à recommencer, ce baiser si, si délectable. Les lèvres de cette femme qui le rendaient fou, des lèvres qui d’un seul mot, d’une seule apparition, pouvaient chambouler une vie et faire dévier le cours de l’univers. Ô que ce fut bon, un délice, de sentir les muscles de sa compagne se détendent sous ses mains, de la sentir se laisser aller à cet instant si sensible…De sentir qu’il n’était peut-être plus totalement détesté.
Lui-même n’avait jamais senti pareil désir d’exister pour quelqu'un, il avait bien du mal à comprendre pourquoi, pourquoi cet amour se révélait-t-il maintenant ? Sa tête avait-elle été trop forte heurtée ? Il n’en savait rien, et Syp est un homme qui se laisse aller aux certitudes du cœur, il en avait toujours été ainsi, et étant homme de bon cœur, cela lui avait permis de faire le bien. Mais ce désir d’être, de vivre pour le bonheur de quelqu'un d’autre, il ne l’avait jamais vécu, même dans ses anciennes relations. Il avait l’impression qu’un impératif qui le dépassait lui ordonnait de maintenant tout faire pour protéger et rendre heureuse la femme qui se trouvait en face de lui. Il ne savait pas encore comment, ni fichtrement pourquoi ! Mais en tout cas il le ressentait, et ne pourrait jamais se défaire de ses sentiments la.

Elle pose la main sur son front, qu’est-ce que ca veut dire , est-elle malade ? Lui ai-je fais mal ? Oh Syp arrête de paniquer, arrête, c’est rien, enfin peut-être… ! Elle ouvra la bouche. Orline va dire quelque chose, Il a les yeux rivés sur la bouche adorée, et surtout envie d’un deuxième baiser. Mais pour l’instant il devait écouter, coûte que coûte.  

- « Je... »

Orline ? Que vas-tu dire ?

- « Je souhaiterai… »

Quoique tu souhaite je le ferais, crois-moi belle Haradiel !

- « Je vous prie de m’excuser. »

Et ainsi il fut congédié, mais contrairement à ce que peut l’attendre de la part de la partie masculine dans ce cas, Syp n’en fut pas attristé. Il savait que pour qu’elle perde tous ses moyens à ce point elle devait être... chamboulée, c’est le mot. Et que son cœur n’était pas insensible aux demandes de celui de son ami...Mais il connaissait Orline, et il réfléchit, dans le couloir, il réfléchit à elle et à lui. Il la savait pragmatique, et essentiellement loyale, envers sa famille avait-il cru entendre, une famille de commerçants dans le besoin...Et il savait bien aussi que la découverte qu’il était un de Sora avait beaucoup influencé Orline. Ainsi pourquoi ne pourrait-il pas se ranger pour quelque temps, histoire de voir comment il pourrait utiliser l’influence de sa tante ou de son nom pour aider les Haradiel...Mais pour l’instant il était toujours en liberté conditionnelle. Il devait trouver un moyen de se régulariser pour aider sa dame, ce qui l’aiderait aussi à passer inaperçu dans sa quête du capitaine. Ne restait plus qu’un moyen de trouver comment faire ca...Mais il était sûr d’une chose, il aurait à aider Orline et sa famille, pour gagner son amour.

Mais il avait d’autres choses à faire, il devait des excuses à Floria, ou au moins une autre série d’explications . Il demanda à un domestique où elle se trouvait ; puis il se dirigea en direction des écuries, d’un pas lent pour éviter toute douleur.

*

-« Il est trop tard pour m’en dire davantage, Monsieur. Vous vous êtes servi de moi, dans l’unique but de vous sauver vous-même. Vous vous prétendiez ami de ma défunte sœur, je ne suis pas certain que vous l’ayez vraiment aimé comme une amie. Sans l’intervention de votre tante…je n’ose imaginer mon sort. »


Un accueil bien froid, mais sûrement mérité, tout en restant injuste...Se dit Syp, dont l’expression restait indéchiffrable de part sa mâchoire décalée, au moins elle ne verrait pas la tristesse de l’ancien ami de Judia…

- «  Encore une fois madame, je fus son ami, Judia était une personne juste, nous avons combattu ensemble Floria. Vous vous souvenez de ce que je vous ai dis sur toute cette affaire, et bien je ne peux vous en dire plus ici, mais je peux si vous le voulez-vous le coucher par écrit, je pense que je vous dois des éclaircissements, mais ces informations sont sensibles, et si je vous les donne manuscrites, assurez-moi que vous les détruirez ensuite. En tout cas sachez que votre sœur est coupable des mêmes crimes,  légitimes moralement, que moi, et que sans elle je serais peut-être mort, nous avons fait le bien avec votre défunte sœur Floria, nous avons fait le bien... Je vous le donne demain si vous voulez bien, on se revoit au repas, bonne soirée Floria »

Et il laissa Floria dans l’écurie, remontant à sa chambre pour écrire le billet en question, dans le temps qu’il lui restait avant le repas avec tout le monde. Il prit une plume, un encrier rempli, et s’installa au petit bureau, en face  de son lit, il prit une grande inspiration, et trempa une première fois la plume.

"Nous avions pour mission d’enquêter, avec un capitaine, sur des choses se tramant dans l’ombre des sous terrains de l’université...Nous y trouvâmes des parias, par rapport à qui étaient-ils parias, je ne peux le dire, tout est-il que nous discutâmes en leur compagnie. Puis nous sommes sortis de l’université , direction notre auberge. Ensuite Rhydon nous recruta pour repartir en mission dans les sous-sols où nous étions déjà allés, et là il montra toute sa félonie et sa brutalité, en voulant tuer des innocents et de bons Gondoriens, alors nous nous tournâmes contre lui, et mire fin à ses malheureux jours, toute l’équipe y participa, donc Judia. Elle combattit avec toute sa volonté, et elle ne tomba pas dans cette bataille. Elle y apprit d’étranges secrets, qu’elle emporta dans la tombe. Puissiez-vous vous vivre dans la paix de l’âme et du corps, et dans la mémoire de votre défunte sœur, ma famille et moi sommes toujours là pour aider, en la mémoire de notre petit voyage mouvementé et de Judia, ainsi qu’en excuse pour ce que vous avez enduré."


Syp reposa la plume, rangea les affaires d’écriture, plia le petit bout de parchemin dans sa poche, et alla s’asseoir sur son lit, histoire de prendre un peu de vrais repos. Manque de chance, l’heure du souper était déjà arrivé, et Syp descendit rejoindre ses compagnons d’infortune.

*

Alors Orline à dit oui, elle accepte...j’imagine que c’est moi à de répondre, par Illuvatar dans quel bourbier tout cela va encore me mener…

Récapitulons, les espoirs de Syp quand à être un bon serviteur du peuple du Gondor étaient aujourd’hui compromis par le fait simple, mais efficace, que l’arbre blanc, l’un des services secret le plus efficace du monde connu, était sur son dos, pour de très graves accusations, et qu’il n’avait vraiment pas envie de repartir une nouvelle fois dans leurs délires et de revivre les mêmes désastre. Il ne voulait plus servir de bras armé au pouvoir, plus jamais... Mais d’un autre coté, la direction de l’arbre avait changé, son cimeterre y avait d’ailleurs bien participé, et Rhydon comme Cartogan n’étaient plus de ce monde, et il avait vu les deux mourir...Il était un témoin de choix. En tout cas il était à espérer que De Vigo serait un commandant bien plus moral. Et dans les faits c’était là le seul moyen qu’il avait de ne pas passer sa vie aux cachots. Infiltrer l’organisation lui permettrait aussi de poursuivre ses anciens buts, en tout cas peut-être, cela il valait mieux n’en parler à personne, il ne fallait pas qu’il soit encore plus soupçonné par l’arbre blanc. Et puis Orline avait dit oui, et à partir de là, il ne pouvait la laisser tomber, ç’aurait été trop dangereux pour elle seule d’y aller comme cela. Il devait la protéger, c’était la priorité dans le moment.

- « J’accepte tante, j’accepte et je signe pour une nouvelle mission avec l’arbre. Syp de Sora est de nouveaux de service ! » Il tenta de paraître motivé, sans trop forcer, comme à la normale dirons nous, reste à voir quelle sera la mission se dit-il...Dans le pire des cas ils devront improviser, dans le meilleur ils auront un peu de temps et de connaissance sur le sujet de leur réengagement.

Il craignait juste qu’Orline le perse à jour, elle connaissait sa haine des grands qui ne respectent pas leur peuple, et ce que l’arbre blanc risquait de redevenir...Les paroles et les actes du capitaine Petrus ne cesseraient jamais de planer sur la vie de Syp, pour le meilleur comme pour le pire.

Mais le de-nouveau agent de l’arbre avait d’autres choses en tête dans l’instant présent, des choses en rapport, étonnement ou non, avec la pharmacie...

*

Première des choses à souligner, le contentement de Syp après un si bon repas, malgré l’ombre du réengagement. Deuxième chose à souligner, il était en nage, malgré le fait qu’il n’ait pas touché à l’alcool de la soirée. Troisième chose à souligner, c’était à cause d’Orline. Ou plutôt non, reformulons, c’était grâce à Orline, et grâce au souvenir le plus délicieux de sa vie. Et une promesse qu’il avait faite il y a quelques heures…

Cette fois-ci il toqua à la porte, de la main qui ne tenait pas la trousse à pharmacie, pour être aimé d’une dame il fallait savoir se faire polis après tout.
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Sighild Baldrick
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De mal en pis... - Page 2 EmptyJeu 23 Nov 2023 - 20:47
De mal en pis... - Page 2 Floria14

« Je vous remercie pour votre sollicitude. » répondit-elle à Orline d’un ton neutre.

Floria ne regarda pas Orline droit dans les yeux, il se contenta de lui répondre par courtoisie en inclinant légèrement la tête vers sa « coéquipière ».

La jeune femme fut peu loquace pendant le reste du repas et en profita pour déguster avec beaucoup de grâce les mets qui étaient disposés sur la table. Tout était délicieux. Elle était tellement affamée…mais ne pouvait se permettre de se goinfrer. Elle jeta quelques regards vers Jenifaël qui semblait avoir choisi la même stratégie.

La jeune Morbise écouta attentivement la Comtesse de Sora. Son cœur se serra à la seule pensée de devoir continuer cette étrange aventure avec des personnes qu’elle n’appréciait guère. Mais cela ne fut que de courte durée.

Une fois que Syp et Orline aient répondu. Elle prit à son tour la parole avec beaucoup de délicatesse :  
« Vous comprendrez que d’autres affaires m’attendent Madame. » elle se leva de table et poursuivit « Une nouvelle fois je vous remercie pour votre bonté et pour votre hospitalité. J’en n’abuserai encore cette nuit si vous me le permettez, puis je partirai le matin venu. »

Face à l’approbation de la Comtesse, la jeune Morbise s’inclina respectueusement et regagna « ses » appartements. Elle ne posa son regard sur personne d’autre que la Comtesse et son serviteur.

Le sommeil la gagna assez rapidement, et comme à son habitude, elle se leva très tôt le lendemain.

Elle posa soigneusement la belle robe prêtée et la caressa un court instant. Floria eut l’impression d’être revenue dans un passé pas si loin que cela, avec toutes ses belles robes et accessoires qui débordaient de sa penderie…Puis son regard se posa sur sa bague.

Un souvenir doux et amer s’empara d’elle.

Eved lui avait fait préparer une tenue plus « passe-partout » : aussi, enfila-t-elle une robe en coton bleue foncée, avec un tablier couleur crème. Floria s’était à nouveau coiffée avec sa tresse de côté.

Elle prit soin de reprendre toute ses affaires, qui furent toutes rangées dans sa sacoche.

Floria pensait ne croiser personne. Cependant, et en sortant de sa chambre, elle tomba nez à nez sur Syp. Son corps n’eut aucune réaction, mais le regard qu’elle lui lança voulait tout dire : bien qu’il se soit expliqué brièvement la veille, il n’avait pas convaincu la jeune femme.

Il lui tendit une lettre cachetée.
*La seule promesse qu’il aura sans doute tenue.*

Elle la prit sans rien dire et s’en alla.

Jenifaël était également en train de préparer sa monture, aidée par Eved.

Alors qu’elle allait à son tour gagner la cour, Floria s’inclina en voyant la Comtesse se diriger vers elle :
« Madame la Comtesse. »


« Avant que vous ne partiez, je souhaiterais vous donner un conseil. » elle vit l’air surpris de la jeune fille et reprit « Bon nombre d’entre nous perdons un jour un être cher, et lorsque cela arrive, nous pensons que rien de pire ne peut nous arriver. » elle marqua une pause, ce fut un air triste qui se lisait sur le visage de la jeune Morbise « Ce que je veux vous dire ma chère, c’est de ne pas laisser le chagrin vous aveugler. »

Sa gorge se noua et sans rien ajouter, elle s’inclina à nouveau :

« Madame. »


La bienveillance de la Comtesse la frappa en plein visage, depuis son arrivée à Minas Tirith, c’était bien la première fois qu’on la traiter ainsi. Elle n’avait pas tort après tout, le monde extérieur était bien dur : un constat qui arriva violemment pour Floria.

Il était temps pour elle de partir. Eved l’aida à atteler Cadichon à la carriole et Aliéna fut attachée à l’arrière. Elle le remercia pour son aide, remercia une dernière fois la Comtesse et partit en même temps que Jenifaël.

Levant la tête vers les fenêtres de la demeure, elle vit Syp et Orline. Elle tourna la tête, laissant les deux amants à leurs tristes sorts.
***

Elles se dirent adieu au détour d’une rue et continuèrent chacune leur journée, comme si de rien n’était.

Après avoir refermé à clé la grande porte menant à la cour, Floria gara la roulotte puis elle mit ses deux montures dans leur abri. Elle leur amena de l’eau, du foin et leur donna à chacun des morceaux de pommes.

Elle ouvrit chaque volet de la maison de sa sœur pour lui donner un air plus chaleureux. Floria n’avait qu’une idée en tête :
chasser cette ombre qui planait dans cette maison, et qui lui faisait penser à ces étranges rencontres.

La maison fut dépoussiérée, lavée, rangée. Comme si rien ne s’était jamais produit.

La nuit tomba. Après avoir tout refermé et s’être assurée que les trois portes d’entrées étaient fermées, la réalité la rattrapa.
Il lui fut de nouveau difficile de rentrer dans la chambre de sa sœur et de chercher des vêtements dans son armoire. Son odeur était encore présente : elle tomba sur première fois à genou en pleure. Floria alla se débarbouiller et changer de vêtements : elle enfila un ensemble noir, pour son deuil, composé d’un pantalon, d’une chemine et d’un corset.

Attisant le feu et à la lueur d’une bougie, Floria lisa toutes les lettres qu’elles s’étaient écrites. Souriant face à certaines anecdotes, pleurant à chaudes larmes pour d’autres. Elle alla dans la cave de sa sœur et s’ouvrit une bouteille de vin. Après avoir bu deux verres, la jeune Morbise alla se coucher. Les braises de la cheminée ne la mettront pas en danger.

Assise sur le lit de sa sœur, elle décacheta la lettre de Syp. Son poing se serra.

Connaissant les astuces de sa sœur, elle cacha avec beaucoup de précaution cette lettre si étrange.

Avant de s’endormir, elle dessina dans son lit, car c’était désormais le sien. Floria avait une excellente mémoire et dessinait lui faisait du bien : elle réussit non sans mal à esquisser les visages de ses « coéquipiers » et de Zehev. Elle finira l’ensemble le lendemain.

Feuilletant son carnet à croquis, elle regarda les portraits de ses parents, de ses frères, de sa sœur et de sa grand maman. Elle tomba alors sur un portait dont elle se serait bien passé de voir : celui de son fiancé.

La simple vue de ce visage lui fit fermer son carnet. Elle souffla sur la dernière bougie et s’endormit aussitôt.

Floria se réveilla une nouvelle fois tôt le matin : une nouvelle journée commençait, celle de sa nouvelle vie…
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Learamn
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De mal en pis... - Page 2 EmptySam 25 Nov 2023 - 13:08






La Comtesse de Sora écoutait les réponses de ses invités à sa requête en sirotant calmement son verre de vin. Ils semblaient tous désorientés voire traumatisées, et les conditions de détention de l’Arbre Blanc n’étaient pas forcément les seules raisons de cet état. Le petit jeu de regards, tantôt soutenus, tantôt gênés, entre son neveu et la fille du commerçant Haradiel n’échappa au regard acéré de la maîtresse des lieux. Elle ne le releva pas pour le moment, mais elle allait devoir garder un œil sur ces deux-là. L’attirance pouvait parfois mener à faire les plus grandes erreurs. Comme elle pouvait s’y attendre, les deux déserteurs de l’Arbre Blanc acceptèrent sa proposition. Entre une nouvelle mission et les cachots de la Cité Blanche, le choix était aisé. Pour les deux autres jeunes femmes néanmoins, la question était plus épineuse, et celles-ci se montraient bien hésitantes.  Ce fut la guérisseuse qui déclina la première la proposition de la Comtesse.

“Votre choix est respectable Dame Jenifaël. Retrouver ses proches après avoir goûté à la captivité est un bonheur qui n’a pas de prix. Sachez, cependant, qu’en refusant la proposition de l’Arbre vous vous exposez à ce que leurs agents poursuivent leurs enquêtes à charge à votre encontre. Je crois connaître un officier qui ne se fera pas prier pour le faire.”


L’image du visage tout rouge du Capitaine de Siznoff lui revint en mémoire et elle prit une nouvelle gorgée d’alcool pour cacher le large sourire que cette vision lui provoquait. Voir cet officier incompétent et pistonné se faire ainsi flouer, privé du peu de pouvoir dont il pensait disposer, avait un côté particulièrement jouissif.

Ce fut ensuite au tour de la jeune Floria de décliner son offre. Cela paraissait le choix le plus sensé pour elle. Au contraire de la guérisseuse, elle ne s’était pas rendu coupable d’un odieux chantage auprès d’un membre des forces de l’ordre et avait été plus ou moins involontairement été traîné dans cette sombre affaire par des personnes peu scrupuleuses et n’ayant pas hésité à jouer sur la tragique disparition de sa soeur aînée. Elle était encore une enfant, bouleversée par la perte d’un être cher. La douleur du deuil pouvait mener à bien des choses, Alessa Erina de Sora en savait bien des choses. Elle se promit à elle-même qu’elle devrait lui glisser quelques conseils avant son départ, afin qu’elle puisse reprendre sa vie dans les meilleures conditions.

L’hôtesse reposa délicatement son verre qui tinta légèrement sur le marbre de la table.

“Eh bien chers amis, cela est entendu. Dame Jenifaël, Dame Morbise, vous pouvez passer la nuit au sein de mon château. Et demain matin vous vous en irez retrouver vos maisons. Quant à vous…”

Elle se tourna successivement vers Orline et Syp.

“Votre séjour ici ne fait que débuter. Profitez d’une nuit de répit, votre mission débutera demain matin.”

Alessa s’essuya délicatement le coin de sa bouche et se leva en repoussa sa chaise derrière elle.

“Veuillez m’excuser. Je dois me retirer pour ce soir. Profitez du dessert et bonne nuit à vous.”

Elle claqua des talons et quitta l’immense salle à manger alors qu’Eved et ses serviteurs s’activaient pour servir les fruits et gourmandises qui clôtureraient le repas.



[HRP] : Avec ce post s'achève ce rp sur lequel je me suis bien amusé. Merci beaucoup à vous quatres pour votre inventivité et votre rythme de réponses. Je vais ouvrir sous peu un nouveau sujet pour Syp et Orline avec le début de la fameuse mission. Sigh', comme discuté en privé, je mets Floria de côté pour le moment mais avec l'idée de pouvoir l'intégrer à nouveau au rp le moment voulu.
Je laisse ce sujet ouvert si vous voulez jouer des conversations/aventures qui se passeraient au cours de la nuit entre vos personnages.


The Young Cop


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De mal en pis... - Page 2 EmptyMer 29 Nov 2023 - 20:19


A la fin du repas, tous les rescapés des geôles prirent congés. Orline fut désolée du ton froid et réservé de Floria mais comment aurait-elle pu lui en vouloir ? A sa place…à sa place elle ne leur aurait probablement pas tendu la main quand ils avaient été dans le besoin. Elle se souvenait encore trop vivement du deuil de son frère et des longs mois passés à le pleurer, à sentir ce trou dans la poitrine se creuser et à vouloir hurler son désespoir, le cri cependant bloqué dans la gorge. Elle n’aurait pas pu aider qui que ce soit à ce moment-là, mais Floria et Jenifaël l’avaient fait et en avaient payé un prix fort. La jeune femme hocha donc la tête tristement mais compréhensive et respectueuse de la décision de la dessinatrice.

Orline se leva de table et remercia leur hôtesse et sauveuse. Elle ne pouvait encore comprendre pourquoi elle avait été tirée des geôles également mais se doutait qu’elle en aurait la réponse le lendemain au réveil. Si elle n’avait pas été aussi épuisée et affaiblie de son emprisonnement, la jeune femme n’en aurait probablement pas dormi de la nuit.
Elle revint dans sa chambre et enfila prestement une robe de nuit légère et par-dessus une couverture soyeuse pour aller se réchauffer près du feu allumé. Un luxe qu’elle appréciait grandement, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, apaisée. Orline se dirigea ensuite à nouveau vers la commode ornée d’un miroir et d’une bassine et prit le temps de brosser ses longs cheveux, commençant à les tresser avant la nuit mais interrompue dans son activité par un bruit furtif d’un coup frappé à la porte. Assise sur le tabouret elle observa dans le reflet de la vitre l’arrivant en l’invitant ainsi :


- Entrez ?

C’était Syp de Sora à nouveau, revenu comme promis avec la pharmacie. Orline avait oublié sa proposition, tout l’échange précédent entre eux étant comme une brume incompréhensible dans son esprit. Elle se souvint cependant… une légère pulsion sur ses lèvres se firent ressentir et elle détourna le regard, ne pouvant le soutenir même à travers un miroir.
Ses doigts glissèrent sur sa nuque, finissant ce qu’elle avait entamé et attachant lestement la tresse obtenue. Elle finit par passer un doigt sur le médaillon qu’elle portait à son cou et qu’elle n’enlevait que rarement. Enfin, prenant son courage à deux mains, elle se leva pour aller à sa rencontre, remontant par la même occasion la couverture sur ses épaules, se refusant à se remémorer que cela était inutile en vue de ce qu’il avait déjà vu…

D’un geste de la main elle lui indiqua les fauteuils près du feu pour y prendre place elle-même. Elle le vit s’asseoir mais évita soigneusement son regard si expressif. Un instant ils restèrent ainsi, en silence, le regard de la jeune femme rivé sur les flames ou biens les mains calleuses de l’homme en face d’elle. Une fois le matériel de pharmacie exposé, elle tendit la main pour en attraper un baume mais d’un geste vif il s’en empara avant elle et le mit en hauteur à bout de bras, un rire arraché à son visage balafré.
Perdant l’équilibre elle posa la main sur la jambe de Syp pour se rétablir, le feu lui montant aux joues.


- Je peux le faire seule.

Elle soutint enfin son regard un instant, farouche. Son sourire la déstabilisa. Elle se rassit en arrière avec une moue boudeuse, les bras croisés sur sa poitrine. Elle n’était pas d’humeur pour jouer, et ne lui avait pas pardonné sa longue liste d’offenses. Voyons voir…les mensonges répétés, la mise en danger de sa famille par le meurtre de son allié au sein de l’organisation et l’audace de sa proximité et de ses avances alors qu’elle était au plus vulnérable.
Il lui prit avec délicatesse les avants bras comme auparavant, l’attirant au bout de son fauteuil, une main appliquant soigneusement la pommade sur les bleus de ses poignets. Elle fit mine de les retirer un instant mais sa résolution mourut sous la délicatesse et la tendresse de l’homme en face d’elle, le visage penché, concentré sur la tâche. Elle l’observa donc en silence, cet homme ravagé par bien plus de blessures qu’elle, se mettre à moitié à genoux devant elle pour la soigner avec des gestes si légers et attentifs qu’on aurait dit deux personnes à part entière. Combien de visages possédait cet homme ? Combien d’identités ? Peut être avait été ce cela, la raison de son recrutement au sein de l’Arbre Blanc. Un éclat de tristesse traversa ses yeux bruns et elle ne put s’empêcher de souffler, sa voix à peine plus forte que le crépitement des bûches dans le foyer :

- Pourquoi…

Elle déglutit, son attention figée sur les mains s’étant arrêtées sur ses poignets, leurs genoux se frôlant imperceptiblement.

- Pourquoi revenir à l’Arbre Blanc, qui représente tout ce que vous méprisez ?

Le sujet apporta une tension à nouveau palpable entre eux. Le vouvoiement employé, telle une distance qui sembla en cet instant infranchissable…
Pourrait-elle-même croire en sa réponse, serait-il honnête envers elle, en était-il capable ? Voilà toutes les questions que se posaient Orline, le fixant de son regard, cherchant à le percer à jour derrière ce voile d’orage et ses blessures. Pourquoi même risquer sa vie, lorsque l’on avait la protection des De Sora ? La Couronne était bien égoïste et cruelle…la jeune femme bien qu’attirée par les hautes sphères du Pouvoir, ne s’en serait jamais approchée si elle n’avait pas été dans une situation aussi catastrophique. Elle voulait rentrer au Harondor, et ne plus sentir ce froid dans ses os…
Une bûche dans l’âtre s’affaissa. Il n’avait pas encore parlé…


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:38, édité 1 fois
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De mal en pis... - Page 2 EmptyDim 3 Déc 2023 - 20:04
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Ils se regardaient, lui assit sur le petit fauteuil aux coussins de velours vert, elle sur son propre siège, les épaules et la poitrine couverte avec pudeur par une couverture. Une légère rougeur était apparue sur la joue d’Orline, peut être à cause du feu dans l’âtre, ou de la présence de Syp à quelques mètres d’elle. Ainsi ils se regardaient, le regard d’orage du de Sora rivé dans celui de son interlocutrice.

Syp suivait tout mouvement qu’elle faisait, un léger sourire sur les lèvres, comme s'il savait à quel point il la déstabilisait. Il préférait en sourire et en jouer plutôt que d’en pleurer, ainsi, quand Orline tenta de prendre l’une des pommades dans la caisse à pharmacie sur les genoux de Syp, celui-ci la lui déroba d’un geste vif, et la petite main d’Orline se posa à plat sûr sa cuisse. Il lâcha un petit rire affectueux, elle rougit jusqu’aux oreilles, qu’elle était timide se dit-il...Ce qui la rendait encore plus attirante.
Elle tenta de lui lancer un regard de colère, qui se brisa bien vite. Les yeux de Syp plongeant avec tant d’insistance et de détermination dans les siens qu’elle ne pouvait apparemment pas tenir tête, elle avait encore beaucoup à apprendre, elle n’avait pas traversé le dixième de ce lui-même avec subis. Elle n’avait pas vu la guerre, le carnage, la nature sauvage et intouché, la sorcellerie des guerriers de l’est. Elle était comme une fleur, une fleur déjà bien courageuse, mais une fleur fragile quand même. Elle était aussi perdue dans la question amoureuse, ce qui faisait justement fondre d’amour son compagnon, qui se prenait un malin plaisir à ne pas spécialement l’éclairer pour l’instant. Elle retira enfin sa main, et se rassit, les bras croisés, son joli visage affichant une petite moue boudeuse, il semblait qu’elle, elle n’aimait pas vraiment jouer dans ce genre de situation…

Et bien il allait prendre l’initiative, elle voulait bouder, voyons si elle boudera longtemps !
Syp savait parfaitement comment briser la garde de madame, avant qu’elle ait pu dire non, il lui prit délicatement les avant-bras, et commença à les soigner. Il tira légèrement pour qu’elle s’avance un peu, et que leur jambe se touche presque.
Il prit soin d’étaler bien lentement et doucement les baumes, à la fois pour ne pas lui faire encore plus mal, à la fois pour profiter de la douceur de sa peau, qui contrastait avec le rêche de ses propres mains. Il sentait Orline frissonner légèrement à son contact, il sentait la chaleur de sa peau contre la sienne, il sentait la douleur de ses plaies, à la fois celle mentale et celle physique, et il fit tout pour les comprendre et les partager. Il savait ses tors, et il savait aussi qu’il allait devoirs prouver sa valeur et gagner la confiance d’Orline après toute cette aventure. Il sentait aussi l’ardeur de son regard, qui lui brûlait d’amour le front, le cou, et les joues, mais il n’y avait pas plus douce brûlure que celle-ci, il n’y avait pas de bûcher plus salvateur que celui que provoquent les yeux de la femme aimée. Cet ardent rayon  allumait quelque chose d’infiniment fort en Syp, quelques chose de plus résistant d’une enclume d’acier, plus grand que le soleil lui même, plus beau que toutes autres  merveilles de la nature.

Alors qu’il se laissait emmener dans les plus hautes sphères de la poésie, Syp se déplaça machinalement pour avoir accès aux autres zones à soigner, et se retrouva presque à genoux pour soigner les avant-bras amochés d’Orline.
C’est à ce moment que d’une petite voix, peu assurée, d’un ton qui marche sur une couche de glace trop fine, qu’elle prit la parole.

*

En effet pourquoi ? C’était là une bonne question, qui méritait réponse, et Syp avait décidé de ne plus mentir à celle qu’il aimait.

- « Car sans cela je serais mort en prison, je suis un révolutionnaire Orline, bien que je doive moi-même éclaircir mes convictions à la lumière des nouveaux événements, car je n’ai pas encore décidé comment me placer par rapport aux changements dans l’arbre. Tu sais, oui je préfère te tutoyer...ca montre que je te fais confiance, et que je ne te mentirais pas ici, bref, tu sais Orline, j’ai toujours surtout à cœur la vie du peuple et des petites gens, dont j’ai longtemps partagé la vie, ainsi si l’arbre blanc redevient une institution morale, je veux bien encore un peu y travailler. Mais je ne voulais surtout pas crever en prison, un révolutionnaire au cachot est moins utile qu’un révolutionnaire en liberté conditionnelle. Et pour tout te dire, mon but est de retrouver le capitaine avec qui j’ai combattu et tuer Rhydon, il s’appelle Petrus, et est un ancien de l’arbre. Il se peut qu’il soit parti avec les gens que j’ai rencontrés dans mes missions avec l’arbre blanc, sous l’université, et que Rhydon voulait tuer, ces gens étaient, si j’ai bien compris, une certaine Neige et un Chevalier, Félian je crois, il me semble qu’il est mort dans le combat avec Rhydon. Leur seul but était la recherche de l’égalité, et il m’a paru, à moi comme à Petrus et les autres, que c’était un meilleur but que celui de Rhydon. Enfin donc Petrus a disparu, sûrement avec ces gens, et je me dis qu’en retournant dans l’arbre je pourrais premièrement en apprendre plus sur cette Neige et les autres, et sur où se trouve Petrus, et j’y serais un peu plus en sécurité, si je fais un peu profil bas.
Et puis Orline, tu crois vraiment que j’allais te laisser y aller toute seule, je me suis juré de te protéger maintenant, et je n’abandonne pas ceux que j’aime...Enfin ne fais pas cette tête, tu sais très bien mes sentiments, et moi je sais très bien ce qu’ils impliquent : ta protection madame Haradiel ! Et les missions de l’arbre, comme tu as pu le voir, ne sont pas des promenades de santé, alors je pense que tu vas avoir besoin de moi, mon sabre est tiens à partir de maintenant...
» Syp se glissa derrière son siège, pour s’occuper de sa nuque et de son cou «  Alors, belle dame Haradiel, je vous prie de l’accepter... » Ce sur quoi Syp parti d’un joyeux petit rire.

- « Et avant que vous répondiez, j’aimerais aussi ce qui toi te motive Orline, à retourner dans un bourbier pareil après toutes ces mésaventures, et s'il a quoi que ce soit que je puisse faire pour soulager ta peine... »
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De mal en pis... - Page 2 EmptyDim 3 Déc 2023 - 21:22


Longtemps leurs regards se cherchaient, s’accrochaient, et communiquaient en un langage silencieux qu’ils n’avaient pas encore appris à comprendre… Tels deux étrangers cherchant à parler par signes, par déduction… Ils étaient aussi différents qu’ils n’étaient semblables, leurs chemins s’étant entrelacés d’une façon toute unique, et imprévisible… Ici en ce lieu, perturbé seulement par le crépitement des bûches et la chaleur de l’âtre, ils se jaugeaient…la jeune femme assise en bout du fauteuil et l’homme en face d’elle, un genou à terre, ses avant bras dans ses mains rugueuses mais tendres.
Une fois de plus le tutoiement la surprit, la déstabilisa. Elle n’avait auparavant jamais connu de telle proximité et ces avances si directes et insistantes la prenait au dépourvu. Elle pencha sa tête sur le côté, incertaine, concentrée sur les propos de son compagnon, déclarés avec confiance d’entre ses lèvres écorchées l’ayant embrassée avec une telle douceur il y a quelques heures à peine… Orline répondit seulement, comme une pensée énoncée pour elle-même :


- L’Arbre ne nous accordera pas si facilement confiance…après les dernières… « événements »

Elle reprit son terme exact, marquant ainsi qu’elle avait écouté avec le plus d’attention. Elle laissa passer ensuite un silence, fronçant les sourcils à la mention de ses sentiments si bruts, ainsi une fois de plus déclamés sans qu’elle puisse en percevoir le sens, la raison derrière. Il devrait en avoir une, non ? Etait-ce là seulement la recherche de plaisir charnel, une proposition désespérée en leurs temps si troublés et incertains ? Non…Orline ne tomberait pas si bas, et accepterait de mourir sans avoir connu la source d’inspiration de tant de poètes et d’artistes, toute nation confondues….
Elle glissa ses mains dans les siennes, se dérobant à son toucher mais le vit déjà prendre place dans son dos, oser parcourir de ses mains sa nuque, son cou, en un massage proposé sans un mot. Elle s’avança à nouveau sur son fauteuil, maintenant debout pour se dérober à son toucher qui la faisait frissonner de manière si incompréhensible. Elle se retourna vers lui, un éclat de défi dans le regard :


- Et si je ne souhaite pas…de votre protection ?

La croyait-il si frêle, si vulnérable ? Était-ce la raison de ses déclarations si habiles et ferventes en sa faveur ? Elle releva le menton, fière dans son allure, ses mains remontant à nouveau la couverture contre elle sur ses épaules. Malgré toutes ses faiblesses, ses manquements…elle était une recrue, elle aussi, au même titre que lui. Elle était déjà condamnée à une organisation pour le bien de sa famille…et connaissait fort bien les termes qui la liait à feu Directeur Rhydon. Quelles pourraient être les conditions de sa proposition ? Elle s’approcha de lui en contournant le fauteuil, l’incitant à s’asseoir sur le tabouret face à la commode au miroir, d’un effleurement de main seulement, prenant par la même occasion le dessus sur lui. Elle était jeune, n’était pas combattante, et ignorait bien des choses…mais ce regard, ce rouge sur le visage de son compagnon…elle le connaissait que trop bien. Elle savait… en profiter.

Sans un mot, le regard ne le quittant pas un seul instant, ses doigts glissèrent le long de son bras pour s’emparer du baume cicatrisant qu’il lui abandonna sans résistance. Sa couverture glissa sur son épaule et elle ne fit mine de la remonter…Elle prit le baume et en libéra le couvercle qu’elle délaissa sur la commode, brisant ainsi pour la première fois le contact visuel. Elle y glissa un doigt et entrouvrit ses lèvres, l’incitant à se taire en un ordre muet. Ces gestes semblaient déjà naturels, l’ayant soigné à multiples reprises avant l’épisode si sombre de la prison…
Elle remonta légèrement sa jambe, appuyant son genou sur le tabouret juste à côté des hanches de son compagnon contre lesquelles elle frottait doucement. Elle passa son autre main sous son menton et le releva pour lui faire face, grand homme si blessé face à l’imperturbable femme du Sud… Par ses gestes lents et doux, elle apposa la pommade sur les plaies saillantes du visage de Syp, qu’elle avait causé en grande partie. Une fois de plus elle n’émit aucune excuse, aucune justification. Il savait ce qu’il avait fait, et elle ne l’avait pas pardonné…
Elle prit le temps pour ses blessures, évitant son regard à nouveau, son attention tournée vers les hématomes apparents. Elle passa son doigt sur sa mâchoire mal rasée, les contours de ses pommettes, ses tempes, descendit le long de son nez, accrochant au passage son regard perçant. Elle s’arrêta là un instant, maintint le contact, et déclara dans un souffle :


- Je n’ai pas le choix. Ma mort ne servirait en rien ma famille.

Une loyauté brute, sans faille. Orline ne cilla pas, sa résolution marquée dans chaque trait de son visage jusque dans sa voix. Elle pourrait mourir pour les Haradiel comme elle avait prié et souhaité plus d’une centaine de fois d’échanger sa vie contre celle de son frère. Elle ne put cependant s’empêcher d’ajouter, en référence à ses propos précédents :

- Je ne suis pas révolutionnaire ni grande combattante. Je n’ai pas de compétences, de talents… Je n’ai que faire des gens qui n’appartiennent pas à ma famille.


Sur ces derniers mots tout se jouait… Elle était égoïste, égocentrique, et n’hésiterait pas à trainer dans la boue le bas peuple si cela pouvait assurer la prospérité des Haradiel… c’était là le côté le plus sombre d’Orline… et elle se mettait là, ainsi, à nue face à cet homme qui lui déclarait avec tant de ferveur son amour inconditionnel sans la connaître….


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De mal en pis... - Page 2 EmptyLun 11 Déc 2023 - 22:49
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- « L’Arbre ne nous accordera pas si facilement confiance…après les dernières… événements »

Des fois, comme celle-ci, un sourire mi-triste mi-désabusé, était bien la seule réponse que Syp pouvait donner.
Et le silence s’installa pendant quelques instants, un silence feutré, doux comme de la ouate, ou syp se tenait debout et immobile, comme en pleine nature, à l’affût de tous signes. Il pouvait presque entendre le cerveau d’Orline travailler, se poser mille et une questions, il n’osait imaginer. Il avait dû  sauvagement remuer son esprit, et il ne tirait qu’une amère fierté d’être un tel problème pour elle en des temps comme ceux-ci.
Il jurait de la protéger, mais savait qu’il avait été, et serait peut-être le plus grand danger pour la jeune fille, comme un vieux tigre rempli de rêves, d’histoires et de chose à partager, mais dont le grain de folie est devenu un rocher, et qui tente de rester immergé dans les flots des intrigues du monde des hommes, en aidant si possible les autres...ce qui les amenait souvent à se noyer.

Elle se leva, couverte aux épaules de son tissu, elle resplendissait dans son simple habit, elle était bien cette jeune fille vénérable que Syp voulait protéger, mais elle était aussi une recrue de l’arbre, et l’héritière d’une fière famille. Tout dans son attitude transparaissait son intention de montrer sa fierté, bien placée, et son indépendance à Syp. Elle aussi était une fauve, une jeune lynx, qui ne parait pas si dangereuse au premier abord, jamais, mais qui sait défendre ce qui est lui est cher, à tout prix. Syp admirait les lynx...Il ne voulait pas d’une compagne docile, d’une bête femme de maison. Et la personnalité diverse et corsée d’Orline lui convenait parfaitement, il savait s’adapter, et aimait s’adapter, à ceux qu’il aimait. Alors quand Orline prit le dessus, il se laissa faire avec délectation, elle avait bien raison d’être combattante ainsi.

- « Et si je ne souhaite pas…de votre protection ? »


- « Et bien je me verrais dans l’obligation de te laisser tranquille à ce sujet...Tu sais mieux que moi ce qui est bon pour toi après tout eh.. »

Il faut dire aussi, toute raison gardée...Que la perspective de se laisser soigner et toucher par celle qu’il aimait, en la laissant totalement faire et en profitant tel un supplicié auquel on offre un dernière horreur, était une situation qui convenait parfaitement au guerrier.
Il redécouvrait le contact de ses doigts, de ses paumes, à chaque fois qu’elle le touchait. C’était tantôt une bourrasque vivifiante, tantôt un douce et fraîche brise. Les mains mouvantes d’Orline sur les lignes de son visage dessinaient des chemins sensibles sur sa peau, comme une trace de sa présence, laissée là pour le soigner. Les effets des pommades étaient mineurs par rapport à l’effet direct du corps de l’héritière des Haradiel sur le sien. Il laissa couler l’instant comme une boisson que l’on savoure, profitant de ces minutes pour oublier un peu les tourments où ils étaient pris.

*

- « Ca je l’ai bien compris Orline, et je ne peux que l’admirer, cette loyauté t’honore. Ca se comprend vu c’que t’as vécu...Mais tu sais, peut être un jour cette déclaration coexistera avec la mienne, peut être un jour un anneau fera de moi l'élu »
Syp regarda Orline droit dans les yeux, plongeant dedans autant qu’il put, du même regard qu’il avait au cœur de la bataille, celui de la passion pure, qui le rendait si crus « Et je suis moi-même un homme de principes, quoiqu’il en paraisse...Je veux t’aider, je veux aussi sincèrement aider ta famille, et je peux faire beaucoup pour cela...Je sais pour quoi je passe, je sais qu’il sera dur de conquérir ton cœur. Je sais que, vu sous un certain angle, je ne suis qu’un vieux baroudeur bizarre, oiseau de malheur annonciateur de tragédies et tueur de seigneurs, mais je suis aussi un homme, avec ses fiertés, ses sentiments, ses faiblesses et son histoire, tout comme toi tu as tes fiertés, tes sentiments, ton histoire et tes faiblesses, comme nous tous. Tu sais je n’ai que très rarement parlé ainsi franchement à quelqu'un, ca te paraît étrange je le sais...et je ne sais même pas quoi dire, j’en perds mes moyens, ca aussi ca m’arrive rarement, tu me mets plus en difficulté que mes meilleurs ennemis ! »

Il laissa percer l’amusement sincère dans ses yeux d’orage, et se leva doucement

- «  Si tu veux continuer à me soigner, je préfère être debout. Pour rester dans le trivial, est-ce ton souhait d’aussi soigner mes blessures au torse ou me laisses-tu cette... tache ? J’ai bien vu que je peux te gêner, alors je demande...Et puis en attendant, si c’est ton envie, on peut se parler de nous eh...De toute façon on n'est pas près d’avoir fini de nous rafistoler mutuellement , et y doit y avoir pas mal de choses à dire »
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De mal en pis... - Page 2 EmptyMar 12 Déc 2023 - 19:37




S’il y avait bien une chose qui avait surpris Orline ce soir-là, c’était bien la docilité du géant devant elle. Malgré le fait qu’il soit assis, elle ne devait que légèrement remonter son menton pour que leurs regards sombrent l’un dans l’autre. Elle le maintint là, ses doigts effleurant seulement sa peau, en l’écoutant. Elle avait fini de s’occuper des plaies de son visage. Pas une fois il avait frémi sous son toucher ni bougé. Attentif, acceptant. Qu’il accepte aussi facilement de la laisser tranquille si tel était son souhait…La jeune femme ne pourrait mettre les mots sur ce ressenti. En était-elle reconnaissante ou bien au contraire déçue ? L’attraction qu’il lui témoignait était encore récent, et elle doutait encore fort de sa sincérité. Peut-être demandait-elle trop…mais si sincérité il y avait bel et bien, elle serait bien folle d’ignorer une telle proposition. La mention même déjà, si tôt, d’un anneau potentiel, la fit légèrement sursauter. Elle serra légèrement les lèvres, encore non habituée à ce tutoiement si familier qui rendait leurs échanges si…intimes, sur le ton de la confidence. Elle l’observait donc attentivement, un long instant en silence, les sourcils légèrement froncés, ses mains effleurant avec lenteur la barbe de l’homme et les contours de sa moustache, pensive…le regard perdu.

En effet il serait inconcevable qu’elle refuse un De Sora si tel anneau était proposé. C’était la voie la plus sûre, la plus promettante pour son avenir qui jusque là était bien incertain avec l’épée de Damoclès juste au-dessus de ses cheveux bruns, planant sur le sort de sa famille entière. Et puis…parmi les choix qui avaient été proposés, elle, vieillissante à 27 ans…jamais encore mariée ni enfanté…les options se réduisaient à vue d’œil. Elle en avait vu des propositions d’hommes bedonnant qui avait l’âge d’être son père, plusieurs mariages à leurs actifs déjà, et aux possessions pas aussi assurées qu’elle ne l’aurait souhaité…

Syp était, elle pensait, bien plus âgé qu’elle, mais pas autant…Il était plutôt bel homme, charmant et charmeur, combattant affirmé et d’une famille à la réputation solide sur plusieurs générations. Elle ne pouvait rêver d’une meilleure offre. S’il était sincère…s’il ne la menait pas en bateau…mais un instant, un instant seulement, elle s’autorisa à y croire. Ses yeux bruns se posèrent pensivement sur ces lèvres éméchées qui l’avaient embrassé avec une telle tendresse plus tôt…et se surprit d’en espérer d’autres, peut-être…et revint s’ancrer dans ces yeux d’orage au destin incertain malgré l’espoir, l’espoir si fragile, qu’ils s’en tireraient tous les deux. Si tel était le cas…la jeune femme devrait s’assurer de ses faveurs sur le long terme. Un amour naissant, aussi passionné qu’il semble déclamer, pouvait bien vite s’éteindre face à l’adversité. Orline se devait donc de l’encourager, ne serait-ce qu’un peu…

Il se releva ensuite, l’arrachant à ses rêveries éveillées et ses mains glissèrent le long de sa chemise de velours. A son contact elle s’empourpra et ramena les mains vers elle en un geste brusque, surprise. Le reste ne fit qu’accentuer sa timidité galopante en vue de la tournure que prenait leur toute jeune relation. Elle claqua donc d’une voix qu’elle aurait voulu plus ferme :


- Un ‘homme de principes’ -elle reprit ses propres mots, les retournant contre lui par la même occasion – ne saurait faire une proposition aussi indécente.

Elle repensa cependant au domicile de Judia et à la démonstration qu’ils avaient alors effectué pour garder le voile et cette pensée même raviva le feu à ses joues. Elle déroba son regard du sien et s’empara du baume.

- Vous vous en sortirez parfaitement de vous-même. Je vous rendrai la pommade dans un instant. Si vous me le permettez…

Et avant même d’attendre son approbation, la jeune femme s’enfuit dans la salle d’eau, derrière un paravent situé près de la baignoire où elle prit un court instant afin de réunir ses pensées et calmer sa respiration chevrotante. Que lui arrivait-il ? Jamais elle n’avait connu une telle proximité avec un homme. Des jeux de séduction, elle connaissait…elle avait appris…mais jamais, jamais de la sorte. Face à lui, elle en perdait ses repères, ses réflexes et ne pouvait semble-t-il réfléchir de manière cohérente. Cela était probablement dû à la fatigue, pensa-t-elle… Oui…probablement cela, en vu des derniers jours en captivité. Après une bonne nuit de sommeil, dans un lit confortable, cela irait mieux…Et alors, oui alors j’y verrai plus clair également et pourrait voir, si sincérité il y a, si espoir est possible…d’une voie de sortie paisible et douce…

Avec un frémissement elle se dévêtit et étala le baume sur les marques restantes sur ses côtes. A l’aveugle, elle espérait bien viser…elle tâcha de s’en déposer également sur le bleu du haut de sa pommette suite à la gifle violente infligée par le garde. Ce baume pouvait-il guérir également les lèvres ? Elle l’ignorait…décida donc de s’en abstenir. Elle passa cependant sa langue par-dessous…la salive est reconnu comme cicatrisant également, n’est-ce pas ?...
Elle ne tarda point et renferma le bocal avant de se recouvrir à nouveau de sa robe de chambre et prit la couverture dans ses bras. Elle revint donc rapidement dans la chambre où elle retrouva Syp assis sur un fauteuil auprès du feu. Elle le rejoignit et déposa dans le creux de sa main le remède avant de prendre place sur le fauteuil en face. Elle pouvait sentir son regard sur elle, en silence. Elle s’assit donc de côté, faisant dépasser par-dessus le rebord de l’assise une jambe vers le feu, le pied en pointe comme pour attirer la chaleur de l’âtre. La jeune femme laissa le tissu remonter le long de sa peau, dévoilant la quasi-totalité de son mollet mis à nu. Elle s’empara cependant de la couverture qu’elle installa avec soin sur son ventre et ses cuisses. Elle l’observait du coin du regard sans en paraître, pris une mine songeuse, et laissa quelques instants couler, consciente de l’effet qu’elle pouvait susciter chez les hommes, avant de poursuivre d’une voix douce mais hésitante :


- Que souhaitez-vous savoir de moi, et que pouvez-vous révéler sur vous ?

Son regard était perdu dans les flammes, les laissant la réchauffer lentement et déloger la glace qui s’était logée jusqu’au plus profond d’elle-même. Elle ajouta avec une moue, croisant son regard :

- Abstenez vous de mentir. Je préfèrerai dans ce cas votre silence…

Une lueur de tristesse et de lassitude passa dans ses yeux d’ébène. Elle était fatiguée des faux semblants ce soir. Si des demi vérités étaient tout ce qu’il avait à lui offrir…Elle préférerait ne rien avoir du tout. L’Arbre Blanc l’avait déjà rendu lasse de tout ceci, des mensonges, des détournements…Mais elle savait qu’elle pouvait compter sur l’homme pour au moins être direct. La sincérité cependant…la sincérité encore, tel était le problème…
Mais il avait proposé de lui-même de s’ouvrir. Elle était donc prête à l’écouter…


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Gurdann Tueur-des-Loups
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De mal en pis... - Page 2 EmptyLun 15 Jan 2024 - 21:25
De mal en pis... - Page 2 Syp19





Une vision bien douce s’offrait au regard du De Sora, un âtre bien chaud d’un côté, aux braises orangées, rassurantes et reposantes, de l’autre la jambe nue d’Orline. Sortant, comme timidement, mais avec une légère dose d’assurance et de provocation, faisant hérisser peu à peu les nerfs de Syp. Dévoilant au regard les pieds fins, puis le mollet parfaitement formé et légèrement coloré par la lueur du foyer de la peut-être-future-dame de Sora… Que de délices visuels pour son compagnon, dont tous les sens mêmes étaient caressés par la présence d’Orline, la douce odeur qui se dégageait d’elle, qui venait se mêler à celle du feu de foi pour venir enflammer les narines de Syp, et ses idées du même coup. Le petit souffle de sa respiration, qui lui rappelait par opposition des moments plus intimes ou le souffle de son interlocutrice avait été plus irrégulier…

- Que souhaitez-vous savoir de moi, et que pouvez-vous révéler sur vous ?


L’heure était donc aux réponses…


- Abstenez-vous de mentir. Je préfèrerai dans ce cas votre silence…

….aux réponses véridiques alors.

- « Et bien, par où commencer...Je suis née dans une petite branche des De Sora, mais j’ai toujours eu de bons rapports, voir très bon avec les membres de ma famille à la cité blanche. J’ai grandi comme un bon fils, un bon garçon appelé à devenir un bon homme j’imagine. Mais même un bon garçon a envie d’aventures...Ainsi, pour faire mes armes, je partis sur la route de l’aventure. C’était en 286...Les années suivantes, j’ai fait mes armes à la guerre et au combat. J’ai fait le siège de Cair Andros en 89, j’ai  ensuite combattu les tribus du pays de Dun jusqu’en 93...une sale période, c’est une guerre de haine là-bas, j’y ai vus les premières vraies atrocités de ma vie...Ensuite je me suis épris d’amour pour les terres sauvages, j’y aie fait mon repère, il faudra d’ailleurs que j’y retourne après tout ca, j’y entrepose mes carnets...ah oui je ne vous en ai pas parlé, je tiens des carnets de bord on peut dire. Il faudra aussi absolument que j’en écrive un sur les événements en lien avec l’arbre d’ailleurs. Bref, j’ai une petite ferme secrète au milieu des terres sauvages, c’est mon repère, mon vrais chez-moi, loin des hommes et d’une société que souvent je déteste. Ma façon à moi de me ressourcer.  Ensuite...Ensuite, je..suis allé dans l’est lointain, je ne m’étendrais pas ici là-dessus. J’y ai combattu ce que les gens normaux appellerais le mal à l’état pur, et j’y ai rencontré une femme. Rassurez-vous ce fut une relation de courte durée, mais je voulais être honnête. La guerre nous a séparé, nous n’étions même pas mariés. Bref je suis revenu en terres sauvages, puis je suis allé a Minas Tirith, pour m’y fourrer dans la mouise il faut croire, et y trouver l’amouurrrr…. »

Syp avait tenté de mettre un peu d’humour dans sa voix sur la fin, mais reparler de la guerre à l’est lui avait sapé sa joie, il n’aimait pas repenser à ce qu’il avait combattu et perdu contre les séides du dieu noir. La guerre la plus sale qu’il ait jamais vu, à se demander si ceux d’en face étaient même humains. Il en faisait encore des cauchemars.
Mais il se ressaisit, et set tourna vers Orline, qui devait bien avoir compris que raconter son histoire l’avait attristé.

-Et toi Orline, ta jeunesse ? Ta famille ? Avant l’arbre...c’était comment ? Tu me parais quand même avoir vécu des choses spéciales, tu sais, tu n’as pas le regard de ceux qui ont la vie facile, je me trompe ?
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Kryss Ganaël
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De mal en pis... - Page 2 EmptyMar 16 Jan 2024 - 9:30


La jeune femme était lovée dans le profond fauteuil en velours au coin de la cheminée et pendant un instant seul le bruit du crépitement des bûches résonnait entre eux. Un sentiment de paix et de sécurité toute relative en ces temps troublés. Elle aurait presque pu oublié cette sensation de détente unique à la présence d’un feu, dans les geôles répugnantes de la Cité. Elle frissonna cependant à cette pensée, et sa main se raffermit sur la couverture duveteuse reposant sur ses genoux. Si elle devait y retourner…elle préférerait autant mourir avant d’être prise. Était-ce son destin, en tant que recrue forcée de l’Arbre ? Le temps nous le dira…
Elle fut bercée ensuite par la voix rauque et profonde de Syp de Sora, qui visiblement respectait son idée de se livrer à elle. Il lui conta donc sa vie, les épreuves qu’il a traversées et lui apporta des détails qu’Orline ne s’attendait pas. Elle tenta de compter intérieurement son âge, par curiosité…et conclut qu’il devait s’approcher de la quarantaine. Une sacrée différence avec elle, plus de dix ans ? Mais cela était assez commun, après tout…

La mention d’une femme dans sa vie lui apporta le feu aux joues devant sa propre inexpérience. Oh elle aurait préféré l’ignorer, même si elle se doutait qu’un homme de son âge bien entendu ait eu plusieurs conquêtes dans sa vie. Orline toussa doucement dans ses mains et évita soigneusement le regard ombrageux du conteur, tentant d’ignorer ce léger tiraillement dans sa poitrine.
La dernière remarque lui arracha un rire malgré elle. Etait-il capable de rester sérieux plus de quelques minutes ? Et comment pouvait-il affirmer avec un tel entrain, qu’il s’agissait bel et bien d’amour de son côté ? La jeune femme secoua la tête en souriant légèrement. Elle ne connaissait pas ce sentiment qui inspirait les poètes et divers artistes. Sentiment qui avait également poussé ses parents à la ruine. Elle s’était promis de ne pas le découvrir, même. Cela semblait toujours rendre les choses compliquées…son cœur se ferma donc à cette perspective. Pour le moment…

C’était à son tour, semble-t-il, de se dévoiler. Etait-elle prête néanmoins ? Jusqu’à quel point ?
Elle l’observa un instant en silence à travers ses cils légèrement abaissés. Pouvait-elle seulement se défaire de ces sensations nouvelles qu’elle découvrait en sa présence ? Elle serra légèrement la machoire avant de se relever, de lui tourner le dos, embarquant avec elle la couverture auprès du feu, désormais une braise douce et continue qui mourrait peu à peu en un silence pesant.


- Je…

Par où commencer, d’ailleurs ? Elle se renferma sur elle un peu plus, le regard perdu sur les bûches noircies par leur combustion inévitable. Sa main alla chercher le contact rassurant du médaillon autour de son cou. Elle reprit d’une voix faible, comme si elle parlait pour elle-même plus que pour l’homme assis dans son dos.

- Je viens du Harondor…de Djafa.

Derrière ses pupilles désormais fermées elle revoyait les étendues de sable, le vent soulevant les grains en tournoyant. Le bruit d’une fontaine en marbre blanc…les céramiques de couleur bleu aux motifs élégants, l’odeur des épices orangées…

- Mon père…est un marchand de Minas Tirith. Il a courtisé ma mère pendant de longs mois…Elle est issue d’une famille noble, tout s’opposait à leur union mais mon père est borné.

Un léger rire s’échappa de ses lèvres et son regard s’adoucit à la mention de sa famille.

- Nous avons vécu heureux de nombreuses années, dans cet écrin du désert. Puis les pirates sont arrivés…et nous avons dû fuir.

Son menton se mit à trembler légèrement et elle s’arrêta là un instant. Elle hésita à mentionner la perte de son frère ainé…mais la douleur était aussi vive qu’au jour de sa disparition malgré les années…et le fait même de prononcer son nom à voix haute lui était insupportable. De plus…elle ne voulait le partager avec quiconque. Egoïste ? Probablement…un nom, qui ne lui appartient pas, mais qu’elle refusait d’énoncer. Hannib n’appartenait qu’à elle…Elle n’était pas prête à dévoiler sa mort. Le dire, le chuchoter, le murmurer…prononcer ces mots…c’était le tuer à nouveau. Accepter sa mort et son côté irrévocable. Jamais.
Elle ferma les yeux un instant et une larme coula sur sa joue. Elle revoyait le sable tant chérit abreuvé du sang chaud et collant…les pas de leurs montures s’enlisaient tandis que des paquets tombaient de leur chariot pour ne jamais être récupérés. Elle revoyait le feu dévorant les tentures multicolores. Et les cris. Elle entendait encore ces gémissements, ces pleurs. Elle y était à nouveau.
D’un geste de la main elle essuya ses larmes et prit une profonde inspiration, résolue, s’arrachant par la force de sa volonté à ses souvenirs sombres.


- Puis l’Arbre. Fin.

Elle avait loupé toute une partie de son histoire. Leur arrivée à Minas Tirith, la malchance de son père dans les affaires à son retour qui n’a pas su regagner leurs lourdes pertes. Les mauvaises décisions qui s’ensuivirent…jusqu’à devoir accepter l’offre du Directeur de l’Arbre. Pour les sauver…les protéger du moins.
La jeune femme s’agita ensuite, cherchant une voie de sortie, un moyen de mettre un terme à leurs échanges qui l’avaient secoué. Elle se retourna à nouveau, affronta le regard de Syp qui la prenait toujours au dépourvu. Il semblait la traverser de part en part, et deviner tout ce qu’elle n’avait pas dit, pas osé avouer à voix haute.


- Il se fait tard.


Il était tard ? Peut-être. Ils auraient pu être au beau milieu de l’après-midi que cela n’aurait fait aucune différence pour elle. Elle laissa la couverture sur le rebord du fauteuil et attrapa l’homme par les mains, l’incitant à se relever. Elle l’attira ensuite vers la porte, vite, rapidement, son regard fuyant. Et le mit dehors.
Ses mains tremblèrent violemment lorsqu’elle referma la porte derrière lui, et plus rien ne pouvait empêcher les larmes de couler le long de ses joues.

Hannib…


Dernière édition par Kryss Ganaël le Jeu 22 Fév 2024 - 19:39, édité 1 fois
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Learamn
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De mal en pis... - Page 2 EmptySam 20 Jan 2024 - 22:41




Le feu crépitait dans l’âtre, faisant craquer le bois qui se consumait au milieu des flammes orangées qui virevoltaient, venant lécher les bordures de la cheminée. La Comtesse avait rapproché son siège du foyer dans l’espoir d’y trouver un peu de réconfort. Cependant la chaleur du feu ne parvint pas à réchauffer son âme. L’hiver était désormais bien installé à Minas Tirith et les larges couloirs de son château étaient traversés de courants d’air froids, le sol marbré était devenu glacial et l’humidité extérieure cherchait constamment à s’infiltrer entre les murs, jadis impénétrables, de la Maison de Sora. À cette époque-là, même durant les jours les plus rudes du Rude Hiver, l’entièreté du palais était chauffée et entretenue par une armée de domestiques qui s’affairaient à ce que chaque recoin de la luxueuse résidence soit aussi accueillante et chaleureuse qu’en été. Pourtant, ce n’était pas les moyens qui manquaient, la fortune des Sora était toujours là et Alessa Erina veillait à maintenir des standards élevés pour sa Maison mais, elle avait beau chercher, l’âme qui rendait ce lieu si spécial s’était envolé depuis quelques temps. Depuis lors, elle s’installait ici, dans ce petit salon après le dîner, en quête de calme et d’un peu d’intimité. Loin des tractations commerciales auxquelles elle s’employait toute la journée, à l’abri des regards des invités de la haute noblesse qu’elle invitait souvent dans le réfectoire. Ici, elle avait le sentiment de se retrouver, à nouveau, seule avec lui.

Plongée dans ses sombres pensées, elle ne remarqua pas l’arrivée d’Eved, dont la silhouette longiligne apparut près de la porte du petit salon. Le chef des domestiques était la seule personne qu’elle avait autorisée à pénétrer dans cette pièce durant les heures suivant le dîner.

“Ma Dame?”
Fit-il pour signaler son présence.

Elle tourna la tête, légèrement surprise, en direction du nouvel arrivant, espérant que ce dernier ne pourrait voir ses yeux légèrement embués dans la pénombre. Si tel était le cas, toutefois, elle ne le saurait pas. Le vieux majordome bénéficiait de la confiance complète de son employeuse; ayant servi les Sora depuis plusieurs décennies, il emporterait dans sa tombe bien des secrets de la famille.

“Comme convenu, vos invités ont rejoint leurs quartiers. Demoiselle Morbise quittera le château dès l’aube. Demoiselle Haradiel et votre neveu ont été convié au petit-déjeuner de demain matin. Quant à Maître Havarian, il ne devrait plus tarder…”

Elle acquiesça d’un signe de la tête. Conscient du mal qui rongeait la maîtresse des lieux, Eved décida de quitter pudiquement les lieux. Il fut cependant stoppé par la voix tremblante d’Alessa.

“Eved…Vous qui le connaissiez presque autant que moi…Qu’aurait-il pensé de tout cela? Qu’aurait-il fait à ma place?”

Le serviteur put remarquer que la Comtesse fixait désormais le tableau qui trônait fièrement au-dessus du foyer. Un homme d’une cinquantaine d’année, charismatique et imposant y était dépeint. La barbe parfaitement taillée et sa crinière grise parfaitement entretenue lui donnait une allure de félin royal, prêt à bondir sur sa proie. Une fureur adoucie par ce regard éternellement figé teinté d’amour pour les siens.

“Je l’ignore Ma Dame ; ce qu’il aurait fait nul ne peut le savoir. Ce que je peux vous assurer, cependant, c’est qu’il vous aurait totalement fait confiance pour gérer tout cela.”

Sur ces mots, Eved quitta la pièce en refermant soigneusement la porte derrière lui.

Une larme solitaire glissa sur la joue d’Alessa Erina de Sora, hantée par le fantôme de Cantelmo.

#Eved

La suite par ici: L'influence et ses limites


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